Cunéiforme

Cunéiforme
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Cunéiforme
Ritmal-Cuneiform tablet - Kirkor Minassian collection - Library of Congress.jpg
Caractéristiques
Type Logogrammes et phonogrammes
Langue(s) Sumérien, Akkadien, Élamite, Éblaïte, Hittite, Hourrite, Urartéen
Historique
Époque Du IVe millénaire av. J.-C. au IIIe siècle (?)
Système(s) dérivé(s) Alphabet ougaritique, Vieux-persan cunéiforme
Codage
Unicode U+12000 to U+1236E (Cunéiforme suméro-akkadien)
U+12400 to U+12473 (Nombres)
ISO 15924 Xsux (Cunéiforme suméro-akkadien)

Le cunéiforme est issu du plus ancien système d'écriture connu, mis au point en basse Mésopotamie entre 3400 et 3200 avant J.-C. Au départ linéaire, cette écriture est progressivement devenue cunéiforme. Le mot cunéiforme signifie « en forme de coins » (latin cuneus), à cause de la forme du stylet utilisé (mais on parle souvent de « clou »). Le terme a été inventé en 1700 par Thomas Hyde (un Anglais). Le cunéiforme était principalement écrit avec un calame en roseau sur des tablettes d'argile. Il est à base phonogrammique, mais comprend également de nombreux logogrammes.

À partir de son foyer sud-mésopotamien où vivait le peuple qui en est probablement le créateur, les Sumériens, le système d'écriture cunéiforme est adapté dans d'autres langues, à commencer par l'akkadien parlé en Mésopotamie, puis des langues d'autres peuples du Proche-Orient ancien (élamite, hittite, hourrite entre autres), et il est le système dominant dans ces régions pendant tout le IIe millénaire av. J.-C. Il décline lentement par la suite, avant de se replier sur son foyer de Mésopotamie méridionale où il disparaît aux débuts de notre ère. Le cunéiforme a été un élément marqueur des cultures du Proche-Orient ancien qui ont développé un rapport à l'écrit et des littératures à partir de ce système.

Sa redécouverte à l'époque moderne et sa traduction au XIXe siècle ont donné naissance aux disciplines spécialisées dans l'étude des civilisations du Proche-Orient ancien, à commencer par l'assyriologie, et ainsi de mettre en lumière les accomplissements de ces civilisations jusqu'alors oubliées.

Sommaire

Aspects matériels

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La Mésopotamie étant une région pauvre en matériaux, ses habitants n'avaient pas un vaste choix d'instruments utilisables pour écrire. C'est l'argile et le roseau, abondants dans le sud, qui devinrent les matériaux privilégiés de l'écriture.

À partir de l'argile, on confectionnait une tablette (sumérien DUB, akkadien ṭuppu(m))[1]. On en trouvait de taille et de forme variées, le plus souvent rectangulaire. Les plus petites mesurent quelques centimètres, les plus grandes ont des côtés tournant autour de 40 centimètres. On écrivait les signes dessus, avant de la faire sécher au soleil pour la durcir ou, mieux, de la cuire pour obtenir une meilleure solidité (l'argile cuite étant très difficile à casser). Souvent, les tablettes déjà utilisées étaient recyclées. On les remodelait en effaçant les inscriptions antérieures puis on les réutilisait. Il était en effet difficile de trouver de l'argile de qualité pour fabriquer des tablettes neuves. De ce fait, un site livre généralement des archives datant de quelques années avant la destruction ou l'abandon, mais pas plus, puisque les tablettes plus anciennes ont été réutilisées. De plus, seules les tablettes qui ont été cuites nous sont parvenues, car l'argile crue se dégrade au fil du temps. Souvent la cuisson des tablettes qui nous sont parvenues est due au fait que le site a été ravagé par un incendie accidentel ou provoqué. L'argile pouvait également servir à confectionner des supports d'écriture autres que des tablettes, de formes diverses : certaines inscriptions étaient faites sur des cônes, des clous, des cylindres, des prismes en argile, ou encore des maquettes de foies servant pour la divination.

L'instrument utilisé pour écrire sur l'argile est le calame, un morceau de roseau (parfois d'os, d'ivoire ou de bois) pointu ou arrondi au départ, puis taillé en biseau, ce qui donnera aux écritures mésopotamiennes leur aspect cunéiforme : on plante d'abord la pointe, ce qui donne la forme d'un clou, puis on trace éventuellement une ligne à la suite (certains signes étant composés de clous simples). En sumérien, on parle de « triangle », SANTAK (santakku en akkadien)[2]. Les tablettes d'argile pouvaient également être imprimées avec des sceaux et des sceaux-cylindres, qui pouvaient comporter des inscriptions en cunéiforme indiquant l'identité de leur propriétaire. Notons également que les tablettes d'argile pouvaient être enfermées dans des enveloppes en argile comportant une copie du texte de la tablette. Cela concerne surtout les contrats, car ce système permettait de vérifier que le texte de la copie n'avait pas été altéré, en protégeant l'original. L'incision de signes sur un support malléable donne au final une écriture non pas plate comme celle qui allie l'encre et le papier, mais une écriture en relief, et les signes doivent être lus avec un éclairage particulier qui permette de repérer toutes les incisions sans quoi les signes peuvent être mal interprétés.

D'autres matériaux pouvaient servir de supports pour des inscriptions cunéiformes. Certains textes étaient rédigés sur des surfaces en cire supportées par des tablettes en bois ou en ivoire ; seul ce dernier matériau a résisté aux assauts du temps; on a trouvé des tablettes d'ivoire notamment à Hattusha et dans les capitales assyriennes. On inscrivait également des poteries, briques (en argile) ou quelquefois les pierres des édifices, des objets en métal, des rochers naturels (comme à Behistun). Il fallait dans ces deux derniers cas travailler la matière avec une pointe en fer. Il s'agit donc de gravures, réalisées par des spécialistes, les lapicides, qui, pour la plupart sans doute, ne comprenaient pas le cunéiforme, mais recopiaient le texte à partir d'un brouillon rédigé par un scribe.

Historique

L'écriture cunéiforme est le produit d'une histoire longue et complexe, dont les étapes sont bien connues dans les grandes lignes, même si des points de débat demeurent, notamment à propos de l'élaboration de l'écriture. Ce dernier point ne concerne pas à proprement parler la graphie cunéiforme, qui apparaît plus tardivement, mais le fait que celle-ci dérive du premier système d'écriture élaboré en basse Mésopotamie fait qu'elle n'est pas compréhensible sans prendre en compte l'origine de l'écriture dans cette région. Comprendre l'histoire du cunéiforme reste essentiel pour bien comprendre ce système d'écriture, dans la mesure où sa complexité dérive justement de son évolution et de la diffusion de son utilisation.

Apparition de l’écriture

Tablette en écriture pictographique retrouvée à Kish.

L’écriture apparaît vers 3400-3300 av. J.-C.[3], quelque part dans le sud de la Mésopotamie, entre le Tigre et l'Euphrate, fleuves de l'Irak actuel, sans doute à l’initiative de populations sumériennes, car elle présente des caractéristiques qui s’adaptent à la structure de cette langue. Les premières formes d’écriture attestées ne sont cependant pas cunéiformes, mais linéaires, que ce soit l’écriture mésopotamienne, ou le proto-élamite, même si on emploie déjà les tablettes d’argile comme support. Dès ses premiers siècles l'écriture comprend à la fois des logogrammes (un signe = une chose, qu'elle soit réelle ou idéelle, auquel cas on parle d'idéogramme) et des phonogrammes (un signe = un son), et des signes polysémiques (qui peuvent avoir plusieurs sens, idéographiques ou phonétiques). Les bases du fonctionnement ultérieur de l'écriture cunéiforme sont d'ores et déjà établies.

