Dopage (sport)

Dopage (sport)
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Poste de contrôle anti-dopage, Tour de Taïwan 2008.

Le dopage est la pratique consistant à absorber des substances ou à utiliser des actes médicaux afin d'augmenter artificiellement ses capacités physiques ou mentales (hématocrite dans le sang, battements du cœur, confiance en soi, etc.). Le terme anglais « doping » fut largement employé avant que le Comité du langage scientifique n'impose une francisation en 1958.

Le dopage n'existe pas qu'au niveau sportif. La prise de substances variées, dans le but d'accroître les performances est une pratique de plus en plus courante dans le milieu étudiant ou professionnel. On parle alors de « conduite dopante ».

Sommaire

Définition du dopage

La première définition juridique du dopage en France date de 1965. En effet, la loi du 1er juin 1965 considère comme dopé : "Quiconque aura en vue ou au cours d'une compétition sportive, utilisé sciemment l'une des substances déterminées par le règlement d'administration publique, qui sont destinées à accroître artificiellement et passagèrement ses possibilités physiques et sont susceptibles de nuire à sa santé".

Cette définition renvoie à une liste de substances très détaillée.

  • La loi du 28 juin 1989 donne une nouvelle définition du dopage : "Il est interdit à toute personne d'utiliser, au cours des compétitions et manifestations sportives organisées ou agréées par des fédérations sportives ou en vue d'y participer, les substances et les procédés qui, de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l'emploi de substances ou de procédés ayant cette propriété, sont déterminés par arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé".
  • La loi du 23 mars 1999 donne maintenant la définition suivante : « Le dopage est défini par la loi comme l’utilisation de substances ou de procédés de nature à modifier artificiellement les capacités d’un sportif. Font également partie du dopage les utilisations de produits ou de procédés destinés à masquer l’emploi de produits dopants. La liste des procédés et des substances dopantes mise à jour chaque année fait l’objet d’un arrêté conjoint des ministres chargés des sports et de la santé ».

Historique

Le dopage est une pratique ancienne. Le premier cas moderne avéré remonte à 1865 : des nageurs à Amsterdam. À la même époque, le vin Mariani était conseillé aux sportifs. Il était « aromatisé » avec des feuilles de coca. Le premier mort à cause du dopage le fut en 1896.

On considère que le dopage s'est professionnalisé et généralisé dans certains sports à la fin des années 1950 et au début des années 1960 avec l'arrivée des sympathicomimétiques, de produits à activité hormonale comme l'hormone de croissance, ou des corticoïdes. Sur l'épreuve d'athlétisme du 100 mètres, dans les années 1960, les performances connaissent un bond avant de se stabiliser dans les années 70-80. Mais les performances redécollent à partir des années 1980, soit au moment où l'EPO et de nouvelles hormones, anabolisants et produits masquant indétectables sont mis sur le marché.

Suite au décès de Knud Enemark Jensen aux JO de Rome en 1960, la fédération internationale de cyclisme effectua des contrôles officieux sur les cyclistes sélectionnés aux Jeux de Tokyo en 1964. Ces résultats ne furent jamais divulgués mais, à Mexico, lors des Jeux olympiques d'été de 1968 le CIO officialise les contrôles anti-dopage et oblige les femmes à se soumettre à des tests de féminité. Pour éviter les contrôles positifs aux JO de Montréal, les Soviétiques installent sur le Saint-Laurent, un bateau laboratoire, dont l'objectif était de vérifier les échantillons d'urine des sportifs soviétiques avant de les engager dans les compétitions. Il faudra attendre 1989, pour que le CIO mette en place les contrôles inopinés.

En 1998, un scandale (affaire Festina) éclabousse le Tour de France. Le soigneur de l'équipe cycliste Festina Willy Voet, à laquelle appartient Richard Virenque est interpellé à la frontière en possession de 500 doses de produits dopants et stupéfiants dont 235 ampoules d'EPO. Bruno Roussel, directeur sportif de l'équipe, avoue l'existence d'une « gestion concertée de l'approvisionnement des coureurs en produits dopants ». Le grand public découvre alors l'étendue de ces pratiques dopantes. Dans la publication des recherches (2000) menées sur les échantillons d'urine congelés des coureurs du Tour de France 1998, le laboratoire national de dépistage du dopage estime qu'« il est hautement vraisemblable que nous pourrions retrouver les traces d'une prise d'EPO sur un nombre élevé des 102 échantillons, peut-être même sur tous ». Suite à cette affaire, les contrôles sont renforcés et la France se dote d'une loi anti-dopage plus contraignante.

