Ferdinand III De Castille

Ferdinand III De Castille

Ferdinand III de Castille

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Ferdinand III de Castille, Le Saint
Fernando III de Castilla, "El Santo"
Ferdinand III de CastilleStatue de G.D. Olivieri (v. 1750)Jardins de Sabatini, Madrid
Ferdinand III de Castille
Statue de G.D. Olivieri (v. 1750)
Jardins de Sabatini, Madrid
Dynastie Maison d'Ivrée
Naissance 1199 ?
Peleas de Arriba (Zamora)
Décès 30 ou 31 mai 1252
Séville
Pays Royaume de Castille Royaume de Castille
Titre Roi de Castille
(1217 - 1230)
Roi de Castille et de León
(1230-1252)
Couronnement 1217
Prédécesseur Castille : Alphonse VIII de Castille
León : Alphonse IX
Successeur Alphonse X
Enfant de Alphonse IX
et de
Bérangère de Castille
Conjoint Béatrice de Souabe
Jeanne de Dammartin
Enfants Voir plus bas

Ferdinand III, ou saint Ferdinand de Castille, fut roi de Castille de 1217 à 1230, et roi de Castille et de León de 1230 à 1252. Né probablement en 1199 au monastère de Valparaíso, à Peleas de Arribadans, dans l'actuelle province de Zamora, Ferdinand III était le fils d'Alphonse IX de León, et de Bérangère de Castille.

Ferdinand III a profondément marqué l'histoire de l'Espagne médiévale. Politiquement tout d'abord, en étant parvenu à unir de manière définitive les royaumes de Castille et de León, en 1230. Militairement ensuite, car Ferdinand III a procédé à la reconquête du sud de la péninsule ibérique, l'actuelle Andalousie. Son action contre l'Infidèle lui valut d'être canonisé au XVIIe siècle, en 1671 plus précisément.

Mort le 30 ou 31 mai 1252 à Séville, c'est un saint chrétien fêté le 30 mai.

Sommaire

Accès au trône

Le roi Alphonse VIII de Castille, vainqueur des Almohades à la bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, décéda en 1214. Le seul fils qui lui avait survécu, Henri Ier, lui succéda sur le trône, sous la régence de Bérangère, sa sœur. Las, il mourut très tôt, en 1217, après un court règne de trois ans. Ce fut alors sa sœur, Bérangère de Castille, fille aînée d'Alphonse VIII, qui fut proclamée reine par les Cortes de Castille. La nouvelle souveraine décida néanmoins d'abdiquer dans la foulée en faveur de son jeune fils, qui devint en 1217 le nouveau roi de Castille.

Les premiers temps furent rudes pour Ferdinand. Une partie de la noblesse castillane se rebella, appuyée en cela par le roi de León, soucieux de mettre la main sur le royaume voisin. Le léonais en vint à pénétrer en Castille, mais fut repoussé par Ferdinand. Le monarque dut déployer des trésors d'ingéniosité pour ramener le calme sur ses terres. Fort du soutien des villes et du clergé, il parvint à imposer aux Lara, le plus puissant lignage nobiliaire de Castille, la signature d'un traité à Zafra, en 1222. Ce pacte mit fin aux agitements qui secouaient le royaume. Les talents diplomatiques de Bérangère ne furent pas étrangers à ce retournement de situation.

Union des deux royaumes

Le contexte et les faits

Une fois le calme revenu, Ferdinand put envisager de reprendre l'initiative dans les opérations militaires contre les musulmans d'Al Andalus. Un évènement capital allait néanmoins détourner le roi de son objectif : la disparition en 1230 de son père, Alphonse IX de León. Ce dernier avait épousé en deuxièmes noces la mère de Ferdinand, Bérangère. Le mariage fut toutefois déclaré illégitime par le pape Innocent III, qui l'annula. Bérengère retourna en Castille, et Alphonse IX se désintéressa dès lors des enfants de sa deuxième union. Peu avant sa mort, il légua son royaume aux filles nées de son premier mariage avec Thérèse de Portugal. En 1230, Bérangère de Castille sut faire preuve d'une redoutable efficacité politique en négociant avec ses belles-filles la cession de leurs droits sur la couronne de León. Ferdinand III fut ainsi proclamé roi, et réunit définitivement les deux couronnes, séparées depuis la mort d'Alphonse VII en 1157.

