Alain Obadia

Alain Obadia

Alain Obadia, né le 15 décembre 1949 à Paris (18e arrondissement) est une personnalité politique et sociale française. Cadre dans une entreprise publique, son parcours de militant syndical l'amène à la direction de l'UGICT-CGT et en 1982 à la direction nationale de la CGT. Ces responsanbilités sont alors imbriquées avec celle de membre du Comité central du Parti communiste français. Son évolution personnelle lui fait renoncer en 1992 à ses responsabilités politiques publiques, puis en 1994, il démissionne du Bureau confédéral de la CGT. Il reprend alors une vie professionnelle qui le conduit vers un cabinet ministériel, lors de la victoire électorale de la Gauche en 1997 puis dans la proximité de la direction de l'entreprise de ses débuts. Il renoue avec une fonction politique au PCF qu'il poursuit à ce jour.
En 2004, il est nommé par le Président de la République, sur proposition du Premier ministre, au Conseil économique et social de la République française, au titre des "Personnalités qualifiées". En novembre 2010, dans les mêmes conditions, il est reconduit dans cette instance, la troisième Assemblée française qui se nomme désormais Conseil économique, social et environnemental.

Sommaire

Biographie

Origines

Lorsqu'il est élu en 1982 au Bureau confédéral de la Cgt, Alain Obadia n'a évidemment pas la biographie figurant en "chapeau" de cet article[1]. Alain Obadia, né à Paris dans le populaire 18e arrondissement[2], fils d'un chauffeur de taxi et d'une employée de la RATP, effectue des études secondaires (comme on les appelaient encore, en opposition aux études "primaires") dans un lycée de la capitale[3]. Muni du baccalauréat, il entame des études supérieures en "sciences politiques". Il sort diplômé de l'Institut des dites-sciences et trouve embauche à la RATP (Régie autonome des transports parisiens) en tant que cadre. Le calendrier indique avril 1971. Son engagement et le désir d'influer rapidement sur les réalités lui font abandonner des études de longs termes. Engagement ? En effet : dans le bouillonnement des idées, de l'immédiat "avant", du bref "pendant" et du long "après" Mai 1968, en France et à l'Université, un rapide passage au PSU le conduit à choisir en 1970 l'adhésion au Parti communiste.

Le responsable des ingénieurs et cadres CGT

Il prend rapidement[4] la carte syndicale de la CGT. Depuis le milieu des années 1960, la centrale syndicale organise le syndicalisme parmi les ingénieurs et les cadres au sein d'une structure spécifique, l'UGICT CGT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT)[5]. Alain Obadia est naturellement amené à prendre part à la vie de l'UGICT, en plein essor. Il accède au Conseil national de cette organisation au congrès de février 1974, et remarqué par Georges Séguy, il est appelé en juillet 1975 à assurer le secrétariat personnel du Secrétaire général. Parfait "apparatchik"[6] au sein de l'appareil syndical, qui plus est près du "centre décisionnel", il est élu à la Commission exécutive de la CGT lors du 40e congrès de l'organisation syndicale, tenu à Grenoble en 1978[7], et il est élu-promu secrétaire général adjoint de l'UGICT CGT en 1979. Il parachève son ascension en devenant le secrétaire général de l'UGICT-CGT en avril 1982. L'organisation compterait 320 000 adhérents et deux ministres Jean-Pierre Chevènement et Jack Ralite viennent à son 8e congrès inaugurer une exposition scientifique et technique[8] Un mois plus tard il accède au Bureau confédéral de la Cgt lors du 41e congrès du syndicat[9] où il intervient à la tribune en ces termes :

  • L'organisation syndicale doit s'emparer dans le cadre de ses prérogatives, du terrain de la gestion. Ce terrain stratégique, nous pouvons le disputer au patronat, en liaison étroite avec les revendications et l'intervention des travailleurs pour accroître l'efficacité. C'est parce que la crise est arrivée à ce point que la gestion est au cœur de l'affrontement de classe et qu'il faut retourner, contre le patronat et la droite, ces problèmes qui étaient jusqu'à présent leur apanage.(...)[10].