Développement et affirmation de la graphie cunéiforme

Tablette en cunéiforme archaïque retrouvée à Shuruppak, milieu IIIe millénaire.

La graphie de l’écriture mésopotamienne (le proto-élamite étant resté linéaire) devient cunéiforme vers le milieu du IIIe millénaire (Dynastique archaïque III), quand au lieu de tracer des traits linéaires on choisit d’appliquer la tête du calame de roseau, instrument servant à écrire sur les tablettes d’argile, qui est de forme triangulaire, avant de tracer un trait constituant le caractère que l’on veut écrire[4]. C’est sans doute parce qu'elle est pratique, plus simple à inscrire sur de l'argile qu'une écriture linéaire, que cette forme se répand. Elle connaît un tel succès qu’elle est finalement reprise dans les inscriptions monumentales (longtemps restées linéaires), qui adoptent alors une graphie proche de celle des tablettes d’argile (mais souvent plus soignée), progressivement au cours des deux derniers siècles du IIIe millénaire.

Extension géographique

L’écriture cunéiforme est d’abord développée dans le sud de la Mésopotamie, pour écrire le sumérien et l’akkadien. Elle a été ensuite employée en Syrie, comme l’atteste le fait que l’éblaïte est écrit en cunéiforme, puis aussi en élamite, où elle a supplanté la variante écrite locale, qui survit jusqu’à la fin du IIIe millénaire sous la forme dite « élamite linéaire ». C’est à peu près de la même période que date la première attestation de texte cunéiforme écrit en hourrite. Au début du IIe millénaire, le cunéiforme est répandu du Plateau iranien (Suse) jusqu’à la Méditerranée (Ougarit, Qatna), de Palestine (Hazor) jusqu’en Asie Mineure (Hattusha). La langue dominante est alors l’akkadien. Les langues indo-européennes d’Asie Mineure, hittite, louvite et palaïte, ainsi que le hatti sont écrits vers le milieu du IIe millénaire. Dans la seconde moitié du IIe millénaire, l’akkadien cunéiforme (ainsi que le hittite et le hourrite) est écrit en Égypte. Au début du Ier millénaire, les urartéens, vivant dans l'Asie Mineure orientale et le Sud du Caucase, adaptent cette forme d'écriture pour leur langue.

Alors que ces écritures s’appuyaient jusqu’alors sur le principe élaboré par les sumériens, mélange d’idéogrammes, de phonogrammes et de déterminatifs, un alphabet écrit en signes cunéiformes est créé à Ougarit vers le XIVe siècle, et disparaît au XIIe. Ce sont néanmoins les alphabets linéaires (phénicien, hébreu, puis surtout araméen) qui deviennent les plus populaires, et supplantent peu à peu l’ancienne écriture cunéiforme dans le courant du Ier millénaire. Un syllabaire simplifié en perse, écrit en cunéiforme, fut développé par les scribes des rois Achéménides, mais sans grand succès.

Évolutions de la graphie des signes

Évolution graphique du signe SAG (tête). 1 : Uruk récent (c. 3000) ; 2 : DA I (c. 2800) ; 3 : DA IIIB (c. 2500-2340), inscriptions royales ; 4 : DA IIIB, écriture courante sur tablettes ; 5 : Ur III (XXIe siècle), et inscriptions royales paléo-babyloniennes ; 6 : paléo-assyrien (XIXe siècle) ; 7 : néo-assyrien (VIIIe-VIIe siècles).

Les caractères paléographiques de l'écriture cunéiforme ont beaucoup évolué[5]. Déjà auparavant l'écriture archaïque avait connu des changements : les signes avaient été simplifiés, et on avait changé leur orientation en les « retournant » de 90°. Le passage à une graphie cunéiforme achevait de leur faire perdre leur ancien aspect pictographique, et très peu laissent deviner leur sens originel. Alors que les premiers textes étaient découpés en cases, le dernier quart du IIIe millénaire voit cette mise en forme disparaître au profit d'une autre en lignes, qu'on écrit et lit de gauche à droite.

La plupart des signes gardent une base qui, similaire au cours du temps, fait qu'on peut facilement les identifier à partir de leurs traits de base. Les plus simples, qui ne peuvent pas trop être modifiés, restent souvent identiques. Mais certains connaissent de grandes modifications, même si leurs traits de bases restent généralement.

On a pu repérer certains principes d’évolution graphique des signes ; René Labat a ainsi distingué :

  • des signes simples, le plus grand nombre ;
  • des signes redoublés (le même signe est répété deux fois, juxtaposé horizontalement ou verticalement) ;
  • des signes composés, formés de l’imbrication de deux signes distincts ;
  • des signes complexes, « gounifiés », le gunû étant le terme akkadien pour désigner des signes hachurés, qui en cunéiforme consiste souvent en deux ou trois traits verticaux, obliques ou têtes de clous ;
  • des signes intermédiaires, entre les composés et les complexes ;
  • des signes ligaturés, réunissant deux signes en un seul, rares, pour des expressions précises et courantes (par exemple ina, signifiant « dans » en akkadien, formé de la ligature des signes « i » et « na »).
Inscription cunéiforme néo-assyrienne.

À partir des graphies du IIIe millénaire, on remarque une simplification croissante de nombreux signes, par suppression de traits. Les scribes assyriens ont tendance au Ier millénaire à réduire le nombre de traits obliques pour les remplacer par des traits verticaux ou horizontaux. À l’inverse, ceux de Babylonie gardent les traits obliques, et leurs signes restent plus proches de ce qu’ils étaient aux périodes précédentes. Dès la fin du IIe millénaire, la graphie assyrienne est plus normalisée que celle de Babylonie, et cela s'accentue à la période néo-assyrienne. Les premiers éditeurs modernes de textes cunéiformes de cette époque ont d'ailleurs fondu des caractères d'imprimerie en cunéiforme néo-assyriens pour les livres qu'ils imprimaient. Mais cela résulte d'une interprétation contemporaine, car les scribes antiques n'ont jamais cherché à avoir une graphie strictement normalisée, et de ce fait il existe toujours des variations (souvent infimes) dans l'écriture d'un scribe à l'autre, même pour une période identique.

Cela vaut surtout pour les textes écrits sur tablettes, les inscriptions royales, mais aussi certains textes utilisant un registre de langue recherché (notamment pour les rituels religieux) recourant souvent à des graphies archaïques et volontiers plus complexes (un peu comme on l'a longtemps fait en Europe occidentale en reprenant la graphie latine antique ; voir plus bas).

Évolutions de la valeur des signes

Le syllabaire cunéiforme connaît une évolution lente à partir de ce qu’il était à l’origine[6]. Ces changements se font apparemment plutôt suivant l’évolution phonétique de la langue écrite, ou suivant les adaptations auxquelles on doit procéder pour écrire une nouvelle langue en cunéiforme, vu que les systèmes phonétiques de celles-ci peuvent être très différents (entre une langue sémitique comme l’akkadien, indo-européenne comme le hittite, et des isolats comme le sumérien, l’élamite et le hourrite).