Plusieurs affaires de dopage suivront notamment en Italie avec le Blitz du Giro 2001, le procès de la Juventus, le procès du docteur Michele Ferrari (conseiller médical et ami de Lance Armstrong) ou l'affaire des veuves du Calcio et aux États-Unis avec l'affaire Balco (voir Tim Montgomery).

Il est maintenant quasiment prouvé (2005) que Lance Armstrong était sous EPO en 1999 (étude rétrospective d'urines[1]).

Aujourd'hui, associé aux contrôles inopinés, le suivi longitudinal des sportifs semble être l'arme la plus efficace pour lutter contre le dopage et ses pratiques masquantes, puisqu'il permet non plus de détecter les produits dopants, mais une modification anormale de la physiologie du sportif.

À noter que plusieurs sportifs affirment avoir été dopés à leur insu ; le centre de recherche de prévention du dopage de Cologne met en garde contre la présence de produits dopants dans des préparations dénommées compléments alimentaires[2] où on peut retrouver de l'ephedra sinica, de la sibutramine ou de la méthylhexaneamine, parfois des stéroïdes anabolisants (stanazolole, oxandrolone…) dans des tablettes de vitamine C. Il est fortement conseillé de ne pas se fier à l'étiquetage et de se renseigner auprès de centres de référence[3],[4],[5],[6].

Dopage d'État

Après la chute du mur de Berlin et l'ouverture des archives de la Stasi, on découvre que la RDA avait mis au point un vaste programme de dopage de ses sportifs. Les injections de testostérone et d'anabolisants étaient une pratique courante, voire systématique, y compris chez des enfants.

Aux États-Unis, suite à l'affaire de blanchiment de contrôles positifs par la Fédération américaine d'athlétisme révélée par le cas de Jerome Young en 2003, le Comité olympique américain a reconnu en 2003 que, depuis les années 80, 24 athlètes ont gagné des médailles olympiques après un contrôle positif laissé sans suite. Il faut y ajouter les neuf contrôles positifs mystérieusement disparus lors des Jeux olympiques d'été de 1984 à Los Angeles.

Dans les années 1990, les résultats des Chinois en natation surprennent. Une trentaine de nageurs chinois furent contrôlés positifs par la découverte, le 8 janvier 1998, par les douanes australiennes, de somatotropine (hormone de croissance indétectable) dans les bagages de la nageuse Yuan Yuan.

Les produits et techniques dopantes par effet recherché

Les pratiques dopantes sont généralement complémentaires et associées les unes aux autres augmentant par la même occasion les risques et les inconnues quant aux effets à long terme du dopage sur la santé.

Les connaissances quant aux effets dopants sont essentiellement empiriques et les études scientifiques restent rares à ce sujet[7].

Pour modifier la morphologie

Les hormones de croissance permettent de jouer sur la morphologie du sportif dans les disciplines où la taille est déterminante (basket-ball et volley-ball pour les sportifs de grande taille et cyclisme et haltérophilie pour ceux de petite taille). En RDA l'hormone de croissance était administrée très tôt dans la formation du sportif (à l'âge de 14 ans dans le cas de Petra Schneider, médaillée d'or du 400 m 4 nages en 1980).

Pour augmenter la force et la puissance musculaire

L'intérêt d'une masse musculaire plus importante semble évident : la puissance du sportif sera plus grande, ainsi que dans une certaine mesure sa résistance à l'effort.

