Bat Ye'or

Bat Ye'or

Bat Ye'or est le nom de plume de Gisèle Littman-Orebi (Le Caire, 1933), une essayiste britannique[1],[2], juive d'origine égyptienne, écrivant en français et en anglais. Elle a également publié sous le pseudonyme arabe Yahudiya Masriya (« juive égyptienne »)[3].

Elle s'est spécialisée dans l'étude de la notion de dhimmi[1], introduisant notamment dans ses ouvrages le néologisme controversé de « dhimmitude », qu'elle utilise dans un sens politico-historique[2].

Sommaire

Son nom

Littman est le nom de son mari, David Littman (en), historien devenu par la suite délégué auprès de l'Office des Nations unies à Genève de l'organisation non gouvernementale Association pour l'éducation d'un point de vue mondial, — en anglais Association for World Education (AWE).

Son nom de plume, Bat Ye'or (en hébreu בת יאור), signifie « fille du Nil » en hébreu[1].

Éléments biographiques

La future Bat Ye'or et sa famille sont déchus de leur nationalité égyptienne en 1956 dans la foulée des mesures prises contre les juifs égyptiens par Gamal Abdel Nasser après la Crise du canal de Suez. Ils émigrent au Royaume-Uni en 1957. La jeune femme se marie en août 1959 avec David Littmann, devenant ainsi britannique par mariage. De 1958 à 1960, elle étudie à l'Institut d'archéologie de l'université de Londres. En 1960, elle part s'installer avec son mari en Suisse, où ils résident depuis lors. En 1961 et 1962, elle étudie les sciences sociales à l'université de Genève. Ils ont eu trois enfants et plusieurs petits-enfants installés en Israël.

En 1961, Bat Ye'or et son mari David Littman prennent une part active à l'Opération Mural (en), montée à leur insu par le Mossad pour transférer clandestinement plus de 500 enfants marocains juifs en Israël. En juin 2008, ils seront reçus par le Président Shimon Pérès lors d'une commémoration organisée en leur honneur[4].

Influences, prises de position et controverses

Elle est influencée par l'historien, sociologue, théologien protestant et anarchiste[5] Jacques Ellul[2], penseur influent de la « société technicienne », qui dénonce en termes hostiles une incompatibilité entre le judéo-christianisme et l'islam et le danger que constituerait ce dernier pour l'Occident[6]. Elle se spécialise dès lors dans l’histoire des dhimmis, les minorités en terre d’islam. Ellul préfacera son livre Les chrétientés d'Orient entre jihâd et dhimmitude, paru en 1991.

Son étude de la notion de « dhimmi » est l'objet de controverses[7], en particulier à propos de l'emploi de son néologisme « dhimmitude », utilisé par elle de préférence à « dhimmité » pour exprimer le concept de dhimma : le paronyme « dhimmitude » évoquerait une proximité phonétique voulue avec le mot « servitude » (qui existe en français et en anglais, et que l'on retrouve dans ses ouvrages dans ces deux langues).

Dans certains de ses ouvrages (Eurabia, Islam and Dhimmitude), elle dénonce un accord, ourdi selon elle entre certaines instances dirigeantes européennes et des pays arabes, visant à soumettre l'Europe au monde arabe afin de former une nouvelle entité appelée Eurabie. Cet accord, écrit-elle, aurait trouvé son origine dans le Dialogue euro-arabe mis en place à la fin du siècle dernier dans les instances européennes. Cette théorie est contestée, entre autres par le chercheur américain Jonathan Laurence coauteur, avec Justin Vaïsse, d'un ouvrage sur la question[8]. Selon ces chercheurs, le Dialogue euro-arabe avait essentiellement pour but d’assurer l’approvisionnement des États européens en hydrocarbures au lendemain du premier choc pétrolier. D'autres situent cette thèse dans un contexte de théorie du complot[2].

Le manifeste publié pour expliquer ses actes par Anders Behring Breivik, l'auteur des attentats de 2011 en Norvège, est inspiré des théories de Bat Ye'or qui y est citée plusieurs dizaines de fois[9].

Œuvres

Cette liste n'inclut pas une trentaine d'articles dans diverses langues, publiés à partir de 1969, ni les compte-rendus d'auditions devant des commissions du Congrès des États-Unis d'Amérique, en 1997 (deux fois) et en 2002.

Liens internes

Liens externes

Notes et références

  1. a, b et c cf. Yves Ternon : « Bat Ye'Or, Juifs et chrétiens sous l'islam : les dhimmis face au défi intégriste », in Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 1995, vol. 45, n° 1, pp. 167-168, recension en ligne
  2. a, b, c et d Ivan Jablonka, Bat Ye’or et le spectre de l’ « Eurabie », La Vie des idées, 01/05/2006, ISSN 2105-3030, article en ligne
  3. Voir les commentaires sur « Les juifs en Egypte »
  4. Conferring the "Hero of Silence" Order on David G. Littman (July 1, 2009), New English Review, 1er juillet 2009.
  5. Frédéric Rognon, Jacques Ellul : une pensée en dialogue, éd. Labor et Fidès, 2007, p. 139, extrait en ligne
  6. « Non à l’intronisation de l’Islam en France », Réforme, 15 juillet 1989. [lire en ligne]. On lira aussi le petit livre d'Ellul, paru en 1994 et réédité aux P.U.F. en 2006 : Islam et judéo-christianisme.
  7. Esther Benbassa « Réponse à une idéologue militante », in Le Point, 17/03/2005 : « L'auteur, qui n'a jamais été une historienne de métier, a en revanche une solide réputation d'idéologue militante [...] Ses écrits rassemblent une masse de sources hétérogènes qu'elle manipule à sa guise pour appuyer une thèse univoque ». Sur l'étude de la notion de dhimmi (en dehors de l'exégèse islamique sur cette question), les travaux des historiens sont nombreux. Pour d'autres approches occidentales du sujet, différentes de celle de Bat Ye'Or, voir par exemple, Esther Benbassa, « Comment être non-musulman en terre d'Islam », L'Histoire, 134, juin 1990, pp. 86-91.
  8. Jonathan Laurence et Justin Vaïsse, Integrating Islam : Political And Religious Challenges in Contemporary France, éd. Brookings Institution, 2005
  9. Toby Archer, Breivik's Swamp, Foreing Policy, 25 juillet 2011.

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bat Ye'or de Wikipédia en français (auteurs)

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