Ernst Theodor Wilhelm

Ernst Theodor Wilhelm

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann

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Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
Autoportrait d'Ersnt Theodor Amadeus Hoffmann
Autoportrait d'Ersnt Theodor Amadeus Hoffmann

Nom de naissance Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann
Activité(s) Romancier, conteur, compositeur, dessinateur, juriste
Naissance 24 janvier 1776
Königsberg
Décès 25 juin 1822
Berlin
Mouvement(s) Romantisme
Genre(s) fantastique
Œuvres principales
Le Chat Murr, L'Homme au sable, Casse-noisette et le Roi des souris, Princesse Brambilla

Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann, né le 24 janvier 1776 à Königsberg, en Prusse-Orientale, et mort le 25 juin 1822 à Berlin à l'âge de 46 ans, est un écrivain romantique et un compositeur allemand.

Juriste, il sert dans l'administration prussienne de 1796 à 1806 puis de 1814 à sa mort. Également dessinateur et peintre, son indépendance d'esprit et son goût de la satire lui valent à plusieurs reprises de sérieux ennuis auprès de ses supérieurs hiérarchiques, qu'il n'hésite pas à caricaturer.

Mais c'est son activité littéraire qui le rend célèbre : connu sous le nom d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann ou E.T.A. Hoffmann, il est l'auteur de nombreux contes (märchen en allemand) comme L'Homme au sable ou Casse-noisette et le roi des souris et de plusieurs romans, dont son œuvre principale Le Chat Murr. Il devient alors, dès les années 1820, l'une des principales figures du romantisme allemand en France et inspire de nombreux artistes, en Europe comme dans le reste du monde (par exemple Les Contes d'Hoffmann, l'opéra fantastique en cinq actes de Jacques Offenbach).

Également passionné de musique, il échange en 1812 son troisième prénom, Wilhelm, avec celui d'Amadeus en hommage à Mozart, son modèle, et devient critique musical puis compositeur. Il est ainsi l'auteur de plusieurs opéras, en particulier Ondine, qui est tiré d'un conte de son ami Friedrich de La Motte-Fouqué, ainsi que d'œuvres vocales et instrumentales.

Sommaire

Biographie

Sa jeunesse

La cour du château de Kœnigsberg, près duquel était bâtie la maison natale d'Hoffmann.

Issu d'une famille de pasteurs et d'hommes de loi, fils d'un pasteur luthérien, Christoph-Ludwig Hoffmann (1736-1797)[1], avocat à Königsberg, poète et compositeur à ses heures, épouse le 29 octobre 1767 sa cousine, Louise Albertine Doerffer (1748-1796)[2], avec laquelle il a trois enfants, Johann Ludwig, né le 29 novembre 1768 et mort après 1822, Carl Wilhelm Philipp, né le 16 août 1773 et mort dans l'enfance, enfin, Ernst Theodor Wilhelm, né le 24 janvier 1776[3], dans une maison de la rue des Français, au pied du vieux château. En 1778, le couple se sépare. Nommé peu après à Insterbourg, en Petite Lituanie, Christophe-Ludwig emmène avec lui l'aîné de leurs enfants; il meurt dans cette ville le 27 avril 1797[4]. De son côté, Ernst est élevé dans la famille de sa mère, une femme malade et d'une excessive nervosité qui meurt d' apoplexie dans la nuit du 14 au 15 mars 1796[5], particulièrement par trois personnes: sa grand-mère Doerffer, sa tante Johanna Sophie (1745-1803)[6], surnommée Füsschen (ou petit pied)[7] et son oncle Otto Wilhelm Doerffer (1741-1811)[1], magistrat célibataire, d'humeur sombre, dévote et solennelle dont Hoffmann devait tracer, dans ses lettres et à travers plusieurs personnages de son œuvre, un portrait sans aménité où le ridicule le dispute à l'odieux. Il l'appelle Onkel O. W. (Oh Weh!), que l'on peut traduire par « oncle quel malheur! » ou « oncle catastrophe ». Bien qu'il soit épris de musique, il a tout d'un béotien rationaliste.

L'université Albertina de Kœnigsberg, où étudia Hoffmann.

En 1781, Hoffmann entre à la Burgschule, une école luthérienne[8], où il fait de bonnes études classiques. Il apprend l'art de la fugue et du contrepoint auprès d'un organiste polonais, Podbieski, prototype d'Abraham Liscot dans Le Chat Murr, et se révèle un pianiste prodige. Il s'essaie aussi à écrire des poèmes, des romans et à dessiner. Mais le milieu provincial n'est pas favorable à l'acquisition d'une technique. Également doué pour la peinture, la musique et l'écriture, le jeune homme reste ignorant de toute discipline un peu stricte et étranger aux formes nouvelles qui naissent alors en Allemagne.

Entré à l'université de Königsberg le 27 mars 1792, son oncle le contraint à étudier le droit dans sa ville natale, mais il a peu de goût pour ses études. Sa correspondance de jeunesse n'en garde guère l'écho, au contraire de ses lectures, qu'il s'agisse de Voltaire, de Rousseau, de Goethe, de Schiller, de Jean Paul ou de Kotzebue. En musique, il admire Bach, Mozart et les Italiens ; il ne découvre que plus tard Haydn, Gluck et Beethoven.

En 1786, Ernst se lie d'amitié avec Theodor Gottlieb von Hippel (1775-1843), fils d'un pasteur, écrivain connu et l'un des familiers d'Emmanuel Kant. En 1792, les deux amis se retrouvent à l'université, où ils suivent notamment les cours de Kant. En 1794, il a une grande passion pour une jeune femme de vingt-huit ans mariée à un négociant de plus de soixante ans, Johanna-Dorothea Hatt, à qui il donne des leçons de musique et qu'il appelle Cora[9].

Une carrière de fonctionnaire provincial

Dessin à la plume d'Hoffmann le représentant avec Hippel comme Castor et Pollux (lettre d'Hoffmann à Hippel du 28 février 1802).

Dès 1794, avant l'achèvement de ses études en août 1795, son grand-oncle, le conseiller royal Christoph Ernst Voeteri (1722-1795), notaire au service de plusieurs familles nobles de Prusse-Orientale, le prend comme clerc, et il l'accompagne à plusieurs reprises dans ses visites de leurs domaines (épisode que l'on retrouve dans Le Majorat)[10]. Puis on l'envoie en juin 1796 à Glogau, en Silésie, chez son oncle maternel conseiller, Johann Ludwig Doerffer (1743-1803)[1], où il travaille pendant deux ans comme auditeur. À la société bourgeoise de Glogau, il préfère la compagnie des artistes locaux. Et, bien qu'il soit attaché à la tradition protestante, il choisit ses amis parmi les catholiques. Embauché pour aider à décorer une église (thème qu'il développera dans L'Église des Jésuites), il se lie d'amitié avec un peintre italien, Aloys Molinari (1772-1831)[11], qui l'initie aux secrets de son art et lui inspire la nostalgie du Sud, et singulièrement de l'Italie, qui s'exprime dans nombre de ses écrits. Il se fiance aussi avec une cousine, Wilhelmina, dite Mina, Doerffer (1775-1853)[12], et semble se diriger vers un mariage de raison. Toutefois, alors qu'il vient de passer son examen de référendaire, dans l'été 1798, il apprend que son oncle a été nommé conseiller intime à la Kammergericht (cour d'appel) à Berlin. Heureux de fuir Glogau, il part avec lui, occupant les fonctions de référendaire à la Kammergericht, et prépare l'examen d'assesseur[8]. Là, il peint, dessine, compose un opéra-comique, Le Masque, qu'il dédie à la reine Louise (mais que le directeur des spectacles, Iffland, refuse) et fréquente assidûment le monde des revues et des théâtres, qui est assez actif dans ces années-là, bien que le romantisme ait encore ses principaux foyers vivants dans l'Allemagne du Sud, à Iéna entre 1798 et 1806 — autour des frères August et Friedrich Schlegel, de Ludwig Tieck et de Novalis —, à Heidelberg à partir de 1804 — autour de Joseph Görres, d'Achim von Arnim, de Bettina et Clemens Brentano. Le groupe de Berlin ne commence à s'imposer qu'à partir de 1808, avec des figures comme August Wilhelm Schlegel, Adelbert von Chamisso, Friedrich de La Motte-Fouqué, Heinrich von Kleist, Zacharias Werner, Joseph von Eichendorff et Hoffmann[13].

Caricature d'Hoffmann par lui-même.

