Affaire Dominique Strauss-Kahn

Affaire Dominique Strauss-Kahn
Hôtel Sofitel de New York, lieu de l'agression alléguée.

L'affaire Dominique Strauss-Kahn (ou affaire DSK) est une affaire judiciaire de droit commun qui fait suite aux accusations d'agression sexuelle, tentative de viol et séquestration de personne portées par Nafissatou Diallo contre Dominique Strauss-Kahn. Elle affirme qu'il aurait commis cette agression le 14 mai 2011, dans une suite de l'hôtel Sofitel de New York, où elle est employée comme femme de chambre depuis 2008.

Devant les faits reprochés, la juridiction de l'État de New York procède à la mise en détention de Dominique Strauss-Kahn et engage une procédure pénale. Celui-ci nie les accusations et fait savoir qu'il plaidera « non coupable ».

Son arrestation, qui connaît un retentissement international, entraîne sa démission de son poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) et l'empêche de se présenter à la primaire présidentielle socialiste de 2011.

Le 19 mai 2011, un grand jury l'inculpe ; le lendemain, il est transféré de la prison de Rikers Island à un appartement de New York pour y être placé en résidence surveillée. Le 6 juin, il plaide « non coupable », ce qui ouvre la voie à un procès pénal. Il est libéré sur parole lors de l'audience du 1er juillet, le procureur ayant mis en doute la crédibilité de la plaignante. Les charges pesant sur Dominique Strauss-Kahn sont officiellement abandonnées le 23 août 2011, ce qui met un terme à la partie pénale de l'affaire, alors qu'une plainte devant un tribunal civil a été déposée par Nafissatou Diallo.

Dominique Strauss-Kahn a par ailleurs fait l'objet d'une plainte en France — classée finalement sans suite pour cause de prescription des faits par le parquet le 13 octobre 2011 —, déposée par Tristane Banon, qui l'accuse de tentative de viol sur sa personne en 2003, lui-même l'accusant de dénonciation calomnieuse.

Sommaire

Contexte

Le 14 mai 2011, Dominique Strauss-Kahn est directeur général du FMI, poste qu'il occupe depuis depuis le 1er novembre 2007. Il doit rencontrer, le 15 mai 2011 à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel, puis assister le lendemain à la réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles[1],[2]. Il bénéficie d'une importante popularité en France[3] et est en tête des intentions de vote de la primaire présidentielle socialiste de 2011 et de l'élection présidentielle de 2012[4],[5]. Pour l'opinion publique et pour les médias, sa candidature est alors acquise[6],[7].

Arrestation et mise en accusation

Le 14 mai 2011, à 16 h 40, Dominique Strauss-Kahn est arrêté par la police new-yorkaise à l'aéroport international John-F.-Kennedy, peu avant le décollage du vol AF 023 d'Air France à destination de Paris[8],[9],[10]. L'appel téléphonique qu'il a passé à 15 h 29 de l'aéroport vers l'hôtel Sofitel pour signaler l'oubli d'un de ses téléphones portables dans sa chambre a permis de le localiser et de procéder à son interpellation[11],[12].

Mis en état d'arrestation au commissariat de Harlem[13], il est accusé d'avoir, quelques heures auparavant[14], agressé sexuellement une femme de chambre, Nafissatou Diallo, dans la suite no 2806 de l'hôtel Sofitel de New York où il séjournait. Âgée de trente-deux ans et installée aux États-Unis depuis 2004[15],[16], celle-ci réside dans le Bronx et fait partie de la communauté des Peuls de New York venus du Fouta-Djalon[17],[18],[19] — elle est née à Tchiakoullé, hameau du nord de la Guinée[20].

Le bureau du procureur de Manhattan, Cyrus Vance, Jr., décide alors d'engager une procédure pénale contre Dominique Strauss-Kahn pour sept chefs d'accusation, parmi lesquels ceux d'acte sexuel criminel, de tentative de viol, d'abus sexuel et de séquestration[21],[22].

Le 25 mai 2011, le parquet, qui a pour rôle d'apporter des preuves de la culpabilité de l'accusé[23], est renforcé par les avocates Joan Illuzzi-Orbon et Ann P. Prunty[24].

Rapport médico-légal

Le 14 mai 2011, à 15 h 59, Nafissatou Diallo est admise au St. Luke's-Roosevelt Hospital Center (en), où elle est examinée par un spécialiste des examens médico-légaux dans le cadre d'agressions sexuelles (sexual assault forensic examiner, ou safe). Le médecin note dans le rapport : « Confusion, douleurs musculaires, tension ». Nafissatou Diallo se plaint de douleurs à l'épaule gauche et le rapport indique qu'un examen par scanographie montre une rupture du ligament. La fin du rapport présente un schéma de la zone vaginale sur lequel le médecin a porté les mentions « rougeur sur la fourchette » et « trauma ». Le rapport se termine par cette conclusion : « Diagnostic : agression. Cause des blessures : agression – viol[25],[26] ».

Procédure judiciaire

Procédure pénale

Version et défense de la plaignante

Selon Paul J. Browne, porte-parole de la police[27], Nafissatou Diallo affirme être entrée dans la suite vers midi pour y faire le ménage, à la demande de son supérieur hiérarchique. Elle n'aurait pas eu à utiliser sa clef magnétique dans la mesure où un employé du service en chambre de l'hôtel, présent sur place peu de temps auparavant, n'aurait pas fermé la porte.

