Théodose Le Barbier de Tinan

Théodose Le Barbier de Tinan
Page d'aide sur l'homonymie Pour les autres membres de la famille, voir : Le Barbier de Tinan.

Jean Jacques Théodose Le Barbier de Tinan ou Barbier de Tinan, né à Strasbourg le 11 janvier 1738, mort le 18 juin 1791, administrateur militaire, est président du directoire de Strasbourg, et un des principaux acteurs locaux de la Révolution.

Sous l'Ancien régime, Théodose Le Barbier de Tinan devient Commissaire des guerres. Il emploie son temps libre à des travaux scientiques. Il traduit et commente les travaux de Volta, de Toaldo et de Benjamin Franklin. Il développe ses idées sur les paratonnerres et en préconise l'utilisation à Strasbourg.

Lors de la Révolution, Barbier de Tinan est le fondateur et le président de la Société de la Révolution puis de la Société des Amis de la Constitution à Strasbourg, puis président de la Société de correspondance nationale de Strasbourg. Il devient président du directoire du district de Strasbourg, où il est un acteur notable et modéré des débuts de la Révolution.

Sommaire

Biographie

Jean Jacques Théodose Barbier de Tinan, usuellement appelé Théodose Barbier de Tinan, puis le Barbier de Tinan, né à Strasbourg en 1738, est le fils de Jean François Baptiste Barbier de Tinan, receveur des finances d'Alsace, et de Marie Elisabeth de Schwilgué ; il est le neveu du préteur royal baron d'Autigny, dont l'hôtel réunit toutes les semaines les savants strasbourgeois[1].

Commissaire des guerres, traducteur

Théodose Le Barbier de Tinan (ou Le Barbier, ou Barbier de Tinan) devient commissaire des guerres à Strasbourg.

Il utilise son temps libre pour étudier et traduire divers travaux, il traduit ainsi des lettres de Volta en 1778, puis en 1779 les Mémoires de Joseph Toaldo sur les conducteurs de la foudre[2].

Le paratonnerre

Barbier de Tinan ajoute des remarques à la suite de sa traduction de l'ouvrage de Toaldo. Il y développe ses propres idées, en se basant sur l'opinion et les expériences de Benjamin Franklin[3].

Ces travaux sur les paratonnerres l'amène à penser à les appliquer à la cathédrale de Strasbourg. L'année suivante, en 1780, il publie un Mémoire sur la manière d'armer d'un conducteur la cathédrale de Strasbourg[4], qu'il adresse à l'Académie royale des sciences. Ce projet d'établissement d'un paratonnerre sur la flèche de la cathédrale de Strasbourg intervient à une époque où elle est encore l'édifice le plus haut du monde[5]. Le savant Benjamin Franklin et Jean-Baptiste Le Roy sont chargés de faire un rapport sur le mémoire de Barbier de Tinan[6]. Dans sa séance du 12 mai 1780[7], l'Académie accepte le projet de Le Barbier et émet le vœu que son projet soit exécuté. Mais ce vœu ne sera réalisé qu'en 1835[1].

Il est par ailleurs un disciple et une victime de l'aventurier Cagliostro. Lorsque celui-ci est soupçonné d'escroquerie et emprisonné à la Bastille, Barbier de Tinan l'admire moins, mais il continue à être un de ses plus fidèles soutiens, et lui manifeste publiquement son « attachement respectueux »[8],[9].

Partisan de la Révolution

Barbier de Tinan est, le 15 janvier 1790, « à la tête » des fondateurs de la Société de la Révolution[10]. Il prononce alors un discours où il exalte « l'heureuse Révolution qui, en rendant à l'homme la liberté et ses droits, vient de poser les fondements du bonheur d'un grand peuple ». Le même jour, Barbier de Tinan en est élu président par acclamations[11]. Le 13 février, la société prend le nom de Société des amis de la constitution. Elle s'affilie à la société parisienne du même nom, se prononce pour l'émancipation des Juifs, adopte un nouveau serment (« Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi et au Roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution... »). Au texte de ce serment, Barbier de Tinan fait ajouter les mots « Vivre libre ou mourir »[12]. Le 13 mars 1790, Barbier de Tinan donne sa démission de la présidence pour raisons de santé. Son successeur, M. Brunck, fait l'éloge de sa présidence, et de sa sagesse qui a modéré les assemblées[13].

Comme secrétaire de la Société de correspondance nationale de Strasbourg, Le Barbier fait appel, le 31 mars 1790, aux gardes nationales des Trois-Évêchés, de la Lorraine, de la Bourgogne et de la Franche-Comté, pour former une fédération et pour la célébration de la Constitution, le 5 avril, sur la Plaine des bouchers à Strasbourg[1]. Le 23 avril 1790, Le Barbier est président de cette même Société de correspondance nationale lorsque le général Lafayette accepte la réunion de la société de Strasbourg à celle de Paris[14].

