Deng Xiaoping

Deng Xiaoping
Dans ce nom chinois, le nom de famille, Deng, précède le prénom.
Deng Xiaoping
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Deng Xiaoping en 1979

Mandats
3e président de la Commission militaire centrale
28 juin 19819 novembre 1989
Premier ministre Zhou Enlai
Hua Guofeng
Zhao Ziyang
Prédécesseur Hua Guofeng
Successeur Jiang Zemin
3e président de la Conférence consultative politique du peuple chinois
8 mars 197817 juin 1983
Prédécesseur Zhou Enlai
Vacant (  1976-  1978)
Successeur Deng Yingchao
3e vice-premier ministre de la République populaire de Chine
 1975 1983
Prédécesseur Lin Biao
Successeur Wan Li
Secrétaire général du Parti communiste chinois
septembre 1956mars 1967
Prédécesseur Zhang Wentian (en  1943)
Successeur Hu Yaobang
Biographie
Nom de naissance Dèng Xiǎopíng
鄧小平
Surnom Le petit géant
Le petit timonier
Date de naissance 22 août 1904
Lieu de naissance Guang'an, Sichuan, Chine
Date de décès 19 février 1997 (à 92 ans)
Lieu de décès Pékin, République populaire de Chine
Nationalité Drapeau de Chine Chine
Parti politique Parti communiste chinois
Conjoint Zhang Xiyuan (张锡瑗) (1928-1929)
Jin Weiying (金维映) (1931-1939)
Zhuo Lin (1939-1997)
Enfants Deng Lin
Deng Pufang
Deng Nan
Deng Rong
Deng Zhifang
Signature Deng Xiaoping Sign.png

Deng Xiaoping ou Teng Hiao-Ping ou Teng Hsiao-Ping (chinois traditionnel 鄧小平, simplifié 邓小平, pinyin dèng xiǎopíng écouter la prononciation en mandarin, EFEO Teng Hiao-Ping, Wade-Giles Teng Hsiao-p'ing) (22 août 1904 - 19 février 1997) a été le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) de 1956 à 1967 et plus tard le dirigeant de facto de la République populaire de Chine de 1978 à 1992. Bien que retiré ensuite des affaires, il demeura un référent pour le régime jusqu'à son décès.

Né dans une famille de fermiers à Guang'an dans le Sichuan, Deng étudia ensuite en France dans les années 1920 où il fut influencé par le marxisme. Il rejoint le Parti communiste chinois en 1923.

Deng Xiaoping est généralement considéré comme étant à l'origine du développement économique de la Chine actuelle[1].

Sommaire

Enfance et jeunesse

Enfance au Sichuan

Deng Xiaoping est né sous le nom de Deng Xixian, le 22 août 1904, dans la petite ville de Guang'an, dans la province du Sichuan, à environ 160 km de Chongqing. Sa famille d'origine hakka est depuis de nombreuses générations implantée dans le Sichuan[2]. Certains ancêtres de Deng ont même été localisés au Xian de Mei[3]. Son père, Deng Wenming, propriétaire terrien de moyenne importance, a étudié à l'Université de droit et de science politique de Chengdu. Sa mère, qui se nomme Dan, meurt rapidement, laissant derrière elle Deng Xiaoping, ses trois frères et ses trois sœurs[4].

À l'âge de cinq ans, le petit Xiaoping est envoyé dans une école privée démodée, avant de rejoindre une école primaire plus moderne à sept ans et enfin l'école secondaire de son conté. En 1919, Wu Yuzhang, responsable à Chongqing du mouvement Travail-Études qui envoie des jeunes chinois étudier en France, le repère et l'intègre dans le programme, avec son oncle Deng Shaosheng de trois ans plus aîné[5]. Après une année d'enseignement du Français, Deng Xiaoping rejoint Shanghai et débarque en France le 19 octobre 1920, à Marseille, avant de rejoindre Paris en train[5]. Il est fortement soutenu par son père dans cette entreprise qui lui confie comme mission d'apprendre de l'occident pour sauver la Chine en prise à d'importants troubles[6].

D'autres dirigeants chinois comme Zhou Enlai, Chen Yi, Cai Hesen, Li Lisan, Zhao Shiyan, Li Weihan profitèrent de ces études à l'étranger[7]. Jusqu'en 1927, c'est 4 000 jeunes chinois qui viendront étudier et travailler en France.

Jeunesse en France et en Union soviétique

Fiche personnelle de Deng Xiaoping à l'usine Hutchinson

Dans un premier temps, la Société d'éducation franco-chinoise (SEFC), qui soutient les étudiants chinois en France, place Deng dans un collège de Bayeux. Malheureusement, en quelques mois, la SEFC n'est plus en mesure de soutenir financièrement les étudiants chinois à cause d'une importante augmentation du prix de la vie[5]. Les migrants chinois n'ont d'autre choix que de travailler pour subvenir à leurs besoins[5]. Deng travaille aux laminoirs de l'usine Schneider du Creusot puis à la fabrique de galoches Hutchinson, à Châlette-sur-Loing, sous le nom de « Teng Hi Hien ». Du fait de sa petite taille (1,50 m), Deng y effectue un travail habituellement destiné aux femmes : la fabrication de semelles de chaussures[5],[8]. Il travaille ensuite comme assembleur à l'usine Renault de Billancourt, puis à l'usine Kléber à Colombes quand il habitait à La Garenne-Colombes, rue Méderic avant de revenir à Hutchinson, où il est renvoyé un mois plus tard, probablement victime de sa personnalité contestataire naissante. Un contremaître indique comme motif de licenciement : « A refusé de travailler. Ne pas reprendre »[8].

Deng Xiaoping étudiant en France

Dans le cadre de son activité professionnelle, Deng Xiaoping découvre le marxisme, dont les idées n'ont pas encore atteint la Chine, faute de traduction en chinois. Deng devient alors communiste et un fervent opposant au système capitaliste[9]. Nouant des contacts avec d'autres migrants chinois, il rencontre Zhou Enlai, avec qui il partage notamment un appartement près de la place d'Italie à Paris[10],[11],[12]. Zhou Enlai est le fondateur du parti communiste chinois avec Chen Duxiu et Li Dazhao, ainsi que l'aide de l'Union soviétique en 1921. Deng les rejoint en adhérant au parti en 1923, devenant un des chefs du mouvement de la jeunesse communiste chinoise en Europe. Au cours de ces années en Europe, il commence à écrire des articles dans un magazine, Red Light, publié par les communistes chinois en France. Ses premiers écrits révèlent une idéologie radicale, qui voit en la révolution communiste la seule solution à la résolution des problèmes de la Chine[13].

