Calendrier musulman

Calendrier musulman

Le calendrier musulman ou calendrier hégirien (hijri) est un calendrier lunaire, basé sur une année de 12 mois lunaires de 29 à 30 jours chacun (pour être précis : 29,53059 jours solaires). Une année hégirienne est donc plus courte qu’une année grégorienne d’environ onze jours.

L'année actuelle est 1432 de l'hégire, allant du soir du 7 décembre 2010 au soir du 26 novembre 2011 environ.

Sommaire

Histoire

Calendriers préislamiques

Les prédécesseurs du calendrier de l'hégire étaient des calendriers qui comportaient des mois lunaires synchronisés avec le cycle solaire par l'intercalation d'un treizième mois. Ce mois, dans la péninsule arabique, était ajouté par certaines tribus entre le dernier et le premier mois de l'année et par les tribus juives selon les indications des autorités de Palestine, puis de Babylonie. Le nom arabe des mois, en particulier celui des deux rabia[1] (rabia al Awal et rabia ath-Thani) devait correspondre au printemps, avant les deux mois secs de joumada (joumada al oula et joumada ath-thania) et le mois « brûlant » de ramadan[2].

Se différenciant de la pratique juive, le Coran interdit expressément le mois intercalaire (voir ci-après), désynchronisant le calendrier des saisons agricoles, ce qui montre qu'il était en usage avant l'apparition de l'islam. Les onze jours de décalage du calendrier musulman avec le calendrier grégorien rendent le calendrier musulman peu adapté à une utilisation en agriculture car cela provoquerait à long terme un décalage des saisons solaires et des saisons calendaires.

Interdiction des mois intercalaires

Le Coran indique dans la sourate 9, verset 37 concernant la neuvième année de l'hégire, que l'usage du mois intercalaire est prohibé:

« Le report d'un mois sacré à un autre est un surcroît de mécréance. Par là, les mécréants sont égarés : une année, ils le font profane, et une année, ils le font sacré, afin d'ajuster le nombre de mois qu'Allah a fait sacrés. Ainsi rendent-ils profane ce qu'Allah a fait sacré. Leurs méfaits leurs sont enjolivés. Et Allah ne guide pas les gens mécréants[3]. »

Et le verset d'avant (9:36) indique en effet : « le nombre de mois, auprès d'Allah, est de douze mois, dans la prescription d'Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d'entre eux sont sacrés : telle est la religion droite. Durant ces mois, ne faites pas de tort à vous-mêmes. »[4]

Les quatre mois sacrés sont dhou al Qi`da, dhou al-Hijja et mouharram qui sont consécutifs et rajab.

L’imprécision concernant les mois intercalaires lors des neuf premières années de l'hégire fait que la datation exacte des événements de cette période dans le calendrier grégorien est sujette à une marge d'erreur d'un à trois mois (la bataille de Badr, la bataille de Uhud et la bataille du fossé).

Spécificités

L'an Ier de ce calendrier a débuté le premier jour de l’hégire, le 1er mouharram (le 15 ou le 16 juillet 622 de l’ère commune, selon les auteurs théologiens).

La première époque est dite « astronomique », la seconde « civile ». Ce calendrier a été adopté dix ans après cet événement. On indique qu’une date est donnée dans ce calendrier en ajoutant la mention calendrier musulman, calendrier hégirien, ère musulmane, ère de l’hégire ou, en abrégé, H ou AH (du latin anno hegirae).

L'année actuellement en cours dans le calendrier musulman est 1432.

Faire 2011 - 622 = 1389 pour trouver l'année de l'hégire actuelle est inexact, et ne tient pas compte du fait que le calendrier musulman « avance » plus rapidement que le calendrier grégorien. Les années hégirienne et grégorienne seront concordantes en l'an 20 874[5].

Chaque mois démarre au moment où le premier croissant de lune est visible : selon l’endroit d’où est effectuée cette observation, le mois peut démarrer plus ou moins tôt. Le mois de ramadan, par exemple, ne commence et ne termine pas le même jour pour tous les musulmans du monde. Ainsi, si le ciel est nuageux et ne permet pas l'observation visuelle du croissant de lune, le soir du 29e jour de chaabane, dans un pays musulman, alors ce jour est défini comme jour de doute Yawm shakk. Le mois de chaabane sera déclaré comme ayant 30 jours, avant de déclarer le début du mois de ramadan. De même, l'année qui commence le premier jour du premier mois de mouharram, ne débute pas au même moment dans tous les pays musulmans.

Variantes

Il existe une variation du calendrier musulman, connue sous le nom de calendrier musulman tabulaire ou calendrier fatimide, dans laquelle la longueur des mois est déterminée par des règles de calcul et non par observation ou calcul astronomique. L’année commune de ce calendrier comporte 354 ou 355 jours, répartis en 12 mois de 30 et 29 jours alternativement, dont seul le douzième (Dhou al-hijja) compte un nombre variable de jours (29 ou 30).
Sont dites communes les années où ce mois compte 29 jours, et où l’année compte 354 jours.
Sont dites abondantes les années où ce mois compte 30 jours, et où l’année compte 355 jours.

Les années communes ou abondantes s’intercalent selon un cycle de 30 années comptant 19 années communes et 11 années abondantes. Il existe quatre versions principales de ce cycle trentenaire. Selon la version, sont abondantes les années :

  • 2, 5, 7, 10, 13, 15, 18, 21, 24, 26, et 29 - "Algorithme koweïtien" (Kushyar ibn Labban (en), XIe siècle, et Ulugh Beg, XVe siècle)
  • 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26, et 29 - Version la plus commune
  • 2, 5, 8, 10, 13, 16, 19, 21, 24, 27, et 29 - (Tables de conversion d’origine indienne)
  • 2, 5, 8, 11, 13, 16, 19, 21, 24, 27, et 30 - (Al-Marwazi, IXe siècle, Al-Biruni, Xe et XIe siècles, et Élias de Nisibis, XIe siècle)

L’année moyenne au cours de ce cycle de 30 ans est donc de : ( 19 × 354 + 11 × 355 ) / 30 = 354,36667 qui ne diffère que de 0,0004 jour (<35 s) de l’année lunaire vraie et permet ainsi de garder le calendrier synchronisé sur les lunaisons pour les 2500 prochaines années.

