Clint Eastwood

Clint Eastwood
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Clint Eastwood

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Clint Eastwood au Festival international du film de Toronto en 2010

Nom de naissance Clinton Elias Eastwood, Jr.
Surnom Clint Eastwood
Naissance 31 mai 1930 (1930-05-31) (81 ans)
San Francisco, Californie, Drapeau des États-Unis États-Unis
Nationalité Drapeau : États-Unis Américaine
Profession Acteur Compositeur Producteur Réalisateur
Films notables Le Bon, la Brute et le Truand L'Inspecteur Harry L'Homme des Hautes Plaines L'Évadé d'Alcatraz Impitoyable Gran Torino Mystic River Million Dollar Baby
Site internet www.clint-eastwood.fr

Clinton Elias Eastwood Jr, usuellement appelé Clint Eastwood (prononcé /klɪnt istwʊd/), est un acteur, réalisateur, compositeur et producteur de cinéma américain, né le 31 mai 1930 à San Francisco.

Autodidacte, il entre grâce à des amis au studio Universal où il interprète d’abord des petits rôles dans des séries B, puis l’un des rôles phares d'une longue série, Rawhide. Il se fait alors remarquer par Sergio Leone qui l’embauche pour la Trilogie du dollar. Devenu célèbre, il interprète de nombreux rôles, d’abord pour Universal, puis pour Warner Bros., notamment ceux de L'Inspecteur Harry. En 1968, il devient producteur avec la création de la société Malpaso et réalise son premier film en 1971, avec Un frisson dans la nuit. Aujourd'hui, avec plus de quatre-vingts films à son actif, parmi lesquels Impitoyable, Sur la route de Madison ou encore Mystic River et plus récemment Million Dollar Baby et Gran Torino, Clint Eastwood figure parmi les cinéastes les plus connus du monde entier.

D'abord connu pour ses rôles d'antihéros volontiers redresseur de torts et tragiques, dans des films d'action violents ou des westerns tels que L'homme des hautes plaines ou encore Pale rider, il a ensuite endossé des rôles plus touchants dans des films empreints d'un certain classicisme, influencés par le cinéma de John Ford et de Howard Hawks. Il est également connu pour ses comédies telles que Doux, dur et dingue et Ça va cogner. Eastwood a ainsi été récompensé à de nombreuses reprises, remportant notamment quatre Oscars, cinq Golden Globes, trois Césars et la Palme d'honneur au Festival de Cannes en 2009.

Sommaire

Biographie

Origines

Hôpital où naquit Clint Eastwood à San Francisco
Hôpital Saint Francis où naît Clint Eastwood

Clint Eastwood a toujours été mystérieux sur ses origines, sa vie privée et son passé. Eastwood est sélectif car il veut être celui qui sait sans divulguer. Lors d'interviews, il dévoile seulement la partie de son arbre généalogique qui met en valeur son image[N 1],[L1 1]. Pourtant, les origines d'Eastwood suivent de près l'histoire américaine. Ses ancêtres arrivent en Amérique au milieu du XVIIe siècle. Ils font partie des premiers colons à se lancer dans la conquête de l'Ouest. Sa famille se partage donc entre des membres installés à New York, dans l'Ohio, dans le Michigan, en Virginie, dans l'Illinois, en Louisiane, au Kansas, dans le Colorado, le Nevada, en Californie et enfin en Alaska[L1 2]. Bien avant que Clint Eastwood ne naisse, sa famille est marquée par le monde du spectacle. Le premier Eastwood né en Amérique est Lewis Eastwood. Ses parents sont venus d'Angleterre ; ils sont toutefois d'origine irlandaise[L2 1],[1]. Bien qu'il ait déclaré à la presse être « le premier de la famille à avoir réussi »[L1 3], Clint Eastwood est bien loin de la vérité : à la fin du XVIIIe siècle, Lewis Eastwood est devenu un entrepreneur renommé, classé cent troisième parmi les mille deux cents commissionnaires de la ville de New York[L1 3]. L'un des petits-fils de Lewis, Asa Bedesco Eastwood, l'arrière-grand-père de Clint, quitte la ville pour devenir mineur. C'est à cause de lui que le réalisateur a souvent montré, à travers ses films, une tendresse particulière à l'égard des mineurs, comme dans La Kermesse de l'Ouest (1969), L'Homme des Hautes Plaines (1973) ou encore dans Pale Rider, le cavalier solitaire (1985)[L1 4]. Habitué du commerce, Burr, l'un des fils d'Asa Bedesco, quitte sa famille pour travailler comme magasinier, emploi dans lequel il monte rapidement l'échelle sociale[L1 5]. Il épouse Jessie Anderson, une immigrante d'Écosse[L1 5], qui lui donne deux fils, dont Clinton. Clinton se marie en 1927 avec Margaret Ruth Runner, une femme de la haute société[L2 1]. Ils donnent naissance à un garçon qui leur dédie plus tard l'Oscar du meilleur film qu'il remporte pour Impitoyable[L1 6],[2],[3] :

« Cette victoire est simplement merveilleuse, je la décerne à toutes les personnes auxquelles je pourrais penser. […] Durant cette année de la femme, la plus grande femme sur la planète est ici ce soir — ma mère, Ruth[N 2]. »

Clinton Eastwood Jr. est donc né le 31 mai 1930, à l'hôpital Saint Francis de San Francisco. À cette époque, le nourrisson était déjà célèbre. Sa mère déclare au journal anglais News of the World : « C'était le plus gros bébé de la maternité. Il pesait 5,2 kg. Les infirmières s'amusaient beaucoup à le montrer aux autres mamans. Elles l'appelaient « Samson ». Il était tellement grand[L1 7],[4]. » Il fut surnommé Clinton Jr. en hommage à son père, bien que son nom complet soit Clinton Elias Eastwood Jr[5]. Toutefois, il fut surnommé par ses parents « Sonny »[N 3]. Les liens familiaux sont forts chez les Eastwood, comme l'exprime Ruth lors de la naissance de son fils : « Je suis tombée amoureuse de lui dès qu'il est né[L4 1] ! ». Et cet amour est largement restitué dans tous les films dans lesquels Clint Jr. est impliqué par la suite[L4 1].

Enfance

La Grande Dépression

Photographie de nuit de la ville d'Oakland
Oakland, où Eastwood aurait passé son enfance

Ses divers attachés de presse ont, durant quarante ans, clamé que Clint Eastwood était originaire d'Oakland[L1 8], ville ouvrière qui mettrait en valeur la réussite d'Eastwood. Ce dernier a même déclaré dans une interview que s'il traitait si souvent les gens de « trous du cul » dans ses films, c'était probablement à cause de son enfance passée à Oakland[L1 8]. Mais cette information n'est pas vraiment exacte. Dans la biographie écrite par Schickel publiée en 1996, on découvre qu'Eastwood a, en fait, grandi à Piedmont[L3 1],[L1 8]. Schickel y déclare que les Eastwood ont grandi dans une « modeste maison au toit couvert de bardeaux », mais il précise que « cette maison était [toutefois] située à la limite d'Oakland »[L3 1]. L'enfance de Clint Eastwood est marquée par la Grande Dépression et le passage au cinéma sonore. Les journaux locaux ne traitent guère de la crise. Toutefois le chômage ne cesse d'augmenter. Il atteint un taux de 28 % en Californie. Si Oakland, d'origine ouvrière, est très touchée par la Grande Dépression, Piedmont fait figure de banlieue chic où la crise n'a pas de réel impact sur la vie de tous les jours[L1 8]. Toutefois, les parents du jeune Eastwood quittent la région : Clinton Sr. vient de perdre son emploi de commercial chez East Bay Refrigeration Products[L1 9],[6].

Photographie prise en hauteur de Spokane
Spokane, ville dans laquelle Clinton Sr. trouve un travail temporaire

Selon les divers témoignages, Clinton Sr. se met en quête de travail partout où il y en a[L4 2]. Il déclare ainsi à son fils : « dans la vie, on n’a rien pour rien », ce que Clint Jr. n’a jamais contesté[L4 2]. C'est d'ailleurs peut-être de ce nomadisme que naît la future passion d'Eastwood pour les westerns[L4 3]. Il n'a ni diplôme universitaire ni qualification professionnelle. Les voyant découragés, le frère de Ruth, la mère de Clint Jr., les dépanne financièrement comme il peut. Il aide par ailleurs Clinton Sr. à trouver un emploi dans une usine de réfrigérateurs à Spokane[L1 9]. Ce dernier enchaîne avec un travail de pompiste sur Sunset Boulevard qu'il obtient grâce à des amis. La famille s'installe alors à Pacific Palisades, un district de Los Angeles. C'est durant cette période que Clint Jr. manque de mourir noyé à l'âge de quatre ans et qu'il assiste à la naissance de sa sœur, Jeanne. L'enfance de Clint Jr. est ainsi marquée par des déménagements incessants dus aux changements de travail de son père : ils vont à Sacramento, à Redding et bien d'autres villes[L1 10]. Ces voyages vont durer près de six ans. Cependant, Schickel déclare dans son livre sur Clint Eastwood qu'« il n'y avait jamais ni panique ni désespoir dans ces déménagements. […] Quand la famille faisait ses paquets, M. Eastwood avait toujours retrouvé un emploi. Et à aucun moment Clint ne s'est senti délaissé ou abandonné durant cette période[L3 1]. » Au milieu des années 1930, la mère de Clint Eastwood achète la maison de sa tante à Piedmont pour une somme dérisoire[L1 10]. En évoquant cette période, l'acteur déclare au Village Voice, en 1976, que « c'était une époque merdique ». Il ajoute « on n'était pas itinérants. […] C'était pas Les Raisins de la colère, mais c'était pas le luxe non plus » au Rolling Stone[L1 10].

De retour dans sa ville natale, Clint Eastwood rend souvent visite à sa grand-mère, Virginia May Runner, jusqu'en 1937, date à laquelle cette dernière déménage vers la région rurale, derrière les faubourgs est d'Oakland. Malgré son départ, Clint Eastwood ne la perd pas de vue pour autant, il va chez elle de temps en temps. C'est durant ces quelques séjours que Clint Eastwood apprend à monter à cheval. Il y apprend également les valeurs du sacrifice et du devoir :

« Grand-mère a eu plus d'impact sur ce que je suis devenu que n'importe quelle théorie de l'éducation. Elle vivait seule et était très autonome[L1 11]. »

Premiers pas dans le monde artistique

Il est âgé de dix ans lorsque son père trouve enfin un emploi lucratif en tant qu'assureur à la Connecticut Mutual Life Insurance Co. Mais la Guerre éclate. Clinton Sr. étant mobilisable, il devient tuyauteur sur des chantiers navals. Peu de temps après, l'économie prend un nouvel essor grâce à la Guerre, et les Eastwood en profitent. La famille achète une résidence sur la Hillside Avenue, à quelques pas de l'école de Clint Jr. L'époque de sa vie qu'il qualifiait de « merdique[L1 10] » est terminée.

Photographie prise en hauteur de la ville de Piedmont
Piedmont, ville natale de Clint Eastwood

Bien qu'appartenant à une famille tournée vers la religion, Clint Jr. n'est inscrit sur aucun registre de baptême et ne va jamais à la messe. Ce manque est certainement dû aux déménagements de son enfance. Lorsque David Frost lui demande si la religion est importante pour lui, Clint Eastwood répond : « Je ne souscris à aucune religion officielle. Mais j'ai toujours accordé beaucoup d'importance à ce genre de choses […]. Surtout quand je suis dans la nature. Je crois que c'est pour ça que j'ai tourné autant de films […] dans la nature. […] Je n'ai jamais vraiment réfléchi là-dessus à haute voix[L1 12]. »

Clint trouve son premier travail comme caddy sur un terrain de golf. Il distribue aussi le journal Oakland Tribune, tond des pelouses et emballe les courses des clients d'une épicerie locale pour se faire de l'argent de poche. En parallèle, sa vie scolaire n'est pas très épanouie : il change près de dix fois d'établissement[L1 13]. Il fréquente notamment les écoles Glenview, Crocket Highlands et Frank Havens School, toutes à proximité de Piedmont[L1 13]. À la deuxième d'entre elles, Eastwood suit un cours de photographie[N 4], ce qui se révèle être son premier contact avec le monde artistique. Plus tard, au collège, Clint Eastwood découvre la comédie. Bien qu'il soit introverti, il est choisi parmi tous les élèves de sa classe pour interpréter le rôle principal d'une pièce par son professeur d'anglais, Gertrude Falk. Désastreux au début, il prend peu à peu confiance en lui et termine la pièce avec plusieurs rires appréciateurs[L1 14].

Malgré la présence de sa sœur, Clint joue seul. Il s'invente des amis imaginaires et mime des scènes avec ses jouets[L1 15]. Voici ce que Clint Eastwood déclara à ce sujet au McCall's en 1987 :

« Comme j'étais presque toujours le petit nouveau, je jouais souvent tout seul, et dans ces cas-là votre imagination devient très vite active. Vous vous inventez plein de petites histoires dans votre tête…[L1 15] »

Il découvre le jazz grâce à sa mère qui collectionne des disques. De son côté, son père joue de la guitare et chante dans un groupe improvisé. Clint grandit ainsi en écoutant des morceaux de jazz et de rhythm and blues. Il commence lui-même à jouer de la clarinette, puis du piano. Il finit même par prendre des cours[L1 16]. Cela deviendra par la suite une de ses passions.

La période « rebelle »

Clint entre au lycée en 1945. Il est indifférent à l'éducation et doit suivre les cours de rattrapage pour pouvoir passer en deuxième année[L1 17]. Bien élevé et socialement avantagé, Clint Eastwood devient de plus en plus un « marginal » qui cherche à se montrer rebelle[L1 17]. Le personnage solitaire du collège est désormais entouré de plusieurs amis. Malgré son physique sportif, Eastwood n’est pas un bon athlète, il ne s'investit pas dans les équipes sportives de l'école. Il déclare à ce sujet qu'il ne s'est « jamais vraiment impliqué dans les sports d'équipe, à cause de tous les déménagements »[L1 18]. Ce n'est pas exactement la vraie raison puisqu'il ne déménagea plus à partir de 1940. Les seuls sports que le futur acteur pratique sont le golf et le tennis. Il n'est pas intéressé par les sports collectifs. C'est pourtant un travail collectif qu'il effectue en créant la Malpaso des années plus tard, en embauchant de nombreuses personnes qui travailleront à ses côtés.

Vue de l'entrée du lycée technique d'Oakland
Le lycée technique d'Oakland dans lequel Eastwood termine ses études

Après avoir validé sa première année au lycée de Piedmont, Clint Eastwood le quitte pour le lycée technique. Les raisons de ce départ sont assez floues. Certains affirment que c'est à cause des cours de théâtre que dispensait le lycée technique que l'acteur changea d'établissement[N 5]. D'autres[L3 1] avancent que c'est l'absence de familles noires ou asiatiques qui poussèrent Clint Eastwood à partir et d'autres[N 6] déclarent qu'il a quitté le lycée sur la demande de ce dernier[L1 19] — Clint aurait inscrit sur le panneau d'affichage du stade du lycée des propos obscènes sur l'une de ses employées[N 7].

Il finit son cursus dans ce lycée technique. Durant cette période, il obtient sa première voiture, alors qu'il n'avait pas l'âge légal pour la conduire. L'acteur avait deux priorités dans la vie : les voitures et les filles. Il assouvit sa passion avec ses copains, entre balades en voiture et flirt à l'arrière[L1 20]. On remarque d'ailleurs qu'une fois sa société de production créée, il enchaîne les films sur ces thèmes : Le Canardeur (1974), L'Épreuve de force (1977), Honkytonk Man (1982), Pink Cadillac (1989) ou encore La Relève (1990). Au lycée, plutôt que de suivre des cours de théâtre, Clint assiste à des cours de mécanique et d'aéronautique. Il ne pense alors pas à son avenir, préférant vivre aux côtés de ses amis plutôt que de travailler ses leçons.

En 1948, la famille Eastwood doit à nouveau déménager, à la suite d'une promotion de Clinton Sr. Il est nommé directeur de l'une des usines de la société, à Seattle. Ses parents laissent derrière eux Clint Jr., qui termine son semestre au lycée hébergé par Harry Pendleton, l'un de ses camarades. Ainsi, à dix-neuf ans, il obtient son baccalauréat américain, malgré une scolarité dissipée[L1 21],[6]. Après ceci, Clint Eastwood demeure encore chez son camarade quelque temps. Entouré de son groupe d'amis, il est persuadé que la vie étudiante n'a aucun attrait. Il ne voit qu'un côté positif : faire la fête. Dans cette optique, il côtoie nombre de discothèques chaque fin de semaine. Un soir, alors qu'il rentre chez lui en voiture, accompagné de quelques amis, ils sont contraints de s'arrêter pour ne pas percuter des chevaux qui traversent la route. L'un d'entre eux reconnaît les chevaux : « Stop ! Je sais à qui ces chevaux appartiennent[L1 22]. » Tous descendent alors de la voiture, et ramènent les chevaux à leur propriétaire qui n'était autre que Howard Hawks. Eastwood croisa pour la première fois Hawks, réalisateur et producteur notamment des westerns de John Wayne. « Ce fut la seule rencontre d'Eastwood avec Howard Hawks, qui était l'un de ses réalisateurs préférés […]. Il dit considérer Hawks, de même que John Ford et Anthony Mann, comme des hommes qui ont beaucoup influencé son propre travail » écrit Janet Maslin dans un article du New York Times en 1993[L1 23]. Cependant, Clint n'échange aucune parole avec Hawks lors de leur rencontre.

Le début de l'âge adulte

Les prémices de la collaboration avec Universal

Vue d'une fontaine et de quelques bâtiments en arrière-plan de la Seattle University
La Seattle University dans laquelle Clint souhaite poursuivre ses études

Au début de l'été 1949, Clint Eastwood part rejoindre sa famille à Seattle. Malgré son manque de qualifications, il se fait embaucher dans une usine de Weyerhaeuser Company à Springfield, dans laquelle il reste un an. Il enchaîne ensuite plusieurs petits travaux : il fait l'inventaire des pièces chez Boeing, conduit un camion pour Color Shake, puis est veilleur de nuit chez Bethlehem Steel[L1 24]. En parallèle, il suit une formation et obtient de la Croix-Rouge le diplôme de maître-nageur[L1 25]. Il reçoit en même temps sa convocation au service militaire[L2 2], où ce diplôme se révéla précieux. Il décide alors de poursuivre des études supérieures de musique à la Seattle University. Les étudiants ne sont pas repris, à cause de l'engagement du général Lewis B. Hershey d'envoyer 30 000 hommes en quatre-vingt-dix jours en Corée. Clint fait appel auprès du conseil de révision pour obtenir un délai[L1 25], mais on le lui refuse.

À Fort Ord, le centre de réception des appelés, des milliers de jeunes recrues arrivent pour renforcer l'armée du général Douglas MacArthur, qui souhaite mener une offensive vers le nord. Clint y arrive en 1950[L1 26]. Son diplôme de maître-nageur lui vaut de ne pas partir en Corée, mais de devenir professeur de natation au camp[L1 27],[L2 3]. En sa qualité d'enseignant militaire, il lui est nécessaire de faire preuve de sang-froid et de témoigner d'un esprit de commandement qui lui sert par la suite, quand il devient réalisateur. Clint Eastwood déclare qu'une équipe de tournage, « c'est comme un peloton. Je guide le peloton vers l'endroit où il doit aller[L1 28]. » Fort Ord ressemble à une vraie ville : outre la caserne, on y trouve un centre de sport, une cantine, un hôpital, des magasins, des théâtres et des cinémas. Universal Pictures semble avoir entretenu une grande relation avec Fort Ord[L1 28]. Les nouveaux films y sont souvent montrés avant leur sortie nationale ; leur projection bénéficie même de la présence des acteurs et réalisateurs. Clint passe ainsi ses deux années de service, sans toutefois réellement entrer en relation avec une quelconque célébrité du monde du cinéma ; il réussit pourtant à s'ouvrir les portes des studios Universal. Il n'est pas envoyé en Corée grâce à la qualité de ses cours pour laquelle il termine caporal, et fait même l'objet d'une citation récompensant son mérite[L1 29].

Plusieurs soldats s'entraînent au Fort Ord
Fort Ord durant un entraînement

En 1952, Clint Eastwood peut voter pour la première fois. À l'instar de toute sa famille, il s'oriente vers le Parti républicain et vote pour Dwight David Eisenhower[L1 30],[L1 31]. Il est entré en contact avec Universal International durant son service militaire, mais la manière dont cela s'est déroulé est assez floue. Plusieurs théories ont été proposées, et personne ne peut dire laquelle est la bonne. La première d'entre elles a été publiée dans un communiqué de presse publicitaire du groupe, le 18 février 1955 : on y apprend que Clint a été découvert par un individu en visite au Fort Ord qui a remarqué son physique avantageux[L1 32]. « Clint Eastwood a été découvert par le réalisateur Arthur Lubin durant le tournage de Francis chez les wacs à Fort Ord[L1 32],[N 8],[6]. » Le communiqué de CBS lors de la sortie de Rawhide est plus complet à ce sujet : « une équipe de tournage Universal International était en train de travailler à Fort Ord, en Californie. Un audacieux assistant-réalisateur remarqua le beau jeune homme de 1,95 mètre alors qu'il s'apprêtait à faire la queue pour la cantine. Il lui dit : « quand tu auras fini, passe faire un tour sur le plateau. Je voudrais que tu rencontres notre réalisateur ». Clint s'exécuta et le réalisateur fut tellement impressionné par son physique […] qu'il lui demanda de le rappeler à Universal dès qu'il aurait terminé son service[L1 32],[N 8]. La deuxième théorie au sujet de cette rencontre est légèrement différente. Publiée par Schickel dans son livre, elle met en avant Chuck Hill, une recrue de Fort Ord, qui encourage Clint à se rendre à Los Angeles. Mais Clint ne fait rien. Les deux hommes restent en contact, et Hill décroche un jour un poste à Universal où il fait entrer en cachette son ami. Il le présente à un caméraman, Irving Glassberg, qui voit en lui la future vedette[L3 1],[L1 33]. La troisième théorie est avancée par Earl Leaf. Ce dernier affirme que Clint restait durant des heures assis sur un tabouret en espérant se faire remarquer, à l'image de Lana Turner, découverte sur un tabouret du bistro Schwab's. Et, un jour ses espoirs se réalisent lorsqu'il rencontre une jeune standardiste qui le fait entrer à Universal[L1 34]. Il semble que la première théorie, bien que déformée, se rapproche le plus de la réalité[L1 34].

La chance de Clint

Plus tard, Clint Eastwood quitte Seattle, où il a mis enceinte une fille dont les parents fréquentaient les siens. Scandalisés, ils fournissent à Clint la somme nécessaire pour payer l'avortement de la jeune fille, malgré le fait qu'il propose de l'épouser[L1 35]. Il promet alors à ses parents de devenir plus sérieux. Plus tard, il explique à ses amis que cet épisode fut « dévastateur » pour lui, que cette fille reste son seul « véritable amour ». Il décide donc de partir pour Los Angeles où il reprend ses études au Los Angeles City College et se met à fréquenter une fille qu'il avait rencontrée et fréquentée durant son service à Ord[L1 36] : Margaret Neville Johnson, surnommée « Maggie »[L2 4]. Elle y travaillait comme secrétaire pour l'Industria Americana[L1 37],[L2 5],[7],[8]. Un an plus tard, le couple annonce ses fiançailles. Et, lors de Noël 1953, à South Pasadena, les deux amoureux se marient[L1 35].

Le Los Angeles City College est considéré comme le meilleur établissement de la ville pour apprendre la comédie, il a notamment formé Kim Novak, Robert Vaughn ou encore James Coburn[L1 38]. D'ailleurs, beaucoup de studios y envoient leurs acteurs sous contrat, pour qu'ils poursuivent leur formation. Malgré cette réputation, Clint Eastwood ne va pas dans cette université pour suivre des cours d'art dramatique, mais pour y suivre une formation commerciale[L1 38]. Il étudie ainsi de septembre 1953 à février 1954. Mais au printemps, Eastwood décide d'abandonner ses études : en avril, grâce à des personnes rencontrées durant son service militaire, il est embauché chez Universal, où il signe un contrat de courte durée[L1 38]. Malgré la récession qui sévit aux États-Unis, Universal semble s'en sortir en produisant de nombreux films à petit budget. Clint Eastwood est donc embauché comme « inconnu pas cher »[L1 39], avec un salaire de 75 $ par semaine[6]. Mais à cette époque rien n'est encore gagné, Clint n'ayant jamais appris à jouer la comédie.