Conséquences

Cet épisode constitue un des témoignages les plus éloquents de l'influence et de la place de Bérangère durant le règne de son fils. Précieuse conseillère, elle se distingua également par ses qualités politiques dans la négociation et la gestion du royaume, dont elle eut à assumer la gestion durant les longues campagnes de son fils en Al Andalus. Elle rejoint en cela sa sœur, Blanche de Castille, mère de Louis IX de France, dont elle demeura le plus fidèle conseiller. Les destins des deux familles partagèrent de nombreux points en commun, notamment dans le domaine religieux. Tant Ferdinand que son cousin Louis se montrèrent actifs dans la lutte contre l'Infidèle : le premier à travers la "Reconquista", le deuxième par son engagement dans les Croisades. Tous deux furent d'ailleurs canonisés.

Les armes de Castille et de León

Quoi qu'il en soit, l'union des deux royaumes marqua une étape importante dans la formation de l'Espagne. La nouvelle couronne de Castille représentait désormais la principale puissance péninsulaire, capable de rivaliser avec les grandes monarchies occidentales. Ses domaines étaient immenses. Le royaume de Castille était très vaste. Il comprenait les territoires connus plus tard comme la Vieille-Castille (tout ou partie des actuelles provinces de Burgos, Valladolid, Soria et de Palencia, la Rioja et la Cantabrie. Il s'était étendu depuis le XIe siècle vers l'Extrémadure castillane, à savoir les actuelles provinces de Ségovie et d'Ávila, et le Royaume de Tolède (l'actuelle communauté de Castille-La Manche, appelé plus tard la Nouvelle-Castille). Le royaume de León était pour sa part composé du León proprement dit (les provinces actuelles de León et de Zamora), des Asturies, de la Galice et de l'Extrémadure léonaise (Salamanque). Par ailleurs, les progrès d'Alphonse IX face aux musulmans vers la fin de son règne, lui avait permis d'ajouter la quasi totalité de l'actuelle Extrémadure à son royaume (Cáceres et Badajoz). Ferdinand III allait désormais régner sur un territoire d'une extension inédite, plus peuplé que ses voisins du nord péninsulaire (Aragon et Navarre), et animé par une économie très active.

L'action militaire en Al Andalus se trouva confortée par cette nouvelle donne, qui lui assurait des rentrées fiscales accrues. Les territoires qu'il s'apprêtait à mettre sous son pouvoir allaient encore modifier l'extension géographique des possessions de la couronne.

La conquête du sud péninsulaire

Scène de bataille entre maures et chrétiens
Miniature des Cantigas de Santa María d'Alphonse X

En 1217, la Reconquête était déjà une vieille affaire dans la péninsule ibérique. Les temps de l'Émirat et du Califat de Cordoue représentèrent une période difficile pour les chrétiens du nord. L'idée même de Reconquête, si elle transparaissait dans les chroniques asturiennes et léonaises, demeura à l'état embryonnaire. La chute du pouvoir cordouan, et le morcellement d'Al Andalus en taïfas qui en résulta au XIe siècle, changèrent la donne. Les Chrétiens reprirent l'initiative, et leurs succès se firent plus réguliers et productifs. Avec l'arrivée des Almoravides, l'idée d'une lutte contre l'Infidèle se fit jour. Le combat contre les musulmans cessa de se réduire à des considérations foncières et se laissa influencer par l'élan religieux d'une époque marquée par les Croisades. La bataille de Las Navas de Tolosa fut un événement fort : elle affaiblit considérablement la puissance almohades et ouvrit les portes de l'Andalousie.

