Jan Janszoon

Jan Janszoon
Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Murat Rais ni Mourad Rais (frégate).
Représentation de Salé à l'époque de Jan Janszoon.

Jan Janszoon van Haarlem ((vers 1570 - vers 1641), Jan Janssen de Haarlem, Jan Janz, ou encore John Barber ou capitaine John[1], connu également en Afrique du Nord sous le nom de Mourad Rais ou Murad Reis, est un Hollandais originaire de Haarlem, qui, après sa capture par des corsaires barbaresques en 1618, est devenu renégat en se convertissant à l'Islam. Fameux à Alger, devenu lui-même corsaire à Salé, il devient, entre 1624 et 1627, le « Grand Amiral » de la République de Salé (connue également sous le nom de République des pirates du Bouregreg), qu'il dirige donc à ce titre.

Sommaire

Premières années

Jan Janszoon est né à Haarlem, en Hollande en 1575. On sait peu de choses de ses premières années, en dehors du fait qu'il s'est marié jeune et qu'il a un enfant, Lysbeth Janszoon van Haarlem. La fin de son nom (van Haarlem) n'est rien d'autre qu'une indication toponymique, signalant qu'il est originaire d'une bonne famille de Haarlem, aux Pays-Bas[2].

Capture par les corsaires barbaresques

Jan Janszoon est capturé par des corsaires barbaresques en 1618, à Lanzarote (îles Canaries) et emmené comme captif à Alger. Là, il se fit « turc » (car Alger dépendait à l'époque dans une certaine mesure de l'Empire ottoman, ce qui entrainait souvent une certaine confusion entre corsaires algériens et Turcs) en se convertissant à l'Islam, devenant ainsi un « renégat ». La conversion a sans doute été forcée, comme il était alors fréquent (voir les souvenirs de Germain Moüette à ce sujet). Après sa conversion, il navigue avec le fameux corsaire Suleyman Raïs, connu également sous le nom de Slemen Reis ; cet homme est en réalité un Hollandais nommé De Veenboer[3], que Janszoon connaissait d'avant sa capture, et qui, tout comme lui, était devenu un renégat en se convertissant à l'Islam ; Mais Alger ayant entre temps fait la paix avec de nombreuses nations européennes, la ville ne peut plus servir de base d'opération à Jan Janszoon, qui, après la mort de Suleyman Rais (tué par un boulet de canon en 1619) émigre vers la côte de Barbarie et le port de Salé pour y devenir corsaire pour son propre compte[4].

Corsaire à Salé

Article principal : République du Bouregreg.

L'activité corsaire à Salé est une conséquence lointaine de la Reconquista espagnole, lorsque Philippe III d'Espagne décide en 1609 d'expulser définitivement d'Espagne les musulmans qui y restent encore. Aux Hornacheros déjà partis s'installer à la Kasbah des Oudaïas, près de Salé, se joignent alors de nombreux Morisques andalous ; ces musulmans émigrés d'Espagne utilisent les richesses qu'ils ont pu emporter pour armer en course quelques navires et s'en prendre aux navires et aux côtes européennes bordant l'Atlantique.

À la fois capitaine et armateur, Jan Janszoon fait rapidement fortune dans cette ville étrange où l'espagnol est la langue véhiculaire, et dont les renégats européens de toutes origines fournissent les spécialistes (pilotes, canonniers, calfats, maîtres de manœuvre, chirurgiens...). Ses talents lui valent d'être nommé en 1624 au poste suprême de « Grand Amiral » de Salé, qu'il dirige jusqu'en 1627, date à laquelle il part de nouveau pour Alger.

Expéditions lointaines

Couverture du livre de Oluf Eigilsson, islandais enlevé par Jan Janszoon en 1627 ; après sa libération, de retour en Islande, il écrit un livre sur sa vie chez les corsaires.

Pendant sa carrière de corsaire de Salé, puis après son départ en 1627, Jan Janszoon met sur pied plusieurs expéditions lointaines particulièrement audacieuses :

Raid sur Reykjavik de 1627 

Jan Janszoon effectue en 1627 un raid particulièrement audacieux sur Reykjavik, la capitale de l'Islande[5]. L'expédition permet de ramener des peaux, du poisson fumé, mais surtout, 400 Islandais[1] ; elle témoigne de l'emprise des corsaires de Salé sur l'Atlantique, pendant que les Barbaresques d'Alger ont la main-mise sur la piraterie en Méditerranée.

Sac de Baltimore en 1631 

Lors d'une expédition peu fructueuse, Janszoon a recours à un captif pris au cours de l'expédition, un catholique nommé John Hackett, pour obtenir des informations sur les cibles potentielles qui pourraient s'avérer intéressantes. Or, les catholiques irlandais nourrissent alors quelques griefs contre les habitants de Baltimore, dans le comté de Cork, au sud de l'Irlande, car ceux-ci sont protestants, et Hackett désigne donc la ville comme une proie de choix. Le 20 juin 1631, Jan Janszoon, à la tête de corsaires salétins[1], effectue un coup de main contre Baltimore, qu'il met à sac en enlevant 108 personnes selon certains, mais 237 selon le Père Dan[1], libérant les Irlandais celtes pour ne conserver que des Anglais qu'il revendra comme esclaves sur les marchés d'Afrique du Nord. Hackett sera ensuite arrêté et pendu ; dans l'histoire de l'Irlande, il est considéré comme un patriote, alors qu'il est vu comme un traître par l'histoire de l'Angleterre.

Fin de sa vie

En 1635, lui et beaucoup de ses hommes sont capturés par surprise près de Tunis par les Chevaliers de Malte. Enfermé dans les sombres cachots de l'île de Malte, il y est victime de mauvais traitements et de tortures, qui affectent sa santé. Il est libéré en 1640 par une attaque corsaire massive, orchestrée par le Dey de Tunis. Il retourne alors au Maroc, où il est nommé gouverneur de la forteresse de Oualidia, près de Safi.

Là, à l'occasion de l'arrivée du nouveau consul néerlandais, il reçoit la visite de sa fille Lysbeth Janszoon, venue tout exprès des Pays-Bas. Il l'accueille en grande pompe, et elle reste auprès de lui jusqu'en août 1641, où elle retourne aux Pays-Bas. Il est alors devenu un vieil homme affaibli, qui se retire tant de la vie politique que de la piraterie, et dont on ignore ensuite le sort.

Annexes

Notes et références

  1. a, b, c et d Leïla Maziane 2007, p. 173
  2. Murad Reis, The Everything Pirates Book, p. 36 (consulté le 29 septembre 2009)
  3. De Veenboer, Zeerovery (consulté le 29 septembre 2009)
  4. « Corsaire pour son propre compte », par opposition à « corsaire pour le compte d'un autre », fût-il Suleyman Raïs. Mais le terme le plus correct est bien « corsaire », et non « pirate », car les corsaires de la République de Salé payaient la dîme au sultant Moulay Zidane sur les revenus de leur activité.
  5. Peter Lamborn Wilson 2003, p. 151

Bibliographie

  • Leïla Maziane, Salé et ses corsaires, 1666-1727: un port de course marocain au XVIIe siècle, Publication Université de Rouen Havre, 2007 (ISBN 978-2-84133-282-3) [lire en ligne] 

Liens externes

  • Barnaby Rogerson, « The Sallee Rovers » sur travelintelligence.com. Consulté le 7 avril 2010

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