Contact transocéanique précolombien

Contact transocéanique précolombien

Contacts trans-océaniques précolombiens

Les contacts trans-océaniques précolombiens désignent les rencontres entre les peuples indigènes d'Amérique et les navigateurs d'autres continents antérieures aux explorations de Christophe Colomb.

Le seul à être historiquement avéré est relaté dans deux sagas scandinaves, qui décrivent deux colonies au Groenland fondées vers l'an mil par Érik le Rouge. Les vestiges matériels de ce contact ont également été retrouvés lors des fouilles de quelques sites scandinaves et indigènes au Groenland, dans l'Arctique canadien et à Terre-Neuve.[1]

D'autres présumés contacts se basent sur des découvertes archéologiques controversées et sur des récits légendaires. Ils sont donc sujets à caution, et certains relèvent tout simplement du mythe. Les contacts précolombiens font depuis des siècles l'objet d'une certaine fascination, cherchant notamment à disputer à Colomb et à l'Espagne la découverte et l'exploration de l'Amérique.

Toutes les migrations humaines antérieures à l'Antiquité et correspondant à la période préhistorique sont regroupées dans l'article sur les théories du premier peuplement de l'Amérique.

Sommaire

Préhistoire

L'origine des premiers habitants du continent américain fait l'objet de polémiques parmi les archéologues contemporains. Plusieurs théories ont vu le jour sur le contexte et la date de leur arrivée ; certaines découvertes récentes pourraient remettre en cause le modèle jusqu'ici le plus pertinent, appelé « modèle Clovis ».

Antiquité

Égyptiens

La découverte de tabac dans le baume des momies égyptiennes a surpris les scientifiques et a soulevé la question de son origine. Cette découverte remonte à l'arrivée à Paris en 1976 de la momie royale de Ramsès II à l'initiative de l'historienne Christiane Desroches-Noblecourt. L'étude botanique de la momie de Ramsès II est confiée à madame Michèle Lescot, taxinomiste et spécialiste en anatomie végétale du laboratoire de phanérogamie du Muséum d'histoire naturelle de Paris. La découverte de composants de Nicotiana, parmi les débris végétaux du baume viscéral, laisse la spécialiste perplexe... Le scepticisme de ses confrères accompagne sa première constatation, car la « Nicotiana L » est un élément constitutif du tabac américain[2]. Elle confie quelques échantillons à monsieur Steffan, spécialiste du laboratoire d'entomologie du Muséum et non seulement celui-ci confirme les recherches de sa consœur mais en plus y découvre la présence d'un coléoptère parasite du tabac américain[2]. Les éléments de Nicotiana L. observés au microscope, appartiennent aux solanacées, grande famille bien représentée sur le continent américain. Cette présence de tabac peut s'expliquer par l'usage de solanacées africaines[3] ou par la contamination des momies à l'époque contemporaine, le tabac ayant été utilisé, au XIXe siècle, comme insecticide[4].

Phéniciens

Au XVIIIe siècle, le révérend-père Ezra Stiles (en), président de l'Université Yale, soutient que le rocher de Dighton serait couvert de pétroglyphes phéniciens[5], [6]. La théorie est notamment développée par l'historien Jeremy Belknap (en)[7] et par un érudit français Antoine Court de Gebelin en 1781. Elle n'est pas sérieusement retenue par les historiens contemporains.

Le visage énigmatique de Pedra da Gavea, Rio de Janeiro

Une autre théorie manquant de validation archéologique sérieuse est la gigantesque « sculpture » au sommet de la montagne de Pedra da Gavea surplombant la ville de Rio de Janeiro et semblant représenter un visage européen et barbu. Cette immense tête est visible à des kilomètres à la ronde[8]. Au XIXe siècle furent découvertes de prétendus inscriptions phéniciennes sur le côté de la falaise de Pedra da Gavea (à la hauteur de la coiffe), face à la mer. Elles indiqueraient la phrase suivante : "LAABHTEJBARRIZDABNAISINEOFRUZT".
Comme toutes les langues sémitiques, le phénicien s'écrit de droite à gauche. L'inscription devient alors :
"TZUR FOENISIAN BADZIR RAB JETHBAAL" se traduisant ainsi : « Badezir, Phénicien de Tyr, fils aîné de JethBaal ». Badezir ou Badezor ou encore Baal-Ezer II en phénicien fut un roi de Tyr et régna vers 850 avant J.-C. [9] Son père fut également roi de Tyr et de Sidon de 896 à 863 avant J.-C. sous le nom de JethBaal ou EthBaal ou encore Ithobaal Ier. Baal-Ezer II eut une sœur : Jézabel que leur père Ithobaal Ier maria au roi d'Israël Achab. Elle devint reine d'Israël. Les sceptiques émettent l'idée que la forme de cette montagne n'est que le reflet d'un imaginaire ou bien encore que ce visage apparent (coiffe, front, yeux, nez, bouche, menton et barbe) n'est que le plus pur des hasards et que l'homme est étranger à cette forme humaine. La réalisation de nombreux faux phéniciens au Brésil à la fin du XIXe siècle est bien connu des spécialistes de la civilisation phénicienne, jusqu'à présent aucune trouvaille authentique n'est connue[10].

