Constructivisme radical

Constructivisme radical

Constructivisme radical

Cet article décrit sous la bannière constructivisme radical les travaux en épistémologie d'auteurs se réclamant du constructivisme proches ou issus de disciplines comme la systémique ou la cybernétique.

Pour rappel, l'expression épistémologie constructiviste ou les épistémologies constructivistes, ou encore le constructivisme, rassemblent le point de vue en épistémologie qui consiste à considérer le caractère construit (et construisant) de la connaissance.

L'expression « épistémologies constructivistes » (au pluriel) est utilisé en 1967 par Jean Piaget dans le fameux article de l'Encyclopédie de la Pléiade « Logique et Connaissance scientifique ».

Cette conception s'oppose à une certaine tradition dite réaliste comme l'indique Ernst von Glasersfeld : elle marque « une rupture avec la notion traditionnelle selon laquelle toute connaissance humaine devrait ou pourrait s’approcher d’une représentation plus ou moins « vraie » d’une réalité indépendante ou « ontologique ». Au lieu de prétendre que la connaissance puisse représenter un monde au-delà de notre expérience, toute connaissance est considérée comme un outil dans le domaine de l’expérience. »[1]

Sommaire

Histoire

Antiquité

L'affirmation du sophiste Protagoras selon laquelle « l'homme est la mesure de toutes choses » peut signifier que c'est l'homme qui crée les différences en ce qui concerne le langage, le savoir, la sensibilité ou les perceptions. Alors toute affirmation faite par un homme n'aurait de signification absolue que pour cet homme. Pour un autre sophiste, Gorgias, « premièrement rien n'existe ; deuxièmement, même s'il existe quelque chose, l'homme ne peut l'appréhender ; troisièmement, même si on peut l'appréhender, on ne peut ni le formuler ni l'expliquer aux autres »[2].

Pyrrhon et les sceptiques soulignent quant à eux que l'on ne peut comparer des expériences qu'à d'autres expériences et que la pensée humaine ne peut donc se déterminer sur la possibilité de la découverte d'une vérité.

Moyen Âge

On peut citer principalement le nominalisme médiéval de Pierre Abélard (1079–1142) et Guillaume d'Ockham (1285–1347). Ce dernier déclare que « l'ordre que nous percevons n'est peut-être pas l'ordre réel de la nature ; nous ne pouvons connaître la réalité en soi ; nous ne connaissons que les noms, les représentations de cette réalité ».

La Renaissance

Léonard de Vinci (1452-1519) produit des connaissances scientifiques (invention du parachute, de l’hélicoptère et du sous-marin) sans disposer de la fameuse méthode cartésienne. Vinci avait l'« ambition de ne jamais séparer le désir de comprendre et le plaisir de faire »[3].

Les Lumières

Giambattista Vico (1668-1744), considéré comme le premier « vrai constructiviste » par Ernst von Glasersfeld[4], propose l’ingenio, « cette étrange faculté de l'esprit qui est de discerner pour relier et conjoindre » à la place de la méthode de Descartes, qui vise à « cerner pour diviser et séparer ». Il insiste également sur l'importance de l'action pour la cognition (« Verum ipsum factum » : « Le vrai est le faire même »).

Les empiristes anglo-saxons furent les premiers à entreprendre une étude approfondie de la manière dont les êtres humains peuvent atteindre la connaissance en examinant le monde tel qu'il leur apparait. La connaissance, selon John Locke (1632-1704), a deux sources: d'un coté elle est dérivée des sens, de l'autre, des réflexions de l'esprit sur ses propre opérations. La seconde source du savoir de Locke, les opérations mentales, a été étudiée plus avant par George Berkeley (1685-1753) et David Hume (1711-1776). Ces derniers ont conclu que les relations par lesquelles les détails sensoriels sont combinés pour former des images de notre monde d'expérience, ne sont pas données mais le résultat d'une association.

XIXe siècle

Les tenants du pragmatisme, école américaine (fin XIXe siècle-début XXe siècle), fondée par Charles Sanders Peirce (1839-1914), considèrent qu'une théorie ne se distingue d'une autre que par les effets qu'elle produit une fois qu'elle est posée. Peirce introduit notamment le concept d'abduction, par lequel une règle hypothétique est générée par un cas unique ou un fait surprenant. Contrairement à l'induction et à la déduction, l'abduction est, selon Peirce, le seul mode de raisonnement par lequel on peut aboutir à des connaissances nouvelles. Les deux autres grandes figures du pragmatisme sont William James (1842-1910) et John Dewey (1859-1952).

