Economie du Nigeria

Economie du Nigeria

Économie du Nigeria

Nigeria
Données générales
Monnaie 1 Naira = 100 kobos
Année fiscale année calendaire
Organisations économiques OMC, OPEP, CEDEAO, ZMOA
Statistiques [1]
Classement IDH 158 (2004)
PIB (milliards) $ 125,7 (2004)
Classement PIB à parité de pouvoir d'achat par volume : n/de (n/d)
per capita : 160 (2003)
PIB par habitant $ 1050 (2003)
Croissance 6,2 % (2004)
Inflation 16,5 % (2004)
Chômage n/d% ()
PIB par secteur agriculture : 36,3%
industrie : 30,5%
services : 33,3% (2004)
Population active (millions) 55,67 (2004)
Population active par secteur agriculture : 70%
industrie : 10%
services : 20% (1999)
Pop. sous le seuil de pauvreté 60% (2000)
Industries principales pétrole, cacao, caoutchouc, bois
Partenaires commerciaux
Exportations (milliards) $ 33,99 (2004)
Principaux partenaires États-Unis, Inde, Espagne, Brésil, Japon
Importations (milliards) $ 17,14 (2004)
Principaux partenaires États-Unis, Chine, Royaume-Uni, Pays-Bas, France, Allemagne, Italie
Finances publiques
Dette % du PIB
Dette externe (millions) $ 32 000
Aide (millions) $ 250 (1998)
n/d= non déterminé(e)

L'économie du Nigeria est dans sa structure comparable à celle de bien des pays africains, mais tout y est à une échelle supérieure : basée sur une main-d'œuvre et des ressources naturelles abondantes, la corruption rampante y constitue un frein important au développement. Pays le plus peuplé d'Afrique, il en est le 1er producteur de pétrole, et le classement 2008 de Transparency International de l’indice de perception de la corruption le classait 121e sur 180 pays évalués[1]).

Son produit intérieur brut (PIB) par habitant le situe dans la moyenne africaine, mais il reste largement en dessous du niveau d'avant l'indépendance. Environ deux tiers de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté absolue (1 $ par jour), contre 43 % en 1985. Et ceci bien que, grâce à son potentiel humain et sa richesse en ressources naturelles, le Nigeria se classe au rang de 2e puissance sub-saharienne, derrière l’Afrique du Sud. Avec environ 125 milliards de dollars par an, son PIB (en parité de pouvoir d'achat) équivaut à près de la moitié de celui de la Suisse. L’essentiel de l’activité économique se réalise dans la zone côtière, au sud du pays.

Sommaire

Historique

L'essentiel du développement économique du Nigeria s'est produit dans le sud du pays, où les premiers colonisateurs européens et plus particulièrement britanniques se sont installés à partir du milieu XVIe–début XVIIe siècles, dans le cadre de la compétition générale pour le contrôle du commerce dans l'Atlantique. Pour concurrencer les Hollandais dans le commerce des esclaves, la Company of the Royal Adventurers obtint une charte de monopole pour l'Afrique de l'Ouest dès 1660, puis fut remplacée en 1672 par la Royal African Company. Après l'élimination progressive des Hollandais au XVIIIe siècle et la chute de Napoléon Bonaparte en 1815, le Royaume-Uni resta la seule puissance dominante de la région.

Le commerce des esclaves fut la cause essentielle des conflits meurtriers qui ensanglantèrent le sud du pays pendant les trois siècles où il fut pratiqué. Vers le milieu du XIXe siècle, il devint plus intéressant pour les Britanniques de trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits manufacturés, ainsi que d'assurer leur mainmise sur le commerce de l'huile de palme et de l'ivoire, au besoin en imposant leur pouvoir directement sur les chefs des tribus côtières de ce qui deviendra le Nigeria.

En 1850, les principales bases britanniques étaient situées dans le delta du Niger et à Lagos, mais un mouvement de développement de l'arrière-pays fut entrepris afin notamment de contrecarrer les éventuelles revendications territoriales des autres puissances coloniales. Lagos devint une colonie de la Couronne en 1861 pour permettre une meilleure lutte contre le trafic d'esclaves désormais illégal, juguler les luttes intestines entre yorubas, et empêcher que les Français ne s'en emparent. Les nouveaux occupants favorisèrent le développement dans les années qui suivirent de cultures commerciales et, lors de son accession à l'indépendance en 1960, le pays était la première puissance agricole du continent africain.

Des années de mauvaise gestion, essentiellement imputables à la corruption généralisée ainsi qu'à l'incompétence des pouvoirs militaires qui se succéderont aux commandes du pays, feront qu'au début du XXIe siècle le pays n'a plus de présence significative sur les marchés mondiaux. Désormais, le pétrole constituant l'essentiel des exportations et du revenu de l'État, la situation économique générale est fortement dépendante des cours mondiaux du brut.

Cependant depuis l'arrivée du gouvernement civil réformateur d'Olusegun Obasanjo en 1999 et la remontée des cours du brut en 2004, le pays connaît une croissance vigoureuse de son PIB, (de 4 à 6 % par an).

Ressources naturelles

Exploitation pétrolière

L'essentiel des réserves nigérianes se trouve dans des gisements offshore

Les premiers signes d'intérêt pour l'exploitation des ressources pétrolières nigérianes datent du début du XXe siècle, au moment où le pétrole devient une ressource stratégique de premier ordre. Des compagnies privées britanniques commencèrent donc à prospecter aux quatre coins de l'Empire (Trinidad, Indes orientales, Birmanie) afin de diversifier les sites de production, essentiellement localisés au Moyen-Orient.

C'est en 1906 que John Simon Bergheim, après avoir racheté toutes les licences d'exploration de la région, convainquit le gouvernement colonial du Nigeria d'octroyer une licence d'exploitation à sa compagnie, la Nigeria Bitumen Corporation (NBC). Ce monopole de fait fut protégé par le gouvernement colonial, qui réécrivit la loi nigériane sur l'exploitation minière de 1907 pour protéger les intérêts de la NBC et lui fournit également un prêt lui permettant de financer ses recherches. À la mort de Bergheim, en 1912, plus d'une quinzaine de puits avaient été creusés près du delta du Niger, près de 143 000 livres sterling englouties, et ce sans résultat[2]. L'éclatement de la Première Guerre mondiale un peu plus tard marqua la fin des ambitions pétrolières de la région pour les vingt prochaines années.

La société Shell d'Arcy obtint une nouvelle licence d'exploration pour l'ensemble du Nigeria en 1937. Après une interruption pendant la Seconde Guerre mondiale, l'exploration reprit, sans succès, jusqu'à la découverte successive de deux premiers gisements commercialement viables, dans les États actuels de Bayelsa et Rivers, en 1956. Après la construction d'un oléoduc depuis les gisements jusqu'à Port Harcourt, le premier cargo pétrolier quitta le pays le 17 février 1958[2].