En 1926, Deng se rend à Moscou, où il passe onze mois à étudier avec d'autres communistes chinois, d'abord à l'Université communiste des travailleurs de l'Est, qui vise à former des jeunes d'Asie orientale, avant de rejoindre l'université Sun Yat-sen, également orientée vers l'Asie. Là, Deng passe un an à étudier les principes du marxisme-léninisme. Parmi ses camarades de classe, il rencontre Chiang Ching-kuo, le fils de Tchang Kaï-chek, le leader du Kuomintang, parti nationaliste chinois.

Retour en Chine

À la fin de l'année 1926, Deng Xiaoping rentre en Chine. Il rejoint l'armée de Feng Yuxiang[14], un chef militaire dans le nord-ouest de la Chine, qui a demandé l'assistance de l'Union soviétique dans sa lutte contre d'autres leaders locaux du nord de la Chine. À cette époque, l'Union soviétique, par l'intermédiaire du Komintern, une organisation internationale qui soutient les mouvements communistes dans le monde, soutient l'alliance entre les communistes chinois et les nationalistes du Kuomintang (KMT), parti fondé par Sun Yat-sen[15]. Bien que n'étant pas communistes, ces derniers tirent la plupart de leurs principes du léninisme.

En mars 1927, Deng Xiaoping rejoint Xi'an, le fief de Feng Yuxiang, pour faire partie de son armée et briser l'alliance entre le KMT et les communistes. Cette rupture est provoquée par Tchang Kaï-chek, le successeur de Sun Yat-sen qui commence une persécution des communistes, les forçant à quitter les zones contrôlées par le KMT[16]. Au cours de cette année, Tchang Kaï-chek est renforcé dans sa position de leader du KMT et contrôle une grande partie de la Chine méridionale et orientale. Il établit la capitale de la République de Chine à Nankin[17]. À la suite de l'éclatement de l'alliance, Feng Yuxiang décide de rejoindre les rangs de Tchang Kaï-chek et les communistes qui font partie de son armée, tels que Deng Xiaoping, sont obligés de fuir.

L'ascension vers le pouvoir

Deng Xiaoping en 1929.

Activisme politique à Wuhan et Shanghai

Après avoir quitté l'armée de Feng Yuxiang, Deng atterrit dans la ville de Wuhan, où les communistes ont leur siège. À cette époque, il commence à utiliser le surnom de « Xiaoping » et occupe des postes importants dans l'appareil du parti. Il participe à la session d'urgence historique le 7 août 1927, au cours de laquelle, par l'initiative soviétique, est évincé le fondateur du parti, Chen Duxiu. Qu Qiubai devient le secrétaire général du Parti communiste chinois. À Wuhan, Deng fait pour la première fois connaissance avec Mao Zedong, qui est alors peu apprécié des dirigeants du parti et des militants pro-soviétiques.

Entre 1927 et 1929, Deng Xiaoping vit à Shanghai, où il aide à organiser des manifestations clandestines durement réprimées par les autorités du Kuomintang. La mort de nombreux militants communistes dans ces années conduit à une diminution du nombre de membres du Parti communiste chinois, permettant ainsi à Deng Xiaoping de monter rapidement dans la hiérarchie de celui-ci. Au cours de cette étape à Shanghai, Deng épouse une fille qu'il avait rencontrée à Moscou, Zhang Xiyuan.

Campagne militaire dans le Guangxi

A partir de 1929, il participe à la lutte contre le Kuomintang, dans la province du Guangxi. La supériorité des forces de Tchang Kaï-chek entraîne un nombre énorme de victimes parmi des rangs communistes. La stratégie de la direction du parti est un échec qui a tué de nombreux militants. C'est à ce moment que se produit l'un des épisodes les plus confus dans la biographie de Deng Xiaoping : en mars 1931, il quitte l'armée communiste avant de réapparaître quelque temps plus tard à Shanghai. La biographie officielle dit que Deng Xiaoping aurait été chargé par ses supérieurs de s'éloigner de la zone de combat et de rejoindre Shanghai, où étaient des dirigeants du Parti communiste clandestin. Nous ne pouvons pas exclure, en tout cas, que Deng ait pu déserter à cette époque. Cet épisode obscur dans sa biographie sera ensuite utilisé contre lui pendant la Révolution culturelle.

Retour à Shanghai et le transfert au Jianxi soviétique

De retour à Shanghai, Deng apprend la mort tragique de sa femme et sa fille nouvellement née. En outre, il constate que de trop nombreux de ses anciens camarades sont morts à la suite de la répression du mouvement anti-Kuomintang nationaliste.

Les campagnes contre les communistes dans les grandes villes ont été un revers pour le parti et en particulier pour la ligne de conduite préconisée par les conseillers du Komintern soviétique, qui a vu en la mobilisation du prolétariat urbain la bonne stratégie pour la promotion du communisme. Face à cette vision urbaine de la révolution et de l'expérience soviétique, le leader communiste Mao Zedong, qui est originaire du monde rural, s'installe à la campagne, dans une zone montagneuse de la province de Jiangxi. Il arrive à y établir un système communiste, embryon d'un futur État chinois sous le communisme. Ce système adopte le nom officiel de la République soviétique chinoise, mais est souvent appelé simplement le Jiangxi soviétique.

Dans l'une des plus grandes villes de la région soviétique, Ruijin, Deng Xiaoping prend ses fonctions de secrétaire du Comité du Parti en été 1931. Un an plus tard, dans l'hiver 1932, il est promu à la même position dans le district voisin de Huichang. En 1933, il devient directeur du département de la propagande du comité provincial du parti dans le Jiangxi. À cette époque, il se marie une seconde fois avec une fille nommée Jin Weiying, qui habite à Shanghai.

