Entreprise Individuelle (EI)

Entreprise Individuelle (EI)

Entreprise

Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Enterprise.

Au sens large, le terme entreprise s'utilise pour des projets uniques mais d'apparence risquée ou difficile (par exemple, un grand voyage ou une recherche scientifique), car il y a un effort entrepris dans l'activité.

Dans un sens économique, une entreprise est une structure économique et sociale comprenant une ou plusieurs personnes et travaillant de manière organisée pour fournir des biens ou des services à des clients dans un environnement concurrentiel (le marché) ou non concurrentiel (le monopole). On compte 2 900 000 entreprises en France en 2008.

Étymologiquement, le terme dérive de « entreprendre », daté d'environ 1430-1440 avec le sens de « prendre entre ses mains ». Aux environs de 1480, il prit l'acception actuelle de « prendre un risque, relever un défi, oser un objectif ».

Sommaire

Généralités

Dans un sens économique, une entreprise est une structure économique et sociale comprenant une ou plusieurs personnes et travaillant de manière organisée pour fournir des biens ou des services à des clients dans un environnement concurrentiel (le marché) ou non concurrentiel (le monopole).

L'entreprise individuelle ou en nom propre est exploitée par une personne physique seule, une entreprise individuelle n'a pas de personnalité ni de patrimoine distinct de ceux de la personne physique qui l'exploite.

Une entreprise est initiée et dirigée - au moins à ses débuts - par un entrepreneur. Elle se différencie du simple projet dont l’organisation est destinée à se dissoudre à son terme. L’entreprise est plutôt conçue dans la durée et pour la conduite de plusieurs projets similaires, ce qui implique une pérennité des structures (ex : machines, ressources humaines, actionnaires...).

Pour exister dans un environnement concurrentiel, une entreprise doit satisfaire ses clients et générer un profit (ou bénéfice), c'est-à-dire réaliser un chiffre d'affaires supérieur à la somme de ses coûts (salaires et charges, achats, frais de fonctionnement, amortissements des investissements, impôts et taxes, etc...)

Les entreprises doivent par conséquent assumer la gestion de quatre types d'activités interdépendantes :

L'entrepreneur

L'entrepreneur est avant tout un individu qui anticipe un besoin, assemble et organise les outils et les compétences nécessaires pour satisfaire ce besoin. Ce faisant, il prend le risque que ce besoin ne se matérialise pas ou que les moyens qu'il a mis en place pour le satisfaire se révèlent inadéquats.

Historiquement, l’entrepreneur est un intermédiaire, un courtier en travail : on lui passe des commandes fermes de biens ou de services, il recherche les ouvriers qui vont produire chacun une partie de cette commande et il s’assure de la bonne livraison. Ceci dans un contexte où la division du travail est trop peu marquée, où les ouvriers travaillent à domicile, et disposent de leurs outils et même de leurs machines (métier à tisser par exemple).

Avant la révolution industrielle, un entrepreneur est surtout un « homme-orchestre » capable d'optimiser les besoins en capitaux et les ressources humaines pour mener une activité licite et profitable. Pour ce faire, ses connaissances juridiques deviennent de plus en plus nécessaires car l'organisation et l'accès au marché le requièrent. Par ailleurs, l'entrepreneur peut, lorsque son profil est plutôt celui d'un créateur, laisser par la suite la fonction de chef d'entreprise à un gestionnaire rémunéré.

On retrouve encore au XXIe siècle ce type d’organisation, par exemple, dans l’industrie du transport, les services (ingénierie...) où à côté de grands groupes, des indépendants sont propriétaires de leur outil de travail (par exemple, camions, péniches ou barges) et trouvent leurs donneurs d’ordres par l’intermédiaire de courtiers.

Avec la révolution industrielle, les entrepreneurs changent, ils s’équipent de machines et conservent les mêmes ouvriers longtemps, ce qui donne naissance aux entreprises au sens traditionnel. Dans l’économie moderne, où les services ont pris le pas sur l’industrie, la notion d’employé a pris elle aussi le pas sur celle d’ouvrier.

Une entreprise repose sur un certain nombre de fonctions vitales qui assurent son fonctionnement.

Généralement, les entreprises instaurent une hiérarchie parmi leurs employés : ceux qui sont situés à un échelon inférieur (ex. : équipiers, collaborateurs, employés...) obéissent à ceux situés à un échelon supérieur (managers, cadres, chefs de projet...)

