Constantin I

Constantin I

Constantin Ier (empereur romain)

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Constantin Ier
Empereur romain
Head Constantine Musei Capitolini MC1072.jpg
Buste de Constantin Ier, bronze
IVe siècle, musées du Capitole.

Règne
Usurpateur/César en Occident (25 juillet 306 - 310)
Légitime : 310 - 22 mai 337 (~27 ans)
En Occident (310 - 324) puis seul maître de l’Empire
Période Constantiniens
Prédécesseur(s) Galère (Orient)
Licinius (Occident)
Co-empereur(s) Galère (Occident j.311)
Maximin II Daïa (Orient j.313)
Licinius (Orient j.324)
Usurpateur(s) Maxence (Occident, 306-312)
Successeur(s) Constantin II (Occident)
Constant Ier (Centre)
Constance II (Orient)
Biographie
Naissance 27 février c.272 - Naissus (Mésie)
Nom originel Flavius Valerius
Aurelius Constantinus ?
Décès 22 mai 337 (~65 ans)
Nicomédie (Bithynie)
Père Constance Chlore
Mère Hélène
Consort(s) (1) Minervina (293 - av.307)
(2) Fausta (307 - 327)
Descendance (1) Constantina (de Minervina)
(2) Helena (de Minervina)
(3) Crispus (de Minervina)
(4) Constantin II (de Fausta)
(5) Constant Ier (de Fausta)
(6) Constance II (de Fausta)

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Liste des empereurs romains
Série Rome antique

Constantin Ier, de son nom complet Flauius Valerius Aurelius Constantinus, né à Naissus (aujourd'hui Niš en Serbie) le 27 février 272[1], proclamé 34e empereur romain en 306 par les légions de Bretagne et mort le 22 mai 337 après 31 ans de règne, est une figure prépondérante du IVe siècle.

En rupture avec le règne de Dioclétien, il est le premier empereur romain à se convertir au christianisme ; non seulement il marque la fin d'une ère de persécution des chrétiens, mais il aide l'Église chrétienne à prendre son essor, en établissant la liberté de culte par le biais de l'édit de Milan, et en plaçant le Dieu chrétien au-dessus de son rôle d'Empereur à l'instar du Sol Invictus. Il est considéré comme saint par l'Église orthodoxe, de même que sa mère Hélène. Par la promotion du christianisme, il favorise l'extinction du culte de Mithra.

Ses noms de références sont Imperator Caesar Flauius Valerius Aurelius Constantinus Pius Felix Inuictus Augustus, Germanicus Maximus, Sarmaticus Maximus, Gothicus Maximus, Medicus Maximus, Britannicus Maximus, Arabicus Maximus, Adiabenicus Maximus, Persicus Maximus, Armeniacus Maximus, Carpicus Maximus.

Sommaire

La conquête du pouvoir (306-324)

Le délitement de la tétrarchie (306-313)

Après l'abdication conjointe de 305, l'Empire a pour dirigeants Augustes Constance Chlore et Galère et pour Césars Sévère et Maximin Daïa : on assiste alors à un conflit entre la filiation adoptive et la filiation réelle car les deux Augustes ont chacun un fils en âge de gouverner.

Fils du César Constance Chlore et de sa première épouse Hélène, Constantin rejoint son père en Bretagne (l'actuelle Grande-Bretagne) quand celui-ci devient Auguste en 305. Peu après, à la mort de son père à York le 25 juillet 306, il est acclamé par les troupes et proclamé César par Galère.

Quelques mois plus tard, Maxence, fils de Maximien, est proclamé princeps par les prétoriens et le peuple de Rome mécontent de l'impôt de capitation. Son père accourt à ses côtés et reprend le titre d'Auguste qu'il n'a abandonné qu'avec regret. Sévère, envoyé les combattre, est tué en 307.