En 1959, la concession unique accordée à Shell fut revue à la baisse, permettant à d'autres compagnies de se lancer dans l'aventure nigériane et d'augmenter la capacité d'exploration. Shell perdit près de la moitié de ses concessions du delta du Niger, ne gardant que les secteurs les plus prometteurs[2]. Le pays devint indépendant un an plus tard, en 1960, et rejoint l'Organisation des pays exportateurs de pétrole en 1971.

Évolution du PIB (%, noir) par rapport aux cours du brut (USD, violet) (1991-2006)
05*, 06*: estimations
Sources : FMI, Illinois Oil and Gas Assoc.

Le pétrole (2,5 millions de barils/jour, 4e rang OPEP en 2007) génère près de 95 % des exportations, 80 % des revenus fiscaux et un tiers du PIB nigérian[3]. Le niveau estimé des réserves serait de 35 milliards de barils selon l'OPEP, mais a régulièrement progressé ces dernières années grâce à la prospection off-shore.

Léger et pauvre en soufre (65 % du pétrole extrait possède un indice API (American Petroleum Institute) supérieur ou égal à 35°, les principaux produits d'exportation étant Forcados (31° API) et Bonny Light (37° API)), le brut nigérian est un produit de choix pour la production de carburant. Les cours en sont de fait moins soumis aux aléas saisonniers du marché que ne l'est par exemple le brut lourd saoudien, dont la consommation augmente en hiver. Cependant, à cause d’une infrastructure de production décrépie et un potentiel de raffinage quasi-inexistant, le pays est un importateur net de carburant. Une grève générale a d’ailleurs eu lieu pendant les premières semaines d’octobre 2004 pour protester contre le renchérissement des prix du carburant, le gouvernement essayant à terme de supprimer toutes les subventions des prix de l’essence (celles-ci coûtant près d'un milliard de dollars par an à l'état)[3].

L’essentiel de la production se situe dans de petits gisements (moins de 50 millions de barils) dans la zone du delta du Niger, mais de nouvelles réserves ont récemment été découvertes dans des gisements offshores dans le Golfe de Guinée. 95 % de la production de fait par l'intermédiaire d'entreprises en coentreprise, la plus importante d'entre elles, dominée par Shell, assurant jusqu'à 50 % de la production nationale totale. L'exportation de gaz naturel a démarré en 1999 et le pays envisageait d'interdire la pratique du torchage (flaring) à partir de 2008[4] ; cette décision a été repoussée à janvier 2010[5].

La situation dans les régions productrices du sud est particulièrement instable, avec depuis fin 2003 une insécurité grandissante générée par les ethnies locales qui réclament leur part des revenus pétroliers, et l’apparition de véritables « seigneurs de guerre » locaux qui rançonnent les compagnies pétrolières et se livrent à la contrebande de brut. D'après la compagnie nationale nigériane de production de pétrole (NNPC), près de 200 000 barils étaient détournés chaque jour en 2004 soit, en se basant sur la valeur des cours, un montant annuel de près de 3 milliards de dollars[4]. Le détournement de pétrole (bunkering) donne parfois lieu à des tragédies (Warri (2000), Umuahia (2003), Lagos (2006)), où de nombreuses personnes sont tuées par l'explosion d'oléoducs qu'elles percent pour se fournir en combustible.

Si le gouvernement a traditionnellement pu maintenir son emprise sur les populations de la région (par la force si besoin est, comme en témoigne l’exécution de l’écrivain-activiste Ken Saro-Wiwa en 1995), il semble impuissant face à des bandes lourdement armées. En 2003, Shell, la principale compagnie de la région, a du diminuer drastiquement sa production et retirer une partie de son personnel sur place, encourageant une hausse du brut sur les marchés mondiaux. L’absence quasi-totale de présence gouvernementale a conduit jusqu’à présent les compagnies à gérer leurs propres systèmes de soutien communautaire (même si les relations avec les populations indigènes restent tendues), ainsi que leurs propres milices privées pour assurer la sécurité des oléoducs et autres installations.

Autres

En marge du secteur pétrolier, d'importants gisements de gaz naturel (3700 milliards de m3, 2e rang africain, 2,5 % des réserves mondiales prouvées) ont également été découverts, toujours dans le sud du pays. Des programmes d'exploitation des résidus de gaz associé au pétrole sont mis en place, et le pays produit du gaz de pétrole liquéfié (GPL) depuis 2005[6].

Il existe également des réserves de charbon (essentiellement lignite et charbons bitumineux), les plus importantes du continent, mais l'intégralité de la faible production nationale est absorbée par le marché local. Du fait de l'obsolescence des équipements, de la croissance des coûts de production et du passage des consommateurs à d'autres sources d'énergie, celle-ci est passée entre 1990 et 1994 de plus de 77 000 tonnes à moins de 13 000 tonnes, pour se stabiliser en 2004 aux alentours de 6 000 tonnes/an[4]: l'essentiel des ressources reste donc, à l'heure actuelle, inexploitée, même si les exportations à destination de l'Europe augmente graduellement, le charbon nigérian étant suffisamment pauvre en soufre pour représenter une option énergétique environnementalement acceptable[7].

Au niveau minéral, le Nigeria dispose dans son sous-sol de gisements appréciables de colombite (un minerai de niobium), fer, zinc, étain, or, pierre à Chaux et marbre). Le secteur reste toutefois sous-développé, l'essentiel des investissements miniers étant absorbé par le secteur pétrolier : de fait, seuls le niobium, l'étain et la pierre à chaux sont exploités de manière commerciale. Des gisements d'uranium sont également suspectés, mais non développés[4].

Afin d'attirer les investissements étrangers et réduire la corruption dans ce secteur, le gouvernement a, depuis 2002 et par le biais du Bureau for Public Enterprises, mis la plupart des compagnies nationales d'exploitation en vente en vue d'une privatisation partielle. En 2003 l'exploitation non pétrolière n'accumulait qu'une valeur de 3 millions de dollars, soit à peine un pour cent du PIB.

Infrastructures

Routes, transports

Transports
Routes (1999)
Goudronnées 60 068 km (30 000 km en 1990)
Non goudronnées 134 326 km (78 000 km en 1990)
Rail (2004)
3 557 km (3500 km en 1990)
Voies d'eau (2004)
8 600 km (essentiellement fleuves et rivières)
Ports & aéroports (2004)
Ports de marchandises Calabar, Lagos, Onne, Port Harcourt, Sapele, Warri
Aéroports à piste goudronnée 36
- avec trafic int'l 5 (Lagos, Abuja, Kano, Kaduna, Port Harcourt)
Aéroports non goudronnés 34
Sources: Library of Congress, World Factbook

Avec 95 % du volume total de biens et de passagers transportés, les routes constituent un élément essentiel de l'économie nigériane: au début des années 1990, le système routier du Nigeria était l'un des plus étendus d'Afrique. Revers de la médaille d'un boom pétrolier qui a fait que l'essentiel des investissements gouvernementaux des années 1970 était plus souvent dirigé vers le développement du réseau que vers son entretien (la première autoroute, reliant Lagos à Ibadan, fut achevée en 1978), l'état des routes est particulièrement mauvais en dehors des grandes agglomérations (elles-mêmes passablement engorgées). L'affectation des dépenses publiques s'est cependant inversée depuis la fin des années 1980.

