Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay

Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay
Basilique
Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay
Ancienne abbatiale
de l'abbaye de Vézelay
Image illustrative de l'article Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay
Présentation
Culte Catholique romain
Type Basilique (ancienne abbatiale)
Rattaché à Fraternités monastiques de Jérusalem
Début de la construction 1120
1185 (chœur et transept)
Fin des travaux 1150
1190 (chœur et transept)
Style(s) dominant(s) Roman
Gothique(chœur et transept)
Protection  Classé MH (1840)
 Patrimoine mondial (1979)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Bourgogne
Département Yonne
Ville Vézelay
Coordonnées 47° 27′ 59″ N 3° 44′ 54″ E / 47.466389, 3.74833347° 27′ 59″ Nord
       3° 44′ 54″ Est
/ 47.466389, 3.748333
  

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Basilique Sainte-Marie-Madeleine de VézelayAncienne abbatiale de l'abbaye de Vézelay

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Basilique Sainte-Marie-Madeleine de VézelayAncienne abbatiale de l'abbaye de Vézelay

La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay est une ancienne abbatiale française établie à Vézelay en Bourgogne, dans le département de l'Yonne.

Sur la route qui mène à Vézelay, la croix Montjoie symbolise la joie du pèlerin apercevant pour la première fois la basilique.

En effet, c'est à pied qu'il faut rejoindre ce haut lieu de la chrétienté du Moyen Âge, lieu de pèlerinage important sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Le tympan du narthex de la basilique est un des chefs-d'œuvre de la sculpture romane.

La basilique fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840[1]. Elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979.

Sommaire

Chronologie

Façade de la basilique. Construite au XIIe siècle, modifiée au XIIIe, elle fut restaurée au XIXe par Eugène Viollet-Le-Duc et le sculpteur Pascal.

Vers 858 ou 859, fondation d'un monastère de moniales par Girart de Roussillon et sa femme Berthe à l'emplacement actuel de Saint-Père, placé sous l'invocation de la Vierge. Une bulle pontificale de Nicolas Ier, en 863, garantit la protection directe par le Saint-Siège de l'abbaye de Vézelay qui échappe ainsi à l'autorité des évêques d'Autun. Les privilèges de l'abbaye seront confirmés en 868 par le roi Charles le Chauve.

En 873 l'abbaye de Saint-Père est dévastée par les Normands qui remontent la Seine, l'Yonne et la Cure. Les moines bénédictins s'installent au sommet de la colline de Vézelay, l'abbaye passe sous le vocable de Saint-Pierre. Le pape Jean VIII dédicace la première église carolingienne du monastère en 878, dont la crypte subsiste de nos jours.

En 882, à la suite de troubles provoqués par les Sarrasins en Provence, un moine nommé Badilon est envoyé à Saint-Maximin en Provence pour ramener les reliques de Marie de Magdala. Un deuxième incendie de l'abbaye arrive entre 907 et 927.

Les premiers conflits entre les abbés de Vézelay et les comtes de Nevers éclatent en 1027. Ces conflits reviennent en 1147, en 1149, en 1152, en 1161. Avec l'appui du comte de Nevers, Landry de Nevers, l'abbé de Cluny, Odilon, intervient à Vézelay pour rétablir l'ordre. Il chasse de l'abbaye de Vézelay l'abbé Hermann. Cette intervention de l'abbé de Cluny intervient à un moment d'affrontement entre Cluny, les évêques et la papauté. L'abbé de Cluny, Odilon, prétextant d'un privilège du pape Grégoire V sur le libre choix du prélat consécrateur avait choisi un autre prélat que l'évêque du diocèse dont relevait Cluny. Les évêques réunis dans un concile à Anse en 1025 rappellent que ce privilège était en violation du canon IV du concile de Chalcédoine qui soumettait les monastères à l'évêque de leur diocèse. Le 26 mars 1027 le pape Jean XIX répond au cours d'un concile réuni à Rome par la primauté de l'église romaine, "tête et gond" de toutes les églises de la chrétienté. Il ajoute qu'une traditio avait fait de Cluny la propriété de la seule papauté qui était, de ce fait, placé sous la seule juridiction de l'évêque de Rome. L'acte pontifical du 28 mars 1027 confirme l'exemption clunisienne. Pour justifier l'intervention de Cluny les responsables citent les privilèges apostoliques consacrant la liberté de l'abbaye de Vézelay face à la règle de soumission de l'abbaye à l'évêque du diocèse. Cette liberté était basée sur les privilèges pontificaux obtenus depuis 863. À partir de cette tradition rattachant Vézelay à Rome, les abbés de Cluny cherchent à obtenir que tous les monastères dépendant du siège de Rome relèvent de l'acte pontifical du 28 mars 1027. L'évêque Adalbéron de Laon raille en 1027 le "roi Odilon". Les évêques s'opposent violemment à cette intervention de Cluny. Guillaume de Volpiano, pourtant proche de Cluny, écrit que la réforme de Vézelay était dangereuse pour Cluny. Cluny doit abandonner son projet et, Hermann, l'abbé « ignominieusement » chassé peut revenir à Vézelay avec ses moines.

En 1037, l'abbé Geoffroy remplace l'abbé Hermann et réforme l'abbaye. Il expose les reliques de Marie-Madeleine. Des miracles se produisent. Les pèlerins affluent et font de Vézelay une étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. En 1050 l'abbaye, qui était à l'origine placée sous l'invocation de sainte Marie, passe sous le patronage de Marie-Madeleine. En 1058 le pape reconnaît solennellement les reliques. Les textes ne permettent pas de connaître la succession des abbés de Vézelay entre 1050 et 1096, date de l'élection de l'abbé Artaud. On suppose que le rattachement de l'abbaye de Vézelay à l'abbaye de Cluny n'a pu intervenir qu'après la mort de l'abbé Geoffroy, probablement avant 1058, et que l'abbé de Cluny, Hugues de Semur, a rempli la fonction d'abbé de Vézelay pour rétablir la discipline monastique. C'est ce que laisse penser la "Vie de saint Hugues" rédigée par Renaud de Semur vers 1126 : "Qui ramena l'église Sainte-Marie-Madeleine à la primitive observance régulière, si ce n'est ce saint homme !". Un acte délivré par le pape Étienne IX en mars 1058 place l'abbaye de Vézelay au nombre des monastères soumis, à cette époque, à l'abbé Hugues de Cluny. Cette hypothèse est d'autant plus probable qu'un acte du pape Victor II délivré le 11 juin 1055 confirmant les concessions de Cluny ne mentionne pas l'abbaye de Vézelay. En 1069 les textes mentionnent un abbé Boniface.