Romains

La tête de Tecaxic-Calixtlahuaca est une tête d'homme barbu portant une sorte de chapeau pointu[11], de style romain, probablement fragment d'une figurine en terre cuite, découverte en 1933 dans une tombe précolombienne de Tecaxic-Calixtlahuaca – vallée de Toluca, à environ 65 km de Mexico. Aucune hypothèse expliquant sa présence sur le site n'a encore été confirmée.

Pompéi : au cours de fouilles archéologiques dans la villa de l'éphèbe à Pompéi, une peinture murale est découverte représentant un fruit ayant l'aspect de l'ananas[12]. Cette œuvre d'art est à présent conservée au sein du musée archéologique de Naples. Certains fruits de l'Ancien Monde ont un aspect extrêmement proche de l'ananas : cycas d'Afrique et sagoutier indien.

En 1982, l'épave d'une galère romaine ayant de nombreuses amphores dans sa soute, est découverte dans le fond de la Baie de Guanabara, au Brésil.[13]

Moyen-Âge

Saint Brendan

Le voyage de saint Brendan illustré par un manuscrit du XVe siècle

Brendan de Clonfert ou Bréanainn de Clonfert est né vers 484 à Ciarraight Luachra en Irlande. Parti pour une quête de sept ans à la recherche du jardin d'Eden, Saint Brendan ou Brandan s'aventure sur l'océan Atlantique avec une petite embarcation (probablement un currach) et plusieurs moines, vers 530. Ils reviennent en Irlande en affirmant avoir découvert, vers l'Ouest, une île qu'ils assimilent au Paradis. Le récit rapidement propagé de leurs aventures attire de nombreux pèlerins à Aldfert, le village d'où saint Brandan avait pris son départ avec ses compagnons. Saint Brendan continue de voyager dans les îles britanniques et en Bretagne pendant près de vingt-cinq ans. À l'estuaire de la Rance, il fonde un couvent à Aleth, puis retourne en Irlande où il meurt vers 577/578.

En 1976, l'Irlandais Tim Severin construit une barque en peaux de bêtes tendues et en atteignant Terre-Neuve par les îles Féroé et l'Islande, prouve que le voyage de Brendan jusqu'en Amérique était techniquement possible[14].

Des spécialistes de littérature médiévale et de géographie historique s'accordent cependant à ne pas voir dans la navigation la retranscription exacte d'un authentique voyage et considèrent qu'il n'y a pas de preuves que Brendan ait pu dépasser l'Islande[15],[16].

Vikings

Article détaillé : Colonisation viking des Amériques.
Localisation des lieux Vikings

Les Vikings sont sans doute la première civilisation de l'« ancien monde » à joindre l'Amérique. Vers l'an 1000, Leif Erikson navigue depuis le Groenland jusqu'à Terre-Neuve, qu'il appelle Vinland. Longtemps restée au niveau des légendes, cette histoire reçoit confirmation en 1960 avec la découverte des restes archéologiques de l'Anse aux Meadows où Leif Erikson fonde une colonie et qui fait de lui le découvreur nord-européen de l'Amérique. Des relations orageuses avec les autochtones ne sont vraisemblablement pas étrangères à l'évacuation du village, quelques dizaines d'années plus tard.

