Simone Souloumiac

Simone Souloumiac

Simone Souloumiac, résistante française de la seconde guerre mondiale, née le 13 août 1923 à Saint-Julien-de-Vouvantes en Loire Atlantique (France), déportée à Ravensbrück en 1944, elle est décédée le 24 avril 2011 à Seyssel en Haute-Savoie (France).

Sommaire

Fille d’un fonctionnaire des finances

Son père, Jean Souloumiac a été décoré de la légion d’honneur par le gouvernement pour ses actes de courage durant la guerre de 1914-18. Il a perdu son bras droit à Verdun du fait d'un défaut de fabrication affectant une grenade. Son corps était truffé d'éclats de métal. Grand invalide de guerre, il a été recruté par le Ministère des Finances au titre des emplois réservés. Simone et son frère, Pierre, ont suivi les mutations de leur père fonctionnaire, de la Vendée, à Valenciennes, au Havre, puis à Aulnay-sous-Bois.

Simone n’a pas eu d’enfants. Le seul qu’elle ait conçu a disparu dans les camps de la mort. Son frère, Capitaine au long cours, chargé des transports d'armes et munitions entre le Canada et la Grande-Bretagne de 1940 à 1945, mourra quelques années après la signature de l’Armistice.

(1) http://jeanluc.dron.free.fr/th/thliste.txt.

Faire exploser les convois stratégiques

En 1942, elle épouse Robert Join et habite avec lui 29 rue de Tournon à Paris.

La même année, elle entre dans le RESEAU CHARETTE. Elle est chargée d’acheminer les armes et les explosifs parachutés par le SOE (Special Operations Executive) de Londres pour la Résistance. L’une des activités du réseau consiste à faire sauter les voies ferrées et le matériel roulant. Sous les traits d’une jeune voyageuse « innocente », Simone participe au transport des armes, à leur stockage et à leur distribution.

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De son action pendant la guerre, elle parle peu. Plusieurs livres ont été édités au Royaume-Uni pour rapporter les faits et gestes en France des correspondants du Colonel Parker (1).Un de ses grands plaisirs était de faire porter ses lourdes valises chargées de munitions par des soldats allemands.

C’est suite à l’une de ses missions, probablement suite à une dénonciation, que la Gestapo frappe à la porte de son appartement parisien le 11 février 1944 vers 06 h 00 du matin, en prétendant vouloir lui délivrer un pneumatique. La police allemande fouille l’appartement et ne tarde pas à découvrir certaines des cachettes où les armes sont entreposées (2).

(1) Cf. MRD FOOD, SOE in France, Une guerre obscure et méritoire, Whitehall History Publishing - MARKS (Leo), Between Silk and Cyanide: A Codemaker's Ware, 1941-1945. (2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Cailliau.

Déportation à Ravensbrück

Détenue successivement à Fresnes puis à Romainville, elle fait partie des résistantes déportées à Ravensbrück, par les wagons à bestiaux qui quittent Paris le 18 avril 1944 (1). Dans ce même convoi, se trouve son amie, Suzanne Hiltermann, qui appartient à un autre réseau de résistance (Dutch Paris). Au camp, elle partagera avec elle sa paillasse, qui jouxte celle de Geneviève de Gaulle.

Après avoir survécu pendant une très longue année, dans l’attente du débarquement d’abord, des armées russes ensuite, elle est sauvée par les miraculeux « Bus blancs » du Comte Folke Bernadotte qui l’emmènent à Göteborg. De là, elle revient à Paris où son père l’accueille à l’Hôtel Lutétia.

Son retour en France, comme pour beaucoup de résistants, est décevant. Son mari Robert Join, l'homme qu'elle aime, est porté disparu. Elle découvre, qu’après avoir survécu à Auschwitz et Buchenwald, il s’est épris d’une autre femme. L’administration lui fait remplir mille papiers. Elle reçoit un grade dans l’armée, puis est démobilisée pour raison de santé. Ses poumons sont en mauvais état. On lui donne une pension modeste pour l'invalidité à 70% qui lui est reconnue.

La France veut mettre son passé entre parenthèses. Les budgets publics sont exsangues. Il faut arrêter les règlements de compte. La guerre est finie. Il s’agit de reconstruire. Après l’horreur qu’elle a vécu, Simone ne se décourage pas. Elle s’inscrit à la Fac de Droit, mais ne parvient pas à s'intéresser aux enseignements théoriques du Panthéon. Elle part en Angleterre. Tout est difficile, elle retourne même en Allemagne à Baden-Baden où elle devient journaliste.

(1) Transport parti de Paris pour Ravensbrück le 18 avril 1944 (I.204.), http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.204

Deux vies merveilleuses

En 1953, elle rencontre Jack Applegate, le second, le grand amour de sa vie. Il devient son mari. Ingénieur au téléphone britannique, Jack obtient sa nomination à Union International des Télécommunications à Genève où il s’occupe d’ordinateurs. Elle nourrit avec lui sa passion pour les voitures : à la Bugatti « Noire et Rouge », succède une Mercedes décapotable, une Alfa Roméo d’exception, puis la fameuse Daimler sport. Fin des années soixante, Jack meurt d’une sclérose en plaques. Simone en ressent un immense chagrin.

Le temps n'est plus qu'à trois décennies de la fin du siècle. Elle se lie d’amitié avec Jeff Hutchinson, un jeune australien qui a voué sa vie aux courses automobiles. Une seconde grande passion prend naissance. Ils s’établissent dans le village de Chessenaz, en Haute-Savoie, non loin du Haut-Commissariat aux Réfugiés où Simone travaille. Grand résistant de la seconde guerre mondiale, le village les accueille avec toute l’amitié et la solidarité dont la montagne est capable.

S’épanouit son amour pour les petits princes et petites princesses de Chessenaz, dont elle devient la grand-mère. Elle donne les clés de sa résidence de Pornic (Loire Atlantique) à tous les habitants du village : la « Villa Isabelle », rue de l’Océan, au milieu des allées de pins et sous le ciel bleu que sculptent parfois les nuages, devient la résidence des bons moments, des souvenirs, du plaisir de vivre en France.

Simone voyage ; avec les avions de son ami, Jeff qui la pilote dans le ciel, par dessus tous les continents. Avec ses cheveux aux vents, il l'emmène dans sa Daimler verte, comme Harold et Maude, sur les routes de l'Europe enfin libérée. Dans le Sud, Simone emporte avec elle Christine, alors petite enfant. Christine, aujourd’hui directrice de l’EHPAD de Seysell, où Simone vient finir ses jours, entourée par la sollicitude de ceux qu’elle a choisis comme sien. Christine a beaucoup pleuré, ce 26 avril 2011, quand le feu de la Balme de Sillingy a consumé ses cendres, celles d'un rêve éternel. Elle n’était pas seule. Trois générations étaient là pour honorer les heures heureuses partagées avec elle.

Voici le message que Simone a laissé lors de son dernier entretien avec Alain, son neveu : « J’ai connu le monde de l’enfer. Ce fut une chance : celui qui lui a succédé m’est apparu comme un paradis ».

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • CAILLIAU (Michel), Histoire du M.R.P.G.D., Presses bretonnes 1987, pp. 173 et ss.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Simone Souloumiac de Wikipédia en français (auteurs)

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