Chemin pierré

Chemin pierré

Via Agrippa (Saintes-Lyon)

Voie entre D11 (Montignac) et Saint-Cybardeaux avec trace de bordure

Cette voie fait partie du réseau d'Agrippa et relie Lyon (Lugdunum) à Saintes (Mediolanum Santonum) par Clermont-Ferrand (Augustonemetum) et Limoges (Augustoritum). Elle figure sur la Table de Peutinger.

La Via Agrippa fait partie d'un des quatre grands axes routiers que les Romains ont établi à partir de Lugdunum, l'antique capitale des Gaules, sous l'impulsion de Marcus Vipsanius Agrippa, général et gendre d'Auguste, à partir de 27 av. J.-C..

Sommaire

Historique

Elle a été conçue et construite par Agrippa, au Ier siècle, pour établir une liaison entre Lyon et Saintes. Ainsi, Lyon se retrouvait au carrefour de quatre voies : Lyon-Boulogne, Lyon-Cologne, Narbonnaise le long de la vallée du Rhône, et Lyon-Saintes.

Les routes furent laissées sans entretien dès le Ve siècle, mais cette voie est encore très visible, soit recouverte sur certains tronçons par des routes départementales, soit comme chemin rural continuant tout droit à travers champs et bois.

Elle a parfois pris localement le nom de chemin pierré ou chemin des Romains.

Itinéraire

  • Par des routes, chemins existants ou disparus :

(de Lyon et Limoges) - Aixe-sur-Vienne, les Bouchats, Saint-Auvent, forêt de Rochechouart, D.208, la Petite Lande (Nord de Rochechouart), Chassenon, gué à la Soutière, crête au nord-est de Saint-Quentin-sur-Charente et Suris, la Pouillerie, Mazières, Margnac, Les Granges

  • Puis par les routes départementales 45, 119, 188, 55, 159 et des chemins ruraux entre les tronçons recouverts par les départementales :

Coulgens - (... 10 km ...) - Basse - 4 km - Théâtre gallo-romain des Bouchauds - Saint-Cybardeaux - Rouillac - 4 km - Les Villairs - 6 km -entre Rulle et Herpes- 3 km - Sainte-Sévère - 6 km - passe au nord de Cherves, au Ferry- Chez Trocada - 1 km - Le Chausset - 2 km - Chez Jouannais - 2 km - Pidou - 2 km - Saint-Sauvant -6 km - Saintes.

Description

Cet axe routier est presque constamment de direction est-ouest, le plus souvent en ligne droite, depuis Lyon, Feurs et Limoges. Il est plausible que cette voie ait repris en tout ou partie un chemin gaulois préexistant et qu'il s'agirait donc d'une voie préromaine que les colonisateurs auraient modernisée à l'époque de l'empereur Auguste.

Venant de Limoges, la Via Agrippa traverse la Vienne à Aixe-sur-Vienne. Elle passe près de Cognac-la-Forêt et Rochechouart[réf. nécessaire]. Des vestiges sont encore visibles à Saint-Auvent.

Elle entre dans le département de la Charente en débouchant sur l'actuelle commune de Chassenon. Celle-ci correspond à l'antique Cassinomagus où se trouvait un complexe monumental gallo-romain, établi entre le Ier et le IVe siècle. La Via Agrippa desservait cette agglomération antique par le sud.

Installée sur un plateau bordé par la Vienne, l'antique Cassinomagus, indiquée sur la Table de Peutinger[1], était une agglomération urbaine secondaire située en territoire lémovice. Elle est remarquable par ses thermes et par sa situation géologique particulière, au centre d'un impact d'astéroïde de 20 km de diamètre (Astroblème de Rochechouart-Chassenon).

La voie traverse ensuite la Graine au moulin de la Soutière, et passe au nord-est de Saint-Quentin-sur-Charente, par des champs appelés encore au XIXe siècle lous chiamps roumis[2]. Sur cette crête (ligne de partage des eaux Loire-Charente) la voie d'Agrippa croisait aussi une autre voie antique sud-nord appelée chemin ferré, allant de Périgueux à Poitiers et qui passait par Nontron, Videix, la Péruse, Charroux [3]

A Saint-Quentin-sur-Charente, se trouve également une bifurcation avec la voie secondaire Limoges-Angoulême, appelée aussi chemin des Anglais, qui se dirige au sud-ouest vers Mouzon, l'Arbre, Saint-Sornin, Vilhonneur, Pranzac, le Quéroy et entrant à Angoulême par la Bussatte [4].