La réputation de l'abbaye permet au village de prospérer. Le bourg se développe et devient une ville qui attire de plus en plus de pèlerins tels que le duc de Bourgogne Hugues II et sa cour en 1084. Ou, plus tard, Bernard de Clairvaux (saint Bernard) qui vient pour prêcher la 2e croisade en 1146, Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion, avant leur départ pour la 3e croisade en 1190, ou encore Louis IX en 1248… En 1076 le pape Grégoire VII cite l'abbaye de Vézelay parmi les neuf abbayes soumises à l'ordinatio de Cluny. 1096 : L'abbé Artaud entreprend l'édification d'une nouvelle église, un nouveau chœur et un nouveau transept sont construits, les travaux dureront jusqu'en 1104. Seule la nef de l'église carolingienne sera conservée.

En 1098 l'évêque d'Autun, Norgaud de Toucy, (1098-1112), profitant de la querelle avec l'église de Saint-Maximin, jaloux de l'indépendance de l'abbaye, interdit le pèlerinage. Dans un acte du 15 novembre 1100 le pape Pascal II confirme le rattachement de l'abbaye de Vézelay à celle de Cluny. Dans cet acte il réduit les dépendances de Cluny au rang de prieurés, mais autorise douze maisons à garder leur titre d'abbayes. Il rappelle que l'abbé doit être désigné, sans violence ni ruse, par l'accord de tous les frères ou par la sanior pars, selon la Règle de saint Benoît, mais avec l'avis de l'abbé de Cluny. Ces abbayes, comme Vézelay, étaient souvent plus anciennes que Cluny et acceptaient mal cette dépendance. En 1103 les moines obtiennent l'appui du pape Pascal II qui fait une bulle d'approbation des reliques.

Le 21 avril 1104 a lieu la dédicace du chœur et du transept de la nouvelle église. Mais en 1106 les habitants, qui ne supportent plus la charge du financement des travaux de construction de la nouvelle église, se révoltent et tuent l'abbé Artaud. Renaud de Semur (1106-7 août 1129), petit-neveu de l'abbé de Cluny Hugues de Semur, devient abbé de Vézelay avant d'être archevêque de Lyon. Les chapiteaux sont peut-être commencés dès cette date.

Nommé en 1116/1117 par l'abbé Pons de Melgueil, Pierre le Vénérable est écolâtre et prieur à Vézelay jusqu'en 1120 avant de rejoindre l'abbaye de Cluny et d'en devenir l'abbé en 1122. Il est probable qu'il a dû inspirer les thèmes des chapiteaux et des tympans[2].

Le 21 juillet 1120 c'est lors de la veillée de Sainte-Madeleine que la charpente de l'abbatiale prend feu et s'effondre (causant la mort de 1127 personnes d'après la Chronique de Saint-Maixent). L'abbé Renaud de Semur, reparator monasterii Vezeliacensis, entreprend la reconstruction de la nef. Elle est achevée vers 1132. Les irrégularités du plan de la nef près du transept sont dues au raccordement avec les piles de l'église de l'abbé Artaud. La construction aurait été entreprise d'ouest en est. Après 1125 les moines auraient fait appel au célèbre Gislebertus d’Autun pour le tympan du portail central qui offre, malgré les destructions révolutionnaires, quelques traces de son style. Par contre Jean Adhémar attribue le tympan du portail central au maître des chapiteaux du déambulatoire de Cluny.

En 1129, malgré les avis répétés du pape Calixte II en 1120 et Honorius II en 1125, après le départ de Renaud de Semur qui a été nommé archevêque de Lyon, les moines passent outre l'avis de l'abbé de Cluny et désignent un abbé qui reçoit la bénédiction de l'évêque d'Autun trop heureux de rétablir son autorité sur l'abbaye. En 1131, avec l'approbation du pape Innocent II, l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable choisit le sous-prieur de Cluny, Albéric, comme abbé de Vézelay. Les moines rebelles à l'autorité de Cluny sont répartis dans des monastères clunisiens. Le nouvel abbé doit affronter l'opposition des moines, celle de l'évêque d'Autun Étienne Ier de Baugé puis Robert de Bourgogne, et l'hostilité des comtes de Nevers Guillaume II et Guillaume III.

En 1132 consécration de la chapelle des pèlerins qui est très probablement la chapelle de l'hôtellerie. Après 1135 et l’achèvement de la nef, les travaux se poursuivirent par l’avant-nef, construction des trois travées du narthex roman à l'avant de la nef. Renaud de Semur avait voulu donner une signification particulière à sa réalisation grâce à un vaste programme sculpté : les trois portails de la nef ont été confiés à des sculpteurs dont le principal avait exécuté les chapiteaux de l’abside de Cluny. La construction de cette avant-nef s'était imposée pour permettre la formation des processions comme à Cluny.

En 1138 Albéric est nommé cardinal-évêque d'Ostie. C'est le propre frère de l'abbé de Cluny Pierre le Vénérable, Ponce de Montboissier, qui est élu abbé de Vézelay. Ce nouvel abbé voulut assoir l'indépendance de l'abbaye vis-à-vis de l'évêque d'Autun. Entre 1145 et 1152 réalisation de la voûte de la chapelle Saint-Michel située à l'étage sur la tribune avec une croisée d'ogives, la plus ancienne de Bourgogne et l'une des plus anciennes de France. Consécration de la chapelle par Hugues d'Amiens, archevêque de Rouen (1129-1164).

En 1151 le pape Eugène III institue une enquête sur les droits respectifs des évêques d'Autun et des abbés de Vézelay.

Saint Bernard prêchant la 2e croisade, à Vézelay, en 1146.

31 mars 1146 : Le jour de Pâques, Bernard de Clairvaux, abbé de Clairvaux, prêche la seconde croisade sur le versant nord de la colline. En 1159, à la mort du pape Adrien IV, élection du pape Alexandre III. Une minorité de cardinaux favorables à l'empereur Frédéric Barberousse élisent l'antipape Victor IV. Alexandre III doit se réfugier à Sens en 1162 jusqu'en 1165. Pendant ce schisme l'abbé de Cluny soutient l'antipape Victor IV et celui de Vézelay, Guillaume de Mello,le pape Alexandre III.

