Drosera

Drosera

Droséra

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Droséra
 Drosera spatulata
Drosera spatulata
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Nepenthales
Famille Droseraceae
Genre
Drosera
L., 1753
Classification phylogénétique
Ordre Caryophyllales
Famille Droseraceae
Répartition géographique
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Les droséras (du grec δροσερός[1], droséros, couvert de rosée, δρόσος, drosos signifiant la rosée), ou rossolis (du latin ros solis, la rosée du soleil[2]) sont de petites plantes carnivores de la famille des Droséracées, appartenant au genre Drosera.

En 2008, pas moins de 188 espèces de Drosera étaient dénombrées[3], localisées principalement dans l'hémisphère Sud. La moitié de ces espèces se trouvent dans le sud-ouest de l'Australie[4].

Il existe en Europe trois espèces de Droséra[4] (drosera rotundifolia, drosera anglica, drosera intermedia[5]) ; toutes présentent une rosette de feuilles colorées. Elles sont le plus souvent peu visibles, sur fond de sphaignes rougeâtres ou d'éricacées.

La variété la plus « cosmopolite » est Drosera rotundifolia, que l'on retrouve en Europe, Asie et Amérique du nord[6]. Ses feuilles, au limbe arrondi, sont appliquées contre le sol[7]. Les deux autres espèces ont les feuilles allongées et plus ou moins dressées.

Toutes les espèces vivent sur des sols humides, pauvres et acides[8], généralement dans des marais, landes humides ou tourbières acides de l’hémisphère Nord, souvent en colonie de nombreux individus, faiblement enracinées au milieu des sphaignes.

En France, où elles sont protégées[9], on en trouve notamment dans le Parc naturel régional des Vosges du Nord et le Parc naturel régional d'Armorique, dans la partie des Monts d'Arrée.

détail du piège

Sommaire

Description

Les feuilles

Feuille de Drosera rotundifolia.

Les feuilles, dans le cas de Drosera capensis, font environ 6 à 10 cm de long[10]. Le limbe est orbiculaire.

Elles sont sensibles aux excitations mécaniques et chimiques. Elles portent des poils glanduleux, parfois irritables, sécrétant des substances mucilagineuses qui attirent et engluent les insectes. Après la capture, les poils se recourbent vers le limbe de la feuille. Les insectes ainsi piégés peuvent ensuite être digérés par des enzymes protéolytiques.

Les « poils »

Schéma d'un poil de Drosera.

Les feuilles de Droséra sont recouvertes de « poils » de taille comprise entre quelques millimètres et un centimètre. Au bout de chacun de ces poils se trouve la zone endodermoïde, pied d'un amas — qui peut être, en fonction de l'espèce, transparent, vert[N 1] ou rouge[N 2] — de cellules secrétant le mucilage (le parenchyme glandulaire).

Plus précisément, le pédicelle de chaque tentacule comprend une ou deux files de vaisseaux spiralés entourés de quelques assises de cellules parenchymateuses. Les vaisseaux aboutissent, dans la partie renflée du tentacule, à un massif d’éléments vasculaires également spiralés mais beaucoup plus courts, massif recouvert de cellules sécrétrices. Ces cellules élaborent des mucilages et des enzymes protéolytiques. Les sécrétions des tentacules des droséras sont acides, favorisant l’action des enzymes protéolytiques. Une protéase à action peptonisante a été extraite des sécrétions. La sécrétion s’effectue à travers des cellules parenchymateuses des pédicelles tentaculaires qui contiennent, à l’état de repos, une grande vacuole contenant en solution un pigment anthocyanique rouge vif colorant ces tentacules.

Les fleurs

Différentes fleurs de drosera (de gauche à droite) : D. rotundifolia, D. Closterostigma, D. Hartmeyerorum, D. Binata, D. Capensis, D. Leucoblasta, D. Macrantha, D. Dichrosepala, D. Madagascariensis.

Les fleurs arborent différentes couleurs en fonction des espèces : mauve, blanc ou orange[N 3]. Elles sont disposées en épi lâche et pédonculé au bout d’une hampe de 6 à 20 cm de haut dressée dès la base, en forme de crosse et rarement rameuse au sommet. La fleur possède 5 sépales, 5 pétales, 5 étamines et 3 carpelles. Une grande hampe florale permet de ne pas piéger l'insecte pollinisateur.

Les fruits

Le fruit est une capsule contenant des graines albuminées, filiformes et ailées aux deux extrémités.