Le problème s’est d’abord posé de transposer l’écriture cunéiforme du sumérien à l’akkadien. Les scribes akkadiens reprirent avant tout le sens phonétique des signes employés pour écrire le sumérien, tout en conservant des logogrammes, qu’ils prononçaient dans leur langue. Ainsi, le signe DUG, signifiant « vase » en sumérien, pouvait avoir une valeur logographique, et alors désigner un vase (karpatu(m) en akkadien ; on parle parfois d'un « sumérogramme » dans ce cas de figure), mais aussi le son « dug », et également « duk », ou « duq » du fait de la proximité phonétique entre k, q et g. De la même manière les consonnes t/ṭ/d et b/p partagent souvent les mêmes signes. Par la suite, on fit de même entre l, r et n. Cela se fit aussi pour les voyelles (surtout entre e et i). L'akkadien cunéiforme tend donc à voir une augmentation de nombre de valeurs possibles pour les signes. Mais il a pu aussi y avoir des simplifications : ainsi on affecta peu à peu des signes plus distincts à chacune des sifflantes (š, s, z).

Chacune des langues qui a emprunté le cunéiforme a ainsi procédé à différentes modifications du syllabaire d’origine, et d’ailleurs les nouvelles valeurs ne sont pas toujours bien comprises aujourd’hui, surtout s’il s’agit d’une langue encore bien mal connue comme le hourrite ou l’élamite. Ces autres langues ont également conservé des logogrammes du système cunéiforme suméro-akkadien, donc des « sumérogrammes ». Le cunéiforme hittite a la particularité de comprendre en plus certains signes ou groupes de signes empruntés au syllabaire akkadien, des « akkadogrammes », qui sont donc des mots en akkadien puisqu'ils ont une valeur phonétique à l'origine, mais plus forcément dans le contexte d'un texte en hittite.

Précisions qu'une fois encore certains types de textes, notamment les inscriptions royales et les rituels religieux, ont pu privilégier une utilisation des valeurs archaïques de certains signes. Cela est surtout attesté pour le Ier millénaire. Mais on utilise un syllabaire restreint pour les actes de la pratique. L’utilisation d’un syllabaire précis, comme pour la graphie par ailleurs, dépend beaucoup de l’existence d’une « école » de scribes : dans un même lieu et à une même époque, on a tendance à écrire d’une façon identique, même s’il n’y a jamais d’orthographe précise qui soit fixée (voir plus bas).

« Le dernier coin »

Bas-relief néo-assyrien représentant un scribe écrivant sur une tablette d'argile et un autre sur un papyrus ou parchemin.

À partir de la première moitié du Ier millénaire, les écritures alphabétiques linéaires sur des supports souvent périssables (papyrus, parchemin), dérivées de l'alphabet phénicien, tendent à devenir prépondérantes dans tout le Proche-Orient. Celle qui connaît le plus de succès est l'araméen, du fait de l'importance numérique et de la dispersion géographique de ce peuple. Cette langue tend à supplanter l'akkadien comme lingua franca du Proche-Orient, et le cunéiforme disparaît au début du Ier millénaire des sites extérieurs à la Mésopotamie, sauf quand ce sont des souverains de ce dernier pays qui font graver des inscriptions. En Mésopotamie même, l'écriture alphabétique prend de plus en plus de poids dans les empires néo-assyrien et néo-babylonien, et les reliefs et fresques d'Assyrie présentent souvent un scribe écrivant sur papyrus ou parchemin à côté d'un scribe écrivant sur tablette, signe de la cohabitation des deux systèmes. Les Achéménides choisissent l'araméen comme langue officielle, achevant le processus entamé par leurs prédécesseurs.

La tradition cunéiforme subsiste cependant dans la Babylonie du Ier millénaire, mais le rétrécissement au fil du temps des corpus trouvés dans cette région indique que l'écriture sur support périssable a pris le dessus. Les entrepreneurs privés ont encore des archives cunéiformes jusqu'à l'époque parthe, mais c'est surtout dans les temples que le cunéiforme est encore employé, solidaire de l'antique tradition mésopotamienne qui survit encore dans ces lieux.

Quand a été inscrit le « dernier coin » sur une tablette cunéiforme[7] ? La tablette cunéiforme la plus récente qui nous soit connue est un texte astrologique datant de 75 ap. J.-C.[8], retrouvé dans l'Esagil, temple de Marduk à Babylone, lieu sacré de l'ancienne Mésopotamie s'il en est. Mais des textes plus récents ont sûrement été réalisés, qui ont disparu ou attendent encore d'être découverts. Au plus tard, l'écriture cunéiforme a dû s'éteindre vers les débuts de la domination sassanide en Babylonie, soit le milieu du IIIe siècle de notre ère.

Principes des écritures cunéiformes

La longue et complexe évolution du cunéiforme à base syllabique a donc abouti à une écriture comprenant des signes à la fois phonétiques et idéographique (ou logographique), pouvant avoir diverses valeurs (polysémie). Il convient donc à ce stade de résumer les grands traits de cette écriture, et de voir également les formes originales du cunéiforme, l'alphabet ougaritique et le syllabaire perse.

Les phonogrammes

Un exemple d'homophonie en cunéiforme : cinq signes pour un seul son, ni.

Les phonogrammes, sont des signes valant pour un son, généralement une syllabe[9]. On trouve les syllabes ouvertes, de type CV (ki, mu, na etc.), et des syllabes fermées, de type VC (voyelle-consonne, comme um, ap, ut etc.) et CVC (tam, pur, mis etc.), selon un principe adapté à la langue sumérienne, fondamentalement monosyllabique. On trouve aussi des signes ayant des valeurs plus complexes, les signes bisyllabiques (tara, reme, etc.). Les signes bisyllabiques peuvent être obtenus par la ligature de deux signes syllabiques simples, accolés l'un à l'autre (+šum = aššum). À l'inverse, il existe des signes plus simples, valant pour une seule voyelle, c'est-à-dire dans les cas de a, e, i, u.

De nombreux signes ont plusieurs valeurs phonétiques (polyphonie), alors que certains sons sont écrits par des signes différents (homophonie). La polyphonie vient du fait qu'un signe avait plusieurs significations, avec en plus des signes dérivés, mais aussi qu'aux valeurs phonétiques du sumérien se sont ajoutées celles de l'akkadien. Elle peut porter sur des signes différents, par exemple quand un même signe marque le son ut et le son tam, mais elle porte aussi sur des sons proches, notamment sur la proximité phonétique des consonnes k/g (ak/ag), b/p (ab/ap), t/d (ut/ud), et pour les voyelles entre i/e (ib/eb, qui est aussi le même signe que ip/ep). L'homophonie vient du fait que l'écriture sumérienne avait de nombreux homonymes, qui étaient à la base marqués par des signes idéographiques différents. Cela complexifie la lecture de l'écriture cunéiforme, d'autant plus que ces signes peuvent aussi avoir en même temps des valeurs idéographiques ou logographiques. Mais la compréhension de ces signes est généralement facilitée selon le contexte dans lequel il est écrit.

