Bourguignon (dialecte)

Bourguignon (dialecte)

Bourguignon-morvandiau

Bourguignon-morvandiau
Bregognon-morvandiau
Parlée en France
Région Bourgogne
Nombre de locuteurs quelques milliers
Classification par famille
(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Langue officielle de langue régionale reconnue en France
Échantillon

Lai mayon n'ost point frômée,ale ost ziâr ouvrie es quate vents que çhûlont brâment itchi tôte l'an-née: Gailarne, Soulâr, Bige pé Drévent.

Le bourguignon-morvandiau ou bourguignon-morvandeau (Bregognon-morvandiau) est une langue d'oïl parlée en Morvan (Bourgogne). C'est une des langues régionales reconnues en France[1].

Sommaire

Présentation

Le bourguignon est une langue d'oïl, parlé en Bourgogne. Son aire de répartition est la suivante : au sud la ligne Chalon-sur-Saône, Le Creusot, Autun ; on remonte tout le Morvan du côté ouest jusqu'à la ligne Auxerre-Langres au nord et à l'est rogne un peu sur la Franche-Comté (Pesmes, Pointre, etc.).

Il se divise en plusieurs variantes : le dijonnais, le beaunois, le verduno-chalonnais, le valsaônois, le morvandiau, l'auxerrois, le langrois.

Le parler du sud du Morvan est spécifique.

Comparaison entre "sud-morvandeau" et "bourguignon"

Le sud-morvandeau est influencé par le Brionnais-Charolais (dialecte d'oïl de transition avec le domaine arpitan). On va comparer une liste de mots:

Français Brionnais Sud-Morvandiau Bourguignon
cheval [ʦᵊvo] [çᵊvo] [ʃəvo, ʃəva‿ʊ]
genou [ʣᵊnø] [zᵊnoː] [ʒənɔ̃, ʒəno]
gerbe [ʣɑbrə, ʣᵊvɛlɔ̃] [zarbə] [ʒarbe]

Histoire

Le Bourguignon

Le Bourguignon est une langue romane du domaine d’oïl. Il est constitué de vieux français (lui-même constitué de latin), de gaulois et autres mots celtiques. Les Burgondes ont apportés du vocabulaire administratif au dialecte bourguignon.

Il est aussi constitué d'ancien hollandais et d'ancien allemand. Le premier provient essentiellement des règnes des ducs de Bourgogne sur les Pays-Bas, par exemple, « couque » (pain d'épice) est issu du vieil hollandais "kooke" (gâteau).

Le Morvandiau

Le Morvandiau est une variété du bourguignon influencée par les parlers du centre à l'ouest qui se caractérise par quatre grandes variantes:

La grande différence entre ces variété est l'utilisation de « ç'ost » (c'est) au nord d'une ligne Montreuillon-Moux-en-Morvan et de « y'ost » (c'est) au sud de cette ligne, de même le son « j » se transforme en « y » au sud de cette ligne, par exemple « gaujer » au nord (prendre l'eau) devient « gauyer » au sud.

De même, selon une ligne est-ouest de Saint-Brisson à la La Celle-en-Morvan, on différencie le parler : à l'ouest on dira un « s'vau » et « eine sarotte » et à l'est un « ch'vau » (cheval) et « eune charotte » (charette), d'où l'utilisation du « ç » dans de nombreux textes morvandiaux.

Ouvert largement aux influences extérieures (Bourgogne et Nivernais), le Morvan a connu également des forces de conservation (nasalité de type médiévale, maintien de diphtongue de coalescence devant palatale, il constitue une butte témoin du "bourguignon" (Claude Régnier dans Les parlers du Morvan académie du Morvan, 1979). Le Morvandiau semble aussi apparenté au francoprovençal, en particulier par la présence d'un pronom neutre issu de "hoc" et par l'orientation du vocabulaire, ce qui confirme la thèse de Wartburg suivant laquelle la frontière Oc-Oïl était autrefois bien plus septentrionale que de nos jours (W.V. Wartburg, La fragmentation linguistique de la Romania, trad. Allières Slaka, Paris, Klincksieck, 1967, Bibliothèque française et romane)

Influence du francoprovençal/arpitan

Dans les vocables des villages le long de la Saône, on retrouve des sonorités arpitanes.