Si les premières voies de communication, bâties au début du XXe siècle, permettaient de lier le Nord au Sud, de Lagos et Port Harcourt à Kano, plusieurs axes est-ouest, parallèles à la séparation offerte par les fleuves Niger et Bénoué, ont été développés dans les années qui suivirent. Le secteur routier souffre également d'un gros problème de piraterie, qui rend certains trajets hasardeux pour les passagers et marchandises.

Le rail, lui, a peu évolué : l'essentiel des 3500 km de voies est lié à deux lignes, l'une de Lagos vers Kano (construite en 1912), et l'autre de Port Harcourt à Kaduna (1926). Plusieurs extensions furent construites dans les années 1930 à 1960, vers les régions de Kaura Namauda (1929), Nguru (1930) et Maiduguri (1964).

Le manque de fonds, de maintenance et de suivi du développement contribuèrent à détériorer le réseau et réduire le trafic, jusqu'à l'abandon de la standardisation des voies (l'essentiel du réseau est étroit à 1,067 m, alors que l'équipement standard moderne repose sur un espacement de 1,435 m) au milieu des années 1980 et le dépôt de bilan en 1988 de la compagnie nationale, la Nigerian Railway Corporation. Après une reprise en main par le gouvernement (et le licenciement d'un quart des effectifs), le service est de nouveau assuré.

Le système maritime nigérian repose sur trois complexes portuaires, dans les provinces de Lagos, Rivers et Delta. Lagos accapare l'essentiel du trafic de marchandises par l'intermédiaire du port d'Apapa, directement lié au réseau ferroviaire national, mais deux extensions permettent également la gestion du brut. Le complexe de Delta regroupe les ports de Sapele et Warri (plus quelques autres à l'estuaire du Niger), tandis que Port Harcourt (sur la rivière Bonny) est l'élément central de l'État de Rivers. Calabar, sur la rivière Cross, constitue le port principal de l'est du pays. Warri et Port Harcourt sont les principaux centres d'exportation du brut et sont dotés d'équipements relativement modernes. À la fin des années 1980, le gouvernement décida de consacrer l'essentiel de ses fonds au développement des voies fluviales afin de désengorger le réseau routier, ralentissant de fait la croissance des ports en eau profonde.

Énergie

Électricité
Production totale
- dont hydraulique
- thermique
19,85 TWh (2002)
38%
62%
Consommation 18,43 TWh (2002)
Exportations 30 MWh (2002)
Consommation d'énergie/capita 2327.57 kWh (2005)
Sources : ISS, World Factbook, AIEA

Le regroupement des activités de production, transport et distribution d'énergie (hors pétrole et gaz) représente moins d'un pourcent du PIB nigérian. Mais le secteur subit depuis le début du XXIe siècle de profonds bouleversements, dont la privatisation de la National Electric Power Authority (NEPA) n'est pas le moindre.

Le développement de l'énergie hydroélectrique date du début des années 1970, avec la mise en service du barrage de Kainji. L'exploitation du fort potentiel hydraulique du pays est cependant contrariée par des sécheresses récurrentes ainsi qu'un réseau de rivières constituées de mangroves et situées près de la zone côtière. Conjugué à de grosses déperditions d'énergie (30 à 35 % perdus entre la production à la facturation), un faible taux de paiement (70-80 %), un accès général faible (40% de la population) et une corruption généralisée des cadres de la NEPA qui empêche la bonne maintenance des équipements, le Nigeria réussit le tour de force d'être à la fois exportateur d'électricité (essentiellement vers le Niger) et de fournir un service totalement erratique à l'intérieur de ses propres frontières (nombre de compagnies étrangères s'implantant sur place préfèrent construire leurs propres générateurs, tout comme les entreprises et particuliers nigérians). Le manque de cash généré par tous ces problème force la NEPA à s'appuyer essentiellement sur de (coûteuses) subventions gouvernementales sur le pétrole pour continuer à faire tourner ses centrales thermiques.

De nombreuses entreprises et particuliers utilisent des générateurs individuels pour assurer une fourniture régulière d'électricité

Afin de moderniser le secteur et lutter contre la corruption généralisée, et après une grave crise énergétique en 2000/2001, le gouvernement Obasanjo a entrepris de fractionner et privatiser la NEPA en au moins une dizaine d'entités locales, tout en autorisant la construction de générateurs privés. Ceux-ci revendraient leur production à la NEPA, qui se cantonnerait donc essentiellement à un service de distribution. Des projets d'équipement solaire ont également été lancés afin d'assurer l'approvisionnement des zones rurales hors de portée des réseaux conventionnels. De nombreux prêts ont enfin été accordés par la Banque mondiale à la fin des années 1990 pour relancer la construction de centrales et la réorganisation du réseau de distribution.

Du fait de la mauvaise image de la NEPA au sein de la population, celle ci a été rebaptisée par le gouvernement PHCN (Power Holding company of Nigeria Plc). De nombreuses infrastructures de transport de l'énergie sont en cours de construction dans la région du delta du Niger (lignes et postes 330/132/33 kV).

Télécommunications

Telephone.gif
Évolution du nombre de lignes de téléphone fixe, mobile et internet (1998-2003)
Télécommunications et internet
Téléphonie
Indicatif + 234
Nombre de lignes fixes (2003)
- soit pour 100 habitants
853 000
0,68
Nombre de lignes mobiles (2003)
- soit pour 100 habitants
3 149 000
2,5
Internet
Domaine .ng
Nombre d'abonnés (2003)
- d'utilisateurs
750 000
2 000 000 (est.)
Radio Télécommunications
Ménages avec un poste TV (2002) 25,6%
Ménage avec un poste radio (2002) 62,1%
Sources: UIT, World Factbook

En dépit de la richesse pétrolière du pays, le secteur des télécommunications nigérian a lui aussi été victime des années de mauvaise gestion des différentes dictatures qui se sont succédé au pouvoir. Avec la mise en place d'un régime démocratique et la libéralisation entamée depuis 2000 (et la cession d'un grand nombre de nouvelles licences), on assiste à une véritable progression du marché local, notamment pour la téléphonie mobile, qui domine désormais le marché. L'amélioration reste cependant inégale, avec des niveaux d'investissements et de coordination faibles, et des problèmes historiques ou structurels qui restent à rattraper. Du fait d'un approvisionnement électrique erratique, les compagnies téléphoniques doivent supporter des coûts supplémentaires dus aux équipements détruits, systèmes redondants et générateurs de secours, qui pour certains opérateurs engendrent des factures de diesel plus élevées que le coût de la location de leurs bureaux.

