Anthonis de Roovere

Anthonis de Roovere
Anthonis de Roovere
Deux pages du ms. 711, Bruges, Bibliothèque publique.  Ce livre manuscrit du XVe siècle (vers 1460-1470) est la plus ancienne source connue de nos jours de deux prières rimées en moyen néerlandais du poète urbain brugeois Anthonis de Roovere : un éloge du Saint-Sacrement et une louange à Marie.  Sur la page de droite reproduite ici : un poème de lui, avec acrostiche à lire de bas en haut, qui forme le nom du poète[1]
Deux pages du ms. 711, Bruges, Bibliothèque publique. Ce livre manuscrit du XVe siècle (vers 1460-1470) est la plus ancienne source connue de nos jours de deux prières rimées en moyen néerlandais du poète urbain brugeois Anthonis de Roovere : un éloge du Saint-Sacrement et une louange à Marie. Sur la page de droite reproduite ici : un poème de lui, avec acrostiche à lire de bas en haut, qui forme le nom du poète[1]

Autres noms Anthonis de Rovere[2]
Anthonis de Roouere
Activités Dramaturge
Poète urbain
Prosateur
Naissance vers 1430
Bruges
Comté de Flandre
Flag of the Duchy of Burgundy.svg  Pays-Bas bourguignons
Décès 16 mai 1482
Bruges
Comté de Flandre
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas des Habsbourg
Langue d'écriture néerlandais
Mouvement Littérature des Rhétoriciens
Genres Chronique
Esbattement
Moralité
Poésie
Prose

Anthonis de Roovere, né vers 1430 à Bruges (en Comté de Flandre), et mort le 16 mai 1482, est un poète et un prosateur en moyen néerlandais des Pays-Bas méridionaux.

De Roovere a incarné en lui, de façon fructueuse, deux traditions importantes : celles de la poésie flamande et française[3]. Sa devise est construite sur une anagramme : Den voys hoort eer an (La voix mérite l'honneur)[4].

Sommaire

Biographie

Son père est peut-être Jan de Roovere, en 1428 l'un des fondateurs de la chambre de rhétorique du Saint-Esprit, la première à Bruges[5]. Maître maçon de profession, ce poète urbain de Bruges fut probablement aussi membre de la chambre de rhétorique du Saint-Esprit de sa ville natale. Déjà à l'âge de 17 ans[6], il aurait remporté le premier prix, à Bruges, lors d'un concours organisé par la chambre de rhétorique[7], avec son refrain (genre de ballade) en guise de réponse à la question, proposée par les organisateurs, si le cœur d'une mère est autorisé à mentir.

Si son talent fut aussi apprécié ailleurs, la ville de Bruges saura néanmoins acheter sa loyauté en tant que poète urbain, moyennant une rente annuelle de 6 livres flamandes, versée à partir de 1466. Cette pension, octroyée à De Roovere par le magistrat de Bruges à la demande de Charles le Téméraire, fut également à titre de récompense pour services rendus, en particulier pour l'écriture et la représentation de moralités, d'esbattements et de diverses autres œuvres joyeuses de rhétorique[6]. Ainsi, en 1466, De Roovere avait produit trois moralités à l'occasion de la compétition à Lierre[4]. En outre, de son œuvre dramatique, il ne nous reste plus que son Quicunque vult salvus esse, un jeu autour du Symbole d'Athanase et des Apôtres[6].

En 1468, il composa encore un poème[4] acrostiche[8] sur la mort de Philippe III, duc de Bourgogne, imprimé dans Die Excellente Chronycke van Vlaenderen (L'Excellente chronique de la Flandre)[4]. Cette chronique a été transmise par la voie d'une édition imprimée en 1531 et de sept manuscrits du XVe siècle. Toutes ces sources mentionnent Anthonis de Roovere comme l'auteur d'au moins une partie de la chronique. Vraisemblablement, ce fut De Roovere qui rédigea les textes sur les années 1437 à 1482, comme l'indiquent d'ailleurs la première édition ainsi que plusieurs manuscrits. Il se peut que l'annuité qu’il reçut de la ville de Bruges depuis 1467, soit à mettre en relation avec cette chronique[9]. De Roovere serait également l'auteur d'une carnacioen, c'est-à-dire un chronogramme inclus dans un récit en prose décrivant la Joyeuse Entrée de Marguerite d'York à Bruges (1468). Il est douteux si toute l'histoire peut lui être attribuée[6].

