Confrerie des Mourides

Confrerie des Mourides

Mouridisme

Quelques leaders du mouridisme soufi sur un mur de Dakar

La confrérie des Mourides est une importante confrérie soufie, une branche mystique de l'islam, présente particulièrement au Sénégal et en Gambie. Fondée au début du XXe siècle par Cheikh Amadou Bamba, les Mourides forment aujourd'hui la confrérie la plus influente du Sénégal, sinon d'Afrique de l'Ouest [1] et jouent un rôle économique et politique important [1]. Le président Abdoulaye Wade, élu en 2000, est le premier président mouride du Sénégal [2].

La tradition mouride (ou mouridisme) est grandement marquée par la culture africaine et plus précisément wolof. L'importance donnée au travail par le mouridisme a permis à la confrérie de bien s'implanter économiquement en Afrique et également de bénéficier d'une large représentation dans les principales agglomérations en Europe et aux États-Unis. Aujourd'hui, presque chacune des grandes villes du Nord où s'est déployée l'immigration sénégalaise possède un Keur Serigne Touba (La demeure du Maître de Touba). C'est un siège pour la communauté qui accueille réunions et prières tout en servant aussi de résidence provisoire pour de nouveaux arrivants. Ils effectuent un pèlerinage annuel dans la ville sainte de Touba, au centre du Sénégal. Le Magal est une fête qui coïncide chaque année avec la célébration du départ en exil, en 1895, de Cheikh Ahmadou Bamba du fait de l'autorité coloniale.

Sommaire

Étymologie

Religion
religions abrahamiques :
judaïsme · christianisme · islam
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l’islam
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Politique
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Le terme mouride dériverait du verbe Irâda, puis de murīd qui signifie « vouloir », « aspirer à », sous entendu à la quête de l'agrément de Dieu et qui explique la vénération des adeptes envers les marabouts [citation nécessaire].

Théologie et organisation interne

Le mouridisme a été fondé par Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), un mystique dont l'apparition se fit dans un contexte social perturbé au Sénégal, où la colonisation avait grandement perturbé le système d'équilibre social. Pour réformer la société sénégalaise, Cheikh Ahmadou Bamba prôna l'orthodoxie envers les enseignements du Coran et de la tradition du prophète Mahomet, l'attachement aux préceptes du soufisme et la valorisation de la science et du travail.

Cette affirmation repose sur un passage du Coran qui impliquerait que Dieu envoie un Revificateur de l'orthodoxie musulmane censé être l'héritier spirituel du prophète (qotb ou « pôle de sainteté ») tous les cent ans. Bamba serait donc de ces élus.

La théologie des mourides est influencée par celle des confréries Qadiriyya et Tidjane mais aussi de l'œuvre de Al-Ghazali, largement cité par Bamba. Certains musulmans « orthodoxes » considèrent la dévotion extrême à Ahmadou Bamba et à sa lignée de successeurs comme une forme d'idolâtrie [1].

Les Mourides, disciples du marabout Ahmadou Bamba, assimilent à l'islam des traditions du peuple wolof. C'est ainsi qu'ils sanctifient le travail et poussent très loin la notion d'entraide et de solidarité. Chaque année, de nombreux mourides se rendent en pèlerinage. Chaque année, de nombreux mourides se rendent dans la ville sainte de Touba, au centre du pays. Environ un million d'entre eux ont fait le pèlerinage en février 2008[3],[4].

Selon Emmanuel Brisson, la confrérie est « organisée selon une structure décrite par certains comme féodale, elle est fondée sur l’obéissance totale à une autorité spirituelle, le Khalife général, descendant en ligne directe du fondateur. » [2].

Histoire du mouvement

Article détaillé : Histoire du Sénégal.

Confronté à l'administration coloniale que sa popularité grandissante commençait à inquiéter, Cheikh Ahmadou Bamba fut successivement déporté au Gabon (Afrique équatoriale) de 1895 à 1902, en Mauritanie de 1902 à 1907, puis retenu en résidence surveillée au Sénégal jusqu'à sa disparition en 1927. Il finit par se concilier les autorités françaises et fit prospérer son mouvement.

Depuis la disparition du Cheikh en 1927, les « califes » sont ses fils, qui se succèdent du plus âgé au moins âgé:

  1. Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké, de 1927 à 1945
  2. Serigne Mouhamadou Fallilou Mbacké, de 1945 à 1968
  3. Serigne Abdoul Ahad Mbacké, de 1968 à 1989
  4. Serigne Abdou Khadre Mbacké, calife durant 11 mois de 1989 à 1990
  5. Serigne Saliou Mbacké (né en 1915), calife depuis 1990, décédé la nuit du 28 au 29 décembre 2007
  6. Serigne Mouhamadou Lamine Bara ibn Mouhamadou Fadilou M'Backé, depuis le 30 décembre 2007[5].

Après le décès de Serigne Saliou Mbacké, dernier khalife fils de Serigne Touba, vient l'accession des petits-fils de Serigne Touba au califat général des mourides. L'actuel calife est le plus âgé des petits-fils, Serigne Mouhamadou Lamine Bara Fallilou Mbacké dit el hadji Bara.