Des licences de radiotélévision ont également été accordées, mais leur exploitation reste essentiellement confinée aux grands centres urbains.

Enfin, dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services, le Nigeria a fait un certains nombre d'engagements en matière d'accueil d'investissements étrangers: vente et installation de terminaux, services mobiles et pagers. Aucun engagement n'a cependant été pris sur les services postaux, les courriers rapides, services téléphoniques de base et infrastructures.

Téléphonie fixe et infrastructure générale

Le principal opérateur reste la compagnie d'État Nigerian Telecommunications Ltd. (Nitel). Le marché a été partiellement (dé/re)réglementé dès 1992 avec le Nigerian Communication Commission (NCC) Decree, qui ouvrit certaines activités de Nitel à la concurrence, la NCC devenant l'organisme de régulation pour les secteurs où le secteur privé était autorisé (mais ne pouvant donc réguler les activités de Nitel même). Le comportement erratique des gouvernements militaires successifs (nationalisations ou suppression pure et simple de licences) n'a cependant pas permis un développement du réseau. Des changements notables sont cependant intervenus sous le gouvernement Obasanjo, avec l'établissement d'objectifs de développement en ligne avec les recommandations de l'Union International des télécommunications, et la coopération technique de la Banque mondiale pour le raccordement des zones rurales. La NCC a ainsi rationalisé le système d'attribution des licences et révoqué celles non exploitées, réorganisé l'allocation erratique du spectre radio et imposé un cadre plus ferme sur l'organisation du secteur en général, offrant une meilleure visibilité aux investisseurs tant nigérians qu'étrangers[8].

Jusqu'à l'imposition d'un accord d'interconnexion entre Nitel et opérateurs privés par la NCC en mai 2001, il était fréquent que les abonnés d'un opérateur donné ne puissent contacter que les autres abonnés du même service. Malgré des progrès notables, il arrive encore que des appels ne parviennent pas à destination[8].

Téléphonie mobile

Pour répondre à une demande à croissance exponentielle (plus de 100 % l'an), la National Communications Commission s'est lancée dans l'attribution de licences à grande échelle : le manque de vision politique à long terme dans la réglementation, la coordination et le développement du réseau téléphonique a contribué à une fragmentation extrême du marché : les zones les plus profitables (Lagos, Port Harcourt) souffrent d'une surabondance d'équipements (et donc faible rentabilité de ceux-ci), tandis que d'autres régions ne sont toujours pas reliés correctement au reste du pays[8].

La situation s'améliore cependant rapidement même si, comme indiqué plus haut, le taux d'interconnexion reste mauvais dans certaines régions non reliées à un réseau national embryonnaire. Quatre licences mobiles nationales ont été accordées en février 2001 (Nitel -qui avait une licence pré réservée-, MTN Nigeria, Econet Nigeria, CIL), celles de CIL étant par la suite révoquée pour défaut de paiement (et ré attribuée en août 2003 à Globacom). L'octroi de chaque licence était conditionné au déploiement par les opérateurs de 100 000 lignes les douze premiers mois, 750 000 sous 36 mois et 1,5 million de lignes en 60 mois. En dépit d’une qualité médiocre de service, la demande fut si forte que les 3 grands furent obligés fin 2002 de suspendre la vente de cartes prépayées car leurs réseaux ne pouvaient simplement pas gérer le trafic généré. La vente repris 6 mois plus tard, et si MTN et Econet ont atteint leur objectif quinquennal en deux ans, alors que Nitel a semblé avoir eu quelques problèmes pour atteindre la première étape de 100 000 lignes. De fait, le marché se dispute entre MTN (leader) et Econet (désormais Vmobile). Pour éviter d'avoir à recourir au réseau surchargé de Nitel, les divers opérateurs privés ont développé leur propre réseau, celui de MTN (appelé Y'hellobahn) étant par ailleurs le plus long d'Afrique (3400 km)[9].

Internet

L'absence d'une dorsale Internet nationale a longtemps handicapé le développement de l'accès à Internet, les connexions entre sites nationaux devant d'abord passer par des lignes internationales déjà surchargées. Dans les zones ne bénéficiant pas de leur propre fournisseur d'accès, la connexion par modem devait se faire par le biais d'appel longue distance. Enfin, la faible qualité du réseau fixe de Nitel a fortement contribué au développement du Wi-Fi[8].

Certains nigérians ont également profité de la connexion de leur pays au réseau des réseau pour mettre en place la désormais célèbre fraude dite « 419 » (du nom de l’article de loi la punissant) : elle consiste en l’envoi de courriers électroniques où le prétendu héritier d’un dictateur/oligarque déchu demande de l’aide pour discrètement évacuer une somme d’argent du pays. Avec 2 milliards de dollars escroqués par an, il s’agissait en 2004 de la deuxième source de devises du pays.

Structure économique

Évolution de la répartition du PIB par secteur: agriculture (vert), industrie (rouge), services (orange).
Source : Communautés européennes

Le boom des années 1970 a monopolisé l’investissement productif dans le secteur pétrolier (voir Maladie hollandaise), sinistrant des pans entiers de l’économie, notamment les industries légères (textile) et l’agriculture. D’exportateur net, le Nigeria est devenu importateur net de nourriture. Ce malaise économique continu se traduit par une forte croissance du secteur informel (estimé à 75 % de l’économie), mais depuis les récentes réformes du tournant du siècle, le commerce croît rapidement et les exportations de produits manufacturés et produits agricoles connaissent une progression sensible.

Agriculture

Le secteur agricole, qui emploie plus de 70 % de la main d’œuvre et génère 35 % du PIB nigérian, est principalement centré autour d’une agriculture de subsistance. Après des années de mauvaise gestion, de politiques de développement inconsistantes et mal conçues, et miné par des infrastructures insuffisantes pour lier les zones de production aux ports d'exportation, le pays n’est plus un acteur notable dans les secteurs du cacao, du caoutchouc, de l’huile de palme et des arachides. La production de cacao (180 000 tonnes/an) correspond à peine à plus de la moitié de ce qu'elle était il y a 25 ans (300 000 tonnes), avec des variétés obsolètes poussant sur des plants âgés. Alors qu'il était pendant longtemps le premier producteur de volailles d'Afrique, la production a chuté de 40 à 18 millions d'individus par an (2004), les restrictions aux importations ayant empêché la modernisation du secteur de conditionnement dans ce secteur comme dans d'autres.

