Carmaux

Carmaux

44° 03′ 00″ N 2° 09′ 32″ E / 44.05, 2.158888889

Carmaux
Vue sur le centre ville de Carmaux
Vue sur le centre ville de Carmaux
Armoiries logo
Administration
Pays France
Région Midi-Pyrénées
Département Tarn
Arrondissement Arrondissement d'Albi
Canton Carmaux-Nord et Carmaux-Sud
Code commune 81060
Code postal 81400
Maire
Mandat en cours
Alain Espié
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du Carmausin
Démographie
Population 10 268 hab. (2007)
Densité 725 hab./km²
Gentilé Carmausins, Carmausines
Géographie
Coordonnées 44° 03′ 00″ Nord
       2° 09′ 32″ Est
/ 44.05, 2.158888889
Altitudes mini. 228 m — maxi. 340 m
Superficie 14,16 km2

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Carmaux est une commune française située dans le département du Tarn et la région Midi-Pyrénées. Ses habitants sont appelés les Carmausins et Carmausines.

Elle est connue pour ses activités industrielles passées, en particulier sa verrerie et l'exploitation du charbon, ainsi que pour avoir été le cadre d'une étape décisive dans la carrière politique de Jean Jaurès, député de la ville de 1893 à 1898 et de 1902 à sa mort.

Sommaire

Géographie

Situation

Localisation

Carmaux est située sur le Cérou et sur l'ancienne Route nationale 88. La commune se trouve aux confins de différentes zones géographiques, entre le Ségala, le Quercy, le Rouergue et le Languedoc, sur les premiers reliefs du Massif central. Elle est construite sur un important gisement de charbon, communément appelé le Bassin carmausin, qui marqua profondément l’histoire de la ville et de ses alentours. Elle est située, notamment, à 76 km de Toulouse, 47 km de Rodez et 535 km de Paris[1].

Hydrographie

Carmaux est traversée par la rivière du Cérou (affluent de l’Aveyron), ainsi que par deux cours d’eau affluents du Cérou : le Céroc et le Candou.

Transports et voies de communications

Réseau routier

Carmaux se situe sur l’axe Toulouse - Rodez - Lyon. Elle est desservie par la D2088, anciennement RN 88. Cette dernière, aujourd’hui déviée, passe à environ 4 km de Carmaux. La ville bénéficie d’une voie rapide pour rejoindre Albi et l’A68, permettant ainsi de faire la liaison entre Carmaux et Toulouse en 2×2 voies de manière quasi-ininterrompue. Carmaux est partiellement reliée en 2×2 voies à Rodez via la RN 88, et devrait l’être totalement d’ici 2015.

En ce qui concerne le réseau secondaire, Carmaux est desservie par la D91 qui la relie à Monestiés et Cordes-sur-Ciel côté ouest, et à Valderiès puis Réquista côté est. La commune est également reliée à Rieupeyroux et Villefranche-de-Rouergue via la D905.

Desserte ferroviaire

Carmaux possède une gare SNCF, desservie par la ligne ToulouseRodez du TER Midi-Pyrénées. Elle constitue un terminus de cette ligne.

Bus

Carmaux est desservie par les lignes 701 (Carmaux – Albi) et 711 (Carmaux – CagnacAlbi) du réseau départemental TarnBus.

Urbanisme

Quartiers

Carmaux est divisée en plusieurs quartiers, dont (d’ouest en est et du nord au sud) : La Courtié, La Boujassié, La Peyrotte, La Favarelle, Gourgatieu, Le Roucan, La Manne, le Pré-Grand, le Candou, Cérou, Europe, Cambous, Sainte-Cécile, La Mouline, La Garrigue, La Peyre, Verrerie, Rajol, Solages, La Lande, La Benq, La croix haute, Le Fontanas, Lendrevié, La Sapanarié, La Jinquié, Bicoq.

Trois de ces quartiers sont classés en zone urbaine sensible : Cambous, Cérou et Europe qui constituent la ZUS Carmaux Quartiers Nord, soit 1 466 habitants[2].

Aménagement
Les principaux aménagements déjà réalisés
  • En 1969, le centre historique de Carmaux (Rajol), jugé insalubre, fut détruit et remplacé par une cité HLM, un grand boulevard (Boulevard Charles de Gaulle) et une vaste place arborée (Place de la Révolution).
  • En 1980, le parc du Pré-Grand fut détruit pour accueillir une nouvelle usine d’aviation : Air Océan.
  • En 2000, la Tour de la verrerie datant de 1965 (la plus haute du Tarn avec ses 15 étages) fut démolie et remplacée par des petits immeubles modernes.
Les projets d’aménagement

La commune prévoit un certain nombre d’aménagements afin d’améliorer le cadre de vie de ses habitants : amélioration des logements sociaux (démolition de barres HLM de la rue Gineste et des Cambous au profit de petits immeubles modernes - une restructuration déjà entamée avec la destruction de la Tour de la Verrerie en 2000) ; aménagement des berges du Cérou avec parcours piétonnier, création d’un nouveau cinéma, d’une nouvelle piscine, d’une gare multimodale, etc[3].

Un projet d’embellissement du centre-ville est également prévu[4].

Vue générale sur Carmaux

Histoire

Héraldique

Blason de Carmaux

D'azur à trois rochers d'argent, posés 2 et 1.

Ce blason fut attribué à la paroisse de Carmaux le 20 décembre 1703. Il s'agit des armoiries de la famille de Ciron, alors seigneurs du lieu, qui les avait fait enregistrer en 1696.

Toponymie

Le toponyme Carmaux provient du nom gaulois Carmantius[5]. Le village est appelé Caramons ou Carmoulx au XIIIe siècle, puis Cramaux au XVIe siècle, racine de Cremar (brûler), en clin d'œil à la combustion du charbon.

La commune

La seigneurie de Carmaux relevait depuis le XIIe siècle de la châtellenie de Castelnau-de-Bonefous. Elle appartenait à la famille Delpuech, seigneure de Cagnac où des filons de charbon étaient déjà exploités, puis au XVe siècle à Géraud Hébrard, seigneur de Saint-Félix, puis à ses descendants jusqu'à Hercule d'Hébrard, fils du viguier de Najac. Au début du XVIe siècle, la seigneurie est revenue à Sébastien Delpuech, seigneur de Cagnac.