Le succès du Jiangxi soviétique pousse les chefs du parti à venir à Jiangxi depuis Shanghai. La confrontation entre les idées de Mao et les dirigeants du parti et de leurs conseillers soviétiques est de plus en plus forte. La lutte de pouvoir entre les deux factions a pour résultat la destitution de Deng de son poste dans le département de la propagande, car il est apparenté aux idées de Mao.

En dépit des luttes internes au sein du parti, le Jianxi soviétique est devenu la première expérience réussie du régime communiste en Chine rurale. Elle a même émis des timbres et billets avec un en-tête de la République soviétique de Chine. Face à cette montée, l'armée de Tchang Kaï-chek décide finalement d'attaquer la zone communiste.

La longue marche

Article détaillé : Longue Marche.
Un dirigeant communiste parle aux survivants de la longue marche.

Encerclés par l'armée de la République de Chine, beaucoup plus puissante que les forces communistes, les communistes sont contraints de fuir de Jiangxi en octobre 1934. Ainsi commence le périple de l'Armée rouge chinoise à travers l'intérieur de la Chine plus connu sous le nom de Longue Marche.

La Longue Marche est devenue un événement mythique dans l'histoire du communisme chinois. La fuite du Jiangxi est difficile, car l'armée de la République de Chine a pris des positions sur toute la zone communiste. Progressant dans des régions isolées et montagneuses, environ 100 000 hommes (et quelques femmes) réussissent à s'échapper du Jiangxi et partent sous le commandement de Mao pour une voyage de près de 12 000 km à travers la Chine intérieure. Ce périple prend fin un an plus tard dans la province septentrionale du Shaanxi où arriveront seulement autour de 10 000 hommes.

Depuis la Conférence de Zunyi, au début de la Longue Marche, Mao Zedong est devenu le nouveau chef du Parti communiste chinois, chassant du pouvoir, à la consternation de l'Union soviétique, 28 soi-disant bolcheviks menés par Bo Gu et Wang Ming. La ligne pro-soviétique du Parti communiste chinois prend fin et un nouveau parti d'inspiration rurale émerge sous la direction de Mao. Deng Xiaoping devient une figure de premier plan dans le parti qui, à partir de l'extrémité nord de la Chine, engage la guerre civile contre le Kuomintang.

La confrontation entre les deux partis chinois est toutefois perturbée par l'invasion japonaise, forçant le Kuomintang à former une alliance, pour la deuxième fois, avec les communistes afin de défendre l'intégrité nationale contre l'agression extérieure.

L'invasion japonaise

L'invasion des troupes japonaises en 1937 marque le début de la guerre sino-japonaise. Pendant l'invasion, Deng Xiaoping reste dans la zone contrôlée par les communistes, à savoir dans le Nord de la Chine. Il y assume le rôle de commissaire politique des trois divisions qui ont restructurées l'armée communiste.

Deng reste pendant la plupart du conflit avec les Japonais sur le front de guerre dans la zone limitrophe des provinces du Shanxi, du Henan et du Hebei. Il voyage également plusieurs fois à la ville de Yan'an, où Mao fonde les bases d'une direction du parti communiste. Dans l'un de ses voyages à Yan'an, en 1939, il se marie pour la troisième et dernière fois dans sa vie avec Zhuo Lin, une jeune femme originaire de Kunming, qui, comme d'autres jeunes idéalistes de l'époque, s'est rendu à Yan'an pour rejoindre les communistes. Elle lui donne 5 enfants : trois filles (Deng Lin, Deng Nan et Deng Rong), et deux fils (Deng Pufang et Deng Zhifang).

Reprise de la guerre contre le Kuomintang

Après la défaite du Japon dans la Seconde Guerre mondiale, Deng Xiaoping se rend à Chongqing, la ville dans laquelle Tchang Kaï-chek a établi son gouvernement au cours de l'invasion japonaise, pour participer aux pourparlers de paix entre le Kuomintang et le Parti communiste. Les résultats de ces discussions sont négatives et la confrontation militaire entre les deux partis antagonistes reprend peu de temps après la réunion à Chongqing.

Tout en réorganisant le gouvernement de Tchang Kaï-chek à Nankin, la capitale de la République de Chine, les communistes se battent pour contrôler le terrain. Suite à une tactique de guérilla menaçant de leurs positions dans les zones rurales vers les villes sous le contrôle du gouvernement de Tchang et leurs lignes de ravitaillement, les communistes augmentent le territoire sous leur contrôle, intégrant ainsi de plus en plus de soldats parmi les déserteurs de l'armée nationaliste.

Dans cette phase finale de la guerre contre l'armée de la République de Chine, Deng Xiaoping exerce un rôle clé en tant que leader politique et de la propagande. Commissaire politique de la division de l'armée communiste commandée par Liu Bocheng, il participe à diffuser les idées de Mao Zedong. On retient son travail dans le domaine politique et idéologique avec son statut de vétéran de la Longue Marche, le place dans une position privilégiée au sein du parti pour occuper des postes de pouvoir après que le Parti communiste a réussi à vaincre enfin Tchang Kaï-chek et de fonder un nouvel État communiste: La République populaire de Chine.

Carrière politique sous le régime maoïste

Retour à Chongqing

Photo de Mao Zedong proclamant la fondation de la RPC depuis la porte de Tian'anmen devant la Cité interdite à Pékin le 1er octobre 1949

Le 1er octobre 1949, Deng Xiaoping assiste à Pékin à la proclamation de la nouvelle République populaire de Chine. A cette époque, le Parti communiste contrôle l'ensemble du Nord de la Chine, mais il reste des contrées du Sud tenues par le régime du Kuomintang. Deng Xiaoping a obtenu la responsabilité de diriger la conquête (ou la « libération » dans la langue communément utilisée en Chine) du sud de la Chine, en sa qualité de premier secrétaire du Département du Sud-Ouest. Cet organe a pour tâche de gérer la prise de contrôle final de cette partie du pays où, d'une part, de vastes zones sont encore détenus par le Kuomintang, alors que d'autre part, la plupart du Tibet est de facto indépendant depuis de nombreuses années.