Les cultures d'exportations (ici le cacao) ont été victimes d'une mauvaise gestion tout au long des 3 dernières décennies

La mauvaise fortune de l'agriculture nigériane est là encore le résultat d'un excès de pétrole et de corruption : les premiers dividendes du boom de 1973 furent dilapidés dans la construction de bâtiments gouvernementaux - les paysans abandonnant leurs champs pour s'entasser dans les villes et occuper les emplois mieux payés du secteur de la construction. Au même moment, l'affluence pétrolière eu pour résultat de renforcer la valeur du naira, rendant les cultures commerciales moins compétitives. À la fin du boom le naira resta surévalué, les militaires soutenant artificiellement son cours pour des raisons de fierté nationale et pour éviter une dévaluation source d'inflation.

Le pays a ainsi manqué sa révolution verte : ne sachant qu'attendre du gouvernement (manipulation des prix à la hausse ou à la baisse en cours d'année), les paysans n'avaient aucune incitation à s'équiper ou investir dans des semences à haut rendement. Des subventions pour l'achat d'engrais furent accordées, mais celles-ci finirent dans les poches des intermédiaires. Des centres d'achat gouvernementaux, à qui les fermiers devaient vendre leurs récoltes destinées à l'exportation, furent instaurés afin d'assurer aux paysans un revenu décent pour leur production. Mais les prix étant fixés trop bas, les centres imposaient de facto une taxe sur les agriculteurs, et furent abolis au milieu des années 1980. C'est également pendant ces années qu'un embargo sur les importations de blé fut décrété, de pair avec de larges subventions à la production destinées à développer l'agriculture nigériane. Des régions aux sols totalement inadaptés à la culture du blé empochèrent l'argent, produisant peu ou prou de céréales : une pénurie de pain s'ensuivit.

Carte des principales cultures et ressources commerciales nigérianes (cliquer pour agrandir)
Source: US Dpt of Agriculture, Foreign Agriculture Service

La situation s'améliore cependant sous le nouveau gouvernement civil, et le naira n'est plus aussi surévalué. Mais la réintroduction de subventions aux engrais, vu l'historique du secteur, reste un problème. Le crédit rural est inexistant : le système cadastral actuel ne favorise pas l'investissement à long terme, ni l'acquisition de méthodes de production moins agressives pour les sols. L'État est en théorie propriétaire de toutes les terres agricoles, et les agriculteurs n'ont qu'un vague droit d'exploitation, aux multiples variations locales, qui fait que nulle part la notion de propriété est suffisamment définie pour permettre aux petits exploitants d'hypothéquer leurs terres afin d'acheter un meilleur équipement ou de meilleures semences.

Industrie

La surabondance de revenus pétroliers dans le budget étatique a conduit a une culture de gros contrats d’État et une économie d’importation (jusqu'à 80 % des revenus sont réexportés) facilitées par un Naira chroniquement surévalué. Les industriels locaux, handicapés par un approvisionnement énergétique erratique, commencent à essayer d’augmenter leur compétitivité, qui jusqu’ici se réduisait aux faibles coûts de main-d’œuvre.

Le développement de l'industrie locale a également été victime du goût des pouvoirs successifs pour les très grands projets : la fonderie d'Ajaokuta, dont le coup total avoisine les 8 milliards de dollars, n'a toujours pas produit une seule barre d'acier. L'idée originale, proposée dans les années 1970, était de transformer le Nigeria en "Japon africain", en industrialisant le pays à marche forcé et en transformant sur place minerai et houille locaux, qui donneraient l'acier nécessaire au développement du réseau ferré national. Des conseillers techniques soviétiques produisirent une étude de faisabilité en 21 volumes qui ne fut jamais traduite depuis le russe. Les dirigeants nigérians voulant une industrie métallurgique quel qu'en soit le coût — pour des questions de fierté nationale, mais aussi parce que de grands projets impliquaient de meilleures « commissions ». Les autres fonderies du pays fonctionnent le plus souvent à perte, et généralement pour une fraction de leur capacité totale.

D'une manière générale, l'industrie locale est handicapée par de très fortes taxes à l'importation pour le matériel productif, ainsi qu'une forte pression réglementaire conduisant à de fréquents « contrôles » qui forcent les entrepreneurs à prévoir une marge supplémentaire dans leurs coûts pour les inévitables pots-de-vin.

À date, et hors secteur pétrolier, la seule industrie nigériane faisant preuve d’un quelque succès à l'export est la contrefaçon de médicaments, qui a représenté jusqu'à 70 % du marché local dans les années 1990. Cette activité est en forte baisse depuis l'arrivée du gouvernement Obasanjo et la nomination en 2001 de Dorothy Akunyili (également surnommée la Dame de Fer) à la tête de la National Agency for Food and Drug Administration and Control (NAFDAC, un organisme spécialement chargé de lutter contre les faux médicaments).

Services

Dominé par le secteur pétrolier, l'économie n'a pas de secteur de services à proprement parler, à part ceux consistant à fournir ceux que les entreprises d'État sont incapables d’assurer : vente de générateurs électriques, compagnies de téléphone et d'aviation privées qui concurrencent Nitel et Nigerian Airways. Un problème récurrent de confiance entre partenaires commerciaux est également latent : le crédit est inexistant entre entreprises (le paiement se fait d'avance), les banques n'émettent pas de cartes de crédit, que les magasins n'accepteraient de toute façon pas.

La pression sur le secteur bancaire en général s'est pourtant renforcée. En 2004, le gouvernement a ordonné aux banques d'augmenter leurs fonds propres par un facteur 12 (soit à 200 millions de dollars) en 18 mois, sous peine de se voir retirer leurs dépôts gouvernementaux et interdire la gestion des opérations de change. Objectif : forcer la consolidation d'un secteur fragile et surpeuplé, en passant de la centaine de banques actuellement en activité à moins de 15. L'objectif est politique et économique : la plupart ont une gestion familiale, uniquement vouée à gérer les fonds de certaines élites gouvernementales ; d'autres institutions sont également spécialisées dans le blanchiment, la spéculation en devises, la gestion de fonds gouvernementaux; toutes choses qui ne participent finalement pas des services de gestion de crédit et d'épargne dont l'économie a réellement besoin.

Sur les traces de deux des plus grands établissements du pays, une soixantaine de banques ont donc formé 18 groupements, tous en voie d'agrément, mais sans pour autant régler systématiquement le problème de la rationalisation des branches et bureaux : la recapitalisation s'est faite par l'émission d'actions, mais en mars 2005 4 banques se sont vu imposé de rembourser 380 millions de dollars, les achats d'actions ayant été financés avec les dépôts de leurs propres clients ainsi que par le blanchiment de fonds étrangers. Afin d'éviter un effondrement du marché, la banque centrale nigériane a également annoncé l'annulation de 80% des dettes dues par huit autres banques en difficulté, ainsi que le rééchelonnement du retrait de certains dépôts publics. De fait, les groupes étrangers se montrent intéressés par d'éventuelles acquisitions sur un marché pourtant toujours en situation difficile.