L’année musulmane ayant 10, 11 ou 12 jours de moins que l’année grégorienne (selon que celle-ci est bissextile ou non, et que l’année musulmane est abondante ou commune), le nouvel an musulman survient chaque année civile en avance de ce même nombre de jours par rapport à l’année solaire, et chaque date du calendrier musulman (dont notamment les fêtes religieuses et le jeûne du mois de ramadan) « transite » donc progressivement par toutes les saisons.

Comprendre le calendrier musulman

Le calendrier lunaire, basé sur le calcul, peut être établi des années à l'avance. Mais, c'est l'observation à l'œil nu de la nouvelle lune qui signale le début du mois pour les musulmans, et non le calcul astronomique. Or, le premier croissant de lune peut être visible à Ryad et pas au Caire, d'où des différences de début de mois entre les pays.

À titre d’illustration, le 1er shawal 1426, jour de célébration de l’Aïd el-Fitr, correspondait au mercredi 2 novembre 2005 en Libye et au Nigéria, au jeudi 3 novembre dans 30 pays dont l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, l’Arabie saoudite et une partie des États-Unis, au vendredi 4 novembre dans 13 pays dont le Maroc, l’Iran, le Bangladesh, l’Afrique du Sud, le Canada, une partie de l’Inde et une partie des États-Unis, et au samedi 5 novembre dans une partie de l’Inde[6]. Cet état des choses n’est nullement exceptionnel, il se renouvelle chaque mois.

Pour ces raisons, la plupart des musulmans utilisent le calendrier grégorien pour gérer toutes leurs activités, et ne s’intéressent aux dates fournies par le calendrier islamique qu’en des occasions spéciales (Nouvel An musulman, fêtes religieuses , etc.)

L’astronome et le calendrier

Le mois lunaire débute au moment de la « conjonction » mensuelle, quand la Lune se trouve située sur une ligne droite entre la Terre et le Soleil. Le mois est défini comme la durée moyenne d’une rotation de la Lune autour de la Terre (29,53 j environ). La lunaison varie au sein d'une plage dont les limites sont de 29,27 j au solstice d'été et de 29,84 j au solstice d'hiver, donnant, pour l’année de 12 mois, une durée moyenne de 354,37 jours. L’astronome babylonien Kidinnu (IVe siècle av. J.‑C.), très connu pour ses travaux astronomiques, a calculé la durée du mois synodique comme égale à 29 j 12 h 44 min 3,3 s, alors que la valeur admise aujourd’hui est de 29 j 12 h 44 min 2,8 s, soit environ une demi seconde d’écart.

Les astronomes ont posé, depuis des millénaires, la convention que des mois de 30 j et de 29 j se succédaient en alternance, ce qui permettait de faire correspondre la durée de rotation de la Lune sur deux mois consécutifs à un nombre de jours entiers (59), laissant à peine un petit écart mensuel de 44 min environ, qui se cumulait pour atteindre 24 h (soit l’équivalent d’un jour) en 2,73 ans. Pour solder cet écart, il suffisait d’ajouter un jour au dernier mois de l’année, tous les trois ans environ, de la même manière qu’on ajoute un jour tous les quatre ans au calendrier grégorien. Les années dites « abondantes » du calendrier islamique, d’une durée de 355 j chacune, sont au nombre de 11 dans un cycle de 30 ans (années n° 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29), alors que les années dites « communes », d’une durée de 354 j, sont au nombre de 19.

Dans l’Arabie préislamique, les bédouins utilisaient un calendrier lunaire basé sur une année de 12 mois. Mais ils avaient pris l’habitude, depuis l’an 412, de leur adjoindre un 13e mois mobile, (dont le concept avait été emprunté au calendrier israélite), dans le but de faire correspondre le mois du hajj à la saison d’automne. Ces ajustements ayant fait l’objet de grands abus, le Coran les a réprimés en fixant à douze le nombre de mois d’une année et en interdisant l’intercalation du 13e mois[7]. Mais il ne fournit aucune autre indication d’ordre méthodologique concernant la confection du calendrier lunaire, et ne fait aucune référence au calcul astronomique.

Les bédouins étaient habitués à observer la position des étoiles, de nuit, pour se guider dans leurs déplacements à travers le désert, et à observer l’apparition de la nouvelle lune pour connaître le début des mois. Quand ils interrogèrent le prophète de l'islam (Mahomet) sur la procédure à suivre pour déterminer le début et la fin du mois de jeûne, il leur recommanda de commencer le jeûne du mois du ramadan avec l’observation de la naissance de la nouvelle lune (au soir du 29e jour du mois) et d’arrêter le jeûne avec la naissance de la nouvelle lune (du mois de shawwal). « Si le croissant n'est pas visible (à cause des nuages) comptez jusqu'à 30 jours[8]. »

La recommandation confortait dans ses habitudes ancestrales une communauté qui ne savait ni écrire ni compter et qui n’avait pas d’accès, de toutes façons, à d’autres méthodes de suivi des mois. À l'époque, les données astronomiques n’étaient pas communément disponibles pour être utilisées par la population de manière pratique, en tous lieux, comme c’est le cas aujourd’hui pour les agendas et calendriers, par exemple.