Typologie et statuts juridiques

Les entreprises peuvent être classées selon plusieurs critères :

Classification par activité

À l'origine, on ne parlait d'entreprise que pour :

  • entreprise commerciale : activité consistant à acheter des biens pour les revendre sans transformation.
  • entreprise industrielle : activité de transformation de matières premières et de vente des produits finis (ou semi-finis), elle appartient au secteur secondaire, celui de la transformation.
  • entreprise artisanale : activité civile de production ou de transformation faites à pied d'œuvre. Le plus souvent, il s'agit de métiers du bâtiment et les entreprises emploient moins de 10 salariés.
  • entreprise agricole : Elle produit des biens agricoles (céréales, légumes, bois, bétail, ...) et les vend.
  • entreprise de pêche : Elle pêche du poisson et le transforme dans le but de le revendre.

Activités auxquelles on ajoute :

Classification par secteur économique (déterminé par leur activité principale)

Par delà cette classification classique, des auteurs distinguent un secteur quaternaire (recherche, développement et information).

Classification par taille et impact économique

Classification usuelle par leur nombre d'employés :

  • entreprise individuelle : une seule personne, propriétaire de l'entreprise.
  • entreprise artisanale : Elle n'emploie pas plus de dix salariés.

Selon la définition de la Commission européenne dans sa recommandation 3002/361/CE du 6 mai 2003[1], les entreprises sont classées comme :

Classification par branche et secteur d’activité (classification INSEE)

  • Le secteur : Ensemble des entreprises ayant la même activité principale.
  • La branche : Ensemble d’unités de production fournissant un même produit ou service.

Classification par statut juridique

Autre classification transversale

Une autre forme de classement distingue trois grands types d'entreprises[réf. nécessaire] existant dans tous les pays :

  • les entreprises privées à but lucratif (ex : TPE, PMI, Grands Groupes),
  • les entreprises privées à but non lucratif (relevant de l'économie sociale),
  • les entreprises publiques (ex : La Poste en France, SNCF...).

Les statuts juridiques en France

Article principal : Droit des sociétés.

Le fait d’entreprendre est, dans tous les pays, encadré par une règlementation. La plupart des entreprises fonctionnent donc dans un cadre prédéterminé par la loi : le droit des sociétés.

L'entreprise individuelle

Dans le contexte d'une économie capitaliste, il est possible d'avoir une entreprise à titre personnel : il s'agit alors d'une entreprise individuelle, c'est-à-dire que l'entrepreneur exerce directement et en son propre nom l'activité économique. La distinction entre entreprise et établissement est importante : un établissement est une unité de production qui dépend d'une entreprise.

Cela n'exclut pas l'existence d'un nom commercial mais, d'un point de vue juridique, seule la personne physique qu'est l'entrepreneur s'engage (signature des contrats, naissance des droits et obligations découlant de l'activité directement dans le patrimoine de l'individu).

L'exercice d'une activité sous forme d'entreprise individuelle concerne en général les microentreprises. Par exemple, en France, 96.6 % des 3 millions d'entreprises sont des très petites entreprises de 0 à 3 collaborateurs.

Les entreprises personnes morales

Il est aussi possible de constituer une personne morale sous forme de société. Celle-ci peut grouper plusieurs participants à son capital et est apte à faire des actes de gestion. Les diverses formes de sociétés varient selon les pays.

Il convient alors de distinguer la propriété effective de l’entreprise et le pouvoir d’accomplir des actes de gestion au nom de la société. Selon la forme sociale, le responsable de la marche courante de l’entreprise sera appelé un gérant, Président-directeur général ou Directeur général. Le titulaire de cette fonction peut être détenteur de parts sociales ou d’actions ou être commandité.

Le droit des sociétés français distingue notamment les statuts de société anonyme (SA), société à responsabilité limitée (SARL), société par actions simplifiée (SAS), société civile (SC) et société en nom collectif (SNC).

Le fait qu’une entreprise utilise une forme de société par actions n’implique pas nécessairement que ces titres soient cotés en bourse (ou même qu’elle soit considérée comme faisant un appel public à l'épargne). Si c'est le cas, des achats en bourse ou des offres publiques peuvent faire changer la majorité de contrôle de l'entreprise, et aboutir aussi au changement de sa direction.