Ferdinand III savait sur qui compter dans cet effort conquérant : les villes lui étaient fidèles et fournissaient de nombreux contingents, les Ordres militaires (Santiago, Alcántara, Calatrava) se consacraient entièrement à cette cause contre les musulmans, et les évêques, mûs tant par leur ferveur religieuse que par les perspectives financières qui s'ouvraient à eux, se joignirent au roi. Il convient de souligner l'extraordinaire implication de l'archevêque de Tolède, Rodrigo Jiménez de Rada, qui possédait déjà d'immenses terres autour dans toute la Manche, et ne cessa de chevaucher auprès du roi jusqu'à sa mort en 1236. La noblesse, enfin, ne pouvait se dérober à son obligation d'auxilium , et percevait dans ces guerres une opportunité unique de réunir davantage de biens fonciers encore.

Campagnes préliminaires

L'ancienne place forte d'Otíñar (Jaén)

Les premières opérations militaires furent menées par le roi à partir de 1224 dans la région du haut-Guadalquivir. Les villes de Cazorla, Úbeda, Baeza, Andújar, Otíñar et d'autres furent attaquées par les armées castillanes. Cette période se caractérisa par des opérations de faible envergure, destinées prioritairement à préparer le terrain pour de futures conquêtes. Cette première phase s'interrompit suite au décès d'Alphonse XI et aux tractations qui furent nécessaires à l'union de la Castille et du León.

Renforcées par cette nouvelle configuration de la couronne, les troupes reprirent leurs chevauchées en 1233, avec la conquête de Baeza. Al Andalus était alors en pleine décomposition : des caudillos locaux se proclament rois dans tous les territoires musulmans, et rejoignent la cause des plus puissants au premier rang desquels Ibn Hud, maître du sud-est de la péninsule, et d'Ibn Nasr, autoproclamé roi d'Andújar, et qui étendit son autorité aux royaumes de Grenade et de Jaén. Le roi de Castille organisait à cette période de longues campagnes estivales. Il chargeait ses sujets, laïcs ou religieux, de la conquête de telle ou telle place forte, qui revenaient alors aux nobles victorieux.

Les grandes conquêtes : Cordoue, Murcie et Jaén

Les évènements s'accélérèrent en 1236. En l'absence de Ferdinand III, quelques nobles prirent la décision d'attaquer la ville de Cordoue, aidés en cela par des musulmans hostiles au pouvoir local. Les castillans parvinrent à se rendre maîtres du faubourg de l'Axarquía. Averti, le monarque vint à leur rescousse, et la ville finit par capituler sans guère de résistance, et surtout sans aide extérieure. Le symbole était puissant : l'ancienne capitale des Omeyyades échappait définitivement aux musulmans après plus de cinq siècles de présence. La méthode appliquée après ce succès retentissant fut dès lors répétée à chaque grande victoire. Les maures étaient priés de quitter la ville, sains et saufs. Après leur départ, les troupes castillanes investissaient la ville et se l'appropriaient. La conversion de la grande mosquée en église ou en cathédrale constituait l'acte le plus chargé de symbolisme. Le 29 juin, la grande mosquée fut convertie en église, avant d'être promue, en 1237, au rang de cathédrale. S'ensuivit la conquête du royaume de Cordoue, afin de sécuriser la cité tout juste acquise. Ces campagnes de conquête s'inscrivirent dans la durée, et virent tomber des lieux tels que Almódovar del Río, Aguilar de la Frontera, Écija,...

Les années 1240 furent propices à d'autres conquêtes d'importance pour Ferdinand III. En 1243, les gouverneurs de du royaume de Murcie vinrent à la rencontre de l'infant Alphonse. Les dignitaires de se soumettre à la Castille, afin de se prémunir face aux menaces de l'Aragon (récents conquérants du royaume de Valence, et de Nasrides de plus en plus puissants. Alphonse prit possession du royaume au nom de son père, ajoutant de la sorte une autre pièce maîtresse dans l'escarcelle castillane. Pièce d'autant plus précieuse que Ferdinand III disposait pour la première fois d'un accès à la Méditerranée. En échange de leur soumission, les habitants du royaume de Murcie conservaient le droit de résider sur leurs terres, particulièrement fertiles.