Les idéogrammes

Les idéogrammes (« signes-idées ») sont des signes représentant une notion, que ce soit une idée, de l'immatériel, ou quelque chose de concret, de réel[10]. Il s'agit en fait de logogrammes stricto sensu (« signes-mot »), mais l'usage en assyriologie est de parler d'idéogrammes (qui en réalité ne devraient désigner que les logogrammes représentant des choses abstraites), le terme de pictogramme (qui désignerait plutôt les logogrammes représentant des choses concrètes) étant plutôt réservé pour les formes d'écriture pré-cunéiformes[11]. Les idéogrammes cunéiformes peuvent représenter un verbe, un substantif, un adjectif, un adverbe, une préposition. Certains sont complexes, et sont composés de deux signes voire plus. Étant donné qu'il faut généralement un signe par mot, cela a pour effet de raccourcir le nombre de signes écrits pour une proposition, mais en revanche cela augmente considérablement le corpus de signes que peuvent employer les scribes. C'est le caractère idéographique de la majorité de ses signes qui explique que le système cunéiforme comprenne autant de signes, en dépit du fait qu'un bon nombre d'idéogrammes aient aussi une ou plusieurs valeur(s) phonétique(s) ou bien d'autres valeurs idéographiques.

Exemples d'idéogrammes cunéiformes (graphie paléo-babylonienne)

Les déterminatifs

Les déterminatifs servent à faciliter la lecture du signe qu'ils précèdent (déterminatifs préposés) ou qu'ils suivent (déterminatifs postposés), voire inscrits dans le signe même dans certains cas[12]. Ils indiquent la classe, ou bien la nature du mot qu’ils déterminent. Il s'agit le plus souvent d'idéogrammes. Ils avaient juste une valeur à la lecture, et ne se prononçaient pas. L'utilisation d'un déterminatif n'est pas systématique, et il arrive souvent que le scribe s'en passe. Il existe cependant certains mots (écrits phonétiquement ou idéographiquement) pour lesquels le déterminatif est toujours utilisé, comme les noms de certaines villes (déterminatif postposé KI). Certains déterminatifs sont directement inclus dans le signe. Une autre catégorie de déterminatifs est de type grammatical, servant par exemple à marquer le pluriel, en sumérien ou avec des sumérogrammes uniquement.

Exemples de déterminatifs cunéiformes (graphie paléo-babylonienne).

Les compléments phonétiques

Cette dernière catégorie de signe sert à simplifier la lecture des idéogrammes, en leur postposant un signe phonétique indiquant la terminaison du mot à lire[13]. Cela sert dans le cas où un signe a plusieurs valeurs idéographiques, ou bien quand on hésite entre une lecture idéographique ou phonétique de ce signe. Par exemple, dans le cas de signe ayant pour valeur idéographique DINGIR (dieu, aussi déterminatif de la divinité) phonétique an, quand il est suivi d'un complément phonétique débutant par -r-, la première valeur sera choisie, et s'il est suivi d'un complément débutant par -n-, la seconde valeur sera choisie.

L’alphabet cunéiforme d'Ougarit

Article détaillé : alphabet ougaritique.

Bien qu’il ne s'agisse pas d'une évolution du système cunéiforme, mais plutôt de celle de l’écriture hiéroglyphique (dont l'alphabet ougaritique est une simplification, puisqu’il ne garde que ses principes phonétiques), il y eut dès l’élaboration des premiers alphabets chez les peuples ouest-sémitiques des formes utilisant la graphie cunéiforme. La plus ancienne forme alphabétique est cependant linéaire selon toute vraisemblance. Si l’alphabet ougaritique est le seul exemple connu (hormis peut-être quelques documents difficiles à identifier), il n’est en fait peut-être pas la plus ancienne de ces formes d’écriture alphabétiques cunéiformes.

L’alphabet ougaritique a été traduit dès l’entre-deux guerres, et a fourni une documentation très abondante. C’est la mieux connue des toutes premières formes d’alphabet. Les plus anciens documents datent du XIVe siècle av. J.-C., et les derniers sont du début du XIIe siècle. Il reprend les principes de tous les alphabets ouest-sémitiques : écriture uniquement des consonnes et des semi-consonnes, et donc exclusion des voyelles. Mais, à l’imitation de l’écriture cunéiforme « idéographico-syllabique », il se lit de gauche à droite.

Les caractères de l'alphabet ougaritique

Le vieux-perse cunéiforme

Article détaillé : Vieux-persan.

La dynastie perse achéménide patronna aux VIe-Ve siècles l’élaboration d’un système mi-syllabique, mi-alphabétique de trente-six signes adapté à partir de l’écriture cunéiforme, dont il se voulait une simplification, imitant les alphabets sémitiques, mais indiquant parfois la vocalisation des consonnes, et ayant des signes pour marque les voyelles a, u et i. Il comprenait aussi quelques idéogrammes.

Caractères du syllabaire cunéiforme perse.

L'écriture cunéiforme dans son contexte social et culturel

Une écriture étant indissociable de ceux qui l'emploient, il convient de restituer, dans la mesure du possible, certains aspects du contexte dans lequel l'écriture cunéiforme s'est développée, a évolué, et comment est-ce qu'elle a été utilisée concrètement[14].

Qui écrivait et lisait le cunéiforme ?

L’écriture cunéiforme est en premier lieu l’affaire de spécialistes : les scribes[15]. Ils jouent un rôle-clé dans la société, mais pour autant la fonction en elle-même n’induit pas de prestige particulier. Il s’agit en fait d’un milieu très hétérogène. À la base on trouvait des scribes ayant reçu une instruction minimale, capables de rédiger les actes les plus simples de la vie courante, connaissant le nombre nécessaire de signes, sans plus. À un niveau supérieur, les palais et les temples emploient des scribes mieux formés pour les tâches les plus complexes de l’administration, et pour assurer la tâche de secrétaire des personnages les plus importants, si ceux-ci n’écrivent pas eux-mêmes. Les « lettrés » occupent quant à eux le haut de l’échelle des scribes, évoluant dans les temples les plus prestigieux et dans l’entourage du souverain. Ce sont souvent des membres du clergé (exorcistes, devins, etc.).

Les scribes sont formés dans des écoles dépendant souvent d’un temple, ou sinon dirigées par un maître travaillant pour son propre compte. Au fur et à mesure de la formation on apprend de plus en plus de signes, d’œuvres, de langues, et on peut se spécialiser. Mais cela concerne manifestement un nombre limité de scribes, bien qu'on ne repère pas exactement une telle différenciation dans les formations des scribes avant le Ier millénaire[16].

Au-delà de ce milieu de spécialistes, une frange limitée de la population comprend ou écrit le cunéiforme, mais elle est plus étendue qu’on ne l’a longtemps pensé[17]. Les souverains, administrateurs de grands organismes, ou des marchands ou gestionnaires d’un patrimoine foncier important devaient être initiés aux bases de l’écriture, pour pouvoir exercer leur tâche, qui était facilitée par le recours à l’écrit, en leur évitant d'avoir à trop se reposer sur leurs scribes. Quelques femmes, essentiellement dans le milieu des palais et des temples, ont pu être lettrées voire scribes, même si ce métier est en grande majorité masculin.

Le système cunéiforme à dominante syllabique est certes plus complexe à apprendre et manier qu’un système alphabétique, mais pas autant qu’on le pense couramment[18]. On pouvait privilégier une écriture phonétique utilisant sur un nombre réduit de signes, avec quelques idéogrammes de base. Ainsi, les marchands paléo-assyriens s’en sortaient avec un minimum de 70 signes environ, et en général une centaine de signes devait suffire. De toute manière cela ne constituait pas un frein à la diffusion de la pratique écrite ; le problème est bien plus social et culturel que technique ou intellectuel.

