Doute religieux

Doute religieux

Doute

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Le doute est une interrogation. Il peut être le pressentiment, l’impression d’une réalité différente. Il s’oppose à la certitude, notion de ce qui est sûr et qui n’est pas discutable.

Sommaire

Aspects philosophiques

Douter, est-ce une faiblesse ?

La faiblesse fait état d’un manque de vigueur, dans le cas présent à un niveau intellectuel. Elle n’est pas considérable ni valorisable. Le faible est inférieur aux autres, il inspire parfois la pitié. Ainsi si l’on déclare que douter c’est faire preuve de faiblesse, on ne donne de valeur qu’aux choses qui sont dûment démontrées et certifiées ainsi qu’à ceux qui font ces affirmations. A contrario, si l’on admet que douter puisse être utile, parfois même nécessaire, et donc que cela soit une qualité, on donne de l’importance à la remise en question et à l’ouverture vers des horizons divergents. Le doute est-il un refus d’admettre les vérités ou permet-il d’établir les vraies vérités, de s’en approcher ou même de se résigner au fait qu’il n’en existe aucune qui soit unique et suffisante ? Remettre en question ce qui paraît évident permet-il à l’homme d’avancer ou le fait-il au contraire stagner dans un état d’incertitude stérile ?

Dévaloriser cet état de questionnement et dire que l’homme ne doit douter de rien, c’est vouloir une rigueur sans faille. C’est prétendre que l’on peut et que l’on doit détenir un savoir parfait et que l’hésitation n’y trouve pas plus sa place qu’elle ne devrait y trouver dans le comportement quotidien de chacun. Par contre, accorder de l’importance au doute, fait naître l’idée qu’il puisse faire partie intégrante d’un esprit structuré, mature et que sans le doute on ne peut s’approcher d’une connaissance plus vraie.

Apparition du doute scientifique

Le doute scientifique fit son apparition avec les philosophes, les mathématiciens et les physiciens. Ils révolutionnèrent des concepts que certains, comme l’Église, avaient intérêt à maintenir tels qu’ils avaient été considérés des siècles auparavant. C’est après le jugement de Galilée en 1633, pour avoir remis en cause le principe que la Terre soit le centre de l’univers défini et pour avoir été le déclencheur de tout un bouleversement idéologique, que Descartes rendit compte des erreurs que les certitudes engendrent dans les esprits. Contrairement aux sceptiques, il n’utilisa pas le doute pour douter mais mit en place une méthode radicale, excessive mais uniquement dans une phase temporaire, dans le but de se dégager du doute, et de le faire évoluer. C’est l’apparition du doute cartésien, ou doute méthodologique. Ce doute scientifique s’applique donc aux choses démontrables, auxquelles on peut trouver une réponse plus ou moins vérifiable. Il y a également une catégorie de doutes totalement différents qui regroupe des questions d’ordre existentiel, tout ce que l’on va nommer métaphysique ("après la physique"). Ils concernent des sujets auxquels l’homme ne peut pas prétendre apporter une réponse qui soit certaine et démontrable.

Le doute d'un point de vue métaphysique

Durant certains moments et dans des conditions particulières, le doute peut être mortel. Ces instants nécessitent parfois un sang froid et une détermination qui ne doit pas être perturbée. Il suffit d’imaginer un pilote de Formule 1 pour qui un seul moment d’hésitation peut provoquer la mort. Dans ces situations extrêmes, ne pas douter est une qualité car cela pourrait vite devenir fatal. Douter peut être également une manière de faire opposition à des évidences que l’on ne veut pas admettre, une manière de refuser de concevoir qu’il existe pour certaines choses de vraies vérités non discutables. En ce point, douter est une faiblesse car cela montre pour un individu une incapacité de se raccrocher à la réalité. On peut voir l’esprit comme n’importe quelle construction : il faut des bases solides, structurées, pour pouvoir évoluer de manière intéressante et « normale ». En partant de cette idée, on peut facilement comprendre qu’un doute excessif et quasi-permanent a de fortes chances de se solder par des échecs et un manque de confiance en soi et en les autres. Si l’on doute de tout, tout le temps, il ne peut pas y avoir de progression. Nier les bases solides et véridiques de chaque raisonnement fait disparaître toute logique. La personne qui doute à ce point est déséquilibrée, instable psychologiquement et éprouve de la souffrance de ne pas pouvoir progresser et réussir sa vie comme elle le voudrait peut être. Dans ce cas, cela montre une réelle incapacité ou incompétence de savoir ou de faire quelque chose, c’est même plus qu’une faiblesse, c’est un handicap. Le doute sceptique, lui, n’apporte rien d’intéressant. C’est d’ailleurs ce que lui a reproché René Descartes. Il ne mène finalement qu’à faire plus d’ombre encore et fige l’incertitude sur le problème abordé. Mais même si l’on parle uniquement d’un doute philosophique, métaphysique et constructif, certaines personnes peuvent être déstabilisées, se sentir angoissées, perdues face à la prise de conscience que pratiquement rien n’est certain. À ce moment là, peut on considérer que douter soit une force ?

