Château du hâ

Château du hâ

Château du Hâ

Château du Hâ

Détail de la tour et mur d'enceinte
Détail de la tour et mur d'enceinte

Présentation
Période ou style Forteresse
Début construction 1454
Propriétaire actuel État français, Conseil général de la Gironde
Destination actuelle Palais de justice de Bordeaux
École nationale de la magistrature
Classement Logo monument inscrit.svg Inscrit MH (12/04/1965)
Géographie
Latitude
Longitude
44° 50′ 11″ Nord
       0° 34′ 46″ Ouest
/ 44.836389, -0.579444
 
Pays France France
Région historique Aquitaine
Département Gironde
Commune Bordeaux
  Géolocalisation sur la carte : France
France location map-Regions and departements.svg
Château du Hâ

Le Château du Hâ, aussi nommé Fort du Hâ, est une ancienne forteresse de Bordeaux, dans laquelle sont abrités actuellement le Palais de Justice et l'école nationale de la magistrature. Il a été construit par décision du roi Charles VII, immédiatement après la reprise définitive de Bordeaux aux Anglais en 1453. Il est inscrit monument historique le 12 avril 1965[1].

Sommaire

Historique

La fin de la guerre de Cent Ans

Le 17 juillet 1453 se déroule la bataille de Castillon, qui marque la fin de la guerre de Cent Ans. Peu de temps après cette victoire, le roi de France Charles VII ordonne la construction château Trompette et du Far (devenu du Hâ) pour « tenir aux Bordelais le fer au dos » et pour protéger le pays contre une nouvelle offensive anglaise.

Le premier document faisant allusion à cette décision est une délibération d'un administrateur du temporel de l'abbaye Sainte-Croix de Bordeaux en date du 12 novembre 1455 concernant son collègue Jean des Vignes, lequel avait été chargé de « I'édifice des chasteaux nouvellement ordonnés être fais dedans ladite ville de Bordeaux ».[2]

Jean des Vignes est considéré par beaucoup comme l'architecte du château du Hâ. Toutefois, en se fondant sur des similitudes dans les caractéristiques architecturales, le nom de Mathieu de Fortune, constructeur du château Neuf de Bayonne, a pu être avancé, Jean des Vignes n'aurait été alors que le maître d'œuvre.[3]

Pour s'être ralliée aux Anglais malgré sa reddition à Dunois en 1451, Bordeaux dut, ainsi que d'autres villes de Guyenne, supporter le coût des constructions.

La première pierre a été posée le 24 janvier 1456. Le premier usage du château a été d'abriter une partie des troupes royales constituant la garnison de Bordeaux.

Le palais ducal

En 1470, le château du Hâ devient la résidence de Charles de Valois, nommé duc de Guyenne par son frère Louis XI. Le château, devenu le siège d'une cour brillante, connut alors une époque de splendeurs jusqu'au décès de Charles de Valois qui y mourut le 24 mai 1472.[4]

Le 19 août 1548, le château du Hâ, où s'étaient réfugiés les percepteurs de la taxe, lors des troubles de la gabelle, est pris. Mais, le lieutenant général de Guyenne, Tristan de Monenh, est massacré lors de l'intervention de la garnison du Hâ contre les insurgés. La répression est conduite par le connétable Anne de Montmorency, envoyé rétablir l'ordre.[5]

Le 15 décembre 1562 Charles de Coucy, seigneur de Burye, lieutenant général de Guyenne, demande comme logis le château du Hâ dit « la Maison du Roy ». Il ne l'obtiendra qu'en 1563 après le décès d'Antoine de Noailles lequel, bien que maire de Bordeaux, occupait les lieux en qualité de capitaine du Hâ.[6]

Les guerres de Religion

En octobre 1572, le château sert de refuge aux protestants après la Saint-Barthélemy. Le baron de Merville, Jacques d'Eescars, gouverneur du Hâ, sénéchal de Guyenne, y abrite notamment Benoist de Lagebaston (pourtant catholique), premier président du parlement de Bordeaux et Guillaume Leblanc, célèbre avocat.

Le 1er décembre 1593, le maréchal de Matignon, lieutenant général de la province, s'empare du château pour éviter que la Ligue ne livre Bordeaux aux Espagnols. Conscient de l'importance de la forteresse, Henri IV avait donné dès le 23 mars 1593 des instructions en vue de « s'asseurer du chasteau du Hâ ».

Le 8 août 1604, Henri IV, craignant toujours que le fort ne serve aux Ligueurs, prit prétexte d'un duel ayant opposé le baron de Merville à un officier du maréchal d'Ornano, lieutenant général de Guyenne, pour ordonner « de faire démolir toute la fortification sans plus y tenir aucune garnison ». Mais, le roi arrête les travaux de démolition par lettres patentes du 31 octobre 1604.[7]

Le règne de Louis XIV

En septembre 1650, le château du Hâ participe à la défense de Bordeaux contre le siège des troupes royales sous la Fronde.

En 1654, Louis XIV fait réparer le château et ajouter quelques constructions.