Peu après, Dominique Strauss-Kahn serait, selon elle, sorti nu de la salle de bains et se serait approché d'elle par derrière pour tenter de la contraindre à des rapports sexuels[28],[29],[30], en fermant la porte de la suite. Elle serait néanmoins parvenue à s'enfuir de celle-ci, après une chute.

D'après le Daily Beast, citant des sources proches de l'enquête, Nafissatou Diallo aurait été retrouvée vers 12 h 30, prostrée, cachée dans le couloir de l'hôtel, traumatisée, essayant de vomir, crachant par terre et avec des difficultés à parler[31]. Elle aurait expliqué à une collègue ce qui lui était arrivé, puis à deux de ses supérieurs hiérarchiques et enfin au chef de la sécurité de l'hôtel qui, après consultation du directeur, aurait appelé la police.

Nafissatou Diallo est dans un premier temps représentée par Jeffrey J. Shapiro[32], avocat aux barreaux de New York et de Californie[33], secondé à partir du 25 mai 2011[34],[35] par Norman Siegel, ancien directeur du New York Civil Liberties Union (NYCLU) et figure de la lutte pour les droits civiques, et Kenneth P. Thompson[36], avocat afro-américain de New York et ancien procureur fédéral.

Depuis le 6 juin 2011, seul le cabinet de Kenneth P. Thompson et Douglas Wigdor, Thompson Wigdor LLP, spécialisé dans les affaires de discrimination[37], représente Nafissatou Diallo, Jeffrey J. Shapiro et Norman Siegel ayant décidé de se retirer[38],[39].

Le 23 juin 2011, Thibault de Montbrial, avocat pénaliste au barreau de Paris, est désigné par Kenneth P. Thompson pour représenter en France les intérêts de Nafissatou Diallo[40].

Version et défense de l'accusé

Dominique Strauss-Kahn, dont la défense est assurée par le cabinet new-yorkais Benjamin Brafman & Associates, P. C. et William Taylor, avocat pénaliste au barreau de Washington[41], « nie de la manière la plus forte possible les accusations qui pèsent contre [lui][42],[43] ».

La défense de Dominique Strauss-Kahn a tenté de restituer l'emploi du temps de celui-ci, dans le but de montrer qu'il avait quitté l'hôtel une demi-heure avant l'agression supposée[44]. Il aurait ainsi quitté l'hôtel à 12 h 28 et déjeuné avec une de ses filles, Camille, étudiante en Ph.D. à l'université Columbia, à 12 h 45, avant de se rendre à l'aéroport John-F.-Kennedy pour prendre le vol AF 023, dont la réservation avait été effectuée une semaine auparavant[45]. À la suite du changement par la police de l'heure de l'agression supposée, les avocats de Dominique Strauss-Kahn plaident la relation consentie[46].

L'enquête à décharge de la défense est confiée à la société Guidepost Solutions[47]. La défense fait également appel à la société de consultants TD International[48].

Le 26 mai 2011, la défense accuse la police d'être à l'origine de fuites et redoute que l'accusé ne bénéficie pas d'un « procès équitable »[49] ; ses avocats affirment par ailleurs détenir des preuves pouvant « gravement mettre en doute la crédibilité » de la femme de chambre[50]. Ils contestent les accusations portées contre eux, notamment en France[51], de vouloir « salir injustement la plaignante » et émettent le 14 juin un communiqué[52] réfutant cette allégation[53],[54].

Après que Dominique Strauss-Kahn eut, le 6 juin 2011, plaidé « non coupable », la défense a jusqu'au 23 août 2011, dernière date prévue de la prochaine audience, pour prendre connaissance du dossier de l'accusation.

Le 16 août 2011, les avocats de Dominique Strauss-Kahn protestent contre la diffusion par la presse du rapport médico-légal concluant à un viol, déclarant que sa « conclusion est basée presque exclusivement sur le témoignage de la plaignante » et que les blessures évoquées « ne sont pas du tout des blessures » et « peuvent avoir été provoquées par de nombreuses autres causes qu'une agression sexuelle, y compris par un rapport sexuel consenti plusieurs jours avant l'incident »[55],[56]. Ils jugent ce rapport « inexact et malveillant » et envisagent des « suites » pour atteinte à la présomption d'innocence[57]. Le 18 mai, Benjamin Brafman avait déclaré : « Les preuves médico-légales, selon nous, ne coïncident pas avec un rapport forcé »[58].

Les avocats de Dominique Strauss-Kahn ont aussi démenti, le 3 juillet, toute relation tarifée entre leur client et la femme de chambre du Sofitel[59],[note 1]. Selon Le Figaro du 4 juillet 2011, ils auraient avancé un scénario dans lequel la femme de chambre, « qui aurait l'habitude de recevoir une gratification en échange de ses faveurs sexuelles », serait retournée dans la chambre de Dominique Strauss-Kahn après qu'il l'a quittée et, n'y trouvant pas « la rémunération escomptée », « aurait alors décidé de dénoncer un viol »[60]. Le 24 août 2011, ils admettent une relation consentie et la qualifient d'« absence passagère de jugement »[61].