Les Vikings ont nommé les terres américaines de noms nordiques :

Pierre runique de Kensington

La pierre runique de Kensington découverte au sud des Grands Lacs dans le Minnesota, aux États-Unis, fait toujours l'objet d'études importantes pour étayer les informations qu'elle contient. En effet le texte gravé révèle la présence d'une expédition d'une vingtaine de Vikings accompagnés d'une dizaine de Goths et le tout daté du milieu de 1362.

Carte du Vinland et des îles de l'océan Atlantique

Carte du Vinland datée de 1434

Cette célèbre carte marine montrant les côtes nord-américaines et les îles de l'Atlantique fut l'objet d'études multiples. D'aucuns y virent une carte authentique datant toutefois du début du XVe siècle d'après un portulan du XIIIe siècle, alors que d'autres y virent une supercherie du XXe siècle[19] [20].

En 1995, des chercheurs de l'université d'Arizona et du Smithsonian Center se rendirent à Yale pour analyser ce parchemin avec un spectromètre accélérateur de masse. Le résultat donna une date assez précise de 1434 avec plus ou moins 11 années en plus ou en moins soit entre 1423 et 1445. Néanmoins, cette analyse publiée en 2002[21], ne donne aucune certitude quant à la carte elle-même[22]. Le débat sur le sujet des encres utilisées demeure ouvert et animé[23].

La carte indique précisément, en latin, le Vinland au nord-ouest de l'océan Atlantique ainsi que l'île de Saint Brandan au milieu de l'océan. Le continent nord-américain présente distinctement l'estuaire et le Golfe du Saint-Laurent (nord-est/sud-ouest), ainsi que la baie d'Hudson[24].

Madoc

Madoc était un prince gallois qui aurait découvert l'Amérique en 1170, soit trois cents ans avant Christophe Colomb. L'histoire raconte que Madoc aurait remonté les grands fleuves de l'Amérique du Nord et rencontré des tribus amicales et hostiles d'Indiens avant de s'installer quelque part sur les grandes plaines. Il aurait débarqué cent vingt hommes, et revint équiper en Europe une flottille de dix navires pour transporter dans ce nouvel établissement tous les éléments d'une colonie permanente. Selon la légende, des colons se seraient intégrés dans des tribus d'Indiens et leurs descendants seraient restés sur la frontière américaine pendant quelques siècles. Le révérend Morgan Jones, capturé en 1669 par une tribu iroquoise (les Tuscaroras), fut le premier à rendre compte d'Indiens parlant gallois. Le chef l'aurait épargné en entendant que Jones parlait gallois, langue qu'il comprenait. Jones serait resté quelques mois dans la tribu à prêcher l'Évangile avant de retourner aux colonies anglaises où il raconta son aventure en 1686[25].

Empire du Mali

D'après un auteur arabe du XIVe siècle, Al-Omari, entre les XIIe-XIIIe siècles, Abubakar II, souverain de l'Empire du Mali, aurait lancé deux expéditions pour connaître les limites de l'océan. La première expédition aurait comporté 200 pirogues, dont une seule serait revenue. La seconde expédition se serait composée de 2 000 pirogues, chargées de vivres et d'eau. Abubakar II aurait embarqué sur une de ces pirogues, laissant le pouvoir à son fils Kango Moussa. Aucune embarcation ne serait revenue et, Abubakar II aurait péri, certainement en mer. Certains historiens[26], [27] pensent que quelques pirogues ont tout de même pu atteindre les côtes d'Amérique du Sud, deux siècles avant Christophe Colomb[28]

Frères Zeno

Carte des frères Zeno représentant le Groenland et les côtes nord-américaines

Aux alentours de 1390, trois hommes, le comte écossais, Henry Sinclair connu également sous le nom de Zichmni et les deux frères italiens explorateurs Niccolo et Antonio Zeno vont contribuer à l'exploration de la route de l'océan Nord-Atlantique.

Après l'exploration de l'Écosse, vers 1390 Niccolo Zeno est devenu officier de marine pour le compte d'Henry Sinclair. Niccolo entreprend de cartographier le littoral du Groenland afin de préparer un voyage vers des terres découvertes à l'ouest par différents marins. Niccolo décède en 1395 avant ce voyage. Antonio, arrivé en Écosse, va pouvoir prendre connaissance des écrits de son frère. Sinclair se serait rendu en 1398 en Amérique sur le territoire de ce qui sera plus tard Terre-Neuve et la côte Sud-Est du Canada.