En 1950, cependant, Sophie Rosenstein crée la Universal Talent School où l'on apprend la comédie. Chaque année, plus de soixante personnes s'y présentent, dix seulement gagnent le droit de passer une audition et deux ou trois sont retenues pour faire un essai filmé. Le premier critère de sélection, à l'époque, est le physique. En rencontrant Clint, Arthur Lubin a déclaré qu'« il était tellement grand, mince et beau »[L1 40]. Il lui propose immédiatement de faire un essai filmé, mais Eastwood, n'ayant aucune expérience du métier d'acteur, ne sait pas où se positionner ni ce qu'il doit faire[L1 41]. Malgré cet essai décevant, Lubin lui affirme qu'« il faut persévérer. Je te conseille d'aller à l'école d'art dramatique du studio[L1 41] ». C'est ainsi qu'Eastwood obtient son contrat avec la société Universal. Signé le 26 avril 1954, il stipule que le studio bénéficie de ses « services exclusifs à titre d'artiste pour ce qui est du cinéma, des apparitions personnelles et des productions théâtrales, radiophoniques et télévisuelles »[L1 41]. Le contrat dure vingt semaines, avec un salaire de 100 $ par semaine et la possibilité d'être prolongé.

Clint se montre un bon élève dès les premières semaines : s'il n'a pas toujours de bonnes notes, il est consciencieux et attentif, ce que relèvent les professeurs qui le considèrent comme l'un de leurs meilleurs élèves[L1 42]. Toutefois, sa réussite se limite aux cours ; lorsque Eastwood joue, il demeure froid et rigide[L1 43]. D'ailleurs, lorsqu'il passe sa première audition pour jouer dans le film La police était au rendez-vous (Six Bridges to Cross) de Joseph Pevney en mai 1954, il n'obtient aucun rôle[L1 44]. Il tente, sans succès, de jouer des scènes tirées de Brigadoon, Tessa, La Nymphe au cœur fidèle ou encore de Sept ans de réflexion pour montrer aux directeurs de casting ce qu'il vaut. Alors, il se rabat sur le doublage[L1 44]. Il travaille ainsi sur La Révolte des Cipayes, Le Signe du païen, Le Fleuve de la dernière chance et sur Deux nigauds et les flics[L1 44].

Une carrière naissante

L'ayant remarqué à Universal lorsque Lubin travaillait sur son film Francis chez les wacs, Jack Arnold décide d'engager Eastwood pour les besoins du tournage de La Revanche de la créature. Il y joue le petit rôle d'un laborantin, Jennings, qui assiste un médecin (John Agar) qui mène des recherches sur un monstre[L1 45],[N 9]. Durant les années 1950, il décroche plusieurs rôles, mais toutes ses apparitions sont insignifiantes pour l'intrigue[L1 46]. C'est ainsi que le jeune Eastwood et sa femme, Maggie, déménagent dans un appartement à la Villa Sands, sur Ventura Boulevard, pour être plus proches des studios Universal[L1 47]. Ils y côtoient des jeunes célébrités telles que Gia Scala, Anita Ekberg[N 10] ou encore Lili Kardell[L1 47]. Eastwood est alors un ami proche de Scala et de Kardell, toutes deux également comédiennes de la Talent School. La période rebelle est oubliée, Clint essaye désormais de réussir sa vie.

Photographie d'une fontaine des studios Universal, où apparaît le globe du logo de la société de production
Entrée des studios Universal où Eastwood suit ses cours

Clint Eastwood apparaît à l'écran moins souvent que ses collègues de la Talent School. On le voit dans quelques films, mais sa présence est à peine remarquable. On le retrouve dans Ne dites jamais adieu, Brisants humains ou encore dans Les Piliers du ciel et La corde est prête[L1 48]. Il participe, sans être toutefois crédité, aux films Le Cavalier au masque, El Tigre, La Danseuse et le Milliardaire (Ain't Misbehavin'), Les Forbans, L'Enfer des hommes, La Jungle des hommes, Coup de fouet en retour (Backlash) et Benny Goodman[L1 49]. Si Universal profite ainsi de lui, Clint en tire profit et observe durant son apprentissage toutes les étapes de la fabrication d'un film.

Mais, en septembre 1955, son contrat avec Universal est sur le point d'expirer. Eastwood est persuadé que la société le renouvellera. Aussi, en rentrant des deux semaines de vacances qui lui avaient été accordées avec sa femme, il est face à une désillusion : son contrat et celui de deux autres personnes n'ont pas été reconduits[L1 50]. Cet échec renforce sa détermination à continuer sa carrière dans le cinéma. Son amitié avec Lubin demeure inchangée : celui-ci l'invite souvent à manger ou à voyager avec lui, il lui offre des costumes ou lui prête de l'argent. Le réalisateur étant homosexuel, certains pensent même qu'Eastwood l'est également[L1 50]. Sa femme, jalouse de cette relation, demande à Clint de ne plus jamais revoir Lubin. Toutefois, les deux hommes restent en contact. Lubin offre à Eastwood le plus grand rôle de sa carrière à l'époque, et sa première apparition au générique : celui d'un officier qui recrute pour la brigade des Rough Riders dans La VRP de choc (First Traveling Saleslady)[L1 51].

Il enchaîne avec un petit rôle, toujours pour Lubin, comme pilote dans Escapade au Japon (Escapade in Japan) et des apparitions à la télévision. Eastwood essaie en vain de décrocher un contrat avec la Warner Bros., avec la Paramount Pictures ou encore avec la 20th Century Fox[L1 52]. C'est en 1959 qu'il réussit enfin à obtenir un grand rôle, dans la série télévisée Maverick. Il interprète le rôle d'un méchant qui essaye d'épouser une fille riche pour son argent[L1 52]. Toutefois, il est loin de s'épanouir grâce à son travail ; c'est Maggie Johnson, sa femme, qui, grâce à son emploi comme mannequin, permet à la famille de subvenir à ses besoins.

Il participe aux auditions pour le film de Billy Wilder, L'Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of St. Louis), mais c'est James Stewart qui décroche le rôle. Il obtient en revanche une place dans C'est la guerre (Lafayette Escadrille) de William A. Wellman et un rôle, bien plus important que le précédent, dans Ambush at Cimarron Pass, western réalisé par Jodie Copelan. Il y incarne un soldat sudiste qui explore la frontière à la recherche de trafiquants d'armes. Considérant Ambush at Cimarron Pass comme la « pire étape de sa carrière »[L1 53], et abattu par le manque de succès, il est prêt à abandonner le cinéma[L1 54]. Lorsqu'il assiste à une projection du film avec sa femme, il lui déclare : « Je vais arrêter. Il faut vraiment que j'arrête. Il faut que je retourne à l'école. Je dois commencer à faire quelque chose de ma vie[L1 54] ». Après avoir été brièvement sous contrat avec la Marsh Agency, il trouve un nouvel agent[L1 55], Bill Shiffrin[L1 54]. C'est la signature de ce contrat qui est certainement décisive dans la carrière de Clint Eastwood à cette époque. Allant plus loin dans la collaboration que Lubin, Shiffrin va permettre à Eastwood de se distinguer, et ce, à la télévision.

L'âge adulte : Universal et United Artists

Un succès imminent

Shiffrin remarque la carrure d'Eastwood et l'estime parfait pour un casting dont il a entendu parler[L1 56]. Ce casting est organisé par CBS Corporation pour les besoins d'un feuilleton, un western diffusé en épisodes d'une heure. En entrant dans les locaux de la société, un cadre (qui n'était autre que Robert Sparks) le remarque et lui demande : « Combien mesurez-vous ? ». À quoi Eastwood répond « 1,95 mètre »[L1 57]. Le cadre l'invite alors à le suivre dans son bureau. Eastwood y rencontre pour la première fois Charles Marquis Warren, le producteur de la série[L1 57]. Le lendemain, son agent lui annonce qu'il doit passer des essais : lire un monologue d'Henry Fonda issu de L'Étrange Incident. Clint pense avoir tout loupé ; pourtant, une semaine plus tard, Shiffrin le contacte pour lui annoncer qu'il a obtenu le rôle[L1 58]. Il vient de décrocher son rôle le plus important à l'époque, celui d'un cow-boy nommé Rowdy. La série traite de la transhumance, c'est pourquoi Warren voulait la nommer Outrider[9],[L1 59], mais la direction de la chaîne préfère Rawhide[N 11], titre définitif de la série[L1 59]. Si le tournage débute bel et bien[10], sa programmation reste incertaine, car CBS ne sait pas encore comment l'introduire dans son programme, comment la mettre en valeur. Clint se souvient avoir pensé que sa « carrière va s'arrêter là, dans un sous-sol, dans un tiroir à CBS »[L1 60]. À Noël, Eastwood et sa femme partent voir la famille de Clint à Piedmont. C'est alors qu'ils reçoivent un télégramme annonçant la diffusion imminente de Rawhide, et la reprise du tournage dès le mois suivant[L1 60].

Vue générale de la ville de Nogales
Nogales, où a lieu le tournage de Rawhide[11]

Eric Fleming interprète le premier rôle de Rawhide, mais pourtant Eastwood se considère comme la vedette, il en parle comme de « sa série » à ses amis[L1 61]. Les deux acteurs, lors du premier jour de tournage, en Arizona, en viennent même aux mains. Toutefois, Eastwood, en public, marque toujours un certain respect pour Fleming. Par ailleurs, Eastwood est considéré sur le plateau de tournage comme un proche par beaucoup d'artistes, comme Charles Marquis Warren et Paul Brinegar, qui l'identifient à leur propre frère[L1 62]. Et cela tout au long du tournage, où le personnage de Fleming évoque la compassion d'un grand frère envers son petit frère ; Eastwood incarne l'homme fougueux qui n'a pas encore suffisamment d'expérience. Finalement, au fil du temps, le personnage incarné par Fleming perd en importance au profit de celui d'Eastwood. Cela est encore plus marqué dans le premier épisode de la deuxième saison, quand Endre Bohem reprend la série après le départ de Warren. Pour la première fois l'épisode est présenté par Rowdy, qui déclare « je suis Rowdy Yates, bouvier de cette bande… »[L1 63].

Si Fleming demeure la star de la série, Eastwood monte dans l'estime des gens, et son nom commence à être connu[L1 64]. Son salaire s'élève désormais à 750 $ par épisode[L1 65], lui permettant de quitter la Villa Sands pour une maison à Sherman Oaks[L1 66]. Il incarne pour l'Amérique le fils idéal, le « petit »[L1 64]. Ce qui ne plait pas trop à Eastwood. En effet, Rowdy incarne le « jeunot », l'adolescent, alors que Clint va avoir trente ans en 1960 ; d'ailleurs, le nom « Rowdy » peut se traduire par une personne turbulente, chahuteuse[12]. Clint le surnomme « le Crétin des plaines »[L1 64],[13]. Son salaire lui permet d'investir : il achète nombre de voitures[L1 65] et de propriétés[L1 67], telles que « Mal Paso » et une autre près de Monterey. Grâce à Rawhide, Clint Eastwood réalise sa première interview en 1959 :

« Il faut toujours se vendre. Il faut vanter partout les mérites de ce produit que l'on est. Il faut croire en soi de la même façon qu'un VRP croit en son aspirateur. C'est difficile, mais si vous ne le faites pas, personne ne peut savoir ce que vous valez. À Hollywood, on ne peut se permettre d'être humble que quand on est déjà devenu une star[L1 67]. »

En plus de son jeu d'acteur, le producteur de la série demande à Clint Eastwood de jouer de la guitare et d'interpréter A Drover's Life ; et, dans un autre épisode, de monter sur les planches d'un saloon et de chanter Beyond the Sun[L1 68]. Si le jazz avait bercé son enfance[L1 16], c'est désormais la country qui l'intéresse. Il lance ainsi sa carrière musicale. En 1959, Clint enregistre son premier album sous le label Cameo qu'il intitule Cowboy Favorites[L1 69]. Toutefois, le succès de l'album est très limité[L1 69]. Il s'essaie à plusieurs autres reprises dans la musique, mais ses tentatives sont relativement mal accueillies.

Post-Rawhide

Dès la troisième saison de Rawhide, les journaux de Hollywood relatent à quel point Eastwood est las de la série[L1 70]. Depuis la signature du contrat, CBS empêche l'acteur d'accepter une quelconque apparition dans une autre production. Dans une interview publiée dans le Hollywood Reporter, Clint déclare : « Je me prépare à me faire renvoyer, ce qui signifie que je ne pourrai plus travailler ici, mais j'ai reçu des propositions de Londres et de Rome pour des films qui devraient me rapporter plus d'argent en une année que ce que j'ai touché pour Rawhide en trois ans[L1 70]. » Toutefois, selon l'agent actuel de l'acteur, Ruth Marsh, Eastwood mentait. Il n'avait reçu aucune proposition, et son interview n'avait qu'un but : une augmentation de salaire[L1 70]. Les seules demandes qu'il a reçues se limitent à des courtes apparitions dans des programmes télévisés[L1 70].

En 1964, la série quitte le Top 25 sur lequel elle trônait depuis les débuts de sa diffusion[L1 71],[L1 72]. Endre Bohem quitte la série pour la laisser à Vincent M. Fennelly, qui la cède lui-même à Bernard L. Kowalski et Bruce Geller ; Eric Fleming aussi est de plus en plus souvent absent. Tout est mis en œuvre pour pallier cet insuccès soudain, mais cela se révèle infructueux[L1 71]. La série perd peu à peu sa cohésion. Fleming se voit alors proposer un rôle dans un western italien tourné en Espagne : Pour une poignée de dollars[L1 73]. Mais le salaire prévu n'est pas élevé et Fleming essaie de négocier une augmentation. Il finit par refuser l'offre, préférant voir son nom associé à de grosses productions hollywoodiennes. Par le biais de Irving L. Leonard, Fleming passe la proposition à Clint[L1 73]. Au début, Eastwood a la même réaction que Fleming : il ne veut pas s'embêter avec un petit rôle dans un western étranger ; pire, il refuse de lire le scénario[L1 74]. Mais, encouragé par Irving, il s'exécute en fin de compte. Il remarque une « intrigue intelligemment construite », ainsi qu'une similitude avec Le Garde du corps d'Akira Kurosawa[L1 75]. Eastwood accepte finalement de jouer le rôle de l'homme sans nom, et signe le contrat pour 15 000 $[L1 76],[N 12],[L2 6]. À la fin du tournage, durant le montage, Sergio Leone, le réalisateur, ne sait pas encore ce que va donner le film (il n'est pas encore le grand réalisateur qu'il deviendra) et il ne se fait aucune illusion sur le rendu final[L1 77].

Tandis que la septième saison de Rawhide est diffusée, en 1965, Leone termine le montage de son film. Lorsqu'il montre le résultat final à ses associés, l'un d'eux, Duccio Tessari, lui déclare qu'il s'agit d'un « très bon film »[L1 78]. Le titre est modifié : il ne s'agit plus de The Magnificent Stranger mais de Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari). Pour la promotion du film, les producteurs tendent à montrer une œuvre américaine. Leone prend le pseudonyme de Bob Robertson, Ennio Morricone, le compositeur, devient Dan Savio et Gian Maria Volontè John Wells[L1 79]. Tout est fait pour que le film réussisse. Pourtant, lorsque Leone se rend au marché du film de Sorrente, aucun grand distributeur ne veut prendre de risque pour un western réalisé par un inconnu[L1 79]. Le film n'est finalement projeté que dans une seule salle. Après deux très mauvais jours, le film fait salle pleine. En Italie, le film rapporte finalement 3 000 000 000 ₤[N 13]. Les critiques, italienne comme américaine, sont très élogieuses. Finalement nommé A Fistful of Dollars aux États-Unis, le film est vu comme le succès inattendu de l'année[L1 79]. Eastwood devient alors une véritable star en Italie[14].

« L'Homme sans nom »

Article détaillé : Trilogie du dollar.

Fort de son succès, Leone propose à Eastwood un rôle dans une suite de son film. Le budget alloué augmente largement. Leone engage Luciano Vincenzoni pour l'écriture du scénario. Le film s'intitule finalement Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più). Pour les besoins du tournage, un nouvel acteur est embauché : Lee Van Cleef. Par ailleurs, Sophia Loren vient de proclamer Eastwood « la plus grande star masculine d'Italie »[L1 80]. Si le premier volet a consolidé l'image d'Eastwood en Amérique, ce deuxième lui donne une certaine notoriété mondiale. C'est la United Artists qui décide de distribuer le film à l'étranger. Les distributeurs sont enthousiastes alors qu'ils sortent d'une projection à Rome. Ils achètent le film pour 900 000 $[L1 81]. Alors qu'ils signent le contrat, Arnold Picker, intéressé par la production de son prochain film, demande à Sergio Leone ce qu'il compte faire par la suite. Leone n'avait jusque là rien en tête, mais il lui vient l'idée d'Il Buono, il brutto, il cattivo. Enchanté, Picker lui demande combien coûtera le film et décide de le produire. Avec Eastwood, ils tournent finalement Le Bon, la Brute et le Truand. Entre temps, Dino De Laurentiis engage Clint pour un petit rôle dans un film à sketchs, Les Sorcières (Le Streghe), sous la direction de Vittorio De Sica[L1 82]. Durant le tournage de Le Bon, la Brute et le Truand, Eastwood gagne en assurance. Il s'affirme au sein de l'équipe de tournage. Il parle même de se mettre prochainement à son compte pour tourner ses propres films, en tant que producteur ou réalisateur[L1 83]. Pourtant, sa collaboration avec Leone est des plus fructueuses : Le Bon, la Brute et le Truand est le volet le plus rémunérateur de la trilogie, il rapporte 8 000 000 $ en coûts de location[L1 84],[15].

Toutefois, le succès de la trilogie est surtout européen. Aux États-Unis, elle est quelque peu critiquée, et Eastwood a du mal à se faire embaucher[L1 85]. Les attachés de presse de la United Artists déclarent que « les producteurs américains faisaient désormais la queue pour s'offrir les services de Clint », mais c'est loin d'être le cas[L1 85]. On lui propose un jour Pendez-les haut et court (Hang 'Em High), écrit par Mel Goldberg et Leonard Freeman. Il se montre réticent, mais face à une forte insistance de Leonard Irving, il accepte. Le film est une coproduction d'United Artists et Malpaso, société créée par Eastwood lui-même[L1 86]. Il est le principal actionnaire de la firme et a, par ce biais, un certain contrôle sur les films dans lesquels il apparaît : choix du script, des principaux acteurs et du réalisateur. C'est ainsi que Ted Post, un vieil ami de Clint, assure la réalisation de Pendez-les haut et court : « C'était lui qu'il voulait, se souvient Goldberg, parce qu'il y avait beaucoup de scènes de dialogue dans lesquelles il allait être obligé de jouer. Il a dit que le peu de scènes qu'il avait pris plaisir à faire dans Rawhide avaient été celles que Ted Post avait réalisées[L1 87]. »

Pendez-les haut et court est le quatrième western dans lequel Eastwood apparaît. Cependant, c'est le premier à être véritablement apprécié par la critique[L1 88]. Le New York Post déclare qu'il s'agit d'un « western de qualité, plein de courage, de périls et de passion »[L1 88]. Le film est également une réussite au box-office : lors de son premier jour, en juillet 1968, le film rapporte 5 241 $, ce qui se révèle être la meilleure première de toute l'histoire d'United Artists à l'époque, y compris les James Bond[L1 88]. En deux semaines, le film est déjà rentable pour les sociétés de production[L1 88]. Variety rapporte qu'United Artists considère le succès du film comme une juste récompense pour ses trois ans de collaboration avec Eastwood[L1 88]. Le magazine rajoute ensuite que le nom d'Eastwood est désormais synonyme de succès au box-office.

À cette époque, le fils d'Omar Sharif désire que son père tourne un film de cow-boys. Jack Lee Thompson réalise le film, et Eastwood est prévu en second rôle. Toutefois, le producteur déclare que si le film est une défaite, c'est à cause de lui, Sharif, la principale célébrité du film. Alors, Omar Sharif décide de ne pas prendre Eastwood dans le second rôle, le considérant comme trop peu connu. Il engage Gregory Peck. Ils tournent ensemble L'Or de MacKenna alors qu'Eastwood tourne Pendez-les haut et court. Le premier film ne marche pas du tout, alors que le second fait un carton et permet à Eastwood d'accéder au rang de star. C'est depuis ce temps que Sharif déclare à Eastwood, quand il le croise : « n'oublie pas, c'est moi qui t’ai fait ! »[16].

Mais United Artists est à l'époque une « petite » société, et les productions ne s'y enchaînent pas comme à Universal. Eastwood n'écarte pas l'idée de retourner un jour chez le major qui l'a jadis rejeté. D'ailleurs, le contrat de Clint avec UA n'est pas un contrat d'exclusivité, et Malpaso peut, quoi qu'il arrive, traiter avec toutes autres sociétés[L1 89]. Ainsi, Jennings Lang permet à l'acteur de signer un nouveau contrat avec Universal, avec un salaire à plus du double de celui d'UA. Ce dernier lui assure le premier rôle dans le prochain long métrage de Don Siegel, Un shérif à New York[L1 89], qui devait initialement être un feuilleton, avant que le script ne soit réécrit par Dean Riesner. Clint désire incarner un « connard héroïque », selon ses mots, cherchant à se distinguer de ses précédents rôles[L1 90],[N 14].

Clint, col bleu : un nouveau genre

Kyle Eastwood durant un conert, en train de jouer de la guitare
Kyle Eastwood (2005)

Le 19 mai 1968, quelques mois avant la sortie du film Un shérif à New York, Maggie Johnson accouche de leur premier enfant : Kyle Eastwood. Cela faisait plusieurs années que Maggie souhaitait avoir un enfant, sans jamais y parvenir[L1 91]. Si Clint se dit très fier de ce nouveau venu[L1 92], il ne peut pas rester longtemps à en profiter, face à ses obligations professionnelles. Cette période de sa vie est sans doute la plus active. Il accepte de tourner dans le film Quand les aigles attaquent de Brian G. Hutton malgré un salaire plus bas qu'à l'accoutumée. Ce film lui permet d'affirmer sa position en Europe et de changer de genre[L1 92],[N 15]. Par la suite, il accepte un rôle dans La Kermesse de l'Ouest (1969), un nouveau film qui se démarque de tous les autres puisqu'il s'agit d'un film musical. C'est une adaptation d'un spectacle de Broadway sur la ruée vers l'or. Le rôle d'Eastwood a été spécialement créé pour l'acteur, car absent du script original[L1 93]. Mais le tournage ne se déroule pas comme prévu. Si le film se voit attribuer un budget imposant, cela comprend le salaire de toutes les célébrités engagées sur le tournage, celui des choristes et le coût des décors. Qui plus est, une météo peu clémente détruit tous les décors extérieurs et le réalisateur, Joshua Logan, apparaît instable[N 16],[L1 94]. Quoi qu'il en soit, l'épouse de Clint Eastwood se plaint de la longue absence de son mari vis-à-vis de leur jeune enfant :

« Je veux que Clint soit plus proche de son fils. Je vous assure qu'il l'a à peine regardé jusqu'à présent. Il enchaîne les films à une telle vitesse qu'il n'est à la maison qu'une ou deux fois par semaine. La dernière fois qu'il est rentré d'un tournage, il faisait nuit. Kyle dormait et Clint a à peine jeté un coup d'œil sur lui. C'est un peu dur pour un jeune père[L1 95]. »

Vue générale de Morelos où a lieu le tournage de Sierra Torride
Le Morelos où a été tourné Sierra torride

Fin 1969, Leonard Irving, le président de la Malpaso et conseiller financier d'Eastwood, meurt. Cet événement aura un effet néfaste sur l'acteur. Leonard est remplacé chez Malpaso par Bob Daley, un vieil ami de Clint, et Roy Kaufman devient son conseiller financier[L1 96]. Durant cette période, l'acteur se lasse d'Universal qui ne lui propose que des films dont le script est plat[N 17]. Par ailleurs, le contrat signé entre la Malpaso et Universal stipule qu'en cas de désaccord majeur entre les deux sociétés, Universal a le dernier mot. Eastwood n'aime pas ce sentiment d'emprisonnement. Le premier différend entre les deux sociétés survient avec leur coproduction de 1970 : Sierra torride. Personne ne se met d'accord sur le script[L3 2]. Le contrat a été signé avant le succès de Pendez-les haut et court et Un shérif à New York, et Eastwood ne peut plus revenir en arrière. Lors de la signature, il devait donner la réplique à Elizabeth Taylor, mais c'est Shirley MacLaine qui est finalement retenue. Taylor souhaitait tourner en Espagne, ce qu'approuvaient Eastwood et Siegel, mais pas Universal[L1 97]. Finalement, la critique est moins généreuse avec ce film. Le meilleur commentaire paraît dans le New York Times : « il est néanmoins bon, et il reste dans la mémoire »[L1 98]. Sierra Torride fait tout de même partie du classement des mille meilleurs films de tous les temps, publié dans le The New York Times Guide to the Best 1000 Movies Ever Made[17].