Le philosophe allemand Hans Vaihinger (1852–1933), dans sa Philosophie des Als Ob (philosophie du « comme si »), défend l'idée que nous ne pouvons percevoir que des phénomènes, à partir desquels nous construisons des modèles de pensée fictionnels auxquels nous accordons une valeur de réalité. Nous nous comportons « comme si » le monde correspondait à nos modèles. Vaihinger souligne que « nous sommes habitués à considérer comme réel tout ce à quoi nous donnons un nom, sans penser que nous pouvons certes attribuer un nom au réel, mais aussi à l'irréel »[5].

XXe siècle

Pour le physicien allemand Max Planck (1858-1947), « la question de savoir ce qu'est une table en réalité ne présente aucun sens. Il en va de même ainsi de toutes les notions physiques. L'ensemble du monde qui nous entoure ne constitue rien d'autre que la totalité des expériences que nous en avons. Sans elles, le monde extérieur n'a aucune signification. Toute question se rapportant au monde extérieur qui ne se fonde pas en quelque manière sur une expérience, une observation, est déclarée absurde et rejetée comme telle »[6].

Le philosophe français Paul Valéry (1871-1945) rappelle l'importance de la représentation et de l'action : « On a toujours cherché des explications quand c’était des représentations qu’on pouvait seulement essayer d’inventer [...] ma main se sent touchée aussi bien qu’elle touche ; réel veut dire cela, et rien de plus [...] Les vérités sont choses à faire et non à découvrir, ce sont des constructions et non des trésors ».

Gaston Bachelard (1884-1962) ré-introduit la notion de téléologie. Il insiste sur la question, ou le problème, qui précède toute construction théorique, avant de conclure: « Et, quoi qu’on en dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit »[7]. Bachelard souligne que « dans la pensée scientifique, la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme du projet. C'est l'objectivation qui domine l'objectivité ; l'objectivité n'est que le produit d'une objectivation correcte »[8].

Les participants des Conférences Macy : Norbert Wiener (1894-1964), un des fondateurs de la cybernétique, et son texte « Behavior, purpose and teleology » (1943) qui réhabilite la notion de finalité à travers la téléologie. Gregory Bateson (1904-1980) et son ouvrage de référence Vers une écologie de l'esprit, 1972. Heinz von Foerster (1911-2002) qui, invité par Jean Piaget au Symposium d'épistémologie génétique de 1976 à Genève, présenta “Objects: takens for (Eigen-) behaviour”, texte qui allait devenir une référence pour le constructivisme.

Jean Piaget (1896-1980), après la création en 1955 du Centre International pour l'Épistémologie Génétique à Genève, utilise le premier l'expression « épistémologies constructivistes » (au pluriel) en 1967 dans Logique et Connaissance scientifique, un texte majeur pour l'épistémologie. Jean Piaget est « la figure de proue du constructivisme et de la rupture avec les idées conventionnelles sur l’acquisition des connaissances. »[1] Pour Piaget, « on ne connaît un objet qu’en agissant sur lui et en le transformant »[9].

Herbert Simon (1916-2001) nomme « Sciences de l'artificiel » ces nouvelles sciences (cybernétique, sciences cognitives, sciences de la décision et de l'organisation) qui, du fait de l'abstraction de leur objet (information, communication, décision), ne trouve pas leur place dans l'épistémologie classique avec la méthode expérimentale et la réfutabilité.

Ernst von Glasersfeld (né en 1917) est l'auteur prolifique d'un constructivisme qu'il qualifiera de radical.

Paul Watzlawick (1921-2007), figure de proue de l'École de Palo-Alto et promoteur de la Nouvelle communication, publie en 1981 l'ouvrage collectif L'invention de la réalité qui comprend notamment des articles de Ernst von Glasersfeld et Heinz von Foerster. Pour Watzlawick, « la psychothérapie constructiviste n'a pas l'illusion de croire qu'elle va faire voir au client le monde tel qu'il est réellement. Au contraire, le constructivisme est pleinement conscient de ce que la nouvelle vision du monde est, et ne peut être que, une autre construction, une autre fiction, mais une vision utile, moins douloureuse »[10].