Le gouvernement du Kuomintang, après avoir été forcé de quitter d'abord Nankin puis Canton a de nouveau établi la capitale provisoire à Chongqing, comme au temps de l'invasion japonaise. Là, Tchang Kaï-chek et son fils Chiang Ching-kuo, ancien camarade de classe de Deng Xiaoping à Moscou, luttent pour arrêter l'avancée communiste.

Sous le contrôle politique de Deng Xiaoping, l'armée communiste conquiert Chongqing au début du mois de décembre 1949 et intervient quelques jours après triomphalement à Chengdu, le dernier territoire de pouvoir de Tchang Kaï-chek. À partir de ce moment, Deng devient maire de Chongqing, en plus d'être le leader du Parti communiste dans le sud-ouest, où peu à peu l'armée populaire de libération, en termine avec les dernières résistances des fidèles à l'ancien régime du Kuomintang. En 1950, le nouvel État chinois prend le contrôle du Tibet, qui devient une région autonome de Chine.

Deng Xiaoping passe trois ans à Chongqing, la ville où il avait étudié dans son adolescence avant d'aller en France. En 1952, il s'installe à Pékin, où il occupe des positions différentes au sein du gouvernement central.

Ascension politique à Pékin

En juillet 1952, Deng arrive à Beijing pour assumer les postes de vice-premier ministre et vice-président de la Commission des Finances. Peu de temps après, il occupe les postes de ministre des Finances et directeur du bureau des communications. En 1954, il abandonne toutes ces charges, à l'exception de celle de vice-premier ministre, pour devenir secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois, directeur du Département de l'organisation et vice-président de la Commission de la défense nationale[18].

En 1955, après la cinquième session plénière du Comité central du parti communiste chinois, il rejoint le bureau du Politburo. L'année suivante, en 1956, après le huitième Congrès national du parti et après la session plénière du Comité central, il rejoint le Comité permanent du bureau, qui regroupe les principaux dirigeants de la République populaire de Chine (au sein du 8e Politburo.).

Fidèle à Mao, il dirige avec brutalité, en 1957, la purge du PCC pendant la campagne anti-droitière. Cette campagne est une volte-face après celle des Cent Fleurs, en 1956, pendant laquelle les intellectuels ont été incités à formuler leur mécontentement envers l'administration du PCC.

A l'origine, le but de la Campagne des Cent Fleurs, du moins officiellement, était d'améliorer le système communiste chinois en tentant de répondre aux attentes et aux frustrations des intellectuels, dont Mao se méfie. Au contraire, et peut-être en raison de la virulence des critiques, Mao se servira de la Campagne des Cent Fleurs pour dénoncer la dérive droitière des opposants au Régime. Sous l'autorité de Deng, plus d'un million de Chinois sont arrêtés et contraints de formuler leur auto-critique. La plupart du temps, ils sont envoyés en campagne dans des camps de travail, les « laogai » pour leur « rééducation »[19].

Il occupe également le poste de secrétaire général du Comité central, l'un des postes les plus élevés dans la hiérarchie complexe du pouvoir de l'État, un poste dans lequel il s'embourbe pendant les dix années suivantes jusqu'en 1966. Pendant ce temps, Deng fait un travail très important dans l'organisation de l'État. Il devient pratiquement le bras droit du président Liu Shaoqi.

Liu et Deng ont soutenu Mao Zedong dans les campagnes de masse des années 1950, dans laquelle ils attaquaient les bourgeois et les capitalistes, afin de promouvoir la loyauté idéologique du projet communiste. Toutefois, l'échec économique du Grand Bond en avant provoque la critique de la capacité de gestion économique de Mao. Peng Dehuai, le leader communiste, critique ouvertement Mao. Liu Shaoqi et Deng Xiaoping, bien plus prudents, commencent à prendre les rênes de la politique économique, laissant Mao dans un rôle symbolique comme référent idéologique. Mao accepte de céder la présidence de la République populaire à Liu Shaoqi, tout en conservant ses fonctions de chef du parti et de l'armée.

En 1963, Deng se rend à Moscou pour conduire la délégation chinoise à rencontrer avec le successeur de Staline, Nikita Khrouchtchev. Les relations entre la République populaire de Chine et l'Union soviétique se sont détériorées depuis la mort de Staline. Après cette rencontre qui n'aboutit à aucun accord, la rupture sino-soviétique est consommée. Les deux grands régimes communistes dans le monde suspendent donc toute relation.

Pendant ces années, le Président de la République populaire Liu Shaoqi et Deng Xiaoping commencent à mettre en œuvre des réformes économiques visant à inverser la politique du Grand Bond en avant, en mettant notamment un coup d'arrêt à la collectivisation des terres. Cette situation pousse Mao à prendre des mesures pour reprendre le contrôle de l'État. Faisant appel à leur esprit révolutionnaire, Mao lance la Révolution culturelle, qui encourage les masses à éliminer les droitistes capitalistes qui ont infiltré l'aile du parti, dont parmi eux Liu et Deng.

La Révolution culturelle

Article détaillé : Révolution culturelle.
Slogans de la Révolution culturelle sur le campus de l'Université Fudan, à Shanghai, au printemps 1976

La Grande révolution culturelle prolétarienne est un mouvement de masse encouragé par Mao Zedong lui-même en utilisant un langage révolutionnaire et en s'appuyant sur des partenaires fidèles tels que Lin Biao, qui encourage les masses à garder l'esprit révolutionnaire coûte que coûte. Il s'agit d'empêcher que, dans les moments de faiblesse de la révolution, la droite et des capitalistes infiltrés puissent conduire à des politiques contraires à l'idéologie réelle du parti.

En lançant la Révolution culturelle, Mao Zedong tente de retrouver sa puissance, qui a été mise en doute après l'échec économique du Grand Bond en avant. Face à Deng et Liu, qui tentent de le sevrer des tâches courantes du gouvernement, Mao mobilise les jeunes et les incite à attaquer ceux qui ne sont pas fidèles à sa direction. À cette époque, apparaissent une grande quantité d'affiches condamnant Liu Shaoqi et Deng Xiaoping comme étant capitalistes et de droite. Dans le même temps, le culte de la personnalité de Mao, promu par Lin Biao, a atteint son paroxysme.