Ensuite, Eastwood ne dispose que de quelques mois pour profiter de son fils avant de repartir sur le tournage de De l'or pour les braves. Tournage qui ne se déroule pas comme prévu : la météo est une fois de plus peu clémente, et les effets spéciaux ne fonctionnent pas comme voulu, brûlant par exemple les décors. Lorsque le tournage touche à sa fin, Eastwood n'en peut plus. C'est ainsi le dernier contrat qu'il passe hors Malpaso[L1 99]. Il enchaîne avec Les Proies, réalisé par Don Siegel durant l'hiver 1969. Julian Blaustein est nommé producteur par les studios, mais, après avoir critiqué Eastwood, trouvant que « le rôle aurait dû être attribué à un homme plus jeune et d'apparence plus innocente », il est rapidement évincé[L1 100]. Clint Eastwood incarne finalement ce jeune soldat nommé McB qui se réfugie dans un camp de filles, qu'il charme une à une en leur racontant des mensonges. Un critique parisien, Pierre Rissient, propose d'organiser la première du film au Festival de Cannes 1971. Mais Hollywood étant peu à l'aise à Cannes à l'époque, Universal refuse cette offre, bien qu'Eastwood la trouve géniale[L1 101]. Le studio s'occupe seul de la distribution du film, que Schickel considère comme « stupide »[L3 1]. À la fin de sa distribution aux États-Unis, le film ne fait pas de bénéfice, rapportant à peine 1 000 000 $[L1 101]. Mais Rissient est toujours enthousiasmé par Les Proies et s'arrange pour que des critiques français le voient avant sa sortie[L1 102]. Après la première à Paris, Paris Match en publie une critique élogieuse, le trouvant « étrange et violent, comme les nouvelles d'Ambrose Bierce »[L1 103].

Les débuts comme réalisateur

Clint Eastwood, en 1970, lors d'un tournoi de tennis

En 1970, Eastwood perd son père, Clinton Eastwood, qui meurt d'une crise cardiaque[L1 104]. Il abandonne durant plusieurs semaines son projet suivant : Un frisson dans la nuit[L1 105]. Quand il revient, Eastwood est différent : il ne boit plus d'alcool fort et fait davantage attention à sa santé. Voici les propos de Fritz Manes sur cette époque de sa vie :

« Il a été complètement dévasté par la mort de son père, et ce parce que c'était la seule mauvaise chose qui lui était jamais arrivée dans la vie. Jusqu'ici les problèmes qui survenaient étaient toujours réglés à la fin de la journée. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait. Il l'a pris comme une affaire personnelle — comme si on lui avait fait quelque chose, à lui, personnellement. Il a mis beaucoup de temps à s'en remettre, et Bon Dieu, il a bien failli s'effondrer[L1 105]. »

Un frisson dans la nuit, le dernier projet qu'a conclu Leonard Irving avant de mourir, est le premier film d'Eastwood en tant que réalisateur ; il y joue également le rôle principal. Ce film lui permet d'aborder le thème du jazz, et d'explorer une nouvelle fois la psychose sexuelle, après Les Proies qui met en scène un soldat qui devient l’objet du désir de plusieurs femmes, ce qui lui permettra de survivre[L1 105]. La mort de son père a eu un impact sur le style visuel du film, très sombre et mélancolique[L1 106]. Le tournage se déroule mieux que prévu : il coûte 50 000 $ de moins et se termine quatre jours avant la date fixée[L1 107]. Rissient, qui est devenu représentant européen de l'acteur, organise une projection du film et la première rétrospective de l'œuvre d'Eastwood au Festival du film de San Francisco en 1971[18],[L1 108]. Mais cette première apparition dans un festival n'est pas une réussite : Eastwood n'est en particulier pas très apprécié des féministes. Mais cela n'empêche pas le film d'être accueilli chaleureusement lors de sa sortie en salles[L1 108]. Quoi qu'il en soit, Un frisson dans la nuit constitue un nouveau tournant dans la carrière de l'acteur : en plus d'être pour la première fois réalisateur, Eastwood ne joue plus un cow-boy ni un militaire.

La même année, Current Biography estime les recettes totales des films d'Eastwood sur le marché mondial à environ 200 000 000 $, tandis que Life consacre Eastwood « star du cinéma la plus populaire du monde »[L1 109]. À cette époque, Eastwood n'a plus de projet de films, jusqu'à ce que Jenning Langs lui présente le script de L'Inspecteur Harry[L1 110]. C'est l'histoire de Harry Calahan, un policier de San Francisco déterminé à arrêter un meurtrier psychotique par tous les moyens. Le script, qui appartenait initialement à Universal, est finalement acheté par la Warner Bros. Frank Sinatra est un temps pressenti pour interpréter le rôle principal, mais le projet traînant en longueur, l'acteur abandonne finalement pour laisser sa place à Eastwood. Harry est un solitaire qui vient de perdre sa femme et qui ne cherche plus l'amour. Andrew Robinson est choisi par Siegel pour interpréter le méchant du film. C'est ainsi que commence le tournage de L'Inspecteur Harry[L1 111].

Harry le charognard

Photographie des studios Old Tucson, on y voit un bâtiment avec un vaste balcon au premier et dernier étage, et le rez de chaussée est marqué par un couloir
Les studios Old Tucson où débute le tournage de Joe Kidd[19]

Le tournage s'avère difficile au début. Il comprend de nombreuses cascades périlleuses, complexes à mettre en place[L1 111]. Par ailleurs, Siegel attrape la grippe et doit s'absenter plusieurs jours du tournage : Eastwood décide de prendre sa place pour diriger le film lui-même durant son absence. L'Inspecteur Harry est clairement opposé à l'avertissement Miranda qui vise à informer un suspect de ses droits constitutionnels avant un interrogatoire[L1 112],[20]. D'ailleurs The New Yorker publie une critique franche en janvier 1972 : « ce genre de film d'action a toujours recélé un potentiel fasciste, qui a fini par faire surface. […] Nous aurions tous la permission de tuer, comme Dirty Harry. Mais dans la mesure où le crime est causé par la dépravation, la misère, la psychopathologie, et l'injustice sociale, L'Inspecteur Harry est un film profondément immoral[21] ».

Harry Callahan symbolise pour l'Amérique un nouvel essor, un renouveau[L1 113] : à l'époque, alors que la police est contestée et que la guerre du Viêt Nam risque d'être une défaite, il incarne le héros dont les Américains ont besoin. En décembre 1971, le film sort en salle (début 1972 en France). Il se hisse très rapidement en tête du box-office, pour finalement rapporter en fin d'exploitation plus de 53 000 000 $[L1 114]. Grâce à ce film, Eastwood devient la célébrité d'Hollywood la plus lucrative[L1 114]. Malgré quelques mauvaises critiques concernant le côté « fasciste » du film, il a été généralement très bien accueilli. Au moment de la sortie de L'Inspecteur Harry, Richard Nixon annonce au peuple américain qu'il compte se présenter une nouvelle fois aux élections présidentielles. Eastwood déclare qu'il soutient Nixon, et est invité à plusieurs repas officiels[L1 115]. C'est ainsi qu'il se voit offrir un mandat de six ans au National Council of the Arts[L1 116], un organisme consultatif sur les subventions fédérales à apporter aux initiatives artistiques, bien que le nom de Cesar Romero ait d'abord été avancé.

À son nouveau poste, Eastwood privilégie les petits artistes américains, notamment ceux du milieu du jazz. Néanmoins, selon les archives du conseil, il ne participe pas souvent aux réunions organisées[L1 117] : il n'assiste qu'à cinq des vingt-cinq réunions entre 1972 et 1976[L1 118]. C'est en raison de ce manque d'assiduité qu'on demande à Eastwood de démissionner avant le terme de son mandat[L1 118].

Son film suivant, Joe Kidd (1972), relève du même style que les précédents : un homme solitaire tente de faire la loi. L'histoire originelle s'inspire de la vie d'un leader passionné de la lutte pour la terre, Reies Lopez Tijerina. Mais Elmore Leonard l'a sensiblement modifiée pour que le personnage d'Eastwood devienne le héros[L1 119]. Durant le tournage, Clint attrape une grippe qui se transforme ensuite en allergie sous forme de bronchite. Cela provoque le retour de ses crises d'angoisse, mais elles s'estompent lorsqu'il va voir Roxanne Tunis, qui lui enseigne la méditation transcendantale[L1 120]. Il déclare à ce sujet lors d'une interview en 2009[22] :

« Méditez-vous encore ?
— Deux fois par jour.
— Comment cela fonctionne-t-il pour vous ?
— Cela fonctionne très bien, parce que cela vous donne l'occasion de rassembler vos idées, je suis très scrupuleux à ce sujet quand je travaille. »

Clint Eastwood décide de passer pour la deuxième fois derrière la caméra avec L'Homme des Hautes Plaines. C'est le premier western qu'il tourne lui-même[L1 121]. Ce film est très proche, par l'intrigue et la mise en scène, de ceux tournés avec Sergio Leone : un étranger arrive dans une ville et il est engagé pour la protéger de trois méchants. Le tournage s'effectue dans les environs du lac Mono, où Henry Bumstead crée un décor mystérieux[L1 122]. Et, dans la scène finale, Eastwood fait un clin d'œil à trois de ses principales collaborations : alors qu'il part à cheval, on voit, gravés sur des pierres tombales, les noms de Don Siegel, Sergio Leone et de Brian G. Hutton. Eastwood déclare à la presse qu'il « enterre [ses] réalisateurs »[L1 122]. Cette même année 1972, sa femme donne naissance à leur deuxième enfant : Alison Eastwood. Maggie Johnson est d'autant plus heureuse qu'elle souhaitait depuis longtemps avoir une fille. Eastwood fait figure de mari modèle depuis bien des années, mais ses conquêtes ne passent plus inaperçues aux yeux de la presse. On peut désormais lire dans les premières pages des journaux des titres comme « Pourquoi dit-on que Clint Eastwood est le pire mari de tout Hollywood[L1 123] ? »

L'âge adulte : Warner Bros.

Une suite à Harry ?

Juste avant la sortie en salles de son dernier film, Eastwood contacte Elmore Leonard pour lui demander s'il a un nouveau script en tête, quelque chose de similaire à l'Inspecteur Harry[L1 124]. En fait, si Clint Eastwood veut tourner une suite à Harry, c'est à cause du trop faible pourcentage qu'il touche sur les recettes du film[L1 124]. Leonard lui propose un script qu'il a ébauché : un cultivateur d'artichauts qui vit à Castroville refuse de céder face à une association de malfaiteurs qui veut lui extorquer de l'argent[L1 125]. Eastwood refuse ce projet, surtout parce que Castroville est bien trop proche de Carmel où il vit[L1 125]. Leonard finalise tout de même son projet en le modifiant. Mr. Majestyk est tourné en 1973 avec Charles Bronson à la place d'Eastwood.

Elmore Leonard parle toutefois d'une suite de L'Inspecteur Harry à Clint qui met tout en œuvre pour voir le projet éclore[L1 125]. Mais, entre-temps, Jo Heims lui propose un tout autre rôle : celui d'un agent immobilier propulsé dans une relation avec une fille « libérée »[L1 125]. Eastwood déclare ainsi à la presse : « J'ai bien cerné le personnage. Elle voulait que je le joue. Je lui ai dit : « Jo, je ne crois pas que je sois dans la bonne tranche d'âge[L1 125] ». Il accepte néanmoins de le mettre en scène et Breezy est tourné en 1973. Le film n'est pas une grande réussite : il n'a ni marqué le public, ni la critique[L1 126].

Alors que Breezy ne marche pas, la Warner annonce qu'Eastwood va reprendre le costume de L'Inspecteur Harry pour une suite, d'abord nommée Vigilance[L1 127]. Au début, les scénaristes essaient de travailler dans la continuité du premier film, mais ils changent vite d'avis. Dans Magnum Force, son titre définitif, Harry gagne en charme, et il a désormais une relation avec une femme. Ce deuxième film comporte une intrigue plus simpliste[L1 127]. Durant le tournage, Eastwood, également producteur du film, a souvent été opposé au réalisateur, Ted Post, car il veut économiser le budget[L1 128]. Lors de sa sortie en salle, le film est dénigré par les critiques[L2 7]. On peut lire « toujours le même truc » ou encore « moralisme embrouillé » dans des périodiques américains[L1 129]. La plus dure est écrite par Pauline Kael : « comme [Clint Eastwood] n'est pas acteur, on peut difficilement le traiter de mauvais acteur. Il faudrait qu'il fasse quelque chose pour que l'on puisse évaluer ses qualités de comédien[L1 129]. » Malgré tout, le film réalise un meilleur score au box-office que L'inspecteur Harry, rassemblant en fin d'exploitation plus de 39 000 000 $.

Photographie de la montagne enneigée de l'Eiger où a été tourné La Sanction
L'Eiger, où a lieu le tournage de La Sanction

Stan Kamen propose ensuite à Eastwood le script du Canardeur. C'est l'histoire d'un braqueur de banques, vétéran de la guerre de Corée, qui cherche à garder une longueur d'avance sur les membres de son groupe. Il se lie d'amitié avec un autre homme, surnommé « Pied de biche », durant un voyage. Ensemble, ils vont récupérer l'argent qu'a déjà caché le braqueur avant que quelqu'un ne s'en empare. Kamen refuse de vendre le projet si son auteur, Michael Cimino, n'en est pas le réalisateur[L1 130]. Eastwood accepte de rencontrer Cimino, qui n'est autre que le scénariste de Magnum Force, et ils s'entendent sur le projet. La Warner refuse au dernier moment de le produire, le trouvant trop atypique pour Eastwood[L1 131], mais la United Artists reprend l'affaire. Clint n'apprécie pas beaucoup ce film parce que Jeff Bridges lui vole la vedette[L1 132] ; d'ailleurs, Bridges est nommé pour un Oscar et pas Eastwood. D'autre part, le film, dont beaucoup louent les qualités, ne remporte pas le succès attendu, ce qui l'énerve passablement. C'est pourquoi le deuxième film prévu entre Malpaso et UA ne voit finalement pas le jour.

Eastwood tourne ensuite, en tant que réalisateur et acteur, La Sanction, une adaptation du roman de Trevanian The Eiger Sanction. C'est l'histoire d'un universitaire spécialiste en histoire de l'art à qui l'on demande de reprendre du service en tant que tueur à gages, son ancien métier, pour exécuter une dernière mission en échange du tableau d'un grand artiste[N 18]. Le film est produit par Richard Zanuck et David Brown. Le tournage a lieu dans les Alpes suisses, pour donner un côté réaliste à la prise de vues[N 19]. Le tournage manque d'être arrêté à cause des conditions extrêmes, et l'impatience d'Eastwood met en danger plusieurs techniciens[N 20],[L1 133]. Lors de sa sortie, le film est boudé par la critique. On peut même lire que c'est une « farce grotesque »[L1 134]. Cela se répercute sur la réception du public qui s'avère très mauvaise. En fin d'exploitation, le film rapporte seulement 14 000 000 $[L1 134].

Prémices d'une longue collaboration

Photographie de Paria, une ville fantôme où a eu lieu le tournage de Josey Wales ; c'est en fait un vaste désert
Paria, ville fantôme où est tourné Josey Wales hors-la-loi

Frank Wells, le vice-président de la Warner Brothers, apprécie beaucoup Eastwood. Sa société détient par ailleurs tous les droits sur la saga de L'Inspecteur Harry. Clint Eastwood, à cette époque, est déçu de son film précédent, qui n'a pas marché, alors qu'il misait beaucoup dessus[L1 134]. Wells le persuade alors de signer avec la Warner, en septembre 1975, un contrat très avantageux. Le studio s'engage à tirer un grand nombre de copies des films d'Eastwood, accompagnées de campagnes publicitaires sans précédent. De plus, Eastwood peut enfin se prononcer sur la stratégie publicitaire à adopter, et sa société, Malpaso, gagne en importance[L1 135],[L2 8].

Leur première collaboration, initiée par Malpaso, est Josey Wales hors-la-loi. Eastwood engage Philip Kaufman pour l'écriture du scénario et la réalisation. Mais au bout de quelques jours de tournage, il le renvoie[23],[L1 136]. Les deux hommes ont des avis très divergents, et la méthode de prise de vues de Kaufman ne convient pas à l'acteur. Eastwood prend dès lors les commandes de la réalisation. Cette affaire fait beaucoup de bruit en Amérique, et mécontente la Directors Guild of America[L1 136]. Cet incident provoque la promulgation d'une nouvelle loi, la « loi Clint Eastwood » qui punit ce genre d'action[24]. Finalement, à sa sortie, le film est apprécié par la critique. Il est aujourd'hui considéré comme « l'une de ses œuvres les plus profondes, les plus personnelles »[L1 137]. Cette bonne réception est en partie due à l'ampleur de la campagne publicitaire et aux invitations luxueuses offertes aux critiques[L1 138].

« Eastwood est un interprète si taciturne et intéressé par l'action qu'il est facile d'oublier le fait qu'il réalise beaucoup de ses films — et beaucoup parmi les meilleurs et les plus intelligents. Ici, avec l'humeur changeante, la beauté humble et la photographie de Bruce Surtees, il a réussi à créer un western sentimental magnifique. »

— Roger Ebert, au sujet de Josey Wales hors-la-loi, Chicago Sun-Times

Gail Morgan Hickman et S. W. Schurt, deux anciens élèves du lycée d'Oakland et grands admirateurs d'Eastwood, lui proposent un script de cent dix pages de leur invention. La Warner considère que l'intrigue a un bon potentiel, mais que le scénario nécessite une réécriture. Alors, Eastwood renvoie le texte aux deux jeunes, qui passent beaucoup de temps à retravailler leur histoire, pour finalement rendre un travail plus mauvais[L1 139]. Avec cette perte de temps, Eastwood perd son statut de numéro un au box-office, et en même temps six mois de production qui lui coûtent cher. Le script devient la nouvelle suite des aventures de Harry Callahan, cette fois opposé à un groupe de terroristes[L1 139]. Eastwood engage Stirling Silliphant, qui vient de terminer une collaboration avec Don Siegel, pour adapter le scénario. La proposition majeure qu'il fait est d'associer Callahan avec une femme, et son histoire s'intitule L'inspecteur ne renonce jamais, titre du nouvel épisode de la saga. Par ailleurs, si Eastwood est pressenti pour la réalisation, c'est James Fargo, à la surprise générale, qui occupe finalement le poste[L1 140]. En fin de compte, le film est un grand succès, avec une recette de 46 236 000 $ aux États-Unis. Le côté féministe d'Eastwood est très apprécié, même s'il est élu « pire acteur de l'année » par Harvard Lampoon[L1 141]. Il s'agit du plus grand succès, à l'époque, de l'acteur.

Les années Locke

Cela fait plusieurs mois, depuis Josey Wales hors-la-loi, qu'Eastwood a une relation avec l'actrice Sondra Locke[L1 142]. En parallèle, il se penche sur son prochain film : L'Épreuve de force, pour lequel il cherche une actrice devant interpréter un personnage lié à la mafia. La Warner pense d'abord à Barbra Streisand, une valeur sûre compte tenu du coût du scénario. Dennis Shryack et Michael Butler ont en effet vendu leur premier script à Universal pour 300 000 $ et 15 % des bénéfices, mais pour L'Épreuve de force, ils demandent 500 000 $ et 15 % des bénéfices[L1 143]. Toutefois, Eastwood voit mieux Sondra Locke dans le rôle, ce que les deux scénaristes approuvent quand ils découvrent un aspect fragile mêlé au côté dur de sa personnalité[L1 144]. Avec ce film, Eastwood reprend le poste de réalisateur. Et, comme à son habitude, le tournage s'effectue très rapidement, Eastwood préférant la spontanéité de la première prise. Plusieurs critiques lui reprochent d'avoir trop mis l'accent sur les scènes de violence[L1 145]. Selon d'autres, comme Arthur Kinght dans le Hollywood Reporter, c'est le jeu de Sondra Locke qui relève le film. Le film se révèle néanmoins être l'un des dix plus grands succès de l'année 1977.

Photographie du centre de Albuquerque où l’on aperçoit plusieurs buildings élevés
Lieu de tournage de Doux, dur et dingue (Albuquerque)

La fin du tournage de L'Épreuve de force marque le déménagement de Sondra Locke à Sherman Oaks pour se rapprocher d'Eastwood. Ils font ensemble la couverture du magazine People, pour leur deuxième collaboration. Eastwood y porte un regard ambigu sur Locke, et il la surnomme « princesse »[L1 146]. C'est ainsi que Maggie Johnson, l'épouse d'Eastwood, apprend sa relation avec l'actrice[N 21]. Elle appelle donc un avocat. La famille Eastwood effectue un dernier voyage à Hawaï, durant lequel Maggie Johnson espère sauver son couple. À son retour, l'acteur annonce à Locke que sa femme compte demander une séparation légale, et non un divorce[L1 147]. Cela faisait déjà une dizaine d'années que le couple allait mal, mais Maggie Johnson espérait se tromper quant à son mari[L1 148]. Un jour, Locke convainc son compagnon de tourner une comédie, Doux, dur et dingue, ce qui marque un brusque changement de cap dans la carrière de l'acteur et réalisateur. Les producteurs de Malpaso et de Warner sont d'ailleurs dubitatifs quant à cette idée. Ils organisent même un sondage auprès du public pour voir s'il assisterait à la projection d'un tel film avec Eastwood. Le résultat est mitigé, mais les studios acceptent finalement de financer le projet[L1 149].Locke fait à nouveau partie de la distribution. La promotion est assurée par la sortie, peu avant la distribution du film, de la bande originale qui figure parmi les meilleures ventes country de l'année[L1 150]. Pour parfaire la publicité, la Warner diffuse des bandes-annonces à la télévision nationale américaine. Le film sort finalement fin 1978 dans 1 246 salles en même temps. La critique n'apprécie pas ce nouveau film, « tellement mauvais » selon Variety. Mais côté public, il obtient un véritable succès. La Warner, et Eastwood, battent leur record au box-office en enregistrant une recette totale de 85 196 485 $, rien qu'en Amérique.

Photographies de plusieurs cellules de la prise d'Alcatraz en Amérique
Prison d'Alcatraz

Pendant la distribution de Doux, dur et dingue, Johnson et Eastwood débattent du partage des biens de l'acteur. Dans un premier temps, il doit trouver une nouvelle maison, laissant l'ancienne à sa femme. Il en achète une à Shasta en Californie, qu'il partage avec sa compagne, Locke[L1 151]. Malgré ce rapprochement, le film suivant d'Eastwood ne comporte pas de rôle pour elle. L'Évadé d'Alcatraz possède une distribution composée quasi exclusivement d'hommes, qui jouent les détenus de la fameuse prison d'Alcatraz. L'histoire se fonde sur l'évasion de trois prisonniers qui a eu lieu en 1962. Eastwood a déjà tourné dans cette ancienne prison pour L'Inspecteur ne renonce jamais. Il accepte le rôle à condition que Malpaso en soit la compagnie productrice. Don Siegel, le réalisateur, qui désire également produire le film, double le salaire de l'acteur et achète le script pour être pleinement propriétaire du projet. Les deux hommes se fâchent quelque peu parce que Siegel décide de présenter le film à Paramount Pictures plutôt qu'à Warner, le studio qui produisait Eastwood jusque là[L1 152]. Dans un premier temps, Siegel se met en quête d'un autre acteur pour le rôle principal, bien que Paramount ait réellement envie de voir Eastwood jouer dans son film, le débauchant ainsi de Warner. Mais Siegel ravale sa fierté et prend rendez-vous avec Eastwood. À la fin de l'entrevue, les deux hommes sont à nouveau amis, et se lancent dans leur cinquième collaboration[L1 153]. Le tournage s'effectue rapidement, au milieu des visites touristiques du pénitencier. La Paramount a dépensé beaucoup d'argent pour la restauration des cellules.

Photographie d'un banc construit par la Malpaso pour la distribution de L'évadé d'Alcatraz : y est inscrit, dessus, « Malpaso Productions » ou encore « Escape from Alcatraz » ainsi que « Paramount Pictures »
Banc construit par Malpaso pour la distribution de L'Évadé d'Alcatraz

Ce film est le premier de la collaboration d'Eastwood et de Siegel dont le montage s'effectue sans ce dernier. Eastwood assiste donc à toute la post-production. C'est le plus long des films dans lesquels Eastwood est dirigé par Siegel depuis leurs débuts : il dure 120 minutes[L1 154]. La conclusion contraste également avec beaucoup des films d'Eastwood puisque peu de personnes sont tuées. À sa sortie, en décembre 1979, le film est très bien accueilli par la critique : on parle de « grâce et sérénité cinématographique » et de « cinéma cristallin », et Siegel est catalogué « conteur classique »[L1 154]. Ce film est toutefois le dernier qui réunit au générique les noms de Siegel et Eastwood. Siegel paraît dégoûté de ce qu'Eastwood est devenu[L1 154]. Cela n'empêche pas L'Évadé d'Alcatraz d'être un succès au box-office, avec une recette finale de 43 000 000 $ aux États-Unis ; succès faible cependant au regard des précédents films d'Eastwood.