En 1558, un descendant des frères Zeno, publiera un livre sur le récit de leurs voyages avec une carte devenue aussi célèbre que controversée, la carte Zeno. [29], [30], [31]

Zheng He

Fusain représentant la flotte de Zheng He
Reproduction d'une carte attribuée par certains aux expéditions de Zheng He et réalisée en 1418.

D'après l'auteur britannique Gavin Menzies, la flotte chinoise de l'amiral Zheng He aurait atteint les Antilles depuis l'Afrique, et la côte ouest de l'Amérique via de détroit de Magellan ainsi que l'Australie.

Cette thèse contestée fut élaborée à partir de l'étude d'anciennes cartes maritimes italiennes et portugaises antérieures aux voyages de Christophe Colomb et montrant des îles et territoires inconnus des Européens à cette époque, interprétés généralement par les historiens comme des îles imaginaires.

Portulans, cartes marines et mappemondes du XIVeet XVesiècles

L'étude des Mappemondes anciennes, notamment celles de la seconde moitié du XIVe siècle et de l'ensemble du XVe siècle, indiquent que les connaissances sur la cartographie marine de l'Océan Atlantique étaient relativement développées parmi les marins européens.

Dès le XIVe siècle, des cartes marines et autres portulans circulent parmi les navigateurs européens. Des îles sont clairement indiquées à l'Ouest de l'océan Atlantique ; île d'Antilia, île de Brasil, île de Bacalao, île de Santanaxia, île de Saint-Brandan, îles des Sept cités, etc.

Île de Brasil

La bibliothèque de Charles V de France (XIVe siècle)

Le roi Charles V de France

En plein XIVe siècle, le roi de France Charles V de France agrandit les limites de Paris. Il fait édifier le château de Vincennes au dehors des limites de la ville afin de pouvoir échapper aux éventuelles révoltes des bourgeois de Paris, comme ce fut le cas, avant son règne, avec leur représentant, le prévôt des marchands Étienne Marcel.

Il fait construire de nouvelles enceintes au palais du Louvre. De nouvelles salles princières et royales sont édifiées, notamment la fameuse bibliothèque de Charles V, la plus importante de toute l'Europe (grand érudit et amateur de livres et d'incunables) dont l'intérieur est réalisé avec un bois rare et exotique de couleur rouge, qui proviendrait du Brésil selon les travaux de recherches de l'université Montpellier-III.

Dés la seconde moitié du XVe siècle, des navigateurs français et européens se seraient rendus au Brésil pour rapporter le fameux bois couleur de braise :

  • les sceptiques émettent l'hypothèse que ce bois rouge ne proviendrait pas du Brésil mais du Levant et pourrait être le fameux cèdre du Liban ;
  • Alexandre de Humboldt émet l'hypothèse que ce bois rouge pourrait provenir des Indes ou de plus loin encore, de Malabar et de Malaisie, dont le commerce était fleurissant au Moyen-Âge, notamment grâce aux commerçants arabes. Humboldt précise, dans son livre Examen critique de l'Histoire et Géographie du nouveau continent aux XVe et XVIe siècles, qu'un bois rouge propre à la teinture était connu en Italie et en Espagne trois siècles avant le voyage de Vasco de Gama vers Goa et Calicut[32] ;
  • selon le scientifique américain Edward Bancroft (XVIIIe siècle), dès le XIIe siècle, les termes "Brasile" et "Braxilis", indiquant un bois rouge, viendrait du mot italien bragio : braise.

Indication d'une île de Brasil sur les cartes marines dès le XIVe siècle

  • Alexandre de Humboldt rappelle, dans son livre Examen critique de l'Histoire et Géographie du nouveau continent aux XVe et XVIe siècles, que de nombreuses cartes marines, portulans et mappemondes représentent depuis le XIVe siècle, une île plus ou moins étendue et située le plus souvent au sud-ouest de l'Océan Atlantique, sous des appellations différentes mais relativement proches : Brasile, Bracie, Bresily, Bersil, Brazilæ, Bresilji, Braxilis, Branzilæ.[32] ;
  • la carte marine d'Angelino Dulcert de Gènes datant de 1339 serait la première carte indiquant l'île de Brasil ainsi que les îles de Saint Brandan et d'Antilia [33] [34]
  • la carte de Pizzigano datant de 1367 indique les îles de Brasil, d'Antilia et de Saint Brandan[35] ;
  • la carte de Abraham Cresques réalisée en 1375 indique également une île de Brasil située au sud-ouest de l'Irlande[36] ;
  • la carte du Vinland (1434) indique l'"île de Branzilæ", situé juste au sud d'une autre île nommée Antilia ;
  • la carte d'Andrea Bianco (1436) indique une île du nom d'"Isola de Bersil".