En 1162 le pape Alexandre III, pour récompenser le soutien de l'abbé de Vézelay, permet à l'abbaye se séparer de la congrégation de Cluny. L'abbaye s'affranchit de l'évêque d'Autun en se plaçant sous la protection du roi de France. En 1165 un incendie ravage la crypte située sous le chœur. C'est en 1166 que l'archevêque de Cantorbéry Thomas Becket prononce dans l'église l'excommunication du roi Henri II d'Angleterre.

La construction d'un chœur et d'un transept gothique est entreprise en 1185 vraisemblablement à l'initiative de l'abbé Girard d'Arcy (1171-1198). Le 2 juillet 1190 l'armée anglaise de Richard Cœur de Lion et l'armée française de Philippe-Auguste partent de Vézelay pour la 3e croisade.

Le chœur a dû être terminé par l'abbé Gautier (1207-1216) qui a fait bâtir le transept. La fondation du premier couvent franciscains de France, sur le flanc nord-est de la colline date de 1217. En 1265 deux légats pontificaux viennent spécialement à l'abbaye pour procéder à une nouvelle reconnaissance des reliques de Sainte Marie-Madeleine. Mais en 1279, l'ouverture du tombeau de la sainte à Saint-Maximin confirme qu'il contenait bien les reliques de la sainte. Les pèlerins vont progressivement se détourner de l'abbaye. Le pape Boniface VIII prend alors le parti de l'abbaye de Saint-Maximin.

Vers 1347 construction de la tour occidentale en style gothique. Ce sera le dernier grand chantier de l'abbaye avant son déclin. L'Abbé de Vézelay délivre un certificat le 10 février 1449 constatant les titres établissant l'exemption de l'Abbé de l'Abbaye de Saint-Martin d'Autun de la juridiction de l'évêque d'Autun au sujet d'Anzy[3].

En 1458 le pape Pie II constate que les pèlerins ont délaissé l'abbaye et que les aumônes sont faibles. En 1537 le pape Paul III sécularise l'abbaye. Les moines sont remplacés par quinze chanoines séculiers placés sous l'autorité d'un abbé nommé par le roi. Au cours des années1568 et 1569 l'abbaye est occupée et mise à sac par les huguenots. L'abbé est dépouillé de sa prétendue juridiction quasi épiscopale en 1673 par arrêt du Conseil. En 1760 les bâtiments abbatiaux à l'abandon sont partiellement vendus et démolis.

La Révolution

En 1790 l'abbatiale de Sainte Marie-Madeleine devient une simple église paroissiale. L'abbaye, vendue à la Révolution, a servi de carrière de pierres : il n'en reste pratiquement rien. Seule la salle capitulaire est encore en bon état de conservation, servant aujourd'hui de chapelle. Le long de cette salle, il reste quelques arcades du cloître. Les maisons adjacentes portent toutes des traces des bâtiments conventuels qui étaient sans doute de grande proportion. En 1793 les sculptures extérieures des portails sont martelées.

XIXe - XXe siècle

Le 22 octobre 1819 nouvel incendie dû à la foudre qui s'est abattue sur la tour Saint-Michel. C'est en 1840 qu'intervient Eugène Viollet-le-Duc pour la restauration du bâtiment, suite à l'inspection faite par Prosper Mérimée, et le placement sur la liste des monuments historiques de 1840[1]. Cette protection au titre des monuments historiques inclut le bâtiment des moines, comme confirmé par la Commission supérieure des monuments historiques du 25 mars 1968[1]. La restauration s'achève en 1876 par la remise des reliques de Sainte Marie-Madeleine et le rétablissement des pèlerinages qui seront de nouveaux arrêtés en 1912.

Enfin en 1920, Sainte Marie-Madeleine est érigée au rang de basilique et les pèlerinages peuvent enfin reprendre. À partir de 1945 retour des moines avec la venue d'une petite équipe de bénédictins de l'abbaye de la Pierre-Qui-Vire. Entre 1953 et 1993 les franciscains succèdent aux moines de la Pierre-qui-Vire.

Vue de la nef depuis le chœur de la basilique. On distingue d'abord la croisée du transept, puis la nef (en arrière-plan).

Revenus, titres, propriétés

(liste non exhaustive) L'Abbaye est taxée 1500 florins et vaut 20.000 livres.

Liste des Abbés

Le chapitre est composé d'un abbé à la nomination du roi, d'un doyen, d'un archidiacre, d'un chantre et de douze chanoines, alternativement à la nomination du roi et de l'abbé qui est seigneur de la ville (liste non exhaustive)