Or, le croissant lunaire ne devient généralement visible que quelque 15 à 18 h après la conjonction, et sujet à l’existence de conditions favorables résultant de facteurs tels que le nombre d’heures écoulées depuis la conjonction ; les positions relatives du soleil, du croissant lunaire et de l’observateur ; l’altitude de la lune au coucher du soleil ; le lieu où l’on procède à l’observation ; l’angle formé avec le soleil au moment du coucher ; les conditions d’observation (pollution, humidité, température de l’air, altitude) ; la limite de détection de l'œil humain ; etc.[9].

Selon les mois et les saisons, les conditions favorables d’observation de la nouvelle lune seront réunies en des sites différents du globe terrestre. Des astronomes musulmans de renom, des temps médiévaux, tels que Ibn Tariq (en) (VIIIe siècle), Al-Khawarizmi (783-850), Al-Battani (855-923), Al-Bayrouni (973-1048), Tabari (XIe siècle), Ibn Yunus (XIe siècle), Nasir ad-Din at-Tusi (1201-1274), etc. ont contribué de manière importante, pendant plusieurs siècles, au développement des connaissances théoriques et appliquées dans le domaine de l'astronomie. Ils ont accordé un intérêt particulier à l’étude des critères de visibilité de la nouvelle lune, dans le but de développer des techniques de prédiction fiables du début d’un nouveau mois.

Article détaillé : Astronomie arabe.

Le ‘alim et le calendrier

Le Coran n'interdit pas l'usage du calcul astronomique. Mais, le consensus des oulémas s'est forgé solidement, pendant 14 siècles, autour du rejet du calcul, à part quelques juristes isolés, dans les premiers siècles de l'ère islamique, qui prônèrent l'utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires[10]. Sur le plan institutionnel, seule la dynastie (chi'ite) des Fatimides, en Égypte, a utilisé un calendrier basé sur le calcul, entre les Xe siècle et XIIe siècle, avant qu'il ne tombe dans l'oubli à la suite d'un changement de régime.

L'argument majeur utilisé pour justifier cette situation se fonde sur le postulat des oulémas, selon lequel il ne faut pas aller à l'encontre d'une prescription de Mahomet[11]. Ils estiment qu'il est illicite de recourir au calcul pour déterminer le début des mois lunaires, du moment que Mahomet a recommandé la procédure d'observation visuelle[12].

De nombreux oulémas soulignent, de plus, que le calendrier basé sur le calcul décompte les jours du nouveau mois à partir de la conjonction, laquelle précède d'un jour ou deux l'observation visuelle de la nouvelle lune. S'il était utilisé, le calendrier basé sur le calcul ferait commencer et s'achever le mois de ramadan, et célébrer toutes les fêtes et occasions religieuses, en avance d’un jour ou deux par rapport aux dates qui découlent de l'application du hadith de Mahomet, ce qui ne serait pas acceptable du point de vue de la charia[13].

Mais, depuis le début du XXe siècle, de plus en plus de penseurs islamiques, ainsi qu'une poignée d'oulémas de renom, remettent en cause de tels arguments.

A leur avis, Mahomet a simplement recommandé aux fidèles une procédure d’observation de la nouvelle lune, pour déterminer le début d'un mois nouveau. Les bédouins se basant sur la position des étoiles pour se guider dans leurs déplacements à travers le désert et pour connaître le début des mois, Mahomet n'avait fait que les conforter dans leurs habitudes ancestrales.

L'observation du croissant n'était qu'un simple moyen, et non pas une fin en soi, un acte d’adoration (‘ibada). Le hadith relatif à l'observation n'établissait donc pas une règle immuable, pas plus qu'il n'interdisait l'utilisation du calendrier astronomique.

D'après certains juristes, le hadith ne parle même pas d'une observation visuelle de la nouvelle lune, mais simplement de l'acquisition de l'information, selon des sources crédibles, que le mois a débuté[14]. Cela ouvre naturellement de toutes autres perspectives dans la discussion de cette question.

Unité ou multiplicité des "matali'e" (horizons) ?

Malgré sa simplicité apparente, la règle énoncée par Mahomet pour la détermination du début des mois islamiques (consistant à voir soi-même la nouvelle lune, ou à apprendre de source fiable qu'elle a été observée quelque part) soulève de grandes difficultés d'ordre théorique et pratique, quand elle doit s'appliquer à des populations vivant sur des territoires étendus.

Comme il a été indiqué, l'observation de la nouvelle lune à l'œil nu n'est pas une affaire simple. Elle dépend de nombreux paramètres astronomiques et de facteurs atmosphériques, qui peuvent être favorables en un lieu donné, à un moment donné, et défavorables ailleurs, ou en d'autres saisons. Une fois la nouvelle lune observée de manière fiable, quelque part, comment cette information sera-t-elle portée à la connaissance de populations vivant sur de vastes territoires, ou parfois même en des régions très éloignées (comme l'Espagne par rapport à l'Arabie) ? A qui cette information devra-t-elle s'imposer avec toutes ses implications (telles que commencer le jeûne, célébrer la fin du ramadan, etc.)[15] ?

Les différentes écoles juridiques prirent en considération les différents facteurs qui leur semblaient s'imposer, qu'ils soient d'ordre astronomique, théologique, juridique ou pratique. Du vaste éventail de réponses qu'elles fournirent se dégage un noyau central de principes fondamentaux, qui sont d'un grand intérêt aujourd'hui :

- D'une manière générale, l'observation de la nouvelle lune ne peut être prise en compte que par les communautés auxquelles l'information parvient.

- L'observation de la nouvelle lune dans un pays d'Orient marque, sur le plan théorique, le début du nouveau mois pour tous les pays situés à l'ouest du lieu de cette observation[16]. Car, au fur et à mesure que l'âge de la nouvelle lune augmente, entre le moment de sa naissance (à la conjonction) et son premier coucher, la possibilité de l'observer s'améliore. C'est le cas en allant d'Est en Ouest, de la Mecque vers Casablanca, par exemple, du fait que la nouvelle lune est âgée de 3 h de plus à son coucher au Maroc qu'à son coucher en Arabie Saoudite.

