Chronologie du débat sur le rôle de la France dans le génocide au Rwanda

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GÉNOCIDE AU RWANDA

Rwanda
Histoire du Rwanda
Populations des Grands Lacs
Ethnisme au Rwanda

Introduction
Événements initiaux
Causes du génocide
Acteurs rwandais
Communauté internationale
Institutions religieuses
Particularités du génocide
Conséquences du génocide
Justice internationale (TPIR)
Médias
Négationnisme

Glossaire et compléments
Bibliographie

Depuis le génocide, les autorités françaises et l'armée française ont été mises en cause dans le soutien qu'elles ont apporté avant et pendant le génocide aux élites au pouvoir jusqu'en 1994. Alors que d'autres pays comme la Belgique ou les États-Unis ont reconnu leur part de responsabilité dès la fin des années 90, les autorités françaises ont nié pendant de longues années toute responsabilité. Un débat animé par des ONG mais aussi des universitaires et des journalistes a conduit à une progressive révision des positions officielles à partir de l'année 2007.

Sommaire

1994-2004 : Des controverses qui ne touchent guère l'opinion ou les intellectuels

Durant cette période, le débat sur le rôle de la France connaît une étape significative, à savoir la Mission d'information parlementaire suscitée notamment par la série d'articles publiés par Patrick de Saint-Exupéry dans le Figaro en janvier 1998. Mais les dirigeants et la plupart des élites ne reprennent pas le doute sur le rôle de la France énoncé déjà avant et durant le génocide. Ainsi Claudine Vidal écrit : «  Depuis le génocide des Rwandais tutsis, perpétré en 1994, les interventions diplomatiques et militaires de la France au Rwanda, menées d’octobre 1990 à août 1994, ont fait l’objet de campagnes dénonciatrices menées par des publicistes. Il s’agissait, pour ces auteurs et leurs éditeurs, de révéler les agissements secrets et criminels imputés à de hauts responsables civils et militaires. De 1994 à 2004, la période étudiée, ces accusations ont convaincu surtout le milieu restreint des militants déjà engagés dans le dévoilement des complots politiques.  »[1]


1994

  • 21 septembre 1994 : Rwanda : autopsie d'un génocide (21/09/1994) Emission "Etat d'urgence" sur France 3 - l'équipe d'enquête s'est rendu entre autres dans les locaux vides de l'ancien ministère de la défense du gouvernement génocidaire et y a trouvé des traces de l'implication directe de l'armée française dans les combats opposant les troupes gouvernementales aux rebelles du FPR[2]

1998

  • Patrick de Saint-Exupéry publie une série d'articles dans Le Figaro sur le génocide dans la semaine du 12 au 16 janvier 1998 [3]. Dans un article paru en avril "France-Rwanda : des mensonges d'Etat", il rapporte des entretiens avec différents responsables politiques et militaires qui montrent entre autres que des militaires français étaient toujours au Rwanda durant le génocide [4]

2000

  • mars : Jean-Marie Colombani et Jacques Isnard sont déboutés en appel de leur plainte pour diffamation contre le livre de Jean-Paul Gouteux mettant en cause la couverture du génocide par le Monde entre avril et juin 1994[5],[6]

2003

2004 - 2008 : Vers une reconnaissance publique d'"erreurs" ou de "faiblesses"

