Boucle locale en France

Boucle locale en France

La boucle locale en France est la partie de la ligne téléphonique (paires de cuivre) allant du répartiteur de l'opérateur jusqu'à la prise de l'abonné. Physiquement, il s'agit de tous les câbles aériens, des câbles souterrains et même de la paire de fils arrivant chez l'usager. La boucle locale comprend également des équipements passifs de raccordements (armoires, boîtiers) jouant le rôle de brasseurs.

En France, existe également le concept de boucle locale radio[1] et de boucles locales optiques[2].

Cet article traite de la boucle locale cuivre.

Sommaire

Construction

C'est l'administration des télécommunications, qui à elle seule, construit cette partie du réseau. La mise en œuvre des câbles s'est faite progressivement avec une forte accélérations dans les années 1970. La construction de ce réseau capillaire a nécessité d'importants travaux de génie civil, occasionnant de nombreuses perturbations dans les agglomérations et sur une partie des axes routiers du pays.

Appartenance et accès

En France, la boucle locale est la propriété exclusive de l'entreprise France Télécom. La boucle locale est une partie du réseau téléphonique commuté revêtant une importance stratégique pour tout opérateur de télécommunication. En effet, son contrôle permet la gestion totale du réseau qui le relie à ses clients. Ainsi, il a été décidé au niveau européen que l'opérateur historique doit fournir à ses concurrents un accès direct à sa boucle locale : c'est le dégroupage de la boucle locale.

Quelques chiffres

La boucle locale cuivre en France, c'est :

  • 34 millions de lignes
  • 130 000 sous-répartiteurs
  • 13 000 répartiteurs téléphoniques
  • 15 millions de poteaux
  • Un coût de mise en œuvre estimé à 28 milliards d'euros par l'ARCEP

Constitution

La boucle locale cuivre part du central téléphonique, aussi appelé répartiteur. Il est désigné sous les abréviations REP (Répartiteur), RE (Répartiteur d'Équipements), CT (Central Téléphonique), CL (Commutateur Local) et NRA (Nœud de Raccordement d'Abonnés).

Départ de la ligne téléphonique :

Les paires de cuivre partant du central sont regroupées dans de gros câbles souterrains contenant au moins 112 paires, et qui vont jusqu'aux sous-répartiteurs (SR). Il existe en agglomération un sous-répartiteur par quartier, mais un SR peut couvrir toute une commune, voire plusieurs petites communes à la campagne par exemple.

Les gros câbles reliant les centraux aux sous-répartiteurs sont appelés câbles de transport. On parle souvent du transport pour désigner cette partie du réseau (le transport).

Quand un technicien va au central téléphonique pour tester votre ligne ou votre ADSL, il retire le tiroir correspondant à votre ligne et branche soit un téléphone pour tester la tonalité soit un modem afin de tester la synchronisation.

Si le technicien constate qu'il a bien de la tonalité ou que le modem synchronise c'est donc que le souci est après donc au sous-répartiteur, au point de concentration ou encore chez le client.

Par contre s'il n'a pas de tonalité ou de synchronisation, il est amené à "muter" votre ligne c'est-à-dire à la changer sur un autre emplacement en la câblant sur une nouvelle position de transport par exemple.

Ensuite, d'autres câbles plus petits, contenant 56 paires de cuivre au maximum, relient les sous-répartiteurs à de petits boîtiers appelés points de concentration (PC). Ces boîtiers contiennent au maximum 7 paires de cuivre la plupart du temps, sauf ceux des immeubles qui peuvent en contenir plus (selon le nombre d'appartements de l'immeuble). Des épissures sont utilisées pour scinder les plus gros câbles (contenant plus de paires), en plusieurs câbles plus petits et contenant moins de paires.

Les câbles reliant les sous-répartiteurs aux points de concentration sont appelés câbles de distribution. On parle alors de la distribution pour désigner cette partie du réseau.

C'est de ces boîtiers que partent les câbles qui vont aller chez chaque abonné. En amont du PC, les câbles contiennent les paires de cuivre de plusieurs abonnés. En aval, chaque câble contient une seule ligne d'abonné.

Dans certains cas (immeuble par exemple, mais aussi lorsque le PC se trouve sur la façade du bâtiment), le câble part du PC pour arriver directement chez l'abonné, jusque dans sa prise téléphonique. Parfois en passant par un boîtier de dérivation (appelé 12 plots, ou plus récemment dispositif de terminaison intérieur, DTI).

Le plus souvent, pour les habitations isolées, le câble part du PC qui se trouve sur un poteau pour arriver sur la façade de la maison dans un boîtier appelé entrée de poste (EP). Puis un autre câble reliera l'EP au boîtier de dérivation ou à la première prise téléphonique.

Certaines habitations disposent d'une distribution souterraine. C'est de plus en plus fréquent dans les lotissements neufs, où l'enfouissement d'un maximum de réseaux est pensé avant le début des travaux.