Abbés réguliers
  • 878 & 897 - Eudes ou Odon.
  • 907 & 933 - Aimon . De son temps l'abbaye fut réduite en cendres.
  • 941 & 973 - Gui
  • 956 - Gérard
  • 974 & 986 - Eldrard
  • S - D - Robert I
  • 1008 - Evrard . Henri duc de Bourgogne chargea Maïeul, alors abbé de Saint-Bénigme de rétablir ce monastère.
  • 1011 - Erman
  • 1037 & 1049 - Geoffroi I
  • 1052 - Boniface
  • 1074 - Bernon
  • 1083 - Etienne
  • 1087 - Joceran
  • 1096 - Arnaud De son temps, Hugues, abbé de Cluny, mit la réforme. Arnaud fit dédier la nouvelle église en 1104 et fut tué quelque temps après par ses vassaux.
  • S - D - Robert II
  • 1106 - 1129 - Rainaud de Semur, neveu de Saint Hugues, béni par Pascal II en 1106 et mourut le 7 août 1129
  • 1130 - Albéric était abbé à cette date suivant la chronique qui se trouvant dans le tome I de la bibliothèque du Père Labbe (p.397); Innocent II le créa Cardinal, Évêque d'Ostie. Il fut chargé de plusieurs ambassades en Angleterre, en Syrie et en France. Il ne fut abbé de Vézelay que très peu de temps et eut pour successeur Guillaume I de Sabran, moine de Cluny, qui devint évêque de Langres en 1136.
  • 1146 ca - Ponce de Montboissier serait le frère utérin de Pierre le Vénérable. Il eut de grands différends avec Humbert, évêque d'Autun, avec son successeur, Henri, ainsi qu'avec Guillaume comte de Nevers. Il ordonna à Hugues de Poitiers de rédiger l'Histoire de Vézelay[4]. Il est décédé le 14 octobre 1161. Ce fut de son temps le 31 mars 1146 que se tint à Vézelay cette assemblée où l'on résolut une nouvelle croisade.
  • 1162 ca - Guillaume I de Mello' ou de La Roche Merlot fut transféré de Saint-Martin de Pontoise à Vézelay le jour même de la mort de Ponce et confirmé par le Cardinal Otton, Légat du Saint-Siége, malgré Guillaume, Comte de Nevers, de la part de qui il eut beaucoup à souffrir. Il se trouva en 1162 à l'entrevue qui se fit à Saint-Jean de Laune entre Louis VII et l'empereur Frédéric. Puis, l'année suivante, il était au Concile de Tours. Il fonda un prieuré de filles dit de Merlon à trois lieues de Clermont en Beauvoisis et décéda en 1171.
  • 1171 - Girard, mourut le 15 avril 1198
  • 1198 - Hugues I, religieux de Vézelay, élu en 1198, déposé en 1208, par Innocent III pour avoir endetté le monastère.
  • 1208 - 1216 - Gauthier
  • 1216 - 1226 - Pierre I
  • 1226 - 1229 - Savaric
  • 1230 - 1245 - Guichard fut démis en 1245.
  • 1248 - 1252 - Hugues II abbé de la Chapelle, transféré à Vézelay en 1248.
  • 1252 - Jean I d'Auxerre, élu en 1252, c'est lui ou son successeur qui exposa les reliques de sainte Magdeleine qui furent déposées dans une châsse d'argent en 1267 en présence de Saint-Louis
  • 1274 - Jean II décéda au concile de Lyon en 1274.
  • 1281 - Milon de la Colombe ou des Colombiers; mourut en 1281
  • 1281 - 1287 - Geoffroi II, élu en 1281, se démit en 1287
  • 1287 - 1290 - Guillaume II
  • 1290 - 1316 - Hugues III d'Auxy
  • 1316 - 1316 - Blenet décéda avant d'être confirmé
  • S - D - Guillaume III transféré à Molesme d'où il avait été tiré.
  • S - D - Jean III de Conflans que l'on dit avoir permuté pour l'abbaye Saint-Médard de Soissons avec le suivant
  • 1316 & 1328 - Artaud de Flotte fils du chancelier Pierre de Flotte
  • 1335 - Jean IV d'Arsy
  • S - D - Nicolas I de Meldun conseiller du roi
  • 1377 - Hugues IV de Maison-Comte
  • 1408 - Josseran de Pomeroy ou de Pomiers
  • S - D - Pierre II de Modon assista au concile de Pise
  • 1433 & 1437 - Alexandre
  • 1443 - Guillaume IV de Malestroit
  • 1457 - Aubert de La Chasse surnommé Le Bon Abbé
  • 1485 & 1494 - Pierre III de Balzac
  • S - D - Pierre IV l'Usurier procureur de l'abbaye, élu par les religieux, fut obligé de céder au précédent.
  • 1495 - Dieu Donné de Beduer, dernier abbé régulier de Vézelay élu en 1495, était auparavant chanoine régulier de Saint-Antoine de Viennois. De son temps François Ier voulut faire ériger Vézelay en siège épiscopal. N'ayant point obtenu cette érection il se contenta de la sécularisation. La Bulle accordée à ce sujet par Paul III est du 3 des Ides de janvier 1537. Philibert de Beaujeu, évêque de Bethléem, la fulmina le 16 avril suivant. Dieu-Donné décéda en 1542
Abbés commendataires
  • S - D - Antoine Sanguin, cardinal de Meudon
  • 1560 & 1561 - Odon ou Odet de Coligny, cardinal de Châtillon
  • 1573 & 1580 - Louis-Charles ou Louis de Lorraine, cardinal de Guise
  • 1587 & 1592 - Nicolas II Jannin
  • 1593 - Jean V Jurain
  • 1601 & 1621 - Erard de Rochefort de Pluvault, doyen d'Autun et d'Auxerre, abbé répara l'abbaye.
  • 1630 & 1658 - François de Rochefort
  • 1658 - 1702 - Louis Fouquet, évêque d'Agde
  • 1702 - 1758 - Pierre V Guérin de Tencin, archidiacre de Sens, nommé le 15 avril 1702, fut ensuite archevêque d'Embrun, décéda archevêque de Lyon et cardinal le 2 mars 1758
  • 1760 - 1769 - Anne-Louis Berthier de Sauvigny, ancien doyen, nommé au mois de février 1760, il décéda au début de 1769, il fut aussi abbé de Saint Séver du Cap.
  • 1769 - Louis-Marie Le Bascle d'Argenteuil, ancien aumônier du Roi, également abbé de Châtillon-sur-Seine.

On trouve également le nom de Guillaume L'Auverjat, qualifié d'abbé au XVe siècle, dans le nécrologue de Notre-Dame de Nevers[5].

La basilique aujourd'hui

Ce n'est qu'en 1979 que la basilique est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Le 7 octobre 1993, sous les auspices de l'UNESCO et de la Présidence de la République, a lieu la recréation française télévisée de la Messe Solennelle d'Hector Berlioz, par le chœur et l'orchestre de la Philharmonie de Cracovie, sous la direction de Jean-Paul Penin.

Depuis le 1993 les Fraternités monastiques de Jérusalem ont en charge l'animation spirituelle de la basilique en y célébrant trois fois par jour la liturgie, en renouant avec les liturgies de Noël, du dimanche des Rameaux, des vigiles pascales et de la grande fête de Pâques. Moines et moniales assurent aussi les visites de la basilique tout au long de l'année et vivent de leur travail à mi-temps (pour préserver leur vie contemplative) en assurant le secrétariat des visites, le secrétariat de l'accueil spirituel. Ils accueillent tous ceux qui le désirent dans deux hôtelleries (Maisons Béthanie et Saint-Bernard). Ils tiennent un magasin à côté de la basilique, « La Pierre d'Angle ».

La basilique de Vézelay est également une paroisse dont le recteur actuel est Monseigneur François Tricard.

Vézelay et la lumière

A 14h27 le 23 juin 1976 dans la nef de la basilique de Vézelay, le Père Hugues Delautre o.f.m. a donné rendez-vous au soleil, à cet instant précis en culmination par rapport à la terre, pour qu'il lui manifeste le secret de l'édifice. Photographie de François Walch (cliquez sur l'image).