Déroulement de la procédure

Prison de Rikers Island.
Première comparution devant le tribunal pénal de la ville de New York

La phase qui suit l'arrestation concerne notamment la prise d’empreintes, la photographie destinée à l’identité judiciaire, la levée des antécédents judiciaires. Divers éléments, dont certains récupérés dans la suite lors d'une reconstitution réalisée par la police, sont envoyés à un laboratoire spécialisé pour rechercher notamment des traces éventuelles d'ADN[62]. Dominique Strauss-Kahn accepte de se soumettre à un examen médico-légal et dément toutes les accusations dont il est l’objet. L'immunité diplomatique du FMI, invoquée par Dominique Strauss-Kahn lors de son arrestation[12], ne peut être utilisée dans la mesure où elle ne concerne que les délits commis lors d'activités officielles[63].

Le 16 mai 2011[64], Dominique Strauss-Kahn comparaît devant le tribunal pénal de la ville de New York (en) (New York City Criminal Court), présidé par la juge Melissa Carow Jackson. John « Artie » McConnell, substitut du procureur de Manhattan[65], déclare que la femme de chambre a fourni un compte-rendu détaillé de l'agression supposée et qu'elle a reconnu Dominique Strauss-Kahn lors d'une parade d’identification. Il évoque également une « conduite similaire[66] », faisant allusion au cas de Tristane Banon[67], une jeune journaliste française qui avait accusé Dominique Strauss-Kahn d'agression sexuelle au cours d'un entretien[68]. Une requête de la défense pour sa libération sous caution (un million de dollars)[45] est rejetée par la juge, qui invoque un risque de fuite.

Dominique Strauss-Kahn est alors placé en détention préventive à la prison de Rikers Island, dans une cellule individuelle du quartier réservé aux détenus atteints d'une maladie transmissible afin de prévenir toute agression de la part des autres détenus[66]. Escorté en permanence par un gardien, il fait également l'objet d'une surveillance anti-suicide[69]. Le 18 mai 2011, dans une lettre rédigée depuis sa cellule de prison, il démissionne de ses fonctions de directeur général du FMI[70],[71].

Inculpation formelle par un grand jury

Le 19 mai 2011, un grand jury[72],[note 2] l'inculpe formellement de sept chefs d'accusation[29],[73],[74]. Le même jour, Michael J. Obus, juge de la Cour suprême de l'État de New York (New York State Supreme Court), accepte, malgré l'opposition du substitut du procureur John Artie McConnell, sa libération sous caution avec plusieurs conditions : le versement d'une caution d'un million de dollars avec un dépôt de garantie de cinq millions de dollars, le retrait de son passeport, une assignation à résidence à New York avec présence de caméras de surveillance, une présence permanente d'un garde armé, à ses frais, le port d'un bracelet électronique muni d'un GPS, des conditions de contact et de sortie restreintes[75].

La résidence surveillée de Dominique Strauss-Kahn, au 153, Franklin Street.

Le 20 mai, il quitte la prison de Rikers Island pour être provisoirement placé en résidence surveillée[76] dans un appartement de l'immeuble sis au 71, Broadway[77], dans le quartier de Lower Manhattan, près de Ground Zero[78], et appartenant à la société Stroz Friedberg chargée de l'assignation à résidence de Dominique Strauss-Kahn[79]. Parmi les occupants également en résidence surveillée de l'immeuble figure le cracker Andrew Auernheimer[80]. Le 25 mai, Dominique Strauss-Kahn, dont la présence n'est pas souhaitée par les copropriétaires des nombreux immeubles démarchés — les règlements de copropriété font souvent mention à New York d’une clause d’agrément, c’est-à-dire d'« un droit de regard » sur les nouveaux venus[81],[82],[83] —, s'installe dans une maison située au 153, Franklin Street, dans le quartier de TriBeCa[84].

Décision de plaider « non coupable »

Le 6 juin 2011, lors d'une audience préliminaire à la Cour suprême de New York, Dominique Strauss-Kahn se voit signifier sa mise en accusation (post-indictment arraignment) et plaide « non coupable » des faits qui lui sont reprochés, ce qui permet la tenue d'un procès pénal[85].

Audience du 1er juillet 2011

Les assistants du procureur de New York font part, dans une lettre datée du 30 juin adressée à la défense[86],[87], de doutes sérieux sur la crédibilité de leur principal témoin[note 3],[88],[89],[90]. Dans ce courrier, ils affirment que Nafissatou Diallo a menti[91] à plusieurs reprises, devant les enquêteurs et devant le grand jury[note 4], notamment sur sa demande d'asile, sur un prétendu viol qu'elle aurait subi en Guinée, sur ses déclarations fiscales et sur les conditions exactes de l'agression décrite.

De son côté, le New York Times daté du 1er juillet révèle le contenu d'une conversation téléphonique qui, 28 heures après l'agression sexuelle présumée, s'est déroulée entre l’accusatrice et un homme emprisonné pour possession de drogue et au cours de laquelle Nafissatou Diallo aurait notamment déclaré au détenu, en dialecte peul : « Ne t'inquiète pas, ce type a plein de fric. Je sais ce que je fais »[92],[93]. Le 27 juillet, l'avocat Kenneth Thompson fait état de nouvelles traductions qui auraient eu lieu dans le bureau du procureur et qui montreraient que Nafissatou Diallo n'a pas tenu ces propos[94].