En mars 1800, ayant passé avec succès l'examen d'assesseur, il repart en province, à Posen[8], une importante ville de la région de Grande-Pologne dont la population est mixte, allemande et polonaise, évangélique et catholique. Devenu un bon vivant, Hoffmann se permet de faire toutes sortes d'espiègleries avec ses amis, une bande de jeunes Allemands : ivrogneries et farces se succèdent, et Hoffmann dessine des caricatures de ses collègues et de ses supérieurs. Dans la ville de Posen, il jouit d'une manière de célébrité. On fait jouer une cantate qu'il a écrite pour saluer le siècle nouveau et un opéra qu'il a écrit à partir de Goethe (Badinage, ruse et vengeance), dont on n'a conservé que le titre. Mais son désaccord avec la société bourgeoise s'agrandit. En 1801, il rompt ses fiançailles avec sa cousine[14], s'attirant ainsi la réprobation de sa famille. De même, il s'aliène la sympathie de ses collègues et de ses supérieurs hiérarchiques en faisant de cruelles caricatures, qui circulent dans la ville. Ces impertinences lui valent d'être envoyé, en pénitence, dans un centre moins important. Le 21 février 1802, un arrêté le nomme conseiller à Plock, aux appointements de 800 écus par an[15]. Mais, entre-temps, il rencontre à Posen la fille d'un fonctionnaire polonais, Maria Thekla Michalina Rorer-Trzynska (1781-1859)[16],[17], dite Rohrer selon un usage de germaniser les noms, dont on sait peu de choses, mais qu'il épouse le 26 juillet en l'église catholique Corpus-Christi et qui demeurera jusqu'au bout à ses côtés.

L'église Corpus-Christi de Posen, où Hoffmann se marie le 26 juillet 1802.

Exilé à Plock, entre juillet 1802 et le printemps 1804, un petit bourg triste de trois mille habitants, presque tous Polonais, Hoffmann commence le 1er octobre 1803 à tenir son journal intime[18],[19], écrit en partie en caractères grecs ou en abréviations, pour échapper à la curiosité de son épouse. Durant ces deux années, il n'éprouve que tristesse et ennui et se demande s'il ne devrait pas abandonner la magistrature pour se vouer à l'art, mais sans parvenir à se déterminer, entre la peinture, la musique et la poésie. Il ébauche deux opéras, Le Renégat et Faustina. Déterminé à échapper à cet exil, il multiplie les démarches, sollicite l'intervention de ses amis. En attendant, il reprend sa vie de café, prend l'habitude du punch (une boisson à base d'arak, de citron et de sucre que l'on fait flamber) et connaît de graves crises d'angoisse nerveuse. Enfin, grâce à Hippel, il obtient d'être muté à Varsovie[8].

Avant de rejoindre son nouveau poste, il fait un dernier séjour dans sa ville natale en février 1804. Sa tante Sophie vient de mourir le 22 décembre 1803[20], et il craint d'être frustré de sa part d'héritage.

Varsovie et la découverte de l'art

Ernst Theodor Amadeus Hoffmann.

Dans la capitale polonaise, Hoffmann retrouve enfin l'ambiance qui lui avait plu à Berlin. Il retrouve Zacharias Werner, compatriote de Kœnigsberg et fils de son parrain, et se lie avec un jeune collègue juif, de quatre ans son cadet, Julius Eduard Hitzig, son futur biographe[8], qui est à Varsovie depuis cinq ans et fait partie du groupe littéraire berlinois du « Nordstern » (l'Étoile du Nord) ; il est resté en relations personnelles avec August Wilhelm Schlegel, Adelbert von Chamisso, Friedrich de La Motte-Fouqué, Rachel Varnhagen von Ense (1771-1833), née Levin. C'est lui qui révèle à Hoffmann la littérature nouvelle et lui fait lire Novalis, Ludwig Tieck, les frères August et Friedrich Schlegel, Achim von Arnim, Clemens Brentano, Gotthilf Heinrich von Schubert (l'auteur de La Symbolique des rêves et des Aspects nocturnes des sciences naturelles). C'est Hitzig aussi qui donne à Hoffmann les œuvres de Carlo Gozzi et de Calderon. Ces lectures relativement tardives marquent profondément Hoffmann, le révèlent à lui-même et le mettent sur la voie de son œuvre personnelle. De son côté, Zacharias Werner, personnalité complexe, lui fait découvrir l'attrait de la religion et d'une ambiance de mystère.

À Varsovie aussi, Hoffmann se passionne pour le théâtre, fait dix projets d'opéras, compose une messe solennelle, une symphonie, un quintette, des chansons à l'italienne. Il parvient à faire jouer à l'opéra l'opéra qu'il tire des Joyeux musiciens de Clemens Brentano. En revanche, à Berlin, Iffland refuse La Croix sur la Baltique, dont le texte est de Zacharias Werner et la musique d'Hoffmann, auquel on préfère un autre compositeur. Cette œuvre est considérée comme le premier exemple de musique romantique[21]. Il continue de peindre, notamment les fresques du palais de Mniszek, siège de la Société Musicale[22]. Mais, repris par son goût de la satire, il donne aux dieux égyptiens d'une des fresques les visages caricaturés des fonctionnaires dont il dépend, ce qui lui crée quelques ennuis. De même, il fait circuler d'autres portraits-charges de ses supérieurs. En dépit de ses multiples activités, Hoffmann s'ennuie à Varsovie, il déteste de plus en plus son métier, et l'existence trop bruyante de la ville épuise ses nerfs. Une fille voit le jour en juillet 1805[3]; elle est baptisée Cécile en souvenir de la patronne des musiciens, et hoffmann compose en son honneur une messe[23].

Mais, en novembre 1806, l'armée française occupe Varsovie et met fin à l'administration prussienne. il préfère démissionner. Mais, sans ressources, il ne parvient à quitter la Pologne qu'en juin 1807 et part à Berlin, laissant au passage sa femme et sa fille à Posen.

Musique et littérature

Buste d'Hoffmann au théâtre de Bamberg.

L'année passée à Berlin en 1807-1808 est la plus misérable de toute la vie d'Hoffmann. Dans la ville occupée par les troupes napoléoniennes, il ne parvient pas se faire réintégrer dans les cadres de la magistrature, et c'est à peine s'il obtient de maigres subsides. Il doit recourir à des amis, emprunter de l'argent, reste parfois plusieurs jours sans manger. C'est pourtant à Berlin qu'il compose les six cantiques pour chœur a cappella, dédiés à la Vierge, l'une de ses meilleures œuvres musicales, que, dans Le Chat Murr, il attribuera à Johannès Kreisler.

En août 1807, il apprend que sa petite fille est morte à Posen. Enfin, ayant mis une annonce dans un journal, le comte von Soden lui propose, en novembre 1807, l'emploi de « chef de musique » (Musikdirektor) au théâtre de Bamberg, en Bavière[8]. Mais sa nomination ne sera effective qu'en avril 1808, et son entrée en fonctions fixée au 1er septembre suivant. En attendant, il se rend chez un ancien ami, à Glogau.

En septembre 1808, Hoffmann va chercher à Posen sa femme et l'emmène à Bamberg. Il va y passer cinq années décisives, entre 1808 et 1813 : il découvre l'Allemagne du Sud et, pour la première fois, peut se vouer à la musique. Mais la pratique de cet art lui permet de constater l'insuffisance de sa formation, et il se tourne, entre 1809 et 1814, vers la critique musicale, qui lui ouvre la voie de la création littéraire, sans pour autant abandonner la composition. Un choix commence à s'opérer entre les trois arts. La musique lui fait trouver son style d'écrivain, tandis que le dessin et la peinture passent au rang de divertissements. La ville de Bamberg plaît à Hoffmann, avec sa cathédrale, ses palais baroques et sa population catholique d'humeur assez gaie, qui le change de la bourgeoisie de Königsberg. Mais le théâtre de Bamberg, mal géré par le comte von Soden, est en pleine décadence, et Hoffmann ne conserve que peu de temps son poste de chef d'orchestre. Il lui faut courir le cachet, enseigner la musique aux jeunes filles. Les choses ne s'amélioreront qu'en 1810, lorsque l'acteur Franz von Holbein (1779-1855) et le docteur Adalbert Friedrich Marcus (1753-1816), deux amis d'Hoffmann, reprennent le théâtre en main, et, pendant deux ans, Hoffmann se dépense avec enthousiasme.

La cathédrale impériale de Bamberg (Pierers Konversationslexikon de Joseph Kürschner, 1891).