C'est vers Mazières que bifurquait l'ancien itinéraire, celui de la Table de Peutinger, par Aulnay-de-Saintonge, l'antique Aunedonnacum [5] (voir plus loin). Descendant des collines argileuses de Charente limousine et passant en pays calcaire près des Frauds, entre Taponnat et Chasseneuil-sur-Bonnieure, la voie d'Agrippa apparaît plus nettement grâce à de grandes lignes droites, aussi parce qu'il s'agit d'une section nouvellement tracée par les Romains jusqu'à Saintes.

Croisement à l'Aiguille

A l'ouest de Coulgens, au lieu-dit l'Aiguille, la voie traverse une voie secondaire, la voie Angoulême-Bourges passant par Brigueuil, Bellac, Argenton et Issoudun [6] (voir sous Géoportail IGN).

La voie traverse la Charente à Montignac, juste après son croisement près de Saint-Amant-de-Boixe avec une autre voie romaine Périgueux-Poitiers (venant de Bouëx, la Simarde, et se dirigeant vers Mansle, Ruffec et Rom, et appelée localement la Chaussée ou le chemin de Sers[2], ou la Chaussada[7]).

La station suivante, Germanicomagus (orthographiée erronément "Sermanicomagus" sur le document cartographique) était une étape importante, mentionnée sur la Table de Peutinger[8]. Le théâtre gallo-romain des Bouchauds ne représente qu'une partie du site qui comprend aussi un sanctuaire avec au moins deux temples, les restes d’un aqueduc, et un ensemble d’habitats qui n’ont pas encore été explorés. La route romaine croisait à cet endroit une voie venant d'Iculisma (Angoulême) et se dirigeait sans doute vers Aunedonnacum, l'actuel Aulnay-de-Saintonge - voir sous Géoportail IGN.

Elle passe ensuite à Saint-Cybardeaux et Plaizac.

Une voie pavée nord-sud croise, à Herpes, une zone d'implantation franque, comme Rulle et Macqueville qui sont tout proches (1800 tombes de Francs retrouvées en 1886 le long de ce chemin)[9].

Voie entre Sainte-Sévère et Cherves-Richemont et D55 qui diverge à droite

Ensuite, jusqu'à Saint-Sauvant en Charente-Maritime, tantôt la voie est recouverte par des départementales, tantôt elle coupe à travers bois, notée sous le vocable chemin des Romains. Elle passe ainsi dans Sainte-Sévère où se trouvent des vestiges qui auraient été ceux d'un camp romain situé à 150 m au sud de la voie (ce qui est controversé malgré le toponyme[10]), au nord du bourg de Cherves et traverse la rivière Antenne au pont de Saint-Sulpice.

La voie continue rive droite en Charente-Maritime par Saint-Sauvant et aboutit à Saintes, l'antique Mediolanum Santonum, en face de l'arc de Germanicus qui marquait l'entrée du pont sur la Charente, la ville gallo-romaine étant située sur l'autre rive.

De nombreuses villae romaines ont été construites le long de la voie, ainsi Rouillac devrait son nom à un certain Rullus, qui aurait bâti une villa en bordure de la voie romaine, et Chérac au propriétaire gallo-romain Carius. Il en est de même pour Sonneville. Ceux des toponymes formés avec un nom germanique indiquent des installations franques au VIe siècle : Macco, installé à Macqueville, Emmo installé à Anville, Bradher installé à Bréville. La présence de ces Francs christianisés explique l'existence, dans l'église d'Herpes, à Courbillac, d'un baptistère du VIe siècle.

Il est à noter que la voie romaine est souvent sur une limite de communes. Les villae réparties à distance de part et d'autre de la voie sont devenues les villages actuels.

De nombreuses bornes milliaires ont été retrouvées à la limite des communes de Cherves-Richemont et Saint-Sulpice-de-Cognac, puis toujours à Saint-Sulpice, à la limite de la Charente-Maritime, au lieu-dit Chez Rateau [réf. nécessaire]. Au XIXe siècle, JH.Michon en a repérée une au fond d'un fossé, ayant la forme d'un fût cylindrique et à base carrée, juste à l'est de l' étang du Solençon (limite Cherves-Richemont et Sainte-Sévère) [2].

Enfin, il faut préciser que les distances de la Table de Peutinger, comme d'ailleurs celles des bornes milliaires, sont exprimées en lieues gallo-romaines, comme dans toute l'Aquitaine, et non pas en milles romains [11].

