Claude Gueux

Claude Gueux
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Claude Gueux
Auteur Victor Hugo
Genre roman
Pays d'origine Drapeau de France France
Lieu de parution Paris
Date de parution 1834
Chronologie
Notre-Dame de Paris
Les Misérables

Claude Gueux est un bref roman de Victor Hugo paru en 1834 et dénonçant la peine de mort. L'histoire est en partie fondée sur des faits réels.

Sommaire

Genèse du roman

Victor Hugo achève la dernière préface du Dernier Jour d'un condamné en 1832. Quand il découvre dans la Gazette des tribunaux du 19 mars 1832, le compte rendu du procès d'un certain Claude Gueux condamné à mort pour meurtre, il y découvre comme un écho de son plaidoyer contre la peine de mort et décide alors d'en faire un roman. Il retranscrit donc la vie de Claude Gueux dès son entrée dans la prison jusqu'à son exécution en passant par les motifs de son crime et son procès. Suit ensuite une longue réflexion de Victor Hugo sur les rôles et les devoirs de la société face au criminel.

« Mais pourquoi cet homme a-t-il volé ? Pourquoi cet homme a-t-il tué ? » sont les questions que Claude Gueux pose au tribunal. Victor Hugo répond :

«  Le peuple a faim, le peuple a froid. La misère le pousse au crime ou au vice, selon le sexe. »

Selon Victor Hugo, le peuple est malade mais la société n'utilise pas les bons remèdes et il conclut

« Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la ; vous n’aurez pas besoin de la couper.  »

Présentation

Éveil des consciences sur la peine de mort et le rôle de l’État dans l’éducation du peuple ; le lecteur trouvera en Claude Gueux un véritable guide moraliste. L’effet produit est celui d’un miroir qui refléterait l’affligeante vérité des classes ouvrières.

La nouvelle prend des allures de brasier, le peuple brûle, l’État l’encourage. L’énergie d’activation est la véhémence du ton de l’auteur, engagé contre la misère. La peine de mort est signe de déclin, d’une société qui croit progresser en encourageant le peuple au vice.

Pour l’auteur il faut agir en amont du problème, soit investir dans le peuple par l’éducation. Enfin, une note est introduite au début de la nouvelle, il s’agit d’une lettre où il est dit que Claude Gueux aurait été distribuée aux cinq cents députés de France de l’époque. L’auteur semble vouloir mener les esprits vers une société avec laquelle le peuple pourra aspirer à une vie meilleure.

La structure schématique de la nouvelle repose sur trois parties distinctes.

Avant la prison (p. 11), cette première partie introduit le personnage de Claude Gueux, profil d’un homme puni, qui a voulu garder sa dignité de père face à son enfant. Ce qui en résulte, cinq années à la maison centrale de Clairvaux ; comme énoncé précédemment, le cadre choisi pour la nouvelle correspond à celui de l’authentique histoire de Claude Gueux. Le rythme saccadé des phrases et la brutalité des mots participent au cheminement du lecteur sur la voie de la réflexion. Cette première partie recherche l’attention de son auditoire, elle est la promesse de la continuité de l’écoute et suscite donc sa curiosité. L’auteur établit un lien fort entre le personnage principal et le lecteur, celui-ci s’investit moralement et semble participer à l’histoire, il est néanmoins limité à son siège de spectateur, sans aucune interaction possible.

De l’incarcération à l’échafaud (p. 12-43), cette seconde partie se détache des deux autres, la narration tient une place plus importante. En effet, les idées que l’auteur développe sur la peine de mort, dans la troisième partie, prennent appui sur le récit précèdent qui devient alors une illustration des propos avancés. Dans cette seconde partie, Claude se lie d’amitié avec un autre détenu, Albin, qui partage sa maigre ration de nourriture avec lui. Le directeur des ateliers, surnommé M-D, n’apprécie pas le condamné Claude, celui-ci semble exercer trop d’autorité sur ses camarades prisonniers. Aussi, M-D décide-t-il de changer Albin de quartier de prisonnier. Claude essaie de récupérer son camarade, mais le directeur n’agit pas. Désespéré, il décide de l’assassiner et tente de se suicider. Il survit, l’autre meurt, la maison centrale de Clairvaux devait se débarrasser de l’un des deux. Claude est jugé et condamné à la peine capitale.

L’État, l’instruction publique et la peine de mort (p. 44-50), cette troisième et dernière partie clôt l’histoire sur la volonté de l’auteur de nous faire réfléchir sur la vraie culpabilité de Claude, l’État ne saurait-t-il pas également responsable et de quelle façon ? Véritable plaidoirie que nous propose Victor Hugo, toujours plus investi dans la détresse des opprimés.