Le 1er juillet également, une audience imprévue se tient afin d'examiner les conditions de la liberté conditionnelle de Dominique Strauss-Kahn[95]. Considérant qu'après l'apparition de ces nouveaux éléments de l'enquête, le risque que l'accusé ne se présente pas à l'instance a fortement diminué[96], le juge Michael Obus décide de le libérer sur parole. À la suite de cette audience, toutes les mesures liées à sa liberté surveillée sont suspendues. Son passeport ne lui est cependant pas restitué, car il est tenu de rester sur le territoire des États-Unis, les poursuites n'étant pas pour autant abandonnées[97].

Les parties réagissent de façon opposée à cette décision : si Benjamin Brafman, un des avocats de Dominique Strauss-Kahn, s'estime « confiant »[95] car ces événements « renforcent [sa] conviction qu'il sera acquitté »[95], Kenneth Thompson, l'avocat de la plaignante, décide d'être plus offensif[98],[99],[100].

Stratégies médiatiques

À l'entrée et à la sortie de l'audience du 6 juin 2011 au cours de laquelle il a plaidé « non coupable », Dominique Strauss-Kahn est conspué aux cris de « Shame on you! » (« Honte à vous ! ») par une centaine de femmes de chambre, à l'initiative du syndicat des employés d'hôtel[101], qui est très puissant à New York et joue un rôle important dans cette affaire[102].

Dans un premier temps, la plaignante comme l'accusé adoptent une stratégie de communication quasi identique : aucun interview de l'une comme de l'autre à la presse écrite et audiovisuelle, aucune image de la plaignante, aucune version des faits qui se sont déroulés dans la suite du Sofitel défendue par l'accusé ou ses avocats. Deux mois après le début de l'affaire, les avocats de Nafissatou Diallo choisissent une nouvelle stratégie : le 25 juillet 2011, elle fait sa première apparition publique sur la chaîne de télévision ABC News et devant les journalistes de Newsweek[103]. Selon les avocats de Dominique Strauss-Kahn, l'accusatrice cherche à « enflammer l’opinion publique »[104].

Abandon des charges

Une nouvelle audience était prévue le 18 juillet 2011[105]. À la demande des parties qui poursuivent leur enquête, elle est reportée au 1er août[106], puis au 23 août[107].

Le 20 août, l'avocat de Nafissatou Diallo, Kenneth P. Thompson, annonce que sa cliente est convoquée le 22 août par le procureur Cyrus Vance. Il déclare au New York Times s'attendre à l'abandon partiel ou total des chefs d'accusation visant Dominique Strauss-Kahn[108],[109].

Le 22 août, Thompson Wigdor, un des avocats de la plaignante, demande à la cour de nommer un procureur spécial[110]. Dans l'après-midi, une motion de non-lieu[111],[112] (recommendation for dismissal), rédigée par les procureurs généraux adjoints Joan Illuzzi Orbon et John « Artie » McConnell, est transmise à la cour suprême de l'État de New York. L'argument principal invoqué est le manque de crédibilité de la plaignante qui a menti à de nombreuses reprises, particulièrement au sujet d'un viol en Guinée n'ayant pas eu lieu, ce qui exclut, selon le procureur, que le témoignage seul de la plaignante puisse convaincre un jury au-delà de tout doute raisonnable (beyond a reasonable doubt). Le procureur confirme par ailleurs la teneur de la conversation téléphonique de la plaignante avec son fiancé incarcéré « dans laquelle a été mentionné le potentiel gain financier qu'il était possible de tirer de l'événement du 14 mai 2011 », alors qu'à une date très proche de cette conversation, elle avait déclaré « sans équivoque » aux enquêteurs, « qu'elle n'avait pas saisi la justice en vue d'obtenir de l'argent »[112],[113]. Il précise que si « les preuves démontrent que l'accusé a eu un rapport sexuel hâtif avec la plaignante », rien n'indique que « ce rapport était forcé ou non consenti »[114],[115]. À la demande du procureur, le juge Michael Obus décide le 23 août d’abandonner les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn[116].

Dominique Strauss-Kahn récupère son passeport le 25 août[117] et rentre en France le 4 septembre[118],[119].

Procédure civile

Le 8 août 2011, Nafissatou Diallo dépose une plainte devant un tribunal civil dans le Bronx contre Dominique Strauss-Kahn au sujet de ce qui se serait passé au Sofitel de New York[120],[121],[122],[123],[124].

Le 26 septembre 2011, Dominique Strauss-Kahn demande le classement de la plainte au civil de Nafissatou Diallo, faisant valoir l'immunité diplomatique dont il bénéficiait, selon lui, au moment du dépôt de la plainte, du fait de sa qualité de directeur général du Fonds monétaire international[125].

Réactions

Dominique Strauss-Kahn

Dominique Strauss-Kahn ne s'est pas exprimé durant toute la procédure pénale. Le 29 août 2011, lors de sa visite au Fonds monétaire international à Washington, D.C., il déclare qu'il souhaite « s'excuser » pour ceux qui ont souffert à cause de sa propre « erreur »[126].

Le 18 septembre 2011, il s'exprime au journal de 20 heures de TF1, présenté par Claire Chazal. Il met en avant le rapport du procureur de New York[112], qu'il considère comme une motion de « non-lieu » et met en cause l'hebdomadaire L'Express, qu'il qualifie de « tabloïd », ainsi que la direction de l'hôtel Sofitel de New York, qu'il soupçonne implicitement de ne pas avoir donné les mêmes informations à ses avocats qu'à ceux de Nafissatou Diallo[127]. S'il reconnaît une « faute morale » (« vis-à-vis de [sa] femme, de [ses] enfants, des [ses] amis, mais aussi des Français »), il nie catégoriquement qu'il y ait eu agression sexuelle ou relation tarifée[128].

