Boxe au Québec

Boxe au Québec

Vers les années 1820, la boxe fait son apparition au Québec mais est contestée par la société de l’époque. Un siècle après, Montréal reçoit les boxeurs du monde entier. Le Québec et surtout Montréal est le théâtre de multiples combats.

Sommaire

La boxe au Québec

Les débuts de la boxe au Québec

Au début du 20e siècle, plusieurs boxeurs québécois se battent aux États-Unis et changent même leur nom comme Ovila Chapdelaine alias Jack Delaney Bright Eyes (1900-1948), qui ne se battra qu'une seule fois au Québec (ses parents s'étant établis aux États-Unis lorsqu'il était encore enfant au début des années 1920). De la même manière, Léonard Dumoulin, alias Jack Renault (1895-1967), débute sa carrière au Québec et s'y produira plusieurs fois. Les raisons sont multiples mais les principales sont que la boxe est plus développée aux États-Unis et mieux organisée. Les cachets aussi sont meilleurs.

Au Québec, les combats ont souvent lieu à Montréal, que ce soit dans le célèbre Forum de Montréal, au Stade Delormier, au théâtre Saint-Denis, au Monument National mais aussi dans d'autres villes et en région, Québec, Sherbrooke, Drummondville ou Granby.

Un combat mémorable

Le 10 décembre 1958, au Forum de Montréal, un des plus mémorables combats de l'histoire de la boxe à lieu. Yvon Durelle, The Fighting Fisherman Acadien affronte le légendaire Archie Moore alors âgé de 45 ans. En plein hiver à l'extérieur, il fait un glacial --25 °C. Le système de chauffage en déficience fait qu'il fait à peine 10 °C à l'intérieur. Yvon Durelle, 29 ans tente de ravir le titre mondial des mi lourds. Moore est favori pour ce combat. Durelle, une force de la nature, ne s'entraîne presque jamais mais contre toute attente, dès le premier round, il envoie Archie Moore au tapis puis une autre fois et une troisième. Normalement à la troisième chute au tapis Durelle aurait dû gagner mais pour une raison inconnue et questionnée, la règle de trois chutes ne semble pas s'appliquer pour ce combat. Moore se relève et se bat avec toute l'expérience qu'il a après 204 combats (Durelle ayant alors 93 combats à son actif). L'Américain est expédié au tapis encore une fois au 4e round mais il se relève. Il envoie à son tour Yvon Durelle au tapis au 7e round puis une dernière fois au 11e round. Durellle prend alors trop de temps pour se relever. Moore sort victorieux de ce combat légendaire que les critiques de boxe ont cité comme l'un des plus grands combats de l'histoire de la boxe professionnelle[1].

En 1965, la Palestre Nationale située à Montréal accueille de nombreux boxeurs amateurs qui viennent pour s'y entraîner. La boxe attire ainsi les jeunes issus souvent de classes défavorisées. La boxe québécoise connait alors son lot de succès. Pour la boxe professionnelle, les boxeurs vedettes sont tour à tour Fernand Marcotte, Gaétan Hart, Eddie Melo (le Torontois qui boxe au Québec), Donato Paduano, Jean-Claude LeClair ou encore Mario Cusson.

La venue des Fighting Hilton

La famille Hilton dans les années 1980 a marqué la boxe québécoise. Surnommés les Fighting Hilton ou les Dalton des rings, ces boxeurs figurent parmi les plus grands noms de la boxe au Québec. La famille ayant un arrière-grand-père écossais champion d’Angleterre; un père champion canadien des poids légers, les 5 enfants (Dave Jr., Alex, Matthew, Stewart et James) baignent très rapidement dans cet univers où il est de règle d'apprendre l'art de la boxe. Malheureusement, cette éducation se fera dans un climat de violence familiale qui marquera le futur des jeunes Hilton puisqu'ils auront à plusieurs reprises des déboires avec la justice.

Matthew Hilton est le premier québécois à présenter et à remporter un combat de championnat du monde à Montréal. Le 27 juin 1987, il affronte l'Américain Buster Drayton champion IBF des super welters. Le talentueux Matthew remporte haut la main ce combat aux points en 15 reprises[2].

Les dessous de la boxe

Surnommé le « noble art », la boxe connait malheureusement aussi des drames.

La boxe est souvent reliée à la mafia. Le comité d’enquête présidé par le juge Raymond Bernier en 1986 révèle l’infiltration de la pègre américaine: des liens unissent notamment les Hilton à Frank Cotroni, le parrain présumé de la mafia montréalaise. Le promoteur des frères Hilton au début de leur carrière est Henri Spitzer. Don King, promoteur discutable, remarque rapidement leur talent et malgré l'objection de leur avocat Frank Shoofey, il parvient à signer avec Frank Cotroni un contrat d’exclusivité pour gérer leur carrière. Shoofey était fortement contre tout contrat d’exclusivité avec Don King qui mettait ainsi la main sur le futur des jeunes Hilton. On le retrouvera mort assassiné dans son bureau le 15 octobre 1985.