Secteur informel

La part de l'économie informelle au Nigeria est l'une des plus élevées d'Afrique, et représenterait près de 75% du PNB non-pétrolier en 2003 (à titre de comparaison, cette part n'est que de 11% aux États-Unis et 16% en France). Un vaste choix d'activités y sont déployées, depuis l'artisanat traditionnel jusqu'au négoce de devises, la vente au détail, la restauration, etc., les seuls points dominants étant l'extrême petitesse de ces entreprises (souvent l'affaire d'une seule personne ou famille) et, contrairement aux idées reçues, leur très grande flexibilité et leur dynamisme, même si le secteur est par nature difficile à documenter. Dans une économie soumise à l'extrême aux conditions cycliques du marché pétrolier il contribue cependant nettement, malgré un problème de financement chronique, à la croissance économique générale ainsi qu'au revenu de base de nombreux ménages.

L'économie informelle nigériane peut se séparer en deux sous-secteurs :

  1. Le secteur productif, qui regroupe toutes les activités de productions de biens - agriculture, exploitation minière (sauf pétrole), petites fabriques, construction ;
  2. Les services et services financiers, qui couvrent les réparateurs, vendeurs sur les marchés, employés de maison, prêteurs, coopératives financières (Esusu en yoruba), activités para-religieuses et activités mafieuses ou assimilées.

Après une politique répressive au début des années 1980, le gouvernement nigérian a récemment développé de nouvelles politiques de soutien aux secteur informel, qui de fait rassemble essentiellement de petites et moyennes entreprises (PME): soutien à l'entreprenariat par la promotion de cours de gestion et la distribution de micro-prêts, notamment par la création de "Centres de développement industriel", chargés de fournir formation, promotion, soutien comptable et prêts aux micro-entrepreneurs potentiels. De nombreux programmes aux objectifs similaires, tels que le Work For Yourself Programme (financés par l'Organisation internationale du travail et le British Council, ont également mis en place dès la fin des années 1980, mais peu d'entre eux ont atteint leurs objectifs sous les différentes juntes militaires (notamment celle d'Abacha). Un soutien financier plus spécifiquement destiné au développement du micro-crédit a également été apporté par la Banque mondiale et le PNUD, et le gouvernement Obasanjo a également encouragé le secteur bancaire à étendre son offre de crédits.

De fait, le secteur informel nigérian joue un rôle essentiel dans l'économie nationale, fournissant emplois, concurrence, formation et stimulant le dynamisme économique général - l'existence de connexions et passerelles entre ces PME et les grandes entreprises étant d'une importance fondamentale pour la fourniture en main-d'œuvre qualifiée de ces dernières.

Partenaires commerciaux

Les principaux partenaires commerciaux du Nigeria en 2003.
Sources: Index Mundi, Federal Office of Statistics

Le commerce avec le Nigeria représentait moins de 0.5% des flux mondiaux, avec une balance commerciale positive d'environ 10 milliards de dollars en 2004. L'essentiel de commerce se fait avec les États-Unis et l'UE, l'Asie de l'Est et l'Amérique latine enregistrant cependant un progression constante de leurs parts de marché respectives. Si le Nigeria est le principal partenaire économique de nombreux pays africains (Tchad, Niger, Bénin), la réciproque n'est pas forcément vraie et le commerce avec les pays voisins représente toujours une fraction marginale du volume total.

Le pétrole constitue 95% des exportations (essentiellement destinées aux États-Unis et à l'Union européenne), suivi par le cacao. Le registre des importations est plus varié: machines-outils, produits alimentaires et bétail, produits chimiques.

Les investissements directs étrangers totalisaient environ 1 milliard de dollars en 2003, soit 10% de tout le volume investit sur le continent cette année, cette proportion s'accroissant de manière régulière depuis le tournant du millénaire. Des cinq zones franches que comptait le pays en 2003, celle de Calabar, au sud-est, est la plus développée : créée en 1992 avec un potentiel de 80 à 100 entreprises résidentes, elle n'en comptait que 6 en 2001. En 2003, 76 licences avaient été accordées et 53 entreprises étaient en activité, essentiellement dans le textile. Dans la région de Port Harcourt, la zone franche d'Omne concentre également plusieurs dizaines de compagnies, liées pour l'essentiel à l'industrie pétrolière. Les trois autres zones franches, à Kano, Maigatari et Banki, en sont toujours à des stades précoces de leur développement. Plusieurs compagnies textiles, dans les régions de Kano et Lagos principalement, reçoivent également des subventions, aides infrastrurelles et exemptions fiscales pour les aider à baisser leurs coûts et les rendre plus compétitives à l'export. Le même projet est en cours de développement pour des fermes commerciales à travers le pays.

La politique tarifaire globale du pays, revue en 2002, a conduit à l'allègement des taxes sur les matières premières (afin de favoriser le développement industriel) et à une augmentation du protectionnisme sur les produits de consommation également produits localement (hausse des droits sur les produits étrangers) - restrictions à l'importation violant certains engagements pris dans le cadre du GATT.

Rôle de l'État

Le Nigeria est le seul pays du monde disposant d’un confortable revenu pétrolier qui affiche un déficit budgétaire — la faute peut en grande partie être attribuée à son niveau de corruption élevé et à de sérieux problèmes de gouvernance sous les différentes dictatures.

Le gouvernement civil d’Olusegun Obasanjo (arrivé au pouvoir en 1999, réélu en 2003) a récemment fait d’importantes démarches de réorganisation des structures étatiques, de décentralisation des actions économiques (création d’un fonds de développement du delta du Niger pour gérer les retombées locales de l’exploitation pétrolière), de privatisations, de réduction du poids relatif de l’industrie pétrolière et de contrôle de l’inflation. Les mesures semblent payer, avec une stabilisation du naira (vers 130 NGN/1 USD) et la renégociation sans heurts de prêts au FMI. La politique anticorruption a eu pour sa part des résultats beaucoup plus mitigés, même si des progrès dans la transparence des prises de décisions ont été réalisés. Enfin, l'intégration de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest devrait permettre l'adoption d'une nouvelle monnaie, l'Eco, vers la fin 2009.

Implication directe dans l'économie

Le pays a longtemps souffert d'un manque de cohérence à la direction des affaires du pays: sous le gouvernement Abacha, un ministre aurait annoncé le levée du l'interdiction d'importer du riz, pour voir une note lui être glissée quelques instants plus tard lors d'une intervention télévisée, lui demandant de préciser que le président avait reconsidéré sa position et que la mesure était suspendue.

