Agence japonaise de sûreté nucléaire

Agence japonaise de sûreté nucléaire
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L'Agence japonaise de sûreté nucléaire (en anglais Nuclear and Industrial Safety Agency, abrégé en NISA) est une subdivision du Ministère japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie. Elle est chargée de superviser le respect de la réglementation dans le domaine de la sûreté nucléaire.

Sommaire

Dénominations

  • en anglais : Nuclear and Industrial Safety Agency (NISA),
  • en japonais : 原子力安全・保安院 (Genshiryoku Anzen Hoanin).

Son organisation

Cette agence a été créée en 2001 dans le cadre de la réforme du Gouvernement central.
Elle dépend directement de l'Agence pour l'énergie et les ressources naturelles.
Elle travaille en collaboration avec la commission japonaise de l'énergie atomique (JAEA)

Son siège est situé à Kasumigaseki dans l'arrondissement Chiyoda de la ville de Tokyo.

Elle dispose de bureaux régionaux chargés du contrôle de l'industrie nucléaire japonaise, mais son siège principal est à Kasumigaseki (Chiyoda, l'un des 23 arrondissements spéciaux de Tōkyō).

Gestion de la catastrophe de Fukushima

La NISA est malheureusement une organisation jeune, sous contrôle du Ministère japonais de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie, et son pouvoir et son indépendance restent encore très limités. Ainsi, dès 2007, on peut lire dans la presse que, selon un membre du Comité d'Etude des Tremblements de Terre au sein du Ministère des Sciences, « ce sont les mêmes personnes qui font les règles, réalisent les inspections et valident ensuite les rapports. Le législateur ne fait que mettre un tampon officiel sur les rapports établis par les exploitants des centrales. »[1]
Dans cet article, on trouve encore bien d'autres exemples des faiblesses du système japonais de contrôle des installations nucléaires, et notamment ce jugement proféré par un ancien directeur pour la sécurité des installations nucléaires à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique: « S'il ne tenait qu'à moi, j'ajouterai des procédures bien plus intrusives au système réglementaire japonais. Ce qui se passe là-bas soulève question après question. »

Ces faiblesses ont malheureusement été manifestes depuis le début de la crise de Fukushima: ce sont presque exclusivement Tepco d'une part et le Cabinet du Premier Ministre Naoto Kan d'autre part qui ont pris la parole publiquement, la NISA restant cantonnée à un rôle de second plan. D'ailleurs, quand le Directeur de l'AIEA, excédé par le manque d'information, s'est rendu au Japon pour demander plus de transparence, il a rencontré en premier lieu les personnes vraiment responsables, c'est-à-dire le Premier ministre japonais, Naoto Kan, puis d’autres ministres du gouvernement, ainsi que des responsables de TEPCO[2].

On notera quand même que, depuis le début de la crise, la NISA publie quotidiennement (en)sur son site des communiqués sur l'évolution de la situation à la Centrale de Fukushima. Si l'on veut des informations sur la radioactivité ambiante et sur la contamination, c'est par contre sur (en)le site du Ministère japonais de l'Éducation, de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie qu'il faut aller, car c'est ce dernier qui est chargé de la prévention des risques radiologiques[3].

La NISA s'est également montré particulièrement réticente à classer l'accident de Fujushima comme un accident majeur. Le 12 mars, cet accident a d'abord été classé au niveau 4 de l'échelle INES, c'est-à-dire un accident n'entraînant pas de risque important à l'extérieur du site. Dès le 14 mars, l’Autorité de Sûreté Nucléaire française estime que cet un accident bien plus sérieux, de niveau 5 ou 6, "au-delà de Three Mile Island sans atteindre Tchernobyl"[4]. Cependant, le 18 mars, la NISA reclasse l'accident, mais seulement au niveau 5 (pour les réacteurs 1 à 3, le réacteur 4 restant au niveau 3), c'est-à-dire un "accident entraînant un risque hors du site", similaire à Three Mile Island. L'ASN française n'est cependant pas seule à considérer que cette notation est sous-évaluée: on trouve par exemple des avis similaires les sites de l'Institute for Science and International Security aux USA[5] et de l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire en Belgique[6]. Malgré des rumeurs (d'origine inconnue) de relèvement de la notation[7], ce n'est que le 11 avril que la NISA reclasse brusquement l'accident de Fukushima au niveau 7, le niveau le plus élevé de l'échelle INES[8].

