Livre de Verceil

Livre de Verceil

Le Livre de Verceil ou Codex Vercellensis est l’un des quatre principaux codex[Note 1] restant de la littérature anglo-saxonne en vieil anglais. Il est conservé à la bibliothèque de la cathédrale Saint-Eusèbe de Verceil, sous la référence Codex CVII.

Sommaire

Historique

Le parchemin manuscrit date de la fin du Xe siècle ; tous les textes ne datent cependant pas de cette période, certains poèmes étant attribués à Cynewulf[Note 2]. Il est attesté à Verceil dès le XIe siècle.[réf. souhaitée] Sa conservation est ensuite assurée dans l’hospice fondé en tant qu’évêque de Vercueil par Guala Bicchieri († 1227). Il a été trouvé dans la bibliothèque de la ville en 1822 par Friedrich Blume, qui l’a décrit dans son Iter Italicum[Réf. 1].

Contenu

Le manuscrit de 135 pages est une anthologie de textes religieux, rassemblés sans composition[1] : six poèmes versifiés forment trois groupes au milieu de vingt-trois homélies en prose.

Il est le plus gros recueil de prose en vieil anglais, par ses vingt-trois « homélies de Verceil » (Vercelli Homilies) et/dont un texte en prose contant la vie de saint Guthlac[réf. nécessaire]. Les six poèmes anglo-saxons en vers allitératifs, aujourd’hui titrés : Andreas, The Fates of the Apostles, Soul and Body I (anciennement Address of the Soul to the Body), Homiletic Fragment I (anciennement Falseness of Men), (The) Dream of the Rood et Elene.

À l’exception des poèmes Elene et The Fates of the Apostles, attribuées à Cynewulf[Note 2], les textes sont anonymes.

Les homélies

Les vingt-trois homélies forment l’une des plus importantes structures en prose en vieil anglais connues à ce jour. Aucune des homélie ne peut être précisément datée, ni associée à un auteur.

Conformément à la plupart des homélies conservées, très peu semblent originales ; il s’agit plus d’une compilation de textes de différentes périodes. Nombre de ces homélies sont des traductions proches d’un original latin, offrant des passages difficiles ; les quelques citations latines qui apparaissent dans les homélies donnent à penser que le scribe du Livre de Verceil n’avait aucune connaissance de cette langue.

Bien que les homélies semblent avoir été réunies au coup par coup, on trouve certains liens entre elles. Les homélies VI à X offrent une continuité ; les XI à XIV sont structurées de la même manière ; les XIX à XXI sont probablement du même auteur. Les périodes des homélies diffèrent : les deux premières et probablement la troisième s’inscrivent dans la tradition homilétique du début du Xe siècle, en faisant les textes en prose les plus anciens du Livre de Verceil ; les homélies XIX à XXI ont probablement été rédigées peu avant la compilation.

Le sujet traité par les homélies diffère aussi considérablement. Une majorité s’inscrit dans la tradition chrétienne : les homélies II, III, IV, VII, IX, X, XIV, XV, et XXIIs sont fondamentalement eschatologiques ; ils comprennent des descriptions de la fin du monde et des moyens de se repentir à l’arrivée du jugement dernier. L’accent mis sur le Jugement apparaît également ailleurs dans les homélies ; les deux ensembles de trois homélies XI à XIII et XIX à XXI évoquent les jours menant au jour de l’Ascension, pour le troisième jour, rencontrer Dieu. L’homélie I est en essence une copie de l’histoire de la Passion par les Évangiles, car il présente peu d’ajouts par rapport aux textes bibliques. Les homélies V et VI racontent l’histoire de Noël, tandis que la XVI décrit l’Épiphanie, et la XVII la Chandeleur. Les homélies XVIII et XXIII racontent les vies des saints Martin et Guthlac respectivement. L’homélie XXII est difficile à classer, car elle est plus une contemplation spirituelle du sort de l’âme après la mort qu’une homélie habituelle.