Renaissance

Pêcheurs européens au large de Terre-Neuve

L'Europe découvre au début du XVe siècle, grâce au commerce portugais, un nouveau poisson : la morue. C'est une source de protéines animales nouvelle que de nombreux bateaux cherchent désormais à exploiter au cours de pêches hauturières.

En France même, des navigateurs bretons de Paimpol et de Saint-Malo, des marins normands de Barfleur et de Dieppe, enfin d'autres de La Rochelle et du Pays basque partent pêcher la morue au large des côtes canadiennes et dans le golfe du Saint-Laurent. Tous ces équipages se retrouvent au large d'une grande île qui pourrait être celle de Terre-Neuve, nommée sur les cartes marines de cette époque « île de Bacalaos » (« îles des morues » en portugais) en compagnie d'autres navigateurs portugais, irlandais, anglais, vénitiens et hollandais. La Ligue hanséatique contrôle le marché européen de la morue, et s'enrichit avec ce commerce fleurissant en tenant fermement les ports de l'Europe centrale (mer du Nord, mer Baltique). En France, dès le début du XVe siècle les marins-pêcheurs français payent la dîme au roi de France sur « les Pescheries des terres neufves ». Il en est de même pour les pêcheurs morutiers bretons qui paient la dîme sur la vente de la morue depuis le milieu du XVe siècle. Cette redevance est consignée notamment dans les actes de transactions établis entre les moines de l'abbaye de Beauport à Paimpol et les habitants de l'île de Bréhat[37].

La pêche à la baleine était également pratiquée par les marins basques. Le légiste bordelais, Cleirac, indique dans son livre Us et coutumes de la mer, que cent ans avant Christophe Colomb, les Basques chassaient déjà la baleine, pratiquaient la pêche à la morue. Cleirac précise que les marins basques découvrirent même le grand et le petit banc des morues au large de Terre-Neuve et reconnurent les côtes et rivages du golfe du Saint-Laurent[38].

Île d'Antilia

Charles Giraud, ministre de l'Instruction publique en 1851, indique dans son livre Journal des savants de l'Institut de France, que le terme Antilia apparaît sur les cartes marines et mappemondes dès le XIVe siècle. L'île d'Antilia est indiquée notamment sur le globe de Martin Behaim (1491-1493), sur la carte de Paolo Toscanelli (1468), ainsi que sur l'Atlas d'Andrea Bianco (1436)[39].

La carte du Vinland (1434) indique une île nommée "Antilia" située au sud d'une autre île nommée "île de Branzilæ".

La carte marine de Pizzigano (1424) indique également une île de couleur rouge nommée "Antilia".

João Vaz Corte-Real

En 1472, l'explorateur portugais João Vaz Corte-Real se rend sur l'île de Bacalao sur laquelle les marins-pêcheurs portugais pêchent la morue depuis une longue période avec leurs homologues français. Terra Nova do Bacalhau (littéralement, Terre-Neuve des morues). Cette île, qui n'a jamais été identifiée avec certitude, pourrait être Terre-Neuve.

Thomas Croft et John Jay de Bristol

Dès le début du XVe siècle et surtout après la fin de la guerre de Cent Ans, des marins anglais de Bristol auraient mis le cap vers l'île de Brasil. Dès 1480, les navigateurs Thomas Croft et John Jay seraient partis de Bristol sur deux navires, le Trinity et le George, vers l'île de Brasil pour y rapporter non pas le fameux bois de brasil, mais de la morue dont le commerce avait été monopolisé par la Ligue hanséatique au détriment de nombreux ports dont Bristol[40],[41].

Jean Cousin, le navigateur dieppois

Le port de Dieppe

En 1488, le capitaine dieppois Jean Cousin, part vers l'Afrique de l'ouest puis les îles des Açores. En route vers cet archipel, son navire aurait été drossé par la tempête et les courants vers l'Amérique du Sud. Il aurait alors accosté au Brésil au cap San Rogue[42]. Selon certains auteurs il aurait remonté un large fleuve qu'il nomma "Maragnon" (nommé depuis Amazone) puis rentra à Dieppe en 1489[43],[44],[45].