Une mauvaise passe

Photographie de Clint Eastwood en 1981. Il porte des lunettes de soleil, a les cheveux grisonnants et porte une chemise surmontée d'un pull
Clint Eastwood en 1981

À la fin des années 1970, Sondra Locke doit avorter deux fois d'Eastwood à sa demande[N 22]. Un jour, elle découvre le script de Bronco Billy par le biais de Malpaso, script qu'elle apprécie particulièrement pour son côté chaleureux, et le propose à Eastwood. « C'était mon projet chouchou. Je l'ai supplié de le faire. Je trouvais ça tellement bien[N 23]. Je dirais que ça a été le truc le plus personnel de tout ce que j'ai fait avec Clint[L1 155]. » Pour se racheter auprès d'elle, il accepte le projet. Il prend les postes d'acteur et réalisateur et commence la production de Bronco Billy début 1980. Le tournage s'effectue rapidement, en six semaines, avec un budget minimaliste pour l'époque : 5 000 000 $[L1 156]. C'est David Worth, le directeur de la photographie, qui s'occupe de l'éclairage ainsi que de trouver les décors. Il arrive sur les lieux bien avant Eastwood pour tout préparer, afin que les prises de vues puissent débuter dès l'arrivée du réalisateur[L1 156].

La Warner ne change pas sa stratégie et déploie une vaste campagne publicitaire dont le budget s'élève à 2 650 000 $, avec l'organisation d'avant-premières et une sortie dans 1 316 salles[L1 157]. Tout le monde pense que le film va se placer en tête du box-office dès sa sortie. Mais à la surprise générale, Bronco Billy est la première collaboration entre Warner et Eastwood à faire une mauvaise première semaine : « Le lancement du film n'avait rien de comparable aux hauts standards auxquels Eastwood les avait habitués ». Alan Friedberg, président de la National Association of Theaters Owners, déclare même que « les gens aiment voir Clint Eastwood avec un cigarillo dans la bouche et un flingue dans la main […]. Mais Bronco Billy est une comédie, et il n'y a même pas de chimpanzé[L1 158] ». Tandis que le film rate sa sortie, Eastwood est déjà sur le tournage du film suivant : Ça va cogner, une suite à Doux, dur et dingue. Lorsqu'il apprend la nouvelle, il entre dans une colère terrible, et menace de quitter Warner Brothers. Il décide de prendre désormais en main la campagne publicitaire de ses films. Il crée de nouvelles affiches pour Bronco Billy et des critiques décident de retourner le voir. Beaucoup d'entre eux publient de nouveaux commentaires sur le film ; on lit par exemple « le film ne marche pas au box-office et c'est vraiment dommage », dans le Los Angeles Weekly, ou encore « vraiment très drôle » dans Variety[L1 159]. Malgré tout, le film est une déception pour Eastwood et pour Warner, et l'acteur prend la décision de ne plus tourner de comédie, du moins pour le moment[L1 159].

Photographie d'un MiG-25 en plein vol, au-dessus d'une forêt
Un MiG-25, avion sur lequel se base l'avion fictif MiG-31 Firefox vu dans Firefox, l'arme absolue

L'histoire de Ça va cogner est bien différente de Doux, dur et dingue. Le personnage de Sondra Locke est méconnaissable. L'actrice déclare même à son compagnon : « mais qui suis-je ? Quels sont les liens entre mon personnage et celui d'avant ? », ce à quoi Eastwood répond, irrité, « s'ils remarquent ça… »[L1 160]. Le film est projeté dans 2 560 salles à sa sortie, un nombre record. Sorti à la fin de l'année 1980, il fait partie des films moyens, selon Warner. Et Ça va cogner est à nouveau une déception. Aux États-Unis, il ne réalise qu'une recette de 10 000 000 $ lors de sa semaine d'ouverture[N 24].

Eastwood enchaîne en 1981 avec Firefox, l'arme absolue, film qu'il réalise et produit, et dans lequel il interprète le rôle principal. Ce film est la toute première production d'Eastwood. S'il endosse ce nouveau poste, c'est pour passer outre une grève prochaine de la Directors Guild of America qui interdit la présence du réalisateur en salle de montage[25]. Il peut de cette manière assister au montage, en tant que producteur. En parallèle, le Museum of Modern Art de New York organise une journée d'hommage à Eastwood, ainsi qu'une projection de quatre de ses films[26]. À cette époque, l'acteur est las de jouer les durs, il veut en terminer avec Harry le charognard. Et, alors qu'il revoit l'un des scénaristes de L'Épreuve de force, Dennis Shryack, ce dernier lui présente un nouveau script dont le personnage central est un flic solitaire, d'âge mûr, qui lutte contre le crime organisé, mais qui perd toutes ses batailles. Eastwood y voit l'occasion idéale de donner une fin à L'Inspecteur Harry, ce serait sa dernière mission[L1 161]. Mais le décès de Jo Heims, scénariste de deux de ses films et du même âge que lui le bouleverse beaucoup[L1 161]. Peu après, Eastwood reçoit le script de Shryack, mais il déteste l'histoire, alors que c'est lui-même qui l'a demandée. Acheté par Andrew Davis, ce script devient finalement Sale temps pour un flic, et c'est Chuck Norris qui interprète le rôle principal. Peut-être pour se racheter, Eastwood demande à Shryack de lui écrire un western classique, dans le genre de L'Homme des vallées perdues, et publie une annonce dans laquelle il déclare être à la recherche d'un nouvel inspecteur Harry[L1 161].

L'homme politique, père dévoué et féministe

Eastwood a débuté sous le mandat d'Eisenhower, il s'est fait reconnaître du public durant celui de Nixon, et contribue ensuite à la célébrité de Reagan. En 1980 et 1984, l'acteur soutient la campagne de ce dernier, dont le slogan n'est autre qu'une réplique du Retour de l'inspecteur Harry : « Vas-y, fais-moi plaisir ! »[L1 162]. Dans son élan patriotique, Eastwood finance le projet de James Gritz : une expédition menée à deux reprises pour libérer des prisonniers au Laos[L1 163]. Ces expéditions sont des échecs puisque aucun prisonnier n'est découvert, et qu'en outre deux mercenaires américains y perdent la vie. Eastwood, en homme taciturne, ne daigne pas parler publiquement de cette affaire. Mais il envisage de l'utiliser pour son prochain inspecteur Harry[L1 164]. Par ailleurs, si l'on met de côté Ça va cogner, la première production de Malpaso durant cette décennie Reagan, Firefox, l'arme absolue, démontre un retour manifeste à la Guerre froide comme source d'inspiration[L1 165].

En attendant de trouver un bon scénario pour les prochaines aventures de Harry Callahan, Eastwood décide d'adapter un roman de Clancy Carlile, Honkytonk Man, une tragédie émouvante et pittoresque sur les rêves puis la mort d'un chanteur de musique country[L1 166]. Les droits appartiennent à la William Morris Agency de New York, qui souhaite que le film soit adapté par un de ses clients. Dans le livre, l'histoire est racontée du point de vue du neveu du musicien, âgé de 14 ans. Or Eastwood a déjà confié aux journalistes qu'il souhaite que son fils suive sa propre trace. Il voit dans ce film l'occasion parfaite pour le lancer[L1 166]. Carlile n'est pas un grand admirateur d'Eastwood et pense que l'acteur ne correspond pas à son personnage, mais Clint est le principal client de la William Morris Agency, et il a, de plus, une certaine expérience de la musique. Eastwood exige aussi d'être la star du film[L1 167]. Finalement, Carlile accepte, après avoir rencontré Eastwood dans son ranch. Il s'occupe par ailleurs lui-même d'écrire le scénario du film, bien qu'Eastwood souhaite modifier légèrement l'histoire originale[N 25].

Le film est tourné durant l'été 1982. Carlile est déçu par l'interprétation d'Eastwood, considérant qu'« il a échoué lamentablement »[L1 168]. On voit un personnage sexy et frais à la place d'un homme rongé par la tuberculose et par l'alcool. À la sortie d' Honkytonk Man les critiques sont généralement mauvaises : le fond est intéressant, mais l'ensemble est ennuyeux. Ces critiques font toutefois l'éloge de Kyle Eastwood, et Clint est ainsi reconnu comme un père dévoué et réfléchi[L1 169].

En mai 1984, le divorce entre Maggie Johnson et Clint Eastwood est enfin prononcé. Elle touche une grosse somme d'argent, obtient la garde des enfants et leur maison de Pebble Beach[L1 170]. L'acteur, de son côté, a le droit de visite libre de ses enfants. Pendant ce temps, Sondra Locke découvre un script susceptible d'intéresser Eastwood. Elle a joué, hors Malpaso, dans un film écrit par Earl E. Smith et Charles B. Pierce, The Shadow of Chikara. Les deux hommes lui ont aussi promis un scénario où elle aurait le rôle principal, sans Eastwood[N 26],[L1 171]. Lorsqu'elle l'obtient, elle le montre à Eastwood pour savoir ce qu'il en pense. Ce dernier adore le script et le trouve parfait pour lui-même[L1 171]. Il y voit le prochain Inspecteur Harry, après quelques retouches, et promet à Locke le premier rôle féminin. Dean Riesner est engagé pour réécrire le scénario, mais il est finalement renvoyé[N 27] pour laisser place à un inconnu, Joseph Stinson. Il coûte moins cher à Eastwood et Fritz Manes, le producteur, triple le salaire de Locke. Commence ainsi en 1983 le tournage du quatrième Harry, Le Retour de l'inspecteur Harry. Si le film n'est qu'un pâle reflet des précédents, Harry Callahan est toujours populaire[L1 172], et le succès est important, supérieur à celui de tous les épisodes précédents[27]. Pour une fois les critiques ne sont pas acerbes, le film étant sous-tendu par des considérations morales[N 28], et qualifient Eastwood de féministe[L1 173].

Clint Eastwood : un artiste

Photographie en noir et blanc de Richard Benjamin en plein discours, assis sur un canapé
Richard Benjamin tourne Haut les flingues ! au gré de l'humeur d'Eastwood

À la même époque, Richard Tuggle écrit un nouveau script, s'inspirant d'articles de journaux qui traitent d'un violeur toujours en liberté. Il présente son histoire à Don Siegel dans l'espoir que ce dernier le produira et lui permettra de le réaliser avec Eastwood dans le premier rôle. Eastwood adore l'histoire et accepte directement la proposition, mais Siegel la refuse[L1 174]. Eastwood incarne un détective d'âge mûr, qui vient de divorcer et prend à cœur l'éducation de ses deux enfants. Toutefois, il trouve un certain réconfort, la nuit, dans l'alcool et le sexe. Si Kyle Eastwood a eu l'opportunité de jouer dans Honkytonk Man, c'est Alison, sa fille, qui obtient cette fois-ci un rôle[L1 175]. Geneviève Bujold obtient le premier rôle féminin. C'est Tuggle qui réalise le film, qui sort en août 1984 sous le titre La Corde raide. Mais les critiques regrettent le côté sexuel trop explicite ; le Los Angeles Times trouve les fantasmes « hautement insipides », le film est comparé à une « vente de corps de femmes au box-office »[L1 176]. Il rapporte tout de même près de 50 000 000 $ aux États-Unis. Alors, en voyant ce succès commercial, certains critiques revoient leur jugement, et publient finalement une opinion plus favorable. On peut désormais lire, par exemple dans Village Voice[L1 177], que c'est « le film le plus fin, le plus réflexif et le plus réfléchi qu'ait fait Eastwood ».

Eastwood en est déjà à son film suivant, Kansas City Jazz, que doit réaliser Blake Edwards. Au départ, il n'est pas intéressé par le projet, mais Edwards organise une réunion, à l'aide de Sondra Locke à laquelle il promet un rôle dans le film. À la fin de la réunion, Eastwood accepte d'y jouer, et Edwards supprime alors Locke de la distribution[L1 178]. Clint Eastwood ne fait rien pour que sa compagne réapparaisse dans le casting. En effet, Le Retour de l'inspecteur Harry marque la dernière collaboration du couple. Toutefois, le film n'entre pas en tournage, il est même annulé pour « différends créatifs » en février 1984, car Edwards et Eastwood n'arrivent pas à se mettre d'accord, et la pré-production se déroule dans une atmosphère de lutte de pouvoir[L1 179]. Quoi qu'il en soit, Fritz Mane devient le nouveau producteur, Joseph Stinson le scénariste et Malpaso la société productrice. Le titre est changé en Haut les flingues !. Le tournage débute avec Richard Benjamin à la réalisation. Celui-ci ne tient pas tête à Eastwood, et lorsque l'acteur n'approuve pas la réalisation, il s'empresse de tout modifier pour convenir à la star. Le tournage est aussi troublé par plusieurs incidents, comme le remplacement d'une actrice française, tombée malade, par Madeline Kahn[L1 180]. Finalement, grâce à la notoriété d'Eastwood et de Burt Reynolds, le film rapporte en fin d'exploitation près de 40 000 000 $. Mais il reste une déception pour la Warner, vu le salaire demandé par les deux acteurs.

Photographie de l’entrée de la Cinémathèque française, dont on voit les portes coulissantes ouvertes
La Cinémathèque française organise une rétrospective de vingt-quatre des films d'Eastwood

La star bénéficie, cependant, d'un élan d'enthousiasme aux États-Unis et à l'étranger, grâce aux critiques qui le qualifient d'« artiste provincial le plus important d'Amérique » ou encore de « star de l'économie de l'offre » ; ses films, quant à eux, sont une « part importante de la culture américaine »[L1 181]. Le 24 février 1985, un Eastwood vêtu d'un costume très élégant fait la couverture d'un numéro du New York Times où l'on peut lire « Clint Eastwood, Seriously »[28]. Le chef du bureau parisien du New York Times le suit même lorsqu'il arrive à la Cinémathèque française pour assister à une rétrospective de vingt-quatre de ses films. C'est à cette occasion que l'acteur est promu « Chevalier des Arts et des Lettres » par le ministère de la Culture, bien que le ministre responsable, Jack Lang, soit absent lors de la cérémonie[N 29]. L'acteur se dirige ensuite vers Munich, en RFA à l'époque, où le Filmmuseum organise également une rétrospective.

Grâce à cet enthousiasme autour d'Eastwood, les critiques qui ne l'apprécient pas se retrouvent vite isolés, ou changent d'avis vis-à-vis de l'acteur et réalisateur[L1 182]. Le mauvais souvenir laissé par Haut les flingues disparaît vite avec le tournage de Pale Rider, le cavalier solitaire, un western artistique dans lequel Eastwood incarne l'étranger typique, similaire à ceux qui défendaient les pionniers dans les années 1950. Ce film est marqué par l'habituelle présence aux côtés d'Eastwood de Lennie Niehaus, Joel Cox, Edward C. Carfagno et Bruce Surtees. Pour ce dernier, directeur de la photographie, il s'agit de sa dernière collaboration. Eastwood prend le pari de tourner le film à la lumière naturelle. Toutefois, comme Shryak le remarque sans pour autant le confier à Eastwood, le film paraît trop sombre, et il doit plisser les yeux pour discerner les éléments. Aussi, lors de la diffusion du film à la télévision, les chaînes décident toutes d'augmenter la luminosité[L1 183]. Comme d'habitude, le tournage est bouclé dans les temps. Toutefois, si les critiques tels que Duane Byrge du Hollywood Reporter acclament la capacité d'Eastwood à terminer ses tournages à la date prévue, la réalité est qu'il bâcle certaines scènes pour y parvenir. En effet, dans Pale Rider, la conclusion du film est traitée de manière expéditive, tout comme les transitions finales. Manes déclare à ce sujet : « Tout à coup, tout se précipite. Les détails qui étaient là au départ, ou au milieu, ont disparu[L1 183]. » Malgré tout, le film entre en sélection officielle au Festival de Cannes. Un reporter du Los Angeles Times rapporte que certains critiques trouvent l'œuvre trop commerciale pour faire partie de la sélection. Le film ne remporte finalement aucun prix. Il est néanmoins un réel succès critique et devient le western le plus lucratif de la Malpaso, à l'époque. L'année 1985 reste finalement, dans la carrière d'Eastwood, celle où il a réussi à se faire reconnaître en tant qu'artiste[L1 183].

Maire de Carmel

Photographie du panneau qui surplombe l’entrée du bar que détient Eastwood, le Hog's Breath Inn
Le Hog's Breath Inn dont Eastwood est copropriétaire

Depuis que Ronald Reagan a été élu président, les journalistes ne cessent de demander à Eastwood s'il envisage de s'investir en politique. Rétorquant que cela ne les regarde pas, l'acteur se présente toutefois en 1986 au poste de maire de Carmel. Dans cette ville se trouvent une de ses résidences principales, des locaux destinés au montage de ses films ainsi que le Hog's Breath Inn, un bar dont il est copropriétaire. Pour les besoins de sa campagne — Clint Eastwood a horreur de l'échec — il engage une conseillère électorale, Eileen Padberg, qui a déjà travaillé pour Reagan. Le soir de l'élection, plus de deux mille journalistes du monde entier sont à Carmel pour rapporter les résultats. Le 8 avril, finalement, Eastwood est élu maire avec 72 % des voix[L2 9],[L1 184]. À cette époque, il désire à nouveau tourner un film de guerre. Deux ans auparavant, la Warner a reçu un script écrit par un vétéran du Viêt Nam. Eastwood l'invite à venir aux bureaux de la Malpaso. L'entretien entre les deux hommes débouche sur Le Maître de guerre. Si Clint désire conserver l'approbation des critiques en tant que réalisateur, il souhaite également gagner l'image d'acteur de talent. Aussi se met-il volontairement la pression pour interpréter le rôle de Tom Highway dans ce film d'archives[L1 185]. Il déclare à l'époque qu'il n'a jamais eu de rôle aussi profond. Pourtant, malgré le peaufinage du scénario par Dennis Hackin, Joseph Stinson puis Megan Rose, l'analyste-scénario d'Eastwood, le travail rendu est approximatif. Fritz Mane déclare même « ce film est une véritable perte de temps »[L1 186]. Eastwood le présente tout de même à l'US Army pour obtenir son approbation, ce qui lui permettrait de tourner sur de vrais terrains militaires. Mais elle refuse, estimant que le personnage principal n'est qu'un stéréotype désuet. Manes a alors l'idée de retranscrire l'histoire du point de vue d'un soldat des Marine Corps. Ces derniers sont plus libéraux que l'armée de terre, plutôt conservatrice. Finalement, après un dernier effort sur le scénario, le lieutenant-colonel John Peck accepte. Le tournage commence à la fin de l'été 1986, tandis que tout est mis en œuvre pour que l'acteur ne manque pas les conseils municipaux. Tout se passe pour le mieux, jusqu'à ce que le département de la Défense bloque le projet. Son secrétaire, Bob Simms, n'apprécie pas la vulgarité qui ressort du film. Eastwood retravaille à nouveau le script pour qu'il convienne à tout le monde, et le tournage reprend enfin. Lors de sa distribution, le film est projeté dans 1 470 salles aux États-Unis et le public l'accueille chaleureusement. Optimiste, la Warner organise une campagne dans le but de voir le film sélectionné aux Oscars[L1 187], mais en vain.

Photographie en noir et blanc de Jim Carrey en plein spectacle, il porte la main à son oreille comme pour mieux entendre
Jim Carrey (ici en 2008) réalise ses débuts au cinéma grâce à Eastwood, dans La Dernière Cible

L'année suivante, en 1987, Eastwood prend la décision de se séparer de son ami d'enfance et producteur de la Malpaso depuis treize ans, Fritz Mane[L1 188]. Les deux hommes ont eu plusieurs différends depuis quelque temps, notamment sur le dernier tournage. Eastwood en profite pour s'éloigner un peu du cinéma et se concentrer sur sa fonction de maire. Il revient en 1988 à la Malpaso avec un nouveau film qu'il juge risqué cependant : Bird. Passionné par le jazz depuis sa jeunesse, il décide, avec Bird, de consacrer son premier film biographique au saxophoniste Charlie Parker. Pour la deuxième fois de sa carrière, Eastwood reste derrière la caméra. Le réalisateur fait un gros effort pour essayer de recréer l'ambiance propre à Parker, autant dans la musique que dans les décors[L1 189]. Le film est projeté au 41e Festival de Cannes. Il y est assez bien reçu, et on peut lire des critiques comme « une œuvre spectaculaire… exceptionnelle — une épopée intime »[L1 190]. Le film reçoit même une récompense, le Prix d'interprétation masculine. Bien qu'Eastwood fasse partie des favoris pour le prix de la mise en scène, le jury l'attribue finalement à Fernando Solanas, pour son film Le Sud. Cette année-là, le Times publie, faussement compatissant, au sujet d'Eastwood : « Eastwood a monté consciencieusement les marches du Palais ; il était toujours aussi grand, mais sa dignité courbait le dos. La barre des attentes avait été fixée trop haut, mais il aurait dû obtenir une récompense pour le simple fait d'avoir fait briller son charme magnétique sur Cannes[L1 191]. » En parallèle, Eastwood produit un documentaire sur le jazzman Thelonious Monk : Thelonious Monk: Straight, No Chaser.

En 1988, il annonce qu'il ne se représentera pas aux élections de Carmel, préférant passer du temps avec ses enfants déjà adolescents[L1 192],[N 30]. En effet, son mandat de maire est mitigé, beaucoup ont apprécié ses actions, tels que le Carmel Pine Cone ou encore la législature de l'État de Californie, mais certains habitants de la ville parlent de mettre en place un système empêchant une star de se présenter au poste de maire[L1 193]. Eastwood se rend alors à San Francisco pour tourner le dernier volet de l'inspecteur Harry : il doit résoudre une série d'assassinats macabres de célébrités. Le film s'intitule L'inspecteur Harry est la dernière cible et l'on y remarque la présence de Jim Carrey dans l'un de ses premiers rôles. Toutefois, ce dernier épisode de la saga n'est pas une réussite commerciale, les recettes finales atteignant à peine la moitié de celles réalisées avec Le Retour de l'inspecteur Harry en 1983.

Le déclin ?

Photographie de la statut de John Huston : il est assis, pensif
Statue de John Huston qu'interprète Eastwood dans Chasseur blanc, cœur noir

La Warner s'inquiète au sujet d'Eastwood : La Dernière Cible et Bird n'ont pas eu les résultats souhaités. Aussi murmure-t-on qu'Eastwood ne rapporte plus ce qu'il rapportait au box-office, malgré le coût élevé des tournages en extérieur de ses films[L1 194]. Durant cette période, Eastwood se sépare de Sondra Locke, leur relation se dégradant depuis que Locke a réalisé son film Ratboy en 1986[L1 195]. Eastwood refuse de donner quoi que ce soit à son ex-compagne, puisqu'elle est toujours mariée à un autre homme. Elle décide donc d'intenter une action en justice pour obtenir un dédommagement de 70 000 000 $[L1 196], mais ils arrivent à trouver un arrangement négocié[L1 197]. Pink Cadillac met en scène un chasseur de primes incarné par Eastwood, confronté à un enfant kidnappé et une bande de suprémacistes blancs. Le tournage se déroule durant l'automne 1988, et le film sort le 26 mai 1989 dans plus de 2 000 salles. Variety juge le film « médiocre » et le qualifie de « film rasoir de 122 minutes »[L1 195]. Devant ces critiques, le film quitte rapidement l'affiche et se retrouve parmi les pires de la décennie pour Malpaso.

L'année suivante, en 1990, Eastwood entame un nouveau tournage, celui de Chasseur blanc, cœur noir. Cela faisait un moment que le film était en pré-production. Eastwood part en Afrique, au Zimbabwe[L1 198], pour faire les repérages et démarre les prises de vues qui durent deux mois. Cette fois, il interprète le réalisateur américain John Huston. En rentrant aux États-Unis, Eastwood commence une relation sérieuse avec France Fisher[L2 10],[L1 199],[L3 1]. Et pour la troisième fois en sept ans, il se rend au Festival de Cannes. L'accueil est moins enthousiaste que pour Bird, selon Jack Matthiews du Los Angeles Times[L1 200]. Le film est également projeté au Festival du film de Telluride du Colorado. Le froid jeté par la critique amène Eastwood à enchaîner rapidement avec La Relève, un nouveau film populaire[L1 201],[L1 169]. Eastwood est encore une fois acteur principal et réalisateur dans ce film d'action. Si certains critiques comme Gary Giddins du Village Voice trouvent le film « tout simplement génial », d'autres sont écœurés de voir Eastwood produire quelque chose d'aussi « étonnamment vide de sens »[L1 202]. Du côté du public, le film n'est pas accueilli avec beaucoup d'enthousiasme non plus et rapporte à peine un peu plus de 20 000 000 $.