Anthony Wilden

Edgar Morin définit sa façon de penser comme « co-constructiviste »[11] en précisant : c’est-à-dire que je parle de la collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité. Son œuvre monumentale qu'est la Méthode est une source de premier ordre pour le constructivisme et la connaissance de la connaissance en général. « Toute connaissance acquise sur la connaissance devient un moyen de connaissance éclairant la connaissance qui a permis de l’acquérir. (…) La connaissance élaborante essaie de se connaître à partir de la connaissance qu’elle élabore, et qui lui devient ainsi collaborante »[12].

Jean-Louis Le Moigne, dans une œuvre encyclopédique, vise à donner ses lettres de noblesse au constructivisme. « La connaissance implique un sujet connaissant et n’a pas de sens ou de valeur en dehors de lui »[13].

Mioara Mugur-Schächter, issue de la physique quantique, élabore une méthodologie intitulée Méthode de Conceptualisation Relativisée (MCR) d'inspiration nettement constructiviste.

Mikkel Borch-Jacobsen approche l'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse dans une perspective constructiviste.

Pour Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin, de la revue en ligne Automates Intelligents, « les prétendus phénomènes sociaux ne sont pas des réalités en soi d'un réel transcendental – non plus d'ailleurs que les objets du monde physique. Ce sont des constructions élaborées par certains observateurs utilisant certains instruments et poursuivant ce faisant certaines finalités qui les intéressent en propre mais qui ne peuvent prétendre à l'universel ».

Courants

Bien que le terme de courant soit un peu trop fort, quelques variantes et tendances se dégagent parmi les auteurs cités ci-dessus :

Description

Jean Piaget[14] proposait de définir l’épistémologie « en première approximation comme l’étude de la constitution des connaissances valables », dénomination qui, selon Jean Louis Le Moigne, permet de poser les trois grandes questions :

  • Qu’est ce que la connaissance (la question gnoséologique) ?
  • Comment est-elle constituée ou engendrée (la question méthodologique) ?
  • Comment apprécier sa valeur ou sa validité ?

Gnoséologie : Qu’est ce que la connaissance ?

Pour répondre à cette question, Jean-Louis Le Moigne pose deux hypothèses : l’une phénoménologique, selon laquelle l’objet ou le phénomène à connaître est inséparable du sujet connaissant, l’autre téléologique (la téléologie étudie les systèmes de finalisation), qui se rapporte au but qui motive toujours le sujet connaissant. Ces hypothèses s’opposent à celles de l’épistémologie positiviste-réaliste, respectivement l’hypothèse ontologique, selon laquelle la réalité existe en soi, et l’hypothèse déterministe.

Pas d’objet sans sujet

« La connaissance implique un sujet connaissant et n’a pas de sens ou de valeur en dehors de lui » explique Jean-Louis Le Moigne qui qualifie cela « l’hypothèse phénoménologique ». Ce qui signifie qu’il n’y a pas d’objet d’étude sans sujet étudiant. « Ma main se sent touchée aussi bien qu’elle touche. Réel veut dire cela, rien de plus » dira P. Valéry. [15]

Piaget l'exprima ainsi : « On ne connaît un objet qu’en agissant sur lui et en le transformant ». Et pour Arthur Schopenhauer « tout ce qui existe, existe seulement pour le sujet ».

La mécanique quantique a d'ailleurs corroboré cette vision de l’observateur perturbant ce qu'il observe en s’apercevant que la mesure de la vitesse d’une particule en modifiait la position et vice-versa (c'est le principe d'incertitude). Cette « découverte » dans le domaine de la physique n’était certes pas nouvelle pour le sociologue qui avait bien perçu que sa présence comme enquêteur n’était pas neutre dans son environnement d’étude.

Téléologie : Le sujet a toujours un but

La présence du sujet invite à se demander pourquoi celui-ci avance-t-il tel ou tel modèle ou théorie, dans quel but, pour quelle finalité, ce que Jean-Louis Le Moigne appelle l’hypothèse téléologique. Car l’homme cherchant, modélisant a toujours une motivation, un but. Dans certains cas, l’institution ou la personne qui mène une recherche est aussi un acteur qui a son propre but ou intérêt et pour lequel le résultat n’est pas neutre, ce qui peut amener évidemment un biais dans l’étude. Gaston Bachelard l'exprima parfaitement en écrivant que « la méditation de l’objet par le sujet prend toujours la forme du projet ». Si chaque sujet a son point de vue alors comment produire une connaissance ?

