Castillonnais (cheval)

Castillonnais (cheval)
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Castillonnais
ANCCAP 2010a.jpg
Cheval Castillonnais lors du Concours annuel en septembre 2010

Espèce Cheval (Equus caballus)
Région d’origine
Région Ariège, Drapeau de France France
Caractéristiques
Morphologie Cheval de selle
[PDF]Standard français de la race
Taille 1,45 m à 1,55 m[1]
Robe Noir pangaré ou bai foncé[2]
Tête Expressive et distinguée[2]
Pieds Larges, corne noire et dure[3]
Caractère Frugal, agile, résistant à l'effort et de caractère facile[1]
Autre
Utilisation Tourisme équestre, attelage[1]

Le cheval Castillonnais, ou cheval de Castillon, est une ancienne race de petit cheval de selle rustique d'origine française portant une robe noire pangarée ou baie foncée, et vivant principalement à l'extrémité sud-ouest de l'Ariège, dans les Pyrénées, soit dans la vallée de Biros près de Saint-Girons. Connu au début du XXe siècle, ce petit cheval a failli disparaître avec la venue de la motorisation et fut sauvé de justesse par quelques passionnés. Il est très proche du Mérens avec lequel il partage de nombreuses caractéristiques, mais nettement moins connu, la race n'ayant été reconnue par les haras nationaux qu'en 1996, avec de très faibles effectifs. Une association d'éleveurs et le haras national de Tarbes se mobilisent pour sauvegarder et préserver la race. C'est un bon cheval de loisir qui peut être monté en randonnée et attelé avec succès.

Sommaire

Histoire de la race

Origine et histoire ancienne

Tout comme le Mérens, le pottok, le poney landais et les chevaux pyrénéens en général, le Castillonnais semble issu des chevaux sauvages très anciens qui ont inspiré les peintures magdaléniennes comme celle de la grotte de Niaux[1],[4]. Au fil du temps, des croisements ont eu lieu avec des chevaux de sang oriental et surtout des ibériques[4], qui ont largement influencé le modèle et l'expression du Castillonnais[1],[5].

Selon la légende, ce cheval viendrait de Grèce, tout comme le costume traditionnel des Bethmalais qui se sont installés dans la même vallée[6]. C'est un certain Jouanissou qui l'aurait ramené avec lui, puisqu'il serait revenu de Grèce au cours du XVIIe siècle après avoir fait fortune, accompagné de chèvres, de juments, d'étoffes et de femmes, qui peu à peu auraient rejoint sa communauté[1].

Des chroniqueurs auraient rapporté que François Ier chevauchait un animal « du Biros » lors de la bataille de Pavie, en 1525[6].

Du XIXe au XXIe siècle

Cheval Castillonnais au salon SISQA (agroalimentaire et agricole) de Toulouse.

Le Castillonnais était autrefois connu comme « cheval du Biros » ou « Saint-Gironnais », un nom issu de la ville de Saint-Girons en Ariège, dans les Pyrénées, où une grande foire aux chevaux se déroulait le lendemain de la Toussaint[1]. À la fin du XIXe siècle, la qualité des chevaux pyrénéens était déjà réputée pour la cavalerie légère :

« (...) Le cheval pyrénéen de l'Ariège offre le type très accusé du cheval de montagne. Il a bien des raisons pour cela. En effet, il vit six mois de l'année sur des plateaux herbeux, élevés à 1 000 mètres d'altitude et plus au-dessus du niveau de la mer. Il y acquiert une grande agilité, beaucoup d'adresse, une merveilleuse sûreté dans la pose du pied, un tempérament robuste, une santé à toute épreuve, une ardeur infatigable. C'est le bénéfice d'une existence indépendante, plus sauvage que domestique. On n'apprécie bien les chevaux de l'Ariège qu'après en avoir usé ; mais alors on est étonné de la dépense d'énergie dont ils sont capables, de la dureté qu'ils montrent au travail le plus fatigant et le plus durable. Leur réputation est faite dans les régiments de cavalerie légère ; ils y ont une excellente renommée, due aux bons services qu'on en obtient »

— Jules Trousset, Grande Encyclopédie Illustrée d'économie domestique[7]

Ce cheval fut étudié en 1908 par l'hippologue et président de la Société d’agriculture de l’Ariège, Gabriel Lamarque, qui effectua les premiers actes de mise en valeur de la population de chevaux autochtone[1],[6].