Depuis le changement à la tête du pays un plan de développement, le National Economic Empowerment and Development Strategy (NEEDS), a été mis en place avec pour objectif principal de protéger le pays de son énorme dépendance au secteur pétrolier. Il a d'ailleurs été proposé de déposer les fonds issus de ce dernier dans un compte externe à ceux de la nation plutôt que de les réinjecter directement dans l'économie sous forme de dépenses publiques pharaoniques comme ce fut le cas jusqu'ici (grosses dépenses (14% du PNB en 2001) n'étant pas forcément synonyme d'investissements). Ce "modèle norvégien" est encore en discussion et semble voué à être adapté d'une manière ou d'une autre.

Le Bureau for Public Enterprises a été chargé de mettre en vente la plupart des entreprises d'État, chroniquement inefficaces et gangrenées par la corruption. Si la vente de ces actifs est plus rapide dans le secteur des matières premières, le rythme du changement (et l'affluence d'éventuels acquéreurs) est moins fort dans les autres secteurs, certaines réticences venant parfois de l'intérieur même du gouvernement (comme dans le cas de Nitel, la compagnie nationale de téléphone). Enfin, le Naira est autorisé à une certaine fluctuation, comparé à la quasi-parité avec le dollar qui était la marque des régimes précédents.

Carte mondiale de perception de la corruption (2005)

Lutte contre la corruption

Le Nigeria est probablement un cas d'école sur les diverses manières de dilapider les fonds publics ou de les évacuer vers l'étranger. Sur les 340 milliards de dollars que lui aurait rapporté l'exploitation pétrolière depuis ses débuts, certaines estimations font valoir que 50 milliards auraient été directement détournés, dont 4 milliards pour le seul général Sani Abacha et sa famille immédiate. Des négociations sont actuellement en cours pour la restitution d'au moins une partie de ces fonds, en parallèle avec des poursuites et blocages de comptes au niveau international. Quelque mois avant le retour à la démocratie et la transmission du pouvoir par le général Abdulsalami Abubakar, des dizaines de contrats d'État à hauteur de plusieurs centaines de millions de dollars ont été attribués. Le Président Obasanjo a depuis soutenu la mise en place de l'Extractive Industries Transparency Initiative (EITI), un système visant à publier et tracer tous les paiements et dépens effectués dans l'industrie pétrolière.

Monnaie

Cours du naira par rapport au dollar US (1994-2005)

Le flottement du cours du naira a été autorisé au milieu de 1995 ; après une forte dépréciation, la valeur de celui-ci s'est stabilisée aux alentours de 130 NGN par dollar en 2005 (soit une dévaluation de 85% en 10 ans).

Avec l'adhésion à la Zone monétaire ouest-africaine (ZMOA), le Nigeria s'inscrit dans un objectif de création d'une monnaie commune pour la région, l'Eco, au 1er décembre 2009. Les difficultés subsistent cependant dans la mise en place de la zone: manque de convergence des économies ouest-africaines, forte asymétrie aux chocs externes (tels que la montée des cours pétroliers en 2005), et le fait que seuls deux des cinq membres (Nigeria et Guinée) remplissaient encore en 2004 une majorité (3/4) des critères de premier rang pour l'adhésion à la zone monétaire.

Nigeria cap et index.png
Evolution de l'index (bleu, échelle de gauche) et de la capitalisation (rose, en milliards de nairas, échelle de droite) à la Bourse du Nigeria, 1993-2005.
Sources:Royal Economic Society, Nigerian Stock Exchange
Les dix plus grosses capitalisations
(Milliards de nairas - 2004)
Nigeria Breweries PLC. 505
Guiness Nigeria PLC. 190
Union Bank PLC. 121
First Bank PLC. 101
Nigeria Bottling Co. PLC. 91.5
Nestle Nigeria PLC. 89
Total Nigeria PLC. 71
Cadbury Nigeria PLC. 70
Conoil PLC. 64.5
Unilever Nigeria PLC. 53
Source: Vanguard

La place boursière nigériane

Avant la création de la bourse de Lagos en 1960, tous les investissements devaient se faire par le biais des banques, qui transféraient l'argent à la bourse de Londres. La bourse de Lagos fut rebaptisée Bourse du Nigeria en 1977, et cinq autres branches furent établies dans les principales villes du pays : Kaduna (1978), Port Harcourt (1980), Kano (1989), Onitsha et Ibadan (1990), Abuja (1999), Yola (2002), chacune disposant de sa corbeille. Le siège de la bourse du Nigeria se trouve toujours à Lagos, mais un bureau annexe a été ouvert en 1998 à Abuja, ce qui a été interprété par beaucoup comme une tentative du gouvernement d'attirer les investisseurs vers la nouvelle capitale administrative du pays.

En 45 ans, le nombre de compagnies listées est passé de 19 à plus de 260, et la capitalisation totale atteint près de 2 600 milliards de nairas, soit environ 20 milliards de dollars. L'éventail des compagnies recouvre tous les secteurs, de l'agro-alimentaire au pétrolier en passant par le bancaire mais, suite à la vague de concentrations amorcée depuis l'arrivée du pouvoir civil, c'est ce dernier qui concentre désormais l'essentiel du volume des transactions et des capitaux (le tiers de la capitalisation totale à fin 2005). Environ la moitié des compagnies cotées sont possédées par des investisseurs étrangers, les investisseurs nigérians (institutionnels et privés) se partageant l'autre moitié.

Pour favoriser l'arrivée des investisseurs étrangers, le marché des capitaux a été déréglementé en 1993, et les investisseurs internationaux ont été autorisés en 1995 à prendre des participations significatives dans les compagnies nationales ; le système de négoce de la bourse nigériane a pour sa part été complètement informatisé en 1999.

La bourse du Nigeria est l'une de celles qui ont enregistré la plus forte progression ces dernières années parmi les économies du Sud, et la deuxième d'Afrique en termes de capitalisation. Les transactions sont surveillées par le Nigerian Stock Exchange (autorégulation) et la Securities and Exchange Commission nigériane.

Evolution (1985-2004) de la dette externe (violet) et du service de celle-ci (bleu), en milliards de dollars
Source: Debt Management Office of Nigeria

Finances publiques

Avec l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement civil, le pays est passé en 1999 à un régime fiscal fédéralisé (les états touchant directement une partie des impôts collectés). Les entreprises sont en général imposées à hauteur de 30% de leurs bénéfices, avec un niveau plus élevé pour les compagnies pétrolières. Un nouveau système d'imposition des personnes, supposé élargir l'assiette fiscale, était prévu pour mise en place en 2005, de même qu'un doublement de la TVA à 10%. L'évasion fiscale reste cependant un problème fondamental et est largement pratiquée.