Quelques mots bourguignons

  • aujourd'hui : an-neut, auzdé, aujd'heu
  • maintenant: aicht'hure, aiçt'heue
  • bonjour : bonjôr, salutâs
  • bourguignon : bregognon (le dialecte), bôrguignon (en morvandiau)
  • Bourgogne : lai Borgoègne
  • non : non, innô (morvandiau)
  • oui : sia, icho, içho (morvandiau)
  • parler français: pairlenter (morvandiau)
  • la haie: le pian, lai beurche, lai trasse, lai piaiçhie; bouchue
  • le ventre : lai boueille, lai beuille
  • vigneron : bareuzai
  • vin : proo, vègne (morvandiau)
  • pomme de terre : treuffe
  • bois, petite forêt: boëchon
  • paysan: beusgnot
  • chêne: châgne
  • hêtre: vargne
  • manger: mérinder (du latin "merindare")
  • déranger: détorber (cousin de l'anglais "to disturb")
  • tabasser/faire mal: harser (de "herse")
  • courir la queue en l'air par temps d'orage (vaches): dâler
  • boire, se saoûler: treuiller
  • cochon mâle: vri
  • chevreuil: bigou
  • glisser: frazer
  • naïf, imbécile : arnais
  • bon à rien, mauvais travailleur: berlaisou; arquandier
  • fouiner, déranger des affaires: rabeuter
  • travailler peu efficacement: beutiller
  • fou: beurdin; breudin

De nos jours

Aujourd'hui le Bourguignon-Morvandiau ne se parle quasiment plus en dehors du Morvan et de ses marges. Les locuteurs sont souvent âgés mais il existe toujours une forme de transmission familiale. On entend toujours le timbre de cette langue dans les cafés des bourgs du Morvan, sur les marchés et aussi lors de veillées ou de festivals. Les conteurs Rémi Guilleaumeau, Pierre Léger, Jean Luc Debard, Jacques du Loup, Nanou Pichon, Guillaume Lombard, Laurent Desmarquet…) et des groupes comme les Râgouts, les Traîne-Bûches et des chanteurs comme Jean Michel Bruhat, BBM, Daniel et Marie France Raillard, Gaspard Malter, Vincent Belin, Rémi Guilleaumeau… Utilisent fréquemment cette langue puisant dans une base de données importante, celle des archives sonores de la Maison du Patrimoine Oral basé à Anost.

Le Bourguignon-Morvandiau connait une certaine vitalité dans le domaine écrit (cf les actes du coloque de Saulieu: "le patrimoine linguistique Morvandiau-Bourguignon au cœur des langues romanes d'Europe". On le lit régulièrement dans la revue "Vent du Morvan", "le carnet du Ménétrier" ainsi que dans les journaux locaux. Et on peut l'entendre sur certaines ondes (le jeudi à 18h avec Jacques du loup sur Radio Saulieu)).

Toutefois, les différents dialectes comme le Brionnais-Charolais, l'Auxois, les parlers du Val de Saône, même s'ils sont moins vigoureux sont toujours utilisés par une minorité de personnes vivants dans un milieu rural.

Les différents parlers locaux comme le Montcellien ou le Creusotin sont eux toujours parlés ou compris par toutes les générations de plus de 50 ans. Et par une minorité de personnes plus jeunes.

Littérature

Le morvandiau-bourguignon fait l'objet d'une riche production littéraire depuis le XVIIe siècle.