Les modalités de transposition des homélies diffèrent dans le manuscrit. Comme déjà mentionné, la plupart des homélies sont liées à leurs originaux latins, et s’écartent rarement de la traduction textuelle en vieil anglais. D’autres semblent avoir été reprises d’autres textes en vieil anglais ; par exemple, l’homélie XXI contient mot pour mot un passage issu d’une ancienne version de l’homélie II. D’un autre côté, certaines homélies semblent avoir été des traductions très libres en vieil anglais. L’homélie X est une œuvre très travaillée.

Malgré le recours à la traduction, les homélies restent un exemple important de prose rédigée en vieil anglais. Pour la plupart, elles sont rédigées en saxon occidental, mais elles utilisent des formulations plus anciennes. Cela peut être attribué dans une certaine mesure au processus de recopie du scribe, comme à la diversité des sources, ainsi qu’à la flexibilité du vieil anglais[2].

Andreas

Andreas raconte et commente sur 1 722 vers comment l’apôtre André sauve saint Matthieu d’une ethnie cannibale fictive appelée « Mermédoniens ».

L’auteur est inconnu, mais est probablement une personnalité religieuse d’entre la fin du VIIIe et le début du Xe siècle[3]. Le poème a fait partie du « groupe Cynewulf » de douze poèmes attribués à Cynewulf[Note 2], en raison de sa proximité physique et thématique d’avec The Fates of the Apostles. Certains chercheurs[4] ont affirmé au début du XXe siècle qu’il pourrait avoir été écrit par un disciple de Cynewulf, ce qui expliquerait les ressemblances ; cependant, des études plus récentes affirment que les styles sont trop différents. Certains chercheurs annoncent également qu’Andreas a été inspiré par Beowulf, en raison des ressemblances dans le style, la langue et le thème[5],[6].

L’histoire se divise en deux parties.

  1. Les cinq cents premières lignes du poème racontent le temps passé en mer par saint André pour aller sauver Matthieu — son partenaire dans l’annonce de la parole de Jésus-Christ — qui s’est fait capturer par une troupe de cannibales habitant la Mermédonie. Jésus et deux anges sont présents sur le navire, déguisés en barreur et deux matelots, à l’insu d’André. Celui-ci prêche la parole auprès des trois hommes sans les reconnaître, malgré la mer turbulente, montrant sa foi en la puissance de Dieu pour calmer la mer. André et ses hommes s'endorment pour se réveiller à l’extérieur de la ville des cannibales. Ils comprennent alors l’identité de ceux qui les ont amenés à destination.
  2. Puis, dans un style d’épopée héroïque, saint André est rendu invisible par Dieu, ce qui lui permet de libérer les prisonniers de la Mermédonie. Après avoir fait cela, il se révèle à l’ennemi, qui le torture pendant trois jours et trois nuits. Dieu libère saint André, et punit les Mermédoniens ; ils se repentent et se convertissent. André établit une communauté chrétienne, et peut reprendre son navire après avoir nommé un évêque.

Le poème n'est pas un simple récit littéral d'événements de la vie de saint André: le récit des épreuves endurées par saint André prend pour modèle les souffrances de Jésus-Christ. Ce thème de l'imitation du Christ (imitatio christi), courant dans la littérature hagiographique, est particulièrement explicite à la fin de la séquence de tortures subies par saint André. Au cours de ce passage le saint cite les paroles du Christ sur la croix demandant à Dieu pourquoi il l'a abandonné (Mathieu 27: 46 et Marc 15: 34). Comme le Christ avant lui, saint André demande aussi à confier son âme entre les mains de Dieu (Luc 23:46).

La valeur la plus importante mise en avant par le texte est celle de la fidélité: de même que saint André reste fidèle au Christ envers et contre tout, et de même que les compagnons du saint lui sont fidèles, le croyant est invité à rester ferme dans sa foi[7].