Familles de produits permettant d'augmenter la masse musculaire :

  • les stéroïdes anabolisants (exemple : la THG (tétrahydrogestrinone) produite par le laboratoire Balco) ;
  • la créatine n'a aucun effet anabolisant ; elle n'est pas considérée comme un produit dopant, elle n'est pas interdite par les fédérations sportives, et est en vente libre dans les principaux pays européens, ainsi qu'aux États-Unis. Elle augmente la force musculaire de manière temporaire ; elle n'est pas stockée par les tissus musculaires et ne favorise donc pas l'augmentation de la masse musculaire ; souvent mise en avant par les sportifs elle s'avère être un « masquant médiatique » bien pratique pour dissimuler une prise d'anabolisants et justifier une augmentation suspecte de masse musculaire ;
  • les hormones de croissance permettent d'optimiser le rapport poids/puissance musculaire en fonction des disciplines sportives (par exemple, un cycliste cherche à limiter sa prise de poids lors de prises répétés d'hormones de croissance) ;
  • la grossesse aurait même été une méthode utilisée par certaines athlètes soviétiques et est-allemandes pour bénéficier du climat hormonal du début de grossesse. Ces jeunes sportives auraient ensuite subi une IVG après l'épreuve. En effet, en début de grossesse la masse sanguine augmente proportionnellement à la quantité globale d'hémoglobine et de plasma sanguin, ce qui aboutit à un meilleur transport d'oxygène par le sang sans modification de l'hématocrite.

Toutefois il n'existe aucune preuve formelle que cette pratique ait réellement existé.

Pour améliorer l'oxygénation

Le salbutamol est très utilisé dans tous les sports : environ 70 % des sportifs des JO de Lillehammer, en 1994, avaient un certificat médical qui les autorisait à prendre ce médicament afin de soigner leur asthme[8],[9] (de même que 87 % des sprinteurs aux JO d’Atlanta, alors qu’il n’y a que 2,7 % d’asthmatiques dans la population globale) ; on retrouve les mêmes proportions dans de nombreux autres sports, dont le cyclisme. Elle permet d'améliorer le passage de l'oxygène dans le sang, et donc d'en apporter plus aux muscles.

Le stage en altitude permet d'accroître le nombre de globules rouges dans le sang et, par conséquent, assure une meilleure oxygénation. Toutefois, cet effet bénéfique est perdu rapidement au retour à une altitude normale. Il est possible de prélever du sang au cours du séjour en altitude ou d'une cure d'EPO. Le sang est stocké jusqu'au déroulement des épreuves sportives. À ce moment-là, il est transfusé au sportif pour qu'il bénéficie à nouveau de l'avantage d'un plus grand nombre de globules rouges dans le sang. Une autre technique consiste à placer le sportif dans un caisson hypobare pour recréer artificiellement les conditions d'altitude et stimuler ainsi la production de globules rouges.

L'érythropoïétine (EPO) est une hormone naturelle stimulant la production de globules rouges, qui sont produits par la moelle osseuse. L'effet d'augmentation du nombre d'hématies se mesure par une élévation du taux d'hémoglobine et de l'hématocrite dans le sang. Une quantité élevée de transporteurs d'oxygène permet d'augmenter l'apport en O₂ aux tissus. L'inconvénient réside dans l'augmentation outrancière de l'hématocrite, pouvant provoquer des complications cardiovasculaires. Il a été intensivement utilisé dans le cyclisme – et probablement l'ensemble des sports d'endurance – dans les années 90.

Les perfluorocarbures (PFC) sont des transporteurs d'oxygène qui n'augmentent pas l'hématocrite, mais ces produits sont très dangereux. Ils ont pourtant été utilisés par l'Équipe Festina.

L'hémoglobine animale modifiée commercialisée depuis 1998 n'augmente pas non plus l'hématocrite et présente l'avantage de fonctionner dès l'absorption sans augmenter la viscosité du sang. Cela ne diminue pas pour autant les risques d'œdèmes pulmonaires ou cérébraux et d'hémorragies graves.

La transfusion homologue consiste à transfuser le sang d'un donneur au groupe sanguin et rhésus compatibles. Cette méthode est facilement détectable[10].

La transfusion autologue est basé sur le même principe que la transfusion homologue, mais utilise le sang de la personne dopée qui a été préalablement retiré et congelé en vue de son stockage. Il n'existe en 2007 pas de méthode de test permettant de déceler ce dopage. Le sang stocké nécessite un appareillage très lourd car il faut passer le sang dans une centrifugeuse afin d'éliminer le sérum du sang exploitable.

Pour accroître la concentration

Amphétamines, alcool, béta-bloquants sont utilisés pour vaincre le stress de la compétition ou augmenter la concentration du sportif, par exemple le propanolol.