Il était utilisé pour la remonte des militaires, pour tirer des diligences et par les paysans pour divers travaux agricoles[1], mais contrairement au Mérens, soutenu par un syndicat d'élevage puissant qui le fit bénéficier du « phénomène poney », le Castillonnais n'a pas bénéficié d'une reconversion et ses effectifs n'ont cessé de diminuer jusqu'à sa reconnaissance officielle[4]. Il faillit également disparaître en raison de croisements d'absorption avec des races lourdes[4], victime du dépeuplement de l'Ariège et de la perte de ses utilisations traditionnelles dans l'armée, l'agriculture et les transports à cause de la motorisation[4]. Sans l'intervention d'un petit groupe d'amis dans les années 1980, ce petit cheval aurait complètement disparu[5]. L'Association pyrénéenne ariégeoise du cheval castillonnais fut créée en 1992, avec le soutien du Haras national de Tarbes, du conseil général de l'Ariège et du conseil régional de Midi-Pyrénées. Elle organise un marché-concours annuel au mois d'août, à Castillon-en-Couserans, où les meilleurs chevaux reproducteurs sont classés, comparés, et primés et leurs poulains identifiés selon les exigences du stud-book de la race, agréé par les Haras nationaux[1].

En 1996, la race fut reconnue officiellement comme « cheval de sang » par le ministère de l'Agriculture[1] grâce aux efforts d'une poignée de passionnés[4], alors qu'il ne restait qu'une cinquantaine de juments[8]. Elle est désormais gérée par l’association nationale du cheval castillonnais d'Ariège Pyrénées (ANCCAP), dont le siège est situé à la mairie de Castillon-en-Couserans[9]. Le conservatoire du patrimoine biologique régional de Midi-Pyrénées, qui protège la diversité des espèces animales de la région depuis 1980, s'est aussi investi en faveur du cheval de Castillon[10].

Encore peu connu, le Castillonnais est fréquemment confondu avec le mérens[11]. Ce cheval est présenté au salon de l'agriculture depuis quelques années, mais aussi sur des festivals comme Equestria à Tarbes ou encore la route des Ardoises[6]. Il est présent toute l'année à l'écomusée d'Alzen, qui s'est investi dans la sauvegarde des savoir-faire paysans[12].

Morphologie et caractère

Chevaux Castillonnais au salon SISQA de Toulouse

Morphologie standard de la race

Article connexe : Morphologie (cheval).

La race castillonnaise est en cours de reconstitution et son standard n'est pas encore très homogène[4]. C'est un cheval de montagne rustique, et ses éleveurs le recherchent d’extérieur noble et harmonieux, de taille moyenne, avec des allures amples et un caractère facile et sûr. Il est très proche du célèbre cheval de Mérens, dont il ne diffère que par une nuance de robe[1]. Certains représentants de la race ont « du sang » et une allure générale proche des chevaux ibériques[4], avec des tissus de qualité, fins et soyeux[2]. Il est généralement « près de terre »[4]. Les chevaux castillonnais peuvent être marqués sur la cuisse au fer rouge, d'une marque représentant le sabot pointu de Bethmale[5].

La taille minimale requise est de 1,35 m, et la maximale 1,55 m. La taille moyenne adulte se situe idéalement à 1,47 m pour les mâles et 1,45 m pour les femelles[2].