2004

  • 2004, des livres, des films, des émissions de radio et de télévision ravivent les polémiques sur le rôle de la France au Rwanda.
  • Le général Roméo Dallaire, sur l'antenne de France-Inter, affirme qu'il a vu de nombreux militaires français dans les unités de l'armée du gouvernement intérimaire des FAR pendant la durée du génocide, en particulier dans la Garde présidentielle [8]
  • De leur côté, à l'initiative de l'association Survie, des ONG insatisfaites par les conclusions du rapport de la mission parlementaire sur le Rwanda, se sont auto-constitués en commission d’enquête citoyenne. À l'issue d'une semaine de travaux à Paris leurs « conclusions provisoires » ont été lues le 27 mars 2004 lors d'un colloque qu'ils ont organisé dans l'enceinte de l'Assemblée nationale française, en présence d'un des deux rapporteurs du rapport parlementaire, l'ancien député Pierre Brana.[9]
  • 7 avril 2004, un grave incident diplomatique eut lieu entre le Rwanda et la France lors des commémorations du génocide à Kigali. Au cours des cérémonies, le président rwandais accusa publiquement la France"d’avoir permis le génocide pour défendre ses propres intérêts", de ne pas s'être excusée de son rôle au Rwanda et de prétendre participer malgré tout aux commémorations. Renaud Muselier quitte précipitamment Kigali [10]
  • 11 mai 2004 : Le député Jean-Claude Lefort, qui fut membre de la Mission d'information parlementaire sur le Rwanda, dans une question écrite au gouvernement, souligne les nombreux témoignages qui mettent en cause le rôle de la France dans le génocide [11]. Le ministre des affaires étrangères Michel Barnier apportera une réponse publiée en 2005 au Journal Officiel, invitant à ne pas "entrer dans une polémique" et indiquant "Au moment du déclenchement des massacres, il n'y avait sur le terrain aucun soldat français autre que ceux de l'opération Amaryllis (9-14 avril), venus évacuer les ressortissants français et étrangers. Aucun coopérant ni aucun militaire français - est-il besoin de le dire ? - n'a donc pu participer, de près ou de loin, au génocide perpétré au Rwanda."[12]
  • En juillet 2004, les ministres des Affaires étrangères des deux pays conviennent de « partager un travail de mémoire » sur le génocide. Le Rwanda a annoncé quelques jours plus tard, selon une dépêche de l'AFP du 2 août 2004, que « le conseil des ministres a adopté le projet de loi organique portant création de la commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves de l'implication de la France dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 ». Le ministère des Affaires étrangères français « a pris acte » de la création de cette commission rwandaise.[réf. nécessaire]
  • Le 22 octobre 2004, le Tribunal pénal international pour le Rwanda demanda officiellement à la « République de France », de permettre à son ancien ambassadeur Jean Michel Marlaud et un de ses représentants militaires, l'officier Jean-Jacques Maurin, de répondre à la demande de la défense du cerveau présumé du génocide : le colonel Bagosora en cours de jugement. Le colonel Bagosora fut le premier officier rwandais ancien élève de l'École de guerre française. [2]
  • Le 27 novembre 2004, dans un débat télévisé sur France 3, après la projection du film «Tuez-les tous !» réalisé par trois étudiants de sciences politiques, le président de la mission parlementaire d'information pour le Rwanda, Paul Quilès envisage pour la première fois que « la France demande pardon au peuple rwandais, mais pas à son gouvernement »[réf. nécessaire].

2005

2006

  • 26 mars : la Cour d'appel de Paris déboute de leurs plaintes pour diffamation Jean-Marie Colombani et Jacques Isnard contre Jean-Paul Gouteux qui avait mis en cause dans ses livres la façon dont le journal Le Monde avait informé le public pendant le génocide[13]
  • 29 mai : La Cour d'appel de Paris confirme la recevabilité des plaintes[14] de quatre rescapés du génocide rwandais contre des militaires français [15]
  • Août : Création de l'association France-Turquoise qui a pour but, entre autres, de "participer, par tous les moyens appropriés, à l'établissement ou au rétablissement de la vérité sur l'action de l'armée française et des militaires français au Rwanda"[16]
  • 13 novembre : diffusion sur Arte du documentaire de Jean-Christophe Klotz « Des images contre un massacre »[17].
  • 21 Décembre : A l'occasion d'une interview réalisée à Kigali, Jean de Dieu Mucyo déclare au journaliste Serge Farnel détenir des preuves permettant de déférer de hauts responsables français devant une Cour de justice internationale [18].
  • Décembre :Rencontre organisée par l'ancien ministre Bernard Debré dans une salle de l'Assemblée nationale : , l'universitaire Bernard Lugan intervient notamment pour "dénoncer une "manipulation épouvantable qui fait que l'on accuse l'armée française alors qu'elle a été là-bas pour mettre fin au génocide, sauver aussi bien les Hutus que les Tutsis",[19]
  • 7 décembre 2006 : L'Ambassade de France à Londres dément formellement dans un communiqué [20] les accusations contenues dans un article du Times du 5 décembre de Andrew Wallis [21]. Ce journaliste et chercheur (Université de Bradford) avait également mis en cause le soutien français au gouvernement génocidaire dans son livre Silent Accomplice : The Untold Story of France’s Role in the Rwandan Genocide [22].