Méthodologie : Comment la connaissance est-elle engendrée ?

Pour l’épistémologie positiviste-réaliste, deux principes permettent de construire une connaissance : le principe de modélisation analytique, défini par Descartes, consiste à analyser un objet en le décomposant en parties, et le principe de raison suffisante ou déterminante, ainsi appelé par Leibniz, correspond à la logique déductive.

Par miroir, Jean-Louis Le Moigne propose une méthodologie basée sur : le principe de modélisation systémique complexe et le principe de raison dialectique ou avisante ou encore délibérante.

Modélisation systémique complexe

Le modèle est un outil qui ne doit pas être confondu avec le réel, car « la carte n’est pas le territoire » (Alfred Korzybski). En effet, le monde observé ne saurait être mis en équations ou décrit complètement.

Edgar Morin présente dans le court article « Pour une réforme de la pensée » les éléments sur lesquels peut s'appuyer une modélisation systémique complexe :

« La pensée complexe est une pensée qui cherche à la fois à distinguer - mais sans disjoindre - et à relier. D'autre part, il faut traiter l'incertitude. Le dogme d'un déterminisme universel s'est effondré. L'univers n'est pas soumis à la souveraineté absolue de l'ordre, il est le jeu et l'enjeu d'une dialogique (relation à la fois antagoniste, concurrente et complémentaire) entre l'ordre, le désordre et l'organisation. »

« La pensée de la complexité se présente (...) comme un édifice à plusieurs étages. La base est formée à partir de la théorie de l'information, de la cybernétique et de la théorie des systèmes et comporte les outils nécessaires pour une théorie de l'organisation. Vient ensuite un deuxième étage avec les idées de Von Neumann, Von Foerster, Atlan et Prigogine sur l'auto-organisation. A cet édifice, j'ai voulu apporter des éléments supplémentaires, notamment, trois principes que sont le principe dialogique, le principe de récursion et le principe hologrammatique. »

« Le principe dialogique unit deux principes ou notions antagonistes, qui apparemment devraient se repousser l'un l'autre, mais qui sont indissociables et indispensables pour comprendre une même réalité. Le physicien Niels Bohr a reconnu la nécessité de penser les particules physiques à la fois comme corpuscules et comme ondes. Blaise Pascal avait dit : « Le contraire d'une vérité n'est pas l'erreur, mais une vérité contraire » ; Bohr le traduit à la façon : « Le contraire d'une vérité triviale est une erreur stupide, mais le contraire d'une vérité profonde est toujours une autre vérité profonde. » Le problème est d'unir des notions antagonistes pour penser les processus organisateurs et créateurs dans le monde complexe de la vie et de l'histoire humaine.

Le principe de récursion organisationnelle va au-delà du principe de la rétroaction (feed-back) ; il dépasse la notion de régulation pour celle d'autoproduction et auto-organisation. C'est une boucle génératrice dans laquelle les produits et les effets sont eux-mêmes producteurs et causateurs de ce qui les produit. Ainsi, nous individus, sommes les produits d'un système de reproduction issu du fond des âges, mais ce système ne peut se reproduire que si nous-mêmes en devenons les producteurs en nous accouplant. Les individus humains produisent la société dans et par leurs interactions, mais la société, en tant que tout émergeant, produit l'humanité de ces individus en leur apportant le langage et la culture.

Le troisième principe « hologrammatique » enfin, met en évidence cet apparent paradoxe de certains systèmes où non seulement la partie est dans le tout, mais le tout est dans la partie : la totalité du patrimoine génétique est présent dans chaque cellule individuelle. De la même façon, l'individu est une partie de la société, mais la société est présente dans chaque individu en tant que tout, à travers son langage, sa culture, ses normes. »

D'ailleurs, le mathématicien Georg Cantor a démontré, par l'existence d'un isomorphisme entre le sous-ensemble des nombres réels compris entre 0 et 1 et l'ensemble de tous les nombres réels, qu'il peut exister des parties d'un tout qui possèdent le même nombre d'éléments et la même structure que le tout.

Principe de raison dialectique

A contrario de la vision classique, Edgar Morin souligne que il faut abandonner tout espoir de fonder la raison sur la seule logique (La Méthode, tome 4) et il précise que la vraie rationalité reconnait ses limites et est capable de les traiter (méta-point de vue), donc de les dépasser d'une certaine manière tout en reconnaissant un au-delà irrationalisable.

