Concile de Pise

Concile de Pise
Pise, lieu de la première tentative de mettre un terme au Grand Schisme

Le concile de Pise a été convoqué en 1409 pour tenter de régler le sérieux problème du Grand Schisme d'Occident.

Le contexte

Depuis 1378, deux papes rivaux se trouvent à la tête de la chrétienté. Celui de Rome a l'appui de l'Italie du nord, de l'Angleterre, de l'Allemagne, de la Pologne et de la Hongrie. Derrière son adversaire, installé à Avignon, se rangent la France, la Castille, l'Aragon, le Portugal, le royaume de Sicile, la Savoie et le royaume de Chypre.

En 1394, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne et véritable maître de la France (Charles VI est devenu fou), demande à l'Université de Paris de le conseiller sur les moyens de mettre fin au schisme. Celle-ci présente trois solutions: la voie de compromis (laisser aux pontifes le soin de mettre fin eux-mêmes au schisme), la voie de cession (il faut les obliger à abdiquer simultanément puis en faire élire un autre), et la réunion d'un concile qui tenterait de régler lui-même le problème.

Philippe le Hardi a pris d'abord parti pour la voie de cession. En 1398, lors d'un concile tenu à Paris, les évêques français décident de retirer au pape d'Avignon les fonds venant des bénéfices et des revenus ecclésiastiques dans le but de l'obliger à se démettre. Seule l'autorité spirituelle lui est reconnue. C'est ce que l'on appela la soustraction d'obédience. Appauvri, assiégé dans sa ville d'Avignon, le pape Benoît XIII tient cependant bon. En 1403, il parvient à se réfugier en Provence où l'accueille Louis II d'Anjou, hostile à la soustraction d'obédience. Devant l'échec de cette politique, le Conseil du roi de France la lui restitue en 1403.

Le déroulement du concile

À mesure que les années passent, on s'aperçoit que seule la tenue d'un concile, troisième solution envisagée par l'Université de Paris, peut mettre fin au schisme. Réunis à Livourne en juin 1408, 8 cardinaux romains et 5 avignonnais décident d'en convoquer un à Pise pour mars 1409. Le concile de Pise réunit 24 cardinaux (14 romains et 10 avignonnais), 300 hauts prélats et des ambassadeurs venus de toutes les parties de la Chrétienté.

À cette époque, Benoît XIII est toujours pape d'Avignon; Grégoire XII est pape de Rome depuis 1406. Les deux pontifes ne s'entendent que sur une seule chose : le concile de Pise est illégal.

Vingt-quatre cardinaux participent à cete tentative de mettre un terme au schisme, dont quatorze cardinaux romains et dix venus d'Avignon.

Pour Rome, sont présents Enrico Minutoli, Antonio Caetani, Angelo d'Anna de Sommariva, Corrado Caraccioli, Francesco Uguccione, Giordano Orsini, Giovanni Migliorati, Pietro Filargo, Antonio Calvi, Landolfo Maramaldo, Rinaldo Brancaccio, Baldassare Cossa, Oddone Colonna et Pietro Stefaneschi.

L'obédience d'Avignon est représentée par Gui de Malsec, Niccolò Brancaccio, Jean Allarmet de Brogny, Pierre Girard, Pierre de Thury, Pedro Fernández de Frías, Amadeo Saluzzo, Pierre Blain, Louis de Bar et Antonio de Challant.

Les pères conciliaires se réunissent de mars à août. Ils décrètent des mesures radicales. Ils accusent les deux papes d'hérésie et de sorcellerie et les assignent à comparaître. Ceux-ci, abandonnés par la majorité de leurs cardinaux et réfugiés, l'un en Aragon et l'autre dans la région de Naples, refusent de se rendre à Pise sous la contrainte. Le concile décide donc de les déposer et, réuni en conclave, élit pape l'archevêque de Milan, le Grec Petros Filargis, qui prend le nom d'Alexandre V.

Les suites du concile

Le concile de Pise n'a réussi qu'à envenimer la situation puisqu'il y a maintenant trois papes au lieu de deux sur le trône de St Pierre. Benoît XIII, pape d'Avignon, a derrière lui l'Espagne, le Portugal, la France et l'Écosse. Grégoire XII, pape de Rome, garde pour lui le sud de l'Italie et une partie de l'Allemagne. Tout le reste de la Chrétienté se range derrière le pape de Pise, Alexandre V.

Le 3 mai 1410, Alexandre V mourut à Rome. Les cardinaux pisans décidèrent de poursuivre l’aventure, et le conclave présidé par le cardinal Jean Allarmet de Brogny élit Cossa le 17 mai. Il fut ordonné prêtre quelques jours plus tard et couronné le 25 sous le nom de Jean XXIII. Il prit parti en faveur de Sigismond de Hongrie lors de l’élection impériale qui eut lieu la même année.

Il faudra attendre le concile de Constance, réuni à partir de 1414 pour que se règle le problème du Grand Schisme.



Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Concile de Pise de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Concile De Pise — Le concile de Pise a été convoqué en 1409 pour tenter de régler le sérieux problème du Grand Schisme d Occident. Le contexte Depuis 1378, deux papes rivaux se trouvent à la tête de la Chrétienté. Celui de Rome a l appui de l Italie du nord, de l… …   Wikipédia en Français

  • Concile de pise — Le concile de Pise a été convoqué en 1409 pour tenter de régler le sérieux problème du Grand Schisme d Occident. Le contexte Depuis 1378, deux papes rivaux se trouvent à la tête de la Chrétienté. Celui de Rome a l appui de l Italie du nord, de l… …   Wikipédia en Français

  • CONCILE — La forme, la fréquence, la structure des conciles ont beaucoup varié au cours de l’histoire de l’Église. Rien d’étonnant à cela: l’Église n’a pas reçu de son fondateur une constitution complète, au sens où l’on parle de la constitution d’un État; …   Encyclopédie Universelle

  • Concile De Constance — Evêques débattant avec le Pape au Concile de Constance. Le concile de Constance (1414 1418) est, pour l Église catholique romaine, le XVIe concile œcuménique, convoqué par l empereur Sigismond I …   Wikipédia en Français

  • Concile de constance — Evêques débattant avec le Pape au Concile de Constance. Le concile de Constance (1414 1418) est, pour l Église catholique romaine, le XVIe concile œcuménique, convoqué par l empereur Sigismond I …   Wikipédia en Français

  • PISE (CONCILE DE) — PISE CONCILE DE (1409) Assemblée qui s’est réunie de mars à juillet 1409, pour essayer de mettre fin au grand schisme d’Occident, à l’initiative de cardinaux relevant de l’obédience de Grégoire XII et de celle de Benoît XIII. Ce concile n’est pas …   Encyclopédie Universelle

  • Concile oecuménique — Concile Un concile (du latin concilium, assemblée), ou synode (du grec sun odos = chemin commun), est une assemblée d évêques de l Église catholique (romaine ou non) ou orthodoxe. Il manifeste une dimension essentielle de toute Église… …   Wikipédia en Français

  • Pise — Pour les articles homonymes, voir Pise (homonymie). Pise Campo dei Miracoli avec la cathédrale et la tour penchée …   Wikipédia en Français

  • Concile de Constance — 47°39′48″N 9°10′37″E / 47.66333, 9.17694 …   Wikipédia en Français

  • Concile — Un concile (du latin concilium, assemblée), ou synode (du grec sun odos = chemin commun), est une assemblée d évêques de l Église catholique (romaine ou non) ou orthodoxe. Il manifeste une dimension essentielle de toute Église chrétienne :… …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”