En 1976 après plus de huit siècles, Hugues Delautre l'un des pères franciscains chargés depuis 1966 de la desserte du sanctuaire de Vézelay, découvre que non seulement l'axe d'orientation de La Madeleine, mais aussi sa structure interne, ont été déterminés en tenant compte de la position de la terre par rapport au soleil. Chaque année la fête de Jean-Baptiste révèle les dimensions cosmiques de cette église : au plein midi du solstice d'été, quand le soleil est en culmination par rapport à la terre la lumière venue des fenêtres sud projette des flaques lumineuses qui s'établissent dans le plein milieu de la nef avec une rigoureuse précision[6],[7],[8],[9].

Pour atteindre la signification de ce signe objectif le Père Hugues Delautre se réfère aux textes du XIIe siècle (Suger de Saint-Denis, Pierre le Vénérable, Honoré d'Autun) et habite longuement le monument avec la mentalité symbolique de l'époque pour laquelle le sens se révèle à partir des signes sensibles par la voie anagogique (littéralement ascension vers l'Incréé) où le regard dépasse la réalité du signe pour atteindre cet au-delà du signe qui est Dieu et son mystère. Se laissant informer progressivement par la lumière de Vézelay, il conclut ainsi : « Le bâtisseur, fasciné par la beauté de l'univers qu'il reconnaît être l'œuvre de Dieu, n'a-t-il pas édifié cet "atrium du Ciel" à l'image de Dieu qui a créé "dans l'ordre, la mesure et la beauté" ? Il pourrait affirmer comme Salomon qui a construit le Temple de Jérusalem dans une totale soumission aux normes directrices fixées par Dieu : « Tu m'as ordonné de bâtir un temple, sur ta montagne sainte… une copie de la Demeure sacrée que tu fondas dès l'origine » (Sagesse 9, 8). La nef est l'expression de la soumission admirative de l'homme roman à l'égard de l'ordonnance du plan divin exprimé dans la création tout entière. « Les Cieux racontent la gloire de Dieu et l'œuvre de ses mains le firmament la clame » (Psaume 18, 2) ».

Quelques dimensions et caractéristiques

Plan du chœur
Vue de la nef vers le narthex - dessin de Viollet-le-Duc.
  • Longueur extérieure : 120 m
Le narthex
  • Largeur intérieure du narthex : 23,5 m [10]
  • longueur du narthex : 22 m
  • hauteur du narthex : 19,5 m
La nef
  • Longueur de la nef : 62,50 mètres
  • Hauteur des voûtes du vaisseau central de la nef : 18,55 mètres
  • Largeur de la nef, y compris ses deux collatéraux : 23,25 m
  • Largeur du vaisseau central entre les deux axes des piles : 11 m
  • Largeur de chaque collatéral : 6,2 m
  • hauteur de chaque collatéral : 7,5 m
Le chœur
  • Hauteur sous voûte du chœur : 22 m
  • Longueur du chœur : 26,6 m
  • Largeur du chœur : 10,65 m
Les tours
  • Hauteur de la tour Saint-Michel : 38 m
  • Hauteur de la tour Saint-Antoine : 35 m
Autres
  • Les piles de la nef sont cruciformes avec quatre demi-colonnes engagées. Chaque pile fait 2,5 mètres de large.
  • L'élévation de la nef est à deux niveaux (grandes arcades et fenêtres hautes). Celle du chœur est à trois niveaux (grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes). Quant au narthex, il comporte deux niveaux : grandes arcades et tribunes.
  • La voûte de chaque travée du vaisseau central de la nef pèse 45 tonnes.

L'extérieur de la basilique

Chef-d'œuvre d'architecture romane du XIIe siècle, la basilique fut rénovée par Viollet-le-Duc à partir de 1840. L'église figure sur la première liste des monuments historiques de 1840.

La façade occidentale

Elle a été profondément remaniée au XIXe siècle. La façade d'origine avait déjà été modifiée dès le XIIIe siècle par l'adjonction du grand pignon, comportant d'étroites baies élancées. Elle présente trois portails dont seul le portail central est doté d'un tympan sculpté.

Le pignon de la façade présente une disposition très originale. Car non seulement il sert à masquer les combles de l'édifice - ce que font normalement tous les pignons -, mais il sert aussi de tympan aux voûtes du narthex. Les baies de la partie inférieure de ce pignon forment en effet un jour qui procure de la lumière au narthex. Fait très rare, les rampants de ce pignon, au lieu d'être rectilignes, sont formés par deux courbes formant un arc brisé.

Les statues qui décorent la partie supérieure de ce pignon représentent, au sommet, le Christ assis, tenant le livre des Évangiles et bénissant ; deux anges portent une large couronne au-dessus de sa tête. À la droite du Christ, se trouve la Vierge, à sa gauche Marie-Madeleine. Enfin aux deux extrémités du groupe deux anges sont représentés.

Entre les fines baies de la façade situées dans la partie inférieure du pignon, et éclairant le narthex, on peut voir de grandes statues de saints : saint Jean l'Évangéliste, saint André, Jean le Baptiste, saint Pierre, saint Paul et saint Benoît.

Deux tours devaient compléter l'ensemble, mais celle de gauche ne fut jamais construite. Celle de droite, ou tour Saint-Michel, se termine par une plate-forme et est accessible par un escalier débutant dans le narthex (du sommet, on a une vue absolument splendide). Construite au XIVe siècle, la tour est de style gothique.

Le tympan du Jugement Dernier

Le tympan du portail central de la façade ou tympan du Jugement dernier.

Le tympan qui surmonte le portail central de la façade représente le Jugement dernier. Il fut exécuté en 1856 par le sculpteur Pascal, sous la direction de l'architecte Viollet-le-Duc. La réalisation de ce tympan au XIXe siècle, dans le style néo-roman, fortement critiquée au départ, semble cependant être une bonne réussite. L'ancien tympan, qui avait été martelé à la Révolution et était devenu presque lisse, a été replacé contre le mur extérieur de la huitième travée de la nef, du côté sud (à droite).

La composition est classique et inspirée d'autres Jugements Derniers de la même époque. Au centre le Christ préside la scène, les deux bras grand ouverts. À ses pieds, à sa gauche, l'archange saint Michel, un diable hideux à ses côtés, procède à la pesée des âmes. Les damnés, généralement nus, se dirigent vers l'enfer et sont avalés par la gueule d'un monstrueux Léviathan. À la droite du Christ, les élus sont menés vers la Jérusalem Céleste.

Le chœur et le chevet

Le chœur est d'époque gothique. Vers 1185-1190, sous l'abbatiat de Girard d'Arcy, un transept et un chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes gothiques voûté d'ogives y ont été construits, suite à l'effondrement du chœur roman d'origine.