Galère fait alors appel à Dioclétien qui accepte le consulat et une conférence a lieu à Carnuntum qui réunit Dioclétien, Maximien et Galère dans le but de rétablir la tétrachie mais elle se termine par un échec :

  • Dioclétien refuse de revenir au pouvoir, force Maximien à abdiquer de nouveau et reforme la tétrarchie avec en Orient Galère secondé par Maximin Daïa et en Occident Constantin et un nouveau venu, Licinius, officier illyrien sorti du rang choisi par Galère
  • Maximien et Maxence, déclarés usurpateurs, maintiennent leurs prétentions et, en Afrique, Domitius Alexander proclame les siennes.

On a alors sept empereurs, une heptarchie, qui ressemble davantage à l'anarchie militaire du IIIe siècle. Une première série de décès contribue à clarifier la situation : Maximien est assiégé dans Marseille par Constantin et se suicide en 310, Domitius Alexander est battu en Afrique par Maxence et est assassiné en 311, Galère meurt de maladie en 311.

Le rétablissement de l'unité de l'Empire (313-324)

Songe de Constantin et bataille du pont Milvius, illustration des Homélies de Grégoire de Nazianze, 879-882, Bibliothèque nationale de France (Ms grec 510)

En 311, à la mort de Galère, règnent quatre Augustes : Maximin Daïa, Constantin, Licinius et Maxence. Constantin élimine Maxence le 28 octobre 312 à la bataille du pont Milvius, ce qui lui permet de s'emparer de l'Italie et de régner en maître sur l'Occident. De son côté, Licinius défait Maximin Daïa à la bataille d'Andrinople et règne sur l'Orient : une nouvelle diarchie se met en place entre Constantin et Licinius scellée par un mariage entre Licinius et Constantia, la demi-sœur de Constantin.

Les relations entre les vainqueurs ne tardent pas à se dégrader, tous deux faisant montre d'une énorme ambition. À partir de 320, Constantin entre de nouveau en conflit avec Licinius. En 324, Licinius est vaincu à Andrinople, puis à Chrysopolis et fait sa soumission à Nicomédie. Il est peu après exécuté, ainsi que son fils.

Le choix de la succession dynastique

Pour la première fois depuis quarante ans, l'Empire est gouverné par une autorité unique : Constantin règne seul pendant treize ans, assisté de Césars qui ne sont plus des collaborateurs mais ses fils désignés comme héritiers présomptifs :

Les réformes constantiniennes (324-337)

La fondation d'une nouvelle capitale : Constantinople

Depuis la tétrarchie, Rome n'est plus dans Rome même. Les Augustes et les Césars ont vécu dans des résidences impériales proches des secteurs qu'ils ont la charge de défendre.

La fondation d'une nouvelle capitale est décidée pendant la période aiguë du conflit pour la domination de l'Empire. À partir de 324, Constantin transforme la cité grecque de Byzance en une « Nouvelle Rome », à laquelle il donne son nom, Constantinople. Il l'inaugure en grande pompe après douze ans de travaux, en 330. Constantinople est bâtie sur un site naturel défensif qui la rend pratiquement imprenable alors que Rome est sans cesse sous la menace des Germains[2]. Elle est également près des frontières du Danube et de l'Euphrate, là où les opérations militaires pour contenir les Perses et les Goths sont les plus importantes. Elle est enfin située en bordure des terres de vieille civilisation hellénique. Constantin la bâtit sur le modèle de Rome avec sept collines, quatorze régions urbaines, un Capitole, un forum, un Sénat. Dans les premiers temps, il permet l'implantation de temples païens mais très vite la ville devient presque exclusivement chrétienne[3] et ne comporte que des édifices religieux chrétiens. Dès Constantin, la ville compte 100 000 habitants. Celui-ci y fait construire, le palais impérial, l'hippodrome le nouveau nom donné aux cirques romains ainsi que l'église de la Sagesse Sacrée (Sainte-Sophie)[4].

