Pinnacle Point

Pinnacle Point est un complexe de sites préhistoriques qui se trouve à proximité de la ville de Mossel Bay, sur la côte australe de l'Afrique du Sud. Depuis 2000, la fouille d'une série de grottes y a révélé des niveaux d'occupation du Middle Stone Age datant de 170 000 à 40 000 ans BP. Les recherches ont porté en particulier sur le site de Pinnacle Point 13B, où ont été mis en évidence des témoignages très anciens d'utilisation des ressources marines (coquillages) et de comportements symboliques^[1].

Le site de Pinnacle Point 5-6 (PP5-6) a livré les plus anciennes preuves d'une utilisation contrôlée de la chauffe pour améliorer l'aptitude à la taille des roches utilisées pour fabriquer des outils^[2].

À ce jour, les seuls restes humains ont été découverts dans des niveaux de PP13B datant d'environ 100 000 ans^[3].

Historique des recherches

Les découvertes réalisées à Pinnacle Point sont le fait d'une équipe internationale conduite par le paléoanthropologue Curtis Marean de l’Institute of Human Origins de l'Arizona State University et comprenant des chercheurs d'Afrique du Sud (University of Cape Town), d'Australie (UNSW, UoW), d'Israël et de France.

Après des décennies de débats, les paléoanthropologues s'accordent aujourd'hui pour dire que les preuves génétiques et fossiles sont suffisantes pour considérer qu’Homo sapiens est apparu en Afrique il y a environ 200 à 160 000 ans. Ces dates correspondent approximativement à une période glaciaire et certains auteurs considèrent que l'Afrique était alors sèche et aride. Les sites de cette époque étant rares en Afrique, C. Marean a pris en considération des informations liées à la géologie, aux courants marins, au climat pour déterminer les zones les plus probables d'occupation humaine. Pinnacle Point était l'une des régions mises en évidence par cette démarche.

Pinnacle Point 13B et ses implications concernant la modernité comportementale

À PP13B, les preuves d'un comportement symbolique sont apportées par de l'ocre raclé et broyé qui pourrait avoir été utilisé comme pigment pour des peintures corporelles. Des utilisations plus complexes de l'ocre ont également été mises en évidence dans des niveaux datant de plus de 70 000 ans à Blombos, un gisement situé un peu plus à l'ouest ^[4]. Ces découvertes contredisent l'hypothèse selon laquelle la modernité comportementale n'aurait que 40 000 ans et résulterait d'un grand bon culturel^[1]. Le climat africain devenant froid et sec, les ressources alimentaires se seraient raréfiées, conduisant les populations préhistoriques auprès des rivages pour exploiter les ressources marines telles que les coquillages et les mammifères marins^[5],[6].

Références

1. ↑ ^{a et b} Marean, C.W., Bar-Matthews, M, Bernatchez, J., Fisher, E., Goldberg, P., Herries, A.I.R., Jacobs, Z., Jerardino, A., Karkanas, P.., Minichillo, T., Nilssen, P.J., Thompson, E., Watts, I., Williams, H.W., 2007. « Early Human use of marine resources and pigment in South Africa during the Middle Pleistocene », Nature. 449, 905-908.
2. ↑ Brown, K.S., Marean, C.W., Herries, A.I.R., Jacobs, Z., Tribolo, C., Braun, D., Roberts, D.L., Meyer, M.C., Bernatchez, J., (2009) - « Fire as an Engineering Tool of Early Modern Humans », Science. 325, 859-862
3. ↑ Marean, C.W., Nilssen, P.J. Brown, K. Jerardino, A., Stynder, D. (2004) - « Paleoanthropological investigations of Middle Stone Age sites at Pinnacle Point, Mossel Bay (South Africa): Archaeology and hominid remains from the 2000 Field Season », Paleoanthropology, 1, 14-83.
4. ↑ Henshilwood, C.S., d'Errico, F., Yates, R., Jacobs, Z., Tribolo, C., Duller, G.A.T., Mercier, N., Sealy, J.C., Valladas, H., Watts, I. and Wintle, A.G. (2002) - « Emergence of modern human behavior : Middle Stone Age engravings from South Africa », Science, vol. 295, pp. 1278-1280.
5. ↑ Marean, C.W. (2010) - Pinnacle Point Cave 13B (Western Cape Province, South Africa) in context: The Cape Floral kingdom, shellfish, and modern human origins, Journal of Human Evolution, 59, pp. 425-443.
6. ↑ Marean, C.W. (2010) - « Quand la mer sauva l'humanité », Pour la Science, n° 396, pp. 24-31.