Un prix tant attendu

Photographie du lac Moraine, avec, en arrière-plan, les montagnes d'Alberta, et les neiges éternelles qui couvrent leur sommet
Lac Moraine (Alberta) où a lieu le tournage d’Impitoyable

En août 1991, le Los Angeles Times annonce le prochain film de Clint Eastwood, un western dont le titre serait Impitoyable[L1 197]. L'histoire est écrite par David Webb Peoples, qui a déjà travaillé sur un documentaire nommé aux Oscars et sur Blade Runner, réalisé par Ridley Scott en 1982. Cela faisait longtemps que le scénario de Peoples avait été réservé par Warner, aussi ce dernier désespérait-il de le voir un jour adapté au cinéma. Ce n'est que six ans après que tout a été officialisé[L1 203]. Eastwood déclare durant la pré-production du film : « Je le savourais, parce que je me disais que ce serait sans doute le dernier du genre, le dernier film de ce type que je ferais[L1 203]. » Le film est vu par la presse comme « un western révisionniste, un film violent pour démythifier le meurtre »[L1 203]. Ce trait est d'ailleurs exagéré pour la publicité du film[L1 204].

À la différence de la plupart de ses autres films, Clint offre ici à d'autres acteurs des rôles tout aussi importants que le sien : notamment à Richard Harris, qui incarne English Bob, le héros de dime novels, Morgan Freeman et Saul Rubinek. Le personnage interprété par ce dernier rappelle le comportement prudent qu'a adopté Eastwood envers la critique depuis un certain temps[L1 204]. Gene Hackman est aussi pressenti, mais il refuse tout d'abord : il ne voit pas ce qu'Eastwood admire dans ce scénario qu'il trouve trop violent[L1 205]. Mais Eastwood se montre assez persuasif pour que l'acteur qui a déjà remporté un Oscar accepte finalement le rôle. Frances Fisher fait également partie de la distribution sûrement grâce à sa relation avec Eastwood. Le film est tourné en Alberta, au Canada, en août 1991. L'équipe technique comporte encore Lennie Niehaus, Joel Cox et Jack Green, des habitués de l'équipe Eastwood. Ce film est différent des précédents : il semble qu'Eastwood soit plus attentif au jeu des acteurs en insistant sur les répétitions et le nombre de prises effectuées. En janvier 1992, le film est présenté au ShoWest, puis une avant-première a lieu à New York, à laquelle cent cinquante médias sont invités. Grâce à un bon marketing de Warner, le film est réservé dans plus de 2 000 salles en Amérique. Durant sa première semaine d'exploitation, il surpasse tous les espoirs, réalisant 14 000 000 $ de recette[L1 206]. Variety l'appelle « un western classique qui marquera les mémoires » et le Los Angeles Times « le meilleur western depuis 1956 ». Tous les médias s'accordent sur l'apogée d'Eastwood[L1 207].

Photographie en noir et blanc de Wolfgang Petersen, dont on ne voit que la tête. Il sourit légèrement
Wolfgang Petersen, qu'il rencontre durant la cérémonie des Oscars, et pour qui il jouera dans In the Ligne of Fire

Ce film permet au réalisateur de remporter le prix annuel du meilleur réalisateur délivré par la National Society of Film Critics. Il est aussi nommé meilleur film de l'année par la Boston Society of Film Critics. Il figure dans plus de deux cents listes des dix meilleurs films de l'année[L1 208]. Eastwood remporte le prix de meilleur réalisateur à la Directors Guild of America. Le mois suivant, il est nommé à neuf Oscars dont le prix du meilleur réalisateur et du meilleur acteur. L'Oscar du meilleur acteur est finalement remporté par Al Pacino pour Le Temps d'un week-end, mais Eastwood repart avec le prix du meilleur réalisateur, un prix tant attendu dans sa carrière. Durant son discours, il remercie tous les artistes et techniciens qui ont participé au film, mais également les critiques. Plus tard dans la soirée, Eastwood remonte sur scène pour recevoir l'Oscar du meilleur film pour lequel il remercie Warner. Il salue sa mère présente durant la cérémonie[L1 6],[2],[3] et Arthur Lubin, qu'il remercie pour avoir lancé sa carrière[L1 52].

Le film suivant d'Eastwood, Dans la ligne de mire, raconte l'histoire d'agents secrets formés pour protéger le Président. C'est Castle Rock Entertainment qui possède les droits du film. La société projette d'engager Wolfgang Petersen pour la réalisation et Eastwood dans le rôle principal, celui d'un agent qui s'effondre moralement quand il réalise qu'il a réussi à sauver la première dame mais pas le président, John Fitzgerald Kennedy. Tous deux acceptent. Ils se sont rencontrés à l'occasion de la sortie d'Impitoyable ; ils ont alors parlé durant deux heures, du prochain film qu'ils allaient faire, de leur approche en tant que cinéastes, et du cinéma en général[L1 209]. C'est la première fois qu'Eastwood ne tourne pas pour Warner. La distribution comprend également John Malkovich et Rene Russo. Petersen avoue au sujet d'Eastwood : « Il est meilleur acteur que je ne le pensais avant de commencer le film. Et plus on tournait, plus je prenais plaisir à m'imaginer toutes les facettes qu'il pouvait encore révéler[L1 210]. » Le film devient le plus rentable de toute la carrière d'Eastwood, rapportant au total plus de 200 000 000 $[L1 210].

Clint Eastwood, le romantique

Photographie de Clint Eastwood au Festival de Cannes en 1994. Il est vêtu d'un costume blanc et d'un nœud papillon ; il sourit légèrement, regardant sur le côté
Eastwood au Festival de Cannes (1994)

Face au réel succès qu'il rencontre, Eastwood cherche tout de suite un nouveau projet. Ce sera Un monde parfait, écrit par John Lee Hancock. Le script est réservé par Mark Johnson pour être montré à Steven Spielberg. Ce dernier ne peut toutefois pas le tourner suite à d'autres engagements[L1 211]. Alors, le script parvient à Warner où il est montré à Eastwood. L'histoire lui rappelle Seuls sont les indomptés, un western contemporain sorti en 1962. Un monde parfait met en scène un fugitif qui s'évade et prend en otage un jeune enfant. Spielberg pensait que Clint Eastwood était l'acteur idéal pour interpréter ce fugitif[L1 211], mais lui-même se trouve trop âgé ; il accepte cependant de réaliser le film. Johnson a l'idée d'engager Kevin Costner pour le rôle principal. Eastwood adhère à ce choix : « Je ne crois pas que ce soit sa tasse de thé. Mais c'est parfois dans ces moments-là que les acteurs font leurs meilleures prestations[L1 212]. » Costner accepte le rôle à condition de jouer face à Eastwood. Pour améliorer les chances de réussite du film, il pense qu'Eastwood pourrait jouer le représentant de la loi, mais le rôle n'est pas suffisamment étoffé. Costner essaye donc de développer le rôle avec Hancock, et Eastwood accepte finalement à son tour de jouer dans le film[L1 212]. Le tournage est agrémenté de quelques tensions, car Eastwood réalise généralement ses films rapidement, avec peu de prises, à la différence de Costner qui est perfectionniste[L1 213]. Eastwood dit à son sujet : « il n'arrête pas de pinailler ». Le tournage prend donc du retard. Costner le quitte même, mais Eastwood décide de lui montrer qui gouverne en tournant avec sa doublure. Le filmage s'achève tandis que naît le sixième enfant d'Eastwood : Francesca Ruth Fisher. Durant cinq semaines, Clint se retire dans son ranch pour se consacrer à sa femme et son nouveau-né. Joel Cox profite de cette période pour monter Un monde parfait. Le film rapporte finalement 150 000 000 $ en Amérique.

La même année, Eastwood est élu membre du British Film Institute de Londres et le Museum of Modern Art de New York intègre dans ses archives la collection Clint Eastwood. C'est également en 1993 qu'Eastwood bat des records au box-office avec ses trois films, Impitoyable, Dans la ligne de mire et Un monde parfait, et que les critiques sont plus que jamais unanimes à son sujet[L1 214]. Eastwood rajoute qu'il « [a] mûri » durant cette période[L1 215]. En 1994 il préside le jury du Festival de Cannes qui récompense Pulp Fiction du réalisateur indépendant Quentin Tarantino. Il reçoit aussi la médaille de Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres.

« Les rôles qu'Eastwood a interprétés, et les films qu'il a mis en scène, ont largement influencé la culture des États-Unis du dernier quart du siècle, sa fantaisie et ses réalités. »

— Edward Gallafent commentant l’impact d'Eastwood sur les films des années 1970 aux années 1990[29]

Durant le Festival, il annonce qu'il a accepté de jouer dans l'adaptation du best-seller The Bridges of Madison County (Sur la route de Madison) sous la direction de Bruce Beresford. Le roman met en scène une femme d'âge mûr, épouse d'un fermier parti pour la foire de l'État. Un photographe en visite dans la région s'éprend d'elle et ils vivent un grand amour romantique sans lendemain. Spielberg est à nouveau impliqué dans le projet puisque sa société Amblin Entertainment possède les droits d'adaptation du livre. La pré-production est ponctuée de conflits entre Beresford et Eastwood, notamment pour le choix de l'actrice principale[L1 216]. Beresford quitte donc le projet[L1 217], et c'est Eastwood qui le remplace. Il visite rapidement les lieux repérés par Beresford et choisit comme partenaire Meryl Streep[L1 217], qui, initialement peu intéressée par le projet de Beresford, accepte finalement le rôle proposé[L1 218].

Photographie du Roseman Bridge à Madison. Le pont couvert est de couleur rouge marron, avec des barrières blanches qui le poursuivent
Le Roseman Bridge du Comté de Madison que doit photographier le personnage d'Eastwood dans le film

Meryl Streep est un choix crucial pour son pouvoir d'attraction sur le public féminin[L1 219]. Avant le tournage, Eastwood ne lui dit rien d'autre que « sois naturelle »[L1 219], et ce, malgré le fait que le personnage ait grandi en Italie. Elle est étonnée qu'Eastwood souhaite tourner ce film en plus d'y jouer le premier rôle. Elle rajoute d'ailleurs, au cours d'une interview, qu'elle est extrêmement surprise par la confiance qu'il a en lui pour ce film[L1 219]. Le tournage commence à la mi-septembre à Des Moines. Kyle Eastwood fait un caméo dans le film : il interprète le rôle d'un bassiste dans un café où Robert Kincaid et Francesca se trouvent. Ignorant la demande du réalisateur, Meryl Streep débute le tournage en prenant un accent italien pour lequel elle s'était entraînée plusieurs semaines[L1 220]. Durant la première moitié des prises de vues, Eastwood ne dit rien à l'actrice, qui se demande si elle joue réellement ce qu'il attend d'elle. Aussi, ce dernier lui dit-il un jour : « Tu sais, je ne dis jamais rien, sauf quand je n'aime pas[L1 220]. » Le tournage dure six semaines, au lieu des dix prévues initialement[L1 221]. Au cours des interviews pour la promotion du film, le réalisateur déclare qu'il a essayé de « garder beaucoup de spontanéité et de sincérité »[L1 220]. On peut lire dans les journaux qu'une « intense amitié est née entre les deux stars »[L1 222].

C'est durant le tournage de Sur la route de Madison qu'Eastwood se sépare de Frances Fisher. Elle désirait plus que tout obtenir un rôle qui lui permettrait d'être auprès d'Eastwood, mais également de faire connaissance avec l'une de ses actrices préférées. Il a refusé, pour ne pas faire les mêmes erreurs qu'avec Locke[L1 223]. Fisher découvre deux semaines plus tard Eastwood et Dina Ruiz à la une d'un magazine[L1 221]. Sur la route de Madison sort en juin 1995. Warner profite de ce film pour proposer la candidature d'Eastwood au Irving G. Thalberg Memorial Award. Le soir de la cérémonie des Oscars, Eastwood gagne finalement le prix, le discours du Président de la MPAA le décrivant comme « un cinéaste très actif »[L1 224]. Malgré la récompense, les exploitants sont sceptiques quant au film ; seules 1 805 salles le projettent[L1 224]. Toutefois le succès populaire est au rendez-vous et, à la fin de l'été, le film est toujours projeté dans un millier de salles. En fin d'exploitation, Sur la route de Madison rapporte plus de 70 000 000 $ rien qu'aux États-Unis. Outre le succès public, la critique est agréablement étonnée par le film : le New York Times évoque « une émouvante et élégiaque histoire d'amour au cœur de l'œuvre dégoulinante » et le New York Daily News « des passages […] plus puissants que tout ce que l'on avait eu l'occasion de voir au cinéma auparavant ». On découvre qu'Eastwood est un romantique, jusque là plutôt caché derrière l'homme d'action. Il participe aussi à la bande originale du film dont il compose le thème principal. L'album se situe en tête de ventes de disques jazz, et permet la formation de Malpaso Records[L1 225].

De mauvais accueils

En septembre de la même année, le San Francisco Chronicles surprend tout le monde en dévoilant que Clint Eastwood vient de demander Dina Ruiz en mariage[L1 226]. Cette période est marquée par le profond intérêt des tabloïds pour l'acteur, qui n'hésite pas à poursuivre en justice nombre de ceux qui le dépeignent comme un coureur de jupons[L1 226]. Aussi, le mariage est-il officié dans la plus grande intimité à Las Vegas[L1 227]. Le journal People l'annonce avec ce titre ironique : « Se faire plaisir : Clint Eastwood épouse une jeune présentatrice de 30 ans, et pas sous la menace d'une arme ». Comme People est détenu par Time Warner, la société mère de Warner Brothers, Eastwood est furieux. Il menace même d'abandonner son prochain projet, Les Pleins Pouvoirs[L1 228]. Il s'agit d'un thriller politique adapté du best-seller éponyme sorti en 1995. Le magazine publie peu après des excuses publiques, et Eastwood ne met pas sa menace à exécution.

Photographie de plusieurs tombes et pierres tombales du cimetière de Savannah où a eu lieu le tournage de Minuit dans le jardin du bien et du mal
Cimetière de Savannah où a lieu le tournage de Minuit dans le jardin du bien et du mal

Le film met en scène un cambrioleur vieillissant qui surprend, au cours d'un cambriolage, des ébats sadomasochistes finissant par un meurtre dont l'auteur n'est autre que le Président. On a proposé le script à Eastwood, qui souhaite jouer le rôle du cambrioleur. Toutefois, il demande des modifications : il ne doit pas mourir dans le film. Goldman, qui a tout fait pour travailler avec lui, obéit finalement par dépit[L1 229]. Il travaille un mois à la correction du script. La distribution comporte de nombreuses célébrités dont Gene Hackman, Judy Davis et Ed Harris. Alison Eastwood, la fille du réalisateur, fait une courte apparition dans la première scène du film (elle observe le cambrioleur), et Kimber Eastwood apparaît en guide touristique. Le tournage se termine dix-sept jours avant la date prévue[L1 230]. Le 12 décembre naît Morgan Colette Eastwood, fille d'Eastwood et de Ruiz, au terme de quarante-cinq heures de travail[L1 231]. Un mois plus tard, Les Pleins Pouvoirs sort dans 2 568 cinémas aux États-Unis[L1 232]. Le succès est mitigé en Amérique, le film ne rapportant que 50 000 000 $, alors qu'il fonctionne très bien à l'étranger[L1 232]. La critique le trouve plutôt décevant, voire bâclé, comparé à Impitoyable, par exemple[L1 232]. Il devait faire la clôture du Festival de Cannes, mais Eastwood s'est désisté, de crainte d'un accueil négatif[L1 233] ; pourtant, lors de sa distribution en France, le film est clairement acclamé[L1 233].

Minuit dans le jardin du bien et du mal, le projet suivant d'Eastwood, est également tiré d'un roman. Hancock, scénariste d'Un monde parfait, est embauché pour combler les manques du script : il doit créer une ligne narrative et mettre en valeur des personnages principaux. La Warner, insatisfaite du projet, le met en attente, mais Hancock l'envoie à Eastwood[L1 234], qui le rappelle immédiatement pour lui dire qu'il souhaite le réaliser. La mise en production est annoncée en février 1996. La distribution comprend John Cusack, Kevin Spacey, Lady Chablis, qui joue son propre rôle, Alison Eastwood, qui, déterminée à poursuivre dans le cinéma[L1 234], obtient ici un rôle plus important, mais Clint Eastwood n'y interprète aucun rôle. Le tournage a lieu à Savannah et se termine en six semaines[L1 235]. Lors de la promotion du film, personne n'évoque le fait qu'Eastwood, à plusieurs reprises dans le passé, a dénigré les homosexuels, dont le mari de Locke, alors que l'intrigue de Minuit dans le jardin du bien et du mal tourne autour du meurtre d'un gay. Lors de sa sortie aux États-Unis, le film, qui dure 155 minutes, est un échec : il rapporte à peine 25 000 000 dollars et les critiques n'apprécient pas du tout le jeu de Cusack[L1 236].En France en revanche, en 1998, Eastwood reçoit un César d'honneur pour toute sa carrière.

Photographie de Clint Eastwood à la NASA, avec, en arrière-plan, un échafaudage pour fusée
Eastwood à la NASA, qui lui accorde le tournage de Space Cowboys

Si Eastwood se dit à la recherche d'un nouvel « Inspecteur Harry », il s'engage toutefois sur la production de Créance de sang, tiré du roman de Michael Connelly, dont le script a enthousiasmé Malpaso et Warner[N 31]. Mais, le roman venant à peine de sortir, Créance de sang est repoussé de quelques mois[L1 237]. Clint Eastwood se lance alors dans la réalisation de Jugé coupable, dont les droits sont détenus par Richard D. Zanuck, qui prend en charge la production avec son épouse, Lili Zanuck. Créance de sang est distribué au printemps 1999. Ce film se rapproche par son action de L'Inspecteur Harry. Il met en scène un tueur en série qui prend pour cible des donneurs d'organes, pour faciliter l'opération de son ennemi juré, un profiler du FBI, et lui permettre ainsi de reprendre son travail. L'assassin, alors, n'aurait plus qu'à le provoquer à nouveau pour lui échapper ensuite. La distribution comprend Eastwood lui-même, Brian Helgeland, Anjelica Huston, Jeff Daniels et Dina Ruiz. Le film déçoit autant la critique que le public[L1 238] : il rapporte à peine 17 000 000 $ malgré ses 1 852 copies. On peut lire dans le magazine Rolling Stone que les réalisations d'Eastwood depuis 1992 sont « moyennes… voire médiocres… voire pires »[L1 239]. On va jusqu'à suggérer qu'Eastwood est en fin de carrière[L1 238]. Au cours d'interviews données à l'occasion de la sortie du film, Eastwood déclare qu'il « est trop vieux pour ces gamineries » au sujet d'un hypothétique futur Harry[L1 240].

Au début des années 2000, alors qu'il a déjà 70 ans, Eastwood entame le tournage de Space Cowboys en accord avec la NASA. Le film met en scène quatre vieux pilotes d'essai qui doivent se rendre dans l'espace pour s'occuper d'un satellite devenu incontrôlable. La distribution est composée de Tommy Lee Jones, Donald Sutherland, James Garner et Eastwood lui-même. Warner entre en contact avec Industrial Light & Magic pour les effets spéciaux[L1 241]. Les critiques considèrent le film comme « un divertissement très agréable sans prétention »[30]. Il rapporte finalement 100 000 000 $ en Amérique. En septembre de la même année, à la Mostra de Venise, Eastwood se voit récompensé d'un Lion d'or d'honneur pour toute sa carrière.

Une carrière réfléchie

Photographie de Dennis Lehane, assis, parlant dans un micro, lors de la présentation de l’un de ses films en 2006
Dennis Lehane en 2006

Depuis ses débuts dans Rawhide, Clint Eastwood a fait beaucoup de chemin. Il ne marmonne plus à l'écran, réalise ses propres films et engage de véritables acteurs de cinéma, plutôt que des acteurs de télévision méconnus. S'il semble à l'apogée de sa carrière malgré l'échec relatif de ses trois derniers films, l'acteur, réalisateur et producteur ne souhaite pas s'arrêter là. Il a en vue le roman de Dennis Lehane : Mystic River, publié en 2001. Il met en scène trois anciens amis liés par un sombre incident. Le meurtre de la fille de l'un d'eux va les réunir à nouveau. Eastwood téléphone personnellement à Lehane pour réserver les droits d'adaptation[L1 239]. Pour la quatrième fois de sa carrière, il s'occupe seulement de la mise en scène du film. Le tournage se déroule à Boston avec Sean Penn, Kevin Bacon et Tim Robbins dans les rôles principaux. Les trois acteurs se réunissent chaque soir après le tournage pour répéter les scènes du lendemain, avec la bénédiction d'Eastwood, qui ne donnait que rarement des instructions pour l'interprétation des personnages[L1 242]. Le tournage dure plus longtemps que pour ses précédentes productions. Et pour la première fois il s'occupe personnellement de la musique du film. Mystic River est projeté en avant-première au Festival de Cannes de mai 2003, et, pour beaucoup de critiques, sauve « le pire festival qu'il n'y ait jamais eu »[L1 242]. Le film est projeté en Amérique pour la première fois durant le New York Film Festival. Puis, en septembre, officiellement distribué partout dans le pays. Au début, il engendre des recettes juste convenables, sans doute à cause de l'aspect sombre de l'histoire[L1 243]. Mais le succès va crescendo au fur et à mesure que le film est projeté dans de nouvelles salles, et finalement les recettes mondiales atteignent 150 000 000 $[L1 244]. Mystic River est nommé à six reprises aux Oscars, mais n'en remporte que deux, concurrencé par le dernier volet de la trilogie du Seigneur des anneaux : Le Retour du roi[L1 131].

« L'ingrédient principal du film – Mystic River — est Clint Eastwood. C'est un vrai artiste dans tous les sens du terme. Malgré toutes ces années dans le milieu cinématographique et ses films légendaires, il a toujours tout fait pour nous rendre le travail agréable et nous mettre à l’aise lors de la prise, nous traitant comme ses pairs. […] C'était une expérience immense. »

— Tim Robbins à propos du tournage de Mystic River[31]

Photographie de Clint Eastwood saluant le public après une conférence de presse. Il est vêtu d'un costume gris foncé
Eastwood à une conférence de presse en Allemagne pour Lettres d'Iwo Jima

Eastwood et Spielberg se voient lors du repas qui suit la cérémonie des Oscars, et parlent de Mémoires de nos pères, une adaptation du livre de James Bradley et Ron Powers sur le petit groupe de soldats qui a planté le drapeau américain à Iwo Jima. Spielberg offre à Eastwood les droits d'adaptation et lui propose de co-produire le film avec ses sociétés DreamWorks et Amblin Entertainment[L1 245]. Paul Haggis s'occupe d'écrire le script et donne en octobre 2004 une première version, qui est adoptée[L1 246]. Au cours de ses recherches pour le film, Eastwood tombe sur un recueil de lettres de guerre japonaises. Il demande alors à faire un second film qui décrirait les mêmes évènements que Mémoires de nos pères, mais du point de vue japonais[L1 246] : Lettres d'Iwo Jima. Il s'agit du premier film américain à montrer la guerre du point de vue ennemi[L2 11]. Les frais de tournage, salaires, effets spéciaux, matériel militaire, font de Mémoires de nos pères le film le plus coûteux de la carrière d'Eastwood, avec un budget de 90 000 000 $[L1 247]. Le deuxième, Lettres d'Iwo Jima, est également complexe du fait qu'il est tourné en japonais avec des acteurs japonais, mais le budget de celui-ci n'est estimé qu'à 20 000 000 $ et le tournage dure à peine plus d'un mois. Henry Bumstead, le directeur artistique d'Eastwood depuis Impitoyable meurt pendant le tournage, et il est remplacé par James J. Murakami. Mémoires de nos pères n'enthousiasme ni le public, ni les critiques, qui trouvent qu'il ne se démarque pas des autres films sur la Seconde Guerre mondiale, et les recettes n'atteignent pas le budget investi[L1 248]. Le deuxième, dont le style est plus novateur (les vues aux couleurs ternes se rapprochent du noir et blanc et les scènes de combats sont plus émouvantes qu'effrayantes) marque une consécration d'Eastwood. L'œuvre apparaît sur toutes les listes des meilleurs films de l’année[L1 249]. Le film est nommé aux Oscars mais n’en remporte qu'un, laissant celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario aux Infiltrés de Martin Scorsese.