La source exacte utilisée par le poète n'est pas connu. Le texte dont Andreas se rapproche le plus est une romance grecque, Praxeis Andreou, mais il est peu probable qu'il s'agisse de la source directe du poème car le grec était très peu connu en Europe occidentale à l'époque. Un intermédiaire latin est donc probable. Plusieurs versions des hagiographies latines.

La vie de saint André est également contée en prose à la dix-neuvième homélie des Ælfric d’Eynsham a également écrit une version un peu différente dans la prose Life, mettant en valeur le martyre du saint en Achaïe[Réf. 2].

The Fates of the Apostles

The Fates of the Apostles (« Le Sort des apôtres », folio 52b–54a) est le plus court poème connu de Cynewulf : il compte 122 lignes. C’est un martyrologe des douze Apôtres de la Bible, écrit en vers allitératifs standard. The Fates décrit les principaux évènements concernant chaque apôtre, après l’Ascension.

Le poète parle à la première personne tout au long du poème, et, alors qu’il raconte ce qui arrive aux douze apôtres façe à leur mort, il s’efforce de consoler le lecteur.

La signature runique de Cynewulf est dissimulée dans ce poème[9] :

« Wealth (F) shall be at it end there. Men enjoy this on earth, but not for ever will they be allowed to remain together :abiding in the world. The pleasure (W) which is ours (U) in this native place will fail and then the body’s borrowed fineries will crumble away, even as the sea (L) will vanish away when the fire (C) and trumpet (Y) exercise their strength in the straits of the night; coercion (N) will lie upon them—their thraldom to the King. »

Il est possible que le poème ait été composé comme outil d’apprentissage monacal.

Soul and Body I

On reconnait aujourd’hui deux versions du poème Soul and Body, malgré des différences de taille et de structure, en raison de la proximité des thèmes abordés. Le second se trouve dans le Livre d’Exeter. Les deux poèmes demandent au lecteur chrétien pénitent de garder à l’esprit ses actions sur la Terre pour le passage dans l’Au-Delà de son âme.

Homiletic Fragment I

Deux poèmes à vocation homilétique ont été trouvées ; le second est situé dans le Livre d’Exeter.

Le rêve de la Croix

La haute croix est située dans une chapelle de l’église de Ruthwell, et bien qu’au fond d’une fosse, elle touche presque le plafond.
La croix de Ruthwell

Le rêve de la Croix ou Exaltation de la Croix (The Dream of the Rood) est un exemple intéressant de poéme contant un rêve. Comme le reste de la poésie vieil-anglaise, il est écrit en vers allitératifs. On trouve des vers ressemblant au Rêve de la croix sur la croix de Ruthwell, qui date du VIIe siècle ; c’est une haute croix anglo-saxonne, de 5,5 mètres ; en plus du texte gravé en runes, la croix comporte plusieurs illustrations, dont certaines sont identifiables, notamment une représentation de l'Annonciation, de Jésus guérissant un aveugle et de la Crucifixion.

Il semble que ces vers soient plus anciens que ceux du poème connus sous le titre du Rêve de la Croix, ce qui suggère qu'il ne s'agit pas véritablement du même texte, mais d'une source à laquelle le poète aurait emprunté.

Paternité

L’auteur reste inconnu, mais du fait de l’inscription d’un morceau du poème sur la croix de Ruthwell, plusieurs chercheurs ont supposé que le poète devait être célèbre à l'époque. Caedmon et Cynewulf[Note 2] étant parmi les rares poètes de cette époque que nous connaissons, les premiers spécialistes du poème ont parfois attribué ce texte à l'un ou à l'autre.

Ainsi, au XIXe siècle, Daniel H. Haigh a attribué le poème à Caedmon, en se fondant sur la présence d’un extrait du poème sur la croix de Ruthwell pour l’identifier au plus ancien poète chrétien saxon connu. George Stephens arrivait à la même conclusion en se basant sur le langage et la structure du texte versifié, le datant au VIIe siècle, avant Bède.