Jean-Baptiste de Ciron (1615 - 1684), conseiller, puis président au parlement de Toulouse, achète la seigneurie de Carmaux. Son fils, Jean-Baptiste II (1650 - 1726), est anobli par sa charge de président à mortier, et s'intitule seigneur-marquis de Carmaux . Sa fille apporte une partie de la seigneurie en dot, par son mariage en 1724 avec François-Paul de Solages, et à sa famille qui rachète le complément. Le dernier seigneur, Antoine Paulin de Solages, marquis de Carmaux, a des enfants de deux mariages. Du premier naissent trois enfants, dont deux garçons sans postérité et une fille qui épouse en 1759 un noble du Rouergue, Jean Antoine de Barrau. De son deuxième mariage il a un fils, Jérôme de Solages de Robal, qui se marie en 1786 et qui a pour enfant, un fils qui entre dans les Ordres.

Le département du Tarn jouissait depuis le XVe siècle d'une longue tradition verrière, à travers ses verreries de la Forêt domaniale de la Grésigne et de la Montagne Noire. La première était utilisée au maximum par les verriers, lors de la visite de Louis De Froidour de Sérizy, à qui Colbert confie la rédaction de l'Ordonnance sur le fait des Eaux et Forêts du 13 août 1669, aboutissant à limiter l'utilisation du bois pour les verreries.

Le dernier frère d'Antoine Paulin, Gabriel de Solages a réussi à accroître l'importance de l'entreprise et contourner les difficultés de transport, en recourant au charbon de Carmaux, et en consommant sur place la plus grande partie de ses produits : il fit construire une verrerie à bouteilles pour laquelle il sollicita une concession, accordée par arrêt du Conseil d'État du 2 mai 1752.

Pour la fabrication des bouteilles en verre noir, il fit appel à des verriers de la Grésigne et du Champenois, hautement qualifiés. La verrerie ira jusqu'à atteindre 800 ouvriers en 1882[6], qui constituent une corporation ouvrière privilégiée, bénéficiant de salaires élevés. Après la Révolution, il conserve le monopole des mines de charbon, qui emploient 200 personnes en 1800.

En 1873 la Société des Mines de Carmaux (SMC) devient propriétaire des houillères ; les besoins d'extraction sont importants et les effectifs de mineurs augmentent rapidement : on en dénombre 2000 en 1880 et presque 3500 en 1900[7].

En 1892 la grande grève des mines de Carmaux éclate à la suite du licenciement de Jean-Baptiste Calvignac, ouvrier de la mine, maire de Carmaux depuis le 15 mai 1892. Les mineurs sont soutenus par Jean Jaurès qui est élu député du Tarn, comme socialiste indépendant, lors de l'élection partielle du 8 janvier 1893.

Le 28 mai 1957, le Centre Autorails de Carmaux reçoit le 1er autorail de la série X 2800 de la SNCF, l'X 2801. Le Centre Autorails de Carmaux est fermé en 1958 et ses autorails sont alors transférés à Toulouse.

L’exploitation charbonnière

Les prémices de l’exploitation

Au cours du XIIIe siècle, les paysans logeant à proximité du Cérou découvrirent la présence de charbon dans le sol de leurs propriétés. Conscients des atouts de ce combustible sur le bois, ils décidèrent de partager leur activité entre le travail de la terre et l’extraction du charbon. Ils transportaient alors ce dernier sur Albi pour le vendre, moyennant des taxes de péage sur l’actuel Pont-Vieux d'Albi. Un charbonnier pouvait extraire jusqu’à 600 kilos de charbon par jour, dans des tranchées atteignant généralement une vingtaine de mètres de profondeur. Si cette exploitation reste confidentielle et individuelle, elle n’en demeure pas moins décisive pour l’avenir de Carmaux.

Charbon après extraction

En 1692, Jacques-Philippe de Ciron s'intitule marquis de Carmaux. Il décida de développer l’extraction du charbon, au profit de la seigneurie carmausine. Pour ce faire, il s’assura du monopole des gisements, ordonnant aux paysans propriétaires de lui vendre leur charbon, pour le revendre ensuite à un prix bien plus élevé. Mais les protestations des propriétaires amenèrent l’intendant du Languedoc et le roi Louis XIV à intervenir auprès du marquis de Ciron pour qu’il cesse ce genre de pratiques frauduleuses. Suite à un arrêt du Conseil du Roi en 1702, Jacques-Philippe de Ciron dut indemniser les propriétaires lésés.

L’arrivée de la famille de Solages

La famille de Solages, de noblesse chevaleresque, est l'une des plus anciennes et des plus illustres familles du Rouergue. Elle est citée dans cette province dès le XIe siècle. Au XIVe siècle, elle se fond dans la famille d'Arjac. Deux branches naîtront de cette union : une branche qui gardera le patronyme d'Arjac et une autre qui relèvera le patronyme Solages et qui s'implantera au XVIIIe siècle en Albigeois.

Cette famille compte parmi ses membres de nombreux officiers au service des rois de France.