- Une observation de la nouvelle lune doit être considérée comme nulle, lorsqu'elle est rapportée alors que la conjonction n'a pas encore eu lieu[17].

- Mais, par-delà toutes ces considérations, et compte tenu des difficultés de communication entre les communautés musulmanes, sur le plan géographique, les oulémas déclarèrent que les habitants de chaque pays devaient appliquer la décision des autorités nationales, concernant le début des mois lunaires.

Ces règles n'avaient, à l'époque, qu'une portée limitée, parce que l'information sur l'observation de la nouvelle lune ne pouvait être véhiculée que sur des zones géographiques restreintes, proches du lieu d’observation. Mais, aujourd'hui, les données de la situation ont changé, avec la multiplication des États et des communautés islamiques à travers le monde, et le développement des moyens de communication modernes.

Ainsi, le même début de mois est, parfois, égrené comme un chapelet, en plusieurs jours successifs, dans différents pays. Ce fut le cas de « Eid al fitr » ou 1er chawal 1429, qui fut célébré en cinq jours différents à travers le monde : dans un pays le 29 septembre 2008, dans 19 pays le 30 septembre, dans 25 pays le 1er octobre, dans cinq pays le 2 octobre, et dans une communauté le 3 octobre 2008[18].

De nombreux leaders musulmans critiquent un tel dérapage du calendrier musulman et réclament le respect des principes énoncés par les oulémas concernant les "matali'e[19]". Ainsi, concernant « eid al fitr » ou 1er chawal 1429, la conjonction eut lieu le 29 septembre 2008 à 8 h 12 GMT mais, d'après les observatoires astronomiques, la nouvelle lune ne pouvait être observée nulle part sur Terre, ce jour-là. L'observation annoncée par l'Arabie Saoudite, le soir du 29 septembre, était donc erronée. Par contre, le soir du 30 septembre, la nouvelle lune pouvait être observée dans de nombreuses régions du monde[20]. La nouvelle d'une telle observation, où que ce soit sur Terre, au soir du 30 septembre, aurait pu être portée immédiatement à la connaissance de l'ensemble de la planète, grâce aux moyens de télécommunication modernes. Toutes les communautés musulmanes du monde auraient donc pu célébrer « eid el fitr » le même jour, le 1er octobre, compte tenu des principes formulés par les premiers oulémas sur ces questions[21].

Des études, de plus en plus nombreuses, réalisées par des astronomes musulmans au cours des dernières années, démontrent par ailleurs que les débuts de mois décrétés dans les pays islamiques sur une période de plusieurs décennies étaient souvent erronés, pour les raisons les plus diverses[22]. Il est clair, de ce point de vue, que lorsque le mois basé sur l’observation de la nouvelle lune débute en des jours différents dans des pays islamiques différents, un seul début de mois basé sur ce critère peut être considéré comme fondé sur le plan astronomique, tous les autres étant erronés.

L'écart entre les discours méthodologiques et les pratiques nationales

Mais, dans le souci d’affirmer leur souveraineté, de nombreux États musulmans ont défini leurs propres procédures en matière de détermination du début des mois lunaires. Celles-ci sont, parfois, sans rapport avec la méthode d'observation préconisée par les oulémas, comme c'est le cas de la Libye. Ou bien, elles sont, dans certains cas, associées à des paramètres d'ordre astronomique, qui ont pour but d'améliorer la fiabilité de l'observation[23].

L'Arabie Saoudite applique, ainsi, deux méthodes pour la détermination du début du nouveau mois. Elle utilise, à des fins administratives, un calendrier annuel, basé sur le calcul, connu sous le nom de calendrier d'Umm al Qura[24], qui tient compte à la fois de la "conjonction" et des horaires de coucher du soleil et de la lune aux coordonnées de La Mecque, le soir du 29e jour de chaque mois. Le coucher de la lune après celui du soleil indique le début du nouveau mois. Dans le cas contraire, le mois en cours aura une durée de 30 jours.

Mais, l'État saoudien estime qu'il n'est pas conforme à la charia d'utiliser le calendrier d'Umm al Qura pour déterminer le début des mois associés à des célébrations religieuses (1er muharram, 1er ramadan, 1er chawal, 1er dhul hijja...). Des commissions spécialisées sont chargées, en de telles occasions, de scruter le ciel à l'œil nu pour apercevoir la nouvelle lune, avant que le Haut Conseil Judiciaire d’Arabie Saoudite ne décrète le début du nouveau mois.

En Inde, au Pakistan, au Bangladesh, à Oman, au Maroc, au Nigéria, à Trinidad, etc., l'observation de la nouvelle lune doit être attestée par un cadi (juge) ou une commission officielle spécialisée.

En Égypte, le nouveau mois débute après la conjonction, lorsque la nouvelle lune se couche cinq minutes au moins après le coucher du soleil.

En Indonésie, en Malaisie et à Brunei, il débute après la conjonction, lorsque l'âge de la nouvelle lune est supérieur à 8 h, l'altitude < 2° et l'élongation > 3° .

Il débute, en Turquie, après la conjonction, quand la nouvelle lune forme un angle de 8° au moins avec le soleil, à une altitude d'au moins 5°.

En Libye, le nouveau mois débute si la conjonction se produit avant l'aube (« fajr »), heure locale.