Il habite en face du théâtre et de l'hôtel de la Rose, qui est dépeint dans Don Juan, avec sa chambre ouvrant sur une loge, dans une petite maison étroite. La mansarde lui sert de refuge; il y travaille, assis sur le rebord de la lucarne, les jambes dans le vide, dans le voisinage aimé des chats de gouttière, qu'il décrira dans Le Chat Murr. Dans le plancher, il a fait pratiquer une trappe, par laquelle sa femme lui fait passer de la nourriture. Compositeur, metteur en scène, chef d'orchestre, décorateur, librettiste, il devient de fait le seul animateur des spectacles qui gagnent la faveur du public et se plaît à faire jouer les œuvres qu'il préfère: Shakespeare, Calderon, Gozzi, Heinrich von Kleist, Zacharias Werner, Mozart, Beethoven.

Hoffmann se fait beaucoup d'amis, à Bamberg, parmi lesquels il faut noter le docteur Marcus, un homme cultivé et un psychiatre, qu'il interroge sur les troubles mentaux, le docteur Speyer, neveu du précédent, et un marchand de vin, Karl Friedrich Kunz, qui deviendra son premier éditeur.

Durant ses premières années à Bamberg, Hoffmann compose beaucoup, qu'il s'agisse de ballets, de chœurs, de prologues ou d'opéras. Mais cette activité un peu désordonnée, asservie aux demandes du public, finit par le lasser, et il se tourne vers la critique musicale, essentiellement à l'Allgemeine Musikalische Zeitung de Johann Friedrich Rochlitz (1769-1842)[8], à laquelle il donne une forme originale, englobant ses commentaires dans une trame romanesque. Cette évolution vers la littérature d'imagination doit sans doute beaucoup à la passion qu'il se met à éprouver en 1809 pour l'une de ses élèves, Julia Marc (1796-1865)[1], parente du docteur Marcus. La jeune fille n'a que treize ans contre trente-quatre pour Hoffmann, elle est de famille juive, fille de commerçants et très douée pour la musique. En fait, cet amour, dont son journal permet de suivre les étapes, est très vite élevé au rang de mythe tragique, dont on retrouve les résonances dans Le Chat Murr et dans plusieurs de ses contes. Ses illusions s'évanouissent quand la jeune fille se fiance avec un commerçant de Leipzig.

« Hoffmann et son chat », devant le théâtre E.T.A. Hoffmann, sur la Schillerplatz, à Bamberg.

Son premier conte connu, Le Chevalier Gluck, date de l'automne 1808. Les Kreislerania, composés par un journal, suivent. À cette occasion, Hoffmann crée le personnage de Johannès Kreisler, « musicien fou », double dérisoire et merveilleux qui va le hanter jusqu'à la fin de ses jours et dominer, après les Fantaisies à la manière de Callot (1813-1815), le roman du Chat Murr (1819-1821).

Au début de 1813, la guerre, la retraite d'Holbein, les maladies fréquentes et la séparation d'avec Julia Marc décident Hoffmann à quitter Bamberg pour se fixer à Dresde, en Saxe où on lui offre un poste de « directeur artistique » d'une troupe de théâtre[8].

Parti le 21 avril 1813, il traverse l'Allemagne en guerre et arrive à Dresde avec sa femme le 25 avril. Mais le responsable du théâtre, avec lequel il venait signer un contrat, est déjà replié à Leipzig. Il passe donc un mois dans la capitale saxonne, dans des conditions difficiles et assiste le 8 mai à l'entrée de Napoléon. Dix jours plus tard, il gagne à son tour Leipzig, avant de rentrer à Dresde en juin. Son travail de chef d'orchestre l'occupe beaucoup, mais il continue son œuvre d'écrivain, rédigeant durant cette période difficile quelques-uns de ses meilleurs contes (Le Vase d'or, Le Magnétiseur, Ignaz Denner), le début de son premier roman, Les Elixirs du Diable, et deux actes de l'opéra Ondine, dont il a entrepris de composer la partition musicale à Bamberg d'après un livret tiré du conte de La Motte-Fouqué. En août, il assiste à la victoire française de Dresde, au cours de laquelle un obus passe au-dessus de sa tête, et visite le champ de bataille; l'épisode lui inspire Visions sur le champ de bataille de Dresde. Par ailleurs, Napoléon ayant fait venir la Comédie-Française à Dresde, où il s'est établi avec sa cour, Hoffmann voit un soir Talma et Mademoiselle George dans une représentation du Barbier de Séville[24].

Mais, au début de 1814, revenu à Leipzig, il se brouille définitivement avec son directeur, Joseph Seconda, et se retrouve bientôt sans travail, malade et endetté, sans autre ressource que quelques collaborations à des revues musicales. À contrecœur, il cherche à rentrer dans l'administration prussienne et sollicite à cette fin l'appui de ses amis berlinois. Son camarade de jeunesse, Hippel, devenu Geheimer Staatsrat (conseiller privé d'État), finit par lui obtenir un poste dans la magistrature[8]. toutefois, Hoffmann refuse d'être réintégré dans son ancien grade de conseiller, préférant accepter un emploi subalterne, qui lui garantisse la sécurité matérielle sans l'empêcher de poursuivre son œuvre d'écrivain et de compositeur.

Retour en Prusse

Vue du Gendarmenmarkt, ou place de l'Académie, à Berlin (1815). Sur cette place était située la taverne Lutter und Wegner, fréquentée par Hoffmann et le comédien Ludwig Devrient.

En septembre 1814, Hoffmann obtient de retrouver sa charge de fonctionnaire du royaume de Prusse, d'abord comme assistant bénévole à la Kammergericht de Berlin, puis avec une rémunération modeste[10]. Dans le même temps, engagé en littérature, avec les Fantaisies à la manière de Callot, publiées par Kunz à Bamberg, avec une préface de Jean Paul, il fréquente les milieux artistiques de Berlin. En 1817, le théâtre de Berlin joue son opéra, Ondine, dont le succès n'est interrompu que par l'incendie du théâtre lors de la vingt-cinquième représentation. Les revues et les almanachs sollicitent sa collaboration, tout ce qu'il écrit est aussitôt publié, et il se laisse parfois aller à une production facile. Cependant, ces dernières années sont marquées par la publication des quelques-uns de ses plus grands chefs-d'œuvres: Les Élixirs du Diable en 1816, les Contes nocturnes en 1817, Les Frères de Saint-Sérapion en 1819-1820, puis trois courts romans, Le Petit Zachée, surnommé Cinabre, Princesse Brambilla, Maître Puce, ainsi que son ouvrage majeur, Le Chat Murr.

À Berlin, Hoffmann fréquente assidûment les tavernes du Tiergarten et de Unter den Linden, flâne dans tous les quartiers, qu'il dépeint avec complaisance dans ses contes, court les théâtres, les concerts et les expositions, fouille les bibliothèques, en quête de vieilles chroniques et de sujets romanesques. Il retrouve des amis de jeunesse, Hippel et Hitzig, et noue de nouvelles amitiés avec de nombreux écrivains et acteurs, quelques-uns déjà fort célèbres comme Ludwig Tieck, Clemens Brentano, Achim von Arnim, mais surtout Adelbert von Chamisso, Contessa, Friedrich de La Motte-Fouqué et l'acteur Devrient, qu'il retrouve à la taverne Lutter et Wegner, où se déroulent presque quotidiennement les entretiens des « frères Sérapion » (qui inspireront le recueil du même nom)[25].

En mai 1816, il devient juge au Sénat criminel, avec un salaire annuel, fonction qu'il occupe jusqu'en décembre 1821, quand il est nommé à la Cour d'appel supérieure (Oberappellations-Senat) de la Cour suprême[10]. Dans ses fonctions de juriste, il traite en particulier l'affaire de l'apprenti filateur de tabac Daniel Schmolling (vers 1779-1824), accusé d'avoir poignardé, le 25 septembre 1817, sans raison apparente son amante, Henriette Lehne, enceinte de lui, une affaire similaire à celle qui inspira à Georg Büchner son Woyzeck. L'expertise médicale ayant diagnostiqué une attaque soudaine d’amentia occulta, ou « manie sans délire », Hoffmann est chargé de rédiger l'expertise juridique de la Kammergericht de Berlin. Or, dans ce document, il rejette la thèse de l'irresponsabilité et plaide pour la peine capitale[26],[27].

Plaque apposée sur l'immeuble du 56, Charlottenstrasse, à Berlin-Mitte, résidence d'Hoffmann de 1815 à 1822.

