Crack (Stupéfiant)

Crack (Stupéfiant)

Crack (stupéfiant)

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Crack
Crack sous forme de « cailloux »
Crack sous forme de « cailloux »
Général
Apparence solide blanc à jaunâtre
Caractère psychotrope
Catégorie Stimulant
Mode de consommation Inhalation
Autres dénominations
  • freebase, coke basée, cocaïne purifiée
  • ferrero, kecra, caillou, youka, biscuit
Risque de dépendance très élevé (psychique)
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

Le crack est un stupéfiant dérivé de la cocaïne.

Sommaire

Historique

La consommation de la « pasta » (nom donné au dépôt qui se fait lors de l'extraction de la cocaïne des feuilles de coca) est très répandue dans les zones de culture traditionnelle où elle se consomme dans des cigares faites de papier journal[1].

Cette présentation peu onéreuse se développe à partir des années 1970 d'abord au Pérou puis au Venezuela. Elle commença à s'exporter aux États-Unis quand les politiques entreprirent de renforcer les contrôles sur les précurseurs et les solvants permettant de purifier la cocaïne et avec elle, s'exporta la façon de la purifier qui utilisait alors de l'éther éthylique[1].

Ce procédé de purification fut simplifé par les usagers des Caraïbes qui chauffèrent la pasta avec du bicarbonate de sodium — parfois de l'ammoniaque — solubilisé dans du rhum en solution aqueuse. La cristallisation obtenue permettait d'avoir accès à une forme fumable de cocaïne. Cette technique se propagea aux États-Unis pour s'appliquer non plus seulement à la pasta mais au chlorhydrate de cocaïne (la cocaïne en poudre)[1].

Les premières apparitions du crack se firent aux débuts des années 1980 à Los Angeles, Houston, San Diego, Miami, et dans les Caraïbes. À partir de 1983, le crack commença à envahir tout le reste des États-Unis, plus particulièrement la côte Est. À partir de 1985, il y eut une hausse fulgurante de consommateurs, surtout dans les ghettos afro-américains, avec près de 1,5 millions de nouveaux adeptes par an[réf. nécessaire].

Cette période appelée l'épidémie du crack durera jusqu'en 1991 avec un taux record de consommateurs de près de 10 millions à 12 millions[réf. nécessaire]. Elle a été l'une des plus traumatisante pour l'histoire des États-Unis avec une très grande montée de la criminalité. En 1992, ce chiffre se stabilisa avec de moins en moins de nouveaux consommateurs par an[réf. nécessaire].

Depuis 25 ans, les lois américaines sur les peines plancher concernant les stupéfiants ont établi une disparité de 1 à 100 pour ce qui concerne le crack et la cocaïne: une personne en possession de 5 grammes de crack recevait la même peine plancher (5 ans ferme selon la loi fédérale [2]) qu'une personne avec 500 grammes de cocaïne [3]. Cela conduit à une discrimination ethnique envers les Afro-Américains, qui forment le groupe le plus gros des personnes condamnées pour possession de crack (84,7% de celles-ci) [3]., alors qu'ils ne représentent que 27% des personnes condamnées pour possession de cocaïne [4].

Il a été rapporté selon certaines sources que ce serait la CIA qui aurait implanté la drogue, notamment le crack, et les armes à feu dans les ghettos noirs[5].

Le crack est arrivé en Europe à la fin des années 1980 et a pris une place importante à Paris, notamment dans le nord-est parisien autour des métros La-Chapelle, Château-Rouge Stalingrad de 1991 à 1996. A la suite notamment de fermetures de squats dans Paris, le trafic s'est par la suite propagé en banlieue, au nord de Paris, et en particulier autour de gare de Saint-Denis où le trafic a pris une grande ampleur. Aux Antillais et Sénégalais très désocialisés et en errance des années 1990-2000, ont aujourd'hui succédé des jeunes des banlieues, anciens dealers de cannabis reconvertis dans le crack et la cocaïne, se sont ajoutés des usagers occasionnels insérés socialement, avec travail et famille qui voient dans le crack un comme un dérivé plus puissant de la cocaïne (1 million de personnes ont déjà sniffé au moins une fois de la "coke" et 3,3 % des jeunes de 17 ans)[6].