En 1724, François-Paul de Solages épousa Marie de Ciron, fille de Jacques-Philippe de Ciron, et hérita ainsi du titre de marquis de Carmaux. Ce fut le début du règne des Solages[8] dans le pays Carmausin . En 1742, Antoine-Paulin de Solages, fils de François-Paul, hérita à son tour du titre de marquis de Carmaux. Il obtint la concession des mines de Carmaux en 1748, ainsi que le droit d’exploiter le sous-sol de ses terres. Ne parvenant pas à gérer l’affaire, il demanda l’aide de son frère Gabriel-Charles de Solages (dit Gabriel de Solages ou Chevalier de Solages), plus expérimenté, et connu des autorités de la Cour. Ce dernier créa la Compagnie de Carmaux et décida, en 1752, de faire venir des mineurs expérimentés de Valenciennes et Charleroi, nommés les Flamands, pour apprendre le travail d’exploitation minière aux mineurs de Carmaux. Des traitements de faveur étaient accordés au mineur venant du Nord, en raison de leur expérience antérieure. Ces inégalités donnèrent lieu à des conflits entre les Flamands et les mineurs d’origine carmausine. Néanmoins, le mode d’exploitation commença sa révolution, et la production annuelle atteignit des taux record. À noter que le chevalier de Solages créa également, avec son père François-Paul une verrerie en 1752 (une industrie promise à un bel avenir dans le Carmausin), alimentée par le charbon de Carmaux.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Gabriel-Charles de Solages contribua très clairement à la modernisation des techniques d’exaction du charbon dans le carmausin. S’inspirant là encore de techniques utilisées dans le nord de la France, il mit en place des machines à poulies, telles que la machine à molette (actionnée par des chevaux) servant à remonter le charbon des puits, ou la roue à tympan (actionnée par des hommes) servant à descendre les mineurs dans les galeries, ces innovations sont dues à Théodore Fastré venu de Namur en 1754 ingénieur et Directeur des Travaux Souterrains ; on lui doit également la construction des fours à chaux et la géneralisation de son utilisation comme amendement sur les terres jusque là ingrates du Ségala . Malgré d’importantes rivalités avec son frère Antoine-Paulin, le chevalier de Solages sut gagner la confiance des rois Louis XV et Louis XVI, qui lui accordèrent de nouvelles concessions pour l’extraction du charbon de Carmaux, pour une période de près d'un siècle.

Le chevalier de Solages

En décembre 1793, suite à la Révolution française, et sous le régime de la terreur, les mines furent nationalisées. Les Solages furent suspectés de soutenir le mouvement royaliste. Le chevalier Gabriel-Charles, sa femme et son fils François-Gabriel, furent arrêtés, et les mines furent mises sous séquestre. Elles appartinrent alors à la nation. Ces années de Révolution furent le théâtre de rebellions, de la part de certains propriétaires et de travailleurs des mines, les premiers exigeant le droit d’exploiter les mines de leurs terrains, les seconds réclamant des augmentations de salaire. En juillet 1794, suite à la décapitation de Robespierre, les jacobins perdirent leur pouvoir et l’instauration d’une république bourgeoise permit aux de Solages d’être libérés. Malgré de nombreuses protestations de la part des propriétaires, ils parvinrent à diriger de nouveau les mines de Carmaux. Le chevalier Gabriel-Charles de Solages mourut le 28 juillet 1799, à la veille du coup d’État de Bonaparte, laissant à son fils la direction des mines de Carmaux.

L’essor industriel et le machinisme

Durant les années du Premier Empire, la France, en guerre avec le reste de l’Europe, dut se suffire à elle-même. Les puits alors existants ne suffisaient plus à alimenter les industries locales. Une nouvelle zone d’extraction vit le jour à proximité du Cérou. L’absence de transport ferroviaire empêchait l’extraction du charbon de Carmaux au niveau national, les prix du transport de celui-ci étant beaucoup trop élevés pour rivaliser avec les gisements du Nord de la France. Les conditions de travail des mineurs de Carmaux étaient particulièrement pénibles et dangereuses, leur rémunération très faible par rapport aux mineurs du Nord de la France, les enfants étaient sollicités pour tracter les bennes souterraines dans lesquelles le charbon circulait.

L’exploitation s’appelait alors Entreprise des Mines et de la Verrerie de Carmaux de Solages père et fils. Parmi les innovations, on peut noter également, à partir de 1834, la construction de rails pour y faire glisser des wagonnets, facilitant la tâche de transport souterrain du charbon, un travail qui, la plupart du temps, sollicitait des enfants. Mais l’innovation la plus spectaculaire et décisive dans l’avenir des mines de Carmaux fut indéniablement la construction de la voie de chemin de fer entre Carmaux et Albi Madeleine (essentiellement financée par des actionnaires), en 1856 et 1857. Pour financer cette voie ferrée, l’entreprise familiale des mines de Carmaux dut se dissoudre, créant une nouvelle société, la Compagnie des houillères et Chemins de fer de Carmaux-Toulouse. Un premier train circula entre Carmaux et Albi Madeleine le 9 novembre 1857. En 1865, un pont sur le Tarn fut construit à Albi pour rejoindre la ligne à Toulouse. L’endettement de la Compagnie des mines et Chemins de fer de Carmaux, en raison de la gestion parallèle des mines et de la voie ferrée, obligea la société à vendre la ligne Carmaux – Albi à la Compagnie des Chemins de fer du Midi, devenant ainsi la Société des mines de Carmaux. Néanmoins, les mines de Carmaux accusèrent toujours, durant toute cette première moitié du XIXe siècle, un retard considérable en matière d’avancées techniques et de conditions de travail sur les mines du Nord de la France.

Puits de mine de Carmaux

En ce milieu du XIXe siècle, les mineurs de Carmaux étaient encore avant tout des paysans, qui partageaient leur temps entre le travail à la mine pour leurs revenus et le travail de la terre pour nourrir leur famille. La plupart d’entre eux habitaient dans les environs de Carmaux et devaient effectuer le trajet jusqu’aux puits à pieds. La Société des mines de Carmaux mit en place un système de coopérative d’alimentation pour pallier la famine, et entreprit la construction de logements pour les mineurs avec jardinets à proximité du Cérou afin d’éviter aux travailleurs la corvée des trajets quotidiens. Mais les salaires, toujours aussi bas, et l’augmentation du temps de travail journalier (10 heures au lieu de 8), incitèrent les mineurs à protester à plusieurs reprises, entre 1857 et 1869. Ainsi, certains corps de métiers de la mine se mobilisèrent tour à tour et refusèrent de descendre dans les puits. Ces protestations se soldèrent par des répliques drastiques de la part de la direction : licenciements immédiats, arrestations, peines d’emprisonnement, etc. Ce n’est que durant l’été 1869 que les manifestations prirent une tournure beaucoup plus radicale. Réclamant le maintien de la journée à huit heures, le renvoi du directeur de la compagnie Germain Chassignet, la gratuité du chauffage, et une augmentation des salaires, ils saccagèrent durant plusieurs nuits l’entrée des puits, les portes du château du marquis de Solages, puis la maison du directeur en personne. Après plusieurs jours de lutte, leurs revendications furent acceptées par la compagnie. La libération des mineurs emprisonnés lors de ce mouvement de lutte, quelques jours plus tard, apaisa les tensions entre la direction et les travailleurs, provisoirement du moins.