Il aurait été accompagné par Vincent Pinzon, futur commandant de La Niña et son frère Martin Pinzon celui de la Pinta, deux des trois bateaux qui s'élancèrent à conquête du Nouveau Monde quatre ans plus tard sous les ordres de Christophe Colomb[46]. Cette relation, défendue par Paul Gaffarel (en) à la fin du XIXe siècle[47], est sérieusement mise en doute par différents historiens[48],[49]. A ce sujet, Pierre Chaunu souligne que « l'historiographie française du XIXe siècle a eu ses prétentions. Charles-André Julien, jadis, a achevé de dissiper la légende de la découverte de la Guinée par les Normands et de la découverte du Brésil par Jean Cousin »[50].

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Felipe Fernandez-Armesto, Pathfinders - A Global History of Exploration, Norton Paparback, 2007
  • (en) John L. Sorenson et Martin Raish, Pre-Columbian Contact with the Americas Across the Oceans, Research Press, 1996
  • (en) Ivan Van Sertima, They Came Before Columbus: The African Presence in Ancient America, Random House, 1976

Notes et références

  1. Robert McGhee, « Inuit et Vikings dans l'Arctique canadien de l'an 1000 à 1400 », musée canadien des civilisations
  2. a  et b Christiane Desroches Noblecourt, Ramsès II, la véritable histoire, éditions Pygmalion, 1996, (ISBN 285704481X), p.50 : « Au moment de la momification, son torse avait été rempli de nombreux produits désinfectants : les embaumeurs avaient utilisé un fin "hâchis" de feuilles de Nicotiana L., trouvé contre les parois internes du thorax, à côté de dépôts de nicotine, certainement contemporains de la momification, mais qui posent un problème, car ce végétal était inconnu en Égypte, semble-t-il » (cité dans l'article « L'affaire Ramsès II » du Sciences et Avenir n°441 de novembre 1983).
  3. J. Hd. Balabanova, Parsghe, Bohlir et Pirsif " War Nikotin in alt Agypten bekannt?" Homo, 1993, 44, pp. 90-92 voir Population, 1994, n° 1, p. 253[1]
  4. P.C. Buckland et E. Panagiotakopulu, "Rameses II and the tobacco beetle", Antiquity, 2001, vol. 75, n°289, pp. 549-556[2]
  5. Robert Ellis Cahill, New England's Ancient Mysteries, 1993
  6. Voir page 46 in Indians in the Americas: The Untold Story, William Marder et Paul Tice, Book Tree, 2005
  7. Voir American Biography, Jeremy Belknap, préface de Fordyce M. Hubbard, Harper & Brothers, 1846
  8. Os mistérios da Pedra da Gávea
  9. Les Phéniciens ne s'appelant pas eux-mêmes par ce nom (« phénicien » est un terme grec), l'inscription est un faux.
  10. Maria Giulia Amadasi Guzzo, "Les Phéniciens en Amérique ?", dans S. Moscati dir., Les Phéniciens, Stock, Paris, 1997, p. 657-660
  11. Photo de la tête
  12. Voir page 81 in The Natural History of Pompeii: A Systematic Survey, Wilhelmina Mary F. Jashemski, & Frederick G. Meyer, Cambridge University, 2002
  13. Science et Vie N° 785, Février 1983, page 68
  14. Le Voyage du Brendan de Tim Severin (Albin Michel, 1978)
  15. « Brendan was an actual historical figure who may have made western voyages, perhaps as far as Iceland, known to have had an Irish monastic colony at the time of Norse colonization in the ninth century (Oleson, 1964). Although, as with the purported journeys of Phoenicians and Greeks, there is no evidence to suggest a North American landfall for Brendan or other Irish clerical explorers, the Brendani literary cycle was a significant part of late Medieval geographical lore » J.L. Allen, « From Cabot to Cartier : The Early Exploration of Eastern North America, 1497-1543 », Annals of the Association of American Geographers, 82(3), 1992, pp. 500-521.