Nommé le 1er octobre 1819 membre de la « Commission Extraordinaire d'Enquête contre les menées démagogiques », il remet en liberté Friedrich Ludwig Jahn, mis en prison sans fondement en juillet. Mais une deuxième commission, la « Commission ministérielle médiatrice » qui coiffe la première (soupçonnée de libéralisme) refuse l'élargissement, et Jahn passe en jugement. Mais, pendant son procès, il décide de poursuivre pour calomnie la directeur de la police Kamptz, qui a affirmé par avance, dans une note envoyée aux journaux, la culpabilité de l'accusé. Hoffmann cite donc Kamptz à comparaître, à la fureur du ministre de la Justice, Friedrich Leopold von Kircheisen, qui, le 28 décembre, lui ordonne de mettre fin à la procédure. Dans sa réponse, datée du 10 janvier 1820, Hoffmann, s'appuyant sur le code civil (Allgemeine Landrecht), lui répond que « même un ordre reçu d'une autorité supérieure ne peut libérer l'accusé du châtiment de la calomnie », avant de recommander à Kircheisen le 28 février, au nom de la commission extraordinaire, d'élargir Jahn. En mars 1820, le roi fait classer l'affaire, mais Hoffmann, relevé de ses fonctions en juillet 1821 et nommé à la Cour d'appel, écrit un petit roman Maître Puce, vendu à un libraire de Francfort, où il caricature Kamptz sous les traits d'un personnage odieux, Knarrpanti[28]. Déjà, dans Le Chat Murr, il avait dépeint avec humour la vie à la cour dans cette multitude de principautés et de royaumes qui composaient alors l'Allemagne. L'éditeur imprime une version amputée des passages les plus litigieux (la version originale, récupérée par Georg Ellinger parmi les dossiers secrets de l'État, ne paraîtra qu'en 1906). Toutefois, sur la demande expresse de Berlin, les magistrats de la ville libre de Francfort confisquent le manuscrit à l'éditeur et l'envoient à Berlin. Kamptz exige alors le déplacement d'Hoffmann. Le 6 février 1822, celui-ci est cité à comparaître dans les vingt-quatre heures pour s'expliquer. Son médecin envoie un certificat déclarant qu'il ne peut se lever.

Tombe d'Hoffmann.

Dès 1816, les accès de fièvre nerveuse se sont multipliés. Le surmenage, une imagination sans cesse exaltée et l'abus des boissons alcooliques ont ruiné sa santé. À partir de 1821 apparaissent les symptômes de l'ataxie locomotrice. Au début de 1822, les membres inférieurs se paralysent, puis les mains. Hoffmann doit dicter ses derniers contes à sa femme ou à un secrétaire de fortune. Parmi ces contes, la trace de sa maladie est évidente, que ce soit dans La Guérison, La Fenêtre d'angle de mon cousin, Maître Johannès Wacht ou L'Ennemi, dont la fin évoque l'agonie de Dürer. Il songe à d'autres œuvres, qu'il n'aura pas le temps d'écrire: « Rêve. La police enlève toutes les horloges des tours et saisit toutes les montres, parce que le temps doit être confisqué »[29]. En juin, on diagnostique un tabès, c'est-à-dire une syphilis nerveuse atteignant la moelle épinière. On lui applique des fers rouges de chaque côté de l'épine dorsale. Le 25, les plaies au fer rouge se rouvrent et saignent. Il murmure alors: « Il est temps de penser un peu à Dieu »[30]. Il demande qu'on lui tourne la face contre le mur et meurt quelques minutes après, le 25 juin 1822, à l'âge de quarante-six ans.

Il est inhumé dans le « cimetière III de Jérusalem et de la nouvelle paroisse » (Friedhof III der Jerusalems-und Neuen Kirchengemeinde) des cimetières de la porte de Halle (Friedhöfe vor dem Halleschen Tor), à Kreuzberg.

Peu après sa mort, son épouse quitte Berlin et retourne à Posen, où elle demeure jusqu'en 1835. Malgré le soutien d'Hitzig, ami fidèle d'Hoffmann, elle meurt dans la pauvreté dans la petite ville de Warmbrunn (Silésie) le 27 janvier 1859, à l'âge de 78 ans[31].

Les archives d'Hoffmann sont conservées à la Bibliothèque d'État de Berlin et au Märkische Museum. La Bibliothèque d'État de Bamberg et la bibliothèque Carl Georg von Maassen de l'université de Munich conservent également des collections.

Réception et influence

Réception de l'œuvre d'Hoffmann dans la France romantique : création d'un mythe romantique

L'homme au sable.djvu

Si les premières années du XIXe siècle sont marquées par le succès populaire du roman noir, ou gothique (de l'anglais gothic tales), dont les auteurs les plus connus sont Ann Radcliffe et Horace Walpole, et du roman historique de Walter Scott, la fin des années 1820 en France voit la littérature d’imagination menacée par les exigences d’un public nouveau. Des journalistes du Globe, Jean-Jacques Ampère et Prosper Duvergier de Hauranne, se tournent alors vers l’Allemagne et voient en E.T.A. Hoffmann l’auteur capable de régénérer cette littérature d’imagination. Ampère forge d’ailleurs un nouvel adjectif, « fantastique » (d’après le grec το φανταστικόν, qui désigne la faculté de se créer des illusions) pour l’accoler à l’œuvre de l’auteur allemand. Ainsi, le mot Fantasiestücke, terme générique parmi les romantiques pour désigner leurs contes, qui apparaît dans le titre de son recueil le plus fameux, Fantasiestücke in Callot's Manier, devient par un glissement de traduction Contes fantastiques.

Dessin d'Hoffmann pour L'Homme au sable.

Hoffmann s’était précédemment fait connaître en France par l’installation à Paris en 1822 (l’année de sa mort) de son ami le Docteur David-Ferdinand Koreff (1783-1851)[32], personnage brillant et prestigieux, qui rencontra Adolphe Loève-Veimars, jeune homme distingué et ambitieux[33]. Ce dernier, fasciné par la vie et l’œuvre de l’auteur allemand, entreprit une traduction en vingt volumes des Œuvres complètes qu'il ouvrait par une préface de lui-même et une introduction de Walter Scott, « Sur Hoffmann et les compositions fantastiques », dans laquelle l'écrivain écossais accusait Hoffmann de violer constamment le réel[34]. La première mention du nom d’Hoffmann apparaît en 1828 dans la revue de Balzac, Le Gymnase, puis, le 2 août de la même année dans Le Globe avec un article de Jean-Jacques Ampère, qui fait son éloge en affirmant qu’il « compose comme Callot, invente comme les Mille et une nuits, raconte comme Walter Scott ».

Le célèbre auteur écossais, alors figure essentielle de la scène littéraire, voit cependant dans Hoffmann un rival à abattre, et veut jeter le discrédit sur le nouveau genre fantastique, « où l’imagination s’abandonne à toute l’irrégularité de ses caprices ». Les admirateurs d’Hoffmann méprisent l’avertissement de Scott, et continuent à livrer leurs éloges dans La Revue de Paris notamment, Saint-Marc Girardin et Loève-Veimars à leur tête. Une âpre querelle littéraire éclate alors en décembre 1829 entre Walter Scott et Loève-Veimars à l’occasion de la parution de la première édition des Contes fantastiques (traduits par ce dernier) chez Renduel en quatre fascicules illustrés. Cette édition d’un choix de contes (les textes privilégiés étant les plus « fantastiques »), dans une traduction élégante mais surtout très infidèle, accompagnée des illustrations de Gavarni, ainsi que la biographie romancée rédigée par le traducteur, constituent la première contribution importante à l’élaboration du mythe romantique d’Hoffmann : Loève-Veimars en effet fait de « son » auteur le parangon de l'artiste romantique, génie incompris, à l’existence pathétique, miné par la boisson et la maladie, cette légende biographique servant d’explication à l’excentricité des textes présentés ainsi que de référence pour le nouveau genre littéraire fantastique. Hoffmann et son art littéraire sont donc érigés en exemple du nouveau romantisme contre la vieille école représentée par Scott, caractérisée par le « bon goût » et les préjugés. La nouvelle esthétique romantique, au contraire, fixe le mouvement comme révolutionnaire et voulant assurer la liberté et l’autonomie complètes de l’art.

« E.T.A. Hoffmann », sculpture de Carin Kreuzberg à Berlin.