C'est ce qu'exprimait déjà Montaigne, dans les Essais[16] :

Puisque les sens ne peuvent arrêter notre dispute, étant pleins eux-mêmes d'incertitude, il faut que ce soit la raison; aucune raison ne s'établira sans une autre raison : nous voilà à reculons jusques à l'infini.

Pour Jean-Louis Le Moigne[17], la raison humaine « a plus d'un tour dans son sac » (Les ruses de la raison) : tirant parti de la complexité des représentations symboliques (en particulier discursive) qu'elle sait construire, elle saura produire des inférences plausibles par lesquelles elle donnera sens ou intelligibilité aux phénomènes qu'elle cherche à interpréter. Il se réfère également à Herbert A. Simon qui proposera d'appeler « procédurales » ces formes de la rationalité exprimant les "délibérations" de l'esprit développant consciemment ces « interactions moyens-fins-moyens-fins... » qui caractérisent la dialectique récursive, la pensée des moyens de la fin devenant le moyen de repenser les fins.

Valeur de la connaissance et réalité

Une connaissance « comme une symphonie »

Comme le postmodernisme, le constructivisme a été soupçonné, parfois violemment, de relativisme nihiliste, ce à quoi Edgar Morin réplique que Le fond du nihilisme contemporain, je le surmonte en disant que s'il n'existe pas de fondement de certitude à partir duquel on puisse développer une connaissance vraie, alors on peut développer une connaissance comme une symphonie. On ne peut pas parler de la connaissance comme d'une architecture avec une pierre de base sur laquelle on construirait une connaissance vraie, mais on peut lancer des thèmes qui vont s'entre-nouer d'eux-mêmes.[18]

C'est bien d'une nouvelle conception de la connaissance qu'il s'agit, formulant un nouveau paradigme.

Une connaissance « actionnable »

S'inspirant du pragmatisme, Jean-Louis Le Moigne emploie l'expression « connaissance actionnable » dans l'ouvrage Le Constructivisme, t. 3  : Modéliser pour comprendre[19].

« On a toujours cherché des explications quand c’était des représentations qu’on pouvait seulement essayer d’inventer », disait Paul Valéry. Ainsi le constructivisme propose une connaissance vue comme une représentation, ou un modèle, qui par la compréhension qu'elle nous apporte sur un phénomène, nous permet de mener une action sur lui.

Une réalité représentée

À la suite de Kant, l'épistémologie constructiviste voit la réalité objective, le réel en soi comme une limite impossible à atteindre. La réalité que nous pouvons appréhender est vue comme une représentation — « le monde est ma représentation », mais est aussi « ma volonté » selon Arthur Schopenhauer — tandis que l'objectivité se voit remplacée par une intersubjectivité.

Cette position est, notamment, judicieusement justifiée par les travaux de Mioara Mugur-Schächter formulant ce qu'elle appelle une Méthode de Conceptualisation Relativisée (MCR) qui étend le regard issu de la physique quantique aux autres disciplines.

Ainsi, Mioara Mugur-Schächter explique[20] que Le concept de ‘connaissance de la réalité physique telle qu’elle est en elle-même’ est auto-contradictoire car l'expression ‘telle qu’elle est’ dit-elle impliquent des qualifications, tandis que l’expression ‘en elle-même’ nie toute qualification accomplie, or toute description (...) implique un objet de la description et des qualifications de cet objet, qui en constituent la description.

D'ailleurs, Montaigne faisait une démonstration semblable en remarquant, dans les Essais[16], que :

Pour juger des apparences que nous recevons des sujets, il nous faudrait un instrument judicatoire; pour vérifier cet instrument, il nous y faut de la démonstration; pour vérifier la démonstration, un instrument : nous voilà au rouet.

Constructivisme et disciplines scientifiques

C'est souvent à partir de disciplines scientifiques spécifiques que s'est développé l'épistémologie. Parmi les références du constructivisme, plusieurs auteurs se sont référés à des époques différentes aux « nouvelles sciences » : Giambattista Vico et son ouvrage La scienza nuova dès 1708, Gaston Bachelard et Le nouvel esprit scientifique (1934), Herbert Simon et la nouvelle science de l'artificiel (The science of the artificial, 1969).

Constructivisme et science physique

La Méthode de Conceptualisation Relativisée (dite MCR) proposée par Mioara Mugur-Schächter et issue de la physique quantique peut clairement être classée comme une méthode constructiviste.