L'intérieur de la basilique

Le narthex

Le narthex est d'époque romane ; il fut construit vers 1145-1150 après la nef. La construction de cette avant-nef s'était imposée pour permettre la formation des processions comme à Cluny.

Profond de trois travées, il est de vaste dimension : à peu près carré, il mesure 23,5 mètres de largeur sur 22 de profondeur et comporte trois vaisseaux comme la nef.

Au fond du narthex, trois portails s'ouvrent sur la nef de la basilique ; ils sont chacun surmontés d'un tympan sculpté. Deux petits portails encadrent le grand portail. Celui de droite est consacré à l'Enfance du Christ, celui de gauche, à des scènes après la Résurrection. Le portail central traite de deux thèmes : le Christ monté au Ciel, trônant en gloire à la droite du Père, accomplit la promesse qu'il a faite aux apôtres le jour de l'Ascension, il les remplit du don du Saint-Esprit à la Pentecôte. Jean Adhémar y voyait une illustration du De Miraculis de l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable

Une particularité : il possède un étage de larges tribunes, contrairement au reste de l'édifice. Celles-ci surmontent les deux collatéraux ainsi que la troisième travée du vaisseau central. Cette dernière tribune (au-dessus du grand portail situé au fond du narthex), ou tribune centrale, ouvre sur la nef. La balustrade de cette tribune centrale est ornée d'une frise d'arcs en mitre. Détail très important : la voûte sur cette tribune centrale est gothique et possède des arcs ogives. C'est un des premiers exemples qu'il y ait en France de ce genre de structure, les autres voûtes du narthex étant romanes, d'arêtes très surhaussées. Les tribunes latérales qui se trouvent au-dessus des collatéraux s'ouvrent sur la partie centrale par des petits arcs en plein cintre reposant sur des colonnettes.

Eugène Viollet-le-Duc qui donnait aux narthex le nom de « porches fermés », estimait que celui de Vézelay était « certainement une des œuvres les plus remarquables du moyen âge » et en fit plusieurs fort beaux croquis[11].

Les travaux de ferronnerie ont été confiés à Pierre François Marie Boulanger qui réalisa toutes les pentures et serrures des portes à l'intérieur du narthex et de la porte extérieure d'accès à la nef latérale nord[12].

Le portail central du narthex et son tympan

Le portail central du narthex de la Basilique et son tympan. Ouverture du portail pour la sortie de la messe.

Le tympan du portail central, ou grand tympan du narthex, est un des plus grands chefs-d'œuvre de l'art sculptural roman en France. Il représente la création historique de l'Église, avec le Christ bénissant les apôtres et leur assignant la mission de convertir les nations. Cette thématique est tout à fait unique dans l'art roman.
Toute la scène est organisée autour du Christ en gloire. Ce dernier domine les autres personnages par sa taille. Celle-ci est en effet proportionnelle à l'importance des personnages représentés.

Le visage impassible du Christ contraste avec sa position en forme d'éclair et le mouvement tourbillonnant de ses vêtements. Des rayons partent latéralement de ses mains, en direction des apôtres. Cela symbolise la transmission de l'esprit du Christ ainsi que l'attribution d'une mission à ces derniers : "Allez et enseignez toutes les Nations".
Les douze apôtres tiennent à la main le livre Sacré et sont prêts à partir aux quatre coins du monde. Et ce monde est représenté dans toute sa diversité : dans huit caissons, disposés en demi-cercle en bordure supérieure du tympan, on peut reconnaître de gauche à droite, d'abord deux apôtres en train d'écrire, puis les Juifs, les Cappadociens, les Arabes semble-t-il, les Cynocéphales censés habiter aux Indes, les Phrygiens, les Byzantins et les Arméniens.

Dans la première voussure entourant ce tympan, les signes du zodiaque alternent avec les travaux des mois.

Au linteau, on a représenté les peuples connus (à gauche) et inconnus (à droite) marchant vers le centre, c'est-à-dire l'Église du Christ, symbole de leur conversion. Peuples connus et inconnus se dirigent ainsi vers deux personnages de haute taille placés aux pieds du Christ et qui doivent amener ces peuples à ce dernier ; il s'agit de saint Pierre, reconnaissable grâce à sa clé, et saint Paul, les deux piliers principaux de l'Église.

Au trumeau de ce portail central se dresse la statue de Jean le Baptiste, Précurseur du Christ. Il tient de la main droite son traditionnel plateau, portant l'agneau mystique surmonté de la croix.

Le portail de droite

Le tympan du portail de droite (au sud) est consacré à Marie et à la Nativité. On y voit l'Annonciation, la Visitation, la naissance du Christ ou Nativité et aussi l'Adoration des Rois Mages.

Le portail de gauche

Le tympan de gauche (au nord) représente deux scènes liées à la vie du Christ ressuscité. Le registre supérieur représente soit l'Ascension soit une apparition du Christ ressuscité aux apôtres.
Le registre inférieur retrace la rencontre d'Emmaüs, où les disciples reconnaissent le Christ au partage du pain.

La nef

Vue du bas-côté sud de la nef
Détail de la nef : la frise enjambant une pile.

Plus longue (62 m) que celle des grandes cathédrales françaises comme Notre-Dame de Paris (60 m) ou Notre-Dame d'Amiens (54 m), la large nef est impressionnante. Plus claire que le narthex, elle apparaît comme un long chemin vers le chœur.

Cette nef romane fut achevée en 1140, sous l'abbatiat de Ponce de Montboissier.
Comme dans le narthex, son élévation est à deux niveaux (grandes arcades donnant sur le collatéral, et fenêtres hautes). Elle comporte dix travées dont neuf avec des voûtes d'arêtes séparées par des arcs-doubleaux en plein-cintre, supportés par des colonnes à trois étages. Elle comporte deux bas-côtés, voûtés d'arêtes eux aussi et reposant sur des colonnes à chapiteaux historiés. Les arcs-doubleaux sont bicolores du fait de l'alternance entre les claveaux clairs et les claveaux foncés qui les composent.

La dernière travée de la nef, qui jouxte le transept est voûtée d'ogives, ceci pour ménager une transition avec la croisée du transept où débute la partie gothique de l'édifice (chœur et transept). Elle est donc plus haute que les travées de la nef précédentes.