De Roovere dut sa renommée en particulier à son éloge du Saint-Sacrement (Lof van den heijlighen sacramente), un long refrain accroché sur les murs de différentes églises, qui lui valurent le titre de « docteur et poète rhétoricien flamand » (« Vlaemsch doctoor ende poetisch rethorizien »)[6] et le titre de prince de la chambre de rhétorique[10]. Il s'agit également de la seule œuvre imprimée de son vivant dans Die Tafel des kersteliken levens (Le Tableau de la Vie chrétienne) à Gouda chez G. Leeu en 1478 ; aussi la première d'un poète en moyen néerlandais[6], publiée un an après le premier livre imprimé en moyen néerlandais, la bible de Delft de 1477[11].

Publications posthumes

Hormis les contributions de De Roovere insérées dans la chronique susmentionnée parue en 1531, on a publié de lui une dispute sur la paix et la guerre, Van pays ende oorloghe, à Anvers chez Hans van Liesvelt en 1557, réimprimée en 1578 par Jan van Ghelen. Il s'agit d'un long et facile dialogue rimé de 530 vers, dans lequel sont discutés les avantages et les inconvénients de la paix et de la guerre ; la première prenant le dessus sur la seconde[6].

Seulement en 1562 parurent, chez Jan van Ghelen à Anvers, les Rethoricale wercken (Œuvres rhétoriciennes) d'Anthonis de Roovere, un recueil de poèmes – comprenant essentiellement des refrains et des ballades - édité et introduit par Eduard de Dene. Dans une séquence aléatoire se trouvent ici rassemblés des poèmes religieux – parmi lesquels de nombreuses louanges assez sophistiquées en l'honneur de la Vierge Marie -, ainsi que des textes éthiques et didactiques, dont certains sont emblématiques et réservés, alors que d'autres sont tristes ou, d'un air méprisant, témoignent de la rage et du vide dans ce monde. Il y a également des satires étonnamment fortes - y compris quatre rondeaux particulièrement acerbes – sur un système social vicieux dont le petit homme, modeste et honnête, est toujours la dupe. Puis, il y a des ballades aux sujets historico-allégoriques, amoureuses ou folles, et des refrains plus simples[6].

Notoriété de l'auteur & appréciation de son œuvre

Outre les récompenses reçues durant sa vie, comme le prix remporté à Bruges ou l'annuité, l'appréciation de ce poète est illustrée par l'impression de ses poèmes à Gouda, ainsi que par les copies qui en ont été faites à Leyde, Bréda, Gand et Bruxelles ; à Lierre, il fut sollicité pour trois représentations de pièces dramatiques[10], pour lesquelles ses honoraires s'élevèrent à 18 patards[8].

Des poèmes sur le thème de la vanité, Vander mollenfeeste (De la fête des taupes) avait acquis la plus grande renommée, un poème dans l'esprit de la danse macabre où la mort est présentée comme une citation à la fête des taupes sous la terre. Dans le genre « fou » ou comique, c'est surtout le refrain burlesque, Sotte amoureusheyt van Pantken en Pampoeseken, qui fut considéré comme une perle dans le genre[6].

En dénonçant les abus et en prenant la défense des personnes pauvres et âgées, De Roovere fit preuve d'un regard critique sur son temps. Il écrivit des rondeaux dans lesquels il donne des commentaires d'un ton moqueur sur les parasites et les lèche-bottes : celui qui n'apprend pas à flagorner ne trouve pas sa place dans ce monde, écrit-il. Ses œuvres sont lardées d'humour. Ainsi Vander mollenfeeste est plein d'humour noir. Dans De Hennetaster, un poème beaucoup plus léger, un fermier reproche à sa femme son oisiveté ; elle lui propose alors de renverser les rôles pour toute une journée. Le fermier, échouant en tous les devoirs qu'il dut accomplir et qui incombent normalement à une femme, finit par se ridiculiser. La morale est donc que tout le monde doit se contenter de faire son propre devoir[12].

Lien externe

Sources

Références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Anthonis de Roovere de Wikipédia en français (auteurs)

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