Finalités

Objectifs généraux

La fonction première d’une entreprise varie selon l’entreprise ou même selon les points de vue au sein d’une même entreprise (par exemple, point de vue de l'actionnaire, de l'employé, du syndicat, de la direction...). Parmi les différentes fonctions opérationnelles habituellement observées, on trouve :

  • servir le marché, en produisant et distribuant des biens et services correspondant à une demande solvable. C’est sa seule justification économique, aucune entreprise ne pouvant survivre sans en faire sa priorité, à moins d’être protégée et en dehors du champ de la concurrence (ex. : cas de certains services publics), ce qui, d'un point de vue purement économique, peut la conduire à consommer plus de ressources qu’elle ne présente d’utilité.
  • gagner de l’argent, c’est-à-dire extraire des bénéfices financiers en « récoltant plus d’argent que d’argent investi », notamment pour attirer les investisseurs institutionnels et les petits actionnaires,
  • produire un excédent de trésorerie, qui sera investi avec un plus grand profit dans le développement des activités ou une autre entreprise (dans le cadre d'un « groupe »).
  • maximiser, selon le statut, l'utilité sociale (améliorer la situation de la société) ou le profit (différence entre le prix de vente et le coût des ressources consommées).
  • atteindre un but technique : réalisation d’un ouvrage (tunnel, pont, route...), fabrication d’un produit manufacturé, la conception et réalisation d’un service donnant satisfaction à un client. Ce but technique peut lui-même être extrêmement varié, on citera notamment :
    • les activités qui ne sont pas, pour l’entrepreneur, l’enjeu principal, mais un moyen au service d’une autre activité : par exemple la possession d'un groupe de presse, de production de ressources stratégiques ou d’entreprises vectrices d’images (à l’exemple de la présence des cigarettiers dans l’industrie du prêt-à-porter),
    • les coopératives agricoles qui sont des entreprises qui visent à dégager un bénéfice non pour elles-mêmes, mais pour les coopérateurs adhérents,
    • les « entreprise d'insertion » visent à rendre aptes leurs employés à occuper un travail « normal », sans chercher dans certains cas (atelier chantier d'insertion) à générer du bénéfice.

Certaines sociétés peuvent détourner les fonctions premières de l'entreprise, notamment pour :

  • camoufler des activités légales ou illégales (ex. : certaines activités comme le jeu, le change, le lavage de voitures, l'immobilier... sont connues pour permettre le « recyclage » ou le « blanchiment » de l'argent issu d'activités illégales).

Divers points de vue politiques sur l'utilité fonctionnelle de l'entreprise privée ont été formalisés au cours de l'histoire et de l'élaboration de la pensée économique :

Article détaillé : Histoire de la pensée économique .

Recherche des bénéfices

Finalité des bénéfices : rémunérer le risque pris par l'actionnaire

Parmi les différents buts possible pour une entreprise, la recherche du bénéfice occupe une place importante. Le bénéfice de l’entreprise (différent du profit) sert avant tout à rémunérer le capital investi.

Dans le cas des entreprises dites capitalistes, si un investisseur (une des personnes qui financent l'entreprise) décide de le placer dans une entreprise plutôt que de le conserver, c’est qu'il souhaite que l’argent ainsi placé dans l’entreprise lui rapporte plus. Si une entreprise ne génère pas un profit suffisant redistribué sous forme de dividendes, sa réputation ternit et elle n’attire plus les investisseurs. Sa capacité de développement (en général consommatrice de capitaux pour - par exemple - ouvrir des filiales à l'étranger ou démarrer de nouveaux programmes d'innovation) voire sa survie s'en trouvent alors obérées, voire peuvent être remises en cause.

Pour chaque secteur d’activité, il existe un niveau de profit « normal » attendu. Ainsi, par exemple, dans le secteur pharmaceutique des années 2000, le niveau moyen de profit attendu était de 15 % par an du capital investi. Si une entreprise génère moins de profit, les actionnaires qui y ont placé leurs économies (directement ou plus souvent indirectement via une banque ou une caisse de retraite) sont déçus, perdent éventuellement confiance dans l'investissement consenti et vendent leurs actions : le prix de l’entreprise (qu’elle soit en bourse ou non) diminue alors et les investisseurs restants y perdent.