A la même époque, le chercheur allemand Franz Dietrich proposait Cynewulf[Note 2] comme auteur, en évoquant les points communs entre les poèmes Elene et Dream of the Rood (Le rêve de la Croix): le thème de la croix liée au Christ, les deux descriptions de la croix données, le narrateur qui parle de lui-même, et le narrateur qui se décrit comme vieux et évoque des joies ou amis passés[10].

Depuis, les spécialistes ont rejeté ces deux hypothèses qui ne reposent sur aucune preuve solide.

Scénario

Le narrateur raconte un rêve. Dans cette vision, il parle de la croix sur laquelle Jésus a été crucifié. Le poème se divise en trois sections distinctes.

  1. Dans la première, le narrateur a la vision de la Croix, et observe comment elle est couverte de pierres précieuses, se sent misérable par rapport à l’arbre qui a fait la croix, avant de constater parmi les pierres précieuses du sang[11].
  2. Dans la deuxième section, la Crucifiction est racontée depuis le point de vue de la Croix ; cela commence avec l’ennemi venu abattre l’arbre, le traînant ; l’arbre apprend qu’il va porter un criminel, mais c’est le Christ qui lui est cloué. Le Seigneur et la Croix deviennent un, et sont solidaires dans la victoire, se refusant à tomber, en acceptant la douleur pour le bien de l’humanité : la croix est percée de clous comme le Christ. Jésus et la Croix ne sont pas présentés comme des victimes impuissantes ; au contraire, ils sont à la fois une position ferme à ce qu'ils doivent faire. Puis, tout comme le Christ, la Croix est résuscitée, et parée d’or et d’argent ; l’arbre est honoré parmi les autres arbres, comme Jésus l’est parmi les hommes, et elle raconte ce qu’elle a vécu.
  3. Dans la troisième section, l’auteur donne ses réflexions à propos de sa vision ; elle se termine, et l’homme est livré à ses pensées. Il loue Dieu pour ce qu’il a vu, et est rempli d'espoir pour la vie éternelle et de son désir d'être à nouveau près de la Croix glorieuse.

Analyse

Le poème fait d’importants appels à la culture païenne. Par exemple, le rêveur (que l’on peut supposer païen au début du rêve) donne le récit de la crucifixion comme s’il s’agissait d’une bataille ; le poème présente le Christ comme un guerrier héroïque anglo-saxon, servi par son thane[12] ou prêt à en découdre avec la mort[13]. Également, faire parler l’arbre est du paganisme. Richard North insiste dans son Heathen Gods in Old English Literature sur l’importance du sacrifice de l’arbre, en accord avec les valeurs païennes ; également, il suggère que l’auteur a repris le langage du mythe d’Ingwaz pour présenter la Passion[14]. Plus encore, le triomphe de la Croix par dessus la mort est célébré en ornant la croix d’or et de joyaux.

Malgré ses éléments païens forts, The Dream of the Rood est basé avant tout sur la foi chrétienne. Le poème présente la Passion, la Mort et la Résurrection du Christ comme un triomphe sur le péché et le mal. Le rêveur, une fois converti, remarque « Que le Seigneur soit mon ami/ Lui qui a ici sur Terre souffert une fois/ sur l’arbre dressé pour le pêché de l’homme/ il nous rachète et nous a donné la vie/ une demeure céleste[Note 3]. » Le rêveur se rend compte que la mort du Christ n'est pas seulement la victoire dans la bataille, mais aussi la façon dont le salut de l'homme a été garanti.

Elene

Elene, parfois appelé Saint Helena Finds the True Cross, est une traduction d’un texte latin, et le plus long des quatre poèmes signés par Cynewulf[Note 2]. Le poème est la première mention en anglais de la découverte de la Vraie Croix par sainte Hélène, mère de l’empereur romain Constantin. Il est écrit en saxon occidental, mais certaines formulations et certains rythmes bancaux font penser qu’il était écrit en un dialecte non-saxon. Il compte 1 321 vers, et est situé aux folios 121a–133b.