À partir de 1874, deux fosses furent creusées pour l’exploitation d’un puits : une pour l’extraction du charbon et la descente des mineurs, l’autre pour l’aérage et l’évacuation de l’eau. En 1883, le nombre de mineurs atteignit 2060, le double qu’en 1869. Cette augmentation s’explique en partie par la décision de la Société des mines, en 1879, de n’embaucher que des personnes habitant dans un rayon de 5 kilomètres autour de Carmaux. Carmaux devint de loin la ville la plus importante de l’agglomération, et fut nommée chef-lieu du canton, comprenant Carmaux, Saint-Benoît, Blaye, Rosières, Labastide-Gabausse et Taïx.

Les grandes grèves de Carmaux et l’ère Jean Jaurès

Statue de Ludovic de Solages (Paul Niclausse)
Article détaillé : Grèves de Carmaux de 1892-1895.

En février 1883, la direction demanda aux mineurs de travailler deux heures de plus par jour. Cette décision amena ces derniers à se mobiliser massivement, réclamant le maintien de la journée de huit heures, une augmentation de salaire, une meilleure gestion de la Caisse de secours, l’arrêt des licenciements arbitraires. Cette grève fut menée à l’initiative du Cercle des Travailleurs (un comité de lutte comprenant des mineurs, des verriers et des artisans). Après plusieurs jours de manifestations, les mineurs reprirent le travail, malgré une faible augmentation de salaire. En avril 1883, le premier syndicat des ouvriers mineurs de Carmaux fut créé, comptant dans ses membres Jean-Baptiste Calvignac, élu par la suite maire socialiste de la ville, le 15 mai 1892.

Ce dernier, alors ajusteur aux ateliers des mines, fut licencié le 2 août 1892 par la Société des Mines de Carmaux, prétextant que ses fonctions politiques portaient atteinte à son activité professionnelle. Malgré la demande des mineurs de réintégrer leur maire à la mine, la direction resta imperturbable. Ces derniers se mirent alors en grève et envahirent le parc de la maison de la direction, réclamant la démission immédiate de Humblot, alors directeur des mines. Plusieurs d’entre eux furent arrêtés et condamnés à des peines d’emprisonnement, ce qui accentua encore davantage le mouvement de grève. Ce n’est que fin octobre 1892 que le député de Carmaux, Jérôme de Solages, et Humblot le directeur des mines démissionnèrent de leurs fonctions, et que les lutte cessèrent. Les ouvriers condamnés furent alors libérés. Jean Jaurès apporta son soutien aux mineurs lors de cette grande grève des mineurs de Carmaux.

Jean Jaurès, converti au socialisme depuis la grande grève de mineurs de Carmaux, porta sa candidature au poste vacant de député de Carmaux. Il fut d’abord élu député en janvier 1893, puis conseiller général en aout. Une page s’est alors tournée dans l’histoire du Carmausin avec ces élections. Depuis, la ville est restée un véritable emblème du socialisme. L’incendie, vraisemblablement criminel, qui ravagea le château des de Solages, le 1er avril 1895 est probablement le symbole d’un refus de la politique capitaliste des De Solages de la part des mineurs carmausins. Un autre château, plus modeste, fut alors construit (devenu aujourd’hui le Château de la verrerie). Parallèlement, l’exploitation du charbon se développa, avec le fonçage de nouveaux puits vers le Sud de Carmaux.

Le tournant du siècle

Néanmoins, le marquis de Solages retrouva son poste de député de Carmaux en 1898, en battant Jaurès à la suite d’une campagne électorale houleuse. La ligue antisocialiste prit de l’ampleur, et Jean-Baptiste Calvignac dut renoncer à son poste de maire à plusieurs reprises entre 1892 et 1900, suite aux pressions de l’opposition et du marquis de Solages. Il fut également licencié par la Société des mines puis réhabilité. En 1900, la Société des mines de Carmaux comptait 2500 mineurs.

Buste de Jean Jaurès (Paul Ducuing)

En raison des bénéfices considérables réalisés par la Société des mines, les mineurs demandèrent à nouveau, en janvier 1900, une augmentation de salaire de 10%, ainsi qu’un système d’avancement à l’ancienneté, et l’abolition du favoritisme patronal lors de l’embauche. La direction décida stratégiquement de leur donner une augmentation de 7% afin de les diviser : ceux (appuyés par le comité contre la grève) exigeant de reprendre le travail afin de nourrir leur famille, et ceux (appuyés par le Syndicat des mineurs) voulant continuer la grève afin d’obtenir l’augmentation escomptée. Les affrontements entre les deux camps furent parfois violents. Le mouvement s’est estompé en avril 1900, et la reprise du travail fut votée.

Jean Jaurès fut à nouveau élu député de Carmaux en avril 1902. Et en octobre, de nouvelles grèves éclatèrent, concernant cette fois-ci l’ensemble des bassins miniers de France. De nouveau, les mineurs furent divisés. Malgré les interventions de Jean Jaurès au Parlement, ainsi qu’auprès de la Société des mines, cette dernière refusa toute augmentation des salaires et des retraites aux ouvriers. Le travail ne reprit qu’en décembre 1902. Suite à ces revendications, les mineurs, divisés plus que jamais, n’obtinrent de la part de la Société des mines qu’une prime annuelle. En plus du Syndicat des mineurs, un deuxième syndicat apolitique beaucoup plus modéré, le Syndicat Professionnel, fut créé en 1903. Bien que défenseur des droits des mineurs, il acceptait le capitalisme, et prônait l’entente entre le capital et le travail ainsi que des rapports plus cordiaux entre les ouvriers et la direction.

En 1914, suite à des grèves de courte durée, les mineurs obtinrent une caisse de retraite autonome. Le travail de fond n’avait alors pas beaucoup évolué, si ce n’est la mise en service, dans certains puits, de trolleys électriques remplaçant les enfants et les animaux pour transporter le charbon dans les galeries souterraines.

