Foca (photographie)

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Foca est une marque française d'appareils photographiques produits de 1945 à 1965 par la société Optique et Précision de Levallois.

Sommaire

Les débuts

C'est Armand de Gramont, fondateur de l'Institut d'optique théorique et appliquée, qui est à l'origine de la marque.

En 1919, il crée la société OPL (Optique et Précision de Levallois) spécialisée au départ dans la fabrication d'appareils optiques pour l'armée, dont des collimateurs, des télémètres et, plus anecdotiquement, des "mitrailleuses photographiques" embarquées.

En 1938, sous la pression des industriels français de la photographie, le gouvernement contingente l'importation des appareils allemands. Rapidement, Armand de Gramont a l'idée de fabriquer des appareils français de format 135 équivalents aux Leica. Le projet est lancé en 1938.

La guerre interrompt le processus industriel (l'usine fournit du matériel à l'armée allemande) mais la recherche se poursuit et un premier modèle, le Foca deux étoiles (ou PF2), est présenté en 1945. C'est un appareil télémétrique à objectif amovible comportant entre autres innovations un télémètre très clair de couleur jaune intégré au viseur. Malgré son prix élevé (27 000 francs), c'est un succès commercial.

En 1947, la fabrication en série est transférée à Châteaudun. Différents modèles et objectifs seront produits. Tous les composants optiques et mécaniques seront conçus et fabriqués en interne à l'exception des obturateurs centraux. Au plus fort de son activité, l'usine de Châteaudun emploiera plus de 700 personnes et produira jusqu'à 3 000 appareils et objectifs par mois.

La gamme

Les Foca « une étoile » et Standard

  • Le Foca une étoile (d'après l'insigne peint puis gravé sur le boîtier) ou PF1 (petit format 1, 1946), version simplifiée du deux étoiles inaugural auquel il se substitue pendant les quelques mois que dure l'aménagement de la nouvelle usine de Châteaudun. Dépourvu de télémètre, il est muni à demeure d'un objectif à champ large (distance focale f = 35 mm, ouverture f/3,5), plus compact et plus tolérant aux erreurs d'estimation des distances. Il en a été produit un peu plus de 5 000.
  • Le Foca Standard (1949-1964), également orné d'une étoile. C'est un PF1 à objectif amovible compatible avec la lignée des deux étoiles et trois étoiles. Son large viseur correspond à la focale de 35 mm. L'obturateur à rideaux va du 25e au 500e de seconde et permet la pose B (obturation manuelle au déclencheur souple) et la synchronisation d'un flash. Le Standard ne subira que peu de modifications au cours de sa carrière. Simple et robuste, il était préconisé pour le reportage et pour les montages scientifiques.

Les Foca « deux étoiles »

  • Le Foca deux étoiles ou PF2 (1945), modèle fondateur de la marque. Il comporte un viseur télémètre intégré, comme les Zeiss Contax (le télémètre était alors séparé du viseur sur les Leica) et un obturateur focal à rideaux de toile synchronisé pour le flash offrant la pose B et six vitesses échelonnées du 20e au 500e de seconde. L'objectif standard (f = 50 mm, ouverture f/3,5) est couplé au télémètre, amovible et télescopique. Ce premier Foca a été fabriqué à environ 6 000 exemplaires. Dès ce modèle, le déclencheur est sur le capot et l'armement est couplé à l'avancement du film avec compteur dégressif et blocage à chaque vue. Les surfaces des lentilles sont de même systématiquement traitées au fluor contre les reflets (d'où un aspect bleuté).
  • Le Foca PF2B (portant également deux étoiles), fabriqué à partir de 1947 dans la nouvelle usine de la marque à Châteaudun. C'est un PF2 amélioré. La vitesse d'obturation atteint le 1 000e de seconde. De nouveaux objectifs interchangeables sont développés, tous d'excellente qualité (ils portent désormais la marque Oplar), mais le télémètre n'est directement couplé qu'aux objectifs de 50 mm (pour les autres focales, on reporte manuellement la distance indiquée par le télémètre). La production durera dix ans et dépassera les 100 000 exemplaires.

Les Foca « trois étoiles »

Un Foca PF3L avec objectif 135 mm et viseur universel
  • Le Foca PF3 (1947-1955), semblable au PF2B mais complété d'un mécanisme de vitesses lentes (jusqu'à la seconde et pose T à deux temps). Il est orné de trois étoiles.
  • Le Foca PF3L (1956-1960), évolution du PF3. La molette d'armement et d'avancement du film cède la place à un levier et la teinte jaune du viseur télémètre est remplacée par une semi-dorure.

