Deuxieme Guerre punique

Deuxieme Guerre punique

Deuxième Guerre punique

Deuxième guerre punique
Second Punic War full-fr.svg
Plan de la seconde guerre punique
Informations générales
Date -218 à -202
Lieu Italie, Sicile, Hispanie, Gaule cisalpine, Gaule transalpine, Afrique, Grèce
Changements territoriaux Prise par les Romains de l'Ibérie des Barcides et des îles Puniques, la Numidie un allié indépendant de Rome.
Issue Victoire romaine décisive
Belligérants
République romaine Carthage
Commandants
Publius Cornelius Scipio†,
Tiberius Sempronius Longus
Scipion l'Africain,
Flaminius Nepos†,
Fabius Maximus,
Claudius Marcellus†,
Lucius Aemilius Paullus†,
Caius Terentius Varro,
Marcus Livius Salinator,
Gaius Claudius Nero,
Gnaeus Cornelius Scipio Calvus†,
Massinissa,
Minucius+,
Geminus+,
Regulus+
Hannibal Barca,
Hasdrubal Barca†,
Magon†,
Hasdrubal Gisco†,
Maharbal,
Syphax,
Hannon†,
Massinissa,
Hasdrubal
Guerres puniques
Batailles
Sagonte — Tessin — La Trébie — Lac Trasimène — Cannes — Nola (1re) — Nola (2e) — Nola (3e) — Capoue (1re) — Silarus — Herdonia (1e) — Bétis — Capoue (2e) — Herdonia (2e) — Cissé — Numistro — Ausculum — Baecula — Grumentum — Métaure — Ilipa — Crotone — Zama

La deuxième guerre punique, (218-202 av. J.-C.) est le deuxième des trois conflits (les guerres puniques) qui opposèrent Rome à Carthage.

Les grandes figures de cet affrontement sont célèbres. Du côté carthaginois, le général Hannibal Barca passa avec ses éléphants les Pyrénées, le Rhône et les Alpes, et remporta une série de victoires sur les légions romaines. Du côté romain, les Scipion menèrent des contre-attaques décisives en Espagne, puis en Afrique. Hannibal fut finalement battu par Scipion l'Africain à la bataille de Zama.

Sommaire

Rivalité entre Rome et Carthage dans la Méditerranée occidentale

Rome profite de la guerre des mercenaires, qui fit rage trois années durant à Carthage à peine la première guerre punique terminée, pour annexer la Sardaigne et la Corse. Elle devient une grande puissance maritime.

De leur côté, les Carthaginois s'étendent rapidement dans le sud de l'Espagne, sous la conduite des Barcides (famille des Barca, dont Hamilcar Barca et Hannibal Barca). Avec le bassin fertile du Guadalquivir, les mines de plomb argentifère de la Sierra Morena et de Carthagène, et des indigènes soumis mais combatifs, cette région est un réservoir de blé, de métaux précieux et de soldats appréciés. Elle redonne à Carthage sa puissance économique, commerciale et militaire.

Ce renforcement carthaginois préoccupe Rome, et le parti des Aemilii et des Cornelii envisage une nouvelle guerre pour y mettre un terme.

Déclaration de guerre (-219)

Hannibal - Double shekel d'argent, vers -230, British Museum.

Le prétexte du déclenchement fut le siège en 219 avant J.C. de la cité de Sagonte, alliée de Rome, par les Puniques. Cependant, selon le traité de 241 avant J.C. délimitant les zones d'influence respectives des deux puissances rivales, Rome n'aurait pas dû contracter d'alliance au sud de l'Ebre. Il semble que Rome ait ici profité d'une imprécision du traité, et ait interprété cette clause en considérant que la rivière citée n'était pas l'Èbre coulant au Nord de l'Espagne, mais un fleuve côtier situé au Sud de Sagonte. Dans ce cas, c'est évidemment Carthage qui se trouvait en tort. Cet artifice permettait à Rome de ne pas se parjurer, et de maintenir la paix des dieux. Tite-Live présente ainsi la prise de Sagonte comme une agression délibérée d'Hannibal contre les intérêts romains.

Campagne d'Hannibal (-218 -216)

Expédition pour parvenir en Italie

Parcours d'Hannibal Barca, de l'Espagne carthaginoise vers l'Italie romaine, puis de retour à Carthage

Dans un premier temps, Hannibal établit un dépôt de réserves près de Tarragone, en Espagne. Il prépare une armée de 50 000 fantassins, de 9 000 cavaliers et 37 éléphants (60 000 fantassins et 11 000 cavaliers selon Polybe). L’infériorité navale carthaginoise l’oblige à choisir une voie terrestre pour attaquer l’Italie. Au printemps 218 av. J.-C., il commence la marche sur Rome au travers des Pyrénées.

