Noël Doiron

Noël Doiron

Noël Doiron (né en 1684 et mort le 13 décembre, 1758) était un chef acadien, reconnu pour ses décisions lors de la Déportation des Acadiens[1]. Doiron fut déporté sur un navire appelé le Duke William en (1758). Le naufrage du Duke William est une des pires catastrophes maritimes de l'histoire canadienne. Le capitaine du Duke William, William Nichols, décrit Noël Doiron comme le chef prisonnier du vaisseau, et il fut révéré par tous les Acadiens de Isle Saint-Jean[2]. Pour son acte noble et sa résignation face à la mort à bord du navire anglais le Duke William, Noël fut acclamé dans des écrits au 19e siècle en Angleterre et en Amérique[3]. À la mémoire de Noël Doiron, on nomma des villages en Nouvelle-Écosse, Noël, Noël Shore, East Noël, Noël Road et North Noël Road.

Sommaire

Biographie

Emprisonnement à Boston

Carte de Boston en 1693, quelques années avant l'arrivée forcée de Noël Doiron et sa famille

Noël Doiron est né à Port-Royal, mais a vécu toute son enfance dans la paroisse de Sainte-Famille à Pisiguit. Durant la Deuxième guerre intercoloniale en juin de l'an 1704, à l'âge de 20 ans, il fut fait prisonnier par Benjamin Church. Church venait de Boston, et brula toute des maisons acadiennes lors de l'incursion contre Grand-Pré, Pisiguit et Beaubassin. Lorsque Church retourna en Nouvelle Angleterre, il se vanta de n'avoir laissé que cinq demeures debout dans toute l'Acadie.

Church transporta près de 100 prisonniers acadiens vers Boston avec Noël Doiron et sa future femme, Marie-Henri. Ils furent exilés sur une île appelée Fort Hill. Le premier groupe d'acadiens à y être retourner ne le put qu'en 1705. Noël et Marie Doiron furent remis en liberté seulement lorsque le capitaine français Pierre Maisonnat dit Baptiste fut relâché. Après deux années d'exil, Noël Doiron et les autres Acadiens purent finalement retourner en Acadie avec Pierre Maisonnat. Ils sont arrivés à Port Royal le 18 septembre 1706. Trois jours après leur arrivée, Noël et Marie eurent leur premier enfant, qui naquit lors de leur emprisonnement à Boston. Il fut baptisé à Port-Royal. Un mariage s'ensuivit.

La vie à Villa Noël en Acadie

Forteresse de Louisbourg

Louisbourg dépendait des agriculteurs comme Noël Doiron pour son approvisionnement. Vers 1714, Doiron et sa famille s'établirent à Noël en Acadie (Nouvelle-Écosse). La famille Doiron eut cinq fils et trois filles. Un fils est mort à Villa Noël avant 1746. Ses trois filles se sont mariées et ont quitté le village, alors que leurs fils se sont mariés, mais ils sont restés avec leurs parents. Noël a vécu dans le village pendant quarante ans. Durant ce temps, sa famille et lui construisirent des aboiteaux, qui servent encore aujourd'hui dans la communauté, ainsi qu'une chapelle. Comme la plupart des Acadiens dans la région de Cobéquid, Noël était probablement un éleveur de bœufs pour le commerce avec Louisbourg.

Exode

Au printemps de 1750, Noël Doiron et les résidents de Noël suivirent Jean-Louis Le Loutre, qui partit de Cobéquid et émigra à Pointe Prime, Isle Saint-Jean. Noël Doiron a été suivi par d'autres acadiens tout le long de la mer.

Noël Doiron et des Acadiens se joignirent à d'autres Acadiens de Cobéquid pour sortir de la partie de l'Acadie occupée par les Anglais[4] Après l'établissement d'Halifax (1749), les Acadiens voulaient quitter Cobéquid pour plusieurs raisons : ils avaient peur d'être déportés dans d'autres colonies obscures; la perte de leurs droits civils; de l'intolérance religieuse; et l'hostilité des aborigènes. Noël Doiron partit malgré le fait que les Anglais avaient imposé des restrictions aux déplacements des Acadiens. Il était interdit de voyager en dehors de la Nouvelle-Écosse. Il y avait des barrages d'ériger. Le voyage par bateau devenu impossible, car les navires acadiens avaient été saisis par la Couronne en quittant le Bassin des Mines. Le voyage par route était prohibé, et des groupes de soldats anglais avaient été envoyés dans tout le Bassin des Mines pour renforcer la prohibition. Aussi, les réunions publiques étaient interdites et toutes les armes à feu étaient confisquées.