En 1968, Deng et sa femme Zhuo Lin sont assignés en résidence surveillée à Pékin. En octobre de cette année, le VIIIe Congrès du Parti communiste dépouille Deng de toutes ses fonctions et en 1969, il est envoyé à la province de Jiangxi, où lui et sa femme, travaillent dans un magasin de tracteurs. Il consacre ses temps libres à l'écriture. Deng doit subir des humiliations publiques. Son fils à cette époque, soumis à des humiliations et à des sévices physiques administrés par les gardes rouges, choisit de se défenestrer à l'Université de Pékin[20] et restera paralysé. Si Deng est exclu du PCC, les épreuves qu'il subit ne sont pas du même ordre que le sort qu'on réserve à Liu Shaoqi ou Peng Dehuai. Arrêtés, ces derniers meurent en prison. Lorsque Deng reprendra le pouvoir, ils seront réhabilités.

Le tournant dans la situation de Deng survient après la mort de Lin Biao, successeur de Mao. Deng Xiaoping commence à communiquer avec le personnel qui est resté à Pékin, où la situation semble se calmer. En août 1972, il envoie à Mao une lettre d'excuses pour ses actions contre-révolutionnaires. Cette attitude lui permet d'être réintégré en février 1973. On lui ordonne de revenir à Pékin, où une fois de plus il rejoint la même année la direction du parti.

Sa réhabilitation et la mort de Mao

Bien que Deng Xiaoping ait recouvré une position officielle, le 20 mars 1973, son rôle n'a pas l'importance qu'il avait auparavant. Ses travaux portent principalement sur les affaires étrangères, alors que Mao et la Bande des Quatre contrôlent fermement la politique intérieure.

Après la mort de Lin Biao, Deng Xiaoping désormais réhabilité se porte candidat pour succéder à Mao Zedong. Cependant, Mao a déjà choisi comme successeur un membre peu connu du Parti, Hua Guofeng.

Le premier ministre Zhou Enlai qui est atteint d'un cancer, délègue progressivement ses pouvoirs à Deng. En janvier 1975, Deng devient secrétaire permanent du Politburo, vice-président du Parti et vice-Premier Ministre, et chef d'état major de l'Armée populaire de libération. Mais le 5 avril 1976, Zhou Enlai meurt. La Bande des Quatre lance alors de sévères critiques contre le défunt. Mais à l'occasion de la fête des morts (Qingming), des manifestations violentes éclatent sur la place Tian'anmen en soutien à Zhou. On fait porter la responsabilité de ces manifestations à Deng Xiaoping, qui se réfugie alors dans le Guangdong, dépouillé de ses fonctions.

Deng Xiaoping ainsi écarté du pouvoir, Hua Guofeng assume la responsabilité, en tant que successeur de Mao, du maintien du système après sa mort le 9 septembre 1976.

Deng Xiaoping, chef suprême de la Chine

La lutte de pouvoir avec Hua Guofeng

Après la mort de Mao Zedong, Deng Xiaoping se rend à Pékin en dehors de ses fonctions politiques. La lutte pour le pouvoir établi entre, d'une part, Hua Guofeng, successeur désigné par Mao lui-même, et d'autre part, la Bande des Quatre, le groupe des quatre chefs du parti communiste, dont fait partie notamment l'épouse de Mao, Jiang Qing, qui a entrepris l'organisation de la Révolution culturelle.

Hua Guofeng arrête la Bande des Quatre, dont les membres sont accusés des pires excès et des troubles de la Révolution culturelle. Ainsi, Hua semble consolider son pouvoir, et la Bande des Quatre devient le bouc émissaire des mesures les plus radicales des dernières années du maoïsme. Cela permet à Hua de se présenter comme un véritable héritier et successeur de l'héritage du Président Mao.

Cependant, alors que Hua a peu de partisans au sein du parti, bon nombre des dirigeants qui ont subi les purges de la Révolution culturelle, deviennent partisans de Deng Xiaoping, qui, de son exil volontaire dans la ville méridionale de Canton, s'applique à la réadaptation. Le prestige personnel de Deng pousse Hua Guofeng et ses collègues d'accepter sa réhabilitation politique. Le 22 juillet 1977 lors de la troisième session plénière du dixième Congrès du Comité central du Parti communiste, Deng revient au gouvernement, assumant les charges de vice-Premier ministre, vice-président du Bureau politique du Comité central, vice-Président de la Commission militaire et chef de l'Armée populaire de libération (11e Politburo du PCC).

Pendant ce temps, les partisans de Deng Xiaoping, comme Zhao Ziyang, chef du parti communiste dans le Sichuan, accroissent leur influence dans le parti grâce au succès des petites réformes économiques menées dans les zones rurales.

Ascension au pouvoir et les réformes économiques

Grâce à l'appui des autres chefs de parti qui ont déjà récupéré leurs positions officielles, en 1978, la montée au pouvoir de Deng est désormais inarrêtable. Même si Hua Guofeng occupe officiellement les premières places dans la République populaire, sa position, avec peu de soutien, devient de plus en plus difficile. En décembre 1978, au cours de la troisième session du onzième Congrès du Comité central du Parti communiste de Chine, Deng Xiaoping prend les rênes du pouvoir, que Hua perd progressivement[21].

En fait, la politique chinoise de ces années est marquée par les orientations définies dans le discours de Deng Xaoping lors de cette réunion. Ses collaborateurs occupent des postes dans le Politburo, et Hua Guofeng, tout en conservant les trois postes de président du parti, de Premier ministre du Conseil d'État et président de la Commission militaire centrale, est relégué à des postes secondaires plus honorifiques que réellement opérationnels.

Deng Xiaoping avec le président américain Jimmy Carter, à Washington le 31 janvier 1979 lors de l'établissement des relations diplomatiques entre les États-Unis et la République populaire de Chine.