Une entreprise capitaliste dont les profits sont faibles trop longtemps n’a pas de justification économique : elle est en général fermée ou rachetée. Dans le cas d'entreprise de l'économie sociale, elle perdura si elle apporte une utilité sociale à la société (ex. : entreprise de réinsertion) et si elle trouve un bailleur de fonds apte à en financer les pertes éventuelles (ex. : collectivité territoriale). Enfin, les entreprises familiales - à la fois privées et non cotées - peuvent trouver un équilibre entre profits élevés et utilité sociale, tout en réussissant sur le long terme, notamment par leur taille à l'échelle humaine et la proximité du management vis-à-vis des salariés.

L'origine du bénéfice

De manière simplifiée, la rentabilité d’une activité s’obtient en vendant le plus cher possible un produit ou service et en dépensant le moins possible pour le produire.

On distingue des revenus normaux et des revenus exceptionnels :

  • Les revenus normaux sont les produits des ventes et des opérations financières courantes sur l'année en cours (crédits clients et fournisseurs)
  • Les revenus exceptionnels ne font pas - par définition - partie des opérations courantes de l’entreprise. Il peut s’agir de vente d’actifs (bâtiments, machines, etc), de vente de filiales ou d'opérations comptables diverses (ex. : réévaluation de la valeur financières d’un stock).

La marge, calculée comme différence entre le prix de vente et le coût de revient des marchandises incorporées dans le produit vendue représente la principale contribution au bénéfice de l’entreprise.

Pour augmenter cette marge, il existe uniquement deux leviers :

  • augmenter le prix des produits ou services vendus (ex. : vendre un véhicule automobile à 15 000 €),
  • diminuer le coût de production des produits ou services vendus (ex. : produire le véhicule avec 12 000 €).

Les moyens d’action sur la réduction des coûts sont extrêmement divers, notamment :

  • négocier avec les fournisseurs pour baisser les prix d’achat des marchandises incorporées,
  • améliorer la qualité pour produire avec moins de rebut,
  • améliorer la productivité des machines,
  • améliorer la productivité des hommes (amélioration de la qualification, ajustement du ratio entre la rémunération fixe et celle indexée sur les résultats, amélioration des conditions de travail, audit des pratiques dans le but de les améliorer, meilleure gestion du personnel, management des compétences, audit des outils),
  • diminuer les taxes et prélèvements sur la production (impôt sur les profits, diminution des cotisations salariales des caisses sociales ou de retraites, bénéficier d'exonérations)
  • réduire les stocks pour réduire le capital immobilisé,
  • négocier des conditions de règlement plus rapides vis-à-vis des clients afin d'avoir moins de frais financiers.
  • utiliser des logiciels libres pour réduire le capital immobilisé par les logiciels propriétaires payants
  • s'implanter à côté des lieux de production des matières premières.
  • réduire la masse salariale et les avantages sociaux

Innovation

La solution à ces déplacements mondiaux des centres de production de faible valeur ajoutée passe par l’innovation, la création d’activités à forte valeur ajoutée (ex. : Airbus A380, TGV, automobiles intelligentes, microprocesseurs, nouveaux matériaux, logiciels sophistiqués, biotechnologies, armements, centrales nucléaires, robot d'assistance aux personnes âgées, textiles intelligents, haute couture...) demandant une main d'œuvre créative et hautement qualifiée, ainsi que le développement de services de proximité.

En 2008, les services représentent 70 % du PIB du monde occidental, ce qui consacre l’évolution des pays développés vers l’économie post-industrielle[réf. nécessaire].

Critiques et défense de l'entreprise

L'entreprise privée, en tant qu'entité de création et de partage des richesses, a fait l'objet de nombreuses critiques. La critique, provenant en particulier depuis le XIXe siècle de la pensée du socialisme et du christianisme social, s'est révélée plus profonde dans les pays de culture catholiques (dans lesquels les rapports de la morale avec l'argent sont complexes) que dans les pays de culture protestantes, dans lesquels la position et la fonction sociale de chaque individu est considérée comme étant le fruit de la volonté divine (selon la thèse de Max Weber sur l'éthique protestante et le capitalisme).

L'entreprise privée est considérée par certains détracteurs comme une entité faisant primer ses intérêts particuliers au détriment de l'intérêt général.