Les Acadiens risquaient aussi leurs vies en quittant la Nouvelle-Écosse, parce qu'ils avaient peur de perdre leur religion. Peu avant que les habitants de la Baie Noël émigrèrent sur l'Isle Saint-Jean, leur prêtre, Jacques Girard, fut arrêté et conduit à Halifax. En réplique, les habitants de leur paroisse avaient demandé de l'aide aux Acadiens qui demeuraient à Beaubassin.

Malgré le fait que beaucoup d'Acadiens voulaient quitter la Nouvelle-Écosse, il y en avait qui ne le voulaient pas. Quelques Acadiens furent forcés à quitter l'endroit pour la couronne française et leur allié amérindien. Ceux qui refusèrent de quitter furent menacés par la violence. En janvier 1750, les force amérindiennes ordonnèrent aux Acadiens de Cobéquid de ne pas dépasser ouest à la rivière Chebenacadi sur menace de mort. Les Acadiens ont été prévenus que s'ils refusaient d'émigrer, leurs maisons seraient vandalisées et leurs femmes et enfants seraient enlevés et massacrés devant leurs yeux. Le Gouverneur français de l'Isle Saint-Jean reçut des centaines d'Acadiens de 1749 à 1752. Les Acadiens de Cobéquid notèrent « Ils quittèrent leurs demeures avec un grand regret, et commencèrent à quitter seulement par les menaces des amérindiens de partir ». En même temps, le 30 avril 1750, Cornwallis écrit au seigneur du Commerce : « Les habitants de Cobéquid se retirent de la Province, ils sont menacés par un massacre général par La Corne [le haut gradé militaire pour les Français en Acadie] et Loutre ».

La vie sur l'Isle Saint-Jean

Carte de l'Isle Saint-Jean, 1784

Noël et Marie Doiron ont été huit ans à Pointe Prime, Isle Saint-Jean. La vie était très difficile. L'été avant que les habitants de la Baie de Noël arrivent, une prolifération de souris avait détruit la récolte sur l'Île. Le printemps suivant, une plaie de lotus apparurent, et l'été suivant, une sécheresse détruisit les récoltes. Les pénuries de nourriture causèrent beaucoup de maux de tête au gouvernement français, qui demanda aux Acadiens d'arrêter de pêcher, et de se concentrer sur la culture du blé et d'autres denrées, ce dont les soldats de Louisbourg avaient également besoin. Face à une grande pénurie alimentaire, les autorités de l'Isle Saint-Jean demandèrent de l'aide à Louisbourg, Québec, et à la France. Deux années plus tard, la déportation de 1755 vue beaucoup d'Acadiens fuir pour l'Isle Saint-Jean. Un an après, la famine continua sur l'Isle Saint-Jean, et les autorités transférèrent les familles à Québec. Cette année marqua la mort d'une des belle-filles de Noël à Pointe Prime.

En 1752, les résidents de la Baie de Noël furent rejoints à Pointe Prime par leur ancien curé, Jacques Girard. Deux années auparavant, en mars 1750, lorsque le Gouverneur Edward Cornwallis arrêta Girard, il le confina à la maison du gouverneur à Halifax. Girard était inculpé pour avoir donné de l'aide à la couronne française. Après avoir prêté serment à Cornwallis, qu'il ne retournerait pas à Cobéquid, Girard fut réassigné à Pisiguit. Il assuma ses devoirs de prêtre jusqu'à ce qu'il fut secouru par les forces loyales à la couronne française, et transporté à Point Prime sur l'Isle Saint-Jean. Le 27 octobre 1753, Girard écrit que la situation n'avait pas changé. Malgré les privations, les habitants de Pointe Prime furent capables de construire leur église et le presbytère à leurs frais.