Commence alors la vogue triomphale de l’auteur, dont une des preuves les plus manifestes est la traduction, dès février 1830, et la publication de quatre volumes de ses œuvres par Théodore Toussenel, rival de Loève-Veimars. Hoffmann de plus en plus devient une légende, un personnage mythique, et même un personnage d’œuvres littéraires, comme dans Entre onze heures et minuit, d’Alphonse Brot, ou encore Kreyssler, de Jules Janin (œuvre d’ailleurs signée, lors de sa publication dans L'Artiste, du nom même d’E.T.A. Hoffmann). À cet engouement succède une mode forcenée, caractérisée par de nombreuses imitations de piètre qualité, que vient interrompre en 1833 une réaction négative de la part même des premiers défenseurs de l’écrivain : Théophile Gautier publie Onuphrius, ou Les vexations fantastiques d’un admirateur d’Hoffmann, qui décrit les ravages occasionnés sur un esprit trop faible par le goût immodéré des Fantasiestücke, tandis qu’au bout de vingt volumes (mais dans lesquels toutefois ne figurent ni Les Élixirs du diable, ni Le Vase d’or), Loève-Veimars renonce à poursuivre sa traduction. L’auteur allemand conserve malgré tout dans le même temps de fervents admirateurs, telle George Sand, comme en témoigne sa Lettre d’un voyageur du 2 septembre 1836 : « poète amer et charmant, ironique et tendre, enfant gâté de toutes les Muses… »

Enfin, 1836 marque la dénonciation de la légende romantique d’Hoffmann par quelques intellectuels, et à leur tête Henry Egmont, qui entreprend à son tour la traduction des œuvres complètes. Il cherche en effet à rétablir dans sa préface la vérité historique sur le personnage de l’auteur, et le même souci de vérité le pousse à réparer les erreurs et les mutilations de la traduction de Loève-Veimars : Egmont insiste particulièrement sur la mauvaise traduction du titre par contes fantastiques, qu’il ne reprend que pour satisfaire et se plier à la tradition. Gautier lui aussi propose une nouvelle analyse littéraire plus réfléchie et plus approfondie, pour arriver à la conclusion qu’« il faut dans la fantaisie la plus folle et la plus déréglée une apparence de raison, un prétexte quelconque, un plan, des caractères et une conduite », dénonçant par là les abus dont ont fait preuve les imitateurs d’Hoffmann (article publié pour la première fois dans La Chronique de Paris du 14 août 1836 sous le titre « Contes d'Hoffmann »).

Les traces littéraires hoffmaniennes chez les grands auteurs français

Casse-Noisette.djvu

Charles Nodier, l’auteur de Du fantastique en littérature (1830), semble s’être inspiré de Princesse Brambilla pour la composition de son chef-d’œuvre, La Fée aux miettes (1832). Les intrigues des deux contes présentent en effet quelques analogies[35] : un héros rêveur et fou d’amour (Giglio / Michel) croit aimer une femme merveilleusement belle et riche ; leur misérable demeure sera transfigurée en un palais de rêve… La même symbolique de l’idéal de rêve qui fonde la réalité du bonheur habite ainsi les deux œuvres[36].

Théophile Gautier, dans sa nouvelle de 1831, La Cafetière, cherche à créer des effets semblables à ceux d’Hoffmann. « Comme son modèle, il conte à la première personne et mêle au récit des indications familières qui donnent à l’invention une couleur d’authenticité », selon Pierre-Georges Castex[37]. D’autre part, Gautier fait un grand usage des thèmes traditionnels du fantastique, comme l’inquiétude apportée par la nuit, les objets qui prennent vie, l’intervention des portraits dans le monde des vivants, la correspondance entre le rêve et la réalité. L’intérêt pour les menus détails et le goût des descriptions minutieuses nous rappellent encore l’art du conteur allemand, tandis que l’héroïne, Angela, porte le même nom que celle de Bonheur au jeu, et que le héros s’appelle Théodore tout simplement comme Hoffmann lui-même[38]. En 1841, Gautier livre par ailleurs un véritable pastiche des Fantasiestücke avec son conte Deux acteurs pour un rôle[39].

Timbre à l'effigie d'Hoffmann.

Pour Victor Hugo, l'influence d'Hoffmann a été plus discutée[40],[41]. Quelques scènes du roman historique Notre-Dame de Paris (1831) auraient ainsi peut-être été inspirées par L'Homme au sable dont Loève-Veimars avait publié la traduction en 1830[42],[43], et particulièrement le moment des préoccupations alchimiques de Frollo (l.V, ch.1), qui évoque étrangement les entretiens de même nature entre Nathanaël et Coppelius.

Honoré de Balzac a admis dans la préface de son Élixir de longue vie avoir emprunté le sujet à Hoffmann[44]. Le romancier a d'ailleurs été fortement influencé par Hoffmann, qu’il est le premier à avoir fait paraître dans la Revue de Paris en 1829[45]. Il a rendu hommage à l’écrivain allemand qu’il admire « parce qu’il refuse le classicisme bourgeois et la littérature roucoulante des ex-censeurs de l’Empire[46]. ». La trace d’Hoffmann est d’ailleurs décelable dans plusieurs contes philosophiques de Balzac. Ainsi, Maître Cornélius, publié en 1831 dans la Revue de Paris, doit quelque chose à Mademoiselle de Scudéry qu’Henri de Latouche avait traduit en se l'appropriant sous le titre Olivier Brusson dès 1824[47].

Alfred de Musset, qui citait déjà Hoffmann à propos de Don Juan dans sa pièce Namouna (II, 24), a pour sa part tiré l’intrigue de son Fantasio de la biographie de Johannès Kreisler livrée dans Le Chat Murr.

Gérard de Nerval trouve quant à lui en la personne d’Hoffmann un « génie fraternel »[48], dans la mesure où celui-ci « sépare si peu visiblement sa vie intérieure de sa vie extérieure qu’on aurait peine à indiquer d’une manière distincte les limites de chacune »[49] : quelle révélation en effet pour celui qui s’attachera à décrire dans la suite de son œuvre « l'épanchement du songe dans la vie réelle » en 1855 dans Aurélia… Des Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre, Nerval traduit les deux premiers chapitres (notons aussi qu’il aidera quelque peu Egmont dans sa traduction des œuvres complètes), et des Élixirs du diable, il veut tirer le sujet d’un drame, Le Magnétiseur. Dans Le Gastronome du 2 décembre 1830, il publie sous le titre « La liqueur favorite d’Hoffmann » une page sur les vertus du punch, « cette liqueur merveilleuse où se combattent les gnomes et les salamandres » (c’est-à-dire les génies de la terre et ceux des eaux). Enfin, un de ses contes, La Main de gloire (1832), semble être composé dans le sillage d’Hoffmann, dans la mesure où il oscille sans cesse entre tragique et burlesque ainsi qu’entre fantaisie et réalisme. Les Soirées d’automne, elles, mettent en scène le héros Théodore et son confident Lothaire, qui portent les mêmes prénoms que deux frères de Saint-Sérapion, tandis que celui de l’héroïne, Aurélia, est emprunté aux Élixirs du diable ; de plus, l’œuvre comporte plusieurs références explicites aux Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre et à Don Juan (conte d’Hoffmann de 1814 écrit d’après le Don Giovanni de Mozart).

Influence et postérité en Europe

Édition de 1855 du Chat Murr

L'œuvre de Hoffmann a bénéficié par ailleurs d'une fortune considérable, dans des domaines aussi divers que la littérature, le cinéma, l'opéra ou la psychanalyse.

Le pot dor.djvu

Hans Christian Andersen fonde avec deux amis en 1828 un groupe de lecture baptisé « Les frères de Sérapion », comme le recueil de nouvelles d'Hoffmann, qui a exercé sur lui une influence inégalée et durable, devant même Walter Scott et Henri Heine[50]. Le célèbre conteur danois doit par exemple son premier succès littéraire à un récit fantastique directement inspiré d’Hoffmann, Promenade du canal de Holmen à la pointe orientale d’Amagre (1829). L’une des rares contributions espagnoles au fantastique romantique, le recueil Légendes (Leyendas, 1871) de Gustavo Adolfo Bécquer, montre les influences sensibles de grands romantiques allemands, tels Arnim, Heine, et surtout Hoffmann[51],[52]. Plusieurs écrivains russes ont eux aussi laissé sentir leur imprégnation du fantastique hoffmannien, tels Alexandre Pouchkine dans La Dame de pique (1834)[53] ou encore Nicolas Gogol dans Le Nez, l'une des Nouvelles de Pétersbourg, en 1836[54], où le fantastique se nourrit du réel et des multiples détails du quotidien pour exister. Par ailleurs, un groupe littéraire russe des années 1920, en période post-révolutionnaire et contre le futurisme de Maïakovski, revendiqua son attachement à la tradition classique russe, et se fit appeler « les Frères de Saint-Sérapion » (1921), d’après l’œuvre du conteur allemand : menés par Victor Chklovski et Evgueni Zamiatine, ils revendiquaient la littérature comme une activité autonome où dominait l'imagination et l'indépendance créatrice. Peut-être enfin faudrait-il déceler quelques analogies entre les Fantasiestücke et les premiers écrits d’inspiration à la fois fantastique et réaliste de Franz Kafka, comme La Métamorphose (Die Verwandlung, 1915), où l’on peut voir encore, au milieu du mélange entre fantastique et réalisme bourgeois, l’image romantique de l’artiste incompris (la langue de Grégoire Samsa métamorphosé est devenue incompréhensible) si chère à Hoffmann. Nous pouvons enfin établir un parallèle entre la nouvelle de Natsume Sôseki Je suis un chat (1905-1906) et le célèbre Chat Murr (Lebensansichten des Kater Murr, 1822) : le récit de Hoffmann a sans doute été pour l'écrivain japonais un « stimulant », même s'il semblerait bien que Sôseki n'en ait pas eut une connaissance directe[55].