Proches de Dominique Strauss-Kahn

Le lendemain de l'arrestation de son mari, Anne Sinclair déclare dans un communiqué qu'elle ne croit « pas une seule seconde aux accusations qui sont portées contre [son] mari » et ne doute « pas que son innocence soit établie »[129].

Le journaliste Jean-François Kahn, ami du couple, pense qu'il n'y a pas eu « tentative violente de viol » mais parle d'une « imprudence » et d'un « troussage de domestique ». Cette dernière déclaration lui vaut de nombreuses critiques. Il déclare quelques jours plus tard que « cette formule [était] une connerie »[130]. L'ancien ministre de la Justice Robert Badinter dénonce de son côté « une mise à mort médiatique » avec la diffusion des images montrant Dominique Strauss-Kahn menotté, se disant « bouleversé et indigné » par cette « tragédie »[131].

Le philosophe Bernard-Henri Lévy s'interroge sur le fait qu'une femme de ménage puisse se trouver seule « dans la chambre d'un des personnages les plus surveillés de la planète », affirmant que dans « la plupart des grands hôtels new-yorkais », il y a des « brigades de ménage composées de deux personnes ». Il se montre critique envers la juge Melissa Jackson, qui a décidé de placer Dominique Strauss-Kahn en détention provisoire, dénonçant le fait de l'avoir livré « à la foule des chasseurs d'images qui attendaient devant le commissariat de Harlem » en faisant « semblant de penser qu'il était un justiciable comme un autre »[132],[133],[134]. Cette prise de position lui vaut de vives critiques de la part de la presse américaine[135].

Personnalités politiques

À gauche, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, se déclare le 15 mai 2011 « totalement stupéfaite » par l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn et parle de « coup de tonnerre »[136]. François Hollande déclare qu'« il faut réagir à la fois avec émotion mais aussi avec retenue », « se garder de toute conclusion prématurée » et précise que « cela n'implique pas le Parti socialiste »[137]. De leur côté, les strauss-kahniens Jean-Marie Le Guen et Jean-Christophe Cambadélis affirment que cela ne « ressemble pas » à Dominique Strauss-Kahn et appellent à ne pas tirer de conclusion hâtive[138],[139]. Jack Lang s'attire des critiques à la suite de propos qu'il tient le 16 mai (« Quand on connaît un tout petit peu le système américain […] alors qu'il n'y a pas mort d'homme, ne pas libérer quelqu'un qui verse une caution importante, ça ne se fait pratiquement jamais[140]. »)
Arnaud Montebourg, quant à lui, se dit gêné, le 26 mai, par le fait que des milliers de dollars « vont être dépensés pour tenter de décrédibiliser une femme pauvre, noire, qui travaille dur » et critique le système judiciaire américain, grâce auquel « si vous avez de l'argent, vous pouvez échapper à la prison »[141]. Le magazine Le Point rapporte, le 16 juin 2011, le commentaire d'Eva Joly, membre d'Europe Écologie Les Verts et ancienne juge d'instruction : « C'est un homme ; il est riche, puissant et connu, face à une femme faible, pauvre et inconnue. Il a perdu[142]. »

Dans leur ensemble, les personnalités politiques de droite, sur les recommandations du président Nicolas Sarkozy, se montrent prudentes et insistent sur le respect de la présomption d'innocence, tout en déplorant l'impact que peut avoir cette affaire sur l'image de la France au niveau international[143]. Dans les heures qui suivent l'arrestation, certaines livrent néanmoins des commentaires tranchés[144] : « Si les faits sont avérés, la connerie est décidément toujours l’élément le mieux partagé au monde » (Jacques Myard, député UMP[145]) ; « Si c’était arrivé en France, je ne suis pas sûr que la police aurait osé interpeller DSK » (Nicolas Dupont-Aignan[146]). Pour sa part, Christine Boutin pense que Dominique Strauss-Kahn a été victime d’un piège[147]. Le député UMP Bernard Debré se montre le plus critique, estimant que Dominique Strauss-Kahn est un « homme peu recommandable » qui « humilie la France » en se « vautr[ant] dans le sexe », un « délinquant sexuel » qui aurait, selon lui, agressé d'autres employées de l'hôtel Sofitel de New York[148],[149] ; il admet par la suite avoir « surréagi »[150],[151].
La présidente du Front national, Marine Le Pen, considère pour sa part que Dominique Strauss-Kahn est « définitivement discrédité comme candidat à la plus haute fonction de l'État » et critique le fait que « le Tout-Paris » avait connaissance des « rapports légèrement pathologiques que M. Strauss-Kahn semble entretenir à l'égard des femmes »[152].

Interrogé par des journalistes russes, Vladimir Poutine déclare, le 27 mai 2011, ne pouvoir croire à l'affaire « telle qu'elle a été présentée au départ » et avoir « du mal à [en] évaluer les dessous politiques »[153],[154],[155].

