Château Saint-Antoine

Château Saint-Antoine
Façade sud : côté jardin
Présentation
Type	Villégiature
Architecte	inconnu
Date de construction	1792 puis modifications importantes en 1909-1910
Protection	Demande d'inscription en cours auprès de la DRAC
Géographie
Pays	France
Subdivision administrative	Bouches-du-Rhône (13)
Localité	Marseille (11e)
Coordonnées	43° 17′ 16″ N 5° 29′ 19″ E / 43.287736, 5.48856943° 17′ 16″ Nord        5° 29′ 19″ Est / 43.287736, 5.488569
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Le château Saint-Antoine (ou Château de Saint-Antoine) est une grande bastide située dans le 11^e arrondissement de Marseille, au bout de la montée du commandant de Robien. Son style et sa blancheur rappellent la beauté des palais italiens. Il est la mémoire de l'héroïque commandant de Robien, l'un des propriétaires. Il est également présent dans l'esprit de tous à travers Le Château de ma mère de Marcel Pagnol. Il est aujourd'hui la propriété de la municipalité qui le laisse à l'abandon. Une association s'est créée afin de défendre ce patrimoine.

Historique

Le château et sa propriété tels qu’on les connaît aujourd’hui sont le résultat de multiples regroupements de parcelles et de constructions datant de différentes époques.

• 1762^[1] : Joseph Isoard, avocat, achète « La Miniarde », propriété située à l’est de la Barasse.
• 1792 : Jean-Baptiste Isoard, son héritier, l’agrandit en acquérant la propriété voisine « La Rousse ». À la place de l’ancienne bâtisse, il fait construire la partie centrale de l’actuel château et le nomme « La Rousse ».

• 1812 : Il regroupe toute une série de terres au sud de « La Maussane » séparées du domaine par la petite route d’Aubagne (actuelle avenue de St-Menet,D2).
• 1842 : Louis d’Alayer de Costemore achète le domaine.
• 1867 : François Philippe rachète le domaine à son tour.
• 1894 : Domaine vendu à Joseph Blanc.
• 1908 : Le comte Guy de Robien se rend acquéreur de la propriété et y fait ajouter deux ailes. Il renomme la demeure : « château Saint-Antoine ».

Après être resté dix années (de 1921 à 1931) propriété de monsieur Xavier Fine, homme d'affaires, le château a été acquis par la société d’électrochimie de La Barasse (UGINE) pour y loger des employés. Après la fermeture des usines en 1988, le château est racheté par la ville de Marseille au moment du projet de construction de la ZAC de la Valentine. Il est aujourd'hui à l'abandon. Étonnamment, il n'a pas été protégé, ni même recensé, durant la vague de recensement qui a permis, en 1996-1997, de faire inscrire à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le château de la Buzine, le château Régis et le château de la Reynarde.

Personnes importantes pour la postérité du lieu

• Marcel Pagnol

Canal de Marseille au nord du château. La famille Pagnol passait par là...

« Nous traversâmes quatre propriétés immenses. Dans la première, des parterres de fleurs entouraient un château à tourelles. Autour des parterres, il y avait des vignes et des vergers.
— Ici, dit Bouzigue, c'est le château d'un noble. Il doit être malade, parce qu'on ne le voit jamais.
— Si cet aristocrate nous rencontrait chez lui, dit mon père, ça pourrait lui déplaire. Moi, je n'aime pas beaucoup les nobles.
— C'est un comte, dit Bouzigue, on n'en dit pas de mal dans le quartier. »
Le Château de ma mère – Marcel Pagnol

Effectivement, ce « château à tourelles », appartenant à un comte, fait penser au château Saint-Antoine. Au début du XXe siècle, la famille Pagnol, après s’être arrêtée au terminus du tramway à la Barasse, traversait « illégalement » quatre propriétés privées, en suivant la berge du canal de Marseille afin de raccourcir leur parcours pour monter au petit village des vacances : La Treille. Leur traversée secrète dans ce domaine se transforma ensuite en une véritable partie de plaisir, le propriétaire y étant décrit comme quelqu’un de chaleureux et très accueillant, offrant tous les samedis les « Roses du Roy » à Augustine Pagnol. Le canal de Marseille traverse effectivement la propriété à l’ouest du château.

• Guy Léon Marie, comte de Robien

Issu d’une vieille et illustre famille de Bretagne, Guy de Robien naquit le 30 novembre 1857 au château de Robien, au Foeil près de Quintin (Côtes-d'Armor). Sorti de Saint-Cyr en 1877, il effectua sa carrière militaire pendant trente-cinq ans, dans différentes garnisons du Midi. Après avoir été nommé lieutenant en 1883, il devint capitaine en 1886. Il rêvait d’écrire une philosophie de l’Histoire qui devait embrasser pas moins de quinze volumes. Quatre seulement furent achevés, et seuls les deux premiers parurent.

