Camille Lemonier

Camille Lemonier

Camille Lemonnier

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Camille Lemonnier
Camille Lemonnier
Camille Lemonnier

Activité(s) Écrivain, journaliste
Naissance 24 mars 1844
Ixelles
Décès 13 juin 1913
Ixelles
Langue d'écriture Français
Œuvres principales
  • Un Mâle (Roman, 1881)
  • Happe-Chair (Roman, 1886)

Camille Lemonnier, né à Ixelles, Belgique le 24 mars 1844 et mort dans sa ville natale le 13 juin 1913, est un écrivain belge particulièrement fécond. Ce Brabançon, fils d'un avocat wallon et d'une Flamande, vint à la littérature par le détour de la critique d'art. Il effectue ses études secondaires à l'Athénée Royal de Bruxelles.

Sommaire

Carrière

En 1863, Lemonnier publie à compte d'auteur le Salon de Bruxelles et commence à fréquenter le monde artistique. Il se distingue immédiatement par son désir de défendre l'art réaliste contre l'académisme, et la liberté de l'artiste contre les institutions d'État. En 1870, Lemonnier parcourt le champ de bataille de Sedan avec son cousin Félicien Rops (peintre et dessinateur). Son roman-reportage Sedan relate ses impressions : « une odeur de terre, de pourriture, de chlore et d'urine mêlés ». Cet ouvrage réaliste sera repris sous le titre Les Charniers qui précède La Débâcle d'Émile Zola.

Lemonnier commence à être reconnu dans le milieu naturaliste. Il collabore d'ailleurs à des revues françaises où il fait connaître les peintres belges. C'est avec son roman Un Mâle (1881) qu'il atteint la notoriété. Le scandale provoqué par la parution de ce livre est tel que la jeune génération (les poètes rassemblés autour de la revue la Jeune Belgique) organise un banquet de « réparation » à leur aîné en 1884 pour lui témoigner son appui face aux foudres de la critique traditionnaliste des « perruques » et de certains journalistes catholiques.

On a souvent surnommé Lemonnier le « Zola belge » bien qu'il ait affirmé que cette étiquette ne lui convenait pas. En fait, l'auteur du Mâle est trop soucieux de son style (qu'on nommait « macaque flamboyant ») et de recherche de néologismes et d'archaïsmes pour être rangé parmi les naturalistes. La filiation avec le naturalisme français s'arrête, en effet, à l'influence du milieu, et plus précisément de la vie animale, sur le comportement des personnages.

Dans des romans tels Le Possédé, La Fin des bourgeois ou L'homme en amour, Lemonnier se rattache davantage au courant dit « décadent », représenté en France par J.-K. Huysmans, Péladan, Lorrain ou Rachilde ; la préciosité de son style, son obsession pour le thème de la femme fatale, la névrose et la perversion peuvent être considérés comme une contribution originale à l'esthétique décadente. Si, dans ces romans des années 1890, Lemonnier se rapproche davantage de Félicien Rops, il n'en demeure pas moins que les chapitres du Mâle qui décrivent la kermesse ou la vie à la ferme renvoient davantage à la tradition flamande et aux tableaux de Pieter Bruegel l'Ancien.

Le Prix quinquennal de littérature lui est attribué en 1888 pour son ouvrage La Belgique, illustré de gravures dessinées, entre autres, par Constantin Meunier. En 1905, il publie La Vie belge et deux ans avant sa mort, Une vie d'écrivain, son autobiographie. Dans ces trois œuvres, Lemonnier rend hommage à sa terre natale, souhaitant présenter au lecteur la vie et la culture de son pays. Ce « témoin au passé », selon sa propre expression, relate, avec un talent de conteur, la naissance des lettres belges: « La Jeune Belgique avait frappé le roc aride et à présent les eaux ruisselaient. » Parfois lyrique, épique et excessif, Lemonnier laisse cependant un document historique très instructif.

En définissant le talent du peintre belge comme la capacité de « suggérer des correspondances spirituelles par un chromatisme expressif et sensible » (La Vie belge), il parle aussi de son propre style: il s'agit de frapper l'imagination par la couleur et les images. En cela, il s'oppose à l'imitation du réel et rejoint un symbolisme universel tout en restant proche de l'instinct et de la spontanéité en même temps que de la tradition baroque de ses ancêtres (Rubens, Jacob Jordaens, David Teniers). Paix à son âme...

Sa maison abrite actuellement le siège de l'Association Belge des Ecrivains Belges de langue française.