En 1244, Ferdinand III fait signer par son fils Alphonse le traité d'Almizra, qui définissait les frontières exactes entre la Castille et l'Aragon, qui était arrivé au bout de ses possibilités de conquêtes péninsulaires, et allait désormais se lancer dans sa phase d'expansion méditerranéenne. Le roi séjourna avec sa mère durant un mois et demi au Pozuelo, dans la Manche. Ce fut là la dernière rencontre entre Ferdinand et Bérangère, qui mourut deux ans plus tard. Après ces quelques semaines dans la région de Cuenca, le roi repartit définitivement pour l'Andalousie qu'il ne quitta plus. Les campagnes allaient désormais se faire à un rythme quasiment ininterrompu. Les conquêtes allaient alterner sans relâche les chevauchées, et autres sacs dans les royaumes ennemis.

La forteresse de Jaén

En 1246, Ferdinand III réussissait enfin, après deux sièges infructueux, à mettre la main sur Jaén et sa forteresse inexpugnable. La capitulation fut signée par Ibn Nasr, roi de Grenade. Ferdinand III obtint le départ de tous les musulmans, et, surtout, la soumission du nasride par pacte de vasselage. Les territoires de ce dernier, tout en gardant leur autonomie, était désormais unis à la Castille. Ibn Nasr s'engageait à rendre hommage à Ferdinand III, à lui verser une somme annuelle conséquente, et à lui prêter aide et conseil comme tout vassal.

La conquête de Séville

Les fortifications de Carmona

Enthousiasmé par ce succès, Ferdinand III décida dès la conquête de Jaén, de se diriger vers son principal objectif, Séville. En 1247, le roi organisa l'offensive depuis Cordoue, qui devint le point de concentration des troupes. Les alentours de la cité almohade commencèrent à faire l'objet de chevauchées et de sièges victorieux : Alcalá de Guadaíra, Gerena, Guillena, Carmona, Lora del Río, Setefilla, Cantillana, Alcalá del Río et d'autres places fortes furent prises afin de libérer les accès à Séville et d'écarter tout danger extérieur lors du siège. Les défenses de Séville étaient solides et la population nombreuse. L'implication d'Ibn Nasr fut exemplaire durant cette phase : le nasride respecta scrupuleusement ses engagements.

Au mois d'août 1247, Ferdinand III assiégea Séville. Des éléments aragonais et français renforçaient ses troupes, qui chevauchaient dans les alentours de la ville, afin de repousser les assauts des sévillans. Ferdinand III fit également monter une flotte en provenance des ports du Golfe de Gascogne, menée par l'amiral Ramón Bonifaz. La force et l'organisation de l'armée de Ferdinand III peinèrent à faire plier la cité, qui finit par capituler après plus d'un an et demi de siège. Le 23 novembre 1248, l'alcázar fut remis aux Castillans. Les musulmans disposèrent d'un délai d'un mois pour évacuer la ville. Un mois plus tard, le 22 décembre, Ferdinand III fit son entrée solennelle dans la ville. Après Cordoue, c'était un autre lieu symbolique qui intégrait la couronne de Castille : ville de saint Isidore, cité opulente et commerciale, porte du bas-Guadalquivir,... L'évènement connut un retentissement extraordinaire dans toute la Chrétienté, et les pages que consacre la Primera Crónica General de España à ces heures de l'histoire du royaume témoignent de la ferveur soulevée par la prise de la cité.

Ferdinand III résida désormais de manière permanente à Séville, d'où il continua à mener de brillantes campagnes dans le sud de l'Andalousie. Conquêtes et soumissions par pactes assurèrent une assise plus confortable au roi, et permettait de garantir la sécurité de Séville.