Tous les experts et amateurs avaient les plus grands espoirs envers les Hilton, mais cette famille qui a connu ses heures de gloire se sont dirigés de déboires en déboires. Violence, bagarres, arrestation, alcool, vols, sexe, même Gilles Proulx (animateur à la radio de CKAC à Montréal) leur plus fervent admirateur, s'en est retrouvé découragé. Comble du malheur, le jeune Stewart Hilton, que les experts déclaraient comme étant le plus talentueux de la famille Hilton, meurt dans un accident de voiture emportant sa petite amie (enceinte) avec lui. Il n'avait que 17 ans.

Drame et drame au Stade Olympique

Le 7 mai 1980, Ralph Racine (28-8-1) un boxeur de Niagara Falls, Ontario, affronte le populaire Gaétan Hart à Montréal. Ce dernier subit un KO au 12e et dernier round. Ralph Racine sombre dans le coma. Après son réveil on constate que son cerveau a subi des dommages irréversibles: il perd l'usage de ses jambes ce qui mettra un terme à sa carrière.

Le 20 juin 1980, au Stade Olympique de Montréal, le même jour du premier combat opposant Roberto Duran à Sugar Ray Leonard, le boxeur américain d'origine guyanaise Cleveland Denny (11-1-2) affronte Gaétan Hart alors champion canadien des poids légers dans un combat revanche (Hart lui avait ravi sa ceinture deux ans plus tôt). Hart lui passe le KO au 10e round mais Denny ne se relève pas et est transporté à l'hôpital. Comme Danny Tucker (7-2-0), un boxeur jamaïcain qui affrontait Raynald Cantin à Montréal en 1971, Cleveland Denny meurt le 3 juillet 1980, à l'âge de 24 ans. Toute la scène de boxe montréalaise est secouée.

Dans une entrevue que Gaétan Hart accorde à Allan Tremblay :

« … Allan Tremblay : Pierre Falardeau a raconté que vous aviez donné votre ceinture de championnat à Cleveland Denny à son enterrement... … »

« …Gaétan Hart: À l'époque, la ceinture se passait de champion à champion. Il y avait un portrait du Forum dessus. Cette ceinture-là, c'est Cleveland Denny qui l'avait, et c'est de lui que je l'ai gagnée quand je l'ai battu en 1978. Pour moi, c'était important de lui redonner cette ceinture, alors je l'ai mise dans son cercueil quand j'ai été le voir à ses funérailles. C'était un moment émouvant. C'était un geste de compassion, peut-être. Du respect pour lui, aussi… »

Le corps de Denny avait été rapatrié à New York et enterré au Cypress Cemetery de Brooklyn le vendredi matin.

Hart, 27 ans, était très hésitant à se présenter aux funérailles. Après s'être assuré que la famille de Denny l'accueillerait, il est entré seulement cinq minutes avant le début du service, tête basse et les yeux rougis, plein de larmes. Marchant avec hésitation, il s'est dirigé vers le cercueil de Denny exposé et a déposé la ceinture du champion autour de sa taille[3].

Hart (qui a été champion canadien des poids légers à trois reprises entre les années 1980 et 1984) est complètement atterré mais remonte tout de même sur le ring, son seul moyen de subsistance. Suite au décès de Cleveland Denny, une enquête est ouverte et le rapport Néron recommande le 14 mai 1981 la création d’une Fédération de boxe professionnelle québécoise (FBPQ) afin que des mesures soient prises pour assurer la sécurité des boxeurs. Avant 1980, aucune autorité régissait la boxe au Québec. Certains pourtant réclament son abolition dès 1983, la qualifiant de barbarie légale.

Au milieu des années 80, le Québec compte une trentaine de boxeurs professionnels, comparativement à environ deux cents pour le reste du Canada, et il est difficile de vivre de ce sport. Peu accèdent à l'élite et les cachets sont bien minces par rapport aux États-Unis. Ainsi, il n'est pas rare que des boxeurs de différentes catégories s'affrontent. Les raisons sont multiples: propulser la carrière d’un jeune; fournir un adversaire dont on connaît le calibre et le niveau d'expérience; faire connaître un nouveau boxeur talentueux, le tout malgré les récriminations des commissions athlétiques en charge du contrôle de la légalité des combats qui dénoncent ces actions.

Mais la territorialité des commissions et de leurs pouvoirs assujettis aux municipalités limite fortement leurs moyens d'actions et les contournements sont faciles. Dans son rapport déposé en 1986, le juge Bernier dénonce les contrats d’exclusivité entre promoteurs et leurs boxeurs. Les abus et le monopole sont de mise et maintes fois mentionnés par la Fédération de boxe professionnelle du Québec. Vers la fin des années 1980, la boxe au Québec traverse des moments de léthargie et de délaissement.