2007

Les plaintes contre les personnes soupçonnées de complicité dans le génocide restent en sommeil [23]

  • janvier 2007 : Le journaliste David Servenay et le chercheur universitaire Gabriel Périès publient Une guerre noire : à partir de nombreux témoignages et de documents inédits, les deux auteurs inscrivent la question de l'implication française dans le génocide dans le contexte de l'application de la "doctrine de la guerre révolutionnaire", développée dans les milieux militaires depuis les années 50-60.
  • 3 juillet 2007 : Le Monde publie un long article s'appuyant sur une fuite d'un dossier issu des archives de l'Elysée.[24]
  • 27 juillet 2007': à Dakar, Nicolas Sarkozy déclare : "La colonisation n'est pas responsable de toutes les difficultés actuelles de l'Afrique. Elle n'est pas responsable des guerres sanglantes que se font les Africains entre eux. Elle n'est pas responsable des génocides." [25]
  • octobre 2007 : colloque "La France et le drame rwandais, politique, acteurs et enjeux (1990-1994)?" au Sénat rassemblant ceux qui soutiennent la position officielle française[26], Paul Quilès déclare que la France “a fait des erreurs, des fautes, qu’il faut le dire sous peine de perdre toute crédibilité"[27].
  • 8 décembre 2007 : Sommet de Lisbonne de l'Union Européenne. Pour la première fois un dirigeant politique français parle d'erreur. "Certes, nous n'avons pas toujours su prévenir ou arrêter des drames innommables. Je pense au Rwanda et à son génocide qui nous oblige à réfléchir, France comprise, à nos faiblesses ou nos erreurs." [29]
  • 14 décembre 2007La Commission consultative du secret de la défense nationale (CCSDN) donne un avis défavorable sur la déclassification de comptes-rendus de conseils restreints à l’Elysée de 1993 et de 1994 consacrés à la situation au Rwanda, dans un avis publié au Journal officiel (JO 14 décembre 2007). [30]

2008

  • 26 janvier : Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, déclare lors de son passage à Kigali, le 26 janvier 2008, que la France avait «certainement commis une faute politique» lors du génocide de 1994. Il rajoute «On ne comprenait pas ce qui se passait. Mais il n'y a pas de responsabilité militaire»[31]. Alain Juppé réagit sur son blog : « On nous dit qu'au Rwanda la France aurait commis une faute politique. C'est trop ou trop peu. De quelle faute s'agit-il ? Il faut l'expliquer ! »[32].
  • mars : Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, dans un article paru dans la Revue "Défense nationale et sécurité collective" [34] et dans une tribune parue dans le Figaro[35] reconnaît qu'il y a eu des erreurs politiques, et affirme que la France n'a participé en rien au génocide rwandais [36]. Le même numéro de la revue contient un article du général Jean-Claude Lafourcade intitulé « Turquoise , une opération nécessaire, une mission délicate »[37].
  • avril: Pour la première fois, un ministre du gouvernement français participe aux cérémonies organisées par les rescapés du génocide vivant en France. Au cours du rassemblement organisé par Ibuka et l'Union des étudiants juifs de France, la secrétaire aux droits de l'homme Rama Yade reprend les propos de Nicolas Sarkozy de novembre 2007 reconnaissant les "erreurs" et les "faiblesses" de la politique française au Rwanda [38].
  • 12 septembre : Mentionnant entre autres l'enquête du juge Bruguière et le rapport Mucyo, Paul Quilès, l'ancien ministre et ancien Président de la mission parlementaire d'information sur le génocide du Rwanda en 1998 demande au Secrétaire général des Nations Unies, de mettre sur pied une nouvelle commission d'enquête indépendante internationale pour éviter que la "multiplication d’interprétations contradictoires ne créent la confusion, n’entretiennent des polémiques partisanes et n’amènent en fin de compte l’opinion publique internationale à se désintéresser des immenses tragédies vécues par les peuples du Rwanda et de la République démocratique du Congo". [41].