En 1888, après s’être marié trois ans plus tôt à Marguerite Marie Blanche Halna de Fretay, il donna naissance à son fils Guy Léon Fortune Paul Marie de Robien, qui publia le livre L’idéal français dans un cœur breton, un livre qui retrace la vie de son père. C'est grâce à cet ouvrage que l’on connaît en détail la vie du comte ainsi que son passage au château Saint-Antoine qu’il nommait son « Oasis ».
En 1907, il prit sa retraite et, tombant amoureux de la Provence, racheta le château de « la Rousse » pour s’y retirer. Ce fut à cette époque que le commandant rebaptisa la demeure « château Saint-Antoine ». En effet, Louise Bouffier de Toulon, fondatrice de l’œuvre « Le pain des pauvres » dont le culte est voué à Saint-Antoine de Padoue, touchée par la foi profonde du comte, lui donna une statuette à l'effigie du Saint, avant de mourir en 1908. Le comte décida alors de l’installer dans sa petite chapelle située dans les étages afin de placer le château sous sa bienveillance. En 1914, alors que la guerre éclata, il se porta volontaire et devint lieutenant colonel de réserve affecté au 26e régiment d’infanterie. Il tomba au champ d'honneur le 5 janvier 1915, à Roclincourt dans le Pas-de-Calais.
Son passage marqua éternellement la propriété. Il fit notamment bâtir l’actuelle aile ouest du château, sur laquelle il fit sculpter un blason composé de deux lions rampants tenant l’écusson de la maison de Robien, le tout surmonté d’une couronne. Au-dessous, s’inscrit la devise « Sans vanité ni faiblesse » ainsi que « ROCH BIHAN », nom transformé au XIVe siècle en « de Robien ». D’après le livre de son fils, on apprend qu’il était très attaché à son parc qu’il arpentait tous les jours.

Il est fort probable que Pagnol se soit inspiré de cet homme pour le personnage du Comte. On sait, d'après le livre de son fils, que le Comte de Robien était apprécié des gens du village.

La situation actuelle

Façade sud, mai 2008

Façade nord, mai 2008

Depuis maintenant une vingtaine d'années environ, le château est la propriété de la ville de Marseille (ou plus exactement de « Marseille Aménagement », société d'économie mixte) qui le laisse à l'abandon le plus total.

• Étendue de la propriété

La parcelle du château a été réduite au nord. Elle demeure cependant assez vaste (environ 9 ha), bordée au nord par le nouveau centre pénitentiaire pour mineurs, au sud par l’Huveaune, à l’ouest par le canal et à l’est par le parc d'activités « Valentine Vallée Verte » (dont le bâtiment le plus proches est un centre de tri postal.

• Extérieur des bâtiments

Il n’apparaît aucun changement majeur dans la structure extérieure des bâtiments par rapport aux photos disponibles datant de la première moitié du XXe siècle. Cependant, la quasi-totalité des ouvertures est manquante ou partiellement détruite. Elles sont actuellement murées avec des parpaings. La toiture en tuiles, en mauvais état, présente des lacunes importantes. Une partie s'est effondrée durant l'hiver 2008-2009. Les dégâts se sont aggravés début 2010...

• Intérieur des bâtiments

Malheureusement, il ne reste quasiment plus rien de l’intérieur du château Saint-Antoine. Le temps n’est pas seul responsable de l’état actuel de la demeure. En effet, il a servi de lieu d’entrainement au G.I.G.N dans les années 90. Tous les paliers ont été détruits. Les pilleurs et squatteurs ont également contribué à la ruine de la bâtisse.

• Saint-Antoine au sein de la ZAC de la Valentine

Le château et son parc se situent au cœur de la Zone d’Aménagement Concerté de la Valentine. Au niveau du Plan Local d’Urbanisme, le terrain est divisé en plusieurs zones :

• • Pour le château et l’allée de platanes : UzvP (équipements publics collectifs)
  • Pour le terrain entourant le château : UzvDa (habitations à densité réduite).
  • Une partie au nord et à l’ouest est en zone UzvE (activités économiques)
  • Les espaces boisés situés à l’est et à l’ouest sont protégés.

Néanmoins, il a été prévu dans les règles d’urbanisme de la ZAC un article spécifique au château Saint-Antoine qui stipule que : « UzvE – 11 : Tout projet implanté à proximité du château Saint-Antoine et de son jardin fera l’objet d’un plan de détail établi en concertation avec les services de la Ville afin d’en assurer la bonne intégration [...] L’emploi, en façade, de matériaux exposés à la vue et présentant un aspect non fini est rigoureusement interdit. » Etant donné l’élégance de l’architecture de l’établissement pénitentiaire et la noblesse des matériaux utilisés, il semble que cet article du règlement d’urbanisme ait été totalement oublié…

• Valentine Vallée Verte

20 ha de terrain à l’est de Saint-Antoine ont été acquis par la société australienne GOODMAN afin d’y installer une vaste zone d’activité économique baptisée « Valentine Vallée Verte ». Les anciennes usines Nestlé seront réhabilitées afin de s’inscrire dans cette nouvelle zone. Des travaux sont en cours au sud-est de la parcelle du château. Une partie du parc a encore été amputée. Un centre de tri de La Poste a été construit le long de l'Huveaune, au sud-est du château.

L'Association

L'association se mobilise afin de faire connaître ce lieu au plus grand nombre. Des articles sont parus dans plusieurs périodiques, notamment dans VMF, sur le blog de Benoît de Sagazan (« Patrimoine en blog ») et sur le blog d'Isabelle Rambaud (« Rendez-vous du patrimoine ») : Lire le dossier de presse.

Aussi dans La Provence : Lire l'article de La Provence.

Un article a également été publié dans la revue Momus de février 2010.

Voir aussi

• Le site de l'association « Le château Saint-Antoine »
• Le myspace de l'association « Le château Saint-Antoine »

Bibliographie

• Guy de Robien (le fils du comte), L'Idéal français dans un cœur breton, Plon, 1917, « Une Oasis » 

• Marie Marques, Monuments Historiques n°198, Caisse Nationale des Monuments Historiques, 1995, « Qu'elle était belle ma vallée : les châteaux de la vallée de l'Huveaune. P.90-91 » 

Notes et références

1. ↑ Les dates sont données à 1 ou 2 ans près. Ce sont les dates issues du folio (Cadastre, Archives départementales)