Le septième art n’a pas lui non plus oublié l’œuvre de l’auteur romantique. Nous pouvons retenir notamment deux adaptations des Contes fantastiques : en 1914, en Allemagne, Richard Oswald tourne Hoffmanns Erzählungen, où il met en scène le grand comédien allemand d’origine roumaine Lupu-Pick ; et en 1951, Michael Powell et Emeric Pressburger réalisent The Tales of Hoffmann, film uniquement chanté et dansé. Par ailleurs, si les Fantasiestücke et les autres pièces fantastiques de l’auteur allemand ont bien accédé aux formes d’expression modernes par le biais du cinéma, une preuve peut-être encore plus grande de leur richesse et de leur adaptabilité seraient leurs nombreuses réutilisations par l’art musical, en particulier l’opéra et le ballet : ainsi sont nés les célèbres Contes d'Hoffmann (1881) de Jacques Offenbach, Casse-Noisette (1892) de Piotr Ilitch Tchaïkovski, mais aussi Coppélia (1870) de Léo Delibes, Die Brautwahl (1905) de Ferruccio Busoni et Cardillac (1926) de Paul Hindemith. Les Kreisleriana (1838) de Robert Schumann, par ailleurs, tirent leur titre du personnage du maître de chapelle Kreisler, inventé par Hoffmann.

Sigmund Freud et Carl Gustav Jung ont, quant à eux, analysé son œuvre d'un point de vue psychanalytique. Le premier a ainsi décrit son concept d'inquiétante étrangeté (unheimlich) en s'appuyant, parmi d'autres œuvres, sur L'Homme au sable[56].

Œuvres

Contes et romans

  • Fantaisies à la manière de Callot (Fantasiestücke in Callots Manier), Bamberg, 1813-1815, 4 vol. (édition révisée en 1819)
    • Jacques Callot
    • Le Chevalier Gluck (Ritter Gluck. Eine Erinnerung aus dem Jahre 1809)
    • Kreisleriana:
      • Les Souffrances musicales du maître de chapelle Johannès Kreisler (Johannes Kreislers, des Kapellmeisters, musikalische Leiden)
      • Ombra adorata
      • Pensées sur la haute dignité de la musique (Gedanken über den hohen Wert der Musik)
      • La Musique instrumentale de Beethoven (Beethovens Instrumental-Musik)
      • Pensées extrêmement éparses (Höchst zerstreute Gedanken)
      • Le Parfait machiniste (Der vollkommene Maschinist)
    • Don Juan (Don Juan. Eine fabelhafte Begebenheit, die sich einem reisenden Enthusiasten zugetragen)
    • Les Dernières aventures du chien Berganza (Nachricht von den neuesten Schicksalen des Hundes Berganza)
    • Le Magnétiseur (Der Magnetiseur)
    • Le Vase d'or (Der goldne Topf. Ein Märchen aus der neuen Zeit)
    • Les Aventures de la nuit de Saint Sylvestre (Die Abenteuer der Sylvesternacht)
    • Kreislerania:
      • Lettre du baron Wallborn au maître de chapelle Kreisler (Brief des Barons Wallborn an den Kapellmeister Kreisler)
      • Lettre du maître de chapelle Kreisler au baron Wallborn (Brief des Kapellmeisters Kreisler an den Baron Wallborn)
      • Club poético-musical de Kreisler (Kreislers musikalisch-poetischer Klub)
      • Nouvelles d'un jeune homme cultivé (Nachricht von einem gebildeten jungen Mann)
      • L'Ennemi de la musique (Der Musikfeind)
      • Sur une remarque de Sacchini (Über einen Ausspruch Sacchinis)
      • Lettres de maîtrise de Johannès Kreisler (Johannes Kreislers Lehrbrief)
  • Vision sur le champ de bataille de Dresde (Die Vision auf dem Schlachtfelde bei Dresden), Bamberg, 1814 (rédigé les 16 et 17 décembre 1813)[57]
  • La Princesse Blandina (Prinzessin Blandina), paru dans le tome IV de la première édition des Fantasiestücke, Bamberg, 1814, supprimé de la seconde édition en 1819, réédité dans le tome II des Moderne Reliquien d'Arthur Mueller à Berlin en 1845 avec des textes de Ludwig Börne, de Friedrich von Sallet et d'Eduard Ferrand (rédigé à Leipzig entre le 8 et le 31 mai 1814)[57]
  • Délicatesse française (Französische Delikatesse), Journal à l'intention du monde élégant, Leipzig, 6 août 1814[57]
  • Le Dey d'Elbe à Paris (Der Dei von Elba in Paris), France-Parleur allemand, Berlin, début juillet 1815 (rédigé avant le 14 mai 1815)[57]
  • Sœur Monika (Schwester Monika), roman attribué à Hoffmann, Posen, 1815
  • Les Élixirs du Diable (Die Elixiere des Teufels. Nachgelassene Papiere des Bruders Medardus, eines Capuziners), Berlin, 1815-1816, 2 vol.
  • Contes nocturnes (Nachtstücke), Berlin, 1816-1817, 2 vol.
    • L'Homme au sable (Der Sandmann)
    • Le Vœu (Das Gelübde)
    • Ignaz Denner
    • L'Église des jésuites (Die Jesuiterkirche in G.)
    • Le Majorat (Das Majorat)
    • La Maison déserte (Das öde Haus)
    • Le Sanctus (Das Sanctus)
    • Le cœur de pierre (Das steinerne Herz)
  • Une lettre d'Hoffmann au baron de La Motte-Fouqué (Ein Brief von Hoffmann an Herrn Baron de la Motte Fouqué), Nuremberg, 1817
  • Étranges souffrances d'un directeur de théâtre (Seltsame Leiden eines Theater-Direktors), Berlin, octobre 1818 (avec le millésime 1819)[57]
  • Le Petit Zachée, surnommé Cinabre (Klein Zaches, genannt Zinnober), Berlin, 1819
  • Le Chat Murr. Les sages réflexions du chat Murr entremêlées d'une biographie fragmentaire du maître de chapelle Johannès Kreisler présenté au hasard de feuillets arrachés (Lebensansichten des Katers Murr nebst fragmentarischer Biographie des Kapellmeisters Johannes Kreisler in zufälligen Makulaturblättern), Berlin, 1819-1821, 2 vol.
  • Les Frères de Saint-Sérapion (Die Serapionsbrüder), Berlin, 1819-1821, 4 vol.
    • Sérapion (Der Einsiedler Serapion)
    • Le Conseiller Krespel (Rat Krespel)
    • Sérapion et son principe (Serapion und das serapiontische Prinzip)
    • Le Point d’orgue (Die Fermate)
    • Le Poète et le compositeur (Der Dichter und der Komponist)
    • Fragment de la vie de trois amis (Ein Fragment aus dem Leben dreier Freunde)
    • La Cour d’Artus (Der Artushof)
    • Les Mines de Falun (Die Bergwerke zu Falun)
    • Casse-noisette et le Roi des souris (Nußknacker und Mausekönig)
    • Les Maîtres Chanteurs (Der Kampf der Sänger)
    • La Vision (Eine Spukgeschichte)
    • Les Automates (Die Automate)
    • Doge et dogaresse (Doge und Dogaresse)
    • Ancienne et nouvelle musique d'Église (Alte und neue Kirchenmusik)
    • Maître Martin le tonnelier et ses apprentis (Meister Martin der Küfner und seine Gesellen)
    • L’Enfant étranger (Das fremde Kind)
    • Le Diable à Berlin (Nachricht aus dem Leben eines bekannten Mannes)
    • Le Choix d’une fiancée (Die Brautwahl)
    • L’Hôte mystérieux (Der unheimliche Gast)
    • Mademoiselle de Scudéry (Das Fräulein von Scuderi. Erzählung aus dem Zeitalter Ludwigs XIV)
    • Bonheur au jeu (Spielerglück)
    • L’Élève du grand Tartini (Der Baron von B.)
    • Signor Formica
    • Zacharias Werner
    • Agafia (Erscheinungen)
    • L’Enchaînement des choses (Der Zusammenhang der Dinge)
    • La Femme vampire (Vampirismus. Eine gräßliche Geschichte)
    • esthétique (Die ästhetische Teegesellschaft)
    • La Fiancée du roi (Die Königsbraut. Ein nach der Natur entworfenes Märchen)
  • Princesse Brambilla (Prinzessin Brambilla. Ein Capriccio nach Jakob Callot), Berlin, 1820
  • Lettres de la montagne (Briefe aus den Bergen), Franc-parleur allemand, 2 juin, 1er et 2 décembre, 14 et 16 décembre 1820 (trois lettres sur douze prévues)[57]
  • Agréable satisfaction d'un besoin vital (Angenehme Befriedigung eines Lebensbedürfnisses), Vossische Zeitung (Gazette de Voss), 14 novembre 1820, texte redécouvert en 1936[57]
  • Maître Puce (Meister Floh. Ein Märchen in sieben Abenteuern zweier Freunde), Francfort, 1822
  • Derniers contes (Die letzten Erzählungen), Berlin, 1825, 2 vol.
  • Œuvres choisies (Ausgewahlte Schriften), Berlin, 1827-1828, vol. 1 à 10; Stuttgart, 1839, vol. 11 à 15, dont Les Effets d'une queue de cochon (Die Folgen eines Sauschwanzes), rédigé probablement en 1810, et Monde moderne... gens modernes (Moderne Welt… moderne Leute), fragment d'une « tragédie carnaval » rédigé vers 1810[57]
  • Œuvres rassemblées (Gesammelte Schriften), Berlin, 1844-1845, 12 vol.