Les racines

Les racines des Droséra sont peu développées, ne servant uniquement à subvenir aux besoins de la plante en eau, ainsi qu'à l'ancrer dans le sol.

Plusieurs espèces d'Australie emploient leurs racines pour stocker eau et nutriments. D'autres espèces ne maintiennent en vie l'hiver que les racines, afin de pouvoir « revivre » au printemps. Drosera adelae et Drosera hamiltonii (entre autres), utilisent leurs racines pour se multiplier.

Fonctionnement du piège

Au soleil, le mucilage brille comme de la rosée, d'où le nom de rossolis.

Les droséras sont dotés d'un piège semi-actif[11]. En effet, celui-ci possède une action mécanique mais qui est secondaire et de faible amplitude. Les droséras possèdent probablement des mécanismes d'attraction des insectes. Les études faites sur ces mécanismes n’ont jamais pu montrer l’utilisation de phéromones par les droséras[12]. Les droséras utilisent en priorité le sens de la vue des insectes[12] : au soleil, le liquide permet à la feuille de briller comme si elle était recouverte de rosée ou de nectar. Ses sécrétions sont de plus en plus abondantes avec la durée du jeûne.

La stratégie de capture de la proie est comparable à celle des papiers tue-mouche. La proie, venant se poser sur une des feuilles, y est retenu par la matière visqueuse des tentacules. Puis sa propre activité la met de plus en plus en contact avec la glu des poils. Son agitation pour se dégager stimule l’activité des cellules sécrétrices. Ensuite, les tentacules et le limbe de la feuille se mettent en mouvement très lentement. Le déplacement des poils, contrairement à celui des « machoires » de la dionée, est extrêmement lent ; il ne participe donc pas à la capture de la proie, contrairement aux différentes espèces de dionées. En revanche, il accélère le processus digestif.

Lors d'une capture, la feuille se referme lentement sur la proie afin de la digérer.

Une à plusieurs heures sont nécessaires au repli complet de la feuille. La proie, engluée, meurt d’asphyxie. Elle est ensuite amennée jusqu'au centre de la feuille, là où se trouvent les glandes digestives. Dans le cas le plus fréquent de la prise d'un insecte, il ne subsiste plus après un ou deux jours, au milieu de la feuille, que le squelette chitineux de l'animal. En une à deux semaines, la feuille a reprit sa forme initiale.

Les droséras sont capables de piéger de « gros insectes », comme ici deux demoiselles (Enallagma cyathigerum) sur une Drosera anglica.

Les mouvements de la feuille de la droséras sont en fait la somme de tropisme et de nastie. Pendant la digestion, les grandes vacuoles riche en pigment anthocyanique sont fragmentées par le cytoplasme. Celui-ci, s’imbibant aux dépens des colloïdes vacuolaires, se gonfle et produit de nombreux pseudopodes internes qui pénètrent dans la vacuole, s’y anastomosent, puis finissent par diviser cette dernière en un grand nombre de petits éléments denses, globuleux ou filamenteux. La teinte de la vacuole vire au gris violacé. On interprète ces faits comme traduisant le passage, à travers ces cellules, des produits de la digestion protéolytique. Si on a noté la présence (exceptionnelle) de bactéries commensales qui participent à la digestion, une digestion normale est également constatée dans le liquide stérile extrait des tentacules. Les droséras peuvent donc digérer leurs proies grâce à leurs seules sécrétions, sans bactéries symbiotiques comme cela a longtemps été pensé.

Expériences historiques

À partir de 1860, Charles Darwin, secondé par son fils Francis, commencèrent une longue série d'expériences pour étudier la manière dont les droséras attrapaient et digéraient leurs proies[13]. Ils ont constaté en particulier que les spécimens nourris atteignaient une taille plus imposante que les autres. Les plantes réagissaient bien avec la viande crue ou rôtie, le fromage, la saucisse, le blanc d’œuf et le lait, mais refusaient de digérer le sucre, l’amidon et les graisses végétales. Dans une lettre datée du 21 novembre 1860, adressée au botaniste anglais Joseph Dalton Hooker, Charles Darwin évoque l'extrême sensibilité de ces plantes :

« J'ai travaillé comme un fou sur la droséra. Je vous citerai un fait absolument certain, et que pourtant vous ne croirez pas, à savoir qu'un poil d'un poids infime placé sur une glande fait se recourber vers l'intérieur un des poils glanduleux de la droséra et modifie chacune des cellules de la tige de la glande. »[14]

Le résultat de ses recherches sur la droséra et d'autres plantes carnivores fut publié en 1875 dans son livre Insectivorous Plants.