La région celtique qu'Hannibal doit traverser entre les Pyrénées et le Rhône est pour le moins bienveillante sinon neutre, les populations trouvant là l'occasion d'un commerce de fournitures avantageux. L'arverne Luernios, prince le plus puissant de la Gaule transalpine, a en effet des griefs contre Rome dont la puissance tend à limiter son influence politique dans les échanges commerciaux avec les cités gauloises de la Cisalpine. Mais les territoires alliés de la future province romaine, fidèles à Rome, harcèlent l'armée carthaginoise qui doit s'éloigner de la côte pour éviter Marseille. Hannibal perd 12 000 fantassins et 1000 cavaliers. Luernios fournit alors à Hannibal des guides pour traverser les Alpes par le Nord.

De son côté, Rome avait élaboré un plan de campagne, avec toutefois des effectifs réduits :

  • deux légions et des troupes auxiliaires (environ 25 000 hommes), sous le commandement du consul Tib. Sempronius Longus, devaient profiter de la supériorité navale romaine pour débarquer en Afrique et attaquer directement Carthage.
  • Publius Cornelius Scipion conduirait une mission d'interception, avec les mêmes effectifs : partant de Pise, il navigue vers la Gaule pour tenter d'empêcher Hannibal de pénétrer en Italie.

Mais la révolte des Gaulois Boïens en Cisalpine récemment soumis et qui espèrent l’arrivée des Carthaginois retarde la mobilisation des troupes de Scipion.

La rencontre des forces romaines et carthaginoises en Gaule se limite à un accrochage de détachements de cavalerie envoyés en reconnaissance. Hannibal surprend en passant par les Alpes. Franchir les Alpes à mi-octobre, sous le harcèlement des autochtones, alors que les premières neiges de l'automne tombent, se révèle terriblement éprouvant: 25 éléphants y meurent, au cours des 9 jours de montée et des 6 jours de descente (18 jours en tout, si l'on suit Tite-Live), et deux autres meurent quelques jours après. (Selon d'autres sources, des éléphants survécurent au moins jusqu'à la Bataille de la Trébie). Après cinq mois de trajet, c'est une armée épuisée qui arrive en Italie, bien accueillie par les Gaulois : 20000 fantassins et 6 000 cavaliers.

Rome est contrainte de réviser son plan de manœuvre :

  • Publius Cornelius Scipion doit rebrousser chemin à Marseille avec une partie de son armée, l'autre partie naviguant vers l'Espagne sous le commandement de son frère, Gnaeus Cornelius Scipio Calvus.
  • L'armée du consul Sempronius revient de Sicile où elle stationnait.

Victoires d'Hannibal

Lieux de batailles de la deuxième guerre punique

Publius Cornelius Scipio, de retour en Italie, franchit le Pô en octobre (où Hannibal perd un œil) 218 av. J.-C. pour affronter Hannibal. C'est la Bataille du Tessin, au cours de laquelle les Romains sont défaits.

Hannibal poursuit sa marche. Les armées de Sempronius et de Publius Cornelius Scipio opèrent leur jonction, et à nouveau affrontent Hannibal, le 25 décembre 218 av. J.-C., pour essayer d'arrêter son avancée. C'est la bataille de Trébie, une défaite terrible pour les Romains : ils perdent au moins 20 000 hommes. Hannibal vainqueur reçoit le ralliement de nombreux Gaulois, qui complètent ses effectifs.

En 217 avant JC Hannibal pénètre en Étrurie, une nouvelle armée de quatre légions, conduite par le consul romain Flaminius entre en jeu. Mais elle tombe, le 21 juin 217 avant J.-C., dans un piège : sur les bords du lac Trasimène (Traesinum ?), l'armée d'Hannibal surgit des brumes et surprend l'armée romaine en ordre de marche. Les Romains perdent de 15 000 à 20 000 légionnaires, massacrés ou noyés, Flaminius est tué; Hannibal fait autant de prisonniers.

Cette année 217, le seul succès romain vient d'Espagne : Gnaeus Cornelius Scipio Calvus y détruit les réserves d'Hannibal.