Pour se dépasser

Stylo d'insuline

C'est dans la classe des narcotiques que l'on trouve les produits pour oublier la douleur, certains produits comme l'héroïne faisaient partie du « pot belge ». Les substances interdites les plus connues sont l'héroïne, la morphine et la méthadone.

Pour vaincre la sensation de fatigue :

Pour maîtriser le rythme veille-sommeil

L'usage militaire des amphétamines est bien connu, mais cet usage peut aussi être utile dans les disciplines demandant un important maintien de vigilance (Paris-Dakar, course de voile en solitaire…). Ils peuvent être associés aux benzodiazépines pour faciliter le sommeil après l'épreuve.

Pour perdre du poids

Les diurétiques permettent de perdre rapidement du poids par l'urine. Cela est très utile dans les sports où rentre en compte les catégories de poids comme la boxe ou lorsque celui-ci est un handicap (aviron (sport), équitation). Les diurétiques sont également de très bons masquants : ils permettent de diminuer la concentration des produits dopants détectés dans les urines. Mais leur usage n'est pas sans risque : problèmes cardiaques, rénaux, déshydratation, crampes…

Produits masquants

La Ventoline (salbutamol), outre ses vertus dopantes, masque les amphétamines.

Le probénécide, utilisé en thérapeutique comme urico-éliminateur, favorise l'élimination de nombreuses substances. Certains grands champions cyclistes (Pedro Delgado, leader du tour de France en 1988) ainsi que Romain Poinsot en 1990 échappèrent à la sanction, car ce produit n'était pas interdit par leur fédération.

De plus, le Propecia, sert également à masquer la prise de stéroïdes. Cependant, sa véritable utilité est d'empêcher la chute de cheveux causée par la calvitie. Il a été prouvé que le gardien de but de la LNH (hockey), José Théodore, en prenait. Il avait cependant une autorisation d'un médecin et de la ligue.

Autres

Certaines drogues sont également considérées d'un point de vue légal comme des produits dopant même si les bénéfices sur les capacités physiques sont nuls. C'est ainsi que certains sportifs sont positifs au contrôle antidopage après avoir fumé du cannabis. Même si la consommation en est interdite aux sportifs pour des raisons morales, leur effet relaxant peut, dans une certaine mesure, être dopant.

Pendant un temps, l'alcool a fait partie de la liste des produits interdits. Aujourd'hui, il n'est plus interdit que dans quelques sports avec un seuil de tolérance : Aéronautique (0,20 g/l), Automobile (0,10 g/l), Boules (0,10 g/l), Karaté (0,10 g/l), Motocyclisme (0,10 g/l), Motonautique (0,30 g/l), Pentathlon moderne (0,10 g/l) pour les épreuves comprenant du tir, Tir à l'arc (0,10 g/l).

Conséquences sur la santé

Le dopage met en danger la santé du dopé. Plusieurs coureurs cyclistes qui ont avoué avoir pris de l'EPO, ont raconté que leurs soigneurs les réveillaient la nuit pour leur faire faire de l'exercice. L'objectif est d'éviter un arrêt cardiaque à cause d'un effet secondaire du produit dopant. En effet, l'amélioration de l'oxygénation des muscles s'obtient grâce à une augmentation du nombre des globules rouges, ce qui épaissit le sang. Quand le cœur, au repos, ralentit, le sang devient de moins en moins fluide, et peut arrêter le cœur.

Dans son ouvrage le dopage en question, Jean-François Bourg indique que l'espérance de vie d'un joueur professionnel de football américain ne dépassait pas 55 ans dans les années 1990. Selon le docteur Jean-Pierre de Mondenard, qui a étudié les dossiers médicaux des participants du tour de France depuis 1947, pour les coureurs le risque de décès cardiaque avant 45 ans est cinq fois supérieur à la moyenne.

Cas célèbres et aspects juridiques

Évolution de la législation antidopage

Novembre 2007 : le Code mondial antidopage prévoit des amendes

Le Code mondial antidopage révisé, officiellement adopté en clôture de la Conférence de Madrid le 17 novembre 2007, prévoit la possibilité d’infliger des sanctions financières aux sportifs convaincus de dopage, selon Richard W. Pound, juriste rédacteur de ce texte. Chaque fédération internationale ou organisation nationale antidopage pourra, au terme de l’article 10.12 du nouveau Code, intégrer dans son règlement la possibilité d’infliger de telles sanctions et leurs modalités. Cependant, les « amendes » ne pourront en aucun cas être « considérées comme une raison de réduire une période de suspension ou une autre sanction » — comme une annulation de résultat —, prévoit la version révisée du Code mondial. L’imposition de sanctions financières était l’une des demandes des sportifs eux-mêmes et du Comité international olympique (CIO)[11]..