Une meilleure capacité du gouvernement de gérer ses revenus reste un objectif essentiel: il est en effet fondamental de réduire le déficit structurel non pétrolier (qui alourdit la dette), et de découpler d'une manière générale le budget courant des variations des cours mondiaux du brut, trop volatiles pour assurer une bonne gestion à long terme des finances de l'État. Deux contraintes supplémentaires s'ajoutent à cela : le manque d'une part de personnel qualifié aux échelons intermédiaires de l'administration publique (les hauts fonctionnaires ayant été, eux, remplacés dès 1999 par des personnes compétentes et ne devant pas leur nomination à leurs seules relations politiques); et, d'autre part, un large partage des revenus entre État fédéral et gouvernements locaux, qui réduit la marge de manœuvre du premier en termes de coordination des politiques fiscales, y compris et surtout dans le cas de revenus pétroliers changeants. L'inflation, maintenue dans la zone des 10%, est repartie à la hausse depuis 2004 du fait de l'injection massive dans l'économie des excédents de liquidités tirées des revenus pétroliers.

Un billet de 500 nairas

C'est dans ce cadre que se dessine la préparation du budget de l’État : malgré tous les efforts du gouvernement, les pressions politiques et les intérêts à court terme font que celui-ci est constamment renégocié à la hausse par le Parlement, sans réellement maintenir de leadership d'un ministère ou d'un objectif donnés. De nouvelles dépenses sont décidées sans que leur collatéraux (charges et retraites dans le cas des recrutements par exemple) ou de nouveaux revenus ne soient envisagés. Fragmentation du processus décisionnel, incohérence des choix, manque de personnel qualifié, mauvaise évaluation des implications macro-économiques des réajustements, absence complète de données fiables quant aux projets en cours, leurs coûts et leur niveau de récurrence (par exemple si un projet décidé l'année 1 ne devra pas continuer à être financé les années 2, 3 et 4), telles sont quelques-unes des difficultés comptables actuelles du ministère nigérian des finances, même si celles-ci commencent à se résorber peu à peu grâce notamment au soutien du FMI, dont les ajustements structurels du milieu des années 1980 ont toutefois fait de nombreux dégâts sociaux.

Le gouvernement nigérian a cependant réalisé une excellente renégociation de sa dette avec le Club de Paris: le 20 octobre 2005, ce dernier acceptait un rééchelonnement de la dette extérieure nigériane et d'effacer près de 18 milliards de dollars (soit près de 60%) de son ardoise, à travers une combinaison de paiement d'arriérés, rachat de dette (24 cents pour un dollar) et élimination pur et simple du solde[10]. Financée par la récente envolée des cours du brut, cette remise vient essentiellement en récompense des efforts du pays pour rationaliser la gestion de la dette (victime des grands projets des années 1980), et pour accompagner le programme de réformes mises en place par le gouvernement Obasanjo. Grâce à cette remise, le taux d'endettement total du pays tombera de 75 à 44% du PIB (ou de 140% à 107% du PIB non pétrolier).

Le programme d'ajustement du Fonds monétaire international (FMI)

En 1986, les prix du pétrole s'effondrent et le baril atteint neuf dollars. Les tentatives de sortir de la crise par un contrôle accru sur l'économie échouent et, la Fédération est au bord de la cessation de paiement. Le général Ibrahim Babangida passe alors accord de renégociation et couverture de la dette (contractée à moyen terme lors des booms de 1973 et 1979) avec le FMI. Le pays s'engage dans un plan d'ajustement structurel (PAS) dont l'objectif affiché est de réduire la dépendance de l'économie au secteur pétrolier[11].

Le programme d'ajustement s'apparente à une remise à plat complète du fonctionnement de l'État nigérian par des méthodes à la fois monétaristes (libéralisation du change par la création d'un second marché monétaire, contrôle de la masse monétaire, hausse des taux d'intérêts) et libérales (baisse des tarifs douaniers, privatisations)[11]. Les investissements dans de grands projets d'infrastructure sont abandonnés au profit des dépenses de maintenance et d'entretien. Les résultats de cette politique seront très mitigés. Les raisons invoquées sont le manque de radicalité selon certains (les réformes restèrent souvent de façade), l'inadaptation aux réalités locales pour les autres (le contrôle des fonds alloués n'était pas fait et ils eurent un impact trop important sur les classes populaires qui manquaient de liquidités pour acheter les produits essentiels). L'austérité budgétaire cesse avec la remontée des cours autour de la première Guerre du Golfe. L'inflation est jugulée, mais le prix des produits importés quadruple.

Si le taux de change semi-flottant du naira permet de réduire la corruption (l'allocation administrative des devises en pratique avant cela la favorisant plutôt), la hausse des taux et la réduction de la masse monétaire qui l'accompagnent ont pour effet d'assécher le crédit et d'étrangler l'économie informelle, qui se trouve à court de liquidités. La mesure frappe de plein fouet les classes populaires. Cependant, l'accession facilitée aux devises permet aux entreprises d'accéder plus facilement aux matières premières dont elles ont besoin, et par la dévaluation, permet également une croissance des exportations non pétrolières. Une étude de 1996 de la Banque mondiale indique que si la pauvreté a diminué entre 1985 et 1992, elle s'est accrue pour les 20% les plus pauvres de la population - les inégalités se sont donc creusées[12].

Notes et références

  1. Indice de perception de la corruption, 2008. Consulté le 22 juin 2009
  2. a , b  et c J.Steyn, Oil exploration in Colonial Nigeria. Consulté le 16 janvier 2008[pdf], XIV International Economic History Congress, Session 11, Helsinki 2006, pp.1-5
  3. a  et b US Dept of Energy, OPEC Revenues Fact Sheet. Consulté le 16 janvier 2008, janvier 2006
  4. a , b , c  et d Philipp M. Mobbs, « The mineral industry of Nigeria », 2004. Consulté le 26 septembre 2007
  5. Gaz : report de la date butoir de torchage au Nigeria
  6. (en)Global Gas' LPG Plant in Nigeria Produces First Commercial Gas
  7. onlinenigeria.com, « coal and lignite ». Consulté le 26 septembre 2007
  8. a , b , c  et d Trends in Telecommunication Markets in Nigeria (2003/2004), Nigerian Communications Commission, 2005
  9. 2003 Yearbook of African Telecommunications
  10. The Economist, « Nigerian Debt, Clean Slate », 20 octobre 2005. Consulté le 26 septembre 2007
  11. a  et b Marie-Christine Monnoyer, Jean Philippe, « Nigeria : des ajustements douloureux », 1988, Politique Africaine n°30. Consulté le 26 septembre 2007 [pdf]
  12. The Evolution of Poverty and Welfare in Nigeria (1985-1992), par la Banque Mondiale et le Federal Office of Statistics (1996)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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