Il est âgé de 33 ans et aux côtés de Lydia Brovelli, du même âge, passée elle aussi par l'UGICT CGT, il donne à la Confédération une image rajeunie, parfaitement décalée avec le raidissement qu'Henri Krasucki semble lui insuffler. Pourtant les premières années d'Alain Obadia dans ses responsabilités se moulent dans une tradition politico-syndicale strictement conçue depuis 1945 selon des normes dites "léninistes"[11] : peu après sa promotion syndicale, le nouveau secrétaire général de l'Ugict entre au Comité central du Parti communiste. Durant 10 années il "représente" le syndicalisme cadre de La Cgt. Le rôle n'est pas toujours facile, dans une centrale syndicale où la culture ouvrière pourrait pousser certains à l'ouvriérisme. Il n'en affirme pas moins ce qu'il observe[12]  :

  • Il nous faut maintenant dépasser les pesanteurs héritées d'une ancienne démarche marquée par une conception d'alliance entre les cadres et la classe ouvrière qui considérait que l'activité en direction des ingénieurs et cadres relevait plus des relations publiques, du débat général sur les questions économiques que d'une activité syndicale revendicative concrète (...)

À partir de 1992, il transmet le secrétariat général de l'UGICT CGT à Maïté Demons, et prend en charge la direction du secteur "Communication" de la centrale de Montreuil. À l'écoute des changements (dès 1984 il marque son intérêt pour les nanotechnologies, domaine sur lequel, 24 ans plus tard, il est rapporteur d'une étude au Conseil économique et social), il estime que ce n'est paradoxalement pas dans son organisation syndicale que la nouveauté se fraye le meilleur passage[13].

De l'appareil syndical à l'appareil d'État ?

- Un syndicaliste au modernisme dérangeant - Tel est le titre de l'article du quotidien français du soir de référence lorsque en juillet 1996, il consacre une demie page à une biographie d'Alain Obadia[14]. Le syndicaliste commence par les travaux pratiques induits par la Charte d'Amiens : il demande dès 1992 à ne plus appartenir au Comité central du Parti communiste français[15]. Considéré par les médias comme le Numéro 2 de la Cgt, il démissionne du Burau confédéral en octobre 1994, expliquant son geste par l'immobilisme de la première centrale syndicale française en matière d'écoute des salariés, de prise en compte des mutations sociales[16]. C'est le tournant de son activité. Celui qui a été un temps qualifié de "Numéro 2 de la Cgt", se tourne vers d'autres modes d'intervention sur le réel[17]. Il participe aux travaux d'Assises pour la transformation sociale, initiées par un courant du Parti socialiste, puis lors de la victoire de la Gauche aux élections de 1997 il intègre le cabinet ministériel de la Ministre du Travail et de la solidarité[18], où il reste jusqu'en 1999.
De 1999 à 2002, il est conseiller dans le domaine social du Président de la RATP, Jean-Paul Bailly. Il est ensuite chargé d'une mission de "recherches sociales" dans cette entreprise. Parallèllement il reprend des responsabilités politiques en incorporant en 2001 le Comité national du Parti communiste français, dont il est toujours membre[19]
En septembre 2004, il est nommé par le Président de la République Jacques Chirac, sur proposition du Premier ministre, membre du Conseil économique et social, au titre des "personnalités qualifiées dans le domaine économique, social, scientifique et culturel". Cette nomination est renouvelée en novembre 2010, en Conseil des ministres par le Président de la République Nicolas Sarkozy, sur proposition du Premier ministre François Fillon[20].
Il est vice-président d'une Fondation de recherches sociales et historique, la fondation Gabriel Péri.

Sources

  • Article paru dans Le Monde, 2 juillet 1996, de Laetitia Van Ecckhaut : Alain Obadia, ancien secrétaire de la CGT. Un syndicaliste au modernisme dérangeant.
  • Article paru dans le nouvel Observateur, 20 octobre 1994, de Martine Gilson : Comment la CGT a désespéré Alain Obadia.
  • Fiche de présentation individuelle des membres du Conseil économique, social et environnemental, relevée le 18/12/2009.
  • Le Peuple, organe officiel bi-mensuel de la Confédération générale du travail, numéros spéciaux parus pour le compte-rendu des Congrès.
  • la Vie Ouvrière, N° 1973, 21 - 27 juin 1982, Spécial 41e Congrès.
  • Guy Groux, René Mouriaux, La CGT, crises et alternatives, éditions Economica, Paris, 1992 (permet de faire le point sur la CGT, alors qu'Alain Obadia est membre la direction nationale de la CGT


