Batterie de Merville

Batterie de Merville

49°16′10″N 0°11′52″O / 49.26944, -0.19778

Une des casemate de la batterie de Merville
Les batteries côtières allemandes en Normandie avec celle de Merville au nord-est de Caen
Casemate de Merville
Vue du site de la batterie de Merville prise depuis le toit de la casemate n°2. On peut voir de droite à gauche : les casemates n°3 et n°4, les emplacements extérieurs du canon n°3 et derrière du canon n°4, et le toit de la soute à munition.
Plan de la batterie de Merville

La batterie de Merville est l'une des batteries côtières du mur de l'Atlantique, construit par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. Située sur la commune de Merville dans le Calvados, à 2 km de la mer et orientée vers la baie de l'Orne, elle fut l'un des premiers objectifs attaqués lors du débarquement de Normandie le 6 juin 1944 et sa prise par des troupes parachutistes britanniques un des exploits du jour J.

Sommaire

Description

La batterie de Merville était l'une des batteries côtières de tir longue portée disposées le long du littoral normand, plus ou moins en retrait de celui-ci. La batterie était constituée de quatre grosses casemates sensées abritées des canons longue portée de 150 mm (il se révèlera qu'elles n'abritaient que des canons plus obsolètes de 100 mm). Elle a été édifiée du début 1941 à août 1942 (pour les casemates 1 et 2) et à mai 1944 (pour les casemates 3 et 4). Bien dissimulées du repérage aérien, celles-ci étaient prolongées par deux ailes en béton et accompagnées de soutes à munitions, d'abris, d'un poste de commandement souterrain avec périscope et de multiples tranchées bétonnées[1]. L'ensemble était protégé par deux ceintures de barbelés et par un champ de mines.

Attaque aéroportée

Menaçant le secteur de débarquement de Sword Beach et difficile à neutraliser malgré les bombardements aériens, il fut décidée de la neutraliser par un bombardement aérien suivi d'une opération aéroportée dans la nuit précédant le débarquement. Cette opération fut confiée au lieutenant-colonel Terence Otway, à la tête du 9e bataillon parachutiste de la 6e division aéroportée britannique. Mais le plan complexe élaboré par Otway ne se déroula pas du tout comme prévu.

Le plan

Un lourd bombardement aérien par une centaine de Lancaster et de Halifax de la Royal Air Force devait intervenir à 0h30 quelques heures avant l'opération aéroportée. Les bombardiers devaient essayer de détruire la position ou au moins d'infliger des dégâts considérables à ses défenses, facilitant ainsi l'action des troupes aéroportées. Quatre hommes devaient être parachutés avant ce bombardement non loin de la batterie puis une fois le bombardement effectué s'en approcher et nettoyer discrètement un passage au travers des barbelés et des mines.

À 00h50, le gros du 9e bataillon parachutiste toucherait le sol et devait atteindre la batterie vers 4h00. Avec eux, se trouverait des soldats du 591e escadron parachutiste des Royal Engineers, les troupes de génie britannique, et une pléthore d'équipements dont des dispositifs anti-mines, des torpilles Bangalore contre les barbelés et deux canons de la 4e batterie anti-tank aéroportée, qui seraient utilisés pour détruire les portes blindées d'accès aux casemates.

À 04h30, l'escadron n°4 devait faire une attaque de diversion à la porte principale tandis que deux groupes de tireurs d'élite devaient faire feu sur les troupes ennemies occupant les différents emplacements de tir : canons, nids de mitrailleuse et tours antiaériennes. Ensuite trois planeurs Horsa transportant le gros de la compagnie A du bataillon et des troupes supplémentaires du génie devaient se poser à l'intérieur même de l'enceinte de la batterie et leurs troupes attaquer chacune des casemates à la mitraillette et au lance-flamme. Au même moment la compagnie C procèderait à l'assaut par les passages nettoyés dans les champs de mines, rapidement suivi par le reste de la compagnie A puis de la compagnie B.

En cas d'échec, le croiseur léger britannique HMS Arethusa croisant au large ouvrirait le feu sur la batterie à 05h30 si aucun signal du succès de l'opération aéroportée n'était reçu.

L'opération

À cause d'erreurs de navigation, d'un ciel bas et de pathfinders lâchés dans une mauvaise direction et qui furent incapables de marquer la zone de largage, les parachutistes du 9e bataillon se trouvèrent dispersés jusqu'à 16 km de la zone. Le lieutenant-colonel Otway attendit au point de rendez-vous mais vers 02h50 seuls 150 des 600 hommes étaient arrivés. Aucune des jeeps, canons anti-chars, mortiers, détecteurs de mines, personnel médical, sapeurs ou personnes en charge de la liaison navale n'étaient arrivés.

Le temps pressant, Otway n'eut d'autres choix que d'attaquer avec les troupes dont il disposait. Quand le 9e bataillon arriva sur la batterie, ils trouvèrent le groupe de reconnaissance de 4 hommes qui avaient lui réussi sa mission, ayant étudié les positions allemandes et nettoyé quatre passages à travers le champ de mines. Le bombardement de la RAF avait complètement raté sa cible, les avions lâchant leurs bombes trop au sud, n'infligeant aucun dégât à la batterie et à ses défenses mais ayant manqué de tuer le groupe de reconnaissance.