Du nord parisien, le crack a commencé à se répandre dans la périphérie de la région parisienne, comme dans les Pays-de-Loire[7].

Chimie

Le crack est le résultat de la purification par cristallisation de cocaïne lorsque celle-ci est dissoute dans de l'ammoniaque (technique la plus répandue car la plus simple), du bicarbonate de soude (moins répandu car les dosages doivent être exacts), ou de l'éther éthylique (ancienne technique qui n'est plus utilisée car trop toxique) ; et chauffée. Cette transformation chimique qui rend la cocaïne fumable lui donne alors l'apparence d'un caillou blanc ou jaunâtre qu'il faut rincer à plusieurs reprises avant de consommer : on dit que la cocaïne est « basée[8] » autrement dit transformée en crack.

Ce crack peut-être fabriqué par l'usager lui-même[9].

Usage personnel

Les crackeurs (usagers de crack) sont généralement des populations précaires, ils peuvent aussi être nommés crack head[1].

Mode de consommation

Le crack est fumé, il tire son effet de la chaleur pour n'en rester que des vapeurs, inhalées par l'usager.

L'outil de consommation le plus courant est la pipe à air, souvent fabriquée par les usagers eux-mêmes de manière très simple à partir de cannettes en fer, dosettes à pastis, ou autres objets à disposition faisant l'affaire.

On appelle une pipe à crack artisanale un « youyou » qui désigne plus particulièrement celles faites à partir d'une bouteille en plastique plantée horizontalement d'un stylo à bille vide et dont le goulot est recouvert d'une feuille d'aluminium percée de quelques trous. L'usager dépose alors un tapis de cendres de cigarette dessus et y introduit un caillou de crack, qu'il soumet longuement à la flamme du briquet en aspirant par le stylo jusqu'à ce que le caillou crépite et fonde entièrement.

Cette opération provoque de petits craquements assez sonores, originaires de son nom[10].

Une autre méthode moins répandue consiste à le fumer en cigarettes. L'usager retire le tabac jusqu'à la moitié de la cigarette, y introduit son caillou de crack, remplit sa cigarette avec du tabac et fume cette dernière. Parfois s'ajoute au crack et au tabac du cannabis, le tout roulé en joint s'appelle un « sprang[réf. nécessaire] » ou un « blaka jango » (black joint, joint noir)[1] ou un « juicy ».

Argot

  • modous : dealers de crack
  • balachadha : crack en argot indien
  • Pookie : Ce terme désigne une personne qui fume du crack — il ferait référence au personnage de Pookie dans le film de 1991 New Jack City.

Effets

Effets à court terme

Le crack provoque des effets et des conséquences similaires à la cocaïne, mais plus violents, rapides, et brefs[10].

Il provoque une montée immédiate qui se caractérise par une forte stimulation mentale et une impression de rêve qui s'achève à la descente et ne peut continuer qu'avec une nouvelle prise.

Il est alors difficile de ne pas renouveler la dose. La descente (l'état durant le quel l'effet de la/des drogues s'amenuise, en tendant vers la disparition) est connue pour être pénible : dépression, anxiété, épuisement, mal-être.

Conséquences

La consommation de crack provoque une dilatation des pupilles, une augmentation de la température, une vasoconstriction déclenchant une accélération du rythme cardiaque et une élévation de la pression artérielle. En conséquence, la population consommatrice de crack est très exposée aux complications de type crises cardiaques, détresse respiratoire, accidents vasculaires cérébraux, crises épileptiques et des troubles gastro-intestinaux[10],[11].

