Cordage (bateau)

Cordage (bateau)

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Alignement de cordages sur le Mutin.
Cordage en chanvre (4 torons avec âme, 150 m, diamètre 40 mm).

Cordage est un terme générique de marine désignant les filins qui sont utilisés pour les manoeuvres des bateaux, grelins, amarres, drisses, écoutes, haubans, etc.

Sommaire

Usage du mot

La seule « corde » nommée comme telle sur un navire est celle de la cloche[note 1]. On peut ajouter, pour le ski nautique, la corde qui permet de tirer le skieur sur les petites unités rapides à moteur.

Le mot « corde » était également utilisé dans la marine ancienne pour désigner la corde qui servait à la pendaison des marins condamnés, ainsi que pour l'instrument avec lequel on frappait les matelots. Mais le terme était tabou sur les navires[réf. nécessaire][note 2].

Fabrication des cordages

A l'époque de la marine à voile, XVIIIe-XIXe siècles

A la grande époque de la marine à voile, chaque navire réclame une grande quantité de cordage, de toutes natures. Un vaisseau de 74 canons va ainsi emporter près de 84 tonnes de cordages[1],[note 3].

La corderie

La corderie royale de Rochefort.

Les cordages nécessaires pour la marine royale sont fabriqués dans des bâtiments spécialement conçus, les corderies. Chaque arsenal comprend une corderie.

Pour la marine marchande, des cordiers assurent la fabrication. Il n'y a pas de normalisation des productions.

La matière première

Au cours du temps, de nombreuses matières ont été utilisées pour réaliser les cordages nécessaires à la mise en œuvre d'une embarcation. En premier lieu, des matières d'origine animale, comme du cuir, du crin, des tendons ou des boyaux. En second lieu des matières végétales choisies parmi les espèces présentant des fibres longues. Selon les pays, ces matières végétales ont varié (par exemple, le sisal, le coton, la fibre de coco, le chanvre)[1].

En Europe, le chanvre va devenir la principale fibre utilisée pour confectionner les cordages[2], de part sa facilité de culture et, surtout, son prix modique. Les fibres de chanvre atteignent une longueur de 60 à 80 centimètres et se prêtent bien à la fabrication de fil.

Le chanvre arrive sur les lieux de fabrication des cordages en ballots de fibre, après avoir été préparé localement. Duhamel du Monceau, dans son traité sur la confection des cordages, donne des appréciations sur les qualités et les défauts des chanvres de différentes origine.

La préparation du fil de base

Reconstitution de filage du chanvre à la corderie de Karlskrona.

Le produit de base est le "fil de carret". Certains gros cordages comprendront plus de 2 000 fils de carret[3]. Le fil est produit à partir de fibres, d'une manière similaire à celle utilisée la confection d'un fil de laine.

Pour les cordages, il y a, en gros, deux méthodes principales. La première fait appel à une quenouille, la seconde voit le fileur porter autour de la taille la masse de fibres qu'il va mettre en forme. C'est cette seconde méthode qui est illustrée dans l'image ci-contre.

  • Caractéristiques.
  • Fabrication.

Le fil créé est enroulé autour d'un dispositif qui va lui donner son nom, le carret[2].