Le 22 août 2011, après la demande d'abandon des charges visant Dominique Strauss-Kahn, les responsables du Parti socialiste affichent leur satisfaction : Martine Aubry se dit « très heureuse », Harlem Désir parle d'un « immense soulagement », François Hollande se « réjouit pour Dominique Strauss-Kahn, ses proches, sa famille »[156]. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, déclare : « Du point de vue de sa personne, je suis heureux pour M. Strauss-Kahn car il a subi une épreuve judiciaire particulièrement lourde »[157].
D'autres en revanche déplorent la décision du procureur et regrettent l'absence de procès, à l'instar de la communiste Marie-George Buffet, qui considère qu'il s'agit d'« une mauvaise nouvelle pour la justice » et « pour les femmes »[158], ou de la députée UMP Françoise Hostalier, qui trouve cela « étonnant et très choquant »[159]. Pour Marine Le Pen, la fin de la procédure pénale laisse un goût « amer » et « nauséabond »[160].

Le 29 août 2011, l'ancien Premier ministre Michel Rocard affirme que Dominique Strauss-Kahn était atteint d'une « maladie mentale » l'empêchant de « contrôler ses pulsions »[161]. Le lendemain, Martine Aubry déclare penser « la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de Dominique Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes »[162],[163],[164]. De son côté, Arnaud Montebourg exige de l'ancien directeur général du FMI qu'il fasse des excuses « aux socialistes » et « au peuple de gauche », puis souhaite qu'« ensuite il garde le silence »[165].

Associations féministes

Des associations féministes françaises, comme Osez le féminisme, La Barbe ou Paroles de femmes, se mobilisent face au « sexisme » qu'aurait selon elles généré l'affaire[166],[167]. Osez le féminisme, dont la présidente Caroline De Haas dénonce « la manière dont cette saga a été commentée en France par les médias et les figures politiques » qui « met en lumière un sexisme décomplexé, dont nous connaissions l'existence »[168], lance le 21 mai 2011 la pétition « Ils se lâchent, les femmes trinquent »[169], qui recueille en six jours plus de 28 000 signatures, parmi lesquelles celles de nombreuses personnalités politiques et médiatiques[170],[171]. Le 22 mai 2011, 500 personnes manifestent à Paris[172] et 3 000, le lendemain, devant le centre Pompidou[169]. Ces associations, rejointes par des féministes américaines, considèrent que « tout comme [Dominique] Strauss-Kahn doit être présumé innocent tant que sa culpabilité n’a pas été établie, la plaignante a droit au respect et sa parole ne doit pas être mise en doute jusqu’à preuve du contraire »[173].

Le 6 juillet 2011, la philosophe féministe Élisabeth Badinter, proche de Dominique Strauss-Kahn, exprime sa colère contre les autres féministes et déclare qu'« on ne se sert pas d’une possible injustice pour faire avancer une cause »[174].

À la suite du non-lieu prononcé à l'égard de Dominique Strauss-Kahn, plusieurs mouvements féministes expriment leur « déception » et se montrent critiques. Zineb El Rhazoui, porte-parole de Ni putes ni soumises, précise qu'il « n'est pas blanchi » et regrette la « dérive dangereuse qui fait que des victimes devraient être parfaites pour être crues »[175]. La présidente de la Ligue internationale des femmes, Annie Sugier, qui a créé un comité « Justice pour Nafissatou Diallo », estime quant à elle qu'« au regard du rapport médical, il est évident qu'il s'agit d'un viol »[176] et qu'« il y a un déni de justice, parce qu'on ne va pas jusqu'au bout de la procédure, on ne va pas au fond du dossier »[175]. Pour Julie Muret, porte-parole d'Osez le féminisme, « cette affaire a été un révélateur du sexisme ambiant en France »[177].

Le journaliste Claude-Marie Vadrot estime, le 24 août 2011, sur Politis.fr, que la mise hors de cause de Dominique Strauss-Kahn « n’est pas une rebuffade vis-à-vis des femmes, au contraire, n’en déplaise aux couinements de quelques féministes qui n’ont rien compris »[178]. Sur Causeur.fr, Élisabeth Lévy fustige les féministes pour qui « chaque mâle reste un violeur présumé »[179].

Dans une tribune publiée dans Le Monde du 7 septembre 2011, Gisèle Halimi, qui se demandait dans Le Parisien du 18 mai « Comment voulez-vous croire qu'une simple femme de ménage, noire, mère célibataire de surcroît, ne dise pas la vérité ? »[180] — le philosophe Raphaël Enthoven, proche de Dominique Strauss-Kahn, lui répondra dans l'Express, le 1er septembre, que l'« on peut être faible et fourbe, riche et innocent »[181] —, considère que le retour en France de Dominique Strauss-Kahn est « indécent » et fustige « l'indulgence et l'indécence qui ont marqué la relation médiatique de ce détestable feuilleton »[182].

Écrivains

Certains écrivains ont publié des tribunes sur cette affaire, comme Christine Angot, dans Libération[183] ou Virginie Despentes dans le Guardian[184]. D'autres ont aussi réagi publiquement, tels Frédéric Beigbeder, Régis Jauffret, Jay McInerney, Catherine Millet ou encore Yann Moix[185]. En octobre 2011, Marc-Édouard Nabe auto-édite L'Enculé, un roman qui « s'attaque » à l'affaire[186]. Certains sites littéraires font un parallèle entre l'affaire et le roman de Tom Wolfe, Le Bûcher des vanités[187].

Impact de l'affaire

Couverture médiatique

Caméramen et reporters devant la résidence surveillée de Dominique Strauss-Kahn à New York.