Photographie de Clint Eastwood et de Dina Ruiz, devant le Kodak Theater, regardant en l’air
Eastwood et sa femme, Dina Ruiz, aux Oscars

La production qui suit, Million Dollar Baby, est l'adaptation d'un roman écrit par Haggis. L'histoire relate la vie d'un vieil entraîneur de boxe et d'une jeune boxeuse novice. Haggis écrit une première version adoptée par la Warner, qui pense lui en proposer la mise en scène et donner le premier rôle à Eastwood[L1 250]. Mais Eastwood décide de réaliser le film en plus d'y interpréter le rôle du vieil entraîneur[L1 250]. Hilary Swank est embauchée pour jouer le rôle de la jeune boxeuse et Morgan Freeman pour interpréter le gardien du gymnase, vieil ami de l'entraîneur. Le tournage a lieu à Los Angeles au début de l'année 2004. Eastwood endosse à nouveau le rôle de compositeur, en plus de ceux d'acteur, réalisateur et producteur. À sa sortie en décembre le film soulève une controverse parce qu'il se conclut sur l'euthanasie de Maggie Fitzgerald, le personnage joué par Hilary Swank[32]. Eastwood réplique alors qu'il « n'est pas nécessaire d'être pour l'inceste pour aller voir Hamlet »[L1 251]. Les aspects sentimentaux et populistes de Million Dollar Baby ne le font pas décoller au box-office immédiatement. L'intrigue effraye Warner, qui s'associe même à Lakeshore Entertainment pour distribuer le film. Million Dollar Baby ne fait donc pas l'unanimité[L1 252] et n’est projeté que dans 147 salles avant que toutes les nominations aux cérémonies de récompenses et aux festivals ne soient annoncées, ne rapportant que 8 300 000 $. En revanche, dès que les nominations sont dévoilées, il commence à soulever l’engouement, rapportant 56 600 000 $ juste avant les Oscars, et 35 600 000 $ après[L1 252]. Il permet à Eastwood d'être nommé à l'Outstanding Directorial Achievement de la DGA, et de remporter quatre Oscars sur sept nominations : celui du meilleur film (pour la deuxième fois dans sa carrière), du meilleur réalisateur (pour la deuxième fois également), de la meilleure actrice pour Hilary Swank et du meilleur second rôle pour Morgan Freeman.

Clint Eastwood : le réalisateur

Angelina Jolie et Clint Eastwood, face au public, sur le tapis rouge, montant les marches du palais du Festival de Cannes, Gilles Jacob leur parlant
Angelina Jolie et Eastwood lors du Festival de Cannes

Warner, qui s'est méfié de Mystic River et de Million Dollar Baby avant de les produire, comprend peu à peu qu'Eastwood sait ce qu'il fait, et surtout qu'il est une valeur sûre. En 2007, Eastwood accepte de produire et réaliser L'Échange. C'est le septième projet auquel il participe sans interpréter aucun rôle. Le film raconte l'histoire d'une mère, interprétée par Angelina Jolie, dont le fils a été kidnappé. Elle fait tout pour le retrouver, en dépit de la corruption des forces de l’ordre. Le scénario, inspiré de faits réels survenus en 1928[L2 12], est de Joseph Michael Straczynski, et John Malkovich fait partie de la distribution. Le tournage s'effectue assez rapidement, de même que la postproduction, pour que le film soit prêt à temps pour le Festival de Cannes 2008. En France, le film est chaleureusement accueilli, à la différence des États-Unis où New York Times le juge « maladroit et hautement ambigu »[L1 253]. Si le film repart de Cannes sans aucun prix, Clint Eastwood et Catherine Deneuve reçoivent le Prix du 61e Festival de Cannes pour l'ensemble de leur carrière[33], bien que lui-même ne soit plus à Cannes lors de la cérémonie de remise des prix.

Durant le festival, Spike Lee, également présent pour la promotion de son film Miracle à Santa-Anna, entame une controverse, reprochant à Eastwood l'absence de soldats Afro-Américains dans ses deux films Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima. Eastwood lui répond violemment lors d'une interview dans The Gardian : « il m’a critiqué quand j’ai fait Bird. Pourquoi est-ce qu'un type blanc fait ce genre de film ? Parce qu'il fallait bien que quelqu'un le fasse […] Ce ne sont pas [les Afro-américains] qui ont érigé le drapeau américain ». Les journalistes soutiennent Eastwood, et Lee s'incline finalement, le mois suivant[34]. L'Échange est distribué pour la première fois en Amérique lors du New York Film Festival et vingt jours après dans tout le pays. En fin de distribution, le film engendre une recette totale de 113 000 000 $, mais il marche mieux à l’étranger (77 280 454 $) qu'aux États-Unis (35 739 802 $)[35]. Il demeure toutefois six semaines dans le top 10 du box-office national[36]. De son côté, la critique est assez mitigée. Le jeu d'Angelina Jolie semble avoir enthousiasmé les médias, comme celui de beaucoup de seconds rôles[37]. Cependant, le scénario « sonne faux » et la mise en scène est « lourde » pour The Wall Street Journal[38]. Le film est nommé à plusieurs reprises aux BAFTA Awards, au Saturn Award ainsi qu'aux Critics Choice Awards, mais ne remporte finalement aucun prix.

Alors que L'Échange est en postproduction, Bill Berger reçoit un script de Nick Schenk. À la fin des années 1990, ce dernier se familiarise avec l'histoire et la culture des Hmong alors qu'il travaille dans une usine du Minnesota[39]. Il apprend comment, ayant soutenu les forces vietnamiennes et leurs alliés américains durant la Guerre du Viêt Nam, ils ont terminé dans des camps de réfugiés, à la merci des forces communistes du Nord, quand les troupes américaines se sont retirées[39]. Des années plus tard, il décide d'écrire une histoire impliquant un vétéran de la guerre de Corée, nommé Walt Kowalski, dont les nouveaux voisins sont une famille hmong[39]. Plusieurs sociétés de production préviennent Schenk qu'il ne pourra pas produire son film. Il ne les écoute pas et envoie son script à Berger, alors producteur de Warner[39]. Berger présente ainsi l'histoire à Eastwood, pour diriger et jouer dans ce film, ce qu'il accepte directement, trouvant « dans ce rôle marrant un réel challenge »[39]. Le tournage de Gran Torino commence en juillet 2008[40] à Highland Park et Détroit[41] puis à Warren, Royal Oak et Grosse Pointe Park[42]. Clint Eastwood désire que la distribution fasse appel à de vrais Hmong, organise-t-on plusieurs auditions dans des communautés hmong[43]. Finalement, Bee Vang est engagé à Saint Paul et Ahney Her est engagée à Détroit[39] ; ils interprètent les deux principaux rôles hmong. Scott Eastwood apparaît également dans le film. Kyle Eastwood compose la musique du film. Le tournage est rapidement terminé, et Gran Torino est distribué le 9 décembre 2008 en Amérique, et le 25 février en France. Durant sa première semaine aux États-Unis, le film bénéficie d'une sortie limitée dans 6 salles seulement, engrangeant une recette de 391 639 $ ; puis il sort dans 2 808 salles et réalise une recette de 39 957 281 $, se plaçant premier du box-office. Après 27 semaines, le film rapporte finalement 148 095 302 $ aux États-Unis[44]. En fin d'exploitation, les recettes mondiales atteignent 269 958 228 $[45], faisant de Gran Torino le plus grand succès d'Eastwood en tant que réalisateur. Le cinéaste remporte le Blue Ribbon Awards du meilleur film étranger ainsi que le César du meilleur film étranger. Le National Board of Review déclare Eastwood meilleur acteur de l’année. C'est également Gran Torino qui marque la consécration d'Eastwood à Cannes, puisque les dirigeants du Festival lui remettent la Palme d'honneur pour sa carrière lors de la promotion du film à Paris. Clint Eastwood déclare que Kowalsky sera son dernier rôle à l’écran[46].

Photographie de l'endroit où travaillaient les prisonniers de Robben Island
Robben Island, prison où Nelson Mandela a été enfermé, et lieu de tournage d'Invictus

En 2009, Eastwood tourne Invictus, avec Morgan Freeman dans le rôle de Nelson Mandela et Matt Damon dans le rôle du capitaine de l'équipe de rugby à XV sud africaine, François Pienaar[47]. L'histoire est tirée d'un livre de John Carlin, Playing the Enemy : Nelson Mandela and the Game that Made a Nation[48]. Ce dernier vend les droits d'adaptation à Morgan Freeman l'année de la sortie du livre, en 2008[49]. Elle retrace la libération de Mandela ainsi que son arrivée à la Présidence, puis sa décision d'unir son peuple, qu'il soit noir ou blanc, à travers la Coupe du monde de rugby à XV 1995 et l’équipe des Springboks. Anthony Peckham et Eastwood se sont rendus à Barcelone pour rencontrer John Carlin et discuter de l’adaptation du livre[50]. Le rôle de Mandela a d'emblée été offert à Freeman. Bien qu'il soit plus petit que Pienaar, son rôle est proposé à Matt Damon[51]. Ce dernier suit un entraînement intensif avec Chester Williams, un joueur de l’équipe des Springboks de 1995[52]. Le tournage commence en mars 2009 au Cap et se termine en mai. Le film est distribué le 11 décembre aux États-Unis et le 13 janvier 2010 en France. Il est accueilli chaleureusement tant par le public que par la critique. Les recettes mondiales avoisinent les 123 000 000 $[53] et la critique acclame la fraîcheur du film ; on peut lire dans le Chicago Sun-Times « c'est un très bon film, il a de grands moments d'émotion »[54]. En parallèle, Eastwood est élu personnalité du cinéma préférée des Américains selon le sondage Harris Interactive[55].

Bien qu'Eastwood approche de ses quatre-vingts ans, il enchaîne directement avec un nouveau projet, Au-delà. Il s'agit d'un thriller écrit par Peter Morgan. Le tournage a débuté le 19 octobre 2009 en France, avec Matt Damon, Cécile de France, Lyndsey Marshal et Bryce Dallas Howard. Variety le décrit comme un thriller « dans la veine de Sixième Sens » en référence au film réalisé par M. Night Shyamalan en 1999. Toutefois le film n'aborde pas ce thème commun de la même manière. Au-delà, qui raconte l'histoire de trois personnes qui sont touchées par la mort de différentes manières. Cécile de France, qui incarne une journaliste française, prend conscience de l'au-delà alors qu'elle est victime d'un tsunami ; Frankie McLaren prend conscience de la mort quand son frère se fait renverser par une voiture et enfin, Bryce Dallas Howard, dont les parents sont morts. Matt Damon interprète un médium capable d'entrer dans l'au-delà, de communiquer avec les morts. Ce dernier a décidé de mettre de côté ce don qu'il considère comme une « malédiction ». Aussi, Au-delà aborde les questions que soulève la mort avec subtilité[56]. Le film ne prend pas parti sur son existence potentielle, voici ce que déclare Eastwood à son sujet : « certains y croient, d’autres non, c’est seulement après que nous serons fixés »[56].

Pendant le tournage d'Au-delà, Eastwood annonce que son prochain film retracera les débuts du fondateur du FBI, J. Edgar Hoover, dans J. Edgar, prévu pour décembre 2011 aux États-Unis. Il fera ensuite un nouveau remake du film Une étoile est née, avec Beyoncé Knowles et Leonardo DiCaprio.

Œuvres

Filmographie

Article détaillé : Filmographie de Clint Eastwood.
Photographies des empreintes de Clint Eastwood sur l'Hollywood Boulevard, avec sa signature et la phrase « Go ahead, you made my day »
Empreintes d'Eastwood sur l'Hollywood Boulevard

En soixante ans, Eastwood a tourné dans plus de quatre-vingts films, et est devenu l’un des cinéastes les plus connus du monde entier. D'abord à la télévision, dans des séries telles que Rawhide qui l’a rendu célèbre, ou dans des petits films comme Ambush at Cimarron Pass pour Universal Pictures, il trouve le succès avec Pour une poignée de dollars et plus généralement avec la Trilogie du dollar. Clint Eastwood met alors un terme à sa carrière à la télévision pour se concentrer sur le cinéma. Il tourne dans de nombreux films tels que Le Bon, la Brute et le Truand, Pendez-les haut et court et L'Inspecteur Harry, et devient vite une célébrité reconnue. Puis, suite à un désaccord, il quitte Universal pour Warner Bros. ; il tourne alors une suite à L'Inspecteur Harry, mais également Bronco Billy ou Doux, dur et dingue. Peu à peu, il se fait également connaître comme réalisateur, et enfin comme producteur et compositeur. Il tourne de nombreux films, dont beaucoup sont des succès au box-office. Mais son premier véritable succès critique, public et professionnel est Impitoyable, tourné en 1992. Ce film remporte de nombreux prix et réalise d'excellentes recettes. Sa carrière se poursuit avec des films tels que Sur la route de Madison, Minuit dans le jardin du bien et du mal, Mystic River, Million Dollar Baby, L'Échange, Gran Torino et Au delà. Vers la fin des années 2000, à l'âge de 80 ans, Eastwood déclare qu'il met fin à sa carrière d'acteur, même s'il avait déclaré quelque chose de similaire après Million Dollar Baby, mais qu'il continuera de tourner et de produire des films[57].

Il existe une liste exhaustive de la filmographie de Clint Eastwood, avec mention, quand ils sont disponibles, des résultats au box-office de chacun des films.

Discographie

Article détaillé : Discographie de Clint Eastwood.

Audiophile, Eastwood entretient une passion pour la musique, particulièrement pour le jazz, depuis sa jeunesse ; il apprécie également la country[L1 48]. Il réalise son entrée dans l'industrie du disque à la fin de l'année 1959, en produisant l'album Cowboy Favorites sous le label Cameo Records[L1 48]. L'album inclut plusieurs classiques comme Don’t Fence Me In de Cole Porter, mais il n'entre pas dans le Billboard Hot 100[L1 48]. Plus tard, entre deux saisons de la série Rawhide, Eastwood et Brinegar, rejoints par Sheb Wooley, participent à des rodéos touristiques et des festivals sous le nom de « Amusement Business Cavalcade of Fairs », ce qui leur rapporte 15 000 $ par performance[L1 50].

Eastwood fonde en 1995 son propre label, filiale de Warner Bros. Records : Malpaso Records. Quoique que le groupe Warner soit vendu par Time Warner à des investisseurs privés, Eastwood conserve sa filiale. Cette dernière a distribué toutes les bandes originales des films réalisés par Eastwood depuis Sur la route de Madison. Elle a également distribué l'album de jazz Eastwood after Hours — Live at Carnegie Hall en 1996. Cet intérêt pour la musique, le jazz en particulier, se retrouve chez le fils d'Eastwood, Kyle, qui est musicien et a participé à la BO de plusieurs des films de son père.

Au total, Eastwood a composé la musique de huit albums, dont six bandes originales.

Parcours artistique

Clint Eastwood est un acteur et un réalisateur que l’on pourrait considérer « polyvalent » : il a exploré de nombreux genres et registres. Cette carrière composite le rend assez singulier : la place qu'il occupe dans l'industrie cinématographique n'est pas comparable à celle d'autres acteurs ou réalisateurs américains. Une ligne directrice s'impose tout au long de sa carrière : l'acteur incarne une certaine mythologie de l’Amérique, en faillite[58], que le réalisateur n'a pas cessé de mettre en scène. Souvent présenté comme le modèle d'une tradition disparue[59], Eastwood aura tour à tour été le « dernier cow-boy, le dernier classique, le dernier réac »[60].

L’acteur

Évolution du « personnage »

Clint Eastwood porte un costume noir avec une chemise blanche et un nœud papillon noir pour la cérémonie. On peut apercevoir en arrière plan la statue représentant les Oscars qui devance la salle de la cérémonie.
Clint Eastwood en 2007 au Théâtre Kodak

Ne pouvant être rattaché à une génération d’acteurs en particulier, Clint Eastwood apparaît comme un comédien « hors case ». Apparu sur les écrans après la génération des acteurs de l'âge d'or hollywoodien, comme John Wayne, Paul Newman ou encore Charlton Heston, Clint Eastwood n'appartient pas non plus à la génération des jeunes premiers des années 1970, celle de Robert Redford ou de Jack Nicholson[60]. Eastwood connaît d'ailleurs le succès avec le personnage de « l'homme sans nom » qu'il interprète dans Pour une poignée de dollars — qualificatif qui résume, à lui seul, toute l’ambigüité de l’acteur, dont il s'amusera plus tard en en accentuant la dépersonnalisation[61]. Clint Eastwood entre donc dans le monde du cinéma à un âge relativement jeune, il a alors vingt-cinq ans. Il se fait réellement remarquer plus tardivement, avec la diffusion à la télévision de la série Rawhide, à l'âge de vingt-six ans. À cette époque, Eastwood n'est pas très sûr de lui, et il parle peu à l’écran. C'est son physique avantageux qui lui a valu ce rôle. Mais son caractère désinvolte lui permet de rendre le rôle crédible. Rawhide est en quelque sorte emblématique d'une longue période dans le jeu d'Eastwood, celle des westerns. Durant cette période, Eastwood incarne l'idéal américain[L1 64]. Il incarne des rôles variés, tels que celui de l'homme sans nom, celui de Hogan dans Sierra torride ou encore celui du shérif Walt Coogan dans Un shérif à New York. les rôles d'Eastwood apparaissent violents de prime abord, puis tendent à devenir humaniste. Par exemple, dans Un shérif à New York, cette humanisation est représentée à travers la cigarette que donne le shérif à son détenu. C'est d'ailleurs sur ce type de rôle humaniste qu'Eastwood va ensuite se concentrer. On remarque parmi ses principaux rôles celui de Frankie Dunn dans Million Dollar Baby qui accepte d'euthanasier sa protégée alors qu'elle devient tétraplégique suite à un accident, ou celui de Walt Kowalski dans Gran Torino qui prend sous son aile un jeune Hmong qui s'est fait tabasser par un gang pour l’aider à s'insérer dans la société américaine. Ces rôles humanistes marquent l’essentiel de la filmographie d'Eastwood en tant qu'acteur. Plus loin, Eastwood interprète des rôles qui traitent de thèmes le concernant directement. Dans Gran Torino, il interprète un vétéran de guerre qui éduque un Hmong en lui inculquant les vraies valeurs de l’Amérique, ce même vétéran qui meurt pour son protégé. On peut voir à travers ce personnage la mort de l’acteur qu'était Eastwood, qui décide, après le rôle de Kowalski, d'arrêter sa carrière d'acteur[57].

Un jeu minéral

Jugé trop fade au début de sa carrière[60], Clint Eastwood imprime son physique minéral dans la « trilogie des dollars » de Sergio Leone. On retient de lui sa carrure solide, ses yeux clairs au bleu métallique, son visage émacié, sa silhouette sèche et sa démarche flegmatique[62]. L’acteur adopte un jeu plutôt minimaliste, de « pure présence », que supportent de longs silences[63]. Le critique Franck Bausch va jusqu'à parler de « cavalier mutique et luciférien »[64]. Le corps de l'acteur, dans cette série, est d'ailleurs en partie cachée sous un cache-poussière. Eastwood jouera souvent avec ces effets de disparition : à la fin de Space Cowboys, il se filme revêtu d'une combinaison de cosmonaute, d'où seul submerge son visage, accentuant l'immobilité de son corps, presque inerte et porté par l'espace[65] ; dans Les Pleins Pouvoirs, il revêt un long imperméable Cerruti pour cacher son uniforme de policier[66] ; dans Sur la route de Madison, le photographe disparaît de derrière l'objectif pour prendre une photo (et révéler le sourire de Franscisca, pour l'immortaliser sur la pellicule)[67].

Cette propension à disparaître, à se cacher ou à jouer un ton en-dessus est une caractéristique fondamentale de son travail d'acteur, qu'il ne cessera d'illustrer au fil des années. Aurélien Ferenczi explique qu'« Eastwood joue par soustraction. Il se contente d'être là, chaque ébauche de mimique devenant riche de sens. Ce qui, à contrario, handicape les films qu'il réalise et où il ne joue pas : la contemplation de son corps « monumental », de son mouvement économe dans l'espace, est l'un des atouts de son cinéma »[60]. Les personnages qu'interprètent Eastwood sont également souvent dans l'expectative, ou dans des situations d'attente : « le hiératisme du visage et du corps, cette mesure extrême apportée dans tous les mouvements, cette parcimonie dans l'action font du héros un homme immobile, dont toute vie est intérieure », écrit le critique Philippe Fraisse[68].

Clint Eastwood, devenu réalisateur, se distribue dans des rôles beaucoup plus troubles que ceux où il le cantonnait au début de sa carrière, incarnant des personnages rongés par la douleur, la vieillesse ou le poids du passé. La démonstration de force n'est plus à l'ordre du jour. En 1993, Eastwood reprend son rôle de flic « redneck » dans Un monde parfait. Or, le temps a passé : l’empathie du spectateur n’est plus dirigée vers la figure du policier, Red Garnett, mais vers celle du fuyard incarné par Kevin Costner[63]. Son personnage abat d'ailleurs illégalement ce dernier[69]. Walt Kowalski, le personnage qu’il campe dans Gran Torino, appartient également à cette lignée. C'est un ancien combattant de Corée, un misanthrope ouvertement raciste (traitant ses voisins chinois de « faces de citrons », de « têtes de nems » ou de « rats de marais »), un amateur d’armes et de vieilles voitures. Mais celui-ci n'est pas glorifié par le film. Son personnage devient la victime quasi consentante, et suicidaire, d'un gang. L’homme ne représente plus la justice expéditive ou l'autodéfense : il en devient la victime[70]. Cette humanisation parfois contrariée va de paire avec la dimension masochiste qui parcourt la filmographie d'Eastwood depuis le début des années 1980.

La tentation masochiste

Le rapport qu'Eastwood entretient avec sa propre image a souvent été qualifié de « masochiste »[71],[72],[73]. Le cinéaste est réputé pour ne jamais se mettre en valeur : il appuie les ravages du temps sur sa propre silhouette, se filmant dans des situations d'inconfort ou de faiblesse. Cette dimension se retrouve également dans les films dont il n'est pas le metteur en scène. Dans Sierra torride, son personnage s’apparente à un antihéros, infirme, dépendant de sa sœur Sara et plumé par ses proches[74]. Dans Les Proies, Eastwood y interprète un homme amputé, gauche, contrarié et impuissant par rapport aux femmes[74]. Les codes de la virilité sont inversés dans Un frisson dans la nuit puisque la femme se fait puissance contre l’homme, misérable, qui cherche par tous les moyens à s'en débarrasser[75]. Dans Impitoyable, le cinéaste se filme sous un jour peu flatteur, affaibli et grelottant de froid[58]. La première scène, ironiquement, nous montre la difficulté qu'il a à grimper sur son cheval pour se mettre en selle[76]. Dans Sur la route de Madison, il apparaît torse nu dans des postures maladroites[65]. Les Pleins Pouvoirs nous le montre immobile, tapi derrière un miroir. Dans cette scène, le faible éclairage accentue les traits de son visage et évoque les autoportraits que Rembrandt a peint à la fin de sa vie[65]. La course-poursuite de Créance de sang épuise son personnage, qui s'effondre avant d'avoir rattrapé le coupable[77]. Il devient un vieillard acariâtre dans Gran Torino, marmonnant et maugréant, le visage toujours crispé, les sourcils éternellement froncés — film dans lequel il met en scène, à soixante dix-huit ans, sa propre mort[70].

Avec le temps, Eastwood fait du vieillissement de son visage un véritable véhicule de fiction, même dans les films qu'il ne met pas en scène comme à travers Dans la ligne de mire. En 1995, le cinéaste Luc Moullet écrit à ce propos[78] :

« À partir de Pale Rider, ce qu'on voit surtout du visage d'Eastwood, c'est son impressionnante veine sur la droite du front. Elle exprime une vie marquée par les épreuves, les ans, et la fragilité de l'existence humaine : on a toujours l'impression que cette veine va éclater, menaçant les jours du tireur d'élite infiniment plus que ses adversaires armés jusqu'aux dents. Cette veine temporale, un petit travail conjugué de maquilleur et de l'opérateur eût suffi à la faire disparaître à nos yeux, ce qu'auraient exigées toutes les stars du monde, sauf Eastwood. On a même l'impression qu'il fait tout pour qu'on la voit, et qu'on ne voit qu'elle. Lors des interviews réalisées par la télévision pendant le festival du cinéma américain de Deauville, on ne la remarquait même pas. »

Le cinéaste accentue également les rides de son visage en usant de clairs-obscurs[63],[60]. Dans Space Cowboys, Eastwood va même jusqu'à donner les premiers rôles à des acteurs âgés[63].

Le réalisateur

Si le nom de Clint Eastwood, dans l’imaginaire collectif, reste longtemps attaché au western, on remarquera que le réalisateur s’est essayé à beaucoup de genres différents : le film de guerre (Le Maître de guerre, le diptyque Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima), le film noir (Créance de sang, Minuit dans le jardin du bien et du mal ou encore Mystic River), le film d'aventure (Chasseur blanc, cœur noir), le biopic musical (Bird), le country-movie (Honkytonk Man), le road movie (Un monde parfait), le drame (Sur la route de Madison, Gran Torino et Million Dollar Baby) et même la comédie (Space Cowboys).