Les Guerres Mondiales et l’Entre-deux-guerres

Statue de Jean Jaurès

Le 31 juillet 1914, les mineurs apprirent avec douleur l’assassinat de Jean Jaurès par Raoul Villain. Une commémoration eut lieu plus tard, le 3 juin 1923, date à laquelle sa statue fut inaugurée sur l’actuelle place Jean Jaurès, en présence des plus grandes personnalités socialistes françaises du moment. La Grande Guerre commença, et après la Bataille de la Marne, les zones industrielles importantes du Nord et de l’Est de la France furent occupées par les Allemands. Beaucoup de mineurs du Nord-Pas-de-Calais et de Lorraine vinrent travailler à Carmaux afin de permettre à la France d’atteindre les taux de production nécessaires à la guerre et à la vie quotidienne des citoyens du pays. Ainsi, l’extraction du charbon atteignit des taux record : 850 000 tonnes en 1918 contre 583 000 en 1914.

À la fin de la guerre, les réfugiés du Nord repartirent chez eux et la production carmausine chuta de nouveau. En outre, près de trois cent mineurs carmausins trouvèrent la mort sur le front. Jérôme de Solages décida alors de faire venir à Carmaux des mineurs de Pologne, d’Italie et d’Espagne, réputés pour leurs performances. Afin de les inciter à venir travailler à la Société des Mines de Carmaux, il entreprit des mesures considérables pour améliorer le cadre de vie des carmausins et plus particulièrement des mineurs. C’est ainsi que vers 1923, virent le jour de nouveaux parcs, notamment le Pré-Grand (situé à proximité du Domaine de la verrerie, et aujourd’hui détruit), un jardin public particulièrement luxueux dont les terres furent offertes par le marquis de Solages. Il était constitué de statues de bronzes représentant différents corps de métier, un monument aux morts dédiés aux victimes de la Grande Guerre, un kiosque et des bassins. Il y eut également le parc du Candou, réservé à la Société de secours, comprenant différentes infrastructures sportives (tennis, piscine, gymnase en plein air). De Solages fit construire également dans les années 1920 des villages destinés aux mineurs, tels que les Bruyères (sur la commune de Blaye-les-Mines), et surtout Fontgrande (Saint-Benoît-de-Carmaux), réputé pour son luxe et le confort de ses maisons. Tout le personnel des mines bénéficiait des caisses de secours, de primes de tout ordre, d’allocations familiales, de ristournes sur l’achat de nourriture dans les coopératives, du chauffage gratuit, et de quatre tonnes de charbon par an. Leurs enfants avaient droit à des cadeaux de Noël lors de la Sainte Barbe, ainsi qu’à des bourses leur permettant de poursuivre leurs études.

Cité de Fontgrande

En 1930, aux mines de Carmaux, les mineurs d’origine étrangère (en particulier polonaise, italienne et espagnole) représentaient la moitié des effectifs du fond. Le travail du mineur de fond carmausin a considérablement évolué en ce début de XXe siècle par la mécanisation. Ainsi, ont fait leur apparition les haveuses, les boutefeux à explosif, les marteaux perforateurs, les armures en métal pour soutenir les galeries, mais aussi, à l’extérieur, des usines de tri du charbon, des voies ferrées pour transporter celui-ci en gare de Carmaux, la liaison téléphonique, etc. En 1936, l’élection du Front populaire permit aux mineurs d’obtenir de nouveaux avantages : augmentation des salaires, réduction du temps de travail, congés payés.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, des mineurs du Nord-Pas-de-Calais et de Lorraine furent à nouveau mobilisés aux mines de Carmaux, afin d’augmenter la production de charbon français en Zone libre. Les mineurs furent obligés à travailler une heure de plus par jour et durent renoncer à leurs congés payés en 1940. Malgré tout, la main-d’œuvre se fit de plus en plus rare durant ces années de guerre, en raison de l’engagement dans la Résistance de certains, et des restrictions alimentaires causant l’épuisement des mineurs et obligeant ces derniers à parcourir la région pour trouver de quoi se nourrir. En outre, cet absentéisme aux puits redoubla, par volonté de résistance, lorsque les Allemands s’emparèrent du charbon de Carmaux en 1942, et ce malgré les menaces exercées par la direction des mines, les arrestations et les déportations. À force de résistances, Carmaux fut libérée le 16 aout 1944.

La nationalisation des mines

Friches industrielles du lavoir de la Tronquié

Au sortir de la guerre, un certain nombre de mesures de restrictions visant à augmenter la production du charbon en France poussèrent les mineurs à faire grève. Le 17 mai 1945, les mines de Carmaux (et de France de manière générale) furent nationalisées afin d’accentuer le redressement économique ; elles firent alors partie, avec les mines de Decazeville, des Houillères du Bassin d’Aquitaine. Octobre 1948 fut le théâtre d’importantes grèves des mineurs, en raison des restrictions gouvernementales au sujet du Statut du Mineur (réduction des salaires, des allocations, et des indemnisations d’accidents du travail et maladies professionnelles), auxquelles s’ajoutaient les restrictions alimentaires de l’après-guerre. Ces grèves de près de deux mois donnèrent lieu à de violents affrontements entre les CRS et les mineurs. La division de ces derniers provoqua l’essoufflement du mouvement. Par ailleurs, d’importantes innovations techniques virent le jour dans ces années là, afin d’augmenter la production de charbon dans le pays, meurtri par la guerre. Ainsi, à Carmaux, une nouvelle centrale thermique fut inaugurée en 1954 pour subvenir aux besoins croissants d’électricité, ainsi que de nouvelles usines de transformation du charbon. De nouvelles voies ferrées et galeries souterraines (pour relier tous les puits au lavoir à charbon de la Tronquié) furent tracées. Ces innovations techniques et l’arrivée de l’électricité au fond requirent la mise en place d’un CAP mineur en 1947, afin de former les futurs travailleurs au métier.