Styles d’écriture

La formation des scribes dans un nombre limité d’établissements a facilement amené à la constitution de sorte d’ « écoles » de scribes, ayant les mêmes habitudes d’écriture. Celles-ci peuvent porter sur les signes employés : habitude d’utiliser un même corpus de signes, dans une même graphie, avec le ou les mêmes sens. Cela pouvait faire que l’on utilisait plus ou moins de signes idéographiques par rapports aux signes phonétiques. Les marchands paléo-assyriens mentionnés ci-dessus évitaient l’emploi de signes autres que phonétiques, et il en allait de même pour les scribes élamites, même dans l’entourage royal.

Les pratiques des scribes définissent aussi le style de langue que l’on emploie : des mots, des expressions se retrouvent dans les tablettes issues d’un même endroit, un sorte de dialecte de la langue écrite, et pas forcément parlée. D’ailleurs la langue parlée peut influencer celle que l’on écrit quand les deux ne sont pas les mêmes : dans les cas des lettres d’Amarna écrites par les scribes des rois du Levant parlant des langues « cananéennes[19] », comme dans celui des lettres de Nuzi où l’on parlait hourrite[20], l’akkadien que l’on écrivait comportait de nombreuses « contaminations » par les langues vernaculaires. Le même phénomène s’observe quand l’araméen se diffuse dans la première moitié du Ier millénaire.

C’est en fait l’ensemble du formulaire des textes rédigés, leurs caractères diplomatiques internes comme externes qui sont déterminés par les habitudes des scribes. On utilise un même type de tablette, on rédige les contrats de la même manière, en employant les mêmes expressions-clés quand il s’agit de textes stéréotypés[21]. Ce phénomène s’observe sur un même lieu, à une même période : les textes issus d’un même corpus documentaire se ressemblent beaucoup, et une fois initié aux habitudes des scribes, on comprend aisément le reste du corpus. Cela permet de regrouper des textes plus facilement (par exemple, s’ils sont issus de fouilles clandestines), de les dater et les localiser. D’une manière générale les sites d’une même région ou aire culturelle et d’une même période présentent des traits identiques.

Les pratiques varient également en fonction des types de documents, de leur fonction. Les inscriptions royales utilisent un corpus de signes souvent varié, et archaïsant : ainsi la stèle du Code de Hammurabi inscrite au XVIIIe siècle emploie un style d’écriture cunéiforme des tablettes du XXIVe siècle. Les textes religieux sont également bien plus élaborés, et utilisent souvent des signes et mots spécifiques, avec souvent même une langue littéraire assez différente de celle que l’on retrouve dans les documents de la vie courante. Les scribes qui rédigent ces types de textes sont manifestement mieux formés que ceux qui rédigent les textes administratifs ou juridiques, ou bien les correspondances simples. Certains des scribes du milieu des temples, aux périodes tardives, qui sont les mieux formés, sont rompus à l’étude de textes des périodes anciennes sont même capables d’employer des signes qui ne sont plus en usage depuis des siècles, par « snobisme ».

Diffusion et adoption de l’écriture cunéiforme et des pratiques des scribes : le cas des Hittites

La façon dont se répand l’écriture cunéiforme peut être analysée à la lumière du cas de l’Asie Mineure hittite[22]. L’écriture cunéiforme est « expérimentée » dès la première moitié du IIe millénaire par les rois d'Asie Mineure en contact avec les marchands assyriens, dont la forme d’écriture est reprise, si l’on se réfère à la poignée de textes retrouvés dans les palais des souverains Kanesh qui nous est parvenue[23]. Néanmoins cette pratique semble se perdre dans le courant du XVIIIe siècle, ou du moins elle n’est pas documentée. L'écriture du royaume hittite a clairement des caractères graphiques bien différents de celle des marchands assyriens, ce qui rend la filiation entre les deux improbable.

À la fin du XVIIe siècle, les premiers souverains hittites (Hattushili Ier, Mursili Ier) ont sans doute recruté ou plus probablement déporté des scribes de Syrie (voire quelques-uns de Babylonie même), parce que les scribes du royaume hittite écrivent d’une manière qui semble issue de celle qui était courante dans les royaumes syriens de la période amorrite, notamment Alalakh. Les scribes écrivent en akkadien, la lingua franca de l’époque, mais adaptent aussi l’écriture au hittite dès cette période. En plus d’emprunter au cunéiforme akkadien les signes phonétiques et les idéogrammes sumériens, et les scribes hittites y ajoutent quelques signes transcrivant de l’akkadien ayant une valeur idéographique.

Dans ce cas là, l’étude paléographique confirme ce que l’étude des événements pouvait laisser supposer. Mais dans d’autres elle tendrait plutôt à l’infirmer. Ainsi, l’étude du style d’écriture des scribes écrivant en cunéiforme à la cour égyptienne de la seconde moitié du IIe millénaire semble indiquer qu’ils emploient un style issu du monde hittite, et non de celui du Levant comme il aurait été plus logique[24]. Les Hittites auraient donc joué à leur tour le rôle de « passeurs » de l’écriture cunéiforme.

Écriture et pouvoir

On a pu voir que l'écriture cunéiforme est fortement liée au pouvoir politique. Partout où elle apparaît dans un nouveau lieu et dans un contexte identifiable, c'est dans un contexte institutionnel, le plus souvent celui du pouvoir royal. L'écriture reste par la suite l'apanage du palais, et également du temple, deux institutions très liées l’une à l’autre. Les lots d’archives « privés » (le sens et la portée de ce mot pour le contexte du Proche-Orient ancien étant d’ailleurs débattus) n’apparaissent en grand nombre que plus tardivement, au début du IIe millénaire.

L'action du pouvoir politique est forte dans la forme d’écriture employée. On a déjà vu plus haut le rôle des rois hittites dans la pratique de l'écriture en Asie Mineure. La déportation de scribes par les armées était une chose courante. Le rôle de l'administration des empires peut aussi être important : sous les rois d'Akkad est pratiquée une homogénéisation de l’écriture employée dans l’administration impériale, tandis que pour les affaire locales la division régionale continue[25].

C'est en effet avant tout le pouvoir qui a besoin de l'écriture. Avant tout pour des besoins de fonctionnement : le palais et le temple sont ce que l'on appelle parfois les « grands organismes », leur gestion est lourde, et nécessite plus le secours de l'écriture et d'une armée de scribe que la gestion de patrimoines individuels forcément plus limités. D'ailleurs les archives privées sont le fait des plus riches, les élites qui sont liées au pouvoir. L'écriture a également pour fonction la glorification des dieux et du roi dans les inscriptions officielles.

Suivant ce même lien entre écriture et pouvoir, on peut comprendre la disparition de l'écriture cunéiforme comme résultant de son abandon par les États dominant le Proche et le Moyen Orient à partir du Ier millénaire, d'abord en Syrie et en Anatolie (même si l'Urartu constitue une exception, voire une anomalie dans un tel contexte), puis en Iran avec les Perses achéménides qui choisissent l'araméen alphabétique au détriment de l'akkadien et de l'élamite cunéiformes. Mais il est vrai qu'ils suivent et confirment alors une tendance déjà bien marquée, entamée par les Empires néo-assyrien et néo-babylonien. C'est dans la sphère privée et surtout dans le milieu religieux de sa région d'origine, là où elle était le plus profondément ancrée, que la tradition cunéiforme se replie et s'éteint lentement.