Voir aussi

Liens externes

Notes

  1. En 2004, année de la dixième commémoration du génocide, siégea une « Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France au Rwanda durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 », organisée par des publicistes associés à des juristes. Selon les conclusions du rapport publié par cette Commission, la France aurait non seulement facilité mais conçu le plan d’extermination des Tutsis. L’article étudie les modèles d’enquête mis en œuvre par la Commission et leur effet de cohérence, jugé suffisant pour affirmer l’implication de la France dans le génocide.Du soupçon civique à l’enquête citoyenne : controverses sur la politique de la France au Rwanda de 1990 à 1994, Claudine Vidal in Critique - International, revue du Ceri Sciences Po - n°36 Juillet 2007
  2. "Rwanda : autopsie d'un génocide Etat d'urgence FR3 - 21/09/1994" Jean-Marie CAVADA - Ce reportage est disponible en ligne sur certains sites. "
  3. 12 janvier : France-Rwanda : un génocide sans importance.
    13 janvier France-Rwanda : le syndrome de Fachoda
    15 janvier France-Rwanda : le temps de l'hypocrisie
  4. Reprenant le contenu de cet article, Jean-Paul Gouteux écrit : Alors qu’ils étaient supposés avoir quitté le Rwanda en décembre 1993, de 40 à 70 soldats français sont encore présents (en note : Selon le Selon le ministre de la Coopération Michel Roussin (Patrick de Saint-Exupéry, «France-Rwanda: des mensonges d’État», Le Figaro,2 avril 1998). Officiellement, seuls 24 soldats français de l’opération Noroît étaient restés dans le cadre du programme d’entraînement de l’état-major de l’armée et de la gendarmerie.
  5. Le Monde et le Rwanda : des livres qui dérangent, Acrimed, lundi 29 juillet 2002
  6. Rwanda : la France complice du génocide, Le Monde Citoyen, Olivier Bonnet, 3juillet 2007
  7. Lire à ce sujet Patrick de Saint-Exupéry, L'inavouable, la France au Rwanda, Les Arènes (2004), p.14
  8. Michel Sitbon, La Nuit Rwandaise, avril 2008, page 295
  9. En 2004, année de la dixième commémoration du génocide, siégea une « Commission d’enquête citoyenne sur le rôle de la France au Rwanda durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 », organisée par des publicistes associés à des juristes. Selon les conclusions du rapport publié par cette Commission, la France aurait non seulement facilité mais conçu le plan d’extermination des Tutsis. L’article étudie les modèles d’enquête mis en œuvre par la Commission et leur effet de cohérence, jugé suffisant pour affirmer l’implication de la France dans le génocide in Du soupçon civique à l’enquête citoyenne : controverses sur la politique de la France au Rwanda de 1990 à 1994, Claudine Vidal in Critique - International, revue du Ceri Sciences Po - n°36 Juillet 2007
  10. Mémoire diplomatique, RFI, Monique Mas, 29/07/2004
  11. M. Jean-Claude Lefort attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères sur le nombre toujours croissant de faits et témoignages qui sont portés à la connaissance des citoyens français sur le rôle joué par la France au Rwanda, de 1990 à 1994. Cette question avait déjà été posée en 1998. Elle fit l'objet d'une mission d'information parlementaire sur le Rwanda qui s'employa à dégager la France de toute responsabilité. Les conclusions de cette mission - que je n'avais d'ailleurs pas approuvées à l'époque - ont par la suite été contestées pour leur partialité et la censure de certains témoignages, et la question de la responsabilité de la France continue d'être vivement posée, notamment par une mission citoyenne d'information. Aujourd'hui encore, des journalistes, d'anciens militaires, des chercheurs, d'anciens coopérants français, des couples