Binot Paulmier de Gonneville

Binot Paulmier de Gonneville
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Binot Paulmier de Gonneville

Binot Paulmier, Sieur de Gonneville, connu comme Binot Paulmier de Gonneville, était un navigateur français du début du XVIe siècle. Il était considéré aux XVIIe et XVIIIe siècles comme le découvreur des Terra Australis (à ne pas confondre avec l'Australie), bien que cette vision soit aujourd'hui réfutée par les historiens.

Sommaire

Biographie officielle

Il est né au XVe siècle à Gonneville-sur-Honfleur. Pendant sa jeunesse, Binot Paulmier de Gonneville a navigué jusqu'à Lisbonne où il s'est lié avec des marins portugais[1]. Devenu capitaine, il a quitté Honfleur le 24 juin 1503[2]à bord de l’Espoir, navire de 120 tonneaux, et 60 membres d'équipage, pour les Indes Orientales mais, peut-être après avoir doublé le cap de Bonne-Espérance, et après avoir manqué la « boucle », il est poussé vers une terre inconnue et se retrouve le 6 janvier 1504 au Brésil, sur la côte de l'île de São Francisco do Sul au débouché de la baie de Babitonga, ou à l' embouchure du Rio Francisco de Sul, où il passe six mois en radoub. Le 3 juillet, il repart pour la France avec Essomeric, ou Essemeric, le fils du chef de la tribu des Carijós, et « des peaux, plumes, racines à teindre contre des quaincailleries, et autres besongnes à petit prix ». Après une odyssée cauchemardesque[1], le 7 mai 1505, son bateau s’échoue à Guernesey où il est pillé. Arrivé à pied à Honfleur le 20 mai, Il n'y a alors que vingt-sept survivants, dont l'Indien Essemeric, baptisé pendant la traversée. Ruiné, il ne sera jamais en mesure de ramener Essomeric à son père comme il le lui avait promis[3]. À la place, il l’adoptera, le mariera à une de ses nièces, Marie Moulin, qui lui donnera quatorze enfants, Après la mort de sa femme, Essemeric Paulmier se remariera avec une autre jeune fille de Honfleur, qui lui donnera sept filles. Un petit-fils d' Essemeric, Robert Paulmier, se retrouvera mercenaire, au service du roi de Suède[4].Le journal de bord en porte un témoignage très crédible. Paulmier de Gonneville a ouvert une porte aux marchands de bois français au Brésil, qui feront vers 1560 concurrence aux marchands de bois portugais[2]. Il se présenta ensuite comme le découvreur des grandes terres australes, aussi appelées Indes Méridionales.

La récupération

Son récit fut ensuite oublié jusqu'en 1663, époque où Jean Paulmier de Courtonne, apparenté à Binot, chanoine de la cathédrale saint-Pierre de Lisieux, a publié un ouvrage intitulé Mémoires touchant l'établissement d'une mission chrestienne dans le troisième monde: autrement appelé, la terre australe, méridionale, antarctique & inconnuë dans lequel il se déclare être l'arrière-petit-fils d'un indien ramené en france par Binot Paulmier en 1505. Jean Paulmier de Courtonne affirme que le patriotisme français avait alors été touché par les découvertes hollandaises et anglaises dans le Pacifique sud, et utilise le récit du voyage pour justifier l'installation des Français, et en revendiquer l'antériorité. Ce grief prit de l'ampleur au XVIIIe siècle et justifia les expéditions françaises de Bougainville et de Bouvet[5].

Une controverse tardive

Si l'aventure de Paulmier de Gonneville était citée par les écrivains et historiens normands les plus sérieux de la fin du XXe siècle, une controverse, apparue en 2000, tente de remettre en cause son existence historique ainsi que celle de ses voyages[6]. La relation de la première rencontre des Français avec les Amérindiens qu’il a laissée en faisait le précurseur des récits de Thevet, Léry, Claude d'Abbeville et Yves d'Évreux. En 1993, suite à une étude poussée de Jacques Lévêque de Pontharouart, l'histoire de Binot Paulmier de Gonneville s'avèrerait être une invention de Jean Paulmier de Courtonne, arrière-petit-fils dudit Essomeric, chanoine de Lisieux qui cherchait à monter une expédition d'évangélisation dans les imaginaires Indes Australes. D'après monsieur Lévêque, le chanoine fit aussi de son ancêtre cet indien austral afin de masquer ses actions particulièrement violentes en tant que huguenot à l'époque où il aurait dû être ramené du "Brésil"[7].