Déchiffrement

Après sa disparition, le système d'écriture cunéiforme fut oublié. Seuls quelques voyageurs visitant la Mésopotamie et la Perse ramenaient parfois des pierres inscrites, dont ils ignoraient presque tout. Cela dura jusqu'au début du XIXe siècle, notamment jusqu'en 1835, année où fut découverte l'inscription de Behistun.

La redécouverte des inscriptions cunéiformes à l'époque moderne

Le « cailloux Michaux », ramené de Bagdad en 1782 par André Michaux.

À l'époque moderne, plusieurs voyageurs Occidentaux s'aventurent au Moyen-Orient et notamment en Mésopotamie, où ils découvrent des exemplaires de l'écriture cunéiforme, qui par son caractère mystérieux peine à être vue par leurs yeux comme une forme d'écriture[26]. Pietro Della Valle, originaire de Rome, est le premier à recopier des inscriptions cunéiformes sur le site de Persépolis en 1621. En 1771, le danois Carsten Niebuhr ramène également des copies d'inscriptions cunéiformes de son voyage en Mésopotamie et en Perse. En 1784, le botaniste français André Michaux découvre à proximité des ruines de Ctésiphon un kudurru babylonien déposé à la Bibliothèque nationale de France, qui porte depuis le surnom de « cailloux Michaux ». De la même façon, quelques objets portant des signes cunéiformes arrivent en Europe, où ils suscitent l'intérêt de certains savants, qui commencent à chercher à percer leurs mystères.

Premiers jalons pour un déchiffrement

Les premiers éléments pour la traduction du cunéiforme sont avancés en 1802 par un philologue allemand, Georg Friedrich Grotefend. Utilisant l'intuition de certains de ces prédécesseurs qui avaient émis l'hypothèse que certaines des inscriptions venues de Perse dataient de la période des rois Achéménides, il analysa certaines inscriptions de Persépolis en devinant qu'il s'agissait d'inscriptions royales, puis isola le terme le plus courant, qu'il identifia comme signifiant « roi » ; il identifia également les groupes de signes voisins du précédent comme étant le nom des rois, en se basant sur les noms connus par les historiens grecs antiques (Cyrus II, Cambyse, Darius Ier, Xerxès). Il put ainsi tenter d'attribuer des valeurs phonétiques à certains signes. Mais il fallait identifier la langue des textes : Grotefend voulait y voir du vieux-perse, ce qui était juste, mais il voulut le lire en utilisant la grammaire de l'Avesta, connu en Europe depuis son édition entre 1768 et 1771 par Abraham Hyacinthe Anquetil-Duperron. Or la langue avestique est différente bien que proche du vieux-perse des inscriptions achéménides. Au final, Grotefend identifia une dizaine de signes, avancée considérable, mais il ne put poursuivre plus loin car il s'enferma dans une série d'erreurs qui l'empêchaient d'améliorer ses premiers résultats[27]. Ses réussites dans le déchiffrement du cunéiforme ne furent d'ailleurs pas bien reçues à la Société des sciences de Göttingen, qui n'avait pas su reconnaître ses mérites.

Les travaux de Grotefend servirent finalement à d'autres philologues mieux armés dans le domaine des langues indo-iraniennes anciennes, notamment Christian Lassen qui identifia des termes géographiques sur les représentations des peuples tributaires à Persépolis. Une avancée décisive fut effectuée en 1835 par un des plus grands déchiffreurs du cunéiforme, Henry Creswicke Rawlinson, qui recopia l'inscription trilingue du rocher de Behistun, datant du règne de Darius Ier et rédigée en vieux-perse, akkadien babylonien et élamite. Bien qu'on ne connaisse alors aucune des trois, cela allait permettre de comparer différents systèmes d'écriture cunéiforme et différentes langues. Le système le plus simple à déchiffrer était le vieux-perse, car il était composé de 42 signes syllabiques, à l'inverse des deux autres composés de centaines de signes. Avec l'inscription de Behistun, on disposait alors d'un corpus de signes très conséquent. Finalement, les travaux conjugués de plusieurs chercheurs (Rawlinson, Lassen, Edward Hincks, Jules Oppert et d'autres) permirent d'identifier la totalité des signes de l'« alphabet » vieux-perse en 1847[28].

Une fois le vieux-perse cunéiforme déchiffré, on allait pouvoir tenter le déchiffrement des deux autres écritures, à l'image de ce qu'avait fait Jean-François Champollion avec la Pierre de Rosette une vingtaine d'années auparavant. L'akkadien allait être la deuxième langue déchiffrée, notamment grâce aux premières recherches de Hincks. En utilisant la version perse de l'inscription de Behistun, il identifia plusieurs signes et confirma qu'on était en présence d'un système à dominante syllabique, avant de découvrir la nature idéographique d'autres signes, ainsi que leur polysémie. Lorsqu'il traduit l'idéogramme signifiant « argent » et lui trouva la valeur phonétique kaspu(m), il put rapprocher ce terme de l'hébreu kasp- et ainsi établir qu'il s'agissait d'une langue sémitique après avoir trouvé d'autres parallèles identiques. Rawlinson établit de son côté le caractère polyphonique des signes et identifia aussi des homophones, ce qui confirma la complexité de ce système d'écriture[29].

Le cunéiforme déchiffré

En 1857, les avancées dans le déchiffrement du cunéiforme font penser que les mystères de ce système d'écriture ont été vaincus, alors que les premiers chantiers de fouilles dans l'ancienne Assyrie ont livré une grande quantité de tablettes cunéiformes. Le Royal Asiatic Society de Londres décide alors de tester la réalité du déchiffrement de ce qu'on considère alors comme de l'assyrien cunéiforme[30]. Elle envoie la copie d'une inscription du roi Teglath-Phalasar Ier qui vient juste d'être exhumée sur le site archéologique de Qala'at Shergat, l'ancienne Assur à trois des principaux acteurs du déchiffrement du cunéiforme, Henry Rawlinson, Edward Hincks, Jules Oppert, ainsi qu'à William Henry Fox Talbot. Ils devaient travailler sans communiquer avec qui que ce soit, et devaient faire parvenir leur traduction sous pli cacheté à la Société. Quand les quatre traductions furent reçues, une commission spéciale les analysa, et remarqua qu'elles coïncidaient : les principes du système cunéiforme mêlant phonogrammes et idéogrammes avaient été compris, et la connaissance de la langue qu'on appellerait plus tard akkadien était suffisante pour comprendre les textes que l'on exhumait chaque année de plus en plus sur les terres de l'ancienne Mésopotamie. L'assyriologie en tant que discipline était née, et prenait le nom du peuple dont on déchiffrait alors les textes, puisque ni Babylone ni les cités de Sumer n'avaient encore été mises au jour.