Œuvres lyriques

Musique vocale

  • Messe en ré majeur, pour 2 sopranos, 2 violons et orgue, 1803- 1804.
  • Messe en ré mineur, pour soli, chœur, orgue et orchestre, 1805
  • Trois canzonette à 2 et à 3 voix, 1807
  • 6 Canzoni per 4 voci a cappella, 1808 (« Ave Maris Stella », « De Profundis », « Gloria », « Salve Redemptor », « O Sanctissima », « Salve Regina »)
  • Miserere en si bemol mineur, 1809 probablement identique à un requiem
  • In des Irtisch weiße Fluten (lied de Kotzebue), 1811
  • Recitativo ed Aria Prendi l’acciar ti rendo, 1812
  • Tre Canzonette italiane, 1812
  • 6 Duettini italiani, 1812

Opéra

  • Le Masque (Die Maske), comédie musicale en 3 actes, livret d'Hoffmann, 1799
  • Les Joyeux musiciens (Die lustigen Musikanten), comédie musicale, livret de Clemens Brentano, 1804
  • Le Chanoine de Milan, opéra, livret d'Hoffmann, 1805
  • La Croix sur la Baltique (Das Kreuz an der Ostsee), opéra tiré de la tragédie de Zacharias Werner, 1805
  • Amour et jalousie (Liebe und Eifersucht), opéra, livret d'Hoffmann, d'après Calderon, 1807
  • Arlequin, musique de ballet, 1808
  • Le Breuvage de l'immortalité (Der Trank der Unsterblichkeit), opéra romantique, livret de Julius von Soden, 1808
  • Wiedersehn!, prologue en un acte, livret d'Hoffmann, 1809
  • Dirna, mélodrame, livret de Julius von Soden, 1809
  • Julius Sabinus, opéra tiré du drame de Julius von Soden, 1810
  • Saül, roi d'Israël (Saul, König von Israel), mélodrame, livret de Joseph von Seyfried, 1811
  • Aurora, opéra héroïque, livret de Franz von Holbein, 1812
  • Ondine (Undine), opéra, livret de La Motte-Fouqué, 1814

Musique instrumentale

  • Rondo pour piano, 1794/95
  • Ouvertura. Musica per la chiesa en ré mineur, 1801
  • 5 sonates pour piano: en la majeur, fa mineur, fa majeur, fa mineur et do soutenu mineur (1805-1808)
  • Symphonie en mi bemol majeur, 1806
  • Quintette pour harpes en do mineur (1807)
  • Grand trio en mi majeur (1809)