L’histoire se base approximativement sur des évènement historiques. Elle présente cependant de nombreux anachronismes, amalgamant les guerres du IVe siècle entre les Romains, les Huns et les Francs. La source de Cynewulf concernant la légende de sainte Hélène trouvant la Croix est certainement Acta Cyriaci, probablement dans la version des Acta Sanctorum au 4 mai.

Scénario

Le poème commence alors que Constantin, empereur de Rome, chevauche pour aller combattre les Huns et les Hrethgoths[Quoi ?]. Bien que Constantin ne soit pas encore chrétien, le narrateur dit de lui que Dieu le rend fort. La nuit précédant le combat, l'empereur a une vision au cours de laquelle un ange lui montre le symbole de la croix et lui promet qu'elle lui donnera la victoire. Au matin, Constantin fait faire une croix pour lui servir d'emblème pendant la bataille et celle-ci est une victoire. La croix est dressée devant les ennemis en déroute, et les Romains triomphent.

Constantin revient chez lui et convoque une assemblée à qui il demande la signification du symbole. Seuls les plus sages savent que la croix est le symbole de Jésus-Christ. Constantin est baptisé et devient un fervent chrétien à la suite de cette expérience. Il apprend de la Bible où et comment le Christ a été tué, et ordonne alors à Hélène, sa mère, de mener une armée vers la terre des Juifs pour trouver où la Vraie Croix est enterrée. Elle dirige une armée d’hommes à bord d’un navire et commence son voyage vers Jérusalem.

Une fois dans la ville de Jérusalem, elle convoque une assemblée de sages juifs et les accuse violemment d’avoir condamné le fils de Dieu à mort, les plongeant dans l'effroi et la perplexité. Judas dit à ses coreligionnaires juifs qu’il sait que la reine est à la recherche de la Croix. Judas a été enseigné par les chrétiens, et son frère Étienne a été lapidé à mort parce qu'il était chrétien. Les Juifs refusent d'aider Hélène à trouver la croix, alors elle les menace de mort. Effrayés, ils désignent Judas. Celui-ci refuse également de lui dire où elle est, alors la reine l’emprisonne pendant sept jours sans nourriture. Le septième jour, il ne supporte plus la torture, et révèle l'endroit où est la croix. Il conduit la reine à la colline où Jésus a été crucifié.

Judas se convertit au christianisme dans un discours passionné à Dieu, reconnaissant en Jésus son Sauveur. Dieu donne un signe à Judas sous la forme d'une fumée s'élevant vers ciel, qui le confirme dans sa nouvelle foi. Il creuse à l'endroit indiqué et découvre trois croix qui sont ramenées en ville pour être déposées aux pieds d'Hélène. Dans un premier temps, Judas n'est pas capable de dire laquelle des trois croix est la bonne. Puis un groupe survient avec le corps d'un jeune homme qui vient de mourir. Le corps est déposé à terre et les croix sont redressées chacune à leur tour jusqu'à ce que l'élévation de la vraie croix le ramène à la vie.

Satan apparaît sous une forme grotesque, et profère des imprécations et des menaces, mais Judas ne se laisse pas intimider, au grand plaisir d'Hélène.

Le jour suivant, Hélène envoie un message à Constantin, lui disant de construire une église sur la colline où les croix ont été trouvées. Elle fait recouvrir la vraie croix d’or et de pierreries et la place dans l’église. Judas est baptisé et répudie son ancienne religion. Il est nommé à la prêtrise et se voit renommé Cyriaque à l’occasion.

Hélène se met alors en quête des clous qui ont servi à crucifier le Christ. Cyriaque les cherche, et Dieu lui donne à nouveau un signe sous la forme d'un feu à l'emplacement où ils sont enterrés. Hélène reçoit le don avec des larmes de joie, et l’Esprit Saint la remplit avec le don de la sagesse et protège à jamais la sainte. Elle va demander à un homme sage pour savoir que faire des clous, et il lui conseille de les utiliser pour le mors du cheval de Constantin afin qu’il soit toujours victorieux au combat.