La nef frappe par sa grande clarté, si on la compare avec d'autres sanctuaires romans. Cela est dû à plusieurs facteurs : la position de l'édifice au sommet d'une colline abondamment baignée par les rayons du soleil, la présence de fenêtres hautes donnant directement dans le vaisseau et aussi larges que le permettait la technique romane, l'absence de vitraux également, et les collatéraux, eux aussi dotés de baies de bonne dimension.

Dépouillée de mobilier et de vitraux, les seuls ornements de l'édifice sont constitués par les décors sculptés liés à son architecture, ce qui accentue l'horizontalité des lieux : frise d'oves, chapiteaux étonnamment et superbement décorés des colonnes et bases des piles élégamment travaillées. Séparant les deux niveaux de l'édifice un joli ruban plissé court sous les voûtes tout au long des murs gouttereaux, enjambant les abaques (ou tailloirs) des puissantes piles.

Les voûtes d'arêtes qui recouvrent la large nef sont rarement utilisées sur d'aussi grandes portées dans l'architecture romane. Cette technique est généralement réservée aux collatéraux. Ce procédé présente dans tous les cas l'avantage d'alléger la pression sur les murs porteurs et donc de permettre la création de fenêtres plus grandes (quoiqu'encore de taille assez réduite comme le montrent les photos). Mais il ne résout pas le problème des poussées et du poids. Ainsi à Vézelay, la déformation (le devers) des murs est bien visible si l'on se place dans le chœur. Elle était inévitable si l'on considère l'énorme poids de 45 tonnes par travée que les murs devaient supporter. Cette déformation fut rapidement constatée à l'époque, si bien qu'on dut maintenir la voûte, d'abord grâce à des tirants de fer traversant la nef, puis au XIIIe siècle par de solides arcs-boutants extérieurs. Notons que le narthex, puissamment épaulé par ses hauts collatéraux à étage, et doté en outre de voûtes à berceau brisé très surélevées, n'eut pas le même problème et n'a donc pas eu besoin d'arcs-boutants.

Un chapiteau de la nef : Le combat de David contre Goliath. À gauche, David brandit sa fronde. À droite, il tue Goliath. (4e pile côté nord)

Pour un sanctuaire comme Vézelay qui recherchait avant tout la lumière, l'évolution vers le gothique était indispensable, et c'est ce qui advint rapidement avec l'édification dès la fin du siècle d'un chœur et d'un transept gothique, soixante-cinq ans seulement après le début de la construction romane de cette nouvelle église.

Le très célèbre Moulin Mystique, grand chef-d'œuvre de la sculpture romane. Moïse verse le grain dans le moulin et saint Paul le recueille. Le moulin, actionné par une roue marquée d'une croix, représente le Christ. La sculpture symbolise le lien entre Ancien et Nouveau Testaments.

Les chapiteaux de la nef

Les colonnes engagées dans les piles de la nef (et du narthex), sont surmontées de superbes chapiteaux sculptés datant du XIIe siècle. Ces remarquables sculptures datent des années 1125-1140, c'est-à-dire de l'époque du roi Louis VI le Gros et de son fils Louis VII le Jeune. Ils montrent l'extraordinaire maîtrise de la pierre dont firent preuve les sculpteurs bourguignons du Moyen Âge.

Les chapiteaux sont parfois, mais rarement sculptés de feuillages ; ils sont pour la plupart historiés et représentent une série de thèmes et sujets bibliques, mythologiques ou fantastiques d'une grande richesse (parmi les plus célèbres, on peut citer le fameux Moulin mystique). On trouve aussi un certain nombre de thèmes moralisants, avec à l'avant-plan le châtiment des méchants. Enfin d'autres chapiteaux décrivent certains épisodes de la vie des saints.

L'ensemble des 118 chapiteaux de la basilique (94 pour la nef et 24 pour le narthex), probablement réalisés par un atelier de cinq maîtres-sculpteurs, est le plus important de la Bourgogne avec celui de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun. Parmi eux, seuls huit ont été refaits au XIXe siècle. Les fragments originaux de ces derniers se trouvent alors au musée lapidaire. Les chapiteaux refaits se remarquent aisément à la couleur blanche de la pierre.

Certains sujets paraissent fort étranges. LEnlèvement de Ganymède par Zeus par exemple, sujet païen et homosexuel de surcroît, semble tout à fait déplacé et anormal dans une église chrétienne, au point que l'on s'est demandé si la scène ne représentait pas autre chose. Certaines rares scènes sont obscures et n'ont pas encore été interprétées.

Les chapiteaux du narthex

Tout aussi splendides que les chapiteaux de la nef, ceux du narthex datent de la même époque et traitent le même type de thèmes. Ils sont en général en excellent état de conservation.

Le chœur gothique

Le chœur gothique de la basilique et l'adoration des moines et moniales de la Fraternité
Autre vue du côté nord du chœur de la basilique.

Construit à la fin du XIIe siècle, le chœur est de style gothique de transition, ou gothique primitif. Son élévation est à trois niveaux : grandes arcades, triforium aveugle et fenêtres hautes. Légèrement plus étroit que la nef, il est baigné d'un flot de lumière et donne une grande impression de verticalité, ce qui contraste avec la moindre clarté et les lignes essentiellement horizontales de la nef. Les voûtes ne reposent plus que sur les faisceaux des piles. Les épais murs porteurs, tels ceux de la nef romane, devenus inutiles, ont été remplacés par de grandes baies vitrées.

Il est entouré d'un déambulatoire sur lequel s'ouvrent neuf chapelles peu profondes, gothiques elles aussi et dotées de grandes fenêtres vitrées, contribuant à inonder le chœur de lumière. Le déambulatoire prolonge, au-delà du transept, les collatéraux de la nef, mais il est nettement plus étroit que ces derniers.
Le chœur proprement dit se termine par une abside semi-circulaire à cinq pans, auxquels correspondent cinq chapelles rayonnantes qui communiquent avec le rond-point du déambulatoire.
La pierre blanche utilisée pour la construction du chœur accentue encore son éclatante luminosité.

Le chœur est plus élevé que la nef. Sa hauteur sous voûte est de 22 mètres contre 18,55 pour la nef. Le triforium comporte des baies géminées, séparées par une paire de colonnettes jumelées et surmontées d'un arc en plein cintre. Les fenêtres hautes sont à lancette simple.
Les voûtes semblent en contradiction avec les grandes arcades des travées correspondantes : ainsi la voûte de la seconde travée est quadripartite alors que le niveau de la grande arcade correspondante est divisé en deux par une colonne supplémentaire au sud et une double colonne au nord.