Son œuvre vue par ses contemporains

« À cet écrivain [ Charles De Coster ] mort prématurément succéda Camille Lemonnier, qui recueillit la lourde tâche et le triste héritage des premiers combattants: l'ingratitude et la désillusion. C'est encore un héros que ce fier et noble caractère. Soldat du premier au dernier jour, il a lutté sans trêve, depuis quarante ans, pour la grandeur de la Belgique; il a écrit livre sur livre, créé, travaillé, jeté des appels, renversé des barrières. Il n'a point connu le repos jusqu'à ce que Paris et l'Europe n'attachassent plus au qualificatif « belge » la signification dédaigneuse de « provincial », jusqu'à ce qu'il devint enfin, comme jadis le nom de « gueux », d'un vocable honteux, un véritable titre d'honneur. Intrépide, jamais découragé par l'insuccès, cet homme merveilleux a chanté son pays, les champs, les mines, les villes, ses compatriotes, les garçons et les filles au sang bouillant et prompt à la colère. Il a chanté l'ardent désir qu'il éprouvait d'une religion plus claire, plus libre, plus vaste, où notre âme se trouverait en communion plus directe avec la grande Nature. Avec la débauche de couleurs de son auguste ancêtre Rubens, dont la sensualité joyeuse faisait de la moindre chose une fête perpétuelle et jouissait de la vie comme d'une éternelle nouveauté, Camille Lemonnier a su peindre en prodigue toute vitalité, toute ardeur, toute abondance. »

— Stefan Zweig, Émile Verhaeren, 1910

« Aucun écrivain du XIXe siècle, si ce n'est Victor Hugo, n'a possédé, comme Camille Lemonnier, les richesses du dictionnaire, n'a disposé pour formuler sa pensée ou ses sensations d'un nombre aussi considérable de mots: nul ne s'est grisé comme lui de sa puissance verbale. [...] Mais ce ne sont là que les premiers dons que lui a faits la nature. Elle lui a accordé des instincts d'une étrange profondeur, qui communient avec tous les instincts primordiaux de la vie, qui sentent tous les frissons de l'animal, tous les frémissements, tous les appétits, toutes les fécondités, toutes les énergies déchaînées dans la multitude innombrable des organismes vivants. »

— Iwan Gilkin, Discours prononcé à l'Installation de l'Académie royale de Littérature, 15 février 1921

« Sa prose enflée charrie les termes rares et précieux, les archaïsmes et les néologismes, et les mots arrachés aux jargons des provinces. Il y a pléthore, et cette pléthore menace de crever, pour ainsi dire, la peau de la phrase. »

— Antonin Bunand, Petits Lundis, 1890

Citations

  • Sur son refus des étiquettes de genre littéraire
« Je me refuse à planter uniquement des choux dans mon jardin ; je n'entends pas être la vache broutant sa zone d'herbe autour de son piquet ; j'honore, mais sans envier de lui ressembler, le casseur de pierres voué à l'entretien d'un rayon départemental. Bref, lorsqu'il me serait lucratif et commode de me cantonner, à l'exemple d'autrui, dans un immusable périmètre - (les firmes fructueuses ne sont qu'à ce prix), - je m'évade vers de variables latitudes et rechigne à me laisser cataloguer sous une étiquette. »

— Camille Lemonnier, Esthétique, Dames de Volupté, 1892

Texte autographe

Camille Lemonnier - Dans l'or et l'émeraude....jpg Texte paru dans la Nouvelle Revue internationale en 1898.

« Dans l'or et l'émeraude paissent les génisses sacrées, choisies pour perpétuer la race blanche d'Éolie. Leur sang rose luit à leurs naseaux. Elles lèvent des visages de jeunes déesses, jouets d'une métamorphose. Toutes les dix eurent des mères belles et renommées, nées comme elles au bord des eaux, dans les limons verts. Un air aromatique et sucré nombreusement distilla leurs vertus nuptiales. Elles sont les vierges promises au royal amour ; en mouvant ses entraves, le taureau mugit à leur odeur. Elles vont, fauchant en cercle la lavande et le serpolet, ou bien, sous leurs soles saccadées, le pré tremble. Lasses ensuite d'ébats, leurs fronts lourds et fléchis vers les fanons, elles goûtent de longs assoupissements gorgés. Là-bas coulent les eaux, flottant à la dérive des brouillards lumineux. Des clôtures les isolent ; elles y demeurent parquées loin des [...]. Cependant l'heureux été mollit les vents. Le sol bout sous le soleil oblique. Toutes les herbes dans l'immense vie torpide de la prairie, vibrent et dardent comme des flambeaux. Au loin la forêt massive, aux lourdes orfèvreries vermeilles, aux silences bleus, suggère les forces éternelles. Là commence le végétal géant, la gloire des hauts arbres centenaires. Et c'est une après-midi des âges aimables de la terre, sous des airs subtils.. »

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Wikisource propose un ou plusieurs textes écrits par Camille Lemonnier.

Œuvres sélectionnées

(Lemonnier est l'auteur de plus de 70 volumes)

  • Nos Flamands (1869)
  • Le Salon de Paris (1870)
  • Sedan (1871)
  • Gustave Courbet et son œuvre (1878)
  • Un Mâle (1881)
  • Le Mort (1881)
  • L'Hystérique (1885)
  • Happe-Chair (1886)
  • La Belgique (1888)
  • Mme. Lupar (1888)
  • L'enfant du Crapaud (1888)
  • Le Possédé (1890)
  • La Fin des bourgeois (1892)
  • L'Île vierge (1897)
  • L'Homme en amour (1897)
  • Adam et Ève (1899)
  • Au cœur frais de la forêt (1900)
  • Constantin Meunier : sculpteur et peintre (1904) - monographie
  • Quand j'étais homme (1907)
  • Félicien Rops : l'homme et l'artiste (1908) - monographie
  • Émile Claus (1908) - monographie
  • L'École belge de peinture (1830-1905), (1906)
  • Une Vie d'écrivain (posth.)

Liens externes

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