Résumé

Paris, début dix-neuvième, en 1826 ou 1827. Vivait là un homme nommé Claude Gueux, concubin d’une prostituée et père d’un enfant de cette fille.

Un hiver, le feu et le pain manquèrent, l’homme vola, la fille et l’enfant en eurent pour trois jours de pain et de feu, Claude eu cinq ans de prison à la maison centrale de Clairvaux. La nuit au cachot, le jour à l’atelier. Voici comment on recycle les détenus. Claude, fit peu de temps après son incarcération, la connaissance du directeur des ateliers, M-D.

En accord avec le pénitencier, celui-ci est froid, stoïque, opiniâtre et semble adresser à Claude une hostilité particulière.

Au bout de quelques mois, Claude acquis une certaine autorité sur la chiourme. Il génère une déformation autour de laquelle gravitent ses camarades. L’attraction qu’engendrent ces inégalités entre lui et les autres détenus est doublée du ressentiment des geôliers et en particulier de celui du directeur des ateliers. La ration attribuée aux détenus est insuffisante pour Claude, en effet il était grand mangeur.

Voilà comment de la faim naît l’amitié : son pain et sa viande l’importunaient, l’autre en avait trop, il se saisit de la ration et la partagea en deux parts égales, il en fut convenu ainsi tous les jours.

L’autre s’appelle Albin, il avait volé lui aussi, les deux hommes étaient l’un pour l’autre un univers particulier dans lequel ils partageaient tout. Un jour, il eut décision prise de changer Albin de quartier, M-D en avait décidé ainsi, Claude supporta difficilement la séparation et tenta de persuader le directeur de lui rendre Albin.

Les deux personnages se heurtent en permanence. Pourquoi avoir changé Albin de quartier, quelle est la raison de tant d’agressivité, Claude devait se contenter d’un simple -parce que-. Le directeur l’affronte, sauf que dans ce duel les deux adversaires ne partagent pas les mêmes chances de réussite. Sa position de détenu impose une limite à ne pas franchir, aussi va-t-il être tenté de s’affranchir de cette limite. Claude fixe au directeur une date à partir de laquelle il lui donne neuf jours pour lui rendre Albin. M-D ne s’en préoccupe pas.

Il y a élaboration d’un plan, il réussit à se procurer une hache et des ciseaux, le rendez-vous est fixé pour vingt-et-une heures. Le directeur est là, Claude l’attend, le prévient une dernière fois et lui arrache la vie de cinq coups de hache. Il faut en finir avec l’autre maintenant, Claude se crève la poitrine avec les ciseaux, ceux de sa femme mais en réchappe. Claude vit, et admet son crime. Ses camarades avoueront les faits et Claude sera condamné à la peine de mort. Voilà comment l’État se priva de cette belle tête.

Protagonistes

Claude Gueux : En filigrane de ce personnage de la nouvelle de Victor Hugo demeure la véritable histoire d’un homme condamné, lui aussi à la peine de mort pour meurtre.

Claude Gueux c’est la figure d’un homme instable, il revêt différents masques qui permettent au lecteur de le considérer à la fois comme un être émouvant et un meurtrier. La plume de l’auteur empreinte dans cette nouvelle, un itinéraire singulier, la barbarie et la cruauté du personnage principal, ne semble pas étonnamment surprendre le lecteur.

Ce personnage joue donc deux rôles dans cette nouvelle, hormis celui de principal, il est un outil que l’auteur utilisera pour asseoir ses propos et orienter le peuple vers plus de clémence.

Il apparaît même comme noble en obéissant à sa dignité et au respect de sa personne. Le lecteur peut associer Claude Gueux au peuple qui souffre et par opposition à celui-ci le directeur des ateliers ou M. Delacelle, personnage désagréable, à l’État ; aussi le lecteur prend-t-il parti au message final de Victor Hugo.

Albin : Par analogie, ce prénom peut nous faire penser à l’aube, or à l’origine l’aube vient du mot albe qui désigne une chose qui a la pureté et la blancheur du blanc. L’aube indique un état de fraicheur, d’innocence et de jeunesse ; Albin est un personnage naïf et candide. En effet, il n'a que 20 ans, il est maigre et pâle, malgré sa timidité c'est lui qui se dirige dans un premier temps vers Claude, epuisé par la faim, lui proposant son pain.