La récession, la fin des puits et le déclin

À la fin des années 1950, la découverte des puits de pétrole au Sahara, l’apogée de l’hydroélectricité et la construction des premières centrales nucléaires commencèrent à concurrencer sérieusement le charbon. Le gouvernement décida de réduire considérablement la production de charbon en France, réduisant les effectifs et obligeant les mineurs à prendre leur retraite après trente ans de service. En décembre 1961, d’importantes grèves eurent lieu, motivées par le projet de fermeture des puits de Decazeville (qui se concrétisa en avril 1966). D’autres furent organisées en mars-avril 1963 pour protester contre la politique charbonnière du gouvernement. Les mineurs obtinrent des hausses de salaires et une quatrième semaine de congés payés. Cependant, la politique charbonnière n’évolua pas, et en 1969, le puits de la Grillatié fut définitivement fermé.

Le 24 novembre 1965, au puits de la Tronquié, un coup de poussier provoqué par un coup de grisou coûta la vie à douze mineurs. Il s’agit du plus grave accident survenu dans les mines de Carmaux, généralement non grisouteuses.

Suite aux grèves de mai 1968, les mineurs obtinrent des augmentations de salaire et de congés payés.

En 1973, le puits de Sainte-Marie ferma à son tour. Cette même année, le Premier choc pétrolier fit germer l’idée d’une exploitation à ciel ouvert sur le site de Sainte Marie pour relancer l’industrie du charbon et compenser les pertes pétrolières. Cependant, le Bassin carmausin était déjà bien meurtri par le déclin de l’industrie charbonnière en France et la population de Carmaux commençait déjà à diminuer. Le 24 novembre 1977, les Carmausins, très inquiets pour l’avenir de la ville, lancèrent une opération "Carmaux ville morte" pour protester contre la politique du gouvernement en place et réclamer de nouvelles embauches. Cette opération fut suivie de grèves en mai 1978. Malgré tout, le puits de Cagnac ferma en 1979. Dès lors, seul le puits de la Tronquié fonctionnait encore.

Meeting de Mitterrand (1981)

En novembre 1980, Carmaux reçut la visite de François Mitterrand, qui promit la relance de l’industrie charbonnière française. Mais son élection le 10 mai 1981 n’apporta pas les espoirs escomptés. Suite au projet de fermeture du puits de la Tronquié et au report des travaux de la grande découverte, d’importantes grèves éclatèrent en février 1983. Elles se solderont par l’embauche de nouveaux mineurs pour le fond et la promesse de débuter les travaux de la grande découverte en 1985.

La grande découverte

Engins miniers de la découverte

Après de houleuses négociations, les travaux de la découverte de Sainte-Marie débutèrent, puis l’exploitation de celle-ci commence en 1985. Le dernier puits - celui de La Tronquié à Blaye-les-Mines - ferme en août 1987, malgré les grèves de décembre 1986 visant à s’opposer à cette fin d'activité. La cokerie, quant à elle, ferme en 1989. En juillet 1991, de violents affrontements ont lieu entre les CRS et les mineurs à Albi, ces derniers protestant contre les suppressions d’emplois et la décision de ne pas mettre en service la seconde mine à ciel ouvert sur le site de la Tronquié en 1993. Cette seconde découverte ne verra en effet jamais le jour.

Malgré les multiples protestations des mineurs contre le sort du Bassin carmausin, la grande découverte de Sainte-Marie cesse définitivement son activité le 30 juin 1997. Suite à un appel d’offres lancé par le Syndicat intercommunal de la Découverte, c’est le projet de parc multi-loisirs Cap'Découverte qui est retenu pour la reconversion du site[9].

Données clés des mines de Carmaux

Effectif et production des mines de Carmaux
Evolution de l’exploitation charbonnière aux puits de Carmaux
1780 1830 1860 1880 1900 1910 1918 1924 1929 1934 1939 1944 1949 1954 1958[10] 1963 1968 1973 1978 1982
Effectif[11] (approximatif) des mineurs 100 300 1000 2000 2700 3300 5500 3800 3200 2200 2700 3200 4300 3400 3400 2700 2100 1600 1200 950
Production (approximative) en milliers de tonnes 10 25 120 320 510 610 850 700 700 640 800 470 1000 1100 1450 1350 1300 910 770 570
Les propriétaires successifs des mines de Carmaux[12]
  • antérieurement à 1752 : les petits propriétaires sur leur propre sol
  • de 1752 à 1793 : Gabriel Charles de Solages (chevalier de Solages)
  • de 1793 à fin 1794 : Comité de salut public
  • de fin 1794 à 1801 : Gabriel Charles de Solages (chevalier de Solages)
  • de 1801 à 1810 : François Gabriel de Solages (vicomte de Solages)
  • de 1810 à 1856 : Entreprise des Mines et de la Verrerie de Carmaux, de Solages Père et Fils
  • de 1856 à 1866 : Compagnie des Houillères et Chemin de fer de Carmaux à Toulouse
  • de 1866 à 1946 (nationalisation) : Société des Mines de Carmaux
  • de 1946 à 1969 : Houillères du Bassin d'Aquitaine ;
  • de 1969 à 1983 : Houillères du Bassin Centre Midi ;
  • de 1983 à 1997 : Houillères du Bassin Centre Midi, Unité d'exploitation Tarn puis Carmaux.
Les principaux puits et leurs dates d’exploitation
  • Puits de La Grillatié : 1833 – 1969
  • Puits de La Tronquié : 1880 – 1987
  • Puits de Sainte-Marie : 1897 – 1973 ; transformé en grande découverte à ciel ouvert de 1985 à 1997
  • Puits de Cagnac-les-Mines (Houillères du Bassin d’Aquitaine groupe Albi) : 1890 – 1979
Les catastrophes minières

Si, presque chaque année, des mineurs trouvaient la mort suite à des accidents au fond des puits de Carmaux, certaines catastrophes minières se sont révélées particulièrement meurtrières :

  • 24 novembre 1965 : Coup de poussier au puits de la Tronquié. 12 morts.
"Mineur de Carmaux" de Paul Graf)