Le cinéaste s’est fait une spécialité d’alterner des films ambitieux avec des projets considérés comme plus mineurs ou plus distrayants[79],[80]. Eastwood se qualifie lui-même d'artisan : « J'ai toujours essayé de faire les meilleurs films possible, comme réalisateur et comme acteur…, mais sans croire que j'étais un artiste avec un A majuscule. Plutôt comme un artisan très sérieux. J'aborde chaque étape — le scénario, la direction d'acteurs, l'image, la musique — avec un grand souci du détail »[62]. Si Eastwood est considéré comme un auteur de cinéma (en opposition au « réalisateur-technicien »), l'homme ne signe pas ses scénarios et répond, en cela, d'une tradition hollywoodienne du cinéma de studio[81]. Les scénarios qu'il tourne ont d'ailleurs souvent été destinés à d’autres cinéastes à l’origine : L'Échange était un projet initialement rattaché à Ron Howard ; Francis Ford Coppola devait réaliser Impitoyable ; Mémoires de nos pères, Un monde parfait et Sur la route de Madison devaient être tournés par Steven Spielberg[80].

Comment, dès lors, appréhender le travail composite et protéiforme de Clint Eastwood ? Le critique Philippe Fraisse s'interroge[82] :

« Au contraire de bien d'autres cinéastes, je doute […] qu'Eastwood s'intéresse réellement aux sujets qui inspirent ses films. […] Eastwood n'est pas un artiste obsessionnel. Il ne s'intéresse au fond qu'à la situation. Ce qui a des conséquences sur son esthétique, et en fait le classicisme. Comme avant lui Hawks, Eastwood se borne à raconter des histoires, au-delà ou en deçà de tout engagement idéologique, ou de tout investissement personnel dans un thème. Politiquement, on peut dire un conservateur, c'est-à-dire quelqu'un qui n'a pas de système idéologique pour penser le monde. Et souligner cette absence n'est en rien adresser un reproche. »

Les déclarations du cinéaste corroborent en partie cette interprétation : pour lui, l'histoire compte plus que le message[83].

Esthétique et principes de mise en scène

Un classicisme hollywoodien

Les premiers films de Clint Eastwood, comme L'Homme des Hautes Plaines et Pale Rider, le cavalier solitaire, sont empreints d'un certain maniérisme que l'on rattache au cinéma de Sergio Leone[60],[61]. Mais cette influence s'estompe peu à peu, laissant place à un travail formel, plus académique. La mise en scène de Clint Eastwood se caractérise pour sa filiation avec le classicisme ou le néoclassicisme hollywoodien[58],[79],[70]. Selon la critique Helen Faradji, son œuvre « matérialise l’angoisse de savoir derrière lui la période classique, et parfaite, du genre en ne cachant jamais l’admiration qu’il a pour elle »[84]. Le cinéaste peut être vu comme l'héritier de John Ford, de William A. Wellman et de Raoul Walsh[59] — influences qu'Eastwood revendique lui aussi[83]. Mais le réalisateur s’attache surtout à travailler sur ces codes du cinéma classique pour les transformer de l’intérieur. Le cinéaste Olivier Assayas décrit ainsi les trois visages de Clint Eastwood : « l'un, humaniste, ancré dans l'Amérique réelle et passée, emprunterait au cinéma de John Ford, dont il est le seul aujourd'hui à assurer la descendance ; l'autre, viril, celui du héros au visage buriné, correspondrait plutôt à Howard Hawks. Et puis un troisième, inattendu, qui ferait d'Eastwood un cinéaste abstrait ». Abstraction formelle et narrative dont témoignent Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima, deux films où « la question centrale est l'impossibilité de saisir la vérité, l'évanescence du sujet »[60].

Sa mise en scène est plutôt discrète : elle refuse l’esbroufe et les effets spectaculaires, sans évacuer l'émotion. Sur la route de Madison est un mélodrame chargé d’émotion mais plutôt ascétique dans sa réalisation, qui privilégie un découpage discret et quasi-minimaliste[85]. Ce classicisme induit un rythme plutôt lent : Louis Skorecki parle de « ralentissement frontal »[86], Philippe Fraisse souligne « l'immobilité de l'action, le ralentissement du temps, ou l'importance accordée à l'attente »[68] et Alain Masson, à la sortie de Million Dollar Baby s'exclame : « comme on est loin de la cadence précipitée qui fit la gloire de Hollywood ! »[87]. Le classicisme d'Eastwood procède également des vertus attribuées à sa mise en scène : « clarté et précision, pudeur et compassion »[88].

De l'aube au crépuscule
Le pont couvert Holliwell dont on voit l’entrée
Le pont Holliwell que photographie Kincaïd (interprété par Eastwood) dans Sur la route de Madison

Les films de Clint Eastwood sont des œuvres tournées vers le passé : le cinéaste ne renâcle pas à situer ses films dans l'époque contemporaine, mais il n’a jamais traité d’évènements historiques proches, à l’exception de l'invasion de la Grenade dans Le Maître de guerre[80]. De manière plus générale, les personnages dépeints par le cinéaste sont souvent rattrapés et envahis par le passé, dont ils doivent apprendre à faire le deuil[59]. Cette douleur ancienne peut être celle d’un seul individu comme celle d’une nation tout entière dont il faut panser les plaies (comme dans Invictus). Le monde qu'il dépeint est lui-même menacé de ruine et de disparition. D'où la dimension mortifère, funeste et crépusculaire de ses récits. Celle-ci se retrouve déjà dans Bird[70] avant d'éclater dans Impitoyable[61]. D'autres œuvres peuvent être vues sous cette lumière, comme Sur la route de Madison[85].

Les films d'Eastwood s'attachent à montrer la fin d'un sentiment, d'une histoire ou d'un monde. L'usage du « récit-cadre » permet au cinéaste, en entremêlant deux temporalités sans toutefois les lier, de faire ressentir au spectateur cette présence du passé et son évanescence dans le temps présent. Dans Lettres d'Iwo Jima, la bataille prend place entre deux scènes contemporaines au cours desquelles l'on exhume les lettres, non-envoyées, de soldats japonais[89]. L'enchâssement de la trame principale, associé à la découverte d'un vestige (en l'occurrence une correspondance), rappelle également la construction de Sur la route de Madison. Le procédé crée un sentiment mélancolique, élégiaque, d'essence romanesque[90]. L'entrelacement et le statut diégétique des voix off dans Million Dollar Baby sont également testamentaires : ils figurent l'absence ainsi qu'une temporalité extérieure aux images[91]. Le cinéma d'Eastwood sonde donc l'origine des choses, le moment où tout a commencé : « celui-ci n'isole jamais le passé qu'il investit (ce qui supprimerait aussi le sens du présent), mais cherche à le rejouer dans le présent », écrit le critique Franck Kausch[92]. La première scène d'Un Monde parfait, située dans un paysage bucolique, commence d'ailleurs par une stase, par un long silence de mort traversé par le souvenir du Dormeur du val[93]. Les films d'Eastwood commencent généralement par la fin, lorsque les évènements que le cinéaste va conter sont déjà derrière nous (on le remarque dans Sur la route de Madison, Un Monde parfait, Million Dollar Baby ou encore dans Mémoires de nos pères). Cette dimension testamentaire du cinéma d'Eastwood fait que les personnages semblent toujours avoir l'intuition de leur propre mort, ou se projettent déjà dans le tréfonds. « Est-ce que je suis en train de creuser ma propre tombe ? » se demande ainsi Saigo au tout début de Lettres d'Iwo Jima[67]. Et les personnages se présentent souvent comme des survivants (voire comme un revenant dans le cas de Josey Wales ou du héros de Pale Rider, le cavalier solitaire[94]). La dimension spectrale du cinéma d'Eastwood transparaît également dans Vanessa in the garden, un court-métrage que le réalisateur tourne en 1985 pour la télévision. Le petit film nous montre un peintre visité par le fantôme de sa femme, dont il peint le portrait[95].

Contrastes et clairs-obscurs

L'utilisation récurrente du contraste chez Eastwood peut être rattachée aux thématiques traitées par le cinéaste. Ses films mettent en scène des affrontements, des oppositions de groupes. Ces contrastes sont « couplés avec des effets de sur-cadre comparables qui soulignent la compartementalisation, voire l'imperméabilité des registres humains et sociaux sur lesquels reposent la vision tragique du cinéaste »[96]. L'idée de contraste doit se comprendre dans son sens le plus large : à savoir la coexistence, dans la même image, d'éléments contraires ou séparables. Dans les westerns d'Eastwood, une figure récurrente consiste à nous présenter, dans un seul plan filmé en panoramique, un intérieur sous-exposé ouvert à un espace extérieur surexposé — désignant par là une menace[96]. Cet effet se retrouve dans les films plus tardifs d'Eastwood, mais sous une autre forme. Dans Sur la route de Madison, la première scène entre le photographe et Francesca, filmée en panoramique, disjoint les deux personnages : le photographe apparaît dans un sur-cadre, qui l'isole de l'obscurité ambiante[96]. Les effets de contraste s'incarnent également dans l'usage qu'Eastwood fait du montage. Le champ contrechamp traduit la relation entre celui qui regarde et celui qui est regardé. Les héros d'Eastwood sont souvent dans une posture double et ambivalente, qui leur permet d'être à la fois le moteur et le témoin du récit[97]. C'est ainsi que se définit Kelson dans Minuit dans le jardin du bien et du mal[97].

Thèmes

D'éternels recommencements
Hilary Swank regarde vers sa gauche pour écouter quelqu'un, elle est face à un micro durant le Comic-Con de San Diego
Hilary Swank (Comic-Con de 2006) est la victime de l'« ange de la mort », Frankie Dunn, dans Million Dollar Baby

Eastwood travaille sur les grands récits américains pour disséquer les ressorts et en faire la critique[98]. La trajectoire de ses personnages peut être qualifiée de « destins américains » (Bird, Million Dollar Baby, Mémoires de nos pères)[80]. Mais ces personnages ne peuvent prétendre au statut de héros — à l'exception notable de ceux présentés dans Invictus. Ce sont même, dans la plupart des cas, des antihéros. Lorsqu'ils accèdent à la reconnaissance et au prestige, les personnages d'Eastwood connaissent la chute. Et la chute, comme chez Sisyphe, engendre un châtiment cruel, où le personnage est condamné à répéter la même action, à connaître les mêmes errements[99]. C'est notamment le cas dans Mémoires de nos pères. Pour Timothée Gérardin, les soldats y « sont, presque malgré eux, donnés en exemple d’héroïsme, à travers une photo les montrant en train de hisser la bannière étoilée. Seulement, quand à l’époque de Howard Hawks il suffisait d’écarter d’un revers de main la rentabilisation de la renommée, le mécanisme de l’image prend chez Eastwood un tour maléfique. Pour les soldats en question, la célèbre photo devient une damnation, dans la reproduction même du geste à l’infini »[81]. C'est que le pouvoir, ainsi que le succès, corrompent comme souvent chez Eastwood — c'est qu'illustre à sa manière Les Pleins Pouvoirs[66].

Les personnages que filme Eastwood sont bien souvent tiraillés entre le mal et le bien — le cinéaste rejoignant ici des grands thèmes de la fiction américaine[70]. Chacune de ces figures se définit par une blessure, parfois métaphorique, parfois bien réelle. Dans Impitoyable, une prostituée défigurée cherche à se venger d'un outrage ancien. Le héros de Josey Wales hors-la-loi se promène avec une cicatrice qui lui barre le visage. Cette cicatrice à vie, infligée au personnage au tout début du film, rappelle la mélancolie attachée au personnage, qui avoue être déjà mort depuis des années[100]. La fatalité pèse au-dessus des personnages d'Eastwood, pour les rattraper. Frankie Dunn, dans Million Dollar Baby est celui qui pense protéger ses boxeurs de la mort, et qui finit pourtant par la provoquer — le personnage se changeant alors, malgré lui, en « ange de la mort »[99] (« Je la tue en la gardant en vie », déclare-t-il[93]). Cette contradiction permanente des personnages engendre des phénomènes de répétition (parfois aggravé) : le viol de Mystic River conduit à un meurtre, le personnage d'Eddie Scrap dans Million Dollar Baby provoque la reproduction du combat qui a mis fin à sa carrière, et la revanche que cherchent tant à accomplir les personnages d'Impitoyable n'est rien d'autre qu'une acceptation du principe de répétition (tuer et se faire tuer : le cycle de la violence est sans fin)[93]. Le temps, chez Eastwood, est donc fortement cyclique[68].

L'espace : des paysages et des tombeaux

Une grande partie des films d'Eastwood met en scène un personnage cherchant à apprivoiser un espace immense, qu'il s'évertue à circonscrire[77]. Mais le paysage est trompeur : bien souvent, la mise en scène d'Eastwood transforme les espaces traversés en caveaux, en lieux claustrophiques qui enferment le corps et l'esprit. Sans être de purs huis clos, les films d'Eastwood jouent sur la claustration. Les espaces y sont souvent uniques, étroits ou fortement délimités. C'est la cabine du condamné à mort dans Jugé coupable, le « Hit Pit » dans Million Dollar Baby, la navette spatiale dans Space Cowboys, la prison et le bateau dans Créance de sang, la station de radio dans Un frisson dans la nuit, la chambre forte dans Les Pleins Pouvoirs, la cave ou le poulailler où sont enfermés les enfants dans Mystic River et L'Échange. Ces espaces confinés s'apparentent à un cercueil, d'où les personnages peuvent contempler ou anticiper la mort (celle des autres, mais aussi la leur)[77]. Des espaces plus grands peuvent faire office de tombeaux : la ville telle qu'elle est filmée à la fin de Mystic River s'apparente à un immense territoire peuplé de cadavres. La caméra parcourt les traces laissées par les enfants dans le ciment avant de survoler la ville pour enfin plonger dans la rivière, où périt le personnage de Dave Boyle. L'utilisation du plan-séquence, pour unifier tous ces lieux, renforce la dimension spectrale de l'espace, au-dessus duquel plane l'ombre de la mort[101]. Claustration, encore, dans Lettres d'Iwo Jima, quand les soldats japonais se retrouvent sur une île noire et hostile, plongés dans l'ignorance (ils ne savent pas si la guerre est finie), suspendus à leur sort que l'on devine tragique[102]. Claustration, encore, dans la souffrance qui aveugle Francesca dans Sur la route de Madison : « le monde (les ponts de l'Iowa) n'est plus, littéralement, qu'un cimetière »[64]. Une fois les morts enterrés, les figures psychopompes continuent de lier les vivants et les morts : c'est le rôle de Minerva et de Billy Hanson dans Minuit dans le jardin du bien et du mal, de Robert Kincaid dans Sur la route de Madison, d'Eddie Scrap ou de Frankie Dunn dans Million Dollar Baby[67].

L’individu et la communauté

La relation que tisse un individu isolé avec le reste d'une communauté est un sujet récurrent dans l'œuvre d'Eastwood — et c'est en partie ce qui rapproche son travail de celui de John Ford. Cette relation ne peut être que douloureuse, car la communauté y est souvent représentée sous les traits d'une entité dangereuse, malveillante voire faussement protectrice. Dans L'Homme des Hautes Plaines, le constat est amer : selon Guilhem Caillard, la « morale eastwoodienne que certains ont autrefois cautionné de réactionnaire, c’est le manque de solidarité entre les hommes faussement idéalistes qui joue en faveur de leur perte. Le ton est à ce point poussé que la ville de Lago devient dantesque (maculée de rouge), bordant un lac qui ferait écho à l’organisation concentrique de la descente aux enfers »[100]. Dans Josey Wales hors-la-loi, la communauté absout les crimes passés par souci de réconciliation nationale. Le personnage de Josey, joué par Eastwood lui-même, refuse cette amnistie (ou amnésie) dans lequel il voit un mensonge d'État. La quête du personnage consiste à reconstruire une communauté viable, lavée de ses crimes[60]. Le motif de la communauté gangrénée par le vice, le mensonge ou la corruption est également présent dans Mystic River, dans Minuit dans le jardin du bien et du mal, Jugé coupable ou dans L'Échange.

Matt Damon salue le public à la 66ème Mostra de Venise
Matt Damon représente l'esprit de communauté, notion que lui transmet le personnage de Nelson Mandela, dans Invictus

L'individu chez Eastwood se définit donc d'abord « contre » les autres, en réaction au reste des hommes : chez lui, « toute communauté est la suite d'une faute primitive que la lutte pour la survie oblige, à terme, à entériner. La communauté n'a d'issue que dans la solitude et dans le refus, seul commencement qui, par définition, n'en est pas un », écrit Franck Kausch[99]. C'est pourquoi les personnages d'Eastwood souffrent d'un manque originel, d'une innocence perdue dont ils ne connaissent même pas l'origine. La révolte de l'individu contre la communauté n'est pas une reconquête : c'est la répétition des mêmes mécanismes de chaos. Les soldats de Mémoires de nos pères, une fois élevés au statut de héros, doivent accepter l'imposture qui leur est proposée — mentir sur les conditions de leur triomphe, qu'ils sont condamnés à reproduire dans des spectacles grotesques, jusqu'à vider de leur substance les évènements dont ils ont été les artisans[99].

Cette méfiance naturelle à l'égard de la société ou de toute forme de communauté organisée a suscité de nombreux commentaires. Pour le dramaturge Philippe Person, Eastwood « n’a, en effet, aucun sens de la communauté et ne se réclame d’aucune » : le héros selon Eastwood ne doit rien à la société, il est entièrement responsable de ses actes, doit se construire seul et prouver qu'il mérite sa place parmi les autres. Il n'a aucune excuse sociale, à l'inverse des héros de John Ford. Philippe Person regrette que le cinéaste, dans Jugé coupable, ne s'intéresse pas davantage « aux mécanismes qui aboutissent à ce qu’un Noir innocent puisse aussi facilement se retrouver dans le couloir de la mort ». Le dramaturge poursuit en écrivant : « Non, il reprend son schéma coutumier : un homme seul, forcément l’antihéros qu’il incarne — un journaliste, cette fois —, va rétablir une vérité que les autorités, forcément corrompues, n’ont pas voulu voir. D’ailleurs, pour couper court à toute ambiguïté, le vrai coupable sera un autre Noir… Quand le réalisateur décrit un groupe, c’est un petit groupe d’individus qui se sont choisis, emmenés par un homme qui leur transmet son rêve (Josey Wales hors-la-loi, Bronco Billy). […] Pour lui, le peuple n’existe pas. En tout cas, on le cherchera en vain dans son cinéma, où jamais il n’a conté une aventure collective. […] Les pouvoirs publics ne protègent pas les faibles, mais représentent un rempart auquel ses personnages viennent se heurter. Ils sont synonymes de bureaucratie et de corruption ». Et Person de citer Les Pleins Pouvoirs, où le président des États-Unis se rend coupable de meurtre[80].

Invictus marque pourtant l'attachement d'Eastwood à un projet de société commun. Alors que ses films précédents signaient plutôt l'échec de la communauté, Invictus fait le pari d'un pays composite, métissé, mais unifié par son leader politique, encourageant la réussite de son équipe nationale[60]. Comme le dit Eastwood, « Invictus est un film sur la réconciliation d'un peuple, sur un homme qui fait comprendre à chacun que sa mission est de donner le meilleur de lui-même. Nelson Mandela transmet cet idéal au personnage de Matt Damon, le capitaine de l'équipe des Springbooks. Et l'équipe le transmet à son tour au pays tout entier »[62].

La transmission

Eastwood en tant que cinéaste aime à disséquer les liens qui unissent les personnages avec leur propre progéniture. Le réalisateur fera même tourner son propre fils dans Honkytonk Man[63]. La question de la transmission est donc naturellement au cœur de ce cinéma, singulièrement dans ses derniers films. Un personnage vieillissant cherche à passer le témoin, se trouve un héritier et lui transmet une partie de ses biens ou de ses valeurs morales[70],[103]. Dans Sur la route de Madison, les enfants découvrent le testament de leur mère et se voient contraints de satisfaire ses dernières volontés, malgré le dégoût que leur inspire son adultère. Le processus de transmission réside dans la manière dont le comportement de leur mère, qu'ils réprouvaient dans un premier temps, presque mécaniquement, influe sur leurs actes et l'amour qu'ils manifestent soudainement à leurs propres familles. Le message est passé, sans que les personnages en aient véritablement conscience. La transmission s'effectue de manière inconsciente et presque magique : la voix off de Francesca, interprétée par Meryl Streep, d'outre-tombe, surplombe les images au présent comme pour guider les personnages. Carolyn va même jusqu'à épouser, sans s'en rendre compte, les mimiques de sa mère lorsqu'elle répond au téléphone vêtue de la robe que portait Franscesca quelques années plus tôt[104].

Mystic River montre un autre type de transmission, sur un mode beaucoup plus fataliste et désespéré : la balle que Dave Boyle transmet à son fils au début du film confond les deux personnages, qui vont jusqu'à porter le même prénom. Les deux êtres ne cesseront dès lors plus de se répondre, même métaphoriquement : vingt-cinq ans plus tard, l'enfant devenu grand reproduit les gestes de son aîné, guidé par une forme d'inconscient familial. Ici, le fantôme du père continue de hanter les personnages à leur insu[105]. L'enfance, chez Eastwood, n'est pas filmée comme un âge heureux ou un monde d'insouciance. Trois films — Un monde parfait, Mystic River et L’Échange — retracent même une histoire d'enlèvement d'enfants[106]. L'enfance est donc lié au danger, et même — par un total renversement de valeurs — à la mort.

Une autre lecture de l'œuvre d'Eastwood, nettement moins humaniste que les précédentes, est donc possible. Les nouvelles générations, telles qu'elles sont filmées par le cinéaste, peuvent apparaître comme oisives, handicapantes ou malveillantes. Dans Sur la route de Madison, les enfants de Francesca représentent un danger, puisqu’ils envisagent de brûler les souvenirs laissés par leur mère, refusant son histoire d’amour avec le photographe. Dans Gran Torino, Walt Kowalski refuse de léguer sa fortune à ses propres enfants — qu’il méprise — pour la donner à ses voisins de culture Hmong. Dans Million Dollar Baby, l’entraîneur aide à mourir la boxeuse car elle ne peut plus assurer sa descendance. L’entreprise de filiation a échoué et l’entraîneur fait disparaître ce corps « en trop ». Le critique Jean-Baptiste Morain note ainsi que « le danger vient des fils, jamais des pères. Les fils sont intéressés, idiots, gros et laids, ne pensent qu’à la respectabilité, là où les pères ne seraient que minceur, loyauté et responsabilité. Comme si […] Eastwood ne supportait pas que les fils puissent un jour prendre sa place. Même si et surtout parce que le sens de la vie veut le plus souvent que les pères meurent avant les fils »[107].

Autour de Clint Eastwood

Opinion politique

Photographie de Louis Gossett, Clint Eastwood et Ronald Reagan en plein discours, devant un pupitre qui porte un micro
Les acteurs Louis Gossett Jr. et Clint Eastwood aux côtés du président Ronald Reagan

Clint Eastwood, bien que souvent engagé politiquement aux côtés du parti républicain, sur les listes duquel il est inscrit depuis 1951[108], se définit lui-même comme un libertarien fiscalement conservateur, mais sociétalement libéral[109],[N 32],[110]. Ainsi, lors des élections présidentielles, il a soutenu les candidats républicains (Dwight David Eisenhower en 1952, Richard Nixon en 1968 et en 1972, Ronald Reagan en 1980 et 1984, ou plus récemment John McCain en 2008) à l'exception de l'élection présidentielle américaine de 1992 où il a soutenu Ross Perot, un milliardaire libertarien indépendant. En 1972, Nixon nomme Clint Eastwood au conseil national pour la culture, poste qu'il garde jusqu'à la démission de Nixon en 1974.

Lors d'élections plus locales, il a soutenu des candidats d'autres partis comme le démocrate environnementaliste Sam Farr en 2002 et s'est opposé au référendum révocatoire contre l'ancien gouverneur démocrate de la Californie, Gray Davis, en 2003. De 1986 à 1988, il fut lui-même un élu local, maire de la ville de Carmel-by-the-Sea dans le comté de Monterey Californie (élu avec 72 % des suffrages). De 2004 à 2008, il est membre de la commission sur les parcs californiens, nommé à ce poste par le gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger. En 2008, en tant que membre de cette commission, il s'oppose à la construction d'une autoroute à péage dans le sud de la Californie, que défend Schwarzenegger. Celui-ci ne renomme pas Eastwood à l'expiration de son mandat.

Plaque à l'entrée du bâtiment du Bohemian Club
Entrée du Bohemian Club

Il marque en son temps un grand scepticisme face à la guerre du Viêt Nam, déclarant que le pays n'avait « rien à gagner au Vietnam, si ce n'est envoyer nos hommes en enfer », qu'« aucun politique n'avait de plan de sortie ou de solution miracle », et il déplore l'ambiguïté du soutien américain aux Sud-Vietnamiens, puis l'abandon de ces derniers[111]. En 2003, il a publiquement critiqué l'engagement de l'armée américaine dans la guerre d'Irak. Néanmoins, un an plus tard, il appelle à voter pour George W. Bush[112] par opposition au Parti démocrate John Kerry. Bien qu'opposé au fait de tuer, y compris des animaux[N 33], il s'est cependant déclaré en faveur de la peine de mort, notamment pour les crimes impliquant des enfants[113],[114],[N 34].