Cas des distributions directes (zones OZR) : Pour les abonnés habitant à côté du central téléphonique, la boucle locale ne comporte pas toujours un sous-répartiteur. Ainsi, une paire de cuivre peut directement relier le central à un PC. On parle alors de transport direct, car il n'y a pas de partie distribution ni de SR.

Le réseau est à la fois souterrain et aérien : Dans les petites communes et à la campagne, la majeure partie du réseau est aérien : le câble est suspendu entre des poteaux téléphoniques en bois ou en béton (mutualisation poteaux edf). Dans les grandes agglomérations, le réseau est en grande partie souterrain : tous les câbles passent sous terre et ne sont accessibles que via des regards et des chambres de tirage, sous les fameuses plaques en fonte marron, marquées France Télécom.

Les différents types de sous-répartiteurs

A l'intérieur d'un sous répartiteur :

La plupart des SR sont des armoires. Les plus anciennes sont en métal, de couleur grise, et arborent l'ancien logo PTT. Leur dimension varie selon le nombre de lignes connectées. Bien que ces armoires soient fermées, elles ne sont pas étanches. L'eau, l'humidité, la poussière et d'autres saletés peuvent par conséquent y pénétrer, et parfois être source de perturbations (vrai notamment pour l'ADSL, le téléphone étant beaucoup moins sensible à l'oxydation des contacts). Dans ces armoires, les têtes sur lesquelles sont raccordés les abonnés sont constituées d'amorces métalliques sur lesquelles on place une vis qui servira à serrer la partie dénudée de la jarretière (le câble) faisant la liaison entre le transport et la distribution.

Les armoires de nouvelle génération sont soit en métal, soit en plastique. Les couleurs utilisées sont désormais le beige et le blanc. Les têtes de raccordement sont dites fiabilisées, car au contraire de l'ancien système à vis, où les contacts étaient donc métalliques, et par conséquent sujets à la rouille et l'oxydation, ceux-ci sont en plastique, et seule une petite partie conductrice permet le contact avec le câble. Cette partie métallique est sertie dans une tige en plastique, pour plus de protection. De plus, il s'agit de contacts auto-dénudants contenant un gel anti-oxydant.

Dans les zones rurales, les SR sont plus petits car il y a beaucoup moins d'abonnés à raccorder. À la place des armoires on utilise donc des boîtiers en plastique, fixés sur des poteaux à hauteur d'homme. Les têtes utilisées dans ces boîtiers sont identiques à celles que l'on trouve dans les armoires d'ancienne génération.

Parfois, les SR sont abrités dans de petites cabanes, soit uniquement réservés à la jonction entre le transport et la distribution, soit dans un local ayant une toute autre fonction (chaufferie, rangement… par exemple quand le SR se trouve dans une école ou une mairie en zone rurale). Dans ce cas, les têtes peuvent être identiques à celles des armoires anciennes, ou être remplacées par des connexions fiabilisées.

En zone urbaine, on peut trouver des SR dans le sous-sol de certains immeubles (caves ou parties communes). On les nomme alors communément SRI, Sous Répartiteurs Immeuble. Les têtes sont alors identiques à celles des anciennes armoires.

Les différents types de points de concentration

Les PC existent sous la forme de petits boîtiers en plastique qui peuvent être situés sur les façades des habitations. Ces mêmes boîtiers sont parfois accrochés en hauteur sur les poteaux téléphoniques. On en trouve également dans des bornes en béton à hauteur du sol.

Dans les parties communes des immeubles (dans les caves ou à proximité des arrivées d'eau, de gaz et d'électricité) on trouve un autre genre de boîtier, avec un bornier plus grand (pouvant accueillir plus de connexions).

Enfin, les PC sont parfois dans des chambres souterraines, accessibles en soulevant les grosses plaques en fonte marron marquées France Télécom que l'on voit parfois sur les trottoirs ou la chaussée. Ils prennent la forme de boîtiers en PVC noir, scellés par 6 boulons généralement.

Les différents types de boîtiers de dérivation

Dispositif de Terminaison Intérieur (DTI)
Boîtier de Dispositif de Terminaison Intérieur (DTI) installé près d'un tableau électrique, dans le cellier d'un pavillon

Chez l'abonné, le réseau téléphonique est appelé installation terminale ou desserte interne. Il commence à l'arrivée France Télécom, qui délimite la responsabilité de l'opérateur historique et celle du client. S'il y a plusieurs prises dans l'habitation, elles peuvent être toutes, ou en partie raccordées à un boîtier de dérivation. Parfois, toutes les prises sont branchées en série les unes sur les autres, et seule la première est raccordée au boîtier de dérivation. Dans certains logements, il n'y a pas de tel boîtier, et c'est alors la première prise qui fait office de frontière entre le réseau de France Télécom et l'installation privative de l'abonné. C'est souvent le cas en appartement.