La verrerie

Origines et histoire

La première verrerie de Carmaux fut inaugurée le 2 mai 1754 par Gabriel de Solages et François-Paul de Solages, dans leur domaine de Blaye. Ils avaient obtenu un arrêt du Conseil du Roi pour ce faire. Elle exploitait le charbon de Carmaux. Jusque dans les années 1850, sa production ne dépassait pas les 500 000 bouteilles par an et l'entreprise comptait une centaine d'employés. En 1856, la verrerie fut louée à Eugène Rességuier (un riche marchand de bouteilles toulousain) qui fit construire en 1862 une nouvelle verrerie, la Verrerie Sainte-Clotilde, à proximité de la toute récente gare reliant Carmaux à Albi à partir de 1857 et à Toulouse à partir de 1864. Sous l'impulsion de Rességuier, cette industrie prit de l'ampleur. La Verrerie Sainte-Clotilde comptait 300 ouvriers en 1880. Suite à différents processus de mécanisation et à l'achat de cinq nouveaux fours Siemens, elle comptait 800 employés en 1887 qui travaillaient alors au rythme des 3 × 8. La production atteignit 30 000 bouteilles par jour. La crise du phylloxera et la mécanisation portant atteinte au travail et aux salaires des verriers, ces derniers créèrent la chambre syndicale des verriers de Carmaux en 1890[13].

Ancienne verrerie Sainte-Clotilde

Les grèves de 1895

Article détaillé : Grèves de Carmaux de 1892-1895.

En juillet 1895, l'un des salariés de la Verrerie Sainte-Clotilde fut licencié en raison d’une absence liée à son activité syndicale. Afin de le soutenir, les autres ouvriers répliquèrent par une grève générale qui allait durer environ quatre mois. Intransigeant, Eugène Rességuier imposa un lock-out. Malgré le soutien apporté par Jean Jaurès aux ouvriers, Rességuier parvint, avec l’appui des autorités préfectorales, à redémarrer l’usine en employant des ouvriers recrutés dans toute la France. Les anciens salariés grévistes de la verrerie décidèrent, avec l’appui de Jean Jaurès et de donateurs, de créer, en 1896, une nouvelle verrerie entièrement autogérée à Albi. Parallèlement, la Verrerie Sainte-Clotilde continua toutefois à fonctionner jusqu’en 1931. Le travail y était devenu moins artisanal en raison de la mécanisation de l’opération de soufflage.

Administration

Les maires de Carmaux

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
1892 janvier 1895 Jean-Baptiste Calvignac[14] SFIO  
janvier 1895 mai 1896 Jean-François Mazens    
mai 1896 6 septembre 1896 Jean-Baptiste Calvignac[15] SFIO  
septembre 1896 avril 1897 Marius Saurou    
avril 1897 décembre 1900 Jean Calmettes    
1900 1930 Jean-Baptiste Calvignac SFIO  
1930 1944 Louis Fieu SFIO  
17 mai 1945 17 mai 1945 Augustin Malroux[16] SFIO  
1947 mars 1977 Jean Vareilles PS Conseiller général
mars 1977 mars 1983 Jacques Goulesque PS Conseiller général
mars 1983 mars 1989 Jacques Goulesque PS Conseiller général
mars 1989 juin 1995 Jacques Goulesque PS Conseiller général
juin 1995 1997 Jacques Goulesque PS Conseiller général
1997 mars 2001 René Frayssinet PS  
mars 2001 mars 2008 René Frayssinet PS Conseiller général
mars 2008   Alain Espié[17] PS  

Sécurité

Le taux de criminalité de la circonscription de police de Carmaux est de 31,41 actes pour 1000 habitants[18]. S’il est légèrement supérieur à celui du département du Tarn (25,0/1000), il reste toutefois nettement inférieur à ceux des principales communes du département : Albi (49,30/1000), Castres (61,28/1000), Mazamet (47,07/1000), Graulhet (42,98/1000), et à la moyenne nationale (57,29/1000). Le taux d’élucidation des affaires par la police de Carmaux est l’un des plus forts du département, soit 50,90 %, contre une moyenne nationale de 37,61 % et départementale de 31,4 %.

Jumelages

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Démographie

Évolution démographique
(Source : Ehess[19] et INSEE[20])

1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
849 1 040 1 518 1 440 1 765 1 881 2 143 2 520 2 648
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
3 743 4 043 4 758 5 010 6 160 6 905 8 059 9 591 10 068
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
10 956 10 894 11 064 11 273 11 607 11 129 10 448 11 136 11 485
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 2007  
14 565 14 755 13 208 12 113 10 957 10 231 10 273 10 268[21]  

Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes


Avec 10 268 habitants, Carmaux est la sixième commune du Tarn la plus peuplée. Toutefois, son unité urbaine[22] de 17 327 habitants[23] la classe au quatrième rang des agglomérations tarnaises, derrière Albi, Castres et Mazamet.

Économie

À l’instar d’un grand nombre de villes industrielles, Carmaux a connu une crise économique sans précédent, des années 1970 jusqu’à la fin des années 1990, en raison du déclin puis de la cessation de l’industrie charbonnière. Depuis les années 2000, elle connaît un nouveau dynamisme économique, malgré une reconversion difficile :

Pour la reconversion du site de la mine à ciel ouvert, les élus locaux ont choisi un pôle multiloisirs, Cap'Découverte inauguré en juin 2003. Cependant, la fréquentation s’est avérée insuffisante par rapport aux prévisions ayant motivé le projet et sa gestion a été sévèrement critiquée en 2005 par la Chambre régionale des comptes de Midi-Pyrénées, puis par la Cour des comptes.

CCA International Carmaux (anciennement Qualiphone), comptant près de 700 salariés (le deuxième employeur privé du Tarn après Pierre Fabre, et l’un des plus grands centres d’appels de France[24]), s’est implanté sur la commune en mai 2002.

Deux nouvelles zones commerciales ont ouvert en 2009 (Avenue de l’Europe) et 2010 (Avenue Jean-Baptiste Calvignac).

La démographie de Carmaux atteste ce nouvel essor économique, l’agglomération ayant vu sa population augmenter au dernier recensement de 2006, pour la première fois depuis 1962[25].

Fiscalité locale

L'imposition des ménages et des entreprises à Carmaux en 2009[26]
Taxe Part communale Part intercommunale Part départementale Part régionale
Taxe d'habitation (TH) 13,97 % 0,00 % 9,39 % 0,00 %
Taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) 30,51 % 0,00 % 20,42 % 4,72 %
Taxe foncière sur les propriétés non bâties (TFPNB) 99,35 % 0,00 % 68,37 % 11,23 %
Taxe professionnelle (TP) 00,00 % 20,63 % 16,17 % 4,12 %

La taxe professionnelle est perçue par la communauté de communes du Carmausin.