L'administration centrale

Constantin transforme l'organisation du pouvoir central qui est demeurée sensiblement la même depuis le Haut Empire. Le préfet du prétoire est remplacé par le questeur du Palais sacré qui rédige les édits. Celui-ci dirige le consistoire sacré, qui remplace le conseil de l'empereur. Le maître des offices dirige le personnel administratif, les fabriques d'armes et les scholæ de la garde ; le maître des milices, l'infanterie et la cavalerie ; le comte des largesses sacrées, le fisc ; le comte de la fortune privée, la res privata, c'est-à-dire la caisse privée de l'empereur, les revenus personnels de ce dernier étant issus essentiellement du revenu de ses immenses domaines. La grande nouveauté est cependant la grande augmentation des fonctionnaires travaillant dans les bureaux centraux. Une foule de notaires, d'agents secrets (les agentes in rebus), près de 1 000 fonctionnaires au Ve siècle[5], et d'employés divers font de l'Empire romain une véritable bureaucratie[6].

Constantin vise à harmoniser au plus haut le rang social des plus hauts serviteurs de l'Empire : le Sénat reprend la première place à partir de 312 en Occident et de 324 en Orient quand Constantin règne sur l'ensemble de l'Empire.

  • L'empreur transfère les chevaliers vers le Sénat dont les effectifs passent de 600 à 2000 afin de meubler les Sénats de Rome et surtout de Constantinople et dessine pour ses membres un nouveau type de carrière : les plus hautes fonctions de l'État sont réservées aux clarissimes tandis que les fonctions intermédiaires sont remplies par des perfectissimes (souvent des notables municipaux introduits dans la Haute Assemblée par la pratique de l'adlectio).
  • L'empereur ne rend pas au Sénat la moindre parcelle de pouvoir politique mais il rompt avec le mépris et la défiance de nombre de ses prédécesseurs : le véritable travail législatif se fait au sein du Conseil Impérial, le Sénat ne disposant de l'initiative des lois que pour des questions d'intérêt local.

L'œuvre législative

Afin de favoriser les chrétiens, il abroge les lois d'Auguste sur le célibat, impose le repos dominical, autorise l'affranchissement des esclaves par déclaration dans les églises (333), interdit (325) que l'on sépare les familles lors des ventes, autorise l'Église à recevoir des legs et accorde le droit aux plaideurs de choisir entre le tribunal civil et la médiation de l'évêque. De plus, il promulgue des lois contre la prostitution des servantes d'auberges, contre les enlèvements, et sur l'humanisation des prisons (326). Enfin de nombreuses lois sont créées afin de lutter contre les relations extra-maritales, là encore pour renforcer le poids du mariage et des cérémonies religieuses chrétiennes autour de ce sacrement. Ainsi, en 329, une loi punit l'adultère d'une femme avec son esclave ; en 331, une autre restreint le droit au divorce. En 336, une loi pénalise les naissances illégitimes.

Les réformes économiques

Article détaillé : Monnaie romaine.
Solidus de Constantin, Ticinum (actuelle Pavie), 313, Cabinet des médailles (Beistegui 233)

Constantin institue une nouvelle monnaie d'or, le solidus dont la stabilité et l'abondance est assurée grâce aux confiscations qu'il fait des importants stocks d'or des temples païens. Le nom du solidus déformé en sou et fonda un système monétaire qui connut un grand succès, et se maintint en France jusqu'à la Révolution française et au Royaume-Uni jusqu'en 1971. Par contre, la dévaluation des monnaies d'argent et de bronze aggrave l'inflation et l'appauvrissement des couches modestes de la population.