  • La critique socialiste apparue au XIXe siècle s'est d'abord portée sur les conséquences économiques avec la question de la répartition inégalitaire des richesses crées par l'entreprise, au profit des capitalistes (la rémunération du capital) et au détriment des salariés (qui apportent leur travail). Elle a notamment été théorisée par Karl Marx.
  • Les critiques concernant l'influence des entreprises sur le pouvoir politique se sont ajoutées. Dans la théorie marxiste, la "superstructure" sociale, qui comprend les pouvoirs politique et religieux est au service de l'« infrastructure » économique. Cette critique, sur le lien entre hommes politiques et entreprises, même en dehors du courant de pensée marxiste, est très vivace au début du XXIe siècle.
  • Les entreprises sont accusées de mener un jeu géopolitique propre, dicté par leurs seuls intérêts, indépendant voire contradictoire avec celui les politiques étrangères nationales ou internationales (par exemple sur la question des droits de l'homme). Historiquement, les (ou des) entreprises privées ont été accusées d'avoir promu le colonialisme et l'impérialisme occidental et la guerre. C'est par exemple la critique de Lénine sur l'impérialisme, stade suprême du capitalisme.
  • À partir de la fin du XXe siècle, les entreprises ont été accusées de dégrader l'environnement dans le cadre de leur activité.

D'autres critiques se sont focalisées sur le fonctionnement interne de l'entreprise privée. On relèvera notamment :

  • La critique d'exploitation du salarié compte tenu de l'asymétrie des rapports de force entre employeurs et employés, notamment en période de chômage.
  • Des critiques sur la ligne de partage de la richesse (des gains de productivité, des bénéfices) entre ceux qui apportent le capital et ceux qui apportent le travail.
  • La critique du pouvoir dans l'entreprise qui appartient traditionnellement aux agents apportent les capitaux et non à ceux qui fournissent leur travail. D'où des tentatives d'équilibrage à travers par exemple la cogestion en Allemagne.
  • La critique des formes de pression exercée sur le salarié et conduisant à des phénomènes de stress, évoqués notamment à partir de la fin du XXe siècle.

Face aux critiques, les défenseurs des entreprises soulignent que l'intérêt privé va en fait dans le sens de l'intérêt général :

  • L'entreprise privée constitue le moyen le plus efficace d'allocation des ressources (capital, travail, matières premières et énergie) compte tenue notamment de la contrainte de rentabilité.
  • L'entreprise privée constitue le moteur le plus efficace de la croissance économique et de l'innovation technique. Même quand elle n'est pas à sa source, l'entreprise est le vecteur d'application et de diffusion des innovations techniques.
  • L'entreprise, guidée par le souci de son développement et de sa rentabilité, ne tient pas compte des distinctions de nationalité, de race ou de sexe pour ne se baser que sur le mérite personnel. L'entreprise est alors considérée comme un facteur de paix et de rapprochement international et d'intégration des personnes différentes.

En ce qui concerne le fonctionnement interne de l'entreprise, ses défenseurs ajoutent que l'entreprise peut au contraire être un lieu d'épanouissement personnel. Les cas les plus en pointe de cette tendance se situent dans les entreprises de nouvelles technologies, dans lesquelles les entrepreneurs sont souvent jeunes et les rapports humains moins formels (la culture de la startup cool). La transformation de certaines entreprises en véritables lieux de vie, avec espaces de détente collectif à proximité, a été considérée par certains comme un moyen insidieux de contrôle de l'employé.

Certaines grandes entreprises privées ont développé depuis le XIXe siècle des programmes sociaux et culturels pour leurs employés (cantines, logements, cours, activités sportives et culturelles, vacances). Ces pratiques, parfois issues du christianisme social, ont été dénoncées en Occident par la pensée socialiste comme relevant du paternalisme. À l'extrême, certaines entreprises ont donné naissance, avec les logements ouvriers, à de véritables villes (par exemple en France, Anzin ou Decazeville). Ces pratiques ont tendance à disparaître avec la tendance au recentrage des entreprises sur leurs cœur de métier.

Prise en compte des impératifs de développement durable

Certaines entreprises se sont souciées de relégitimer leur rôle dans la société à travers divers vecteurs, particulièrement notables à partir de la fin du XXe siècle :

L'évaluation de l'entreprise se fait dans ce cas par des agences de notation sociétale, qui examinent les rapports de développement durable pour noter les entreprises. Les investissements socialement responsables permettent de s'orienter vers les entreprises les mieux notées sur le plan sociétal.

Ainsi, une nouvelle forme d'entreprise pourrait émerger, qui prendrait en compte les intérêts à long terme de l'ensemble des parties prenantes de l'entreprise, et non plus seulement le seul intérêt à court terme des seuls actionnaires. En effet, le développement durable fait intervenir non seulement le marché, mais aussi l'État et la société civile.