Culture

Les différentes variétés de droséra nécessitent un substrat humide, composé d'un mélange de tourbe, de sable non calcaire et de sphaigne. L'eau du robinet est à proscrire, car calcaire ; aussi, l'arrosage ne doit se faire qu'avec de l'eau de pluie ou déminéralisée[15].

Utilisations

Emplois médicaux

Le Manuscrit de Voynich (XIVe ou XVe siècle)[16], folio 56r.

De nombreux médicaments d'aujourd'hui contiennent des composants actifs contenus dans les droséras, comme certains flavonoïdes[17] (Kaempférol, Myricétine, Quercétine, Hypérine), certains quinones, des caroténoïdes, de la résine, des tanins et plusieurs acides (butanoïque, citrique, méthanoïque, gallique, malique, propanoïque, ascorbique).

De plus, la Drosera rotundifolia est employée contre les verrues[18].

La droséra, une plante ornementale

Par leur nature étonnante, les droséras font partie des plantes d'ornement, bien que beaucoup d'espèces soient exigentes et demandent un entretient difficile. Aussi, la plupart des espèces ne sont pas disponibles dans le commerce. Les variétés les plus communes sont Drosera capensis, Drosera aliciae et Drosera spatulata. D'autres, comme Drosera rotundifolia ou Drosera filiformis, ne sont disponibles que chez des vendeurs spécialisés[19].

Autres utilisations

Classification systématique

Article détaillé : Liste des espèces de Droséra.


Galerie

Répartition géographique

Notes et références

Notes

  1. Comme, par exemple, la Drosera capensis Alba.
  2. Comme, par exemple, la Drosera rotundifolia.
  3. Les fleurs de Drosera lasiantha sont violettes, celles de Drosera leucoblasta sont orange, celles de Drosera rotundifolia sont blanches.

Références

  1. http://projetbabel.org/forum/viewtopic.php?t=2719
  2. http://www.dico-definitions.com/dictionnaire/definition/38659/Rossolis.php
  3. McPherson, S.R. 2008. Glistening Carnivores. Redfern Natural History Productions Ltd., Poole.
  4. a  et b Drosera (Droseraceae) , consulté le 31/08/2009
  5. Les plantes aquatiques, fiches détaillées, consulté le 31/08/2009
  6. Drosera rotundifolia Linné, consulté le 31/08/2009
  7. Drosera rotundifolia L.. In Muséum national d'histoire naturelle Ed. 2006. Conservatoire botanique national du Bassin parisien, consulté le 31/08/2009
  8. Les droséras, consulté le 04/09/2009
  9. Arrêté du 20 janvier 1982 relatif à la liste des espèces végétales protégées sur l'ensemble du territoire national, consulté le 31/08/2009
  10. Drosera capensis, le rossolis du cap, consulté le 01/09/2009
  11. Les pièges des Plantes Carnivores, consulté le 11/09/2009
  12. a  et b Capture et digestion chez Drosera capensis, consulté le 30/08/2009, p.4
  13. Peter J. Bowler, Darwin, The Man and His Influence, 1990
  14. Darwin, l'homme et son influence, édition française du livre de Bowler traduite de l'anglais par Daniel Becquemont et Francis Grembert, 1995, Flammarion, p. 181
  15. Le rossolis et plantes carnivores du groupe Drosera, consulté le 31/08/2009
  16. Un secret peu connu de la science médiévale : le Manuscrit Voynich, consulté le 01/09/2009
  17. Ayuga C et al. Contribución al estudio de flavonoides en D. rotundifolia L. An R Acad Farm 1985; 51: 321 – 326
  18. « Choisir les plantes carnivores, Drosera, Rossolis ou Rosée du soleil », dans Les Guides mon jardin & ma maison, Hachette Filipacchi Associés, Levallois-Perret « Choisir, entretenir, multiplier les plantes carnivores », no 112, Octobre 2005, p. 48, 49, 50 (ISSN 1075-4071) 
  19. Rice, Barry. 2006. Growing Carnivorous Plants. Timber Press: Portland, Oregon.

Annexes

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (de) Ludwig Diels, Droseraceae, 1991, 136 p. 
  • « Choisir, entretenir, multiplier les plantes carnivores », dans Les Guides mon jardin & ma maison, Hachette Filipacchi Associés, Levallois-Perret, no 112, Octobre 2005 (ISSN 1075-4071) 
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