L'empereur chrétien

La victoire du Pont Milvius et la promulgation de l'édit de Milan (313)

La tradition chrétienne (selon Lactance dans De la mort des persécuteurs et Eusèbe de Césarée dans sa Vie de Constantin) font état d'une apparition de la Croix dans le ciel vue par lui même et son armée, ainsi que d'un songe prémonitoire qui aurait annoncé à Constantin sa victoire contre Maxence au pont Milvius. La nuit même, Jésus lui serait apparu en rêve et lui aurait montré un chrisme flamboyant dans le ciel en lui disant : « Par ce signe, tu vaincras » (In hoc signo uinces). Constantin fit alors apposer sur les boucliers de ses légionnaires le chrisme, formé des deux lettres grecques Khi (Χ) et Rho (Ρ), les initiales du mot Christ. Ce signe est depuis un emblème de la Chrétienté combattante, notamment dans l'Empire d'Orient. La part de légende dans cette histoire reste cependant forte[7].

En 313, Constantin rencontre Licinius à Milan et conclut avec lui un accord de partage de l'Empire. Parmi les mesures prises en commun figure un édit de tolérance religieuse, appelé habituellement édit de Milan qui renouvelle celui pris par Galère en 311. Il ne s'agit pas formellement d'une officialisation du culte chrétien, mais plutôt de sa mise à égalité avec les autres cultes. Ainsi, les chrétiens ne sont plus victimes de discriminations, leur culte est autorisé et les biens qui leur ont été confisqués leur sont rendus.

La conversion de Constantin

Le problème qui divise encore les historiens est celui de la conversion de l'empereur ; elle intervient sur son lit de mort en 337. Elle est conforme à la coutume en vigueur à l'époque, les fidèles attendant le dernier moment pour recevoir le baptême afin de se faire pardonner les péchés antérieurs mais elle peut apparaître aussi comme la révélation d'un cheminement intérieur remontant à près d'un quart de siècle.

Son père, Constance Chlore, est un païen monothéiste, probablement attaché au culte du Sol Invictus comme de nombreux officier illyriens. Dioclétien ne l'aurait pas fait César s'il avait été chrétien mais, si rien ne prouve qu'il le soit devenu par la suite, celui-ci se comporte toutefois prudemment et, lors de la Grande persécution se serait contenté (selon Eusèbe de Césarée) en Gaule de démolir quelques édifices.

La christianisation de l'Empire

Tête colossale de Constantin Ier, IVe siècle, musées du Capitole

Les chrétiens ne constituent alors qu'une minorité des sujets de Constantin, répartis très inégalement à travers l'Empire, essentiellement en Orient et en Afrique du Nord. Constantin est un empereur païen monothéiste qui honore Sol Invictus mais s'intéresse depuis longtemps au christianisme qu'il finira par adopter comme religion personnelle en 312.

La progressive conversion de Constantin au christianisme s'accompagne d'une politique impériale favorable aux chrétiens mais le paganisme n'est jamais persécuté. Plusieurs indices témoignent de cette évolution : Constantin abandonne progressivement le monnayage au type de Soleil et fait fréquemment représenter sur ses monnaies des symboles chrétiens. Il reconnaît les tribunaux épiscopaux et fait du dimanche un jour férié obligatoire en 321, à l'exception des travaux des champs. L'Empereur accorde également des dons en argent et en terrains à l'Église, soutenant la construction de grandes basiliques.

Le processus de christianisation de l'Empire à partir de Constantin demeure un phénomène discuté quant à ses modalités concrètes comme en témoignent les travaux des historiens Ramsay McMullen et de Paul Veyne, cités en bibliographie, qui esquissent pour l'un une christianisation paisible et insensible (Veyne) et pour l'autre un processus forcé et accompagné - par un effet boomerang - d'une paganisation du christianisme (McMullen).

Le maintien de l'unité de l'Église

Constantin montre son désir d'assurer à tout prix, par la conciliation ou la condamnation, l'unité de l'Église qu'il considère dès ce moment comme un rouage de l'État et l'un des principaux soutiens du pouvoir, et devient, ce faisant le véritable « président de l'Église »[8]. Au début du IVe siècle, ce projet est contrarié par des crises dont les plus importantes sont la sécession donatiste et la crise arienne.