Les Foca Universel

  • Le Foca Universel (1949-1955), appareil dérivé du PF3 de façon à permettre le couplage du télémètre à toutes les focales. Il se reconnaît à l'inscription Foca à la place des étoiles. Les objectifs sont identiques à ceux des PF (cinq focales de 28 à 135 mm, ouverture allant jusqu'à f/1,9 pour le 50 mm) mais la rampe de mise au point est propre à chaque objectif et la monture est à baïonnette.
  • Le Foca Universel R (1956-1960), évolution de l'Universel avec viseur télémètre à semi-dorure, levier d'armement et retardateur.
  • Le Foca Universel RC (1961-1964), le plus sophistiqué de la gamme. Il est muni en outre d'un grand viseur collimaté à correction automatique de la parallaxe. La production s'est définitivement arrêtée peu après le 2 000e exemplaire.

Les Focasport et le Focamatic

Un Focasport 1 (1re série), version la plus simple, 1958
  • Le Focasport 1re série (1955-1961), modèle à obturateur central à deux pales (Crouzet puis Atos, de 1 s à 1/300 s avec pose B et synchroflash) et objectif fixe (45 mm, f/3,5 puis f/2,8). Cet appareil populaire mais de bonne facture a été conçu pour répondre à une demande d'appareils plus accessibles liée à l'essor de la diapositive couleur. Il a été décliné en cinq ou six versions plus ou moins élaborées: molette puis levier d'armement, viseur simple ou collimaté, télémètre couplé, posemètre intégré (Réalt ou Chauvin-Arnoux). Sa production a atteint les 300 000 exemplaires.
  • Le Focasport 2e série (1962-1964). Cette deuxième série, légèrement plus sophistiquée, a été lancée dans l'espoir de rester compétitif sur un marché désormais ouvert à la concurrence internationale. Outre un confortable viseur collimaté, elle reprend quelques nouveautés introduites sur le Focaflex: levier d’armement et manivelle de rembobinage encastrés, bagues de vitesses et de diaphragmes conjuguées et crantées, indices de lumination, obturateur Atoms à cinq pales et retardateur. La vitesse atteint le 500e de seconde sur certaines versions. La plus luxueuse est équipée d’un posemètre (fourni par Voigtländer) et d’un petit télémètre, l’un et l’autre couplés aux bagues de réglages et lisibles dans le viseur. Mais le bouton de déclenchement est remplacé par un simple levier à droite du bloc optique.
  • Le Focasport 3e série (1963-1964), résultat d’ultimes économies réalisées sur les matériaux, la finition et les performances mécaniques (obturateur, diaphragme). Seule l’optique n’a pas été sacrifiée. Les options comprennent un posemètre et un flash escamotable (pile et lampes magnésiques jetables).
  • Le Focamatic (1961), variante du Focasport 2e série intégrant un dispositif original de réglage automatique de l'exposition (combinateur inauguré sur le Focaflex automatique). Ce dispositif est actionné mécaniquement par pression sur le déclencheur, qui se bloque si la luminosité est insuffisante.

Les Focaflex

Un Focaflex, 1re version, 1959
  • Le Focaflex (1958-1963), appareil à visée réflex directe de conception originale. L'image visée est formée sous le miroir escamotable, semi-transparent et tourné vers le bas, d’où un moindre encombrement (le prisme redresseur ne ressort pas du boîtier). La visée se fait à pleine ouverture (présélection automatique du diaphragme), sans verre dépoli mais avec un stigmomètre pour la mise au point. L'obturateur, de type central (Atoms à cinq lamelles, de la seconde au 250e de seconde, pose B, synchroflash et retardateur), est solidaire de l'objectif (50 mm f/2,8), qui est inamovible. Les bagues des diaphragmes et vitesses sont conjuguées sur une échelle d'indices de lumination. Malgré la complexité du mécanisme — l'ouverture de l'obturateur est précédée de sa fermeture et de l'occultation de l'oculaire puis du basculement du miroir et d'un écran protégeant la pellicule —, le déclenchement est doux, précis et quasi-instantané. Il faut cependant réarmer pour rétablir la visée. Toutes versions confondues, il a été vendu un peu moins de 20 000 Focaflex.
  • Le Focaflex automatique (1960-1964), version avec posemètre couplé utilisant une large cellule photo-électrique au sélénium protégée par un volet rabattable. L'automatisme, débrayable, est purement mécanique: un combinateur actionné par un bouton situé sur le devant du boîtier à gauche de l'objectif ajuste le diaphragme par coïncidence d'un palpeur avec l'aiguille du galvanomètre. La valeur du diaphragme s’affiche dans le viseur. Ce système s'apparente au sélecteur automatique de diaphragme étrenné sur la caméra 8 mm Eldématic (Lévêque, 1957) et le 24 x 36 Savoyflex III (Royer, 1958).
  • Le Focaflex II (1961-1964), version à objectifs interchangeables. L'obturateur central (Prontor) devient solidaire du boîtier pour permettre l'amovibilité des objectifs et un anneau de microprismes vient compléter le stigmomètre. Quatre objectifs ont été réalisés pour cet appareil (f = 35 mm, 50 mm, 90 mm et 150 mm). La monture est à baïonnette avec présélection automatique du diaphragme. La position de l'obturateur nécessite une formule complexe (rétrofocus) pour repousser la dernière lentille de l'objectif en deçà de celui-ci, d'où un surcoût et des limitations vers les courtes focales.