C'est probablement dans le domaine de la radioprotection de la population que l'attitude de la NISA a été la plus ambigüe. Dès le 27 mars, suite à des mesures de contaminations très élevées relevées dans le village d'Iitate, l'organisation Greenpeace demande l'évacuation de ce village[9]. Le 30 mars, c'est le tour de l'AIEA, qui déclare qu'elle a mesuré des niveaux de radiations justifiant une évacuation[10]. Mais la NISA refuse, arguant que la radioactivité constatée ne met pas en danger les habitants[11]. Cela ne rassure visiblement guère les habitants puisque la municipalité décide de se débrouiller seule et d'évacuer les femmes enceintes et les enfants en bas age[12]. Finalement, au lendemain des élections locales du 10 avril, le gouvernement annonce enfin l'évacuation des régions les plus contaminées, parmi lesquelles Iitate[13],[14].

A la décharge de la NISA, on notera quand même que les circonstances dans lequel elle doit agir sont particulièrement difficiles. D'une part, elle doit gérer la radioprotection des populations, alors que ce rôle semble être (au moins théoriquement) dévolu au Ministère des Sciences. Surtout le besoin d'évacuer les populations autour de Fukushima tombe particulièrement mal: suite au séisme et au Tsunami du 11 mars, il y a au nord du Japon environ 150000 réfugiés, vivant là où on a pu les caser, à qui il faut acheminer nourriture, médicaments et autre biens de première nécessité alors même que les infrastructures ont été dévastées, tout en continuant à déblayer les débris des régions sinistrés et en cherchant les corps des 15000 disparus!

Quoi qu'il en soit, l'accident de Fukushima a remis en évidence les failles de la NISA, attirant cette remarque d'Eisaku Sato, qui a été gouverneur pendant 18 ans de la Préfecture de Fukushima: "Une organisation qui est totalement indigne de confiance est chargée d'assurer la sécurité des centrales nucléaires japonaises. Le problème n'est donc pas limité à la Tokyo Electric Company, laquelle a derrière elle un long passif de dissimulation: c'est tout le système qui en cause. C'est effrayant."[15].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Références

  1. (en)Japan Nuclear Energy Drive Compromised by Conflicts of Interest, Bloomberg, 12 décembre 2007
  2. Crise nucléaire au Japon : l’AIEA demande plus d’informations, Toulouse7, 19 mars 2011
  3. (en)Structure of Nuclear Power and Industrial Safety Administrations extrait de la (en)page de présentation de la NISA
  4. Fukushima "au-delà de Three Mile Island sans atteindre Tchernobyl", Romandie News, 14 mars 2001, reprenant une dépêche de l'AFP
  5. (en)ISIS Statement on Events at Fukushima Daiichi Nuclear Site in Japan, 15 mars 20011
  6. Classement de l'accident de Fukushima sur l'échelle INES, 31 mars 2011
  7. (en)Situation Worsen: Fukushima lifted to Level 6 “Serious Accident.”, Investment Watch, 25 mars 2011
  8. (en)Fukushima Nuclear Accident Update Log, 12 avril 2011
  9. (en)Greenpeace radiation team pinpoints need to extend Fukushima evacuation zone - Need to protect pregnant women and children, communiqué de presse de Greenpeace, 27 mars 2011
  10. L'AIEA inquiète des radiations dans un village à 40 km de Fukushima, Romandie News, reprenant une dépêche de l'AFP, 30 mars 2011
  11. Tokyo exclut d'élargir la zone d'évacuation autour de Fukushima, La Dépêche, 31 mars 2011
  12. (en)Babies and pregnant women to leave Iitate, The Japan Times Online, 8 avril 2011
  13. Fukushima : évacuation des localités situées au-delà de 20 km de la centrale, Midi Libre, 11 avril 2011
  14. (en)Japan's nuclear refugees confused by policy shifts, The Mainichi Daily News, 12 Avril 2011
  15. Japan Extended Reactor’s Life, Despite Warning, page 2/2, New York Times, 21 mars 2011



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