La fabrication proprement dite du cordage

Maquette d'une corderie au Hamburgmuseum. Noter la possibilité de travailler à l'air libre.
  • Le matériel.
La matière première du cordage à fabriquer sont les fils de carret. Selon le type de cordage recherché, on utilisera plus ou moins de fils.
La longueur "normale" d'un cordage est de 200 mètres environ. C'est ce que l'on appelle une encablure[4]. Cela va entrainer le recours à des bâtiments d'une longueur correspondante[note 4], comme la Corderie royale de Rochefort. Mais on peut trouver des corderies fonctionnant en plein air, comme celle dont une maquette est présentée au Hamburgmuseum.
La fabrication proprement dite, qui recours à la torsion des fils, n'est pas faite à la main mais demande des appareils assurant une torsion plus puissante.
  • Les hommes.
La fabrication est effectuée sous la direction d'un maître-cordier, dont l'expérience permet de vérifier les différents paramètres comme la vitesse de rotation de l'appareil qui va assurer la torsion des brins.
Il est assisté d'un "maitre de roue", fileur expérimenté dont le travail consiste à manœuvrer le rouet qui va faire tourner le crochet sur lesquels sont attachés les brins. Il est assisté d'autres fileurs dont l'un surveille la progression du toupin, d'autres à placer des chevalets pour soutenir le cordage en cours de fabrication.
  • La technique.
Le commettage[5],[note 5] est l'action qui consiste à créer le cordage, en enroulant ensemble et sur eux-mêmes 3, parfois 4, brins, dans le sens inverse de l'enroulement de chacun des brins. Le "brin" pouvant être un fil de carret, un toron ou une aussière.
Le commettage a pour conséquence de diminuer la longueur du cordage par rapport à la longueur initiale de ses constituants. Cette diminution peut varier. Elle a une incidence sur la résistance du produit fini. En règle générale, un cordage est "commis au tiers" ou "commis entre le quart et le tiers"[4].

Utilisation des cordages

Une partie des cordages d'un vieux gréement (2008).

Mise en place
Entretien
protection

Il est aussi à noter que les cordages fabriqués pour les navires du roi de France portent une marque distinctive pour éviter qu'ils ne se retrouvent sur des navires marchands. L'usage est de laisser un fil blanc, si le cordage est goudronné, ou un fil noir si le cordage n'est pas goudronné[5].

A l'époque actuelle

Matériaux utilisés

Machine à tresser des cordages en fibres synthétiques. Ce modèle utilise 16 fuseaux.

Si l'on trouve toujours, de nos jours, des cordages réalisés à partir de fibres végétales, la majeure partie est désormais fabriquée à partir de fibres synthétiques (polyester, polyamides ou polypropylènes).

D'autres cordages, en particulier ceux utilisés pour les manœuvres dormantes, sont réalisés à partir de fil de fer ou d'acier. Dans ce cas, ils sont zingués ou galvanisés pour limiter la corrosion.

Certains cordages peuvent aussi associer une âme métallique à un corps en synthétique.

Caractéristiques

Le principal avantage de ces nouveaux types de cordages est une meilleure résistance. Si l'on compare un cordage en chanvre et un cordage en fibre synthétique, les deux étant d'un même diamètre de deux centimètres, le premier aura une charge de rupture de 3 tonnes quand le second l'aura de 14 tonnes[6]. D'autres avantages seront à chercher dans une meilleure imputrescibilité, imperméabilité et légèreté.

Utilisations

Aussières polypropylène 8 brins
  • Marine marchande.
  • Régates et course au large.

Types de cordages

Les différents types de cordage possèdent chacun un nom particulier et un emploi précis. On reconnaît deux types de cordages. Les cordages simples sont appelés aussières. Une seule opération permet de passer du fil de carret au cordage. Les cordages composés sont réalisés en partant d'aussières[7].

Cordages simples

Les cordages simples sont fabriqués directement à partir de fils de carret. Selon leur forme, ils portent des noms particuliers.

  • Bitord.
Le bitord est un cordage constitué de deux fils de carret[5]. L'un des usages les plus fréquents est celui de protéger d'autres cordages, par exemple du frottement. Le bitord est alors préparé à partir de vieux cordages[8].
  • Merlin.
Le merlin est un petit cordage de 2 ou 3 fils de carret. Il sert pour coudre les ralingues, pour divers petits amarrages et des surliures[9].
  • Luzin.
Le luzin est constitué de 2 fils de carret commis. Il sert à coudre les voiles[4]. Il sert aussi pour de petits amarrages et des surliures[9].
  • Lignerole
la lignerole est fabriquée à partir de deux fils de carret partagés en deux[4]. Souvent tiré de vieux cordages; sert pour les surliures[9].
  • Ligne
La ligne est composée de deux luzins. Elle sert pour les lignes de loch; mais aussi comme ligne de sonde ou ligne de pêche[8].
  • Fil à voile.
Composé de deux fils de carret de 32 mètres (20 brasses) de long, ils servent à assembler les lés de toiles qui servent à constituer les voiles[10].
  • Quarantenier
Le quarantenier est fabriqué à partir de trois petits torons. Ceux-ci sont constitués de 9 à 18 fils. Ils servent pour les empointures de ris, les enflèchures; etc[8].
  • Toron.
Ce sont des cordons formés de fils de carret qui vont permettre de constituer les cordages[11]. Ils sont tordus en sens inverse des fils qui les constituent[11].
  • Aussière.
Ce sont les cordages les plus répandus à bord des navires du roi.
les plus petites sont appelées quaranteniers[10]. Ce sont des aussières à trois torons[4], eux-mêmes constitués de 6 ou 9 fils de carret. Leur circonférence varie de 8 à 10 centimètres.
Les aussières sont commises une seule fois, à l'aide de 3 torons, ce qui leur laisse une certaine souplesse.

