Agobard de Lyon

Agobard de Lyon
Agobard de Lyon sauvant des accusés lors de l'épisode des « navires »

Agobard (saint) (v. 769? - 840 Saintes? ), est un homme d'église du Moyen Âge. Il fut archevêque de Lyon. Il contribue à faire de Lyon l'un des centres de la Renaissance carolingienne.

Sommaire

Histoire

Né en Espagne ou en Septimanie vers 769 et peut-être d'origine wisigothique, il arrive en Gaule en 781 et vit à Narbonne. Il fait probablement partie de l'entourage de Benoit d'Aniane.

Il se consacre aux études, à la religion et aux sciences ; puis part à Lyon vers l'an 795[1] ou 798[2] dans l'entourage de Leidrade qui l'ordonne prêtre en 804.

En 813, alors que les problèmes de santé de l'évêque Leidrade s'aggravent, ce dernier fait d'Agobard son chorévêque et coadjuteur. En 816, Leidrade renonce définitivement à ses fonctions épiscopales et propose lui-même Agobard à sa succession en tant qu'archevêque de Lyon avant de se retirer au monastère de Saint-Médard de Soissons. Son arrivée sur le trône épiscopal pose tout d'abord problème, car Leidrade l'a intronisé lui même, ce qui soulève des objections canoniques. Il est le premier à porter le titre d'archevêque[2].

En 816, il participe à Reims en compagnie du pape Étienne V au sacre de l'empereur Louis le Pieux.

En 825, il prend partie dans la querelle des images, dans laquelle il prend une position iconoclaste.

En 833, il prend position pour le parti de Lothaire dans le conflit qui l'oppose à Louis le Pieux. En effet, il craint que la politique de ce dernier ne nuise à l'unité de l'empire, et par conséquent à l'unité du peuple chrétien. Cette prise de position lui vaut d'être déposé en 835, par Louis le Pieux, comme d'autres évêques tels Ebon de Reims. Il part alors en exil en Italie, où il s'oppose aux réformes liturgiques d'Amalaire, son successeur désigné. Il retrouve son siège épiscopal en 839.

Il meurt en 840 à Saintes.

Œuvre à Lyon

A Lyon, Agobard poursuit l'action de Leidrade concernant l'élévation du niveau spirituel des religieux lyonnais. Il développe avec l'aide du diacre Florus la bibliothèque et le scriptorium de Saint-Jean.

A plusieurs reprises, il défend les biens de l'Église contre les assauts de seigneurs locaux.

Lorsqu'il est déposé, il s'oppose de loin aux tentative de son successeur Amalaire de modifier le rite lyonnais, avec Florus resté diacre sur place.

Positions doctrinales

Il a laissé une œuvre importante et variée (quelque vingt-sept ouvrages), dont l'une des premières éditions savantes est publiée en 1668 par Etienne Baluze.

Dans ces écrits, il dénonce les superstitions, l'hérésie adoptianiste et le culte des images. Soucieux d'une Église au-dessus du monde matériel, il s'oppose à la pratique de l'Église privée[1].

Son combat principal est l'unité de l'empire chrétien.

L'unité de l'empire

Il luttera toute sa vie pour l'unité de l'Empire chrétien, dans un souci de christianisation du monde. Pour cela, il essaie d'orienter, avec d'autres réformateurs, la politique impériale. Il est à l'origine de la suppression de la personnalité des lois en Burgondie, dès 817, dans une volonté d'unité des lois s'appliquant aux chrétiens, et parce que la loi burgonde (qui s'applique à Lyon) a été promulguée par un roi arien.

Lorsque l'empereur Louis le Pieux souhaite avantager l'un de ses trois fils (Charles le Chauve) en modifiant les principes de succession au trône, il prend partie avec de nombreux autres évêques contre lui. Il assiste ainsi à la repentance de l'empereur à Soissons en 833 et renouvelle à cette occasion son soutien à Lothaire.

Agobard et les Juifs

Agobard écrivit pas moins de cinq lettres contre les juifs lyonnais. Ils avaient en effet obtenus de Louis le Pieux des droits importants les plaçant hors de sa juridiction, et à part dans la cité lyonnaise. Ils sont jugés par un "Magister Judaeorum" indépendant, et placés sous la protection de l'empereur. Ils sont également exonérés de péage, disposent de garanties importantes en termes de justice, de religion.