Déportation et la mort

En 1758, plusieurs problèmes affectèrent Noël Doiron et les gens de la communauté de Pointe Prime. Louisbourg tomba aux mains des Anglais le 26 juillet et après deux semaines, l'ordre de déportation fut donné aux Acadiens de l'Isle Saint-Jean. Les autorités anglaises ont abandonné leur initiative d'assimiler les Acadiens dans les treize colonies anglaises, et voulaient qu'ils retournent en France. Près de 4,600 Acadiens vivaient sur l'Isle Saint-Jean : un tiers fut déporté en France, un tiers échappa aux Anglais, et le derniers tiers mourut en route vers la France.

Le 20 octobre, 1758, Noël Doiron et la plupart des habitants de la Baie de Noël furent déportés de l'Isle Saint-Jean sur le navire Duke William pour la France. Le commandant William Nichols écrit que lors du voyage de son navire le Duke William, le bateau se mit à couler le cinquième jour après le départ pour la France. L'écoulement fut bouché après cinq jours ; cependant, le 11 décembre, un bris plus sérieux fut découvert, compromettant l'achèvement du voyage. Le jour suivant, les Acadiens à bord du Duke William furent témoins du naufrage du Violet avec 300 Acadiens à bord.

Le 13 décembre, deux navires s'approchèrent du Duke William. Croyant être délivré, Noël prit le capitaine dans ses bras et pleura de joie. Les deux navires refusèrent de porter secours et continuèrent leurs chemin. Dans les écrits de Nichols, Noël donna une dernière accolade, et recommanda que le capitaine et ses marins quittent le navire pour sauver leurs vies, malgré le fait qu'il n'y avait pas de place pour les pauvres Acadiens. Deux bateaux de sauvetage furent mis à l'eau, et seuls le capitaine, son équipage, et le curé purent aller à bord.

Le départ par bateaux de sauvetage n'était point sans incident, car Nichols écrit que Doiron avait réprimandé un Acadien pour avoir tenté d'embarquer dans un des bateaux sans sa femme et ses enfants. Lors de leur dernière rencontre avec leur curé, le prêtre donna la bénédiction aux Acadiens et salua Noël Doiron. Noël le laissa embarquer à bord d'un des bateaux de sauvetage pour rejoindre les autres Acadiens en France, et leur donner sa version des faits. Le capitaine Nichols nota que Doiron et les autres Acadiens, dans leurs derniers moments, s'étaient comportés avec bravoure et beaucoup de courage. Le capitaine écrivit que lui et Noël se quittèrent avec tristesse. Les Anglais quittèrent après que le navire coula dans la noirceur.

Le capitaine Nichols écrivit que « moi et mes hommes se sont mis à la vue du bateau pendant une demi-heure, et nous regardions leurs pleurs et leurs gestes d'adieu, cela a failli briser nos cœurs » [...] « Le navire a ensuite sombré, et lorsqu'il coula, son pont explosa avec un coup de tonnerre ». Le Duke William coula à 20 ligues de la côte de France dans la Manche, un peu après 16 heures le 13 décembre 1758. Noël Doiron mourut à bord du bateau avec sa femme, ses cinq enfants, et plus de 30 petits-enfants.

Références

  1. (en) S. Scott and T. Scott, « Noel Doiron and the East Hants Acadians », Journal of the Royal Nova Scotia Historical Society, Vol. 11, 2008
  2. Journal de William Nichols, The Naval Chronicle, 1807
  3. Voir John Frost, The Book of Good Examples Drawn from History and Biography, New York: 1846, p.65; The Saturday Magazine (magazine) (1821), p. 502; et Reubens Percy, Percey's Anecdotes, London (1868), p.425.
  4. Beaucoup d'Acadiens pétitionnèrent la couronne Britannique pour la permission d'émigrer à l'Isle Saint-Jean ou l'Île Royale. Le 11 septembre, 1749, le gouverneur Edward Cornwallis écrit une lettre au seigneur du commerce qui disait les Acadiens lui avaient présenté une lettre signée par plus de mille Acadiens qu'ils préféraient quitter leurs terres que de se soumettre à un nouveau serment d'allégeance à la couronne Britannique. Ce serment avait été fait cinq fois auparavant depuis 1713, mais cette fois, les Anglais ne voulaient plus de sujets neutres, mais des sujets qui devaient se battre pour la couronne Anglaise. En même temps, un mois plus tard, le Gouverneur de la Nouvelle France nota qu'un nombre d'Acadiens voulait se relocaliser sur l'Ile Royale et l'Isle Saint-Jean.

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