Le 20 avril 1680, l'ingénieur Vauban, maréchal de France, rédige à Bayonne un mémoire sur les travaux à exécuter pour fortifier le « Chasteau du Haa », le château Trompette et le Fort Sainte-Croix. Quelques transformations sont entreprises.[8]

Le XVIIIe siècle

En 1731, une prison civile est installée au Hâ.

Le 20 juin 1777, l'empereur d'Allemagne, Joseph II, en voyage à Bordeaux, incognito, sous le nom de comte de Falkenstein, visite le château.

En août 1785, par lettres patentes Louis XVI ordonne la démolition du Château Trompette et partant la construction de nouvelles casernes au Fort du Hâ. L'édification des nouveaux bâtiments est confiée en novembre 1786 à l'architecte Victor Louis. Ses plans et devis furent acceptés le 18 mars 1788, mais le projet ne sera pas réalisé du fait de la Révolution.

Pendant la Révolution

En septembre 1790, la Tour des Anglais est cédée à la ville, dont les prisons sont pleines, « comme étant une prison très sûre et très commode ».

Le 10 juillet 1791, un décret prévoit la suppression et la vente du fort du Hâ, du fort Louis et du château Trompette. Néanmoins, à la suite des demandes formulées par le directoire départemental, le Hâ est laissé à la disposition du département pour y établir ses prisons.

Pendant la Terreur, le fort du Hâ est bientôt déclaré propriété nationale et devient prison d'État. Nombre des détenus qui y sont incarcérés y attendent leur condamnation à mort par la Commission militaire de Gironde, siégeant dans l'ancienne chapelle des Minimes, jouxtant la prison. Son président, Jean-Baptiste Lacombe, sera à son tour emprisonné au Hâ quelques jours après le 9 Thermidor an II et guillotiné le 14 août 1794.[9]

Parmi les très nombreux prisonniers du Hâ, on citera notamment :

    • le journaliste Romain Duperier à qui sa détention du 15 octobre 1793 à fin 1794, inspira un poème héroi-comique: « Les Prisons».
    • Armand Saige, maire de Bordeaux, exécuté le 25 octobre 1793.
    • le chroniqueur Bernadau, incarcéré du 18 octobre 1793 au 4 mars 1794.
    • Jacques Duranton, avocat au Parlement de Bordeaux devenu, pendant quelques mois de 1792, ministre de la Justice de Louis XVI, décapité le 20 décembre 1793.
    • Thérèse Cabarrus, arrêtée probablement en novembre 1793, en application de la lois des suspects, elle sera sauvée par Tallien, l'un des quatre représentants en mission à Bordeaux, qui ne tardera pas à l'épouser. Sa présence au Hâ est avérée malgré la disparition de tout document officiel.

Le XIXe siècle

En 1835, commencent les travaux de démolition du fort du Hâ en vue de la construction du nouveau palais de Justice et de la future prison du Hâ. Ne seront conservées de l'ancien château que les deux tours qui subsistent encore.

Le 14 août 1845, la Tour dite des Anglais et la Tour des Minimes sont inscrites dans la « liste des monuments historiques du département de la Gironde ».

Le 19 novembre 1846 a lieu l'inauguration des bâtiments neufs construits par l'architecte Joseph Thiac. La nouvelle prison a été conçue sur le modèle du système pénitentiaire en vigueur aux États-Unis, dans l'état de Pennsylvanie.

Le XXe siècle

Pendant l'occupation les nazis utilisent le fort comme prison politique pour y enfermer les opposants et les résistants, Édouard Daladier, Georges Mandel et le prince Louis Napoléon Bonaparte (prétendant au trône impérial en furent temporairement pensionnaires[10]. Lors de son interrogatoire en 1995 Maurice Papon indiqua que "le Fort du Hâ intéressait très étroitement la Préfecture car on se souvenait que les détenus avaient été le vivier des Allemands pour désigner les otages".[11]

En 1965, les deux tours, vestiges du château du Hâ, sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Le 12 juin 1967, la prison du Hâ est évacuée pour la nouvelle maison d'arrêt de Gradignan. Les travaux de démolition ne commenceront cependant que fin 1969.

En mars 1971, débute le chantier de la nouvelle école nationale de la magistrature, qui sera inaugurée solennellement le 12 décembre 1972.

Notes et références

Sources bibliographiques

  • Maurice Ferrus Un château historique: Le fort du Hâ éditions Feret et fils, 1922.
  • M. R. Bordes La vie au fort du Hâ sous l'occupation éditions Bière, 1945.
  • Jean-Jacques Déogracias Le fort du Hâ de Bordeaux éditions Les Dossiers d'Aquitaine 2006 Bordeaux ISBN 2846221286

Notes

  1. Fort du Hâ, sur la base Mérimée, ministère de la Culture. Consulté le 2 septembre 2009
  2. Jean-Jacques Déogracias Le fort du Hâ de Bordeaux p. 9
  3. Jean-Jacques Déogracias Ibid p. 9
  4. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 20
  5. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 23 et suiv.
  6. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 27.
  7. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 34.
  8. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 52-53.
  9. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 64-65.
  10. Jean-Jacques Déogracias ibid p. 88.
  11. http://abonnes.sudouest.com/papon/index.php?page=procedures&type=chambre

Voir aussi

Liens externes

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