Janvier 2008 : peine de prison

Sans que cela ne soit directement législatif, mais plutôt une nouveauté jurisprudentielle, un tribunal américain a condamné pour la première fois une sportive à 6 mois de prison ferme, non pas directement pour son dopage illicite, mais pour parjure durant l'enquête dans l'affaire Balco, ainsi qu'au remboursement de 800 000 $ de primes à l'AAF.

Juillet 2011

Alors qu'ils n'étaient plus pratiqués depuis 2006[Pourquoi ?], la Fédération internationale de natation a décidé de réintroduire les contrôles sanguins[12].


Le dopage par sport

Suite à une mise au point du 30 juin 2005 de la CNIL et indépendamment de l'exactitude des faits, la publication (en France) d'une liste nominative de sportifs convaincus de dopage n'est pas permise, en raison de l'atteinte indéfinie qu'elle constitue à la considération des personnes et à l’intimité de leur vie privée.
La liste ci-dessous des sports concernés par le dopage n'est évidemment pas exhaustive.

Effets médiatiques sur les sports concernés

Une bannière de spectateurs lors du Tour de France 2006

Le dopage concerne principalement les sportifs de haut niveau, professionnels mais aussi amateurs. Ces dernières décennies, le dopage transparaît dans les médias lors de grands scandales : élimination de coureurs connus lors du Tour de France cycliste, trois footballeurs morts d'arrêt cardiaque en quelques mois fin 2003 et début 2004, etc.

Outre les morts prématurées de jeunes personnes ou les maladies développées (voir les athlètes féminines de l'ancienne RDA), ces scandales suscitent la crainte des sponsors des grands événements sportifs : ces entreprises prêtes à investir de fortes sommes pour que leur marque apparaissent le plus possible, ne veulent cependant pas que leur nom soit associé à des pratiques illégales.

Pour ne pas effrayer les sponsors, la « loi du silence » s'impose dans les équipes et les médias. Les instances sportives sont également complices :

  • les fédérations de nombreux sports renoncent quasiment aux contrôles, celle du base-ball autorisant même le dopage jusqu'à il y a peu de temps, sans parler du culturisme ;
  • les fédérations sont curieusement aveugles lorsqu'elles ne remarquent pas les arcades sourcilières saillantes et le menton anormalement fort de certains sportifs, signe d'imprégnation à l'hormone de croissance ;
  • il a fallu attendre l'intervention de la police et des douanes au tour de France et d'Italie pour que le scandale du dopage dans le cyclisme éclate au grand jour ;
  • aux Jeux olympiques de Moscou, en 1980, ainsi qu'à la Coupe du monde de football de 1998 en France, il n'y eu aucun cas de dopage reconnu ;
  • lorsqu'un cas de dopage est trop visible, les fédérations préfèrent écarter le sportif sans vagues après une victoire (Le retrait brutal de Florence Griffith Joyner en pleine gloire et sans jamais avoir été officiellement contrôlée positive laisse perplexe) ;
  • une population de 24 000 footballeurs italiens présente un taux à la SLA (sclérose latérale amyotrophique, maladie mortelle) de 45, contre 0,61 cas attendus ;
  • le contrôle d'hématocrite accepte un taux de 50 %, alors que la plupart des gens ont 45 %.

Hématocrites : homme 42 à 54% femme 37 à 47% (valeurs de référence du centre des concours de l'internat, au-dessus il s'agit de valeurs pathologiques, au-dessus de 50 il n'y a pas de problèmes de santé mais ce sont des valeurs anormales).

Statistiques

Les statistiques restent difficiles, la pratique étant souvent cachée. Elles reposent le plus souvent sur des questionnaires anonymes. Les stéroïdes anabolisants auraient été utilisés par un à trois millions d'américains[13].D'autres sondages montrent qu'entre 1 à 5% des adolescents américains ont pris occasionnellement des stéroïdes dans un but de dopage[14]. Ces chiffres peuvent dépasser 10% dans certains types de population (utilisateurs de salles de sports allemands[15]).

