Orgue Joseph Isnard de l'église Notre-Dame de L'Assomption de Lambesc

Orgue Joseph Isnard de l'église Notre-Dame de L'Assomption de Lambesc
Orgue Joseph Isnard de l'église Notre-Dame de l’Assomption à Lambesc
Lambesc,N.D.de l'Assomption Joseph ISNARD1788a.jpg
Localisation
Pays Drapeau de France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône
Commune Lambesc
Édifice église Notre-Dame de l’Assomption
Latitude
Longitude
43° 39′ 17″ Nord
       5° 15′ 45″ Est
/ 43.6547222222, 5.2625
  
Facteurs
Construction Joseph Isnard 1789
Restauration Pierre Chéron 1970
Caractéristiques
Jeux 23
Claviers 3 & pédalier en tirasse
Protection  Classé MH (1975, 1970, buffet; instrument)

L’orgue Joseph Isnard de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Lambesc (Bouches-du-Rhône, France) est le dernier orgue neuf construit par Joseph Isnard en 1789 et un des tout derniers de l’Ancien Régime en Provence. En effet Joseph Isnard, devant la pénurie de travaux consécutive à la Révolution, quitte à jamais sa région natale entre 1792 et 1800 pour se fixer à Bordeaux où il n’effectuera plus que des travaux d’entretien, de réparations ou de transfert d’orgues, en général des édifices conventuels fermés ou vendus vers les paroisses autorisées à reprendre le culte après la signature du Concordat et devant remplacer leur orgue détruit ou volé à la Révolution. Il y meurt en 1828.

Sommaire

Historique

Par une délibération du 20 juillet 1788, le conseil de la ville décide de pourvoir son église d’un orgue. Sur une tribune érigée par le sieur Bonnet il demande à Joseph Isnard de fournir pour la somme de 8 000 livres la partie instrumentale de l’instrument, la construction du buffet étant donnée au sculpteur renommé d’Aix-en-Provence Valate (ou Valatte). Joseph Isnard, libéré de la tutelle de son oncle Jean-Esprit, décédé en 1781, aurait eu l’intention de réaliser là le chef-d'œuvre personnel de sa maturité et de livrer, selon l’expression de Pierre Chéron, un « petit Saint-Maximin ». Mais des problèmes financiers impromptus subis par ses commanditaires, l’obligèrent, de crainte de ne pas être intégralement payé, à revoir son projet initial à la baisse. Il n’aurait d’ailleurs reçu que 6000 livres selon l’estimation de 1795 lors du recensement exigé par l’administration révolutionnaire[1]. Commencé en 1788 comme le prouve une inscription dans un des sommiers[2], il est terminé fin 1789 selon le titulaire actuel, monsieur Rigat Stéphane. Mais le 2 mai 1790 l’organier réclame toujours son dû auprès du maire Jaubert de Fonvive, ce qu’il n’obtiendra pas[3].

En 1891 l’orgue subit quelques modifications par le facteur marseillais Soubeyran (aidé de J.Ricci) qui refait à neuf les claviers et la soufflerie et modifie certains éléments du mécanisme et, plus profondément, la console. Il met également l’orgue au goût du jour en « romantisant » certains jeux et probablement en adoptant le tempérament égal et en changeant le diapason. Il aurait fourni à neuf 3 jeux: Salicional, Voix céleste et Gambe.

En 1970 la restauration de Pierre Chéron, dans la droite ligne de l’expérience acquise lors de sa restauration de l’orgue de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, rend à cet orgue, muet pendant plus de 10 ans, son harmonie originelle notamment en supprimant les jeux ajoutés par Soubeyran et ses inflexions sonores.

Malheureusement, bien que classé au titre objet des monuments historiques, pour l’instrument le 19 novembre 1970[4] et pour le buffet le 20 mai 1975[5], cet orgue est en 2011 toujours en mauvais état[6] et attend encore une éventuelle restauration, à l'étude depuis 2006.