  16. Selon John D. Anderson on ne peut accepter les lectures littérales qui envoient Brendan en Amérique - dont la reconstitution de 1976 - « The navigatio brendani: a medieval best seller », The Classical Journal, 83, 4, 1988, pp. 315-322 et surtout pp. 315-316.
  17. Vinland arheology
  18. Norvege.no
  19. Voir page 10 in Historical Atlas of Canada: Canada's History Illustrated with Original Maps, Derek Hayes, Douglas & McIntyre ed., 2006
  20. Voir page 28 in North America: The Historical Geography of a Changing Continent, Thomas F. McIlwraith et Edward K. Muller, Rowman & Littlefield, 2001
  21. Voir la revue Science Daily July 2002
  22. Voir pages 49-51 in Quaternary Dating Methods: An Introduction, Mike J. C. Walker, John Wiley & Sons, 2005
  23. Voir Amazing discoveries in ancient dyes, inks and pigments de l'Association for Asian Research (AFAR)
  24. Determine Age of New World Map
  25. Le site fédéral gouvernemental canadien de la Bibliothèque et Archive du Canada : http://www.biographi.ca/FR/ShowBio.asp?BioId=34505.
  26. Voir The Black Discovery of America: Amazing Evidence of Daring Voyages by Ancient West African Mariners, Michael Anderson Bradley, Personal Library, 1981
  27. Voir They Came Before Columbus: The African Presence in Ancient America, Ivan Van Sertima, Random House, 1976
  28. récit de Mansa Musa rapporté par Shihab al-Din al-Umari (1300-1349) dans Masalik Al-Absar
  29. Site qui commémora le 600e anniversaire de la traversée des frères Zeno.
  30. Site du "Manitoba Historical Society" : Director John Havard, Lieutenant-governor of Manitoba
  31. "The Annals of the Voyages of the Brothers Nicolo and Antonio Zeno" by Fred W. Lucas ; Author(s) of Review: B. F. De Costa ; "The American Historical Review", Vol. 4, No. 4 (Jul., 1899), pp. 726-729
  32. a  et b Alexandre de Humboldt, Examen critique de l'Histoire et Géographie du nouveau continent aux XVe et XVIe siècles, Librairie de Gide, Paris, 1836
  33. Mitchell, Angus (ed.) > Roger Casement's "Hy-Brassil: Irish Origins of Brazil"
  34. Catalan - Les Portulans - Le portulan d'Angelino Dulcert
  35. 2007 Março « OS 2 PILARES DA CRIAÇÃO
  36. Mitchell, Angus (ed.) > Roger Casement's "Hy-Brassil: Irish Origins of Brazil"
  37. Les Bretons en Amérique avant Christophe Colomb, Annales de Bretagne, IX, N°2, janvier 1894
  38. E. Cleirac, Us et Coutumes de la mer…, Bordeaux, 1647, p.151
  39. Charles Giraud, Journal des savants, Editions de l'Institut de France, Paris, 1837
  40. (en) Henry K. Gibbons, The Myth and Mystery of John Cabot, Marten Cat Publishers, Port Aux Basques, 1997 .
  41. (en) George Williams Brown et , Dictionary of Canadian Biography, University of Toronto Press, Toronto, 1974, 239-240 p. (ISBN 0802031420), partie Croft, Thomas .
  42. http://recherche.univ-montp3.fr/mambo/eurides/frameset1.htm
  43. Ch. Desmarquets, Mémoires chronologiques pour servir l'histoire de Dieppe et celle des navigations françaises, Paris, 1785
  44. E. Le Corbellier, « La question Jean Cousin », Bulletin de la Société de géographie, 7esérie, tome XIX, 3etrimestre 1898
  45. Ch. de La Roncière, Histoire de la marine, tome 2, Paris, 1914
  46. J. Mauclère, Caravelle au large. Le véritable découvreur de l'Amérique : Jean Cousin, marin dieppois, Paris, 1942
  47. Voir son ouvrage Études sur les rapports de l'Amérique et de l'ancien continent avant Colomb, Paris, 1869 et surtout son Histoire du Brésil français au XVIe siècle, Paris, 1878
  48. Voir page 15 in The Explorers of South America, Edward J. Goodman, University of Oklahoma, 1992
  49. Voir pages 11-17 in O descobrimento do Brasil, Joao Capistrano de Abreu (en), Rio de Janeiro, 1929
  50. Voir page 361 in L'Expansion européenne du XIIIe au XVe siècle, Pierre Chaunu, PUF 1995
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