Le consensus

Il apparaît aujourd'hui que les terres découvertes par Binot Paulmier n'étaient pas les légendaires Terra Australis, ou comme on le prétendit, Madagascar, mais bien une partie des côtes du Brésil, à - ou auprès de - l'île de Santa Catarina, et que l'un des habitants rencontrés, Iça-Mirim, membre de la tribu Carijo, fut ramené à Honfleur sous le nom francisé d'Essemeric[5].

Bibliographie

Œuvre

  • Campagne du navire L’Espoir de Honfleur, 1503-1505 : relation authentique du voyage du capitaine de Gonneville ès nouvelles terres des Indes publiée intégralement pour la première fois avec une introduction et des éclaircissements, Éd. Armand d'Avezac, Paris, Challamel, 1869 ; Genève, Slatkine Reprints, 1971.
  • Le Voyage de Paulmier de Gonneville au Brésil (1503-1505) pp.37-70, récit des relations du voyage de Gonneville par lui-même, suivi de ses lettres royales en forme de compulsoire ; dans Voyages au Canada par Jacques Cartier avec les relations de voyages en Amérique de Gonneville, Verrazano et Roberval, Paris, La Découverte, 1984.
  • Mémoires touchant l'établissement d'une mission chrestienne dans le troisième monde: autrement appelé, la terre australe, méridionale, antarctique & inconnuë, Éd. Margaret Sankey, Paris, Champion (Les géographies du monde, 7), 2006.

Références

  1. a et b Jean Mabire & Jean-Robert Ragache, Histoire de la Normandie, éditions France-Empire, Paris, 1986, PP 214 à 215
  2. a et b Collectif, Histoire de la Normandie, Privat, Toulouse, 1970, P 295
  3. Jean Mabire, Grands marins normands,P 49
  4. Leyla Perrone Moisés, Vinte Luas: Viagem de Paulmier de Gonneville ao Brasil, 1503-1505, Companhia das Letras, São Paulo, 1992; Leyla Perrone-Moisés, Le voyage de Gonneville (1503-1505): et la découverte de la Normandie par les Indiens du Brésil, traduits par Ariane Witkowski, Paris, Editions Chandeigne, 1995
  5. a et b http://en.wikipedia.org/wiki/Binot_Paulmier_de_Gonneville
  6. (fr) Le voyage de Gonneville a-t-il vraiment eu lieu ?. Consulté le 15 juillet 2010
  7. Paulmier de Gonneville son voyage imaginaire, Jacques Lévêque de Pantharouart, 2000
  • Jean Paulmier de Courtonne, Mémoires touchant l'établissement d'une mission chrestienne dans le Troisième Monde, autrement appelé, la Terre Australe, Meridonale, Antarctique, & Inconnuë : Presentez à Nostre S. Pere le pape Alexandre VII, Paris, Cramoisy, 1663.
    Cet ouvrage, dû à un chanoine de l'église de Saint-Pierre de Lisieux, arrière-petit-fils d'Essomeric, a eu pour conséquence de rappeler l’histoire de Gonneville, qui avait sombré dans l’oubli, au souvenir des Français.
  • Leyla Perrone-Moisés, Le Voyage de Gonneville (1503-1505) ou la découverte de la Normandie par les Indiens du Brésil, Paris, Chandeigne, Col. Magellane, 1995. ISBN 978-2-906462-05-2
  • Jean-Pierre Thiollet, Je m'appelle Byblos, Milon La Chapelle, Éditions H & D, 2005. ISBN 978-2-914266-04-8
    Plusieurs pages sont consacrées en annexes à Binot Paulmier de Gonneville.

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