La suite de l'aventure des déchiffrements en assyriologie concerne essentiellement la découverte de nouvelles langues, qui utilisaient le cunéiforme selon le système identifié pour l'akkadien, nom que commençait à porter dans les ouvrages érudits la langue sémitique des peuples de l'ancienne Mésopotamie à partir de la fin du XIXe siècle. Au même moment, on établissait après de longues querelles l'identité des probables inventeurs du système d'écriture mésopotamien d'où dérive le cunéiforme, les Sumériens[31]. C'est l'ouvrage Les inscriptions de Sumer et d'Accad de François Thureau-Dangin publié en 1905 qui consacre l'emploi des termes Sumer et Akkad. D'autres langues sont ensuite identifiées dans un système cunéiforme similaire, en plus de celle d'Élam connue en même temps que l'akkadien grâce à l'inscription de Behistun, mais encore mal connue de nos jours[32]. En 1915, le hongrois Bedrich Hrozny traduit le hittite, Johannes Friedrich jette les bases de la traduction de l'urartéen dans les années 1930, alors que la compréhension de la langue hourrite progresse lentement depuis la fin du XIXe siècle, tandis que l'éblaïte est redécouvert en 1975. Mais cela concerne plutôt l'histoire de la linguistique, et moins l'histoire du déchiffrement d'un système d'écriture, puisque ces langues reprennent le même système qui est décodé depuis le milieu du XIXe siècle. Il a néanmoins fallu à chaque fois établir le syllabaire cunéiforme pour chaque langue car l'écriture avait été adaptée au système phonétique de chacune des langues pour lesquelles elle était employée. L'emploi des idéogrammes varie aussi (voir plus haut).

Tablette scolaire sur laquelle sont inscrites les lettres de l'alphabet ougaritique.

Le dernier système d'écriture cunéiforme à être déchiffré est celui de l'alphabet d'Ougarit, identifié sur des tablettes et objets provenant de cette cité découverte en 1929. Là encore la traduction est l'œuvre de plusieurs savants travaillant au même moment : Édouard Dhorme, Charles Virolleaud et Hans Bauer[33]. Il fut rapidement établi que l'on était en présence d'un alphabet vu le nombre réduit de signes, probablement d'une langue sémitique, apparentée au phénicien vu la localisation du site de provenance, et qui n'écrivait que les consonnes et semi-consonnes. Progressivement on identifia les premières lettres. Dhorme repéra le l, qui signifiait la préposition « à » en phénicien, puis traduit le terme b'l, Ba'al, divinité principale de la région. Bauer lut sur une hache le terme « hache », grzn. Reprenant ces données, Dhorme put lire sur un autre objet l rb khnm, au « chef des prêtres ». Cela fut possible malgré une erreur de Bauer, car dans sa traduction seuls le r et le n étaient valables ! Les trois spécialistes identifièrent finalement tous les signes, et ce dès 1931, puis ils établirent que la langue avait bien un caractère « cananéen », bien qu'on l'appelle plutôt ougaritique.

Translittération et traduction du cunéiforme dans les publications scientifiques

L'édition et la traduction de documents cunéiformes dans des langages actuels est le travail de base de la recherche en assyriologie, et dans les autres disciplines travaillant sur des textes cunéiformes, quelle que soit la langue traduite (sumérien, akkadien, élamite, hourrite, hittite pour les plus importantes). Ceci nécessite une technique précise, et il existe différentes conventions (plus ou moins rigides) régissant cette pratique.

Classement des signes

Les signes sont numérotés selon un ordre codifié, selon leur aspect graphique[34]. Le premier groupe est celui des signes commençant par un clou horizontal, le signe numéro 1 étant le simple trait horizontal (le son "aš"). Vient ensuite le groupe des signes commençant par un clou oblique, puis termine celui des signes commençant par un trait vertical. La numérotation des signes à l'intérieur d'un même groupe se fait selon le nombre de symboles par lesquels le signe commence, et toujours en plaçant les horizontaux en premier, suivis des obliques puis des verticaux. Ainsi, après les signes débutant par un trait horizontal viennent ceux constitués de deux traits horizontaux, puis de trois, etc. Le classement se fait ensuite par les signes suivant le premier rang, toujours selon le même principe. Il n'existe cependant pas de classement faisant consensus : les deux principaux sont ceux des deux manuels d'épigraphie cunéiforme les plus utilisés, effectués par René Labat[35] et Rykle Borger[36].

Homophonie

Quand un son peut être marqué par plusieurs signes, on emploie un système facilitant leur différenciation des signes en les numérotant, mis au point par François Thureau-Dangin[37]. Par exemple, pour le son "du", ayant une vingtaine de valeurs, on écrit les différents signes valant pour ce son : du (du 1), dú (du2), dù (du3), du4, du5, du6, ... jusqu'à du23.

Différenciation des signes selon leur type

Parce que les textes comportent des signes qui ont des fonctions différentes, phonogrammes ou idéogrammes, on prend soin de les différencier pour rendre la transcription plus intelligible. Il n'y a pas de conventions figées sur ce point. On peut choisir d'écrire des mots d'une langue de manière en minuscules droites, italiques, ou bien en majuscules, selon les habitudes du traducteur.

Les signes sont aussi différenciés selon leur fonction. Les idéogrammes (souvent des sumérogrammes) seront ainsi identifiés comme tels. Quant aux déterminatifs, ils sont mis en exposant, devant ou derrière le mot auquel ils sont rattachés, selon qu'ils sont antéposés ou postposés.

Étapes de la traduction d'un texte

Par convention, la traduction d'un texte cunéiforme dans une publication scientifique se présente en plusieurs étapes[38]. Les noms des étapes peuvent varier selon les écoles, et certaines comme l'édition du document original peuvent être éliminées. Ces étapes reprennent en gros les étapes nécessaires au déchiffrement d'un document écrit en cunéiforme : à savoir l'identification des signes, l'attribution de leur valeur, l'identification des mots, de la ou des langues parlées, la tentative de reconstitution des signes manquant sur les tablettes abîmées comportant des lacunes (c'est-à-dire la grande majorité), puis enfin la traduction. On note toujours le numéro des lignes du texte étudié, et on conserve l'ordre d'origine des mots, sauf pour la traduction finale :

  1. On reproduit le texte cunéiforme étudié, avec une représentation la plus fidèle possible, parfois une photographie du document, plus souvent un dessin, ou les deux. Cela permet aux lecteurs d'avoir accès à l'original afin de permettre notamment de vérifier la validité des étapes menant à la traduction.
  2. La transcription : il s'agit de la première phase de la transposition du texte ancien dans un alphabet moderne, mais dans la ou les langues anciennes. Les signes sont notés selon la valeur qu'ils ont dans le document, les signes phonétiques étant différenciés des signes idéographiques, portant leur valeur phonétique à côté d'eux (tantôt la valeur phonétique sera entre parenthèses, tantôt ce sera la valeur idéographique). Les mots du texte sont séparés par la transcription, car ils ne le sont pas sur le document original, et dans le cas d'un mot écrit phonétiquement on l'identifie en rattachant les mots le composant par un tiret (a-wi-lum = awīlum), alors qu'un logogramme est écrit comme un mot complet.
  3. La traduction : le texte est traduit dans une langue contemporaine, étape finale et nécessaire de l'édition de la tablette. Mais si la tablette est dans un état trop fragmentaire pour être compréhensible, cette étape peut être éliminée.