L'étude de cas spécifiques démontre, cependant, l'existence d'un écart important entre les règles que les différents États et communautés islamiques affirment appliquer et leurs pratiques. Cela ressort clairement de l'analyse du cas du 1er ramadan 1426, qui fut célébré en quatre jours différents à travers le monde : le lundi 3 octobre 2005 au Nigéria ; le mardi 4 octobre dans 22 pays, dont l'Arabie Saoudite, l'Algérie, la Mauritanie, la Libye et l'Égypte ; le mercredi 5 octobre dans 23 pays ; et le jeudi 6 octobre dans trois pays[25].

D'après les observatoires astronomiques, les observations annoncées par le Nigéria, l'Arabie Saoudite, l'Algérie, la Mauritanie et l'Égypte étaient erronées[26]. Elles n'étaient possibles ni le 2 octobre au Nigéria (la veille de la conjonction) ni le 3 octobre 2005 (au soir de la conjonction), en Arabie Saoudite ou en Algérie, compte tenu des paramètres astronomiques applicables à ces régions[27]. L'Égypte ne pouvait pas, non plus, avoir observé le coucher de la lune 5 minutes après celui du soleil, conformément à la procédure qu'elle disait appliquer. Mais, bien que ces données astronomiques aient été largement connues des experts, et aient été absolument défavorables à toute observation visuelle de la nouvelle lune, les États concernés n'en ont tenu aucun compte, en procédant à l'annonce des observations, pour des raisons inexpliquées.

L’opinion juridique du cadi Shakir

Le cadi Ahmad Muhammad Shakir est un juriste éminent de la première moitié du XXe siècle, qui occupa en fin de carrière les fonctions de président de la Cour suprême de la charia d’Égypte (tout comme son père avait occupé la même fonction au Soudan), et qui reste, de nos jours encore, un auteur de référence en matière de science du hadith[28].

Il a publié, en 1939, une étude importante et originale axée sur le côté juridique de la problématique du calendrier islamique, sous le titre : « Le début des mois arabes … la charia permet-elle de le déterminer en utilisant le calcul astronomique[29] ? »

D’après lui, Mahomet a tenu compte du fait que la communauté musulmane de son époque était « illettrée, ne sachant ni écrire ni compter », avant d’enjoindre à ses membres de se baser sur l’observation de la nouvelle lune pour accomplir leurs obligations religieuses du jeûne et du hajj.

Mais, la communauté musulmane a évolué de manière considérable au cours des siècles suivants. Certains de ses membres sont même devenus des experts et des innovateurs en matière d’astronomie. En vertu du principe de droit musulman selon lequel « une règle ne s’applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d’exister », la recommandation de Mahomet ne s’applique plus aux musulmans, une fois qu’ils ont appris « à écrire et à compter » et ont cessé d’être « illettrés ».

Les oulémas d’aujourd’hui commettent donc une erreur d’interprétation lorsqu’ils donnent au hadith de Mahomet sur cette question la même interprétation qu’au temps de la révélation, comme si ce hadith énonçait des prescriptions immuables, alors que ses dispositions ne sont plus applicables à la communauté musulmane depuis des siècles, en vertu des règles mêmes de la charia.

Ahmad Muhammad Shakir rappelle le principe de droit musulman selon lequel « ce qui est relatif ne peut réfuter l’absolu, et ne saurait lui être préféré, selon le consensus des savants. ». Or, la vision de la nouvelle lune par des témoins oculaires est relative, pouvant être entachée d’erreurs, alors que la connaissance du début du mois lunaire basée sur le calcul astronomique est absolue, relevant du domaine du certain.

Il rappelle également que de nombreux juristes musulmans de grande renommée ont pris en compte les données du calcul astronomique dans leurs décisions, citant à titre d’exemples Cheikh Al-Mraghi, président de la Cour suprême de la charia d’Égypte ; Taqiddine Assoubaki et Takiddine bin Daqiq al-Eid.

Shakir souligne, en conclusion, que rien ne s’oppose, au niveau de la charia, à l’utilisation du calcul pour déterminer le début des mois lunaires et ce, en toutes circonstances, et non à titre d’exception seulement, comme l’avaient recommandé certains ulémas.

Il observe, par ailleurs, qu’il ne peut exister qu’un seul mois lunaire pour tous les pays de la Terre, basé sur le calcul, ce qui exclut la possibilité que le début des mois diffère d’un pays à l’autre[30]. L’utilisation du calendrier basé sur le calcul rendra possible la célébration le même jour, dans toutes les communautés musulmanes de la planète, d’événements à caractère hautement symbolique sur le plan religieux, tels que le 1er muharram, le 1er ramadan, l’aïd al fitr, l’aïd al adha ou le jour de Arafat, lors du hajj. Cela renforcera considérablement le sentiment d’unité de la communauté musulmane à travers le monde.

Cette analyse juridique du cadi Shakir n’a jamais été réfutée par les experts en droit musulman, plus de 70 ans après sa publication. Le professeur Youssef al-Qaradâwî s’est récemment rallié formellement à la thèse du cadi Shakir. Dans une importante étude publiée en 2004, intitulée : « Calcul astronomique et détermination du début des mois[31] », al-Qaradawi prône pour la première fois, vigoureusement et ouvertement, l’utilisation du calcul pour l’établissement du calendrier islamique, une question sur laquelle il avait maintenu une réserve prudente jusque-là. Il cite à cet effet avec approbation de larges extraits de l’étude de Shakir.

La décision du Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (CFAN)

De son côté, le Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (en) (CFAN (en)), qui s’est senti depuis des années interpelé par cette question, a annoncé au mois d’août 2006 sa décision mûrement réfléchie d’adopter désormais un calendrier islamique basé sur le calcul, en prenant en considération la visibilité du croissant où que ce soit sur Terre.