Un regain de popularité

Au début des années 1990, la boxe connaît un regain de popularité avec l’arrivée de boxeurs prometteurs comme Stéphane Ouellet et Éric Lucas. Un vent de fraîcheur souffle désormais sur la boxe au Québec. La relève des Hilton semble enfin assurée et le monde de la boxe québécoise nettoyé et maintenant bien réglementé.

En 1993, Stéphane Ouellet victorieux face au boxeur manitobain Roddy Batson devient champion canadien des poids super welters sous les acclamations du public. Plus tard, il rejoint le groupe InterBox dirigé par Yvon Michel. Éric Lucas, lui, devient champion du monde le 10 juillet 2001 en prenant sa revanche face au Britannique Glenn Catley par KO au 7e round d'un combat de 12. Ce même Catley l'avait battu un an et demi plus tôt.

La boxe dans les années 2000 au Québec

Les années 2000 donnent une nouvelle ère pour la boxe québécoise qui est maintenant bien implantée et non sporadique comme par le passé. Des spectacles de boxe sont présentés régulièrement, le plus souvent au Casino de Montréal ou au Centre Bell. De nouveaux athlètes font leur apparition. En plus de québécois de naissance comme Antonin Décarie, Sébastien Demers, Martin Desjardins et David Cadieux, plusieurs étrangers adoptent le Québec pour s'entraîner et y faire leur carrière comme Leonard Dorin, Lucian Bute et Adrian Diaconu d'origine roumaine; Joachim Alcine et Jean Pascal, d'Haïti; Walid Smichet d'origine tunisienne ou encore Olivier Lontchi et Herman Ngoudjo issus du Cameroun. Tous ont adopté le Québec et les Québécois les ont adoptés.

Boxeurs et combats marquants

Boxeurs du Québec en activité

Les listes suivantes comptent seulement les boxeurs ayant un minimum de 10 combats (boxeurs de nationalité ou qui vivent au Québec avec ou sans citoyenneté Canadienne).
En gras : boxeur avec un titre de championnat; avec astérisque ( * ) : les meilleurs boxeurs québécois sélectionnés par le Conseil Québécois de Boxe).

Boxeurs du Québec retirés

Boxeurs de nationalité ou qui ont vécu au Québec avec ou sans citoyenneté canadienne.
En gras : boxeur avec un titre de championnat; avec astérisque ( * ) : les meilleurs boxeurs québécois sélectionnés par le Conseil Québécois de Boxe).

Boxeurs canadiens et étrangers ayant eu un impact au Québec

  • Yvon Durelle, (1929-2007) - (117 combats, 90 victoires, 24 défaites, 2 nul, 51 KO) (a boxé de 1947-1963) - décédé
  • Archie Moore, (1916-1998) - (220 combats, 185 victoires, 23 défaites, 11 nul, 131 KO) (a boxé de 1935-1963) - décédé
  • George Chuvalo, (1937-) - (93 combats, 73 victoires, 18 défaites, 2 nul, 64 KO) (a boxé de 1956-1978) - retiré
  • Eddie Mello, (1960-2001) - (43 combats, 32 victoires, 8 défaites, 3 nuls, 27 KO) (a boxé de 78-86) - décédé

Boxeurs éphémères et anecdotes

  • Réjean Bergeron, (19?-) - ( 2 combats, 2 V, 0 D, 0 N, 0 KO) (a boxé de 1960-1961) - retiré, après 2 combats victorieux se retire.
  • Eugene Brosseau, (1895-1968) - (29 combats, 24 V, 4 D, 0 N, 18 KO) (a boxé de 1919-1922) - décédé, a boxé 16 fois 1919.
  • Fernand Cervan, (1929-) - ( 29 combats, 19 V, 7 D, 3 N, 14 KO) (a boxé de 1946-1949) - retiré, en 29 combats, a affronté 26 boxeurs ayant 7 combats et moins.
  • Fernand Dupois, (19?-) - ( 4 combats, 0 V, 4 D, 0 N, 0 KO) (a boxé de 1955-1956) - retiré, après 4 défaites de suite aux points se retire.
  • Raymond Daoust, (19?-) - ( 22 combats, 12 V, 9 D, 1 N, 5 KO) (a boxé de 1944-1947) - retiré, a boxé 13 fois en une seule année (1947)
  • Claude Fortin, (1932) - ( 41 combats, 23 V, 12 D, 6 N, 4 KO) (a boxé de 1951-1955) - retiré, a boxé 19 fois en 1953.

Combats de championnats au Québec

En gras: boxeur vainqueur du combat.

Notes et références

Liens internes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Boxe au Québec de Wikipédia en français (auteurs)

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