Cette consommation par voie inhalée provoque aussi des problèmes pulmonaires (crack lung) comme la dyspnée et des pathologies spécifiques à son usage (brûlure, abcès)[12].

Des douleurs abdominales brutales et violentes durant plusieurs heures, voire jours sont décrites par vingt cinq pour cent des sujets d'une étude comparant usagers de cocaïne et de crack[13].

Par son effet anorexigène, mais aussi par la désocialisation habituelle des crackeurs, leur préoccupation majeure qu'est la consommation rituelle du produit laissant peu de temps à autre chose, le crack entraine une malnutrition rapide avec perte de poids (88 % d'une population de consommateur[13]), fatigue, chute des dents, des cheveux etc.

L'usage régulier entraîne des hallucinations, une agitation et un comportement violent, une irritablilité ainsi qu'une anxiété, provoquant parfois un épisode de psychose paranoïde voire un état suicidaire, particulièrement après une consommation excessive. Les usagers réguliers restent soumis à des altérations de l'humeur plusieurs mois après l'arrêt[10],[11].

Il donne des démangeaisons[14], des taches sur le corps et autour des yeux[réf. nécessaire].

Le crack provoque une forte dépendance psychique.

Il existe des centres de désintoxication, prenant en compte la toxicomanie au crack.

Autres complications et situations particulières

Les usagers de crack seraient plus exposés au infections par le VIH et le VHC que le reste de la population.

Pendant la grossesse l'usage de cocaïne ou de crack augmente les risques d'avortement spontané, d'accouchement prématuré et d'hématome rétro-placentaire. Le crack entraine une baisse de perfusion placentaire avec pour conséquence, un retard de croissance fœtal in utero[15],[16]. La mortalité périnatale augmente de 3 % par rapport à une population de même niveau socio-économique. Un syndrome de sevrage majeur chez le nourrisson est particulièrement fréquent dans les trois jours qui suivent la naissance. Les malformations du nourrisson liées à la consommation maternelle de crack sont fréquentes[16].

Soins aux crackeurs

Il n'existe pas de produit pharmaceutique substitutif du crack. La Buprénorphine n'est pas efficace pour pallier les effets de manque liés à l'usage de crack.

Bibliographie

  • Gary Webb, Dark Alliance: The CIA, The Contras and the Crack Cocaine Explosion, Seven Stories Press.
  • Tristan Jordis, Crack, Seuil, 2008.
  • Philippe Bourgeois, En quête de respect. Le crack à New-York, Paris, Seuil, 2001.

Notes

  1. a , b , c , d  et e Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1) 
  2. Sentencing: House Subcommittee Approves Reducing Federal Crack Cocaine Penalties, Drug War Chronicle, Issue #595, 7/24/09
  3. a  et b Cocaine Justice, éditorial du Washington Post, 26 juillet 2009
  4. Carrie Johnson, Parity in Cocaine Sentences Gains Momentum, Washington Post, 25 juillet 2009
  5. Robert Chalmers, « Susan Bell: a shameful secret history », The Independent, 9 octobre 2005.
  6. L'usage du crack se banalise en Ile-de-France, 18 juillet 2009, Le Monde. Consulté le 19 juillet 2009
  7. Vendeur de crack arrêté, 17 juillet 2009, Courrier de Laval. Consulté le 19 juillet 2009
  8. Voir free base.
  9. OFDT, Drogues et dépendances, données essentielles, La découverte, 2005 (ISBN 2-7071-4536-X) 
  10. a , b , c  et d Drogues, savoir plus risquer moins, comité français d'éducation pour la santé et de la mildt, juillet 2000 (ISBN 2-908444-65-8) 
  11. a  et b Rapport canadien
  12. Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2002 (ISBN 2-13-052059-6) 
  13. a  et b cairn.info
  14. Prurit probablement lié à l'hyperesthésie déclenchée par le crack
  15. esculape.com
  16. a  et b ulpmed.u-strasbg.fr

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

(fr) Site de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie

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