Fabius Cunctator et Cannes

Hannibal libère ses prisonniers italiens, espérant susciter d’autres ralliements de peuples soumis aux Romains, mais en vain. Il continue sa marche vers le Sud, comptant sur des alliances avec les Apuliens et les Lucaniens.

Devant la gravité de la défaite de Trasimène, les comices centuriates nomment dictateur Quintus Fabius Maximus Verrucosus surnommé Cunctator, le Temporisateur, qui applique alors une stratégie d'usure, suivant les déplacements d’Hannibal qui pille la Campanie et le Samnium, tout en évitant l’affrontement direct.

En 216, le commandement revient normalement à deux consuls. Le consul Varron, contre l'avis du consul Paul Émile décide d'un affrontement à Cannes, le 2 août 216. L’habileté tactique d’Hannibal a raison de la supériorité numérique romaine. Selon les sources, de 45 000 à 60 000 légionnaires romains et alliés périssent, sur un effectif de 86 000, à l'issue de cet affrontement qui compte parmi les plus grands de l'Antiquité, et qui reste la plus grande défaite des Romains. Il faut ajouter 10 000 prisonniers, et la mort de Paul Émile et de 80 sénateurs. Les pertes carthaginoises se situeraient entre 5 700 et 8 000 hommes selon les mêmes sources, pour 50 000 hommes engagés.

L'ampleur de la défaite romaine entraîne la défection de l’Apulie, du Samnium, de la Lucanie et du Bruttium. La perte d'un aussi grand nombre de sénateurs aura aussi des conséquences sur la société romaine. À l’automne 216, Capoue s’ouvre aux Carthaginois, et Hannibal y prend ses quartiers d'hiver. Mais si ces transfuges ravitaillent son armée, ils ne sont pas décidés à prendre part à la guerre à ses côtés. C'est le célèbre épisode dit des "délices de Capoue". Hannibal attend des renforts, mais il ne peut prendre le contrôle ni de Naples, ni de Brindisi, ni de Rhegium, ports où s’accrochent les garnisons romaines. La flotte carthaginoise qui de surcroît redoute les navires de guerre romains ne peut lui acheminer des renforts.

Enlisement en Italie - Alliances et sièges (215-209)

Rome est protégée efficacement par le Latium, l’Ombrie, l’Étrurie restés fidèles. Les pertes humaines considérables sont compensées par de nouvelles levées auprès des cités alliées, et même par enrôlement d'esclaves volontaires et affranchis pour l'occasion. Ces troupes inexpérimentées ne permettent pas d'engager une offensive. Fabius Cunctator, consul en 215 puis en 214, verrouille les passages entre la Campanie et le Latium. La guerre en Italie devient une guerre de positions, l’issue du conflit va se décider sur d’autres théâtres d’opérations.

En -215, à Carthage, Magon, frère d’Hannibal, obtient bien des troupes et de l’argent, mais il doit prendre la voie de l’Espagne pour rejoindre Hasdrubal. Des Carthaginois débarquent en Sardaigne, escomptant un soulèvement indigène contre les Romains, mais ils sont anéantis. Seul un petit contingent venu de Carthage avec quelques éléphants peut accoster la côte italienne à Locres en 215, et rejoindre Hannibal.

Première guerre macédonienne

Hannibal emploie la diplomatie, et au printemps 215 noue une alliance avec Philippe V de Macédoine. Informés par hasard par la capture des émissaires macédoniens, les Romains bloquent toute tentative de débarquement macédonien avec une escadre de 50 navires basée à Brindisi. Philippe V, dépourvu de flotte de guerre, est réduit à l'attente d'une intervention navale carthaginoise, qui ne viendra jamais. Cette guerre macédonienne est incise dans la seconde guerre punique. Philippe V ne parvient pas à s’emparer des positions romaines de Dyrrachium et Apollonia sur la côte illyrienne, tandis que les Romains le mettent en difficulté sur ses arrières, en s'alliant avec la ligue étolienne en 212 moyennant un soutien naval romain, puis avec les villes grecques de Sparte, Messène et Elis en 211, et même avec Attale Ier roi de Pergame en 209. Lorsqu’en 205, l’échec carthaginois fut patent, le Sénat romain et Philippe V signèrent la paix.

Article détaillé : Première guerre macédonienne.

