Drogues en Iran

Drogues en Iran

La production et l'usage des drogues en Iran, notamment des opiacés est ancienne. Le contrôle des stupéfiants a été pris en compte depuis longtemps : les premières ordonnances visant à réguler leur usage ont été émises il y a quatre siècles, à l'époque safavide[1]. Jusqu'à la révolution de 1979, le pays produisait une importante quantité d'opium pour sa propre consommation. Depuis l'avènement de la république islamique, la production a fortement baissée mais le pays reste une zone de transit très importante pour l'opium de l'Afghanistan voisin, destiné pour partie au marché local.

Avant la révolution

En 1920, le pays mettait environ 100 tonnes d'opium par an sur le marché intérieur et extérieur. En 1949, les consommateurs de stupéfiants représentaient 11 % de la population ; les consommateurs réguliers d'opium étaient 1,3 million, et 500 fumeries d'opium existaient alors dans la capitale, Téhéran[2].

Boire du café ou du thé à l'opium dans les cafés était une pratique culturelle tolérée dans les années 1950. Le nombre des consommateurs a baissé jusqu'aux années 1970, dans le cadre de programmes de sevrage ou maintenance de l'usage pour ceux souffrant de maladies chroniques[2].

Après la révolution

Alors que la production en Iran a fortement baissé depuis 1979 (le nouveau régime met alors en place des politiques très restrictives vis-à-vis de la culture de plantes psychotropes), le caractère de « pays de transit » est devenu plus important. Cela est dû à la longue frontière commune avec l'Afghanistan, qui est devenu le premier producteur d'opium au monde. De plus, le transit relie les zones de production d'Asie Centrale aux zones de consommation que sont la Russie, le Golfe Persique, la Turquie ou l'Europe. Les saisies d'opium faites en Iran représentent ainsi 25 % des saisies mondiales. Les routes principales du trafic passent par le Khorassan et le Sistan et Balouchestan, des régions montagneuses et inhospitalières, avant de continuer vers Téhéran, puis vers la Turquie, d'où l'opium part pour l'Europe par la « route des Balkans »[3]. Il est généralement estimé que 40 % des stupéfiants qui transitent par l'Iran restent dans le pays pour servir la consommation locale[4]

Après la révolution iranienne, une campagne anti-stupéfiants est lancée, associée à une politique répressive. Cependant, l'effort de répression est surtout concentré sur l'alcool, et l'usage de stupéfiants connait une forte augmentation, accompagnée de l'évolution des modes de consommation.

D'après des sources du début du XXIe siècle, l'Iran compterait entre 200 000 et 300 000 usagers de stupéfiants[5] ; 1,2 million selon le gouvernement iranien[2] ou 3,3 millions selon les experts iraniens du SIDA[6].

La migration à l'intérieur du pays, l'urbanisation, la délinquance et les problèmes sociaux ont augmenté, laissant place au développement et à l'expansion des problèmes liés aux stupéfiants[1]. Les causes sont multiples : les stupéfiants sont largement disponibles (opium, héroïne, haschich, la cocaïne et d'autres drogues de synthèse ont fait leur apparition), la dépression est courante, le chômage toucherait 14 à 25 % de la population selon les estimations. D'autres personnes avancent encore d'autres causes.

La politique répressive, dans un contexte où l'usage et la répression augmentent, met le système judiciaire iranien sous pression : en 2000, la police a procédé à 269 259 arrestations pour des infractions liées aux stupéfiants (+18 % par rapport à l'année précédente) et plus de 80 000 personnes ont été incarcérées pour crimes liés aux stupéfiants. Cependant, la politique de répression ayant ses limites, des politiques de réduction des risques ont été mis en place, et cela depuis le milieu des années 1990 : ouverture de quelques centres de traitement soutenus par le gouvernement, développement de groupes d'auto-support par des structures de type Narcotiques Anonymes, réouverture des cliniques non-résidentielles qui avaient été fermées dans les années 1970, traitements de substitutions, actions de prévention du VIH. Le chef du système judiciaire, l'Ayatollah Shahroudi a également émis une ordonnance en 2005 rappelant aux juges de ne pas entraver l'action du ministère de la Santé ou des autres organisations qui œuvrent pour proposer des traitements de substitution ou qui implémentent des programmes de prévention des MST[7].

Notes et références

  1. a et b E. Razzaghi, A. Rahimi, M. Hosseni et A. Chatterjee, Rapid Situation Assessment (RSA) of drug abuse in Iran, Prevention Depart., State Welfare Organization, Ministry of Health, I.R. of Iran and United Nations International Drug Control Program, 1999.
  2. a, b et c Bijan Nissaramanesh, Mike Trace et Marcus Roberts, « L'apparition de la réduction des risques en Iran », Bulletin n°8, Programme politique des stupéfiants de la Fondation Beckley, juillet 2005 lire en ligne
  3. (en) Illicit drugs Situation in the regions neighbouring Afghanistan and the response of ODCCP, United Nations Office for Drug Control and Crime Prevention, octobre 2002 [lire en ligne]
  4. A. William Samii, « Drug Abuse : Iran’s “Thorniest Problem” », The Brown Journal of World Affairs, Volume IX, n° 2, hiver-printemps 2003. lire en ligne
  5. MAP (Monitoring the Aids Pandemic) 2001, The Status and trends of HIV/AIDS/STI Epidemics in Asia and the Pacific, Rapport provisoire, 4 octobre.
  6. Narcotics Control Strategy Report 2001, Iran, Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs, Département d'État, Washington DC.
  7. Seyed Mahmoud Hashemi Sharoudi, Ordonnance exécutive du 24 janvier 2005, réf.1-83-14434, Département judiciaire de la RII.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Drogues en Iran de Wikipédia en français (auteurs)

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