Notes et références

  1. Le quotidien Le Monde daté des 20-21 juin 1982, en un article (page 12) signé Michel Noblecourt, publie un compte-rendu de ce Congrès en l'accompagnant de notices de présentation des nouveaux membres de la Direction nationale : Alain Obadia n'y figure pas au prétexte que sa biographie a été publiée deux mois auparavant,dans le N° daté du 27 avril 1982.
  2. Cet article prend appui sur plusieurs pages biographiques publiées dans la presse française : les quotidiens Le Monde, et l'Humanité, l'hedomadaire Le nouvel Observateur, l'hebdomadaire syndical publié par la CGT sous les titres de La Vie ouvrière, puis l'hebdo la Vie Ouvrière CGT (actuel magazine NVO La nouvelle Vie ouvrière) citées en "sources". Ici les précisions sont reprises de l'article publié le 2 juillet 1996, sous la signature de Laetitia Van Eeckhout
  3. L'article du Nouvel Observateur lui fait dire que ce ce lycée est situé "Porte de Billancourt"..., non loin du logement HLM où il réside avec sa mère. Ne serait-ce pas "Porte de Clignancourt" ?
  4. Dès "le deuxième jour" après son embauche, selon son témoignage cité par le journaliste du Monde.
  5. L'Ugic est créée en 1963. Ses fondateurs sont issus de la Fonction publique et du secteur nationalisé (André Berteloot, membre du Bureau confédéral, est inspecteur aux impôts et René Le Guen, cadre à l'EDF en sont les premiers dirigeants), mais le développement des emplois d'ingénieurs et de techniciens dans tous les secteurs de l'activité économique ouvre un champ de syndicalisation très large dans l'industrie et les services. Rapidement l'Ugic devient l'Ugict, les "t" désignant les techniciens. Voir l'article UGICT-CGT.
  6. Le terme est sous la plume de la journaliste du Nouvel Observateur, mais il est probable qu'il correspond au jugement autocritique de l'intéressé
  7. Le Peuple, organe officiel de la CGT, compte rendu des travaux du 40e congrès, N° 1050/1051, 1er au 31 décembre 1978.
  8. l'Humanité, avril 1982, article de la journaliste Claudine Ducol. Son titre est explicite : "L'UGICT, une force d'innovation pour le changement".
  9. Le Peuple, 41e congrès, Lille, 13-18 juin 1982, N° 1135/1136/1137 du 13 juin au 18 juillet 1982, compte rendu du congrès.
  10. Ibid. pages 82-83 .
  11. Le terme "stalinien" employé à tout bout de champ, y compris en... architecture, convient peu ici
  12. "Rapport introductif au Xe Congrès de l'UGICT-CGT", résumé dans Options, journal de l'UGICT, N° 160, 28 décembre 1988.
  13. Cette phrase a une part de subjectivité, mais elle semble correspondre à la situation après 1988 et avant 1995. La contestation politique des modèles du "communisme est-européen", les interrogations sur les modèles productivistes et tayloriens transversaux aux processus d'accumulation du capital, s'effectuent plus rapidement au sein du PCF (où s'expriment des aspirations à rénovation dès 1984) qu'à la Cgt, où la mise au pas précoce des contestations, vers 1981, a sans doute amoindri ou retardé des potentialités d'évolution.
  14. voir notes et sources.
  15. Les autres membres du Bureau confédéral dans cette situation, Louis Viannet notamment, quittent le Bureau Politique du PCF dans les années suivantes
  16. L'article du journal Le Monde, signé Jean-Michel Normand, 10 octobre 1994 est titré :Chef de file des "modernistes", Alain Obadia quitte le bureau confédéral de la CGT.
  17. En gardant alors sa carte syndicale, selon les journalistes citées.
  18. Il s'agit de Martine Aubry
  19. Cf. Communistes, supplément hebdomadaire de l'Humanité, N° 400, 7 juillet 2010: composition de l'Éxécutif national du PCF.
  20. voir liens externes

Liens externes

Une intervention de Alain Obadia sur les nanosciences


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