Un autre moyen indirect d'estimer l'importance de sa pratique est d'analyser les demandes individuelles de renseignements auprès d'organismes spécialisés dans l'information sur le dopage : en Suède, près d'un tiers des questions émanent de gymnastes à propos des stéroïdes[16].

Dans le cyclisme, un des rares sports où les contrôles sont fréquents, près de 1000 coureurs professionnels ayant été impliqués dans des affaires de dopage ont été répertoriés[17]. Depuis la fin des années 1990, on compte en moyenne plus de 60 cas chaque année. Peu de comparaisons sont possibles avec d'autres sports, le suivi n'étant pas le même.

Notes et références

  1. Armstrong dans la tourmente sur le site de L'Équipe
  2. Abstract de l'article
  3. Centre de référence de Cologne
  4. entre de référence aux Pays-Bas
  5. Centre de référence en Angleterre
  6. Centre de référence aux États-Unis
  7. Sjöqvist F, Garle M, Rane A, Use of doping agents, particularly anabolic steroids, in sports and society, Lancet, 2008;371:1872-1882
  8. L'allarme del CIO sull'abuso del salbutamolo
  9. Revue de presse du 10 août 2000 - revue de presse - MILDT
  10. « Une situation surréaliste » - Entretien avec Gérard Dine professeur de biotechnologies à l'école Centrale de Paris qui explique ce que sont les transfusions homologues dans le dopage - Le Figaro, 24 juillet 2007
  11. « Un nouveau code mondial pour lutter contre le dopage », swissinfo.ch, 17 novembre 2007.
  12. « Les contrôles sanguins réintroduits aux Mondiaux de natatio », dans Le Monde, 16 juillet 2011 
  13. Tokish JM, Kocher MS, Hawkins RJ, Ergogenic aids: a review of basic science, performance, side effects, and status in sports, Am J Sports Med, 2004;32:1543-1553
  14. Thiblin I, Petersson A, Pharmacoepidemiology of anabolic androgenic steroids: a review, Fundam Clin Pharmacol, 2005;19:27-44
  15. Striegel H, Simon P, Frisch S, et als. Anabolic ergogenic substance users in fitness-sports: a distinct group supported by the health care system, Drug Alcohol Depend, 2006;81:11-19
  16. Eklöf AC, Thurelius AM, Garle M, Rane A, Sjöqvist F, The anti-doping hot-line, a means to capture the abuse of doping agents in the Swedish society and a new service function in clinical pharmacology, Eur J Clin Pharmacol, 2003;59:571-577
  17. Cyclisme & Dopage - L'annuaire du dopage

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

Travaux académiques

  • Christophe Brissonneau, Olivier Aubel, Fabien Ohl, L'épreuve du dopage. Sociologie du cyclisme professionnel, Presses universitaires de France, coll. « Le lien social », 2008, 304 p.
  • Alain Ehrenberg, Le Culte de la performance, Calmann-Lévy, 1991
  • Jean-Pierre De Mondenard, Dictionnaire du dopage, substances, procédés, conduites, Éditions Masson, 2004, 1138 p.
  • Patrick Laure, Le dopage, Presses Universitaires de France, 1995
  • L’Éthique du sport en débat. Dopage, violence, spectacle, Philippe Liotard, Suzanne Laberge, Joël Monzée (dir.) Éthique publique, Montréal, Québec, numéro spécial, vol. 7, n°2, automne 2005.
  • Jean-Noël Missa avec Pascal Nouvel: Philosophie du dopage, Éd. : Presses Universitaires de France , 2011, ISBN 2130584381

Témoignages

  • Daniel Baal, Droit dans le mur. Le cyclisme mis en examen, Éditions Glénat, 1999
  • Erwann Menthéour, Secret défonce. Ma vérité sur le dopage, J.-C. Lattès, 1999
  • José Touré, Prolongations d'enfer, Jean-Claude Lattès, 1998
  • Willy Voet, Massacre à la chaîne. Révélations sur 30 ans de tricheries, Calmann-Lévy, 1999

Liens externes


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