Notes

  1. X. Faivre, « Tablette », dans F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001, p. 829-831
  2. B. Lion et C. Michel, « Cunéiforme », dans F. Joannès (dir.), op. cit., p. 215
  3. (en) H. J. Nissen, P. Damerow et R. K. Englund, Archaic Bookkeeping, Chicago, 1993. J.-J. Glassner, Écrire à Sumer : l'invention du cunéiforme, Seuil, 2001.
  4. B. Lion et C. Michel, op. cit., p. 215
  5. Les étapes de l'évolution graphique des différents signes cunéiformes sont présentés systématiquement dans R. Labat, F. Malbran-Labat, Manuel d'épigraphie akkadienne (Signes, Syllabaires, Idéogrammes), Paris, 1988 ; les traits généraux sur l’évolution graphique du cunéiforme font l’objet d’un traitement aux p. 1-11
  6. R. Labat, F. Malbran-Labat, op. cit., p. 11-17
  7. (en) M. J. Geller, « The Last Wedge », dans ZA 87, 1997, p. 43-95
  8. (en) A. J. Sachs, « The Latest Datable Cuneiform Tablets », dans B. L. Eicher, Kramer Aniversary Volume: cuneiform studies in honor of Samuel Noah Kramer, Neukirschen, 1976, p. 379-398
  9. R. Labat, F. Malbran-Labat, op. cit., p. 18-19
  10. R. Labat, F. Malbran-Labat, op. cit., p. 19-20 ; B. Lion et C. Michel, « Idéogramme », dans F. Joannès (dir.), op. cit., p. 404-405
  11. B. Lion et C. Michel, « Pictogramme », dans F. Joannès (dir.), op. cit., p. 652
  12. R. Labat, F. Malbran-Labat, op. cit., p. 20-22
  13. Ibid., p. 22-23
  14. Sur les différents aspects de l'usage du cunéiforme, voir D. Charpin, Lire et écrire à Babylone, Paris, 2008
  15. F. Joannès, « Scribes », dans F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001, p. 763-766
  16. D. Charpin, op. cit., p. 87-88 et 91-93
  17. Ibid., p. 32-41
  18. Ibid., p. 52-55
  19. (en) A. F. Rainey, Canaanite in the Amarna Tablets: A Linguistic Analysis of the Mixed Dialect Used by the Scribes from Canaan, Leyde, 1996
  20. (de) G. Wilhelm, Untersuchungen zum Hurro-Akkadischen von Nuzi, Neukirchen-Vluyn, 1970
  21. Par exemple, D. Charpin, op. cit., p. 116-117
  22. (en) G. Beckman, « Mesopotamians and Mesopotamian Learning at Hattuša », dans Journal of Cuneiform Studies 35, 1983, p. 97-114 ; (en) H. A. Hoffner Jr., « Syrian cultural influence in Hatti », dans M. W. Chavalas et J. L. Hayes (dir.), New Horizons in the study of Ancient Syria, Malibu, 1992, p. 89-106 ; (de) K. Hecker, « Zur Herkunft der hethitischen Keilschrift », dans Studies on the Civilization and Culture of Nuzi and the Hurrians, 1996, p. 291-303
  23. (en) K. Balkan, Letter of king Anum-hirbi of Mama to king Warshama of Kanish, Ankara, 1957
  24. (en) G. Beckman, op. cit., p. 112-114
  25. (en) B. Foster, « Management and Administration in the Sargonic Period », dans M. Liverani (dir.), Akkad, the first World Empire : structure, ideology, traditions, Padoue, 1993, p. 25-29
  26. J. Bottéro et M.-J. Stève, Il était une fois la Mésopotamie, Paris, 1993, p. 16-19
  27. Ibid., p.20-21
  28. Ibid., p. 23-32
  29. P. Garelli, L'Assyriologie, Paris, 1966, p. 10-11
  30. J. Bottéro et M.-J. Stève, op. cit., p.45-47
  31. Ibid., p. 50-57
  32. J. Bottéro, Mésopotamie, l'Écriture, la Raison et les Dieux, Paris, 1997, p.125-128
  33. P. Garelli, op. cit., p.6 et J. Bottéro, op. cit., p. 128-130
  34. R. Labat, F. Malbran-Labat, op. cit., p. 26-27
  35. R. Labat, F. Malbran-Labat, Manuel d'épigraphie akkadienne (Signes, Syllabaires, Idéogrammes), Paris, 1988 (6e édition)
  36. (de) R. Borger, Assyrish-babylonische Zeichenliste, Neukirchen-Vluyn, 1981
  37. R. Labat, F. Malbran-Labat, op. cit., p. 27-28
  38. Un exemple des étapes de traduction d'un texte à partir du texte cunéiforme original est présenté par B. André-Leickman, dans B. André-Leickman et C. Ziegler (dir.), Naissance de l'écriture, cunéiformes et hiéroglyphes, Paris, 1982, p. 96. Description détaillée de la façon dont se traduit un texte cunéiforme dans D. Charpin, Lire et écrire à Babylone, Paris, 2008, p. 18-28

Ressources

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • R. Labat et F. Malbran-Labat, Manuel d'épigraphie akkadienne (Signes, Syllabaires, Idéogrammes), Paris, 1988 
  • (de) R. Borger, Assyrish-babylonische Zeichenliste, Neukirchen-Vluyn, 1981 
  • L.-J. Bord et R. Mugnaioni, L'écriture cunéiforme, Paris, 2001 
  • M.-J. Stève, Syllabaire élamite, Histoire et paléographie, Neuchâtel, 1992 
  • (de) C. Rüster et E. Neu, Hethitisches Zeichenlexikon, Inventar und Interpretation der Keilschriftzeichen aus den Boğazköy-Texten, Wiesbaden, 1989 
  • (en) R. D. Woodard (dir.), The Cambridge Encyclopedia of the World's Ancient Languages, Cambridge, 2004 
  • P. Garelli, L'Assyriologie, Paris, 1966 
  • J. Bottéro, Mésopotamie, l'Écriture, la Raison et les Dieux, Paris, 1997 
  • F. Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, 2001 
  • B. André-Leickman et C. Ziegler (dir.), Naissance de l'écriture, cunéiformes et hiéroglyphes, Paris, 1982 
  • J.-J. Glassner, Écrire à Sumer, L'invention du cunéiforme, Paris, 2000 
  • (en) L. Sanders (dir.), Margins of Writing, Origins of Cultures, Chicago, 2005 
  • B. Lion et C. Michel (dir.), Les écritures cunéiformes et leur déchiffrement, Paris, 2008 
  • D. Charpin, Lire et écrire à Babylone, Paris, 2008 
  • (en) C. Woods (dir.), Visible Language, Inventions of Writing in the Ancient Middle East and Beyond, Chicago, 2010 

Où apprendre le cunéiforme ?

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  • Université Paris I [1] (akkadien, sumérien, hittite)
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  • cunéiforme — (ku né i for m ) adj. Qui est en forme de coin.    Écriture cunéiforme, écriture des Assyriens, des Mèdes et des Perses, formée de figures en fer de lance ou en clous, diversement combinées. L écriture cunéiforme des Perses est aujourd hui… …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • cuneiforme — (Del lat. cuneus, cuña + forma, figura.) ► adjetivo 1 Que tiene forma de cuña. ► adjetivo/ sustantivo masculino 2 ANATOMÍA Se aplica al hueso que está en la parte anterior de la segunda fila del tarso. 3 LINGÜÍSTICA Se aplica a una escritura… …   Enciclopedia Universal

  • cuneiforme — {{#}}{{LM C11299}}{{〓}} {{[}}cuneiforme{{]}} ‹cu·nei·for·me› {{《}}▍ adj.inv.{{》}} {{<}}1{{>}} Con forma de cuña{{♂}}, especialmente referido a los caracteres de un tipo de escritura usada por antiguos pueblos asiáticos{{♀}}: • Los asirios… …   Diccionario de uso del español actual con sinónimos y antónimos

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