Cordages composés

Exemple de grelin réalisé en fibre de coco.
Exemple de grelin réalisé en chanvre. Il est composé de 4 aussières de 3 torons.

Les cordages composés sont fabriqués à partir de cordages simples. Il y a donc deux étapes dans leur fabrication.

  • Grelin.
Les grelins sont composés de plusieurs aussières commises ensemble, trois ou quatre. Ils servent au remorquage ou à l'amarrage des navires. Selon leur utilisation, ils portent différents noms. Pour les ancres, ce seront des câbles; pour les grappins des galères, ce seront des gummes[12].
  • Câble
Le câble est un grelin, mais d'une circonférence supérieure. Un grelin a une circonférence de 16 à 32 centimètres, le câble, de 32 à 65[4].

Sources et Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

(Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article)
  • Duhamel du Monceau, Traité de la fabrique des manœuvres pour les vaisseaux ou l’art de la corderie perfectionnée, 1747[note 6], Imprimerie Royale.
  • Jacques Gay, La Fabrication des cordages au XVIIIe siècle, publications de l'université francophone d'été Saintonge-Québec, Jonzac, 1987, 41 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Annette Lahaye-Collomb, Nœuds marins et cordages, J.-P. Gisserot, Paris, 2004, 124 p. (ISBN 2-87747-348-1).
  • Barrot de Gaillard, Le grand classique du modélisme naval, réédition 1997, Le Chasse-marée/Armen, (ISBN 978-290370-874-0), voir le chapitre 21. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Wuillaumez (amiral), Dictionnaire de marine, 1831, réédition 2003, Le Chasse-marée, (ISBN 978-2903708771). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Edmond Pâris et Pierre de Bonnefoux, Dictionnaire de la marine à voile [détail des éditions]. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Notes et références

Notes

  1. De même qu'il n'y a pas de « ficelle » sur un navire, hormis celle du saucisson !
  2. Tout comme le mot « lapin » (on parle du « cousin du lièvre », ou de la « bête à grandes oreilles »).
  3. Une brochure, éditée par la Corderie royale de Rochefort, précise qu'un vaisseau de premier rang de Louis XIV transporte alors près de 100 tonnes de cordages, représentant une distance de 100 kilomètres.
  4. Les bâtiments construits ont une longueur supérieure à une "encablure", le produit fini ayant environ réduit d'un tiers dans le processus de fabrication.
  5. « Autref., opération qui consistait à réunir des fils de caret et à les tordre pour en former des torons », in Grand Larousse universel, 1982 pour l'édition originale.
  6. La première édition date de 1747. La méthode scientifique adoptée par l'auteur, face à l'empirisme des maîtres-cordiers, avait justifié que l'édition soit prise en charge par le roi. Il est cependant conseillé de rechercher l'édition de 1769 qui est plus complète que l'édition originale.

Références

  1. a et b Gay, page 4.
  2. a et b Barrot de Gaillard, page 239.
  3. Gay, page 26.
  4. a, b, c, d, e et f Barrot de Gaillard, page 241.
  5. a, b, c et d Barrot de Gaillard, page 240.
  6. [1], page 3.
  7. Gay, page 20.
  8. a, b et c Barrot de Gaillard, page 242.
  9. a, b et c Wuillaumez, q.v..
  10. a et b Gay, page 24.
  11. a et b Paris & Bonnefous, q.v..
  12. Gay, page 35.

Annexes

Liens internes

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