Bilan

Des succès incontestables

Ferdinand III de Castille et León
Miniature du XIIIe siècle extraite de l'Índice de los privilegios reales
(Archives de la Cathédrale de Compostelle).
On remarque les armes du León et de la Castille aux côtés du monarque.

Ferdinand III mourut le 30 mai (ou le 31, selon les sources) 1252. Son corps repose depuis lors dans la cathédrale de Séville. Il laissa derrière lui un bilan des plus positifs pour la couronne de Castille. Il avait d'une part réussi à sceller l'union des royaumes de Castille et de León, donnant ainsi naissance à un ensemble d'une puissance colossale dans le contexte péninsulaire. Une puissance qui allait être amenée, avec le temps, à imposer son hégémonie à l'ensemble des royaumes ibériques, à l'exception du Portugal.

Sous son règne fut considérablement renforcée l'autorité royale : Ferdinand III avait réuni sous sa bannière toutes les forces vives du royaume dans l'objectif de conquérir l'Andalousie. Avec l'aide de sa mère, et des fidèles, parmi lesquels l'archevêque de Tolède, il sut faire usage d'un tact politique d'une grande finesse, et utilisa la noblesse pour assouvir ses ambitions. Celle-ci, appâté par les gains qu'elle pouvait retirer de l'expansion méridionale du royaume, ne put qu'acquiescer à l'appel du roi. On doit d'ailleurs à Ferdinand III les premières réformes juridiques importantes, avec la traduction en castillan du Liber Judiciorum des Wisigoths, et son application sous la forme du Fuero Juzgo. Ce code de droit local fut octroyé à de nombreuses villes nouvellement conquises. Dans les villes plus septentrionales, les fors et franchises furent distribués généreusement par le roi, qui s'appuyait beaucoup sur les concejos des villes pour mener sa politique.

Ce fut à la conquête de l'Andalousie que Ferdinand III dut sa renommée. Jamais auparavant un roi n'avait accru de manière aussi importante et rapide les domaines de la couronne. Sa lutte contre l'Infidèle fut saluée et reconnue, et son fils Alphonse laissa transparaître dans ses œuvres une admiration réelle pour son prédécesseur. À la mort du roi, plus aucune terre d'Espagne n'échappait au contrôle des Chrétiens : conquis, rattachés ou soumis par pactes de vasselage (Grenade), les royaumes musulmans d'Andalousie étaient désormais tous dominés par la Castille. La puissance et la gloire que put en tirer le royaume étaient considérables. Ferdinand III et la Castille se présentaient à l'Occident comme les défenseurs de la foi chrétienne et comme une redoutable machine de guerre, contrôlant désormais des terres vastes et fertiles. Ordre intérieur, service de la foi, politique extérieure offensive et efficace : la Castille que Ferdinand III léguait apparaissait comme un ensemble solide, et sur lequel il fallait désormais compter.

Un héritage fragile

Il convient toutefois de nuancer ce bilan. Si la brillante politique de Ferdinand III permit effectivement d'engranger tous ces succès d'ordre intérieur et extérieur, il n'en reste pas moins que les conséquences à moyen terme et la gestion de cette nouvelle configuration du royaume allaient retomber sur son fils, qui allait accumuler les difficultés. La conquête de la région du Guadalquivir impliquait deux conséquences majeures et paradoxales. Les terres vidées de leurs habitants musulmans étaient désormais à repeupler, et le travail était à peine entamé en 1252. C'est à une tâche immense qu'allait devoir s'atteler Alphonse X : faire venir du nord du royaume des milliers d'hommes et de femmes prêts à s'investir dans le repeuplement et la réorganisation de l'espace et de l'activité économique d'une région vidée de ses occupants. La mainmise des plus puissants sur la majorité des terres, le climat, les incursions fréquentes de musulmans finirent par décourager nombre de paysans volontaires, qui repartirent vers leurs régions d'origine. Le repeuplement allait requérir des décennies de labeur et de patience. D'autre part, les villes et campagnes où les musulmans avaient été autorisés à demeurer (principalement le royaume de Murcie et l'extême sud de l'Andalousie, autour de Jerez de la Frontera et Niebla) n'allaient pas tarder à se montrer rétives à l'autorité castillane. La grande révolte des mudéjars de 1264 menaça sérieusement la présence castillane. Pis encore, le moindre mouvement de révolte réveillait l'intérêt et les ardeurs de quelques chefs locaux, et du roi de Grenade. Enfin, la noblesse, privée de nouvelles ressources par la raréfaction des terres à conquérir, n'allait pas tarder à revenir à ses basses manœuvres rebelles.