Les plus anciennes boîtes de dérivation sont petites, grises, et comportent l'ancien logo des PTT. Elles sont constituées d'un bornier à vis comportant 4 plots (2 pour la paire de cuivre arrivant du réseau FT, et 2 pour alimenter la prise téléphonique). Le couvercle se clipse sur le boîtier.

Certains boîtiers de dérivations font la taille d'une prise en T, et ont la même couleur beige. Mais ils n'ont pas d'ouverture sur le devant pour y brancher un téléphone. En revanche, il y a généralement un téléphone dessiné sur le couvercle, pour indiquer qu'il s'agit d'un boîtier de télécommunications. Le couvercle est maintenu au socle par 2 vis. A l'intérieur du boîtier on trouve un bornier déclipsable, comportant 12 plots. D'où le nom de ce type de boîtier de dérivation, couramment appelé le 12 plots. Ces plots sont normalement câblés comme ceux des prises téléphoniques, mais seules les bornes 1 et 3 (en haut à gauche) sont réellement utilisées dans le cas d'une seule ligne téléphonique. On y raccorde la paire de cuivre du réseau FT et les prises de l'abonné (fils gris et blanc).

Les nouvelles normes imposent la mise en place d'un DTI, ou dispositif de terminaison intérieur, ressemblant fortement à une prise en T. En réalité, ce type de boîtier a pour but de faciliter les branchements, et évite au technicien de tout démonter en cas de panne ou pour procéder à des tests. Bien que le couvercle comporte une prise en T, aucun appareil ne doit y être branché en fonctionnement normal. Le raccordement d'un appareil provoque l'isolement de tout le reste de l'installation terminale. En effet, lors du branchement, 2 lamelles de métal s'écartent pour ouvrir le circuit reliant l'arrivée FT aux prises téléphoniques. Le couvercle des DTI se clipse sur la base. Le DTI contient dans certains modèles un module de protection (type parafoudre) et un bornier de mise à la terre. Le raccordement des prises est extrêmement simplifié car se faisant par contacts auto-dénudants, soit en insérant les fils dans des trous montés sur un axe, et en clipsant l'ensemble sur le châssis, soit à l'aide d'un petit outil d'insertion (fourni avec chaque DTI et se rangeant dans le boîtier).

Les différents types de câbles

Section ou calibre (grosseur du câble), exprimée en dixième de millimètres :

  • 4/10 : le plus courant.
  • 6/10 : utilisé en zone rurale lorsque le SR est éloigné du central, moins courant.
  • 8/10 : beaucoup plus rare car très coûteux.

Plus le câble est gros, plus il est cher mais plus il est de bonne qualité. En effet, à longueur égale, l'affaiblissement est moindre dans un câble de grosse section. Les câbles de plus grosse section prennent beaucoup plus de place dans les gaines que les câbles plus petits.

Paire torsadée : pour éviter les phénomènes de diaphonie, sources de perturbations électromagnétiques (le bruit), les 2 fils d'une même paire sont torsadés entre eux, et plusieurs paires sont ensuite torsadées entre elles. Les câbles sont eux aussi torsadés afin de limiter au maximum les perturbations.

Câble gris ou noir, plat, avec les 2 fils en parallèle : câble générateur de beaucoup de bruit et sensible aux perturbations, car non torsadé et non blindé.

Les câbles sont généralement multi-paires, c'est-à-dire que plusieurs paires passent dans une même gaine permettant alors un déploiement plus facile. Les paires de cuivre sont rassemblées en groupe à l’intérieur d’une gaine, par multiples de 7 : 7, 14, 28, 56, 112, 224, 448, 896… et parfois plus !

Les différents types de poteaux

Les poteaux télécom en bois sont réservés au réseau téléphonique. On en trouve surtout en zone rurale. Il existe aussi des poteaux métalliques qui leur ressemblent.

Les appuis communs, généralement en béton, peuvent accueillir le réseau téléphonique mais aussi servir au transport du réseau électrique EDF. Dans ce cas, il est important de respecter un espacement minimum entre les réglettes métalliques, supports des câbles téléphoniques et les câbles électriques situés au sommet du poteau pour éviter la pollution (électro-magnétique) du réseau téléphonique par le réseau électrique.

Certains appuis communs sont également le support de l'éclairage public. Là encore, les systèmes d'allumage des réverbères pouvant perturber le réseau téléphonique, il est impératif d'utiliser du matériel respectant les normes CEM (compatibilité électro-magnétique) ainsi qu'une distance minimale séparant les lampadaires des câbles de téléphone.

La protection contre la foudre

L'ensemble de la boucle locale est protégée contre les risques de surtension. Au central, des parafoudres sont placés sur chaque paire de cuivre, au dernier point de coupure avant le départ vers l'abonné. Sur le réseau de distribution, entre les sous-répartiteurs et les PC se trouvent des boîtiers de protections (PF et RP) contenant des fusibles nécessaires à la protection du réseau contre la foudre. Ils sont particulièrement utilisés à la campagne et sont présents aux extrémités d'une ligne aérienne.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Boucle locale en France de Wikipédia en français (auteurs)

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