Utilisant comme point de référence conventionnel, pour l’établissement du calendrier islamique, la ligne de datation internationale [International Date Line (IDL)], ou Greenwich Mean Time (GMT), il déclare que désormais, en ce qui le concerne, le nouveau mois lunaire islamique en Amérique du Nord commencera au coucher du soleil du jour où la conjonction se produit avant 12 h GMT. Si elle se produit après 12 h GMT, alors le mois commencera au coucher du soleil du jour suivant[32].

La décision du CFAN est d’un grand intérêt, parce qu’elle conjugue avec une grande subtilité les exigences théologiques des ulémas avec les données de l’astronomie. Le CFAN retient le principe de l’unicité des matali’e (horizons)[30], qui affirme qu’il suffit que la nouvelle lune soit observée où que ce soit sur Terre, pour déterminer le début du nouveau mois pour tous les pays de la planète. Après avoir minutieusement étudié les cartes de visibilité du croissant lunaire en différentes régions du globe, il débouche sur la conclusion suivante :

Si la conjonction se produit avant 12 h GMT, cela donne un temps suffisant pour qu’il soit possible d’observer la nouvelle lune en de nombreux points de la Terre où le coucher du soleil intervient longtemps avant le coucher du soleil en Amérique du Nord. Étant donné que les critères de visibilité de la nouvelle lune seront réunis en ces endroits, on pourra considérer qu’elle y sera observée (ou qu’elle aurait pu l’être si les conditions de visibilité avaient été bonnes), et ce bien avant le coucher du soleil en Amérique du Nord.

Par conséquent, sur ces bases, les stipulations d’observation de la nouvelle lune seront respectées, comme le prescrit l'interprétation traditionnelle de la charia, et le nouveau mois lunaire islamique débutera en Amérique du Nord au coucher du soleil du même jour. Si la conjonction se produit après 12 h GMT, alors le mois commencera en Amérique du Nord au coucher du soleil du jour suivant.

Vers un calendrier islamique universel aux paramètres du calendrier saoudien d'Umm al Qura ?

La proposition du Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord (CFAN) suscita l’intérêt des autorités politiques et religieuses dans de nombreux pays à majorité musulmane. Des astronomes de diverses nationalités se réunirent au Maroc, en novembre 2006, pour étudier plus en détail la possibilité de l'adopter comme base d'un calendrier islamique universel.

Cependant, le CFAN (en) modifia sa position en 2007, et décida de s’aligner sur une décision du Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche (CEFR), utilisant les paramètres du calendrier saoudien d'Umm al-Qura (en)[33] pour déterminer le début des mois musulmans (en utilisant comme paramètres que la « conjonction » se produise « avant le coucher du soleil aux coordonnées de la Mecque », et "que le coucher de la lune ait lieu après celui du soleil" aux mêmes coordonnées.) D’après le CFAN, le choix des paramètres d'Umm al Qura a pour objectif de favoriser le développement d'un consensus, dans les pays musulmans, au sujet de l'utilisation de ce calendrier basé sur le calcul, et dont les données ne diffèrent que de manière marginale de celles obtenues par l’application de la méthodologie du CFAN d’août 2006.

Les décisions du CFAN et du CEFR ont déjà eu les retombées importantes suivantes :

  •  Le principe d’utilisation du calendrier basé sur le calcul est officiellement parrainé par des leaders religieux connus et respectés de la communauté musulmane[34],[35],[36];
  •  Il est adopté officiellement par des organisations islamiques dont nul ne conteste la légitimité[37];
  •  Les communautés musulmanes d’Europe et d’Amérique sont disposées à l’utiliser pour la détermination du début de tous les mois, y compris ceux associés à des occasions à caractère religieux.

Sur le plan opérationnel, l'initiative du CFAN et du CEFR de 2007 semble être bien suivie par la majorité des communautés musulmanes d'Europe et d'Amérique, comme en témoigne leur comportement à l'occasion du début du mois de ramadan en 2010. Elle semble aussi avoir encouragé de nombreux États musulmans à revoir leur politique en matière de proclamation du début des mois lunaires.

La confrontation rituelle entre les traditions et la modernité

Depuis la fin des années 1950, la Ligue arabe, l’Organisation de la Conférence Islamique et d’autres institutions similaires ont présenté à leurs États membres plus d’une demi-douzaine de propositions visant à développer un calendrier islamique commun. Bien que ces propositions n’aient jamais abouti, jusqu’ici, les efforts continuent dans cette voie, à la recherche d’une solution acceptable pour toutes les parties concernées.

En effet, du fait de ses faiblesses manifestes, le calendrier islamique basé sur l’observation de la nouvelle lune n’est utilisé dans les sociétés musulmanes contemporaines que pour déterminer les dates associées à des célébrations religieuses. Pour tous leurs autres besoins, les musulmans du monde entier utilisent, depuis de nombreux siècles, le calendrier grégorien, basé sur le calcul astronomique, sans avoir la moindre appréhension qu’ils pourraient, ce faisant, enfreindre des prescriptions religieuses.

La même démarche peut être observée au niveau des États. Ainsi, l’Arabie Saoudite utilise-t-elle le calendrier d’Umm al Qura, basé sur le calcul, pour la gestion des affaires administratives du pays, ce qui semble indiquer clairement que le calendrier lunaire basé sur l’observation mensuelle de la nouvelle lune ne peut pas servir à un tel usage.