Carte de Peutinger

La Table de Peutinger fait passer (ou semble faire passer) la voie Limoges-Saintes par Aunedonnacum, actuel bourg d'Aulnay-de-Saintonge. Il s'agirait de l'ancienne voie romaine avant qu'Agrippa décide de faire établir une voie directe pour relier Lugdunum à Mediolanum Santonum via Semanicomagus. Cette ancienne voie gauloise, bifurquant de la voie d'Agrippa à l'est de Chasseneuil, passerait par Chasseneuil, Mansle, Charmé (voir paragraphe suivant).

PeutingerSermanicomagus.gif

On peut lire sur la carte :
Mediolano Santon.____Avedonaco____Sermanicomago__XIII__Cassinomago__XVII__Ausrito
soient: distance inconnue entre Mediolanum Santonum (Saintes) et Avedonacum (Aulnay), distance inconnue entre Avedonacum et Sermanicomagus, 13 lieues de Sermanicomagus à Cassinomagus (Chassenon), 17 lieues de Cassinomagus à Augustoritum (Limoges), ce qui permet de localiser plus ou moins ces étapes, malgré les erreurs, car en fait il faudrait lire :
Mediolano Santon.__XVI__Avedonaco__XVII__Sermanicomago__XXII__Cassinomago__XVII__Ausrito
avec 1 lieue = 2,44 km [12]

La station de Sermanicomagus (ou plutôt Germanicomagus s'il y a erreur de copiste) serait donc en fait sur cette section, entre Chassenon et Aulnay[13]. Jacques Dassié la situe à la Terne[12], l'abbé Michon à Charmé[5]. Le théâtre des Bouchauds ne serait donc pas Sermanicomagus, et cette agglomération gallo-romaine sans doute plus tardive, contemporaine d'Iculisma, devrait son essor à un rôle de carrefour, étant située à l'intersection d'une voie venant d'Iculisma et de la voie d'Agrippa, n'est pas encore formellement identifiée.

Variante ancienne par Aulnay

En 1840, l'abbé Michon a reconnu cette voie[5], qui se détache de la voie d'Agrippa à Mazières, et dont il reste très peu de traces. Elle était connue sous le nom de chemin romain dans les communes de Lussac et de Chasseneuil, et des vestiges avaient été retrouvés (pavé, villas), en particulier à la Terne (Luxé) ou Charmé où serait situé Sermanicomagus (voir ci-dessus).

A Aunedonnacum (Aulnay) la voie rejoint celle venant de Limonum (Poitiers) pour se diriger vers Mediolanum Santonum (Saintes).

Pour AF.Lièvre, cette variante est complètement imaginaire, au moins entre la Terne et Aulnay.[7]

Notes, références

  1. Ralph W.Matisen, « Cassinomagus (mutatio) ». Consulté le 26 avril 2009
  2. a , b  et c Jean Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris, Derache (réimprimé en 1980 par Bruno Sépulchre, Paris), 1844, 334 p., p. 159, Voie n° 1 
  3. Jean Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris, Derache (réimprimé en 1980 par Bruno Sépulchre, Paris), 1844, 334 p., p. 165, Voie n° 7 
  4. Jean Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris, Derache (réimprimé en 1980 par Bruno Sépulchre, Paris), 1844, 334 p., p. 165, Voie n° 6 
  5. a , b  et c Jean Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris, Derache (réimprimé en 1980 par Bruno Sépulchre, Paris), 1844, 334 p., p. 160, Voie n° 2 
  6. Jean Hippolyte Michon, Statistique monumentale de la Charente, Paris, Derache (réimprimé en 1980 par Bruno Sépulchre, Paris), 1844, 334 p., p. 166, Voie n° 8 
  7. a  et b Les chemins gaulois et romains entre la Loire et la Gironde, AF. Lièvre, 1893
  8. Ralph W.Matisen, « Sermanicomagus (vicus) ». Consulté le 26 avril 2009
  9. Delamain, Revue de la société d'archéologie et d'histoire de la Charente, 1890
  10. Carte archéologique de la Gaule, pré-inventaire, La Charente, Christian Vernou, éd. Maison des sciences de l'homme, 1993
  11. Jacques Dassié, « Valeur du mille en Aquitaine », 1998. Consulté le 27 avril 2009
  12. a  et b Jacques Dassié, « Localisation de Sermanicomagus », 1998. Consulté le 28 avril 2009
  13. Si le passage de cette voie par Avedonacum n'est pas une simplification graphique sur la carte de Peutinger, car elle fait quand même un sacré détour entre Limoges et Saintes.

Voir aussi

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Liens externes

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