Syracuse

Italie du Sud, théâtre de la guerre

En Sicile, la diplomatie carthaginoise fait basculer Syracuse dans son camp. Alors que Hiéron II était un allié fidèle de Rome, son petit-fils Hiéronyme, héritier du trône, conseillé par ses deux oncles, préfère se rapprocher des Carthaginois. Cependant, la conduite scandaleuse de Hiéronyme provoque une sédition et il est assassiné en 214. Ceci entraîne des troubles dans la ville et finalement, toute la famille royale est massacrée. Les Carthaginois en profitent pour prendre le contrôle de la cité et, de là, tenter de reconquérir la Sicile. La prise de contrôle s'effectue plutôt par voie diplomatique, en retournant les alliances, que par des combats militaires.

Le consul Marcus Claudius Marcellus ne parvient pas à rétablir l'alliance avec Syracuse par la négociation, et au printemps 213 commence le siège de Syracuse. Dans le même temps, une armée carthaginoise de 25 000 hommes et 3 000 cavaliers débarque en Sicile, commandée par Himilcon. Il occupe Agrigente, mais ne peut faire lever le siège de Syracuse. Une épidémie décime ensuite son armée. La flotte carthaginoise ravitaille plusieurs fois Syracuse, mais retourne à chaque fois vers Carthage, redoutant un combat naval avec la flotte de guerre romaine.

En 212, Marcellus finit, après un long siège et de nombreuses péripéties par reprendre Syracuse, la plus belle et la plus illustre des villes grecques[1], qu'il livre partiellement au pillage. Le grand savant Archimède est, selon une légende rapportée par Tite-Live, tué pendant le sac par un soldat qui ne le connaissait pas alors qu'il était en train de contempler des figures géométriques dans le sable. Toutes les œuvres d’art de la ville, publiques ou appartenant à des particuliers, sont transférées à Rome[2].

Les Romains s'assurent la fidélité de leurs alliés siciliens tentés par une alliance avec Carthage par différents moyens, y compris par le massacre « préventif » des habitants d'Enna : Alors on égorgea les habitants d'Enna parqués dans le théâtre. [...] C'est ainsi que l'on garda Enna : je ne sais si ce fut un crime affreux ou une mesure indispensable.[3].

Tarente

Lors de l'hiver 213/212, Tarente ouvre ses portes à Hannibal. Toutefois la garnison romaine retranchée dans la citadelle verrouille l'accès du port. Hannibal parvient enfin à se donner un accès à la mer, en s'emparant des cités côtières voisines de Métaponte, Héraclée et Thourioi. Si la flotte punique parvient à embarquer les troupes de Philippe V de Macédoine, elle pourra les débarquer en Italie du Sud. Mais en 211, la flotte de Bomilcar ravitaille une dernière fois Syracuse assiégée et se contente de bloquer la citadelle de Tarente, restant à l’écart de la flotte romaine de Brindisi.

Capoue

Profitant de la fixation d'Hannibal sur Tarente, les Romains reprennent pied en Campanie et assiègent Capoue une première fois en 212, mais Hannibal les bat. En 211, ils reprennent leur blocus, que Hannibal ne peut rompre. Ce dernier tente alors un raid de diversion en se dirigeant sur Rome avec sa cavalerie. Aucune force ne s’interpose, les Romains refusent toujours une bataille rangée frontale.

Hannibal ad portas ("Hannibal est à nos portes") rapporte Tite-Live. Le Sénat s'empresse d'organiser la défense de la ville derrière ses murailles. La cavalerie d’Hannibal campe près de Rome, mais faute de machines de siège, elle doit rebrousser chemin vers l'Italie du sud.

Les Romains n'ont pas levé leur siège autour de Capoue : la diversion d'Hannibal a échoué. Capoue capitule en 211. En punition de sa trahison envers Rome, toutes ses terres sont confisquées et rattachées à l’ager publicus. Enfin, en 209, Fabius Cunctator réoccupe Tarente. La répression est plus sévère qu’à Capoue : Tarente est pillée, et 30 000 habitants sont vendus comme esclaves.

Les Scipions en Espagne (218-206)

Offensive romaine en Espagne

Les frères Gnaeus Cornelius Scipio Calvus et Publius Cornelius Scipio avaient bien évalué l’importance de l’Espagne. Ils s'y rendent et remportent en 217 une victoire navale à l’embouchure de l’Ebre, puis reprennent Sagonte. Ils empêchent Hasdrubal de rejoindre son frère Hannibal, et suscitent en 215 une guerre du roi numide Syphax contre les Carthaginois.