L'impact médiatique planétaire de l'affaire a été mesuré par la société d'analyse des médias Kantar Media : Dominique Strauss-Kahn serait depuis le 15 mai 2011 la personne la plus connue au monde, ayant fait la Une d'environ 150 000 quotidiens nationaux en quelques jours[188],[189]. En France, durant la semaine du 15 au 22 mai 2011, Kantar Media a comptabilisé 13 761 unités de bruit médiatique (UBM)[note 5], soit un niveau jamais atteint depuis la création de cet instrument de mesure en 2000 ; chaque Français de 15 ans et plus aurait, selon cette étude, été en contact 137 fois avec cet événement dans les médias.

L'annonce de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn et le déclenchement de l'affaire ont par ailleurs généré une hausse des audiences des journaux télévisés et des magazines d'information des chaînes françaises, notamment d'information continue[190], ainsi que des ventes de la presse écrite[191]. En outre, selon l'institut Netscope, l'affaire a eu un écho certain sur les blogs et les réseaux sociaux, notamment Twitter[192],[193],[194], phénomène également constaté sur Facebook ou l'encyclopédie en ligne Wikipédia[195].

Une enquête réalisée en ligne du 20 au 23 mai 2011 par l'institut Harris Interactive constate qu'une majorité de Français « portent un regard assez critique sur le traitement médiatique de l'“affaire Dominique Strauss-Kahn”, particulièrement outre-Atlantique » et « considèrent que les médias n’ont pas respecté la vie privée de Dominique Strauss-Kahn »[196].

Le 16 juin 2011, le philosophe Alain Finkielkraut « pourfend “le camp du bien” : gauche “bien-pensante”, droite “trop contente”, Américains donneurs de leçons et journalistes inquisiteurs, qui veulent en profiter pour “arracher le rideau de la vie privée” »[197]. Prenant un point de vue différent, l'association de critique des médias Acrimed a consacré une série d'articles[198] cherchant à mettre en évidence les « compassions sélectives »[199] des grands médias et la superficialité (ou le « néant journalistique[200] ») du traitement médiatique de l'affaire.

L'avocat Fabrice Lorvo estime que Dominique Strauss-Kahn doit faire face à son retour en France, à ce qu'il appelle « un procès médiatique »[201] et Céline Asselot se demande sur France Info si l'on se dirige en France vers « une justice médiatique »[202].

L'affaire Dominique Strauss-Kahn est comparée à des affaires judiciaires françaises dans lesquelles la notion de « procès médiatique » a également été dénoncée, par exemple à l'Affaire d'Outreau[203], à l'Affaire Alègre-Baudis[204] et à l'Affaire Grégory[205].

Images de Dominique Strauss-Kahn menotté

Le 15 mai 2011, à 23 heures (UTC-5), après la fin de sa garde à vue, Dominique Strauss-Kahn, menotté et escorté par deux policiers, sort du commissariat de Harlem pour rejoindre une voiture blindée de la police de New York sous les flashs d'une cinquantaine de photographes. Ces images suscitent de nombreuses réactions en France lors de leur diffusion[206]. Martine Aubry juge la scène « profondément humiliante »[207], tandis que Jean-François Copé pense « à l'image de la France », soulignant que ces photos passent « en boucle dans le monde entier »[208]. L'ancienne ministre de la Justice Élisabeth Guigou trouve que les images sont « d'une brutalité, d'une violence, d'une cruauté inouïes » et se dit heureuse qu'il n'y ait « pas le même système judiciaire » en France. Cette dernière, qui est à l'origine de la loi sur la présomption d'innocence du 15 juin 2000, ajoute qu'il est « interdit par la loi [française] » de « publier des photos de personnes menottées »[209].

Le fait d'exposer des prévenus menottés sous l'œil des médias est une pratique courante aux États-Unis, appelée perp walk (la « marche du suspect »). Pour Le Nouvel Observateur, il s'agit d'une « pratique populaire et populiste » en « contradiction flagrante avec la présomption d'innocence »[210]. Le 17 mai 2011, le maire de New York, Michael Bloomberg, défend cette « tradition » en mettant en avant la manière de fonctionner du système judiciaire américain qui permet au « public [de] voir les auteurs présumés », tout en reconnaissant que « c'est triste » quand un accusé ayant subi le perp walk est reconnu non coupable[211]. Ce dernier revient sur ses positions le 5 juillet 2011, après la libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn, en qualifiant cette pratique de « monstrueuse », ajoutant : « Nous diffamons les accusés au nom d'un spectacle, pour le cirque que cela représente »[212].

Le 17 mai 2011, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) condamne la diffusion de ces images et demande « la plus grande retenue dans la diffusion d'images relatives à des personnes mises en cause dans une procédure pénale » afin de respecter la « dignité humaine »[213].

Dominique de Leusse, avocat français de l'homme politique, déclare que ces images « portent atteinte à la dignité de Dominique Strauss-Kahn et à sa présomption d'innocence au sens de la loi française » et que « peu importe que des sites Internet soient émis des États-Unis ou des îles Fidji, c'est le lieu de réception du site qui est générateur du délit » et menace de déposer plainte auprès des médias qui ne respecteraient pas la loi[214].

L'affaire Dominique Strauss-Kahn donne lieu à des comparaisons entre les systèmes judiciaires américain et français[215].