Lieux et monuments

Bâtiments de la ville


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Parcs et jardins de la ville

  • Parc de la Verrerie et son île, appartenant au Domaine de la Verrerie. Une statue de Paul Niclausse représentant Ludovic de Solages y est exposée.
  • Parc du Candou (1927).
  • Parc Jean Jaurès, ou Parc de la Sérinié (1933).
  • Jardins privés en bordure du Cérou.

Les alentours

Vie locale

Enseignement

Carmaux est dotée de plusieurs écoles primaires, d’un collège en centre-ville (Collège Victor Hugo), et d’un complexe scolaire comprenant : un collège (Collège Augustin Malroux) ; un lycée d’enseignement général (Lycée Jean Jaurès) ; un lycée professionnel (Lycée Aucouturier). Les lycées et le collège Augustin Malroux sont situés sur le territoire de la commune de Blaye-les-Mines. En matière d’enseignement supérieur, Carmaux accueille en partie l’École des Mines d'Albi-Carmaux.

En ce qui concerne l'enseignement artistique, Carmaux dispose notamment d'une antenne du Conservatoire de Musique et de Danse du Tarn.

Culture

Infrastructures

Evénements culturels

Sport

Infrastructures

Carmaux possède une salle omnisport (située près du Parc du Candou), un stade (Stade Jean Vareilles), une base nautique (Lac de la Roucarié), des terrains et clubs de rugby, football, tennis, handball, basket-ball, musculation, une piscine, un skatepark (Cap'Découverte), etc.

Evènements sportifs

  • National de Pétanque, se déroulant chaque mois d’aout au Parc du Candou

Anecdotes

Club de rugby à XV, l'US Carmaux évoluant dans le Championnat de France de 3e division fédérale pour la saison 2006-2007. L'USC Rugby a été sacrée championne de France de 1re division en 1951, inscrivant ainsi le nom de Carmaux sur le Bouclier de Brennus.

Santé

La commune de Carmaux est dotée d'un hôpital, la Polyclinique Sainte-Barbe.

Gastronomie

L'échaudé triangulaire à base de pâte à pain anisée est une spécialité de la ville de Carmaux.

Loisirs

Evènements divers

Personnalités liées à la commune

Statue de Jaurès

Divers

Carmaux au cinéma

La ville de Carmaux apparaît dans différentes œuvres cinématographiques, dont :

Notes et références

  1. Distances orthodromiques arrondies au kilomètre
  2. Recensement de 2006
  3. Projet ANRU, page 15 du PDF
  4. Article de La Dépêche
  5. Toponymie du pays d'Oc
  6. Site du Musée du Verre
  7. Site Carmaux on Line
  8. Dont l'un des membres, le comte Hubert de Solages, sera arrêté en 1765 (en même temps que sa sœur Pauline de Barrau, épouse de Jean Antoine de Barrau) à la requête de son père par lettre de cachet et interné jusqu'au 14 juillet 1789, date à laquelle il fut le premier prisonnier libéré de la Bastille (voir Histoire de la Bastille depuis sa fondation jusqu'à sa destruction, 1844, p. 274)
  9. Philippe Bernard, Le coût de la Découverte, La Dépêche du Midi du 27 octobre 1999 [1]
  10. A partir de 1958, les données ne prennent pas en compte le nouveau puits de Cagnac appartenant au groupe Albi des Houillères du Bassin Aquitaine.
  11. Ce chiffre ne comprend que les ouvriers-mineurs, l'ensemble du personnel des mines de Carmaux étant généralement de 10 à 20 % supérieur au nombre indiqué ici.
  12. Histoire du bassin sur le site de l'Association pour l'histoire des mines du Carmausin
  13. Carmaux : un exemple dans la révolution industrielle
  14. Révoqué pour un an
  15. Révoqué et privé de ses droits civiques pour cinq ans
  16. Augustin Malroux a été présenté par la SFIO comme tête de liste alors qu'il était décédé au camp de Bergen-Belsen le 10 avril 1945
  17. Site de l'association des maires du Tarn consulté le 5 janvier 2009
  18. Tous les chiffres donnés dans ce chapitre sont issus des statistiques de 2008, fournies par le site web de l'Assemblée Nationale, [2]
  19. http://cassini.ehess.fr/ Population par commune avant 1962 (résultats publiés au journal officiel ou conservés aux archives départementales)
  20. INSEE : Population depuis le recensement de 1962
  21. Insee - Population légale 2007 entrée en vigueur le 1er janvier 2010
  22. Cette unité urbaine est constituée de Carmaux, Blaye-les-Mines, Saint-Benoît-de-Carmaux, Le Garric et Rosières
  23. Recensements INSEE 2006 et 2007
  24. Article de La Dépêche sur CCA International
  25. Évolution démographique de l'unité urbaine de Carmaux
  26. (fr) Impots locaux à Carmaux
  27. Monuments Historiques et Immeubles protégés sur Carmaux
  28. Chronologie des luttes anti-carcérales en France de 1971 à 1989

Annexes

Bibliographie

Ouvrages de référence
  • Louis Calmels, De Carmaux médiéval à Monestiés Combefa et au Néo-Carmausin, Imprimerie P. Carrère, 1932
  • Rolande Trempé, Les mineurs de Carmaux (1848-1914) (2 volumes), Éditions Ouvrières, 1971
  • Patrick Trouche, Sept siècles d'exploitation du charbon dans le pays carmausin, préface de Rolande Trempé, Association Histoire des mines du Carmausin, Blaye-les-Mines, 1980
  • Joan Wallach Scott, Les verriers de Carmaux, traduit de l'anglais par Thérèse Armingon, Flammarion, 1982
Autres ouvrages
  • Gérard Gorgues, Une histoire des mines de Carmaux, Éditions Hersoc, 2002
  • Jean Vareilles, Carmaux des origines au XXe siècle, Vent Terral, 1992

Articles connexes

Liens externes


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