Tête

La tête est expressive et distinguée, le front plat et large, et le chanfrein rectiligne ou camus[2], les yeux sont très vifs et d'expression douce, soulignés par des arcades sourcilières légères. Les oreilles sont plutôt courtes, très poilues à l'intérieur et bien dessinées[3].

Avant-main

L'encolure est moyennement longue, bien orientée et à l'attache légère. L'épaule, longue, doit présenter une certaine inclinaison. Le poitrail est bien ouvert[2]. Le garrot est sorti et se prolonge vers l'arrière[3].

Dos et flancs

Le dos est large et bien soutenu[3]. Les flancs sont pleins et descendus, les côtes ont tendance à être ogivales[2].

Arrière-main

Le rein est bien attaché, large et musclé. La croupe est simple et ronde[3]. Les avant-bras sont musclés et les cuisses bien descendues[2].

Membres

Ils sont solides, bien articulés et trempés, terminés par des pieds larges à la corne noire et dure[3].

Crins

Comme chez le Mérens, ils sont drus, abondants et parfois crêpelés, la crinière peut être simple ou double, mais est préférée simple[3],[2].

Robe

Tête d'un cheval Castillonnais bai foncé.
Articles connexes : Bai (cheval) et Noir (cheval).

Ce cheval peut avoir deux couleurs de robe, le noir pangaré est la plus recherchée, avec des marques à feu sur les flancs et un « nez de renard »[3], mais on trouve aussi le bai châtain foncé avec les mêmes marques[2]. Il possède souvent des reflets très miroités[4]. Des variantes peuvent apparaître avec les saisons[3],[2] mais toutes les autres couleurs de robes sont exclues par le standard de la race[2]. Les animaux prétendant à une inscription au stud-book à titre initial font l'objet d'un test génétique pour déterminer la couleur de leur robe[2].

Tempérament

Il est réputé frugal, agile, résistant à l'effort et de caractère facile, grâce à la sélection effectuée par les paysans ariégeois[1], mais aussi vif et plein de personnalité[4]. Familiarisé à la montagne dès son plus jeune âge, il possède un pied sûr[3], il n'est donc gêné ni par les sentiers escarpés, ni par les intempéries. Ses allures sont étendues, avec un fort engagement des postérieurs[5].

Utilisations

Chevaux Castillonnais en démonstration à Equestria au haras de Tarbes.

Le Castillonnais est adapté à l'équitation de loisirs sous toutes ses formes[1], ses capacités de portage sont réputées étonnantes, tout comme sa parfaite adaptation à la vie rude dans les montagnes pyrénéennes. Malgré sa taille plutôt petite à moyenne, il serait capable de performances comparables à celles des mulets[1]. C'est également un excellent cheval d'attelage[1] et il peut s'essayer au dressage[6]. Il est apte à l’utilisation aussi bien montée qu'attelée, dans le domaine des loisirs comme des activités rurales[1], des activités de tourisme équestre avec des Castillonnais se sont développées dans la région ariégeoise[1].

Des utilisations anecdotiques de ce cheval sont mentionnées, ainsi, c'est un Castillonnais qui pratique le Ski joëring dans la station de ski de Guzet-neige, dans les Pyrénées. L'un de ces animaux a également été monté par Laurent Gallinier de la troupe Andjaï, qui a effectué avec lui un spectacle de voltige cosaque[6].

L'agriculteur de montagne Daniel Le Coutour, qui ne travaille qu'avec la traction animale, a fait une démonstration de débardage réussie avec un Castillonnais. Ce petit cheval permet d'emporter des vivres et du matériel dans des cabanes de berger autrement seulement accessibles par hélicoptère[6].

Le cheval Castillonnais Oli de Carbouneros, champion de la race en 2005, a été qualifié pour la finale de dressage jeunes chevaux de 4 ans à Saumur[6].