Mais le doute conserve en même temps un rôle et une utilité qu’on ne peut lui soutirer. Douter, c’est admettre que l’on peut se tromper et être trompé par nos sens ou par nos propres pensées. On peut prendre l’exemple des illusions d’optiques ou même des rêves comme le fait René Descartes. Dans ces instants, on ne doute pas que ce que l’on croit vrai n’est pas la vérité alors que justement notre jugement est leurré. Refuser le doute, c’est se fermer à l’éventualité que la réalité puisse être différente et donc risquer de se tromper. Paradoxalement, cela peut être un moyen d’avoir les idées plus claires. Il y a également des raisons médicales de douter. On a tendance à penser que la mémoire et les impressions qu’elle nous fait ressentir sont totalement objectives et donc vraies alors qu’on sait aujourd’hui que ces impressions dépendent entre autres des connexions qui s’opèrent entre les neurones et qui varient en fonction de l’état d’esprit, de l’état émotionnel, et de tant d’autres variables. L’environnement culturel aussi peut être un facteur à ne pas négliger. L’éducation que l’on a reçue et le milieu dans lequel on a grandi a forgé en nous des concepts qui peuvent être inexacts. D’autant plus de raisons de trouver qu’il est légitime et raisonnable de douter. Le doute peut permettre de défaire les idées reçues, les préjugés et donc d’écouter sa propre raison pour avancer. Ainsi on s’aperçoit que le doute peut entrer dans une dimension totalement différente. Ne s’agissant plus de renier une vérité où étant signe d’une incapacité quelconque, il existe bel et bien une manière de douter qui permette de progresser dans une quête non pas d’une vérité absolue mais amenant une réalité plus nuancée où l’on rend compte justement de ce décalage qu’il peut y avoir entre ce qui nous parait réel et ce qui l’est vraiment. Philosopher, c’est avant tout douter. C’est admettre que l’on ne sait pas et en tenir compte dans son raisonnement comme Socrate l’a fait. Descartes propose dans Méditations métaphysiques, une méthode pour douter volontairement et temporairement de tout. Il s’agit de ne prendre comme base uniquement ce qui est absolument indémontable et de considérer dans un premier temps que tous le reste est faux pour écarter tout risque d’être abusé dès le départ. C’est de là que vient sa première certitude : « Il fallait nécessairement que moi, qui pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité : je pense donc je suis, était si ferme et si assurée que les plus extravagantes suppositions des sceptiques n’étaient pas capables de l’ébranler […] ». Cette méthode permet donc d’acheminer son raisonnement et d’utiliser le doute pour essayer de le lever ou de le faire progresser. Mais il y a également d’autres manières pratiquées qui sont moins strictes pour réfléchir une question et essayer d’avancer des réponses.

Dans le bouddhisme et d’autres philosophies orientales, le doute est une part importante du travail de réflexion. Il est considéré comme nécessaire pour élever sa conscience. Les apparentes certitudes sont reconsidérées et l’on réfléchit aux significations de la vie. En effet, on trouve, dans ces raisonnements, l’idée que les perceptions que l’on a de ce que l’on croit être la vie sont illusoires ou ne sont qu’une très petite partie de la réalité. Dans ce cas là, il devient primordial de développer une capacité d’amener le doute vers des considérations qui sont moins évidentes et parfois difficiles à comprendre ou à accepter.


Le doute peut donc être différencié selon qu’il soit vérifiable ou qu’il soit d’ordre métaphysique. Un excès d’incertitude permanent finit par ronger la personnalité. Il empêche les personnes concernées de pouvoir faire des choix en étant confiant et sûr d’elles. Il peut même les priver de relations avec les autres ou les dégrader puisqu’elles ne peuvent se fier à rien. Vivre dans un tel flou et sans repères n’est pas souhaitable. Cela dégrade la qualité de vie. Le doute est ici bien plus qu’une faiblesse. Mais il faut également se rendre compte que les vraies certitudes sont extrêmement rares, voire impossibles. L’évolution ne peut s’effectuer que par des remises en questions créées par le doute. Un doute créatif n’est pas une faiblesse. Il permet d’aborder un problème avec plus de prudence et de subtilité en écartant les préjugés et les a priori. Mais l’homme a-t-il toujours cette capacité de douter de manière constructive ?

Liens internes

Lien externe

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Voir « doute » sur le Wiktionnaire.

  • Benjamin Ball, De la folie du doute, Leçons sur les maladies mentales (31ème leçon), Éd. Asselin et Houzeau, Paris, 1890.
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