La symbolique du chœur

La structure du chœur s'inscrit dans la logique du symbolisme de la lumière, suivant l'idée que le Christ est la « Lumière du Monde ». En ce sens, ce chœur apparaît comme le parfait aboutissement de la construction de la basilique, et remplace fort avantageusement l'ancien chœur roman.

Le dépouillement est extrême, l'austérité est quasi totale. Pas de vitraux, pas de chapiteaux historiés, pas de mobilier tant soit peu luxueux. Par de grandes baies, une lumière abondante se répand et enveloppe tout.

Un symbolisme caché règne en ces lieux, et contraste avec l'enseignement fort explicite de la sculpture romane de la nef. Ainsi onze colonnes encadrent ce chœur ; elles représenteraient les onze apôtres rassemblés autour du Christ, lors de la Dernière Cène, après le départ de Judas. Ainsi encore, au triforium, un pilastre remplace les colonnettes jumelées au niveau de la deuxième travée à droite. Il s'agirait du symbole de Judas, la section carrée du pilastre symbolisant le Mal[13].

Le transept

La balustrade gothique du triforium du mur de fond des croisillons du transept (fin du XIIe siècle - dessin de Viollet-le-Duc).

Construit en même temps que le chœur, c'est-à-dire pendant les dernières années du XIIe siècle, en style gothique primitif, le transept n'est pas très large.

Son élévation est similaire à celle du chœur et comporte donc trois niveaux (grandes arcades, triforium et fenêtres hautes). Chaque croisillon comprend deux travées, qui sont dissymétriques au sud : la première travée possède une baie géminée au niveau du triforium, tandis que la seconde n'a qu'une baie simple ; de plus, seule la première travée comporte une grande arcade. Chacune des travées du transept (nord et sud) possède des voûtes quadripartites.

Les extrémités des deux croisillons ne possèdent pas de grands portails. Au nord, il existe seulement une petite porte précédée d'un escalier. Au sud le premier niveau du mur de fond du croisillon consiste en un haut mur qui jouxte le bâtiment de la salle capitulaire. Le deuxième étage des extrémités de ces croisillons est constitué de belles balustrades pleines ou bahuts décorés d'une série de petites arcatures aveugles, sur lesquels sont posées les colonnettes d'un triforium. Comme au niveau du chœur, ce triforium est constitué de baies géminées coiffées par un arc en plein cintre. Enfin le troisième et dernier étage est constitué de trois baies d'une seule lancette chacune, qui contribuent à éclairer le transept.

La crypte

La crypte

La crypte qui se trouve sous le chœur, date de l'époque carolingienne. Elle est assez vaste : 19 mètres de long sur 9 mètres 20 de large. C'est à sa présence qu'est due la surélévation du chœur de la basilique. Elle est couverte de voûtes d'arêtes qui retombent sur douze colonnes de grosseur inégale.
La crypte a contenu les reliques de Marie de Magdala.

Tourisme

Article détaillé : Tourisme dans l'Yonne.

La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay recevait annuellement un million de visiteurs en 2006[14].

C'est un chiffre considérable qui place la basilique en huitième position dans le classement des églises de France les plus visitées, après Notre-Dame de Paris (13 500 000), la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (10 500 000), la Basilique Notre-Dame-du-Rosaire de Lourdes (4 700 000), la Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg (4 000 000), le Mont Saint-Michel (3 250 000), la Cathédrale Notre-Dame de Reims (1 500 000) et la Cathédrale Notre-Dame de Chartres (1 500 000).

Notes et références

  1. a, b et c Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00113932 » sur www.culture.gouv.fr.
  2. Viviane Huys Clavel, Image et discours au XIIe siècle. Les chapiteaux de la basilique Sainte-Marie-Madeleine à Vézelay, L'Harmattan, Paris, 2009 (ISBN 978-2-296-10497-6)
  3. Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Martin d'Autun, Charte n° CL.
  4. Cette histoire se termine en 1167. Hugues de Poitiers y fait des reproches aux moines de Cluny
  5. Liste donnée par : L'Abbé Hugues de Tems, Le Clergé de France, Paris chez Brunet, 1775. t.IV. pp.463-466:496.
  6. Hugues Delautre, Solstices à Vézelay, Zodiaque n° 122, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire (Yonne), Les ateliers de la Pierre-qui-Vire, dépôt légal 1240-3-79, octobre 1979, p. 1 à 6 (Regard renouvelé sur l'église de la Madeleine) suivi de p. 7 à 16 (Entretien au sujet des éclairages des solstices à Vézelay)
  7. Hugues Delautre, Jacqueline Gréal, La Madeleine de Vézelay, Guide et plans, Éditions Franciscaines, Lescuyer, Lyon, ISBN 2-85020-001-8, 1981, p. 27-29 (Architecture cosmique et mystique de la lumière), traduit en anglais, allemand, espagnol, italien et néerlandais
  8. Raymond Oursel, Lumières de Vézelay, Éditions Zodiaque, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire (Yonne), ISBN 2-7369-0203-3, 1993, p. 21 et 105-109 (Les tâches solaires)
  9. Damien Voreux, Vézelay, Éditions Ouest-France, Edilarge, ISBN 2-7373-1608-1, 1994, p. 15-18 (Les jeux de la pierre et du soleil)
  10. Eugène Viollet-le-Duc : Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle
  11. Eugène Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle (rubrique Porche)
  12. Annales archéologiques, Adolphe N. Didron, Édouard Didron, Volume 15, Librairie Archéologique de Didron, 1855 Lire en ligne
  13. Photo du pilastre symbolisant Judas, au triforium du chœur
  14. Tourisme en France - Palmarès 2006

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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Sources

  • Jean de la Monneraye : Sainte Marie-Madeleine de Vezelay, Paris, Horizons de France - Société Française des presses suisses, 1968.
  • Gérard Denizeau : Histoire visuelle des Monuments de France, Larousse, Paris, ISBN 2-03-505201-7, 2003, p. 53.
  • Alain Erlande-Brandenburg : Histoire de l'architecture française (Tome 1), Éditions du Patrimoine, Mengès, Paris, ISBN 2-85620-367-1, 1995.
  • Oursel, Raymond : Bourgogne romane, (7e édition), Édition Zodiaque, La Pierre-qui-Vire (France), 1979.
  • Christian Sapin : Vézelay - Abbaye Sainte-Marie-Madeleine (Yonne), dans Les Dossiers d'archéologie, juillet-août 2002, n° 275 .
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