À partir de 1979 les réformes économiques de type capitaliste s'accélèrent, bien que la rhétorique de style communiste soit conservée. Le système des communes est progressivement démantelé et les paysans commencent à avoir plus de liberté pour gérer les terres qu'ils cultivent et vendre leurs produits sur les marchés. Dans le même temps, l'économie chinoise s'ouvre vers l'extérieur. Le 1erjanvier de cette année, les États-Unis reconnaissent diplomatiquement la République populaire de Chine, délaissant les autorités de Taïwan. Les contacts commerciaux entre la Chine et l'Occident commencent à se développer. À la fin de 1978, l'entreprise aéronautique Boeing annonce la vente de plusieurs avions 747 aux compagnies aériennes de la RPC, et la compagnie de boissons Coca-Cola rend publique son intention d'ouvrir une usine de production à Shanghai.

Deng Xiaoping (au centre) et son épouse Zhuo Lin (sur sa gauche) visitent le Centre spatial Lyndon B. Johnson de Houston le 2 février 1979. Le directeur du centre, Christopher Kraft (à droite) les accompagne durant la visite

Au début de l'année 1979, Deng Xiaoping effectue une visite officielle aux États-Unis au cours de laquelle il rencontre à Washington le président Jimmy Carter et plusieurs membres du Congrès. Selon Zbigniew Brzeziński, conseiller à la sécurité nationale de Carter, il aurait autorisé les États-Unis à installer une base servant au renseignement d'origine électromagnétique (SIGINT) en Chine, afin d'écouter l'URSS [22]. Il visite ensuite le centre spatial de la NASA à Houston et le siège de Boeing et Coca-Cola respectivement à Seattle et Atlanta. Avec ces visites symboliques aussi importantes, Deng indique clairement que la priorité du nouveau régime chinois est le développement économique et technologique. Le message qu'il passe au peuple chinois est d'autant plus clair : « Il est bon de s'enrichir ».

Fidèle à sa fameuse citation tant critiquée en 1960 selon laquelle « Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir, s'il attrape la souris, c'est un bon chat » (« 不管黑猫白猫,捉到老鼠就是好猫。 »), Deng Xiaoping, avec ses plus proches collaborateurs, comme Zhao Ziyang, qui, en 1980 remplace Hua Guofeng au poste de premier ministre, et Hu Yaobang, qui en 1981 fait de même avec le poste de président du parti, prend les rênes du pouvoir. Suivant les recommandations de Zhou Enlai, il ambitionne de faire avancer les « Quatre modernisations » (industrie et commerce, éducation, organisation militaire et agriculture) et met en place un plan ambitieux pour ouvrir et libéraliser l'économie chinoise. Le dernier poste de pouvoir occupé par Hua Guofeng, le président de la Commission militaire centrale, est repris par Deng Xiaoping lui-même en 1981. Il est membre du 12e Politburo du PCC.

Contrairement à Hua Guofeng, qui a cumulé les positions afin de démontrer son autorité, Deng ne conserve comme poste officiel que celui de président de la Commission militaire centrale, mais son rôle en tant que chef suprême de la République populaire de Chine ne fait aucun doute.

Pendant les années 1980, Deng dirige l'expansion de l'économie et en termes politiques, il prend en charge des négociations avec le Royaume-Uni pour le retour du territoire de Hong Kong, en rencontrant personnellement le Premier ministre britannique Margaret Thatcher. Le résultat de ces négociations est la déclaration sino-britannique de déclaration conjointement signée le 19 décembre 1984, qui fixe la rétrocession du territoire de Hong Kong en 1997. Le gouvernement chinois accepte de respecter le système économique et les libertés individuelles de la colonie britannique de l'époque au cours des cinquante années suivant la rétrocession. Le Portugal, sous la pression des autorités chinoises décide d'organiser le retour de sa colonie de Macao en 1999 avec un accord à peu près égal à celui obtenu pour Hong Kong. Le retour de ces deux territoires est fondé sur le principe politique formulé par Deng lui-même et qu'il appelle « un pays, deux systèmes ». Celui-ci renvoie à la coexistence, sous une même autorité politique de différents systèmes économiques, le communisme et le capitalisme. Bien que cette théorie est appliquée au cas de Hong Kong et Macao, il semble que l'intention de Deng Xiaoping est de présenter une option attrayante pour le peuple de Taïwan en vue de l'incorporation éventuelle de cette île, revendiqué comme territoire chinois par la République populaire.

Sur le front économique, la croissance rapide fait face à plusieurs problèmes. Tout d'abord, le recensement démographique de 1982 révèle l'extraordinaire croissance de la population chinoise, qui dépasse maintenant le milliard de personnes. Deng Xiaoping lance des plans dans la continuité de ceux lancés par Hua Guofeng pour limiter cette croissance en appliquant la politique de l'enfant unique, selon laquelle la plupart des couples ne peut avoir plus d'un enfant sous peine de sanctions administratives (perte d'emploi et importante taxe à payer pour le deuxième enfant né). En outre, l'augmentation de la liberté économique aboutit à davantage de liberté d'opinion et les critiques commencent à émerger avec le système, notamment avec le dissident Wei Jingsheng, qui invente le terme de « cinquième modernisation » pour faire référence à la démocratie, élément manquant des plans de rénovation de Deng Xiaoping. À la fin des années 1980, le mécontentement contre l'autoritarisme et les inégalités croissantes provoque la plus grande crise subie par Deng Xiaoping.

Les manifestations de 1989

La mort de Hu Yaobang le 15 avril 1989 suscite des protestations énormes dans le pays. Place Tian'anmen à Pékin, les manifestations d'hommage après la mort de Hu, un réformateur qui a été écarté du pouvoir deux ans auparavant, se tourne lentement dans une grande concentration de personnes, surtout de jeunes étudiants qui réclament plus de libertés et la démission de politiciens conservateurs importants comme le Premier ministre Li Peng. Les protestations s'intensifient, et le 20 mai la loi martiale est décrétée. Cependant, les manifestants ne quittent pas la place, ce qui conduit à une scission au sein du Bureau politique du Parti communiste. D'une part, les réformistes comme Zhao Ziyang préconisent la possibilité d'un dialogue, alors que le Premier ministre Li Peng préconise le recours à la force militaire pour évacuer la place et mettre fin aux protestations. Bien que peu d'informations sur les détails du débat au sein du parti n'ont filtrées, des informations révélées dans les années 2000 semblent confirmer que Deng Xiaoping hésite pendant un certain temps jusqu'à ce qu'il donne finalement raison à Li Peng et autorise l'usage de la force, le 4 juin.