De ce fait, les penseurs musulmans contemporains sont de plus en plus nombreux à soulever les questions suivantes :

  • En préconisant la méthode d’observation de la nouvelle lune pour la détermination du début des mois lunaires, Mahomet aurait-il indiqué une procédure qui rendait caduques les fonctions usuelles du calendrier musulman, le rendant impropre à tout usage ? Ou bien ne s’agissait-il que d’une simple indication, une réponse appropriée, en son temps, à la question qui lui était posée, mais qui aurait dû être revue et adaptée aux besoins des sociétés musulmanes, au fur et à mesure de leur développement scientifique, culturel et social ?
  • Pourquoi les horaires des prières sont-ils déterminés de manière licite sur la base du calcul astronomique, et les débuts de mois islamiques ne pourraient-ils pas faire l’objet de la même démarche ?
  • Pourquoi le calendrier basé sur le calcul serait-il d’un usage licite en Arabie Saoudite, quand il s’agit de gérer les affaires administratives du pays, et serait-il illicite quand il s’agit de déterminer les dates associées à des célébrations religieuses telles que le 1er ramadan, eid al-fitr, le 1er dhul hijja, ou eid al adha ?
  • Plus généralement, pourquoi l’utilisation du calendrier grégorien basé sur le calcul astronomique serait-elle licite pour les musulmans du monde entier, alors que l’utilisation du calendrier islamique, basé sur le même calcul, ne le serait pas[38] ?

Le consensus séculaire en faveur de l’utilisation de la méthode d’observation de la nouvelle lune a été sérieusement "ébréché" par le cadi Shakir d’abord, puis par le Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord et le Conseil Européen pour la Fatwa et la Recherche, sans compter les auteurs et associations moins connus. Une nouvelle génération de penseurs musulmans (très minoritaire, pour le moment, et située essentiellement aux États-Unis, en Europe et dans certains pays du Maghreb, mais comprenant quelques dirigeants politiques arabes de premier plan, ainsi que des maîtres à penser aussi influents que Yusuf al Qaradawi), ne voit plus d’obstacle d’ordre religieux à l’adoption du calendrier basé sur le calcul. D’ailleurs, les diverses options qui s’offrent aux décideurs des États musulmans en matière de réforme du calendrier reposent toutes, d’une manière ou d’une autre, sur l’utilisation du calcul astronomique.

Mais, cette ré-interprétation du rituel islamique, en matière de détermination du début des mois lunaires, doit bousculer des traditions millénaires pour se faire sa place. Elle doit faire face, en particulier, à des courants fondamentalistes importants qui prêchent le respect de l’orthodoxie et des traditions en matière religieuse. Le calendrier basé sur le calcul devient, ainsi, un enjeu dans la confrontation politique rituelle, récurrente, entre les défenseurs des traditions et les promoteurs de la modernité dans les sociétés musulmanes[39].