L’épilogue du poème est consacré à une réflexion personnelle de Cynewulf et son interprétation de l’apocalypse. Cynewulf raconte comment il a connu une métamorphose spirituelle. Sa description du Jugement dernier ressemble à une sorte de purgatoire où les gens sont divisés en trois groupes, dont deux subissent purification pour atteindre le salut, tandis que le troisième est condamné à l’enfer éternel.

Analyse

A l'inverse de certains personnages féminins de la poésie vieil-anglaise, comme la reine Wealhtheow dans le poème Beowulf, Hélène n'est pas la victime des évènements, mais leur moteur. Elle est forte et autonome, ce qui la rapproche plus des personnages féminins de la littérature vieux-norroise (en) que des saintes gréco-romaines[15]. Elle est comparable en cela à Judith, une autre héroïne de la poésie religieuse vieil-anglaise. Cynewulf a représenté Hélène comme une forte personnalité et comme une meneuse d'hommes. Il n’inclut pas sa mort, à l’inverse des versions latines, et ne la présente pas non plus comme soumise à Constantin et Cyriaque ; au contraire, c’est Cyriaque qui se soumet à Hélène[15]. Cynewulf utilise parfois les rimes pour souligner les mots les plus forts.

Hélène a été comprise comme une allégorie de l’Église chrétienne, ayant pour mission de guider les hommes vers le salut grâce à l'acceptation de la Croix[16]. Littéralement, sa mission est de trouver la Vraie Croix, mais allégoriquement, elle est d’évangéliser les Juifs. Hélène est décrite comme une reine guerrière, dirigeant une armée de soldats, mais ils ne livrent aucune bataille, ce qui peut donner à penser que leur fonction est principalement de représenter le militantisme d'Hélène contre Satan et les incroyants. Judas et Hélène sont une allégorie de la relation entre l’Église et ses membres. Le dialogue de Judas révèle la condition humaine[17]. L’antisémitisme divise les chercheurs concernant le poème.

Informations externes

Textes

Bibliographie

Ouvrages généraux

  • (en) Michael Lapidge, John Blair et Simon Keynes, The Blackwell Encyclopedia of Anglo Saxon England, Wiley-Blackwell, 2001, 537 p. (ISBN 0631224920 et 9780631224921) [lire en ligne (page consultée le 9 août 2010)].
    « Andreas », Donald G. Scragg, p. 32 ; « Soul and Body », Thomas N. Hall, p. 425–426 ; « Dream of the Rood », auteur à préciser, p. 145–146 ; « Cynewulf », Jane Roberts, p. 133~135etc.
     
  • John Mitchell Kemble, « The poetry of the Codex Vercellensis », ed. (Issue 14 of Aelfric Society, 2 Volumes) Londres, 1843
  • (en) S. A. J. Bradley, Anglo-Saxon Poetry, Londres, Everyman's Library, 1982
    Andreas p. 110–153, Dream of the Rood p. 160
     
  • (en) Paul E. Szarmach, M. Teresa Tavormina et Joel T. Rosenthal, Medieval England : An Encyclopedia, vol. 3, New York, Garland Pub., 1998
    Robert E. Bjork, « Cynewulf », p. 227–229 ; Anita R. Riedinger, « Andreas », p. 33–34 ; Donald G. Scragg, « Vercelli Book », p. 755
     

Relatif aux homélies

  • (en) Elaine Treharne, Old and Middle English : An Anthology, Blackwell Publishers, 2000 (ISBN 0631204652) 
  • (en) Donald G. Scragg, The Vercelli Homilies and Related Texts, université d’Oxford, 1992 (ISBN 0197223028) 

Relatif à Andreas

  • Herbert Thurston, « Cynewulf », dans The Catholic Encyclopedia, New York, Robert Appleton Company, 1908 [lire en ligne] .
    Transcription Paul Knutsen pour New Advent, consulté le 9 août 2010
  • Angus Cameron, « Anglo-Saxon Literature », dans Joseph R. Strayer, Dictionary of the Middle Ages, États-Unis, American Council of Learned Societies, 1982, 9e éd., p. 279, 287–288 .