Conséquences politiques

La candidature de Dominique Strauss-Kahn à la primaire socialiste de 2011 en vue de l'élection présidentielle de 2012, dont le calendrier est maintenu par la direction du Parti socialiste[216], apparaît compromise du fait du déroulement en cours de la procédure judiciaire[217].

Si, dans un premier temps, le Parti socialiste pouvait apparaître affaibli par le déclenchement de l'affaire[218],[219], les premiers sondages montrent que François Hollande et Martine Aubry, s'ils étaient candidats, recueilleraient de bons scores face à Nicolas Sarkozy au premier tour[220],[221],[222],[223],[224] et seraient en mesure de remporter l'élection présidentielle[222],[223],[224],[225]. Dominique Strauss-Kahn, qui jusque-là était la personnalité politique préférée des Français, perd 29 points de bonnes opinions dans les baromètres politiques Ifop réalisé les 19 et 20 mai 2011[226] et TNS Sofres de juin 2011[227].
Deux sondages publiés au début du mois de juillet montrent en outre qu'une majorité de Français ne souhaite pas sa candidature à la primaire socialiste ni à l'élection présidentielle[228],[229]. Après l'abandon des poursuites pénales par le procureur, une majorité de Français déclare ne pas souhaiter un retour de Dominique Strauss-Kahn dans la primaire et ne pas vouloir qu'il joue « un rôle politique important pendant la campagne présidentielle pour soutenir le candidat socialiste » ni qu'il « fasse partie d'un éventuel nouveau gouvernement » si la gauche gagnait l'élection présidentielle[230],[231].

La démission de Dominique Strauss-Kahn de la direction du FMI entraîne la candidature puis l'élection à ce poste de Christine Lagarde, ministre française de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. En conséquence, le 29 juin 2011, le gouvernement François Fillon III fait l'objet d'un remaniement.

Rumeurs de machination

Dans les premiers jours suivant l'arrestation, la nature des accusations portées et le peu d'informations connues suscitent des doutes au sujet de leur réalité ou de l'existence d'un piège ou d'un complot[232],[233],[234]. Elle est attisée par le fait que l'arrestation a été révélée par un jeune militant UMP sur Twitter[235] et que Dominique Strauss-Kahn lui-même avait évoqué fin avril 2011 le risque d'une machination[236].

Un sondage CSA réalisé le 16 mai indique que 57 % des Français pensent que Dominique Strauss-Kahn est « victime d'un complot »[220], ce que des commentateurs relativisent néanmoins[237]. Le site Conspiracy Watch publie une analyse détaillée de ce sondage et des commentaires critiques sur l'affaire en général et sur les théories du complot qu'elle suscite[238]. D'autres analyses évoquent un choc culturel lié à la nature des actes mentionnés dans les accusations[239], dont le « refoulement » aurait notamment provoqué les réactions de certaines personnalités politiques françaises devant un tel « traumatisme »[240].

Le groupe Accor, accusé de « connexions avec des officines », notamment par le député socialiste de l'Eure François Loncle[241], réfute ces allégations[242]. Le 21 juillet, une procédure disciplinaire est engagée contre le directeur de la gestion des risques du groupe, Xavier Graff, qui, le 24 juin, avait envoyé un courrier électronique « sur le ton de la plaisanterie » sur l'affaire[243].

Notes et références

Notes

  1. Le recours à la prostitution est un délit à New York puni d'un an de prison ferme et de 1 000 dollars d'amende, sur le modèle en vigueur à San Francisco « Prostitution Laws of New York » - « Fondation Scelles : Connaître, comprendre, combattre l'exploitation sexuelle ».
  2. Dans le système pénal de l'État de New York, un grand jury est l’instance décidant de la mise en accusation pour les crimes graves. Un grand jury réunit de 16 à 23 jurés dans une audience à huis-clos où le suspect peut demander à témoigner mais sans son avocat. Le secret de cette procédure est cependant total, et rien de ce qui se dit dans un grand jury ne saurait être utilisé au cours d’un procès. Les grands jurys suivent généralement les demandes de mise en accusation, notamment lorsque la plaignante accepte de témoigner. Cf. (en) « Dominique Strauss-Kahn: how the New York criminal justice system works », The Telegraph, 16 mai 2011.
  3. Dans le système pénal américain, la victime présumée d'une infraction est considérée comme témoin de l'infraction dont elle aurait été victime. C'est donc l'État de New York et non Nafissatou Diallo qui s'oppose à Dominique Strauss-Kahn dans la procédure.
  4. Mentir devant le grand jury est considéré comme un crime aux États-Unis.
  5. Cet instrument mesure « l'impact médiatique après auscultation de la presse écrite, de la TV, de la radio et du web ».

Références

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  239. « La théorie du complot a émergé en réponse au choc causé par l'affaire DSK », Le Monde, 19 mai 2011
  240. « Du délire en démocratie : la théorie du complot », Mediapart, 21 mai 2011.
  241. « Affaire DSK : Accor aurait prévenu l’Élysée », Le Journal du dimanche, 3 juillet 2011.
  242. « Théorie du complot : la mise au point du M. Sécurité d’Accor », Le Journal du dimanche, 9 juillet 2011.
  243. « Un cadre d'Accor sanctionné après une plaisanterie douteuse sur l'affaire DSK », Le Monde, 21 juillet 2011.

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