Cette épistémologie formalisée (MCR) introduit un véritable saut épistémologique : il s'agit d'une épistémologie qualitative mais formalisée, construite par des généralisations appropriées à partir de l'étude des fondements de la mécanique quantique. La démarche est déductive, fondée sur un nombre restreint de principes, postulats et définitions, et enracinée directement dans la factualité physique a-conceptuelle. On y établit une unification profonde, génétique, entre logique et probabilités, la place du sens dans la théorie de l'"information" de Shannon y est élucidée, l'on y construit un algorithme d'identification de la loi factuelle de probabilités à poser sur l'univers des événements élémentaires d'un espace de probabilités, on y définit des mesures relativisées de complexité qui sauvegardent les contenus sémantiques.

Herbert Simon et les « sciences de l'artificiel »

Par cette expression, Herbert Simon entend désigner ces disciplines dont l'objet d'étude est créé par l'homme et non issu de la nature, à savoir : à partir de la théorie de l'information, la cybernétique, l'informatique, l'automatique, mais aussi les sciences de la cognition, de la décision, etc. Ces disciplines, qui n'ont pas trouvé place dans la classification classique des sciences observant la nature, se voient ré-intégrées par le constructivisme. En effet, celui-ci considère tout objet d'étude comme construit par un sujet, donc y compris les traditionnelles sciences naturelles.

Le constructivisme en psychologie

En psychologie, le constructivisme est considéré comme une théorie de l’apprentissage, développé, entre autres, par Jean Piaget en réaction au behaviorisme.

Article détaillé : Constructivisme (psychologie).

Le constructivisme social

En sociologie, le constructivisme social est au croisement de différents courants de pensée et fut présenté par Peter L. Berger et Thomas Luckmann dans leur livre The Social Construction of Reality (1966) à la suite des travaux de Alfred Schütz. Ce dernier cherche à découvrir la manière dont la réalité sociale et les phénomènes sociaux sont « construits » c’est-à-dire la manière dont ces phénomènes sont créés, institutionnalisés et transformés en traditions. Dans son œuvre Choses dites, le sociologue Pierre Bourdieu propose de donner à sa théorie sociologique le nom de « structuralisme constructiviste » ou de « constructivisme structuraliste »[21], affichant par là sa volonté de dépasser l'opposition fréquente en sociologie entre le structuralisme (qui affirme la soumission de l'individu à des règles structurelles) et le constructivisme (qui fait du monde social le produit de l'action libre des acteurs sociaux).

Cependant, il faut préciser, comme le note Marc Loriol dans l'article « Réflexions sur la notion de « construction sociale » », que la conception de la réalité des sociologues utilisant la notion de « construction sociale » est diverse, s'éloignant parfois singulièrement de la conception de la réalité des épistémologies constructivistes.

Article détaillé : constructivisme social.

Économie et constructivisme

Claude Mouchot présente dans son ouvrage Méthodologie économique ce que peut constituer une approche constructiviste en économie. Évoquant les conceptions épistémologiques issues de la physique, il titre : « Le point de vue dominant aujourd'hui : le constructivisme ». Il montre notamment que les « représentations de l'économie font partie de l'économie ».

Robert Delorme a fait des travaux sur la complexité en économie.

Par ailleurs, on peut noter le développement d'une approche constructiviste en géographie[22].

Apport du constructivisme

Le constructivisme propose de dépasser les antinomies classiques idéalisme / empirisme, sujet / objet etc.

Cette position dépasse le réalisme scientifique tout en évitant le piège du relativisme.

En cherchant à produire des connaissances actionnables, « qui marchent », le constructivisme réhabilite la notion d'analogie et donne ses lettres de noblesse aux disciplines appliquées comme l'ingénierie et le management. Un siècle avant la méthode de Descartes, explique Jean-Louis Le Moigne[23], Léonard de Vinci invente sur le papier le parachute, l’hélicoptère et le sous-marin. Il est ainsi, poursuit-il, un symbole de l'intelligence concevant un modèle valide par le dessin : c'est le disegno en italien qui a donné design en anglais.

Critiques

Un certain nombre de critiques ont été formulées à l’encontre du constructivisme social avec en filigrane l'épistémologie constructiviste.