Notes et références

  1. a , b , c  et d David Charlton, E. T. A. Hoffmann's Musical Writings: Kreisleriana; The Poet and the Composer; Music Criticism, Cambridge University Press, 2004, 496 pages, p. 2-4 (ISBN 0521543398).
  2. Jean Mistler, Hoffmann le fantastique, p. 21.
  3. a  et b Hans von Müller, Friedrich Schnapp, E. T. A. Hoffmanns Briefwechsel, Winkler, 1967, p. 374.
  4. Jean F. A. Ricci, E. T. A. Hoffmann, l'homme et l'œuvre, p. 15.
  5. Lettre d'Hoffmann à Hippel du 15 mars 1796, dans Contes posthumes d'Hoffmann, Paris, Michel Lévy frères, 1856, p. 142-143.
  6. Brigitte Feldges, Ulrich Stadler, Ernst Lichtenhahn, Wolfgang Nehring, E.T.A. Hoffmann: Epoche, Werk, Wirkung, Beck, 1986, 315 pages, p. 36 (ISBN 3406312411).
  7. Jean Mistler, op. cit., p. 22.
  8. a , b , c , d , e , f , g , h  et i Armand De Loecker, « Hoffmann », dans Jean-Claude Polet (dir.), Patrimoine littéraire européen, vol. 10: Gestation du romantisme (1778-1832), De Boeck Université, 1998, 1200 pages, p. 480-489 (ISBN 2804128083).
  9. Pierre Péju, L'ombre de soi-même: E.T.A. Hoffmann : une biographie, 1992, p. 71.
  10. a , b  et c Theodore Ziolkowski, German Romanticism and Its Institutions, Princeton University Press, 1992, 454 pages, p. 120-137 (ISBN 0691015236).
  11. Alfred Hoffmann, E.T.A. Hoffmann: Leben und Arbeit eines preussischen Richters, Nomos, 1990, 251 pages, p. 24 (ISBN 3789021253)
  12. James M. McGlathery, E.T.A. Hoffmann, Twayne Publishers, 1997, 195 pages, p. 6 (ISBN 0805746196)
  13. Jacques-Olivier Boudon, Jean Claude Caron et Jean-Claude Yon, Religion et culture en Europe au XIXe siècle, Armand Colin, 2001, 288 pages (ISBN 2200261675)
  14. Minna Doerffer ne se maria jamais. Elle vécut de longues dans la famille d'amis berlinois à Potsdam et Halle, avant de mourir en 1853. Harvey Waterman Hewett-Thayer, Hoffmann: Author of the Tales, Octagon Books, 1971, 416 pages, p. 27.
  15. Jean Mistler, La vie d'Hoffmann, 1927, p. 73.
  16. Gabrielle Wittkop-Ménardeau, E. T. A. Hoffmanns Leben und Werk in Daten und Bildern, Insel Verlag, 1968, 442 pages, p. 161.
  17. Ulrich Helmke, E. T. A. Hoffmann: Lebensbericht mit Bildern und Dokumenten, G. Wenderoth, 1975, 180 pages, p. 21 (ISBN 3870130067), et Gabrielle Wittkop-Ménardeau, E. T. A. Hoffmann in Selbstzeugnissen und Bilddokumenten: In Selbstzeugnissen und Bilddokumenten, Rowohlt, 1966, 189 pages, p. 157.
  18. Jacques Mounier, La fortune des écrits de Jean-Jacques Rousseau dans les pays de langue allemande de 1782 à 1813, Presses universitaires de France, 1980, 342 pages, p. 105 (ISBN 2130363598).
  19. Des extraits de ce journal sont disponibles en français, sur une traduction de Champfleury, dans les Contes posthumes d'Hoffmann, Paris, Michel Lévy frères, 1856, p. 105-113 (Lire en ligne).
  20. Friedrich Schnapp, E.T.A. Hoffmann in Aufzeichnungen seiner Freunde und bekannten: Eine Sammlung, Winkler, 1974, 964 pages, p. 89 (ISBN 3538074968).
  21. Présentation de Mary Dibbern, dans Jacques Offenbach, The Tales of Hoffmann: A Performance Guide, Pendragon Press, 2001, 231 pages, p. 226 (ISBN 1576470334).
  22. Jean F. A. Ricci, op. cit., p. 131.
  23. Jean Mistler, Hoffmann le fantastique‎, 1950, 232 pages, p. 84.
  24. Jean Mistler, La vie d'Hoffmann, Gallimard, 1927, 222 pages, p. 162.
  25. R. von Beyer a fait le récit de l'une de ces rencontres, dans ses « Souvenirs inédits sur l'Ondine d'E.T.A. Hoffmann », parus dans La Revue Musicale, neuvième année, n° 4, 1er février 1928 p. 1-6.
  26. Hubert Roland, « Littérature, médecine et responsabilité chez E.T.A. Hoffmann, Karl Immermann et leurs contemporains », dans François Ost, Lettres et lois: le droit au miroir de la littérature, Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 2001, 400 pages, p. 113-125 (ISBN 2802801430)
  27. Theodore Ziolkowski, German Romanticism and Its Institutions, Princeton University Press, 1992, 454 pages, p. 214-216 (ISBN 0691015236).
  28. Theodore Ziolkowski, op. cit., p. 132-134 (ISBN 0691015236)
  29. Jean Mistler, Hoffmann le fantastique, p. 224.
  30. Jean Mistler, La Vie d'Hoffmann, p. 217.
  31. E.T.A. Hoffmann, Alexandre Dumas, The Nutcracker and the Mouse King, The Tale of the Nutcracker (introduction de Jack Zipes), Penguin Classics, 2007, 240 pages, p. 18 (ISBN 0143104837)
  32. Marietta Martin, Le docteur Koreff, (1783-1851): un aventurier intellectuel sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, Champion, 1925 (Slatkine Reprints, 1977).
  33. Elizabeth Teichmann, La Fortune d'Hoffmann en France, E. Droz, 1961, 288 pages, p. 191 et 202.
  34. L'Homme au sable, E. T. A. Hoffmann, Scérén, CRDP de l'Académie de Paris.
  35. Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastique en France de Nodier à Maupassant, José Corti, 1962, 466 pages, p. 460, comparant les deux œuvres tant au niveau de l'intrigue que de l'intention symbolique, constate des « analogies extérieures » entre Princesse Brambilla et la Fée aux miettes, mais n'en juge pas moins que « l'œuvre est profondément personnelle ».
  36. Marina Van Zuylen, Monomania: the flight from everyday life in literature and art, Cornell University Press, 2005, 238 pages, p. 73 (ISBN 0801489865), présente Princesse Brambilla comme l'« un des grands modèles de sa conduite [celle de Michel, le protagoniste de la Fée aux miettes] détachée des contingences ».
  37. Pierre-Georges Castex, Le conte fantastique en France de Nodier à Maupassant, Paris, Librairie José Corti, 1951, p. 217.
  38. Slaheddine Chaouachi, Les Sensations orientales et le merveilleux dans l'œuvre de Théophile Gautier‎, Centre de publication universitaire, Faculté des sciences humaines et sociales de Tunis, 2005, 842 pages, p. 33 (ISBN 9973372395).
  39. Pierre-Georges Castex, Le Conte fantastique en France de Nodier à Maupassant, José Corti, 1962, 466 pages, p. 462.
  40. Pour Philippe van Tieghem, Les influences étrangères sur la littérature française (1550-1880), Presses Universitaires de France, 1961, 275 pages, p. 218, si « les autres écrivains romantiques lui doivent une grande part de leurs créations », « Hugo, Vigny et Lamartine échappent à peu près à l'influence de Hoffmann ».
  41. Pour Maximilian Josef Rudwin, Satan et le satanisme dans l'œuvre de Victor Hugo, Les Belles lettres, 1926, 150 pages, p. 20, l'influence d'Hoffmann se lit notamment dans Les Burgraves.
  42. Pour Philippe Sussel et Martine Joly, La France de la bourgeoisie, 1815-1850, Culture, art, loisirs, 1970, 255 pages, p. 159, « Hugo, qui écrit Notre-Dame de Paris dans la seconde moitié de 1830, s'est sans doute inspiré, sur certains points, du conte de l'Homme au sable ».
  43. Pour Charles Dédéyan, Victor Hugo et l'Allemagne, Lettres modernes, 1964, t. II, p. 302, « peut-être Victor Hugo songe-t-il à Hoffmann » dans sa « description du cabinet de Claude Frollo ».
  44. Jules Champfleury, Contes posthumes d'Hoffmann, Paris, Michel Lévy frères, 1856, p. 5.
  45. Pierre Brunel, préface et histoire des textes du recueil comprenant Sarrasine, Gambara, Massimilla Doni, Folio classique, 2007, p. 18-19 et 284 (ISBN 9782070344857).
  46. Pierre Barberis cité par Pierre Brunel, Folio classique, 2007, p. 285.
  47. René Guise, introduction à Maître Cornélius, Bibliothèque de la Pléiade, 1980, t. XI, p. 11-13 (ISBN 2070108767).
  48. Castex, op. cit., p. 283.
  49. Nerval, avant-propos aux Aventures de la nuit de Saint-Sylvestre, Mercure, 1831, t. XXXIV.
  50. Jackie Wullschläger, Hans-Christian Andersen: The Life of a Story Teller, University of Chicago Press, 2002, 489 pages, p. 84-85 (ISBN 0226917479).
  51. James Fitzmaurice-Kelly, Littérature espagnole, Armand Colin, 1904, 499‎ pages, p. 402.
  52. Lou Charnon-Deutsch, The nineteenth-century Spanish story: textual strategies of a genre in transition, Tamesis Books, 1985, 176 pages, p. 14, note 4 (ISBN 072930213X).
  53. Michael Gorlin, Raissa Bloch Gorlin, Études littéraires et historiques, volume 30 de la Bibliothèque russe de l'Institut d'études slaves, 1957, 248 pages, p. 199.
  54. Nils Åke Nilsson, Gogol et Pétersbourg: recherches sur les antécédents des contes pétersbourgeois, ‎Almqvist & Wiskell, 1954, 71 pages, p. 31.
  55. Préface de Jean Cholley à Je suis un chat, Gallimard / Unesco 1978, p. 10.
  56. Corinne Fournier Kiss, La Ville européenne dans la littérature fantastique du tournant du siècle, (1860-1915), L'Âge d'Homme, 2007, 356 pages, p. 91-92 (ISBN 2825137421).
  57. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k  et l Voir la notice bibliographique d'E.T.A. Hoffmann, Contes retrouvés, Phébus, coll. Verso, 1983, p. 391-398

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Marcelle André-Dietrich, L'influence d'E.T.A. Hoffmann chez Nerval, Université de Montréal, 1991.
  • Geneviève G. Goutard, Monina Jolly, Essai sur la nouvelle romantique de E.T.A. Hoffmann « Mademoiselle de Scudéry », Dossiers d'Aquitaine et d'ailleurs, 1996.
  • Ernst Hofmann, Ernst-Théodore-Amédée Hoffmann et la littérature française, B.G. Teubner, 1913, 56 pages
  • Sarah Kofman, Autobiogriffures: du chat Murr d'Hoffmann, Galilée, 1984, 151 pages (ISBN 2718602678).
  • Isabelle Krzywkowski, Nella Arambasin, L'Homme artificiel: Hoffmann, Shelley, Villiers de l'Isle-Adam, Ellipses, 1999, 192 pages (ISBN 2729859861).
  • Agnès Lagache, Marie-Paule Jacquinet, Le Carnaval et la princesse: une lecture raisonnée d'Hoffmann, Atelier Alpha bleue, 1989, 370 pages (ISBN 2864690543).
  • Aline Le Berre, Criminalité et justice dans les Contes nocturnes d'E.T.A. Hoffmann: Une Image Noire de l'Homme, P. Lang, 1996, 466 pages (ISBN 3906754383)
  • Raymond Lyon, Louis Saguer, Les Contes d'Hoffmann: étude et analyse, Mellottée, 1948, 150 pages
  • Jean Mistler:
    • La Vie d'Hoffmann, 1927, Gallimard, 222 pages.
    • Hoffmann le fantastique, Michel, 1950, 232 pages.
  • Alain Montandon (dir.), E.T.A. Hoffmann et la musique: actes du Colloque international de Clermont-Ferrand, Lang, 1987, 350 pages, (ISBN 3261037164).
  • Jean-Marie Paul, E.T.A. Hoffmann et le fantastique, Centre de recherches germaniques et scandinaves de l'université de Nancy II, 1992, 219 pages.
  • Pierre Péju:
    • Hoffmann et ses doubles: biographie, Librairie Séguier, 1988, 213 pages (ISBN 2906284572).
    • L'Ombre de soi-même: E.T.A. Hoffmann : une biographie, Phébus, 1992, 240 pages.
  • Jean F. A. Ricci, E.T.A. Hoffmann, l'homme et l'œuvre, J. Corti, 1947, 586 pages.
  • Marcel Schneider:
    • Ernest Théodore Amadeus Hoffmann, Julliard, 1979, 286 pages (ISBN 2260001416).
    • Hoffmann le météore: Essai, Éditions du Rocher, 2006, 150 pages (ISBN 2268057356).
  • Paul Sucher, Les Sources du merveilleux chez E.T.A. Hoffmann, F. Alcan, 1912, 232 pages.
  • Elizabeth Teichmann, La Fortune d'Hoffmann en France, E. Droz, 1961, 288 pages

Liens externes

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