Notes et références

  1. Rabia : en arabe : rabīʿa, ﺭﺑﻴﻊ, « printemps »
  2. Ramadan, en arabe : ramaḍān, ﺭﻣﻀﺎﻥ, du verbe ramaḍa, ﺭﻣﺾ, « être brûlant »
  3. Pour la traduction : source.
  4. Idem.
  5. http://www.aly-abbara.com/utilitaires/calendrier/calendrier_hijir.html
  6. Moonsighting.com 1427 Zul Hijja
  7. Coran, At-Tawba 9 : 36 et 37
  8. Al-Bukhârî, Recueil de hadiths (3/119)
  9. Karim Meziane et Nidhal Guessoum : La visibilité du croissant lunaire et le ramadan, La Recherche no 316, janvier 1999, pp. 66-71
  10. Abderrahman al-Haj : « Le faqih, le politicien et la détermination des mois lunaires » (en arabe)
  11. Muhammad Mutawalla al-Shaârawi : Fiqh al-halal wal haram (édité par Ahmad Azzaâbi), Dar al-Qalam, Beyrouth, 2000, p. 88
  12. Allal el Fassi : « Aljawab assahih wannass-hi al-khaliss ‘an nazilati fas wama yata’allaqo bimabda-i acchouhouri al-islamiyati al-arabiyah », rapport préparé à la demande du roi Hassan II du Maroc, Rabat 1965 (36 p.), sans indication d'éditeur
  13. Allal el Fassi, opus cit.
  14. Al-Ghazali, Ihya’e ouloum addine, cité dans Abi alfayd Ahmad al-Ghomari, Tawjih alandhar litaw-hidi almouslimin fi assawmi wal iftar, 160 p, 1960, Dar al bayareq, Beyrouth, 2e éd. 1999, p. 30
  15. Allal el Fassi : « Aljawab assahih... » op. cit. pp. 18-33
  16. Allal el Fassi : « Aljawab assahih... » op. cit. pp. 26-28
  17. Allal el Fassi : « Aljawab assahih... » op. cit. p. 22
  18. Moonsighting.com : Premier chawal 1429 "eid al fitr" dans les pays musulmans
  19. C'est la thèse soutenue dès 1965 par Allal el Fassi, un 'alem de l'université Qarawiyine de Fès et ministre marocain des affaires islamiques, dans un rapport sur « le début des mois lunaires » préparé à la demande du roi Hassan II. D'après lui, si un consensus islamique pouvait être réalisé autour d'un tel « retour aux sources », cela pourrait constituer une « voie de progrès » considérable, dans le but d'unifier les dates des célébrations à caractère religieux à travers le monde musulman, en exploitant les possibilités offertes par les technologies modernes de communication. voir: Allal el Fassi : « Aljawab assahih... » op. cit. p. 25
  20. Moonsighting.com: « The Astronomical New Moon is on Monday, September 29, 2008 at 8 h 12 GMT, 4 h 12 EDT, 1 h 12 PDT). It will not be visible on September 29 except small possibility in Polynesian Islands. On Tuesday, September 30, it will be visible in New Zealand Australia, Indonesia, South Asia, Africa and Americas. In North America on September 30, it can be seen in Southern belt states. So, Eidul-Fitr is expected on Wednesday, October 1, most of the world, Insha-Allah. Also, according to the criteria adopted by Fiqh Council of North America, and European Council for Fatwa and Research, the first day of Shawwal is on Wednesday, October 1, 2008, which would be after completing 30 days of Ramadan.
  21. Le calendrier saoudien d'Umm al Qura, préparé sur une base annuelle, donc longtemps à l'avance, avait annoncé le 1er chawal pour le 1er octobre (en application de ses paramètres). Mais, les autorités saoudiennes l' « ajustèrent » à la dernière minute pour ramener le 1er chawal au 30 septembre 2008, pour des raisons inexpliquées. Le détail de ces « ajustements » est présenté par l'astronome Robert Harry van Gent dans son article : The Umm-al-Qura calendar of Saudi Arabia dans la section «  Advancement and postponement of the Umm al Qura calendar ». À noter que quatorze États musulmans ont suivi l'Arabie Saoudite dans cet « ajustement ».
  22. Nidhal Guessoum, Mohamed el Atabi et Karim Meziane : Ithbat acchouhour alhilaliya wa mouchkilate attawqiti alislami, 152 p., Dar attali'a, Beyrouth, 2e éd., 1997
  23. Moonsighting.com : Procédure d’observation de la nouvelle lune par pays
  24. Robert Harry van Gent : The Umm-al-Qura calendar of Saudi Arabia
  25. Moonsighting.com 1426rmd : Au Nigéria, les autorités annoncèrent que la nouvelle lune avait été aperçue le 2 octobre au soir, et le premier jour de jeûne fut fixé au 3 octobre, alors que la conjonction n'eut lieu que le 3 octobre, dans la matinée. Le Haut Conseil Judiciaire d'Arabie Saoudite (HCJAS) annonça, pour sa part, que la nouvelle lune avait été aperçue le 3 octobre au soir, alors qu'elle avait moins de 5 h d'âge. Or, d'après les astronomes, il était impossible d'observer une lune aussi jeune (l'âge habituel requis étant d'au moins 18 h). De plus, les autres paramètres astronomiques n'étaient pas favorables à une telle observation. Le début du ramadan fut décrété pour le 4 octobre, date qui concordait avec celle établie de longue date par le calendrier d'Umm al Qura. Huit États du Moyen Orient annoncèrent le début du ramadan pour le 4 octobre, en se basant sur l'annonce saoudienne. L'Algérie, la Mauritanie et l'Egypte annoncèrent également que la nouvelle lune avait été aperçue sur leur territoire le soir du 3 octobre, alors qu'elle était âgée de moins de 9 h dans toute cette zone, à la fois bien trop jeune pour être visible, et associée à des paramètres d'observation défavorables. Pour eux aussi, le ramadan débuta le 4 octobre. La Libye, quant à elle, débuta le jeûne du ramadan le 4 octobre, du fait que la conjonction s'était produite le 3 octobre dans la matinée, donc avant le « fajr » (aube) du 4 octobre.
  26. La multiplicité des rapports erronés relatifs à l'observation de la nouvelle lune, parfois avant même la conjonction, s'explique du fait que les personnes cherchant à apercevoir la nouvelle lune dans le ciel, à son premier coucher, la confondent souvent, de bonne foi, avec d'autres phénomènes naturels. En effet, comme il a déjà été indiqué, la nouvelle lune ne devient généralement visible que quelque 18 h après la conjonction, et sujet à l’existence de conditions favorables résultant de facteurs tels que le nombre d’heures écoulées depuis la conjonction ; les positions relatives du soleil, du croissant lunaire et de l’observateur ; l’altitude de la lune au coucher du soleil ; le lieu où l’on procède à l’observation ; l’angle formé avec le soleil au moment du coucher ; les conditions d’observation (pollution, humidité, température de l’air, altitude) ; la limite de détection de l'œil humain ; etc. Dans beaucoup de cas, le jeu de tous ces facteurs la rend très difficile (sinon impossible) à distinguer dans le ciel, à l'œil nu, à son premier coucher après la conjonction.
  27. Moonsighting.com 1426rmd : Le site spécialisé « Moonsighting.com » explique que la conjonction s'est produite le 3 octobre à 10 h 28 GMT mais que la nouvelle lune ne pouvait être observée nulle part dans le monde le 3 octobre 2005. Elle pouvait être vue le 4 octobre dans la majeure partie du monde, à l'exception de la plus grande partie de l'Asie et de Europe, où elle ne pourra être vue que le 5 octobre au soir. Par conséquent, le 1er ramadan sera le 5 octobre en Amérique du Nord et dans la plus grande partie du monde, sauf en Europe et dans la plus grande partie de l'Asie.
  28. Un auteur de référence en matière de science du hadith
  29. Ahmad Shakir : « Le début des mois arabes … est-il licite de le déterminer par le calcul astronomique ? (1939) » reproduit par le quotidien saoudien « al-Madina » du 13 octobre 2006 (n° 15878)
  30. a et b Abi alfayd Ahmad al-Ghomari, op.cit.
  31. Yusuf al-Qaradawi : « Calcul astronomique et détermination du début des mois » (en arabe)
  32. Décision du Conseil du Fiqh d’Amérique du Nord
  33. Van Gent : The Umm-al-Qura calendar of Saudi Arabia
  34. Ahmad Shakir : op. cit.
  35. Yusuf al-Qaradawi : op. cit.
  36. Zulfikar Ali Shah The astronomical calculations: a fiqhi discussion
  37. Islamic Center of Boston, Wayland: Moonsighting Decision documents
  38. Khalid Chraibi : Le calendrier basé sur le calcul est-il licite ou illicite ?
  39. Une partie importante de cet article est basée sur quatre articles de Khalid Chraibi intitulés « 1er muharram : calendrier lunaire ou islamique ? », « La problématique du calendrier islamique », « Le calendrier musulman en 10 questions » et "La charia et le calendrier" publiés par www.oumma.com. L’auteur en a autorisé la reproduction libre, dans leur intégralité ou en partie, dans toute utilisation non-commerciale, à la seule condition que l'auteur et la source en soient clairement identifiés

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