Deng Xiaoping est nommément désigné comme le principal responsable de la répression qui s'est abattue sur les étudiants, dans les mémoires posthumes de l’ancien secrétaire général du Parti Zhao Ziyang, enregistrées clandestinement sur des cassettes audio alors qu'il était assigné à résidence, et publiées en mai 2009. Selon Zhao, la décision de faire intervenir l'armée contre les manifestants aurait pu être évitée, n'eussent été les machinations de l'aile dure des conservateurs comme Li, du maire de Pékin Chen Xitong, et du vice-Premier ministre Yao Yilin, ajoutées à la paranoïa de Deng Xiaoping, angoissé à l'idée de perdre le pouvoir[23].

Jiang Zemin

La répression violente des manifestations entraîne un nombre indéterminé de victimes, oscillant entre 400 et plusieurs milliers de morts selon les sources. Zhao Ziyang, qui jusque-là est considéré comme le successeur naturel de Deng Xiaoping, est évincé et passe le reste de sa vie jusqu'à sa mort en 2005, en résidence surveillée, tandis que le camp conservateur, dirigé par Li Peng devient encore plus fort au sein du parti. Cependant, Deng Xiaoping choisit de ne pas désigner Li Peng comme successeur. Au lieu de cela, il fait appel au maire de Shanghai, Jiang Zemin, qui a réussi à maintenir l'ordre public lors des manifestations à Shanghai, et le désigne comme successeur dans le bureau politique, lui cédant le seul poste important qu'il a encore en tant que dirigeant, Président de la Commission militaire centrale.

La décision de Deng Xiaoping, de désigner comme successeur Jiang Zemin et non pas Li Peng est un signe de la méfiance de Deng envers le conservatisme en matière économique de Li. Même si le réformiste Zhao Ziyang est écarté à cause de sa faiblesse contre les manifestations, Deng n'était pas prêt à sacrifier les réformes économiques.

Le « voyage du sud » et l'expansion économique

Bien qu'ayant quitté ses fonctions en 1989, laissant à son protégé Jiang Zemin la gestion quotidienne de la politique, Deng Xiaoping continue à exercer des fonctions en coulisses. Alors que l'aile conservatrice du parti représenté par Li Peng veut freiner la libéralisation économique et même revenir à un plus grand contrôle de l'État sur l'économie, Deng impose son point de vue et la libéralisation économique se poursuivra.

Le développement économique, qui est entravée par l'incertitude et l'isolement international qui a frappé la Chine après la répression violente des manifestations de la place Tian'anmen, est relancé par le fameux « Voyage du Sud » ou « Voyage vers le sud »(南巡 Nan Xun). Au printemps 1992 à l'âge de 88 ans, Deng Xiaoping surprend les médias en Chine et dans le monde pour visiter les villes de Canton, Shenzhen et Zhuhai, outre Shanghai, en y prononçant des discours annonçant la poursuite et l'approfondissement des réformes. Ainsi, Deng indique clairement que l'ouverture économique ne fait pas de marche arrière. Le vieux chef stimule les réformes économiques lancées qui se traduisent par une accélération sans précédent de la croissance économique et des investissements étrangers en Chine pendant les années 1990.

Mort de Deng Xiaoping

Statue de Deng Xiaoping, dans le parc de Shenzhen surplombant la ville

Deng Xiaoping s'éteint le 19 février 1997, à l'âge de 92 ans, des suites d'une infection aux poumons et de la maladie de Parkinson.

Un grand hommage lui est rendu. Même s'il n'est plus au pouvoir depuis des années, il reste considéré comme un des leaders de la République populaire de Chine. Le Gouvernement central le décrit comme un « grand marxiste, un grand révolutionnaire du Prolétariat, un homme d'État, militaire, diplomate ; un des plus grands dirigeants du Parti communiste chinois, de l'Armée de libération populaire et de la République populaire de Chine ; le grand architecte de l'ouverture et la construction moderne de la Chine, le fondateur de la théorie de Deng Xiaoping ». Les drapeaux restent en berne pendant plus d'une semaine. Deng est incinéré et ses cendres dispersées en mer, selon ses volontés.

De nombreux dirigeants étrangers lui rendent hommage. Ainsi le président français Jacques Chirac écrit-il au président chinois Jiang Zemin : « Deng Xiaoping restera dans l’histoire comme le principal artisan des transformations que la Chine connaît depuis près de vingt ans, et dont j’ai pu mesurer l’ampleur lors de mes voyages en 1978 et en 1991 ». Kofi Annan appelle la communauté internationale à se souvenir de Deng comme le « principal architecte de la modernisation de la Chine et de son formidable développement économique ». John Major, alors premier ministre de la Grande-Bretagne, souligne le rôle majeur qu'a tenu Deng Xiaoping lors du retour de Hong Kong à la République populaire de Chine. Le président de la République de Chine (Taïwan) présente ses condoléances. Le 14e Dalaï Lama exprime lui aussi ses regrets, déclarant qu'il « prie pour qu'il ait une bonne réincarnation et souhaite offrir ses condoléances aux membres de sa famille. Ayant rencontré Deng Xiaoping à plusieurs reprises, je le connaissais comme quelqu'un ayant une forte personnalité, qui finissait ce qu'il avait commencé. Je regrette donc que Deng Xiaoping n'ait pas réussi à régler le problème tibétain de son vivant. En tant que dirigeant du système totalitaire du parti communiste, il a inévitablement commis des erreurs, parce que pris au piège du système qu'il incarnait ». Il faut en effet rappeler qu'en 1979, Deng Xiaoping a proposé qu'à l'exception de l'indépendance, les autres problèmes concernant le Tibet, puissent être tous résolus par la négociation[24], ce qui avait influencé le Dalaï Lama dans sa renonciation à l'indépendance du Tibet. En novembre 2008, les autorités chinoises ont affirmé que Deng Xiaoping n'avait pas prononcé cette phrase, bien que d'autres dirigeants chinois comme Li Peng aient tenu des propos similaires à ceux de Deng Xiaoping[25].