Le donatisme naît à propos d'une crise concernant la légitimité de l'évêque de Carthage, Cécilius, ordonné en 312 : l'un des consécrateurs a livré des objets sacrés lors d'une persécution. Certains chrétiens considèrent que la cérémonie n'a aucune valeur et élisent un autre évêque, Donatus. Ses partisans nient toute validité aux sacrements conférés par Cécilianus et provoquent des affrontements pour la possession des églises. Constantin tente en vain d'apaiser le schisme par des lettres aux adversaires, puis, devant l'intransigeance des donatistes, convoque lui même les synodes du Latran (313) et d'Arles (314) qui condamnent le donatisme. Au début de 317, l'empereur promulgue un décret qui ordonne aux donatistes de restituer les lieux de culte qu'ils occupent. Devant leur refus, Cecilianus demande l'intervention de l'État pour le faire exécuter mais il y a plusieurs morts. Constantin finit par céder et promulgue en 321 un édit de tolérance laissant aux donatistes les églises qu'ils possèdent tout en maintenant sa condamnation de principe.

À la différence du schisme donatiste qui reste confiné à l'Afrique, l'arianisme se répand dans tout l'Orient. Voulant mettre fin à la querelle qui divise les chrétiens à propos du rapport entre le Fils et le Père, Constantin convoque et préside, sous l'impulsion de son conseiller Ossius de Cordoue - l'un des rares théologiens chrétiens occidentaux de l'époque — d'un concile œcuménique le 20 mai 325 dans la ville de Nicée, en Bithynie. La conception inspirée par les thèses du prêtre Arius (subordination du Fils au Père) y est condamnée.

  • La plupart des 250 ou 300 évêques présents signent un « symbole » (un accord) comportant le credo encore en usage aujourd'hui dans la plupart des Églises.
  • Constantin se charge d'appliquer les décisions du concile de Nicée en faisant chasser de leurs sièges les évêques « ariens » (on dit aussi « homéens » ; ceux qui ont accepté le credo sont appelés « orthodoxes », « nicéens » ou « homoousiens »). Mais, à la fin de sa vie, Constantin se rapproche des ariens et c'est leur chef, Eusèbe de Nicomédie, qui organise son baptême, sur son lit de mort. La crise arienne durera encore plusieurs décennies.

La monarchie constantinienne : une conception dynastique et théocratique du pouvoir

Mosaïque dans l'église Sainte-Sophie à Constantinople

Tout comme Dioclétien, Constantin ne rompt pas pleinement avec la tradition du Haut-Empire (l'empereur demeure un magistrat qui porte les titres romains traditionnels) ni avec les apports orientaux de la tétrarchie :

  • Il porte d'abord la couronne de lauriers puis adopte régulièrement à partir de 326-327 le diadème orné de pierres précieuses.
  • il est personnellement très porté sur le faste et l'ostentation et désire donner à la fonction impériale, par le cérémonial, le costume et l'apparat une dimension supra-humaine. Eusèbe de Césarée affirme dans sa Vie de Constantin que l'empereur siège sur son trône dans une attitude hiératique et figée, ses yeux levés vers le ciel.

Il abandonne néanmoins les formes religieuses élaborées sous la tétrarchie, d'abord par un retour au modèle solaire des empereurs prététrarchiques puis par l'abandon de la protection des dieux tutélaires de Rome et de l'Empire pour un dieu nouveau, le dieu des chrétiens. Le monothéisme devient le fondement idéologique de la monarchie constantinienne, ses idées politiques étant inspirées de principes unitaires, alors que le polythéisme convenait mieux à l'idéal de la tétrarchie : il n'existe qu'un seul Dieu, il ne doit y avoir qu'un seul monarque qui gouverne selon la volonté divine.