Vers 04h30, le bataillon fut réorganisé en 4 groupes d'assaut, mené par le major Parry et comprenant les compagnies A et C, qui allaient opérer en passant par deux des chemins ouverts à travers le champ de mines. Alors qu'ils se regroupaient, ils furent repérés et 6 mitrailleuses allemandes ouvrirent le feu sur le flanc du bataillon. Un petit groupe de parachutistes mené par le sergent Knight engagea alors trois des mitrailleuses près de la porte principale, chargeant leurs servants allemands à la baïonnette et à la grenade, tandis que la seule Vickers disponible, une mitrailleuse, engageait le feu sur l'autre flanc. Knight mena alors son groupe aux abords de la porte principale, improvisant une diversion en attaquant et tirant avec tout ce dont il disposait et réussit à divertir les Allemands.

Pendant ce temps, deux des planeurs d'assaut approchaient de la batterie, le troisième avait rompu son attache au-dessus de l'Angleterre. Ils devaient être guidés depuis le sol par des balises lumineuses Eureka mais aucune d'elles n'avaient pu être récupérées du parachutage, les pilotes devaient donc atterrir à vue. Mais celle-ci était obscurcie par les nuages et la fumée due au bombardement. L'un des planeurs confondit le village de Gonneville, bombardé par la RAF et en feu, à 3 km de leur objectif avec celui de Merville. À la vue des flammes, le pilote pensait que la cible avait été détruite et atterrit bien au-delà. Le second trouva la batterie mais alors qu'il faisait son approche finale, il fut ciblé et tiré par un canon antiaérien de 20 mm, blessant quatre des hommes à l'intérieur et détournant le planeur de sa course qui alla se poser très brutalement 700 mètres au-delà. Le planeur était à l'état d'épave et plusieurs hommes furent blessés dans l'accident. Cependant ils débarquèrent à temps pour repérer et attaquer par surprise des Allemands qui se dirigeaient vers la batterie.

Alors que les planeurs s'approchaient, Otway donna l'ordre d'attaquer. Les torpilles Bangalore furent mises à feu pour détruire les barbelés, et les 4 groupes d'assaut chargèrent. Dans l'obscurité, les passages marqués dans le champ de mines n'étaient pas clairement visibles et certains hommes s'en écartèrent et marchèrent sur des mines. Trois canons allemands firent feu sur les groupes d'assaut mais ils furent engagés par les mitrailleurs du bataillon et les tireurs d'élite. Au milieu du feu ennemi et de l'explosion des mines, les parachutistes tiraient à la mitraillette à la volée et lançaient des grenades sur tous les points fortifiés qu'ils rencontraient tout en chargeant vers les casemates. Au départ prise par surprise, la garnison allemande se reprit rapidement, en premier lieu en tirant des fusées éclairantes dans le ciel pour illuminer la zone, puis en menant un bombardement d'artillerie au-delà de la ceinture de barbelés et même en organisant un tir d'une batterie allemande de Cabourg vers le champ de mines.

Otway ordonna à ses réserves de s'occuper des derniers canons allemands qui tiraient sur les groupes d'assaut, qui commençaient alors à forcer les casemates et engageaient un combat au corps à corps avec leurs défenseurs. Les canons devaient initialement être détruits avec des explosifs spéciaux, mais ceux-ci n'avaient pu être récupérés lors du parachutage. Ils furent donc mis hors d'usage un par un en utilisant les bombes Gammon anti-chars que chaque parachutiste avait avec lui. Le combat commença à diminuer d'intensité au fur et à mesure que la garnison allemande faiblissait et à 5h00 il était terminé. Partout à l'intérieur et autour de la batterie se trouvaient allongés des morts et des blessés des deux camps. La garnison allemande comprenait environ 130 hommes mais à la fin du combat, six soldats seulement étaient encore valides. Sur les 150 parachutistes britanniques, 65 furent tués ou blessés.

La destruction des canons, même s'il ne s'agissait que de 100 mm obsolètes à la menace moindre que les calibres de 150 mm attendus, permit néanmoins de sauver de nombreuses vies sur les plages. L'assaut sur la batterie de Merville par une petite force aéroportée mal équipée, restera l'un des exploits du jour J et l'un des faits de gloire du régiment parachutiste britannique.

Dans les 48 heures qui suivirent, les Allemands seront de retour dans la batterie et deux canons engageront le feu contre les plages. Mais pendant les heures critiques du débarquement, la batterie de Merville sera restée silencieuse et déserte.

Après guerre

Douglas C-47-A-80-DL (le C-47 est la version militaire du Douglas DC-3) exposé sur le site de la batterie de Merville

Dès 1969, l'idée de préserver cette batterie revient à l'ASPEG-musée de Pegasus Bridge. Son président, le général Sir Richard Gale, ancien commandant de la 6e division aéroportée britannique, avec Françoise Gondrée entreprirent de nombreuses démarches afin d'assurer le rachat des terrains par le Conservatoire du littoral et la restauration de la batterie.

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Sources et références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Batterie de Merville de Wikipédia en français (auteurs)

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