Description

Le buffet sculpté par Valate est de pur style Rocaille. Il est très probable que, pressé par les prémices révolutionnaires, Joseph, très habile menuisier, ait aidé Valate pour monter la simple menuiserie. Le dessin en a été fourni par Joseph Isnard, et sa parenté avec celui de l’orgue de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence réalisé 45 ans plus-tôt par Jean-Esprit Isnard est évidente : absence de positif dorsal; à l’entablement inférieur cinq culs-de-lampe sur le même niveau, soutenant les tourelles, et reliés par une corniche horizontale très marquée; à l’entablement supérieur, au sommet des plates-faces, feuilles d’acanthe stylisées en claire-voie, et corniches horizontales des tourelles. A remarquer, sur les tourelles extrêmes des pots à feu et sur les autres des urnes à bras, délicatement ciselés[7].

Pour l’instrument proprement dit, à l’exception de quelques jeux neufs de Pierre Chéron, des claviers, de certains éléments de la console, de la soufflerie et de certaines parties du mécanisme (notamment du tirage des jeux) dus à Soubeyran, l’essentiel est bien de Joseph Isnard dont c'est l'unique orgue parvenu jusqu'à nous presque tel qu'à son origine.

A l’intérieur du buffet l’agencement spatial est limpide et témoigne du pragmatisme Isnardien hérité de Jean-Esprit. Il n’y a en fait que deux plans sonores nettement différenciés :

  • Le Récit (à la fonction et composition usuelles) dont le sommier avec ses tuyaux disposés en mitre, les basses au centre, occupe, à un mètre au-dessus de l’entablement inférieur, le haut de la tourelle centrale.
  • Plus bas, le plan sonore principal avec, de part et d’autre du mécanisme de traction du récit, deux sommiers alignés, quasi identiques et actionnés par un judicieux double abrégé (d’origine) avec rouleaux en fer forgé, fixé au revers du massif juste au-dessus de la tête de l’organiste.

Celui de gauche (en regardant le chœur de l’église) regroupe les registres constitutifs du Plein-jeu et du Grand-jeu, avec postage sur le côté du buffet des tuyaux en bois des bourdons. Il est commandé par le clavier dit du G.O. et présente une disposition diatonique pour les 11 premières basses et les 28 derniers dessus, le reste en chromatique. Celui de droite, joué par le clavier dit de positif, porte les mutations composant le Jeu de Tierce (avec absence toutefois de la Quarte de Nazard 2’), 3 jeux solistes: 2 anches et un dessus de Flûte 8’, plus une trompette coupée en basses (sur sommier) et dessus (en chamade) ce qui permet de la jouer isolément soit au pédalier en tirasse, soit adjointe au Jeu de Tierce pour composer un Grand-jeu apte à dialoguer avec celui du G.O.. On a même relevé sur ce sommier des indices de projet d’implantation d’une Bombarde 16' à partir du Fa1.

On retrouve bien là, certes en plus réduit et répondant à un autre usage, le schéma conceptuel de Saint-Maximin avec côte à côte le G.O. et le plan de Raisonance, ainsi que le doublage, dans les dessus, de la trompette du G.O. par une chamade.

Les sommiers, à gravures et registres coulissants sont en noyer et possèdent encore leur enchapage d’origine avec des clous en fer forgé.

La tuyauterie, ancienne pour environ 70 %, est en étain martelé, coupée au ton pour les jeux à bouche ouverts, à calottes soudées pour les bourdons, alors que les anches sont à noyaux ronds.

L’alimentation en air est assuré par un ventilateur électrique et un volumineux soufflet à tables parallèles et plis compensés, autrement dénommé réservoir à lanterne, dont l’installation dans le soubassement à l’arrière de la claviature a obligé Soubeyran à modifier le mécanisme de tirage de certains jeux. Il subsiste 2 pompes à pied.