  • Bernard de La Monnoye (Dijon 1641-1728) publie en 1701 les "Noëls Bourguignons" sous le pseudonyme de Gui Barôzai.
  • Aimé Piron (Dijon 1640 – id. 1727), apothicaire et poète, compose en patois bourguignon des Noëls (publiés en 1858), des chansons et des poèmes (lai Joye dijonnaise, 1701 ; lé Festin des Eta, 1706). Il est le père d'Alexis Piron.
  • Borne de Gouvault publie en 1787 deux chants dont "le mitan du gatiau" publié par Edmond Bogros en 1873.
  • Eugène Pelletier de Chambure publie en 1878 le Glossaire du Morvan, ouvrage de référence.
  • Louis de Courmont (Blismes 1828-1900), poète, violoneux et chanteur, écrit de nombreux poèmes et chansons dont le fameux "Branle du Diable".
  • Émile Blin (Château-Chinon 1865-1953), rédacteur en chef du journal "le Morvan" et écrivain de nouvelles.
  • Louis Coiffier (1888-1950) instituteur dans la région d'Arnay. Amoureux du Morvan, il lui avait consacré entre les deux guerres un recueil de poèmes "Par les sentiers fleuris", un roman "Morvan terre d'amour" et un livre en langue régionale "Histoires de chez nous, contes et récits du Pays Bourguignon".
  • Alfred Guillaume, vétérinaire et maire de Saulieu (Côte-d'Or) au début du XXe siècle, publie en 1928 "L'âme du Morvan"[2].
  • Georges Blanchard (Donzy 1902-1976) publia au cours de sa vie plusieurs poésies et pièces de théâtres.
  • Marguerite Doré a publié "des histouaies du canton d'Ved'la" en 1978.
  • Lucien Gauthé a publié "Vaicances ai Yocotai" en 1984.
  • Jean Perrin, dessinateur, a publié deux bandes dessinées "Galvachou" en 1980 et "Le violon des Loups" en 1986.
  • Pierre Léger (Montsauche 1948), instituteur, poète et militant morvandiau (fondateur de l'association Lai Pouèlée) a publié "zoizeau Flash", "Ai traivars lai Pleshie", "Elwery Song", "Morvan vers l'Émeraude" et de nombreux textes et chansons publiés dans " L'Almanach du Morvan" entre 1978 et 2000.
  • Gérard Taverdet (1664-2001), écrivain de nombreux ouvrages traitant le Bourguignon et ses différents dialectes.

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Le patrimoine linguistique morvandiau-bourguignon au cœur des langues romanes d'Europe. Actes du colloque de Saulieu (3 novembre 2001), Éditions GLACEM / « Vents du Morvan », 2005.
  • Les parlers du Morvan, Claude Régnier « Académie du Morvan » Château-Chinon, 1979.
  • Paroles d'Oïl, DPLO (collectif), Gestes d'édition, 1999
  • Glossaire du Morvan, Eugène de Chambure, Paris 1878
  • L'âme du Morvan, Alfred Guillaume, 1971
  • Vaicances ai Yocotai, Lucien Gauthé, édition Lai Pouélée
  • Mollerin sos Droune, Joséphine Darreau, édition Lai Pouélée

Notes et références

  1. Rapport Cerquiglini, 1999
  2. référence, citation ou lien

Il put observer les paysans du Morvan alors que le patois était encore vivant. Il a su reproduire une langue sincère (son patois est bien celui de la région et non une langue artificielle), et transcrite avec discernement (il a su respecter à la fois les traditions de la graphie française et les saveurs de la phonétique locale). Son recueil de courtes nouvelles, L'âme du Morvan, truculent, est un ouvrage d'une grande valeur qui décrit, à travers des anecdotes pleines de vie, les différents aspects (politique, religion, évolution de la société, alimentation) d'une vie quotidienne aujourd'hui en voie d'oubli. (Gérard Taverdet in " Un écrivain patoisant Bourguignon du XXe siècle : Alfred Guillaume" Bibliothèque de l'École des Chartes 2001).

Voir aussi

Liens internes

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