En janvier 2005, lors d'un dîner de gala à New York, Clint Eastwood s'en prend vigoureusement au réalisateur Michael Moore, déclarant « Michael, si vous vous présentez un jour à ma porte avec une caméra, je vous tue », faisant référence au comportement de Michael Moore avec son vieil ami Charlton Heston, dans le film-documentaire Bowling for Columbine. Jouant sur l'ambiguïté de la plaisanterie, alors que la salle éclate de rire, Eastwood précise « Je suis sérieux »[115],[114].

Fondé en 1872, le Bohemian Club compte environ 2 000 membres, tous des hommes. Cette organisation ésotérique qui se rapproche des illuminés regroupe de hauts dirigeants de l’économie, de la finance et de la politique ; tous sont supposés être des modèles de rationalité matérialiste. Chaque mois de juillet, ils se retrouvent à Monte Rio en Californie, dans un immense domaine, pour y discuter des affaires du monde, des stratégies politiques et économiques. Ils pratiquent des cérémonies païennes d'inspiration druidique, avec un bûcher nocturne devant une immense statue de hibou. Les participants sont en grande majorité américains, et sont proches du Parti Républicain. C'est ainsi que Clint Eastwood serait entré dans ce groupe, aux côtés d'autres personnalités telles que Bill Clinton, Neil Armstrong ou encore Francis Ford Coppola[116],[117],[118],[N 35].

Maire de Carmel

Eastwood réussit une incursion dans la politique en devenant maire de Carmel en Californie en avril 1986, une petite ville située sur la péninsule Monterey et regroupant une communauté d'artistes[L2 9]. Lorsqu'il apprend qu'Eastwood est élu avec 72 % des voix[L1 184], le Président des États-Unis, l'ancien acteur Ronald Reagan, l'appelle et lui dit : « qu'est-ce qu'un acteur qui joue avec un singe vient faire en politique ? », se référant au rôle d'Eastwood dans Ça va cogner et à son propre rôle dans Bedtime for Bonzo[L2 9]. Durant son mandat, Eastwood a tourné Le Maître de guerre et Bird.

En 1988, il annonce qu'il ne se représentera pas aux élections de Carmel, préférant passer du temps avec ses enfants déjà adolescents[L1 192]. Son mandat de maire est mitigé ; si beaucoup ont apprécié ses actions, tels que le Carmel Pine Cone ou encore la législature de l'État de Californie, des habitants de la ville parlent de mettre en place une réforme empêchant une célébrité de se présenter au poste de maire[L1 193].

California State Park and Recreation Commission

Photographie de Clint Eastwood en plein meeting, en train de parler dans un micro
Take Pride in America où intervient Eastwood

En 2001, il est nommé à la Commission des parcs et loisirs de l'État de Californie (California State Park and Recreation Commission) par le gouverneur démocrate Gray Davis[119], puis est réélu en 2004 par le gouverneur Arnold Schwarzenegger, qu'il soutient lors des élections de 2003 et 2006[120]. Peu après, Schwarzenegger annonce la fermeture de 80 % des California State Parks.

Eastwood, vice-président, et Robert Shriver, président de la Commission, et beau-frère de Schwarzenegger, créent ensemble en 2005 un comité s'opposant à la construction d'une autoroute à six voies. Cette autoroute, d'une longueur de 16 miles (26 km), aurait traversé le parc de San Onofre State Beach, au nord de San Diego, une des plages de surf les plus appréciées de Californie du Sud. Eastwood et Shriver lancent une action en justice en 2006 et exhortent la Commission des côtes de Californie (California Coastal Commission) à rejeter le projet, ce qu'elle fait en février 2008[121].

En mars 2008, Clint Eastwood et Bobby Shriver, dont le mandat a expiré, ne sont pas reconduits dans leurs fonctions[121]. Le Natural Resources Defense Council (Conseil de défense des ressources naturelles) demande une enquête législative concernant la décision de ne pas renouveler leurs mandats[122]. Selon le NRDC et The New Republic, Eastwood et Shriver n'ont pas été reconduits à cause de leur opposition à la prolongation de l'autoroute California State Route 241[123],[124]. Au cours de la conférence de presse où Schwarzenegger annonce la nomination d'Alice Huffman et de Lindy DeKoven, il ne fait cependant aucune allusion à une quelconque raison de l'éviction d'Eastwood et Shriver[125].

En avril 2005, le gouverneur Schwarzenegger a par ailleurs nommé Eastwood avec l'acteur et réalisateur Danny DeVito, l'acteur et réalisateur Bill Duke, le producteur Tom Werner et la productrice et réalisatrice Lili Zanuck à la Commission du film de Californie (California Film Commission)[126].

David Lynch Foundation

Il s'engage en faveur de la David Lynch Foundation et intervient par vidéo au cours d'un gala de bienfaisance donné le 13 décembre 2010 au Metropolitan Museum of Art de New York présenté avec le slogan « Le changement commence de l'intérieur », avec Russell Brand, David Lynch, John Hagelin, et les témoignages de Paul McCartney, et de Martin Scorsese.

Le but de la fondation est d’aider, à l'aide de la méditation transcendantale, les vétérans et les militaires atteints du syndrome de stress post-traumatique ainsi que les sans-abris, et les étudiants par cette méthode.

Clint Eastwood déclare : « Quand vous considérez les angoisses du combat que nos hommes et femmes des forces armées endurent, alors il est clair que la méditation transcendantale est un outil formidable pour eux »[127] et « Je suis un partisan inconditionnel de la méditation transcendantale, que je pratique depuis près de 40 ans »[128],[129].

Musée de la police

Le National Law Enforcement Officers a annoncé le 18 juillet 2011 que Clint Eastwood a accepté la place de président d'honneur d'un musée sur la police[130]. Ce musée, qui ouvrira ses portes durant l’année 2013 à Washington, à côté d'un mémorial rend hommage aux 19 298 policiers tués en service depuis 1791, est en fait dédié à l'histoire et au rôle des forces de sécurité américaines. Clint Eastwood s'est dit « très honoré de contribuer à raconter l'histoire héroïque du métier et du dévouement » ; d'avoir été choisi comme président d'honneur : l’acteur et réalisateur avoue se sentir très concerné par ce métier qui perd des milliers d'hommes et de femmes chaque année : « police mérite cet hommage. Un policier est tué en service toutes les 53 heures aux États-Unis. Malgré les risques, 800 000 femmes et hommes travaillent chaque jour pour nous servir et nous protéger »[131],[132]. Son rôle sera de présenter au public les diverses expositions du musée. Sa notoriété permettra également au musée de rassembler les fonds manquants qui devraient permettre au musée d'ouvrir ses portes.

Par ailleurs, il existe un poste de police australien portant le nom de Clint Eastwood[133].

Style de vie

Peinture murale représentant le visage de profil de Clint Eastwood
Représentation de la silhouette d'Eastwood sur un bâtiment

Clint Eastwood, qui a toujours été non-fumeur, prend conscience de l'importance de la santé et des aptitudes physiques dès l’adolescence : il se maintient en bonne forme physique et mange des repas sains dès lors. Alors qu'il devient célèbre durant la production de la série télévisée Rawhide, Eastwood apparaît souvent dans des magazines et des journaux qui traitent de son style de vie équilibré. Dans l'édition d'août 1959 du TV Guide, par exemple, Eastwood est photographié en train de faire des pompes et de donner des conseils sur le fitness et la nutrition : il préconise aux lecteurs de manger beaucoup de fruits, de crudités et de vitamines mais d'éviter les boissons sucrées et alcoolisées[L1 254].

Le 21 juillet 1970, le père d'Eastwood meurt d'un infarctus du myocarde à l’âge de soixante-quatre ans[L1 255]. Cela provoque un grand choc chez Clint Eastwood, dont le grand-père avait vécu jusqu'à l'âge de quatre-vingt-douze ans et avait eu un profond impact sur sa vie. Cet événement bouleverse Eastwood, comme le décrit Fritz Manes : « la seule mauvaise chose qui lui soit arrivée dans sa vie ». À partir de ce moment, il devient plus productif, travaillant plus rapidement tout en conservant son efficacité[L1 79]. Bien qu'il ait toujours été en bonne santé, sa prudence redouble après la mort de son père, ne buvant, par exemple, plus de spiritueux, et adoptant un régime plus rigoureux[L1 79]. Il reste cependant favorable à la bière et ouvre même un pub du nom de « Hog Breath's Inn » à Carmel-by-the-Sea en 1971[L1 256]. L'acteur et réalisateur détient également le Mission Ranch Hotel and Restaurant situé dans la même ville[134].

En 1975, Eastwood déclare publiquement qu'il pratique la Méditation transcendantale lors de The Merv Griffin Show, avec le fondateur de ce type de méditation, Maharishi Mahesh Yogi[135]. Depuis, il pratique cette méditation chaque matin pour se préparer à affronter la journée qui arrive[136].

Clint Eastwood détient, par ailleurs, le Tehàma Golf Club de Carmel-by-the-Sea. Ce club privé est composé d'approximativement trois cents membres. Le prix d'adhésion est d'environ 500 000 $. Il a également investi dans le Pebble Beach Golf Links, mondialement reconnu[137]. En plus d'être passionné de golf, Clint Eastwood est également très bon pilote d'hélicoptère[L1 6],[L1 57].

Dans la culture populaire

Suite à sa carrière, tant comme acteur que comme réalisateur et producteur, Clint Eastwood a vu son nom utilisé dans de nombreux médias, tels que le cinéma, la télévision, la musique ou encore la littérature et les jeux vidéo. La référence la plus fréquente à Eastwood est l'utilisation du personnage Harry Callahan et de son .44 Magnum issus de la série de l'inspecteur Harry. C'est par exemple le cas dans Casper où un personnage voit son reflet dans un miroir se transformer en Harry, et prononcer une réplique en référence à ce dernier. Dans Transformers, un autobot nommé Ironhide fait une impression d'Eastwood dans L'Inspecteur Harry. Par ailleurs, Jim Carrey fait à deux reprises allusion à Clint Eastwood, qui a jadis lancé sa carrière. Dans The Mask, son personnage sort de sa veste un arsenal de revolvers, en demandant « Do you feel lucky, punks? ». Puis, dans le film Bruce tout-puissant, Carrey réplique « Be careful what you wish for, Punk ».

« L’Homme sans nom » a souvent été réutilisé dans divers médias. Dans Retour vers le futur 3, Marty McFly se fait appeler Clint Eastwood, alors que le film parodie les westerns. D'ailleurs, dans Retour vers le futur 2, le personnage de Biff regarde à la télé Pour une poignée de dollars. Le personnage Roland de Gilead, créé par Stephen King, s'inspire aussi clairement du personnage d'Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand. Dans le clip vidéo de Prince Charming, interprété par Adam and the Ants, on peut voir le chanteur habillé comme Eastwood dans Le Bon, la Brute et le Truand.

D'autres fois, c'est seulement le nom d'Eastwood qui est utilisé. On peut le trouver dans l'attraction The Great Movie Ride, dans le jeu vidéo Serious Sam : Second Contact, et Gorillaz a également interprété deux chansons intitulées Clint Eastwood et Dirty Harry.

Eastwood apparaît également à la télévision dans des publicités. La première, aux côtés de Jack Nicholson, concerne le tourisme en Californie[138],[139] ; Eastwood se trouve sur son terrain de golf favori, et Nicholson est assis dans les gradins du Staples Center. La seconde est contre la drogue[140],[141] et la dernière concerne le lait[142].

Distinctions

Clint Eastwood portant le costume de docteur de l'Université du Pacifique, en train de recevoir son prix
Clint Eastwood reçoit l'Honorary Degree de la part de l'Université du Pacifique

Le 22 août 1984, le Grauman's Chinese Theater sur l'Hollywood Boulevard fait l'honneur à Eastwood de laisser ses empreintes dans le ciment qui le devance[L1 85]. Par ailleurs, l'acteur et réalisateur reçoit de l'American Film Institute le Life Achievement Award en 1996 et l'Honorary Degree en 2009. Il fait aussi partie des deux seuls artistes à avoir été nommés à la fois pour l’Oscar du meilleur acteur et du meilleur réalisateur pour le même film : Impitoyable (1992) et Million Dollar Baby (2004)[N 36]. En 2005, il devient ainsi le réalisateur le plus âgé à recevoir un Oscar. Eastwood fait également partie des réalisateurs ayant gagné un Oscar qui sont aussi connus pour leur réalisation que pour leur interprétation dans un film.

Clint Eastwood a reçu de nombreux prix durant sa carrière, tels que le Kennedy Center Honors. En 1995, l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences lui décerne l'Irving G. Thalberg Memorial Award pour la créativité dont il a fait preuve durant toute sa carrière de producteur[L2 13]. En 2006, il reçoit l'Honorary Degree de la part de l'Université du Pacifique et un prix similaire de l'Université de Californie du Sud en 2007. Pour ses compositions, Eastwood a notamment été nommé à un Grammy Awards en 2006 ; il a gagné le Satellite Award de la meilleure chanson originale en 2007 et il a été nommé à deux reprises au Critics Choice Awards du meilleur compositeur. En 2007, il est le premier prétendant au Jack Valenti Humanitarian Award pour son travail sur Mémoires de nos pères et Lettres d'Iwo Jima, une cérémonie annuelle présentée par la MPAA[143].

Photographie de la partie du California Hall of Fame réservée à Clint Eastwood, on y voit des photographies le représentant ou des objets caractéristiques de ces derniers
Eastwood au California Hall of Fame

Le 6 décembre 2006, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, et la Première Dame Maria Shriver font entrer Eastwood dans le California Hall of Fame. À la fin de l’année suivante, en France, Eastwood est décoré de la Légion d'honneur. Le président français de l'époque, Jacques Chirac, a déclaré qu'il donnait « à comprendre la complexité de l’Amérique, avec sa grandeur et avec ses fragilités, avec l'élan de ses rêves et avec ses interrogations inquiètes »[144].

Le 22 septembre 2007, Clint Eastwood est nommé Docteur en Musique par le Berklee College of Music durant le Monterey Jazz Festival. Il a longtemps fait partie du conseil d'administration de cette université. En recevant cette distinction, Eastwood déclare dans son discours qu'il s'agit de « l’un des plus grands honneurs [qu'on lui ai] fait »[145]. L'année suivante, il reçoit du National Board of Review le prix du meilleur acteur pour sa performance dans Gran Torino[146].

Ordre du Soleil levant qu'a reçu Eastwood

Le 29 avril 2009, le gouvernement japonais annonce qu'Eastwood a reçu l'Ordre du Soleil levant avec des raies d'or et un ruban, ce qui représente la troisième plus grande des huit classes associées à ce prix[147]. À la fin de l'année, il est nommé Commandeur de la Légion d'honneur[144]. En 2010, il est couronné par l'American National Medal of Arts pour son service et sa contribution à l’art cinématographique national. Il s'agit de la plus haute récompense décernée à un artiste en Amérique. Parmi les prix pour lesquels il a été nommé, on trouve notamment six Oscars, trois BAFTA Awards, deux Prix David di Donatello, deux Césars, neuf Golden Globes et quatre Saturn Awards. En outre, il a fait partie à cinq reprises de la sélection officielle du Festival de Cannes et il a remporté deux récompenses à la Mostra de Venise. Parmi les prix qu'il a gagnés, il y a quatre Oscars, trois Césars, deux DGA Awards, deux Golden Globes, sept Kinema Junpo Awards, deux Satellite Awards et une Palme d'honneur lors du Festival de Cannes 2009.

Notes et références

Notes

  1. À noter par ailleurs que la biographie autorisée écrite par Richard Schickel sous le titre Clint Eastwood ne dévoile aucun trait des origines de l'acteur et réalisateur Clint Eastwood.
  2. (en) This is just a wonderful one, it goes to everybody i can think off. […] In the year of the woman, the greatest woman on the planet is here tonight — my mother, Ruth.
  3. Sonny est un terme familier anglais, diminutif de l'anglais son, c'est-à-dire fils. Sonny peut être traduit par « fiston », par exemple.
    (fr) familli.fr, « Sonny », consulté le 20 octobre 2009
  4. Où il côtoie Jackie Jensen, futur joueur star des Red Sox de Boston
  5. Cette théorie a été avancée par les premiers attachés presse de Clint Eastwood. Néanmoins, elle est vite considérée comme un mensonge : dès la sortie de Honkytonk Man, on apprend qu'il anéantissait tous les efforts de ses professeurs d'art dramatique qui cherchaient à lui donner un rôle dans leur pièce. Sally Rinehart Nero, professeur d'anglais et d'art dramatique, affirme que Clint Eatwood n'était inscrit à aucun de ses cours ou ateliers.
  6. I.e. le journal d'Oakland
  7. Les archives du lycée ne présentent toutefois aucune raison au départ de Clint Eastwood.
  8. a et b Cette théorie selon laquelle Eastwood aurait été remarqué par Arthur Lubin en personne durant le tournage de Francis chez les wacs est inexacte, car Eastwood avait déjà quitté Fort Ord quand le tournage eut lieu. Arthur Lubin est un réalisateur polyvalent sous contrat avec Universal, à l'apogée de son succès dans les années 1950. Clint est sans doute le « beau gosse » dont parle ces communiqués. Néanmoins, le réalisateur expliqua qu'une personne le conduisit à une station-service de Los Angeles où Clint travaillait. C'est là que les deux hommes se sont rencontrés pour la première fois.
  9. Voir les dialogues du passage où apparaît Clint sur Wikiquote : La Revanche de la créature.
  10. Anita Ekberg est d'ailleurs sans cesse prise en photographie devant la piscine de la Villa Sands, où elle arbore son célèbre maillot de bain en peau de léopard.
  11. Rawhide désigne un cuir non traité, ou le fouet fabriqué dans ce cuir.
  12. Le tournage s'effectue entre deux saisons de Rawhide, permettant à Eastwood de conserver son contrat avec les producteurs de la série. C'est d'ailleurs cet argument d'Irving qui a décidé Eastwood à accepter ce contrat.
  13. Ce qui équivaut à 1 500 000 € d'après (fr) « fxtop » (consulté le 9 novembre 2009).
  14. Un shérif à New York était initialement, avant la refonte du scénario, un remake de Rawhide. En effet, le scénario représentait un nouveau Rowdy du sud-ouest à New York, un peu perdu, qui s'essaye à faire la loi.
  15. Quand les aignes attaquent est un film de guerre, alors que Clint Eastwood n'avait jusqu'à présent joué que dans des westerns.
  16. À noter que ce film est le dernier de sa carrière.
  17. Toutefois, s'il est vrai qu'Universal ne lui propose pas, de 1969 à 1973, des scripts intéressants, la société n'est pas seule responsable. Don Siegel et Eastwood ont carte blanche pour travailler le script.
  18. Paul Newman refuse de jouer dans ce film, du fait de son pacifisme. Dans sa biographie, Let Me Entertain You, David Brown, co-producteur du film, assure pourtant qu'Eastwood était également quelqu'un de pacifiste.
  19. Eastwood n'ayant aucune notion d'escalade dut suivre une formation de quelques jours. Au cours de ce tournage, David Knowles, un alpiniste qui accompagnait l'équipe pour l'aider à travers la montagne, trouve la mort lors d'un éboulement.
    p. 323.
  20. C'est ainsi, par exemple, que son directeur de la photographie fait une chute de trois mètres, après laquelle il doit réapprendre à marcher, son côté gauche étant resté paralysé durant plusieurs jours.
  21. De son côté, Sondra Locke est mariée au même homme depuis son adolescence. Mais il s'agit plus d'un « mariage de façade ». En effet, lorsque le couple a emménagé à Hollywood, Anderson s'est rendu compte qu'il est homosexuel.
    p. 378.
  22. Eastwood ne désirait plus avoir d'enfant, il déclare même que c'est Maggie Johnson qui avait voulu en avoir avec lui. Il pense que cela nuirait à leur couple.
  23. Qu'Eastwood incarne pour la première fois un héros fanfaron.
  24. Le film réalise toutefois un score tout à fait bon à la fin de son exploitation : 80 000 000 $, voire la section filmographie de l'article (année 1980).
    (en) Box-office mojo, « Every Which Way But Loose », consulté le 6 janvier 2010.
  25. Dans le roman de Clancy Carlile, c'est le personnage d'Eastwood, Red Stoval, qui propose à son neveu, Whit, de fumer un joint. Pour garder l'image de l'homme bien, Eastwood modifie la scène : c'est un étranger qui fume le joint sous la table où est installé Whit, qui inhale donc de la fumée accidentellement. De plus, la Packard devient une Lincoln Continental. L'univers musical souhaité par Carlile est aussi entièrement modifié, tendant à être plus commercial.
  26. L'actrice Sondra Locke, à l'époque, avait peur que son image reste jamais associée à celle de l'homme qui partageait sa vie.
  27. Il avait préféré terminer un script pour la Columbia Pictures avant celui d'Eastwood.
  28. Le personnage de Sondra Locke élimine plusieurs des hommes qui ont violé sa sœur, dont George Wilburn et Kruger.
  29. Variety a même publié à ce sujet : « Certains ont pensé que le ministre socialiste aurait été gêné d'honorer personnellement une star amerloque dont les films d'action avaient de par le passé été fréquemment accusés d'être porteurs d'une idéologie de droite ».
  30. Kyle Eastwood a déjà vingt ans, alors qu'Alison en a seize. Cette dernière dira cependant, à l'occasion d'une interview : « je ne crois pas que ça [notre éducation] ait eu un impact sur sa décision ».
  31. Selon Clint Eastwood : Une légende, c'est ce motif qui l'a poussé à accepter de prendre en charge le projet.
  32. Clint Eastwood - Libertarian sur USA Today, 25 janvier 2004 « I like the libertarian view, which is to leave everyone alone » (j'aime la vision libertarienne, qui consiste à laisser tout le monde tranquille).
  33. À propos de la chasse, après une remarque de Hillary Clinton : « I don't go for hunting. I just don't like killing creatures. Unless they're trying to kill me. Then that would be fine. » (« Je ne chasse pas. Je n'aime pas tuer les animaux. Sauf s'ils essaient de me tuer. Alors ça va. »). Clint Eastwood targets the legacy of Dirty Harry sur Los Angeles Times, 1er juin 2008.
  34. Sur The Other Son sur Los Angeles Times, 19 octobre 2008, p. 4 : « Crimes against children are the most hideous of all. I think they would be on the top of my list of justification for capital punishment »
  35. Toutefois, quant à l'entrée d'Eastwood au Bohemian Club, rien n’a jamais été prouvé, et l’acteur et réalisateur n’a jamais déclaré appartenir à un tel groupe. Il ne l’a toutefois jamais réfuté. Affirmer que Clint Eastwood appartient donc au Bohemian Club est impossible, il ne s'agit là que de suppositions à ce sujet, suppositions basées par exemple sur les voyages d'Eastwood à Monte Rio, lors des réunions du Bohemian Club.
  36. L'autre homme est Warren Beatty pour Heaven Can Wait et Reds.

Références

Clint Eastwood : Une légende

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Autres

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Voir aussi

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Article connexe

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article
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Films biographiques

Clint Eastwood : 35 ans de carrière, 35 films. Coffret DVD distribué par Warner à l’occasion des trente cinq années de carrière d'Eastwood
  • 1976 : Harry Callahan / Clint Eastwood: Something special in films
  • 1976 : Eastwood in Action
  • 1982 : Clint Eastwood: Director (téléfilm)
  • 1989 : Eastwood & Bronson: Pablihasa detektib
  • 1992 : Eastwood… A Star (téléfilm)
  • 1992 : Eastwood & co: Making 'Unforgiven' (téléfilm)
  • 1992 : Clint Eastwood on Westerns (téléfilm)
  • 1993 : Clint Eastwood: The Man from Malpaso (téléfilm)
  • 1996 : The American Film Institute Salute to Clint Eastwood (téléfilm)
  • 1997 : Eastwood on Eastwood (téléfilm)
  • 1997 : Eastwood After Hours: Live at Carnegie Hall (téléfilm)
  • 2000 : American Masters: Clint Eastwood, Out of the Shadows (téléfilm)
  • 2003 : Biography: Clint Eastwood, Gut Instinct
  • 2010 : The Eastwood Factor (documentaire)

Liens externes

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  • Clint Eastwood — Para otros usos de este término, véase Clint Eastwood (desambiguación). Clint Eastwood Clint Eastwood en 2008. Nombre real Clinton Eastwood Jr. Nacimiento …   Wikipedia Español

  • Clint Eastwood & General Saint — were a reggae deejay duo of the early 1980s, consisting of Clint Eastwood (b. Robert Brammer[1]) and General Saint (b. Winston Hislop[2]). Noted for putting on lively, theatrical and humorous performances, Eastwood and Saint came to be known as a …   Wikipedia

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