Son principal théoricien, Eusèbe de Césarée, affirme, dans le Discours des Tricennales, que le royaume terrestre de Constantin est à l'image du royaume de Dieu et que l'empereur est entouré de ses Césars comme Dieu l'est de ses anges : il se peut qu'à la fin de sa vie, Constantin ait jugé que l'arianisme correspondait mieux à l'idée qu'il se faisait d'une monarchie divine, avec le Fils subordonné au Père, sur laquelle se modèle sa propre monarchie, avec des Césars étroitement mis sous tutelle.

En fait, la christianisation du pouvoir impérial est lente car Constantin est obligé de tenir compte du poids des traditions, surtout chez les élites :

  • Aucune épithète explicitement chrétienne ne figure dans la titulature officielle de l'empereur qui continue de revêtir le grand pontificat.
  • Le culte impérial survit sous une forme épurée : à la mort du prince survient la divinisation accordée par le Sénat attestée pour la dernière fois en 364 avec la mort de Jovien.

La défense de l'Empire contre ses ennemis extérieurs

Constantin ne néglige pas la défense de l'Empire facilitée par les mesures prises par ses prédécesseur de la tétrarchie.

Trois fronts retiennent tour à tour l'attention de Constantin. D'abord celui du Rhin où son père Constance Chlore s'est illustré et où Constantin a longtemps séjourné, faisant de Trèves sa capitale. Il combat les Francs et les Alamans en 306, 309 et 313. Les opérations sont momentanément interrompues au moment de l'affrontement avec Licinius. Une fois seul maître de l'Empire, il envoie ses fils Crispus et Constantin II combattre les Francs et les Alamans. Le gand nombre de monnaies constantiniennes retrouvées en pays barbare atteste la reprise des relations commerciales une fois le calme revenu.

Les guerres danubiennes sont moins bien connues. En 322, il remporte une grande victoire sur les Sarmates à Campona puis, la même année ou en 324, il refoule les Goths qui ont franchi le Rhin. En 332, le César Constantin II leur inflige une grave défaite.

Depuis la paix de 297 conclue sous la tétrarchie, la Perse est demeurée relativement tranquille. Les relations se dégradent à nouveau à partir de 333, année où les Perses tentent de dominer l'Aménie et suite aux persécutions contre les chrétiens dont Constantin prétend être partout le protecteur. La guerre est de nouveau déclarée, peut-être par les Perses, en 337. Selon Eusèbe de Césare dans sa Vie de Constantin, l'empereur romain l'envisage comme une croisade et des évêques doivent l'accompagner dans son Conseil. L'empereur meurt en mai 337 au milieu des préparatifs de la campagne.

La réorganisation des unités militaires

Constantin, tout comme ses prédécesseurs de la tétrarchie, est préoccupé par la défense de l'Empire. La nouvelle stratégie politico-militaire de Constantin admet que l'armée des frontières peut-être battue sur certains fronts et le limes enfoncé et que les combats décisifs peuvent se dérouler à l'intérieur des frontières de l'Empire. L'empereur poursuit la politique de Gallien et de Dioclétien sur le front danubien en introduisant des barbares sur le territoire romain : en échange de la protection des frontières et de la fourniture d'un contingent militaire, ces derniers reçoivent des subsides de l'État, des rations alimentaires et des tentes destinées à les sédentariser. L'aboutissement logique de cette évolution est, dès le règne de Constance II (337-361), l'accession de barbares aux plus hauts postes de l'état-major.

Un nouvel encadrement

De nouvelles unités appellent un nouvel encadrement. Les carrières militaires et civiles sont définitivement séparées : les préfets du prétoire et les vicaires sont confinés dans des fonctions purement administratives et les gouverneurs sont déchargés de toute préoccupation militaire au profgit de professionnels de la guerre :

  • Le maitre des offices reçoit le commandement de la garde impériale.
  • Les deux-chefs d'état-major, les maîtres des soldats (magistri), supérieurs aux duces, sont séparés entre maître de l'infanterie et maître de la cavalerie, relèvent de l'autorité directe de l'empereur.
  • L'armée territorial est subordonnée au découpage provincial : à chaque division administrative correspond un commandement militaire distinct de l'autorité civile (un comes au niveau du diocèse et un dux au niveau des provinces.