mixtes franco-rwandais, des hommes politiques, des rescapé(e)s du génocide, d'anciens bourreaux, témoignent - notamment à la télévision - de l'engagement de l'État français dans un massacre en cent jours de plus d'un million d'hommes, de femmes et d'enfants, dans un petit pays de neuf millions d'habitants. M. Lefort demande donc au ministre ce qu'il compte mettre en oeuvre pour faire la lumière sur ces accusations de complicité de génocide qui pèsent sur la France et faire ainsi cesser un certain révisionnisme d'État. Enfin, M. Lefort souhaiterait connaître les mesures qui sont prises, évoquées dans le rapport parlementaire, pour instaurer un véritable contrôle démocratique de la politique africaine de la France., Question publiée au JO le : 11/05/2004 page : 3378, site de l'Assemblée nationale française
  12. Au sortir de la crise rwandaise, la France s'est efforcée de faire toute la lumière sur les événements tragiques survenus en avril 1994. Une mission d'information parlementaire, présidée par M. Quilès, a été créée en 1998 pour répondre à l'ensemble des interrogations suscitées par notre engagement au Rwanda entre 1990 et 1994. Cet effort de vérité, qu'aucun autre pays n'a mené de manière aussi approfondie, a permis de restituer toute la complexité des facteurs qui ont mené à la tragédie d'avril 1994. Les conclusions de cette mission rappellent que la France a été le pays le plus actif non seulement pour tenter de prévenir le drame de 1994, mais également pour tenter de mobiliser la communauté internationale afin de venir en aide aux victimes du génocide. L'échec de nos efforts en faveur de la paix ne peuvent constituer les « preuves » d'une responsabilité, encore moins d'une complicité. Alors que la France n'avait pas de liens historiques particuliers avec le Rwanda, elle s'est très tôt investie dans les efforts pour tenter d'enrayer la montée des tensions dans ce pays, qui avait déjà connu de graves violences intercommunautaires au cours des années 70. Face à un début de guerre civile au début des années 90, notre pays a tenté de faire prévaloir la voie de la négociation politique et du processus de réconciliation nationale. Cette politique s'est traduite par des contacts réguliers avec l'ensemble des forces politiques rwandaises, et en particulier avec le Front patriotique rwandais (FPR), qui avait lancé une offensive militaire à partir de l'Ouganda le 1er octobre 1990. Ces contacts visaient à faire cesser la guerre entre les forces gouvernementales et les forces rebelles du FPR et à encourager l'ouverture politique. C'est dans ce cadre que la France, ainsi que d'autres acteurs de la communauté internationale, ont cherché à dissuader le FPR de lancer une offensive militaire sur Kigali, qui aurait immanquablement entraîné des centaines de milliers de personnes sur les chemins de l'exode : ce qui s'est, malheureusement, produit en avril 1994. Les pressions diplomatiques exercées par la France et la communauté internationale ont permis, jusqu'en avril 1994, de préserver l'espoir d'une solution politique au conflit entre le gouvernement rwandais et le FPR. En 1992, le Gouvernement a ainsi engagé un dialogue avec le FPR, ce qui a permis d'aboutir à un ensemble d'accords dits accords d'Arusha, qui prévoyaient un cessez-le-feu et un partage du pouvoir dans le cadre d'un gouvernement de transition. En application des accords d'Arusha, la France procéda, entre le 15 octobre et le 15 décembre 1993, au retrait de ses forces militaires présentes au Rwanda. Un contingent des Nations unies (MINUAR) fut déployé pour prendre le relais et assurer la sécurisation du processus de paix. Au moment du déclenchement des massacres, il n'y avait sur le terrain