Effectifs et statut d'élevage

Le cheval Castillonnais est une race à très faible effectif, bien qu'il soit en augmentation ces dernières années. L'essentiel des éleveurs se trouve dans le berceau de la race, en région Midi-Pyrénées, et plus précisément autour de Castillon-en-Couserans, en Ariège, mais l'élevage tend à s'étendre à d'autres régions de France, comme la Bretagne[5] et la Provence[13]. En novembre 2005, on comptait environ 260 animaux. Le but est de doubler l'effectif des juments poulinières entre 2005 et 2014[5]. La sauvegarde de la race s'oriente sur l'amélioration génétique des animaux à travers des mesures mises en place par un laboratoire de recherche de l'INRA et le haras de Tarbes afin de lutter contre la consanguinité qui menace toute race animale à faibles effectifs[5]. Un soutien à l'élevage à travers la conservation de jeunes chevaux mâles conformes au standard de la race est également mit en place[5]. En 2006, 52 juments Castillonnaises ont été saillies dont 47 pour produire dans la race. On comptait sept étalons en activité[14]. En 1998, le cheptel s'élevait à 180 chevaux et en 2008, ce nombre avait déjà plus que doublé[1]. Le cheval Castillonnais bénéficie des primes agro-environnementales « à la jument allaitante », qui concernent toutes les races locales menacées de disparition[1].

Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Nombre de poulinages en France[5]. 31 13 18 12 14 14 21 37[6] 33  ?

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s et t Le cheval castillonais sur http://www.chevalcastillonnais.fr/. Consulté le 17 décembre 2009
  2. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m [PDF] Règlement du stud-book du cheval de Castillon, document officiel des Haras nationaux français
  3. a, b, c, d, e, f, g, h, i et j Lætitia Bataille, Races équines de France : Les Races, France Agricole Éditions, 2008, 286 p. (ISBN 9782855571546) [lire en ligne], p. 55 
  4. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Lætitia Bataille, Les poneys: Races et élevage, France Agricole Éditions, 2006, 351 p. (ISBN 9782855571409) [lire en ligne], p. 111 
  5. a, b, c, d, e, f, g, h et i [PDF]Cheval de Castillon, document officiel des Haras nationaux français
  6. a, b, c, d, e, f, g, h et i Bernard Pastourel, « Le « Castillonnais » : Un cheval petit par la taille, mais grand par ses capacités! » sur AriègeNews, 2007. Mis en ligne le 29/08/2007, consulté le 17 décembre 2009
  7. Jules Trousset, Grande Encyclopédie illustrée d'économie domestique, Anthème Fayard, Paris, sans date mais fin du XIXe siècle, tome I, col. 1085 à 1112.
  8. Le cheval de Castillon sur http://chevaux-pyrenees.com/. Consulté le 20 décembre 2009
  9. Annick Audiot, Races d'hier pour l'élevage de demain : Espaces ruraux, Éditions Quae, 1995 volume=, 230 p. (ISBN 9782738005816) [lire en ligne], p. 216 
  10. Laurence Bérard, Marie Cegarra, Marcel Djama, Biodiversité et savoirs naturalistes locaux en France, Éditions Quae, 2005, 276 p. (ISBN 9782738012180) [lire en ligne], p. 128 
  11. Lætitia Bataille, Races équines de France : Les Races, France Agricole Éditions, 2008, 286 p. (ISBN 9782855571546) [lire en ligne], p. 53 
  12. Dominique Auzias, Jean-Paul Labourdette, Le Petit Futé Vacances avec les enfants, Petit Futé, 2008, 408 p. (ISBN 9782746921696) [lire en ligne], p. 239 
  13. Localisation des chevaux Castillonnais sur http://www.chevalcastillonnais.fr. Consulté le 20 décembre 2009
  14. Lætitia Bataille, Races équines de France : Les Races, France Agricole Éditions, 2008, 286 p. (ISBN 9782855571546) [lire en ligne], p. 56 

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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