Or, Agobard milite toute sa vie pour l'unité du peuple chrétien et du monde carolingien. Pour lui, que l'empereur ait ainsi institué une source de division est une erreur qu'il combat avec acharnement. Il proteste donc, en vain, auprès de Louis le Pieux et prêche ses ouailles de ne pas entretenir de relations avec les juifs, pour éviter toute rupture de l'unité de la cité[3].

Mais cet antijudaïsme est également religieux. Dans De judaicis superstitionibus, il insiste sur le devoir de mission de l'Église envers eux, et craint le prosélytisme de ces derniers[1]. Il proteste également plusieurs fois, en vain, contre le refus de la communauté d'accorder le baptême à leurs esclaves.

Il importe par ailleurs, de ne pas confondre cet antijudaïsme politique ou religieux avec un antisémitisme. Il ne s'agit pas d'un antisémitisme de type contemporain, qui introduit la notion de « race juive ».

Postérité

Agobard est fêté à Lyon le 6 juin.

Sa canonisation

Réception de ses écrits après sa mort

Les écrits d'Agobard ont été mis à l'index au XVIIe siècle en raison de sa position sur le culte des Saints. Il a par ailleurs été longtemps considéré comme un gallican avant l'heure, en raison de sa vision d'une église où l'autorité vient des conciles et des évêques, et où le pape est essentiellement vu comme le simple garant de l'unité de l'Église.

Pour cette raison, sa sainteté a connu une suspension entre 1775 et 1844.

Agobard et les tempestaires

Les milieux ufologues se sont emparés d'un épisode narré par Agobard dans De Grandine et Tonitruis (De la grêle et du tonnerre) à la suite de l'article Spacemen of the Middle Ages de W. Raymond Drake (en) écrit en 1964. Il s'agit d'un épisode où Agobard dénonce la croyance en des navires voguant dans des nuages.

Le contexte : depuis le VIIe siècle, les tempestaires exerçaient dans la vallée du Rhône une pression importante s'apparentant à du racket, monnayant aux paysans leur protection contre une part de leur récolte, concurrençant de fait la précieuse dîme dévolue à l'évêque de Lyon. Les années 790 avaient connu plusieurs disettes et même des cas de cannibalisme lors de l'hiver 793. Selon une rumeur de l'époque, les tempestaires auraient passé un accord avec les mages de la Magonie pour mieux contrôler la grêle et la foudre et qui viendraient récupérer les denrées sur des « bateaux volants ».

L'affaire : trois hommes et une femme auraient été appréhendés après être « tombés des aéronefs ». Menacés de lapidation, ils sont menés devant le tribunal d'Agobard qui les fait finalement libérer suspectant un phénomène de folie collective. Le témoin principal reconnu après le contre-interrogatoire qu'il n'avait pas réellement assisté au fait. Agobard écrit alors : « Nous avons souvent entendu des gens déclarer qu'ils connaissaient de tels faits arrivés en certains lieux; mais nous n'avons pas encore entendu quelqu'un pouvant déclarer qu'il les avait vus ».

Bibliographie

Source

Ouvrages et articles

  • A. Bressolles, Saint Agobard, évêque de Lyon, Paris, 1949
  • E. Boshof, Erzbischof Agobard von Lyon. Leben und Werk, Cologne, 1969
  • J.-M. Bizière dir., Y. Bernard, M. Kaplan, M. Vincent-Cassy, M. Zimmermann ; Dictionnaire des biographies, T. 2 - le Moyen Âge 476-1453; Armand Colin; 1993; Paris; 310 p. ; ISBN : 2-200-21371-9
  • J. Heil, Agobard, Amulo, das Kirchengut und die Juden von Lyon, in: Francia 25 (1998) S. 39-76
  • Michel Rubellin, article in DEMA, I, p. 24-25
  • Michel Rubellin ; Église et société chrétienne d'Agobard à Valdès ; Lyon ; Presses universitaires de Lyon ; 2003.
  • A. Pelletier, J. Rossiaud, F. Bayard, P. Cayez; Histoire de Lyon; éd. lyonnaises d'Art et d'Histoire; 2007
  • Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon, Dictionnaire historique de Lyon, éd. Stéphane Bachès, 2009, Lyon, 1054 p., (ISBN 2-915266-65-8)
  • Bruno Dumézil, La mitre et les ovnis, un article in Historia, juillet-août 2011.


Références

  1. a, b et c op.cit. J.-M. Bizière ; p. 16
  2. a et b op.cit. P. Béghain ; p. 27
  3. op. cit. A. Pelletier ; p. 157 - 158


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Leidrade
Évêque de Lyon
Amalaire (835 - 839), puis Amolon)

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