Les autres productions

  • Le Marly (1963), appareil rudimentaire de format 4 x 4, tentative malheureuse d'alignement sur les prix de la concurrence.
  • Des appareils simplifiés pour des applications spécifiques: microscopie (Nachet), relevage de compteurs (PTT).
  • Des objectifs spéciaux (téléobjectifs Téléoplar 200 mm f/6.3 et Miroplar 500 mm f/4.5, objectifs Macroplar 50 mm et 105 mm pour macrophotographie) et deux chambres réflex (une version droite, une autre coudée) s'intercalant entre le boîtier et ces objectifs ou un microscope.
  • L'agrandisseur Autoplex spécialement conçu pour les négatifs de petit format avec conservation de la mise au point et dispositif de variation de contraste.
  • La visionneuse de diapositives Focascope avec magasin et passe-vues automatique.
  • Les projecteurs de diapositives Foca 300 W et 150 W.
  • Des viseurs de différentes focales, dont l'Universel, collimaté à cinq focales et correction de la parallaxe, et le Focanox, collimaté avec cadre luminescent.
  • Un flash électronique.
  • Des filtres, parasoleils, tubes rallonges et lentilles additionnelles.
  • Enfin, des accessoires ont été réalisés par d'autres firmes spécialement pour du matériel Foca: caissons étanches pour photo sous-marine (Beuchat), sacoches en cuir, mallettes.

La disparition de la marque

Jusqu'en 1960, Foca bénéficie du protectionnisme qui prévaut dans l'immédiat après-guerre. Une première attaque survient au milieu des années cinquante avec le montage en France du Kodak Rétinette qui, par sa commodité et son bon rapport qualité-prix, attire à lui une partie de la clientèle visée par le Standard. Foca y répond en sortant à son tour un appareil 24 x 36 « grand public », le Focasport (d'autres fabricants français se défendent également sur ce terrain: Alsaphot, Lumière, Pontiac, Royer, SEM...). A partir de 1960, suite au traité de Rome, les entraves aux importations de matériel photographique sont levées. Foca tente de résister à la concurrence allemande et japonaise en passant à des productions meilleur marché où le plastique fait son apparition (Focamatic, dernières générations de Focasport, Marly). S'éloignant quelque peu du créneau « haut de gamme » qui faisait sa réputation, la marque s'efforce d'y garder un pied en développant de nouvelles versions du Focaflex et surtout un Foca Universel très perfectionné, le modèle RC. Malheureusement, les appareils télémétriques sont rapidement marginalisés par la vogue des appareils réflex, catégorie où Foca est moins compétitif.

Malgré une inventivité soutenue et des projets prometteurs (un Focaflex à rideaux, un moyen format 6 x 6 inspiré de l'Universel), la société OPL arrête son activité photographique à la fin de l'année 1964, deux ans après la mort de son fondateur, et fusionne avec le fabricant d'objectifs et d'instruments optiques SOM-Berthiot sous le nom de SOPEM (Société d'optique, précision, électronique et mécanique) puis SOPELEM. Un service après-vente subsistera jusqu'au début des années 1970.

La marque Foca ne se sera imposée qu'une petite vingtaine d'années sur le marché français du petit format mais sa réputation perdurera en raison de la longévité de ces appareils dont certains sont encore utilisés et appréciés aujourd'hui.

Sources

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