Sous la gouvernance du mouvement par Amadou Bamba certains disciples réalisés ont eu à être nommés Cheikh et se sont vu confier la direction d'une partie de la communauté. Ce fus le cas par exemple de Mame Cheikh et Mame Thierno quand celui-ci fut exilé par les colons français. Mais ce processus de délégation s'estompa en 1912, année où fut consacré le dernier Cheikh, qui fut Madiba Sylla à Diourbel. Exception faite de Béthio Thioune nommé par Saliou en 1987. Ce sacrement a suscité des polémiques au sein même du clergé Mouride.

Influence politique et économique

La confrérie des Mourides est en expansion et possède une influence forte sur la politique du Sénégal [2]. Elle donne des consignes de vote, et son leader spirituel est consulté par les politiciens de tous bords [2].

Au niveau économique et social, « ils assurent logement, nourriture et apprentissage intellectuel -par l’enseignement coranique- aux enfants les plus pauvres ou aux enfants “perdus”. Ils ont aussi des détracteurs, qui leur reprochent leurs irrigations, leurs cultures intensives, et leurs aides sociales. (...) La confrérie serait dotée d’une énorme richesse provenant justement de la culture, principalement de l’arachide. » (Brisson, 2008 [2])

La diaspora de Paris et de New York, qui considère l'argent comme saint, puisque venant du travail et du commerce, envoie des sommes importantes à leurs frères de Touba.

Les califes mourides sont en général très influents parce qu'ils sont non seulement les guides spirituels d'adeptes estimés de 3 à 5 millions, mais aussi de facto chefs temporels de la ville de Touba, la capitale spirituelle des mourides devenue peu à peu la deuxième ville du Sénégal du fait de son poids démographique et économique.

D'autres fils ou petit-fils de Bamba ont été aussi influents que les califes, bien que n'ayant pas accédé au califat. C'est le cas de :

  • Cheikh Ahmadou Mbacké Gaïndé Fatma, connu pour son engagement pour l'éducation et le développement socio-économique des masses, ainsi que par son influence auprès de dirigeants politiques africains engagés, il est décédé en 1978 ;
  • Cheikh Mouhamadou Mourtada Mbacké, "le marabout de la diaspora", connu aussi pour avoir initié bénévolement de nombreuses structures scolaires à travers le Sénégal, il est décédé en 2004. Actuellement son fils et successeur Sérigne Mam Mor Mbacké est en train de perpétuer son œuvre en y ajoutant d’autres structures nouvelles conformes avec sa vision progressiste de la modernité. Avec lui le mouridisme traverse une phase importante au niveau de la diaspora.

Hétérodoxie

Un des plus célèbres disciples de Bamba fut Ibrahima Fall. Il lança une communauté de vie appelée les Baye Fall qui substitue le travail manuel, la mendicité et le dévouement à une piété usuelle comme la pratique des prières et le jeûne, ce qui leur vaut de nombreuses critiques de la part d'autres musulmans. Du fait de leurs dreadlocks, les Baye Fall sont souvent confondus par les touristes avec les rastas [1].

Notes

  1. a , b , c  et d Emmanuel Brisson, Reportage sur les Mourides, 2008, sur le site de Grand reportage.
  2. a , b , c , d  et e Emmanuel Brisson, Reportage (page 3) sur les Mourides, 2008, sur le site de Grand reportage.
  3. "Sénégal : des pèlerins musulmans à Touba" sur SaphirNews.com, 8 mars 2007
  4. "Touba fait le plein en conjurant soif et maladie" sur Nettali.net, 27 février 2008
  5. « Le Sénégal en deuil : Serigne Saliou n'est plus », dans Wal Fadjri, 29 décembre 2007 [texte intégral] 

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) O’Brien Donal B. Cruise, The Mourids of Senegal. The Political and Economic Organization of an Islamic Brotherhood, Oxford, Clarendon Press, 1971, XXII-321 p. (Publication d'une thèse de 1969)
  • (fr) Omar Ba, Ahmadou Bamba face aux autorités coloniales (1889-1927)
  • (fr) Jean Copans, Les marabouts de l’arachide. La confrérie mouride et les paysans du Sénégal, Paris, Sycomore, 1980, 263 p. (Thèse Paris, EHESS, remaniée)
  • (fr) Momar Coumba Diop, La confrérie mouride : organisation politique et mode d’implantation urbaine, Lyon, Université de Lyon, 1980, 273 p. (Thèse de 3e cycle)
  • (fr) Youssouf Diop, « La signification du mouridisme dans l'actuel contexte socio-politique du Sénégal », Université de Dakar, 1983, 118 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Mamadou Mbodj (dit) Pape Coumba, Le mouvement des jeunes dans la confrérie religieuse des mourides. Essai d’analyse et d’interprétation, Dakar, Université de Dakar, 1980, 149 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Oumar Mbaye, Le mouridisme sous le khalifat de Mohamed Fadilou Mbacké (1945-1968), Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 2000, 98 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (fr) Cheikh Tidiane Sy, Traditionalisme mouride et modernisation rurale au Sénégal. Contribution à l’étude des rapports entre socialisme et islam en pays sous-développés, Paris, EPHE, 1965, 236 p. (Thèse de 3e cycle, publiée sous le titre La confrérie sénégalaise des Mourides. Un essai sur l’islam au Sénégal, Paris, Présence Africaine, Université de Paris, 1969, 353 p.
  • (fr) Samba Sy, Le mouridisme à l'Université : essai sur l'association des étudiants mourides, Université de Dakar, 1984, 85 p. (Mémoire de Maîtrise)

Filmographie

Liens externes

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