La plus fréquente est celle que cette théorie fait le lit du relativisme, car elle définit la vérité comme une « construction » sociale qui dépend donc la société où elle apparaît. Ceci aboutit à des accusations de contradiction interne : en effet, si ce qui doit être considéré comme « vrai » est relatif à une société particulière, alors cette conception constructive doit elle-même n’être vraie que dans une société particulière. Elle pourrait bien être « fausse » dans une autre société. Si c’est le cas, le constructivisme serait faux dans cette société. En outre, cela signifie que le constructivisme social peut à la fois être vrai et faux. Les détracteurs du constructivisme rappellent alors cet axiome de logique « si une proposition est à la fois vraie et non vraie, elle est non vraie » ; donc selon les principes mêmes du constructivisme social, celui-ci est faux.

Une autre critique du constructivisme consiste à rappeler qu'il soutient que les concepts de deux formations sociales différentes sont entièrement différents et ne peuvent être comparés. Si c’est le cas, il est impossible de juger, en les comparant, des déclarations effectuées selon chacune de ces visions du monde. Ceci parce que les critères pour effectuer cette comparaison devront bien être issus d’une vision du monde concrète.

Les constructivistes prétendent souvent que le constructivisme libère parce qu'il (1) permet aux groupes opprimés de reconstruire « le monde » conformément à leurs intérêts propres plutôt qu’en fonction des intérêts des groupes dominants dans la société ou (2) oblige des personnes à respecter les conceptions du monde alternatives des groupes opprimés parce qu'il n'y a aucune manière de les considérer comme étant inférieures aux conceptions du monde dominantes. Mais comme le philosophe wittgensteinien Gavin Kitching [24] l’indique, les constructivistes adoptent habituellement implicitement une perspective déterministe de la langue qui contraint sévèrement les esprits et l'utilisation des mots par des membres des sociétés : ces esprits « ne sont pas simplement construits » par la langue, mais ils sont littéralement « déterminés » par celle-ci. Kitching relève la contradiction : on ne sait trop comment, mais l’adepte du constructivisme n'est pas sujet à cette contrainte déterministe. Alors que les autres personnes sont le jouet des concepts dominants de leur société, l'adepte du constructivisme peut identifier et dépasser ces concepts. Edouard Mariyani-Squire a fait une remarque semblable[25].

« Même si le constructivisme social devait être vrai, il n'y a rien de particulièrement libérateur à savoir que les entités sont des constructions sociales. Considérer que la Nature est une construction sociale n’apporte pas nécessairement d’avantage politique si, en tant qu’agent politique, on se voit systématiquement coincé, marginalisé et soumis par une construction sociale. En outre, quand on se penche sur une grande partie du discours constructiviste social (en particulier celui influencé par Michel Foucault), on observe un genre de bifurcation entre le théoricien et le non-théoricien. Le théoricien joue toujours le rôle du constructeur des discours, alors que le non-théoricien joue le rôle de sujet construit d'une façon totalement déterministe. Ceci n’est pas sans rappeler la remarque déjà faite au sujet du théisme solipsistique avec ici le théoricien, au moins au niveau conceptuel, qui « joue Dieu » avec son sujet (quel qu’il soit). Bref, alors qu’on pense souvent que le constructivisme social induit souplesse et non-déterminisme, il n’y aucune raison logique de ne pas considérer les constructions sociales comme fatalistes. »