Théodose Barbier de Tinan est ensuite président du directoire du district de Strasbourg[15].

Il est par ailleurs un dignitaire franc-maçon, Chancelier du directoire écossais de Bourgogne et Préfet de Strasbourg dans le système des chevaliers bienfaisants[16].

Il meurt le 18 juin 1791. La Société des amis de la Constitution prend le deuil pour trois jours[1],[17].

Famille

Théodose Barbier de Tinan épouse en 1765 Marie Françoise Xavière Noblat (1749-1821), fille de François Bernardin Noblat, commissaire du roi pour le règlement des frontières, seigneur de Sévenans, Morvillars et autres lieux, et de Appollonie de Schwilgué[18].

Ils sont les parents de Jean-Marie Le Barbier de Tinan (1771-1831), intendant général[18].

Œuvres

  • (traducteur) Lettres de Mr Alexandre Volta,... sur l'air inflammable des marais, ..., par Alessandro Volta, traduites de l'italien par Barbier de Tinan, Strasbourg, J.-H. Heitz, 1778, In-8°.
  • (traducteur ; auteur des notes et compléments) Mémoires sur les conducteurs pour préserver les édifices de la foudre, par Joseph Toaldo, traduits de l'italien avec des notes et des additions par M. Barbier de Tinan, Strasbourg, Bauer et Treuttel, 1779. Dans les compléments qu'il apporte à cet ouvrage, Barbier de Tinan fait état des travaux de Benjamin Franklin.
  • Mémoire sur la manière d'armer d'un conducteur la cathêdrale de Strasbourg, Strasbourg, 1780, in-8°.
  • Discours, lettres, adresses, cités dans Heitz, Les sociétés politiques de Strasbourg pendant les années 1790 à 1795, 1863.

Notes et références

  1. a, b, c et d Sitzmann 1909-1910, p. 88.
  2. Mémoires sur les conducteurs pour préserver les édifices de la foudre, par Mr l'abbé Joseph Toaldo,... traduits de l'italien avec des notes et des additions par M. Barbier de Tinan, Strasbourg, Bauer et Treuttel, 1779.
  3. Brunet 1948, p. 240-243.
  4. Mémoire sur la manière d'armer d'un conducteur la cathédrale de Strasbourg, par M. Barbier de Tinan, Strasbourg, 1780, in-8°.
  5. Elle est l'édifice le plus haut du monde jusqu'en 1874, année d'édification de la flèche de l'église Saint-Nicolas de Hambourg
  6. Procès verbal de la séance du 12 mai 1780 avec le rapport de Benjamin Franklin et Jean-Baptiste Le Roy.
  7. Procès-verbal avec le rapport de Benjamin Franklin et Jean-Baptiste Le Roy : [PDF] Procès-verbal du 12 mai 1780
  8. Revue de l'histoire des religions, volumes 175 à 178, Librairie Ernest Leroux, 1969, p. 178.
  9. Emmanuel Lalande, Marc Haven, Le Maître inconnu, Cagliostro, P. Derain, 1964, pp. 93, 189, 263.
  10. Heitz 1863, p. 1.
  11. Heitz 1863, p. 4-6.
  12. Heitz 1863, p. 13-19.
  13. Heitz 1863, p. 21-22.
  14. Heitz 1863, p. 36.
  15. Rodolphe Reuss, La constitution civile du clergé et la crise religieuse en Alsace ..., 1922.
  16. René Le Forestier, Antoine Faivre, La franc-maçonnerie templière et occultiste aux XVIIIe et XIXe siècles, Aubier-Montaigne, 1970, pp. 382, 386, 768.
  17. L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, février 1981, p. 199.
  18. a et b Paul-Albert 1908.

Sources bibliographiques

  • « Barbier (Le) de Tinan, Jean-Jacques-Théodore », dans Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l'Alsace : depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, F. Sutter, 1909-1910 [lire en ligne], p. 88 .
  • Frédéric-Charles Heitz, Les sociétés politiques de Strasbourg pendant les années 1790 à 1795, Strasbourg, F.-C. Heitz, 1863 .
  • Pierre Brunet, « Les origines du paratonnerre », dans Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, vol. 1948 tome 1, no 3, 1948, p. 213-253 [texte intégral]  ; sur Barbier de Tinan, voir p. 240-243.
  • Paul-Albert, Papiers et souvenirs de la famille Le Barbier de Tinan, Tours, P. Salmon, s.d. (1908) .
  • Bibliothèque nationale de France, Catalogue général des œuvres.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe


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