Le mode de gouvernance des entreprises conforme au développement durable s'appelle la responsabilité sociétale des entreprises.

Organisation et fonctionnement

Acteurs : actionnaires, dirigeants, salariés

L'entreprise fonctionne avec plusieurs types d'acteurs :

  • Les détenteurs du capital de l'entreprise, lorsque le support juridique de l'entreprise est un contrat de société (les actionnaires, propriétaires des parts sociales de la société),
  • La direction de l'entreprise (mandatée par les actionnaires lorsqu'il y en a),
  • Les employés de l'entreprise (recrutés par la direction de l'entreprise).

Selon la taille et le statut juridique choisi par l'entreprise, ces acteurs sont parfois confondus : une cordonnerie fonctionnant avec une personne unique peut soit relever d'une activité artisanale sans capital ni salarié, soit être constituée en société, la même personne étant à la fois détentrice du capital, mandataire social et unique salarié.

Les entreprises plus grandes sont généralement constituées en société et ces acteurs sont différenciés.

Les actionnaires

Les actionnaires détiennent le capital de la société qui porte l'entreprise. Leur rôle est d'apporter les fonds financiers nécessaires au développement de l'entreprise, de choisir les membres de la direction et de vérifier la bonne administration des affaires par la direction. Ils perçoivent des revenus sur les bénéfices de l'entreprise, dénommés dividendes.

La direction

Elle est composée de personnes en charge de la gestion des affaires courantes de l'entreprise et du déploiement de la stratégie entrepreneuriale validée par les actionnaires.

Sa rémunération est en général formée d'un salaire, ainsi que d'une forme d'intéressement, souvent sous la forme de stock options ou de bonus financiers plus ou moins indexés sur la performance de l'entreprise.

Articles connexes : Président-directeur général et Gérant.

Les salariés

Ils sont en général composés :

  • des cadres, en charge de la gestion et de la conduite des opérations par l'encadrement des ressources humaines appropriées,
  • des employés, en charge de l'exécution des processus commerciaux et de production en liaison avec l'encadrement.

Ils perçoivent un salaire en échange de leur travail fourni au sein de l'entreprise.

Articles connexes : Salarié et Cadre (entreprise).

Des acteurs en coopérations ou en compétitions

Certaines approches de l'entreprise reposent sur le principe que les trois catégories d'acteurs de l'entreprise privée (actionnaires, direction, salariés) sont porteurs d'intérêts divergents et elles opposent les intérêts des salariés et ceux des actionnaires.

D'autres approches de l'entreprise reposent sur une vision systémique plus régulée et plus coopérative entre les trois catégories d'acteurs.

Gouvernement d'entreprise

La notion de gouvernement d'entreprise (ou gouvernance en franglais) est apparue à la fin du XIXe siècle pour accompagner un renversement du pouvoir au sein de l'entreprise.

  • Dans l'entreprise classique selon le modèle du XIXe siècle, comme dans les PME, le pouvoir appartient aux actionnaires, qui sont les propriétaires de l'entreprise. Même s'ils délèguent, dès le XIXe siècle, la gestion à des cadres et des ingénieurs, les contacts sont fréquents et le contrôle étroit.
  • Le développement de la taille des entreprises a entrainé à la fois une complexité croissante des fonctions de direction des grandes entreprises, avec des spécialisations, et la dispersion de leur actionnariat. Le véritable pouvoir est passé aux mains des dirigeants opérationnels de l'entreprise, tandis que le contrôle de l'actionnaire est devenu plus lointain, parfois réduit au seul rituel de l'assemblée générale annuelle des actionnaires. Cette ère des managers a été théorisée par James Burnham en 1941 édition français préfacée par Léon Blum en 1947).
  • Avec la "Révolution libérale" des années 1980 et la généralisation du principe du marché, il est apparu que les intérêts des managers ne coïncidaient pas toujours avec ceux des actionnaires. Par exemple, le manager peut privilégier une stratégie axée sur la croissance et la taille de l'entreprise, tandis que l'intérêt de l'actionnaire pourrait être de privilégier la rentabilité de l'entreprise et de son action. Le thème du gouvernement d'entreprise, apparu en France au milieu des années 1990 avec notamment le rapport Viénot, tend à rendre aux actionnaires une part du pouvoir qu'ils ont perdu. Il s'exprime de plusieurs façons:
    • La règlementation s'est durcie en ce sens (loi NRE, en France), renforçant les obligations de la direction de rendre compte de son travail devant les actionnaires.
    • La séparation des fonctions entre représentation des actionnaires (rôle du président du conseil d'administration ou du conseil de surveillance) et direction opérationnelle (rôle du directeur général ou du président du directoire) constitue une forme de réponse.
    • Les exigences de retour sur capitaux investis (ROE ou ROCE) marquent la prise en compte au niveau des objectifs financiers des entreprises de l'intérêt de l'actionnaire.
    • Le développement des politiques de stock option, au cours de ces mêmes années, va également dans la logique de lier l'intérêt du manager avec celui de l'actionnaire.
Article détaillé : Management#Organisation du travail.