Certes, la personnalité même d'Alphonse X peut expliquer ces difficultés. Mais, il est évident que Ferdinand III, victorieux, lègue à son fils un pays à reconstruire, à structurer et à inventer. En cela, il n'est pas exagéré d'estimer qu'Alphonse X hérite du plus difficile : jeter les bases d'une nouvelle organisation sociale, politique et économique, dans une région absorbée en un temps record, peut-être même trop rapidement. L'on peut s'interroger sur les capacités pour un royaume médiéval comme la Castille à assimiler de tels espaces en si peu de temps. La Reconquête s'arrêta en tous cas à cette époque. De réelles avancées ne purent être obtenues que deux siècles plus tard, sous le règne des Rois catholiques. Ferdinand III, à l'image de son cousin saint Louis en France, reste quoi qu'il en soit l'un des monarques les plus admirables du Moyen Âge espagnol.

Mariages et descendance

Ferdinand IIl épousa en premières noces Elisabeth de Souabe, fille de Philippe de Souabe, roi des Romains (1198-1208). De cette union naquit son fils et successeur Alphonse X le Sage (1221-1284), roi de Castille et León (1252-1284). Furent également le fruit de cette union :

Suite à la mort de sa première épouse en 1235, Ferdinand III épousa en 1237 Jeanne de Dammartin, dont il eut cinq enfants :

Un saint catholique

Saint Ferdinand de Castille
Naissance environ 1199
Décès 1252 
Nationalité Royaume de Castille et León Royaume de Castille et León
Canonisation 4 février 1671
par Clément X
Fête le 30 mai
Saint patron San Fernando de Apure
Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint

Fêté le 30 mai, il est le saint patron de :

Plusieurs églises lui sont dédiées dont :

Notes et références

Notes

Bibliographie

  • Sources d'époque :
    • Primera Crónica General, Estoria de España que mandó componer Alfonso X el Sabio y se continuaba bajo Sancho IV en 1289 (2 t.), éd. de Ramón Menéndez Pidal, Madrid, Gredos, 1977 (3e rééd.).
    • Crónica de Alfonso X, éd. de Manuel González Jiménez, Murcia, Real Academia Alfonso X el Sabio, 1998.
  • Ouvrages de référence :
    • Ansón, Francisco, Fernando III, rey de Castilla y León, Madrid, Palabra, 1998.
    • Conrad, Philippe, Histoire de la Reconquista, Paris, PUF, 1998.
    • González, Julio, Reinado y diplomas de Fernando III (3 t.), Cordoue, Publicaciones del Monte de Piedad y Caja de Ahorros de Córdoba, 1983.
    • González, Julio, Las conquistas de Fernando III en Andalucía, Madrid, Instituto Jerónimo Zurita, 1946.
    • Martínez Díez, Fernando, Fernando III, Palencia, Diputación provincial de Palencia, La Olmeda, 1993.
    • Mínguez, José María, La Reconquista, Madrid, Alba, 1989.

Voir également

Précédé par Ferdinand III de Castille Suivi par
Henri Ier
Blason Castille.svg Roi de Castille et de Tolède Transparent.gif
(1217 - 1252)
Alphonse X
Alphonse IX
Blason Castille Léon.svg Roi de Léon et de Galice Transparent.gif
(1230 - 1252)
royaumes musulmans
Roi de Cordoue et de Murcie
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