Relatif à Dream of the Rood

  • (en) Mary Dockray-Miller, « The Feminized Cross of “The Dream of the Rood” », dans Philogical Quarterly, vol. 76, 1997, p. 1~3 
  • (en) Joseph Black, Broadview Anthology of British Literature, Broadview Press, 2007
    dans les suppléments
     
  • (en) Richard North, Cambridge studies in Anglo-Saxon England, vol. 22 : Heathen gods in Old English literature, Cambridge University Press, 1997, 374 p. (ISBN 0521551838 et 9780521551830) [lire en ligne], p. 273 
  • (en) Albert S. Cook, The Dream of the Rood : An Old English Poem Attributed to Cynewulf, Oxford, Clarendon Press, 27 septembre 2007 (1re éd. 1905) 

Relatif à Elene

  • (en) Alexandra Hennessey Olsen, « Cynewulf’s Autonomous Women », dans Helen Damico et Alexandra Hennessey Olsen, New Readings on Women in Old English Literature, Bloomington, Indiana University Press, 1990, p. 222–232 .
  • (en) John P. Hermann, Allegories of War : Language and Violence in Old English Poetry, Ann Arbor, University of Michigan Press, 1989, p. 91–118 
  • (en) Robert E. Bjork, The Old English Verse Saints’ Lives : A Study in Direct Discourse and the Iconography of Style, Toronto, University of Toronto Press, 1985, p. 62–89 

Autres références

  1. (en) Friedrich Blume, Iter Italicum, Stettin, 1824–1836 , 4 volumes
  2. (en) Peter Clemoes, Ælfric’s Catholic Homilies : The First Series Text, Oxford, Oxford University Press, coll. « EETS » (no 17), 1997 

Sources

  1. Treharne 2000
  2. Scragg 1992
  3. Bjork 1998, p. 227
  4. Thurston 1908
  5. Reidinger 1998, p. 34
  6. Cameron 1982, p. 279
  7. Scragg 1999, p. 32
  8. Robert Boenig, Saint and Hero: Andreas and Medieval Doctrine. Lewisburg, PA et Londres : Bucknell University Press et Associated University Presses, 1991. Pp. 23-28.
  9. Bradley 1982, p. 154
  10. Cook 2007, p. 12–13
  11. Bradley 1982, p. 160
  12. Dockray-Miller 1997, p. 3
  13. Black 2007, p. 23
  14. North 1997, p. 273
  15. a et b Olsen 1990, p. 224
  16. Hermann 1989, p. 99
  17. Bjork 1985, p. 62

Compléments

  • Voyez les articles sur la littérature en vieil anglais et la poésie en vieil anglais.
  • Voyez également les trois autres principaux manuscrits en vieil anglais : le Livre d’Exeter, le manuscrit Junius XI et le Codex Nowell.

Crédits

Notes

  1. Les trois autres codex sont le manuscrit Junius XI, le Livre d’Exeter et le Codex Nowell.
  2. a, b, c, d, e et f Cynewulf est l’un des douze poètes anglo-saxons identifiés. Son identité la plus probable est un évêque de Lindisfarne, en Northumbrie, qui aurait vécu entre les milieux des VIIIe et IXe siècles, mais certains auteurs placent sa vie jusqu’au début du XIe siècle. Il s’identifiait par sa signature runique, apparaissant dans le corps des textes de quatre poèmes : Christ II et Juliana du Livre d’Exeter, et The Fates of the Apostles et Elene dans le Livre de Verceil ; cependant, il lui est parfois attribué huit autres poèmes, qui forment un « groupe Cynewulf » (the Cynewulf group). Voyez Bjork (1998).
  3. Traduction de « May the Lord be my friend/ he who here on Earth once suffered/ on the hanging tree for human sin/ he ransomed us and gave us life/ a heavenly home. »

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