Organisation

Les entreprises sont généralement organisées avec :

Les fonctions transversales peuvent être :

  • exercées en interne par des salariés de l'entreprise.
  • sous-traitées à des entreprises extérieures prestataires de service (ex: communication externe, prestations de recherche et développement).
  • voire exercées par une personne travaillant seule, en général intervenant comme consultant externe (ex: expert qualité).

La gestion

Méthodes de gestion

Une entreprise doit être managée dans sa globalité.

Il convient donc d'appliquer l'ensemble des méthodes de Management dédiées aux diverses composantes de l'entreprise :

  • Les ressources humaines
  • Les finances
  • Les services comptables
  • les services commerciaux
  • Les services techniques
  • Etc.

Informatique de gestion

Il existe deux types d'outils pour la gestion des entreprises :

  • des outils généralistes, telles que les suites bureautiques qui permettent de produire des documents, des tableaux, des présentations commerciales ;
  • des outils de gestion.

Ces derniers permettent de gérer chacune des fonctions de l'entreprise. Aujourd'hui, la plupart d'entre elles optent pour un Progiciel de gestion intégré ou PGI qui a l'avantage de centraliser les données de gestion au sein d'une base de données unique.

Autrefois réservés aux grandes sociétés, ces outils sont de plus en plus répandus dans les PME/PMI.

Autres thèmes importants

Mesures des performances

Concurrence

Pour le droit de la concurrence, la forme juridique (personne morale de droit privé ou de droit public, société, association) et le but (lucratif ou pas) de l'entreprise sont indifférents. Ainsi pour le droit communautaire, « la notion d'entreprise comprend toute entité exerçant une activité économique, indépendamment du statut juridique de cette entité et de son mode de financement » (Cour de Justice des communautés européennes (CJCE), arrêt Höfner, 1991).

Néanmoins, n'exerce pas une activité économique, et n'est plus une entreprise soumise au droit de la concurrence, l'organisme qui remplit une fonction exclusivement sociale (CJCE, Poucet 1993) ou celui qui exerce des prérogatives de puissance publique (CJCE, Eurocontrol, 1994).

Entreprises en difficulté

Autres

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Les risques du manager d'Azad Kibarian et Jean-Pierre Thiollet, collection Lire Agir, Vuibert, Paris, 2008. (ISBN 2-71178-734-X) 6
  • Manager avec les ERP- Entreprises recevant du public, Architecture orientée services de Jean-Louis Lequeux, Éditions d'organisation, Paris, 2008. (ISBN 978-2-21254-094-9)
  • ERP et PGI- Progiciel de gestion intégré, de J-L Tomas, Dunod, Paris, 2007. (ISBN 978-2-10051-373-4)
  • Piloter un projet ERP, de Jean-Luc Deixonne, Dunod, Paris, 2006. (ISBN 2-10007-028-2)
  • Leçon d'histoire sur l'Entreprise de l'Antiquité à nos jours, Michel Drancourt, PUF, Paris, 2002 (2de éd.). (ISBN 2-13052-519-9)
  • L'Entreprise partagée ? Une pratique différente des relations sociales, Robert Thomas (pseudonyme d'une équipe sous la direction de Pierre Beretti et avec le concours de Jean-Pierre Thiollet), Maxima-Laurent du Mesnil éditeur, Paris, 1999. (ISBN 2-84001-173-5)
  • Objectif : Entreprise — Le français des affaires, Janine Bruchet, Cornelsen, Berlin, 1992
  • Entrepreneurs, entreprises. Histoire d’une idée, Hélène Vérin, PUF, Paris, 1982.

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