aucun soldat français autre que ceux de l'opération Amaryllis (9-14 avril), venus évacuer les ressortissants français et étrangers. Aucun coopérant ni aucun militaire français - est-il besoin de le dire ? - n'a donc pu participer, de près ou de loin, au génocide perpétré au Rwanda. Les événements du 6 avril 1994 ont mis fin à tout espoir de solution pacifique au problème rwandais. L'attentat contre l'avion du président Habyarimana a ouvert la voie aux extrémistes, qui avaient tout fait pour s'opposer à la logique du partage du pouvoir et s'étaient préparés à un affrontement majeur. Les pilotes de l'avion transportant le président Habyarimana étant français, cet attentat fait actuellement l'objet d'une instruction judiciaire en France, dont les conclusions n'ont pas encore été transmises. En juin 1994, face à l'accélération des événements sur le terrain et à la division du Conseil de sécurité sur le renforcement de la Minuar, la France a fait le choix de l'intervention humanitaire. L'opération Turquoise, d'une durée de deux mois, conformément au mandat que lui avait donné le Conseil de sécurité, a été la seule opération humanitaire d'ampleur qui ait été engagée pour sauver les populations menacées. Le 4 juillet, la France a ainsi mis en place une zone humanitaire sûre afin de mettre les populations à l'abri des combats qui faisaient rage dans le sud (Butare) et dans l'ouest (Kibuye) du pays. Cette opération n'a pas été en mesure d'empêcher tous les massacres, notamment dans les premiers jours de sa mise en place. Mais elle a permis à des milliers de personnes d'échapper aux combats et à des centaines de milliers de personnes déplacées de bénéficier de secours et de soins. Si cette opération n'avait pas eu lieu, on peut supposer que des centaines de milliers, voire des millions de Rwandais, se seraient réfugiés au Zaïre ou au Burundi voisins, avec les conséquences que l'on peut imaginer pour la stabilité de ces pays, comme les événements au Zaïre d'alors peuvent en témoigner. Contrairement aux accusations qui ont pu être portées contre la France, l'opération Turquoise n'a jamais failli à son devoir de neutralité et n'a jamais eu d'autre objectif que de sécuriser les populations civiles pendant la poursuite des combats militaires. La position de la France est aujourd'hui de privilégier l'avenir et de ne pas entrer dans une polémique, dont les principaux éléments ont déjà trouvé réponse dans le travail effectué par la mission parlementaire d'information. C'est ce message que son prédécesseur, Michel Barnier, a personnellement adressé au ministre des affaires étrangères du Rwanda, M. Charles Murigande, à l'occasion d'un entretien approfondi, à Pretoria le 28 juillet dernier. Lors de cette rencontre, il a été convenu de mener un travail de mémoire en commun, mais aussi de regarder vers l'avenir, dans l'intérêt du Rwanda mais aussi de l'ensemble de la région des grands lacs africains. Pour cela, la France considère le Rwanda comme un partenaire important avec qui nous souhaitons entretenir des relations de confiance. L'instauration d'une paix durable dans la région des grands lacs passe par une normalisation des relations du Rwanda avec ses voisins, et en particulier la République démocratique du Congo. La France favorise à cette fin toutes les initiatives allant en ce sens, comme l'établissement d'un mécanisme de vérification des frontières ou la réussite de la prochaine conférence internationale sur la paix et la sécurité dans les grands lacs, qui pourront rétablir la confiance et installer une logique de coopération politique et économique dans la région. Réponse publiée au JO le : 11/05/2004 page : 3378, site de l'Assemblée nationale française