Les deux personnages étaient heureux ensemble, M.D n'avait aucune raison de les séparer. Le but est seulement de se venger de Claude Gueux, qui exerçait une autorité et une admiration inconsciente sur les détenus, et, grâce à Claude, il n'y avait pas de soulèvements dans cette prison. M.D était jaloux et haineux.

Le prénom attribué au protagoniste correspond donc à ses attributs moraux. L’auteur propose deux personnages opposés, Albin est comparé à un enfant alors que Claude à un vieillard, le personnage de Claude se lie d’amitié avec le timide Albin et une relation de paternité s’installe entre les deux détenus.

Deux Justices

Dans Claude Gueux l’auteur propose deux perceptions différentes de la justice qui rivalisent. Ces oppositions renvoient à la difficulté de désigner le vrai coupable. En effet, le personnage principal et ses intentions délictueuses ne sont que la condamnation à mort du directeur. Les valeurs de la justice condamnent à la même peine capitale le personnage principal, la barbarie est la même, seul les principes diffèrent. La nouvelle se positionne donc entre ces deux opinions et amène le lecteur à s’interroger sur quelle serait la plus juste- Faut-il faire respecter le droit par la force ou la force par le droit ?-

Un réquisitoire contre la peine de mort

Victor Hugo utilise l'histoire véridique de Claude Gueux pour argumenter contre la peine de mort. Il est donc fort possible qu'il ait embelli la vérité dans son récit. Ainsi Claude Gueux est décrit d'une façon normalement réservée aux héros et le directeur, comme un être mauvais. La réflexion de Victor Hugo porte sur les raisons qui poussent un homme à commettre un crime ; les racines de ce mal, il les remarque avant tout dans la pauvreté et l'injustice sociale.

Dans le roman, Claude Gueux est un ancien ouvrier condamné à 5 ans de prison pour avoir volé. Comme le dit Victor Hugo en personne, il résulta de ce vol trois jours de pain et de feu pour la femme et l'enfant et cinq ans de bagne pour l'homme. Personnage illettré, il gagne le respect et l'admiration des autres prisonniers par son calme et sa pondération. Sa popularité qu'il aura parmi ses codétenus finira par susciter la jalousie du directeur de l'atelier. Celui-ci va contribuer à lui rendre la vie impossible. Claude Gueux trouve en prison un ami, Albin, qu'il va se voir retirer par le directeur des ateliers M.D. Claude va alors essayer de le convaincre de remettre Albin dans son quartier, mais M.D. refuse obstinément…Claude décide alors de le tuer et sera condamné à mort pour ce crime.

L’auteur mène un réquisitoire contre une société qui joint à ce qu’elle appelle la justice, la peine de mort, c’est-à-dire comment faire de la sauvagerie l’alliée du droit.

Claude Gueux : le personnage réel

Pour appuyer son argumentation, Victor Hugo, tout en reprenant les grands traits du personnage en a gommé les aspects qui pouvaient plaider contre lui. Grâce aux archives de la prison[1], on peut dessiner un autre portrait de Claude Gueux.

Claude Gueux est le fils d'un voleur lui même prisonnier qui va mourir en prison. Il est d'abord condamné à 5 ans de réclusion pour vol domestique. Durant cette période d'incarcération qu'il passe à Clairvaux, il commet une tentative d'assassinat envers le gardien-chef, acte pour lequel il est condamné à une peine de prison à Troyes. Condamné à nouveau à 8 ans de réclusion pour vol avec circonstances aggravantes, il purge sa peine de nouveau à la prison de Clairvaux et c'est là qu'il finit par tuer le gardien-chef. D'après le directeur de la prison, l'aura de Claude Gueux sur les autres prisonniers est bien réelle, l'argument de Claude Gueux sur la privation de double ration est avéré. Quant au rôle joué par son ami Albin, il fut, d'après le directeur de la prison, déterminant.

Adaptations

En mars 2009, pour la série Contes et nouvelles du XIXe siècle, le roman fait l'objet d'une adaptation télévisuelle, et le rôle de Claude Gueux est confié à l'acteur Samuel Le Bihan.

Voir aussi

Notes et références

Bibliographie

  • Dominique Fey en collaboration avec Lydie Herbelot, Crimes et châtiments dans l'Aube, de la Révolution à la veille du XXe siècle., Éditions Dominique Guéniot. Les auteurs comparent le Claude Gueux de Hugo avec le vrai Claude Gueux en confrontant le texte de cet immense écrivain avec les archives de l'Aube et les Archives nationales.

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