Héritage politique et historique

Malgré son âge avancé, jusqu'à sa mort, Deng Xiaoping est considéré comme le chef suprême de la Chine et même après sa mort, le Parti communiste chinois a suivi à peu près les politiques mises en place par Deng. Son successeur, Jiang Zemin a ensuite remis le pouvoir à un autre dirigeant également proche de Deng Xiaoping, l'actuel Président de la République populaire de Chine, Hu Jintao.

Selon ses partisans, sous la houlette de Deng Xiaoping, la Chine, avec plus d'un milliard d'habitants, a commencé une ère de développement économique telle qu'elle n'en a jamais connu, malgré les problèmes sociaux que les réformes économiques ont entraînés. La politique de Deng Xiaoping a permis des centaines de millions de Chinois de sortir de la pauvreté et a placé la République sur les rails qui en font une superpuissance économique dans le monde.

Face à ces réussites dans le développement économique et social de la Chine, Deng Xiaoping a été critiqué pour sa manière autoritaire de gouverner et sur son rôle dans l'utilisation de la force contre des manifestants sur la place Tian'anmen en 1989. Toutefois, certains analystes estiment que le style de gouvernement de Deng Xiaoping était beaucoup plus humain et altruiste que celui de son prédécesseur Mao Zedong. Contrairement à Mao, Deng n'a pas favorisé le culte de la personnalité et la suppression des libertés, par comparaison à l'ère maoiste, était beaucoup plus faible.

À côté de ces visions positives de la figure historique de Deng Xiaoping, il a également été critiqué par des analystes de l'idéologie marxiste à propos de l'abandon de l'orthodoxie communiste et de l'introduction de politiques économiques capitalistes, qui seraient responsables des profondes inégalités économique et sociale que connait la Chine actuellement.

Citations

« Peu importe qu'un chat soit blanc ou noir, s'il attrape la souris, c'est un bon chat. »

— en chinois「不管白猫、黑猫,逮住老鼠就是好猫。」, 1962, dans un discours lors d'une réunion du secrétariat.

Références

  1. (en)China in the Era of Deng Xiaoping
  2. (en) Luodai, a Hakkanese town in Sichuan Province, GOV.cn, 2008-01-14. Consulté le 3 mars 2010
  3. http://www.asiawind.com/pub/forum/fhakka/mhonarc/msg00475.html
  4. (en) Deng Xiaoping - Childhood sur www.china.org.cn. Consulté le 3 mars 2010
  5. a, b, c, d et e Geneviève Barman et Nicole Dulioust, « Les années françaises de Deng Xiaoping », dans [Vingtième siècle : revue d'histoire], no 20, octobre-décembre 1988, p. 17 à 34 [texte intégral (page consultée le 10 mars 2010)] 
  6. Deng Xiaoping, l'enfance d'un chef sur www.arte.tv. Consulté le 3 mars 2010
  7. Source : Le Monde du 26 mai 2005 - Week-end chinois à Montargis
  8. a et b  Deng Xiaoping, les années françaises [Journal télévisé d'Antenne 2]. Consulté le 10 mars 2010. La scène se produit à 3 min.
  9. Biographie de Deng Xiaoping sur www.evene.fr. Consulté le 10 mars 2010
  10. Biographie de Zhou Enlai sur www.chine-informations.com. Consulté le 10 mars 2010
  11. Le treizième et son quartier chinois sur www.tao-yin.com. Consulté le 10 mars 2010
  12. Mme Deng Yingchao et le Centenaire de sa naissance (1904-1992) sur people.com.cn. Consulté le 10 mars 2010
  13. (en) Chinese Revolutionaries in France sur www.sacu.org. Consulté le 10 mars 2010
  14. (en) Deng xiaoping sur peopledaily.com.cn. Consulté le 10 mars 2010
  15. John Chan, « La tragédie de la Révolution chinoise de 1925-1927 », 16 avril 2009. Consulté le 10 mars 2010
  16. Il y a 80 ans : la révolution chinoise sur www.wordpress.com. Consulté le 10 mars 2010
  17. Premier front uni chinois, Décennie de Nankin
  18. Alain Roux, La Chine au 20e siècle, 2003, p. 186
  19. Roux, op. cit., p.95
  20. Voir son interview dans le documentaire Mao, une histoire chinoise, partie 3 sur 4 (sous-titre : « La Révolution n'est pas un dîner de gala »), écrit par Philip Short et réalisé par Adrian Maben (France, 2006).
  21. Roux, op. cit., p. 115
  22. «Nous avons fait le choix de tout savoir», entretien avec Zbigniew Brzezinski, par Vincent Jauvert, dans Le Nouvel Observateur n°1779, 10 décembre 1998
  23. Le massacre de Tian’anmen , c'est la faute à Deng Xiaoping sur Le Courrier international. Consulté le 9 mars 2010
  24. Message du Dalaï Lama à l’occasion du 48e anniversaire du soulèvement de Lhassa
  25. (en) Gyalo Thondup reconfirms Deng Xiaoping’s offer on Tibet talks sur www.phayul.com. Consulté le 11 mars 2010

Sources

  • (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Deng Xiaoping » (voir la liste des auteurs)
  • Alain Roux, La Chine au 20e siècle, édition Armand Colin, Collection Campus Histoire, 2003
  • Spence, Jonathan D., « A Road is Made. » In The Search for Modern China. 310. New York, NY: W.W. Norton & Company, 1999
  • Spence, Jonathan D. « Century's End. » In The Search for Modern China. 725. New York, NY: W.W. Norton & Company, 1999

Voir aussi

Bibliographie

  • (fr) Jun Li, La diplomatie chinoise dans la pensée de Deng Xiaoping, Université de Paris-Sud, 2004, 369 p. (thèse de Science politique)
  • (en) Michael E. Marti, China and the legacy of Deng Xiaoping : from communist revolution to capitalist evolution, Brassey, Washington, D.C., Londres, 2003, 288 p. (ISBN 1-57488-540-5)
  • (en) Benjamin Yang, Deng : a political biography, M.E. Sharpe, Armonk, 1998, 331 p. (ISBN 1-563-24722-4)

Filmographie

  • (fr) Deng Xiaoping, film documentaire de Thibaut d'Oiron, France, 2001, 52'

Lien externe


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Secrétaire général du Parti communiste chinois
1956-1967
Hu Yaobang



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