  13. Jugement de la Cour d'appel de Paris du 29 mars 2006 déboutant Jean-Marie Colombani et Jacques Isnard de leurs plaintes pour diffamation
  14. Rwanda. Des français poursuivis pour complicité, L'Humanité, Camille Bauer, 4 février 2005
  15. France-Rwanda : La cour d'appel donne raison au juge Brigitte Raynaud
  16. Site de l'Association France-Turquoise, page consultée le 13 avril 2008]
  17. arte.tv
  18. Interview de Mucyo [1]
  19. "L'opération « Turquoise » au Rwanda a trouvé ses avocats", Philippe Bernard, Le Monde, 7 décembre 2006
  20. Letter to the Editor, in response to Andrew Wallis’ article on France’s policy vis-à-vis Rwanda in 1994, The Times, 7 December 2006
  21. Présentation sur le site du Guardian
  22. France must answer for its actions in Rwanda, The Guardian, 7 août 2008]
  23. La justice française et le génocide rwandais, L'Humanité, Jean Chatain, 20 septembre 2007
  24. La France savait', Olivier Bonnet
  25. Allocution de Nicolas SARKOZY, Président de la République, prononcée à l'Université de Dakar.(26 juillet 2007)
  26. France-Rwanda : le colloque de la négation au Sénat, Par Yvette Umuhoza | | 20/10/2007 Rue89
  27. Génocide rwandais: quand l'armée française se dédouane , par Liesel Schiffer 01/11/2007, Rue89
  28. afrik.com consulté le 13 juillet 2008
  29. Sommet Europe-Afrique Discours du président de la République, M. Nicolas Sarkozy (Lisbonne, 8 décembre 2007)
  30. la Nuit Rwandaise - Avril 2008 et Journal Officiel du 14 décembre 2007, Avis n° 2007-22 du 29 novembre 2007 . Cet avis répondait à la demande faite par la juge Florence Michonen charge « d'une information judiciaire ouverte contre X des chefs de complicité de génocide, complicité de crime contre l'humanité et entente en vue de commettre un génocide » lors de l’opération Turquoise déposées le 16 février 2005 devant le Tribunal aux Armées de Paris par des Rwandais .
  31. Kouchner:«Paris a commis une faute politique au Rwanda», Le Figaro, 26 janvier 2008
  32. cité par Alain Barluet, La réconciliation avec le Rwanda fait des vagues à Paris, Le Figaro, 31 janvier 2008
  33. Olivier Milot, Quelques jours qui feront date, Télérama N°3031, 12 février 2008
  34. La normalisation et la vérité , "Défense nationale et sécurité collective" , mars 2008
  35. Renouer avec le Rwanda, respecter la vérité
  36. Quand la "France officielle" parle du génocide rwandais, David Servenay, Rue89, 4 avril 2008
  37. sommaire de la revue
  38. Paris s’incline devant les morts rwandais, Christophe Ayad, Libération, 9 avril 2008
  39. teleobs.nouvelobs.com consulté le 13 juillet 2008
  40. Traduction dans Courrier international du 8 août 2008, [ http://www.ft.com/cms/s/0/f86048b4-634e-11dd-9fd0-0000779fd2ac.html editorial en version originale] : "Frailty and error Published: August 6 2008 03:00 | Last updated: August 6 2008 03:00 Rwandan officials have long claimed that senior members of the French military and political establishment played a role in the 1994 genocide. France provided military assistance and training to the hardline Hutu regime in the years preceding the genocide and helped to repel an initial attack in 1990 by ethnic Tutsi rebels. French reporters and historians have alleged that arms shipments continued after the genocide started. (...) However, the unwillingness of successive French governments to apologise for or acknowledge that their country played a role in the genocide continues to cause bitterness among survivors of the genocide and Rwandan government officials."
  41. Rwanda: lettre de Paul Quilès au Secrétaire Général de l'ONU, Blog de Paul Quilès, 12 septembre 2008, consulté le 14 septembre 2008
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