Mais en 212, Hasdrubal, le frère d'Hannibal, soumet Syphax, et trois armées carthaginoises passent en Espagne. Les frères Scipions sont battus et tués en 211 av. J.-C., les forces romaines battent en retraite sur l’Ebre.

À Rome, le jeune Cornelius Publius Scipion, fils de Cornelius Publius Scipion, qui deviendra connu sous le nom de Scipion l'Africain entre alors sur la scène. Quoique n’ayant jamais été consul, il obtient un pouvoir proconsulaire pour l’Espagne en 210. En 209, il prend le port de Carthagène, avec le trésor de guerre et les otages ibères détenus par les Carthaginois. La libération de ces otages permet de gagner le soutien de peuples ibères contre Carthage (voir l'épisode du chef ibère Allutius). En 208, Scipion affronte Hasdrubal à Baecula, qui parvient malgré ses pertes à percer en direction du Nord pour rejoindre son frère.

Expédition de secours d'Hasdrubal

Hasdrubal quitte l'Espagne avec une armée de 60 000 hommes, et prend ses quartiers d’hiver en Gaule. Au printemps 207, Hasdrubal est en Italie prêt à opérer sa jonction avec Hannibal dans le Sud de l’Italie. Très audacieusement, le consul Caius Claudius Néron laisse un rideau de troupes devant Hannibal, remonte au Nord avec ses meilleures légions se joindre à l’autre consul Livius Salinator. Tous deux rencontrent et anéantissent l'armée d'Hasdrubal lors de la bataille du Métaure. Hasdrubal meurt dans la bataille, il est décapité une fois son corps retrouvé. Le consul Caius Claudius Néron se hâte de revenir à son camp et fait jeter la tête d'Hasdrubal devant le camp d'Hannibal[4].


L'année suivante en 206, Scipion se rend en Afrique à la cour du roi Numide Syphax, pour conclure un traité. Plus tard il s'allie avec le numide Massinissa qui en Espagne combattait avec les Carthaginois. Massinissa retourne chez les Carthaginois, mais l'alliance avec les Romains portera ses fruits plus tard lorsque Scipion mènera la guerre en Afrique. Alors qu'Hasdrubal Gisgo est déjà passé en Afrique avec les restes de son armée, Scipion bat les dernières forces carthaginoises commandées par Magon à Ilipa, et s'empare de Gades (Cadix), achevant la conquête de l’Espagne carthaginoise. Magon s’enfuit avec la flotte vers les Baléares. De là il débarque en 205 avec 12 000 hommes dans le golfe de Gênes. Magon s'empare de la ville et essaie de dresser les Ligures et les Gaulois contre les Romains. Bien qu'il parvienne à s'attirer l'amitié de ces peuples, il ne réussit pas à générer un soulèvement général. Les armées romaines effraient trop ces peuples. En 203, le préteur Publius Quinctilius Varus et le proconsul Marcus Cornelius Cethegus livrent bataille à Magon sur le territoire des Gaulois Insubres. La bataille est incertaine jusqu'à ce que Magon soit blessé à la cuisse. Les Carthaginois et leurs alliés, qui avaient osé braver les Romains, fuient. A la faveur de la nuit, Magon se réfugie chez les Ligures. Là il est rappelé par Carthage et doit quitter l'Italie avec son armée. Il devait secourir sa patrie contre Scipion. Mais, durant le trajet Magon meurt de sa blessure.

Dénouement en Afrique (205-201)

Scipion l'Africain

Revenu d’Espagne couvert de gloire, Scipion est candidat à l'élection comme consul pour 205, quoiqu'il n'ait pas l'âge légal. Son programme est une expédition en Afrique sur le territoire de Carthage. Malgré l’opposition de Fabius, le Sénat lui accorde le gouvernement de Sicile et deux légions. Scipion consacre l'année 205 et le début de 204 à compléter ses effectifs, faisant même appel à des volontaires - forme de recrutement exceptionnelle à l'époque - et à préparer son expédition. L’événement marquant de 205 sera la conclusion d’une paix de statu quo avec Philippe V de Macédoine.