La console, en fenêtre, profondément modifiée par Soubeyran, comporte 3 claviers, fournis par lui, placés un peu trop bas, comprenant 54 touches avec premier ut # muet puisque ne figurant pas sur les sommiers d’Isnard, avec naturelles blanches et feintes noires ; le clavier du Récit dont le sommier ne commence qu’au sol2, a ses touches inactives cachées par un couvercle. Les tirants de registre à section carré sont terminés par des pommettes avec pastilles en porcelaine placées par Soubeyran. Singularité rarissime, voire unique pour un orgue du XVIIIe siècle,, les tirants des jeux du récit sont disposés verticalement au-dessus de la tête de l’organiste, peut-être par Soubeyran. Si une telle disposition est fréquente dans les petits et moyens instruments néerlandais ce n’est, semble-t-il, jamais à la verticale. L’organiste dispose en outre de 4 petites pédales à cuillère pour activer :

  • l’accouplement entre G.O. et Positif, originellement probablement à tiroir
  • la tirasse du G.O.
  • la tirasse du Positif
  • plus étonnamment le tremblant du Récit ; vraisemblablement le tremblant originel agissait sur tout l’orgue et était déclenché par un tirant.

Le pédalier d’Isnard à « la française » de 17 notes en tirasse a été remplacé par un petit pédalier à « l’Allemande » de 25 touches mais 24 notes (pas d’ut#1), toujours en tirasse, du G.O. et du Positif indépendamment. La notice sur l’orgue affichée dans l’église mentionne une « grosse caisse » commandée par une pédale, posée par on ne sait qui, et supprimée à la dernière restauration.

Composition

I POSITIF INTERNE II GRAND-ORGUE III RECIT
53 notes, ut1 à fa5 sans ut#1 53 notes, ut1 à fa5 sans ut#1 35 notes, sol2 à fa5
Bourdon 8' Bourdon 16' Bourdon 8’ [Notes 1]
Dessus de Flûte 8’ Montre 8' Flûte 8’
Prestant 4’ Bourdon 8’ Cornet IV rgs [Notes 2]
Nazard 2'2/3 [Notes 3] Prestant 4’ Hautbois 8’
Tierce 1’3/5 [Notes 4] Doublette 2’ [Notes 5] Clarinette 8’[Notes 6]
Trompette 8' [Notes 7] Plein-jeu VII rgs [Notes 8]
Cromorne 8’ Cornet V rgs (ut3) [Notes 9]
Voix humaine 8’ Trompette 8’
Clairon 4’ [Notes 10] Tremblant[Notes 11]
Dessus de Trompette 8’ en Chamade [Notes 12]

Notes et références

Notes
  1. jeu neuf de Pierre Chéron
  2. jeu complété de tuyaux neufs par Pierre Chéron
  3. jeu neuf de Pierre Chéron
  4. jeu neuf de Pierre Chéron
  5. taille de grosse Quarte de Nazard selon Pierre Chéron
  6. seul exemplaire Isnardien connu avec celle posée en chamade en 1776 à Sainte Cécile d’Albi par Joseph et Jean-Esprit
  7. coupée en basses sur sommier (Isnard) et dessus en chamade (Chéron)
  8. jeu neuf de Pierre Chéron
  9. jeu complété de tuyaux neufs par Pierre Chéron
  10. jeu neuf de Pierre Chéron
  11. par pédale à cuillère
  12. jeu neuf de Pierre Chéron
Références
  1. Les Isnard, page 117
  2. Dufourcq, tome 3 volume II, page 115
  3. les Isnard, page 116
  4. Notice no PM13000562, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  5. Notice no PM13000563, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  6. Orgues des Bouches-du-Rhône,fiche 13-31 L2 page2
  7. le Chœur des Anges, page 132

Annexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Sources

  • Norbert DUFOURCQ, Le Livre de l'Orgue Français, tome III, la Facture, 2e partie, Picard, (ISBN 2-7084-0031-2)
  • Orgues en P.A.C.A/, tome 1, les Bouches-du-Rhône, ARCAM chez EDISUD, (ISBN 2-85744-255-6)
  • Les Isnard,une révolution dans la facture d’orgues, CAÏN Jean-Robert, MARTIN Robert, SANCHEZ Jean-Michel, EDISUD, 1991 (ISBN 978-2-85744-337-7)
  • Orgues, le chœur des Anges par Jean-Michel SANCHEZ (textes) et Olivier PLACET (photos), Le Bec en l’Air (ISBN 2-916073-01-9)
  • Propos du titulaire, monsieur Stéphane RIGAT, avril 2011

Wikimedia Foundation. 2010.

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