Bibliographie

  • Gaston Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, 1934 (ISBN 2130443745)
  • Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, 1938 (ISBN 2711611507)
  • Normand Baillargeon, De bien fragiles assises : le constructivisme radical et les sept péchés capitaux dans Contre la réforme pédagogogique, Montréal, vlb éditeur, 2008 (ISBN 978-2-89649-046-2)
  • (en) Peter L. Berger et Thomas Luckmann, The Social Construction of Reality, New York, Doubleday, 1966
  • Jean Piaget, Logique et connaissance scientifique, Encyclopédie de La Pléiade, 1967
  • (en) Herbert Simon, The science of the artificial, 1969, (ISBN 0262690233)
  • Herbert Simon La science des systèmes, science de l’artificiel, 1974, trad. André Demailly et Jean-Louis Le Moigne, (ISBN 2729702873, ISBN 2070301524 et ISBN 2040198156)
  • Jean Piaget, L'épistémologie génétique, Que sais-je ?, PUF (ISBN 2130549977)
  • Douglas Hofstadter, Gödel, Escher, Bach : les brins d'une guirlande éternelle, 1979
  • Paul Watzlawick, Ernst von Glaserfeld, Heinz von Foerster, Rupert Riedl, David L. Rosenhan, Rolf Breuer, Jon Elster, Gabriel Stolzenberg, Francisco J. Varela L'invention de la réalité, contributions au constructivisme, 1981, trad. Anne-Lise Hacker, (ISBN 202009861X, ISBN 2020294524 et ISBN 2020156776)
  • Lynn Segal, Le rêve de la réalité, Heinz von Foerster et le constructivisme, 1990, (ISBN 202011471-2).
  • Edgar Morin, La Méthode (6 volumes)
    • 1977, La Nature de la nature (t. 1), (ISBN 2020046342)
    • 1980, La Vie de la vie (t. 2), (ISBN 2020056372)
    • 1986, La Connaissance de la connaissance (t. 3), (ISBN 2020092573)
    • 1991, Les Idées (t. 4), (ISBN 2020136694)
    • 2001, L’Humanité de l’humanité (t. 5), (ISBN 2020227150)
    • 2004, L'Éthique complexe (t. 6), (ISBN 2020786389)
  • Jean-Louis Le Moigne, La théorie du système général. Théorie de la modélisation, 1977, PUF. Rééditions en 1986, 1990, 1994 et 2006 sous forme de e-book accessible en suivant le lien.
  • Jean-Louis Le Moigne, Les Épistémologies Constructivistes, Que sais-je ?, 1999. (ISBN 2130469433)
  • Jean-Louis Le Moigne, Le Constructivisme, t. 1  : Les enracinements, 2002, (ISBN 2747525759)
  • Jean-Louis Le Moigne, Le Constructivisme, t. 2  : Épistémologie de l’interdisciplinarité, 2003, (ISBN 2747534715)
  • Jean-Louis Le Moigne, Le Constructivisme, t. 3  : Modéliser pour comprendre, 2003, (ISBN 2747556271)
  • Mioara Mugur-Schächter, Le tissage des connaissances, en cours de publication, manuscrit ici, video ici
  • Ian Hacking, Entre science et réalité : La construction sociale de quoi ?, Paris, La Découverte, 2001
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Constructivisme et psychanalyse, 2005, avec Bernard Granger, débats avec Georges Fischman.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Textes en ligne

Notes et références

  1. a  et b Ernst von Glasersfeld, « Pourquoi le constructivisme doit-il être radical? », 2004
  2. Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens
  3. Jean Louis Le Moigne, La théorie du système général, 1977
  4. (en) Ernst von Glasersfeld An Introduction to Radical Constructivism
  5. cité dans Paul Watzlawick, Les cheveux du baron de Muenchausen, 1988
  6. Max Planck, L'image du monde dans la physique contemporaine
  7. Gaston Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, p. 14, Librairie Philosophique J. Vrin, 1970
  8. Gaston Bachelard, Études
  9. Jean Piaget, Psychologie et épistémologie, Paris, Denoël, 1970, p. 85.
  10. Paul Watzlawick, Stratégie de la Thérapie brève, Seuil, 1998
  11. Voir dans cet entretien
  12. Edgar Morin, La Méthode, tome 3 La connaissance de la connaissance
  13. Jean-Louis Le Moigne, Les Épistémologies Constructivistes
  14. Cité par Jean-Louis Le Moigne dans son Que sais-je Les Épistémologies Constructivistes.
  15. Mon Faust, Œuvres Pléiade, Tome 2, cité par Jean-Louis Le Moigne.
  16. a  et b Voir dans cet extrait
  17. dans l'article Représenter et raisonner les comportements socio-économiques
  18. « Le complexus, qui est tissé ensemble » in La Complexité, vertiges et promesses, Le Pommier/Poche, 2006, p.25.
  19. Jean-Louis Le Moigne Le Constructivisme, t. 3  : Modéliser pour comprendre, 2003, Éd. l'Harmattan.
  20. dans Le tissage des connaissances
  21. Choses dites, Minuit, 1987,p. 147, voir aussi l'article Le constructivisme structuraliste de Pierre Bourdieu de Philippe Corcuff
  22. Voir l'article Constructivisme de l'encyclopédie Hypergeo
  23. Précédemment cité
  24. Kitching, G. 2008. The Trouble with Theory: The Educational Costs of Postmodernism. Penn State University Press.
  25. Mariyani-Squire, E. 1999. "Social Constructivism: A flawed Debate over Conceptual Foundations", Capitalism, Nature, Socialism, vol.10, no.4, pp.97-125
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