Scipion débarque près de Carthage en 204 il s'allie avec un roi numide Massinissa. Ses débuts sont laborieux : il échoue à prendre Utique et doit hiverner sur un promontoire de la côte entre Utique et Carthage. L'année suivante en 203, il attaque les camps Carthaginois et Numides, puis bat une armée carthaginoise commandée par Hasdrubal Gisco et Syphax au Grandes Plaines. Puis Massinissa et Laelius capture le roi numide Syphax près de Cirta en juin. Carthage sent que la guerre est perdue et négocie avec Scipion. Elle accepte les conditions qu'il lui impose :

  • évacuation des forces carthaginoises présentes en Italie et en Gaule cisalpine
  • abandon de l'Espagne
  • cession de sa flotte, sauf 20 navires
  • paiement d'une indemnité de 5 000 talents

Tandis que les ambassadeurs carthaginois vont à Rome faire ratifier ce traité par le sénat romain, Hannibal et Magon quittent l'Italie avec leurs armées en 203. À Rome même, les adversaires politiques de Scipion qui lui reprochent d’avoir pris l’initiative de décider seul des conditions de la capitulation de Carthage font traîner les pourparlers en longueur, et la paix n'est pas encore signée en 202. C'est alors qu'un incident mineur rompt la trêve : coupée de son arrière-pays, Carthage est affamée. Un navire de ravitaillement romain en perdition est arraisonné. Le conflit redémarre.

La rencontre des deux armées a lieu à la bataille de Zama en 202, les Romains, inférieurs en nombre mais aidés de la cavalerie numide de Masinissa, remportent la victoire sur les Carthaginois. Pour honorer sa victoire, les Romains ajoutent le surnom Africanus au nom de Scipion, devenu dès lors Scipion l'Africain. De nouvelles conditions de paix sont imposées à Carthage, plus dures encore que les précédentes :

  • abandon de l'Espagne et des Baléares
  • cession de sa flotte, sauf 10 navires
  • paiement d'une indemnité de 10 000 talents, sur 50 ans
  • interdiction de toute action militaire sans l'assentiment de Rome

Analyse du succès romain

Rome a gagné contre Hannibal, que l'histoire met au rang des grands stratèges et des fins tacticiens. Il séjourna 15 ans sur le sol romain, sans pouvoir amener Rome à la capitulation. Parmi les raisons du succès romain, on peut citer :

  • le refus de la classe politique romaine de s'admettre jamais vaincue, même si elle se divisa sur la stratégie à adopter, offensive ou défensive
  • la capacité de recrutement romaine, comblant constamment ses pertes, mobilisant jusqu'à 25 légions, au prix d'une pression épuisante sur ses alliés
  • la maîtrise maritime, qui permit de garder le contact avec l'armée envoyée en Espagne, tandis que la flotte punique n'osa jamais un affrontement naval. Cette maîtrise lui assura aussi son ravitaillement en blé depuis la Sicile, la Sardaigne et l’Espagne, ainsi que ses contacts diplomatiques avec les adversaires de Philippe V
  • la fidélité des peuples alliés entourant Rome d'un glacis protecteur et de la plupart des ports d'Italie du Sud.

Carthage engagea bien des forces importantes à plusieurs reprises, et noua des alliances dangereuses pour Rome, mais elle ne put réaliser une coordination efficace de ses moyens, faute de maîtriser ses liaisons avec Hannibal et Philippe V.

Anecdotes

  • Après le désastre de Cannes en 216, afin d'apaiser les dieux, les Romains pratiquèrent (seul cas connu dans leur longue histoire) un sacrifice humain : un couple de Gaulois et un couple de Grecs furent murés vivants dans une enceinte de pierre qui avait déjà servi auparavant à des sacrifices humains, contraires à la religion romaine[5]
  • En 204 av. J.-C., au plus fort de la guerre, les Romains, obéissant à une prophétie des livres Sibyllins, et à un oracle de Delphes, envoyèrent des ambassadeurs à Pessinonte : ils étaient chargés d'une mission délicate, rapporter à Rome la pierre sacrée qui représentait Cybèle car elle devait leur apporter la victoire.
  • l'auteur de science-fiction Poul Anderson imagine dans La Patrouille du temps un monde où les Carthaginois ont gagné la deuxième guerre punique. Les civilisations dominantes ont pris une orientation purement maritime, et l'Empire romain n'a jamais existé. L'origine de cette altération est la mort des Scipions à la bataille de la Trébie.

Notes et références

  1. Tite-Live XXV-29
  2. Polybe, Histoire, IX, 10
  3. Tite-Live XXIV-39
  4. De urbe condita : livre 27 / Tite-Live. Traduction d'Eugène Lasserre, Paris, 1949
  5. Tite-Live, Histoire romaine, XXII-57

Voir aussi

Liens internes

Bibliographie

  • B. Combet Farnoux, Les guerres puniques, PUF, Que sais-je ? N° 888

Liens externes

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