Le renforcement du pouvoir impérial est renforcé par le morcellement des compétences mais une telle décision risque à terme d'affaiblir la valeur de l'armée et de ses chefs.

Mort et succession

En 326, Constantin fait périr son fils aîné Crispus, puis son épouse Fausta. On ignore les raisons de ces exécutions, qui ne sont peut-être pas liées entre elles, mais on a évoqué un adultère ou une dénonciation calomnieuse de la part de Fausta.

En 337, il vient de déclencher un conflit avec la Perse Sassanide de Shapur II et s'apprête à mener une expédition contre cet empire, quand il meurt subitement près de Nicomédie. Il est baptisé sur son lit de mort. Il est enterré dans l'église des Saints-Apôtres qu'il a fait construire à Constantinople.

Quand Constantin meurt, il n'a pas réglé sa succession. Ses trois fils se proclament Augustes, tandis que les autres membres de la famille impériale sont assassinés, sauf les jeunes Julien et Gallus. Ils se partagent l'Empire mais Constantin II et Constant Ier entrent en conflit. Après les décès de ses deux frères, l'Empire est réuni sous l'autorité du seul fils survivant de Constantin, Constance II qui nomme deux césars aux pouvoirs très réduits.

Le nouvel empereur poursuit la politique de son père, autant dans les domaine religieux -il favorise l'arianisme- que militaires -en luttant à la fois sur les fronts rhéno-danubien et perse..

Canonisation

D'après Eusèbe de Césarée, Constantin est mort le dimanche de Pentecôte 22 mai 337. Il est inscrit dans la plupart des calendriers byzantins le 21 mai avec sa mère Hélène, parfois le 22 (comme dans le lectionnaire de Jérusalem).

Contemporains

Bibliographie

  • Ouvrages d'historiens :
    • Jean-Michel Carrié et Aline Roussel, L'Empire romain en mutation, des Sévères à Constantin, 192-337, 1999 (Point-Seuil, Nouvelle histoire de l'Antiquité). Ouvrage récent à recommander.
    • André Chastagnol, L'évolution politique, sociale et économique du monde romain, 284-363, 1994 (SEDES).
    • Guy Gauthier, "Constantin, le triomphe de la Croix", France-Empire, 1999.
    • Ramsay MacMullen, Christianisme et paganisme du IV au VIII siècle, Les Belles Lettres, Paris,1998.
    • Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, 1997 (PUF).
    • Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394), éditions Albin Michel, collection Idées, 2007 (ISBN 978-2-226-17609-7).
  • Autres points de vue :

Notes et références

  1. La date retenue pour sa naissance varie selon les historiens. 272 est l'année la plus ancienne.
  2. Alain Ducellier, Michel Kaplan et Bernadette Martin, Le Proche-Orient médiéval, Hachette, 1978, p.24
  3. Alain Ducellier, Michel Kaplan et Bernadette Martin, Le Proche-Orient médiéval, Hachette, 1978, p.25
  4. Bertrand Lançon, L'Antiquité tardive, PUF, « Que sais-je ? », n°1455, 1997, p.97
  5. Alain Ducellier, Michel Kaplan et Bernadette Martin, Le Proche-Orient médiéval, Hachette, 1978, p.22
  6. Michel Christol et Daniel Nony, Des Origines de Rome aux invasions barbares, Hachette, 1974, p.214
  7. Paul Matagne, revue Histoire antique, Constantin, n°26 juillet-août 2006, p.64-69
  8. Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, éd. Albin Michel, 2007, pp 141 et suiv.

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