Abgar V

Abgar V
Abgar V
Titre
Rois d'Osroène
v. 4 av. J.-C.7 ap. J.-C.
Prédécesseur Ma'Nu III Saphul
Successeur Ma'Nu V
1350
Biographie
Dynastie Abgar d'Édesse
Date de décès vers 50
Conjoint Shalmath (Salomé) fille de Mithridate
Le roi Abgar V recevant le Mandylion, censé être le visage de Jésus imprimé miraculeusement sur un linge (icône du Xe siècle).

Abgar V Bar Ma'Nu ou Abgar Oukhama (Abgar le Noir) est un roi d'Osroène qui régne à Édesse (aujourd'hui Şanlıurfa ou Urfa en Turquie) pendant deux périodes, d'abord de 4 av. J.-C. à 7 ap. J.-C., moment où il est remplacé par son frère Ma'Nu IV Bar Ma'Nu (7 - 13). Il retrouve le trône d'Édesse et régne à nouveau jusqu'à sa mort vers 50.

Il a épousé Shalmath (Salomé) fille de Mithridate, dont Laroubna d'Edesse précise qu'elle s'appelait aussi Hélène.

Il est surtout connu dans la tradition chrétienne, pour être le roi qui accueille très favorablement la prédication de Juda Thaddée (un frère ou un cousin de Jésus, également appelé Addaï dans les traditions orientales). Il est un des héros d'un ensemble de textes chrétiens appelés aujourd'hui « Légende d'Abgar ».

Il est moins connu pour s'être converti au judaïsme en même temps que son parent le roi Izatès II d'Adiabène ainsi que toute la famille de ce dernier. Comme ses parents d'Adiabène dont l'Osroène pourrait avoir été vassale, il réside à partir de cette date une bonne partie du temps en Palestine.

Il est donné comme étant l'initiateur de la traduction de la Bible — ou tout au moins de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible) — en syriaque, le dialecte de l'araméen parlé en Osroène et en Adiabène. Cette traduction prendra par la suite le nom de Peshitta (la petite) par opposition avec l'Hexapla d'Origène, mettant en correspondance plusieurs versions de la Bible[1]. Toutefois, de nombreux historiens pensent que cette traduction de la Bible est plutôt à mettre au crédit de son parent Izatès II, plus puissant que lui.

À sa mort vers 50, le territoire de l'Osroène semble avoir été réuni à celui de l'Adiabène.

Sommaire

Origine, dynastie et alliance

Les Agbar d'Édesse sont des rois d'origine nabatéenne qui comme plusieurs autres membres de la dynastie ont profité de l'affaiblissement des Séleucides pour, à la fin du IIe siècle av. J.‑C., prendre possession de ce territoire et en faire leur royaume, appelé royaume d'Édesse ou royaume d'Osroène. Dans la littérature antique, les « nabatéens » sont souvent appelés « arabes ». C'est d'ailleurs sur le territoire de la Nabathée historique que sera créée, en 106, la province romaine d'Arabie, après la conquête de ce royaume, souvent appelé « royaume de Pétra ».

Article détaillé : Osroène.

L'Osroène a acquis son indépendance à la suite de l'effondrement de l'Empire séleucide. Elle fut de 132 av. J.-C. à 216 apr. J.-C. un petit royaume indépendant, dont les souverains portaient le plus souvent le nom d'Abgar ou de Manu[2],[3]. Ce royaume a souvent été appelé du nom de sa capitale, « royaume d'Édesse ». La langue parlée était le syriaque, un dialecte de l'araméen[4]. Toutefois, Abgar pourrait venir de l'arménien Apghar (= apagh), qui signifie « Prince »[3].

Selon Pline l'Ancien, à l’époque romaine, les habitants étaient des Arabes et leurs souverains auraient porté le titre de phylarque (chef d’une phylé) ou toparque (magistrat).

La famille Abgar d'Édesse était probablement fortement liée avec la dynastie Monobaze d'Adiabène, eux aussi des Abgar.

Abgar V a épousé Shalmath (Salomé) fille de Mithridate, dont Laroubna d'Édesse précise qu'elle s'appelait aussi Hélène[5]. Son surnom Oukhama (« le Noir »), pourrait lui avoir été donné à cause de la maladie de peau dont il souffrait et qui est même qualifiée de lèpre, dans la « Légende d'Abgar ». Il pourrait aussi signifier qu'il était très brun de peau, comme le sont parfois certains arabe.

Traducteur de la Torah en syriaque ?

La version syriaque de la Bible est bien plus ancienne que la dénomination « Peshitta », ainsi Méliton de Sardes, qui vivait au IIe siècle, parle d'une version syriaque de l'Ancien Testament. Méliton de Sardes s'était rendu en Palestine pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque, vers l'année 170[6]. La future Peshitta est aussi souvent mentionnée par les Pères de l'Église du IVe siècle, comme saint Augustin, saint Jean Chrysostome et d'autres. Il en est de même pour Éphrem le Syrien qui naquit à Nisibe et vécut à Édesse au IVe siècle[1].

Article détaillé : Peshitta.
Extrait d'une Peshitta, bible en syriaque oriental.

Pour Moïse de Khorène ainsi que différentes traditions juives ou chrétiennes, la Peshitta aurait été traduite sur l'ordre de Abgar V[7]. En fait, il s'agit plutôt de l'époque à laquelle les textes juifs qui constitueront la Bible par la suite, ont commencé à être traduits en syriaque (dialecte de l'araméen). Des recherches ont montré que la version syriaque, même celle de l'Ancien Testament, n'a été faite ni par un traducteur unique, ni à un moment donné, mais que la traduction de tous les textes s'est prolongée pendant plusieurs siècles[7].

Selon la Jewish Encyclopedia, « la tradition qui relie cette traduction avec Abgar, roi d'Édesse, est la plus probable[7]. » D'après l'historien jacobite Bar-Hebraeus, Abgar aurait envoyé des hommes en Palestine pour traduire la Bible en Syriaque[8],[7]. Les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) pourraient avoir été traduits sous les ordres du roi Abgar.

Article détaillé : Izatès II.

Toutefois, cette attribution traditionnelle est contestée et l'initiative de cette traduction est alors mise au compte d'un autre roi faisant partie lui aussi de la dynastie Abgar: Izatès II d'Adiabène. Pour la Jewish Encyclopedia, Wichelhaus[9] fut le premier à identifier Abgarus (Abgar) avec Izatès, roi d'Adiabène. L'argumentation de Wichelhaus est fondé sur le compte rendu d'Abgarus (Abgar) donné par Moïse de Khorène, qui affirme que le père d'Abgar a été appelé Monobaze, et sa mère Hélène[10]. On trouve le même type d'affirmations chez Léroubna d'Édesse[11], toutefois cette identification est contestée. Des indications de ces deux historiens antiques, on peut retenir que les Monobaze étaient des Abgar, ce qui est confirmé par d'autres éléments.

Pour la Jewish Encyclopedia, ces deux sources sont en accord avec ce qu'écrit Flavius Josèphe lorsqu'il dit qu'Izatès a envoyé ses cinq fils à Jérusalem pour étudier la langue Hébraïque et recevoir une éducation Juive[12],[10].

Les Agbar et le « christianisme »

La « légende d'Abgar »

Article détaillé : Abgar d'Édesse.

Notes et Références

  1. a et b (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : Introduction
  2. (en) Alexander Roberts et James Donaldson (dir.), The Writings of the Fathers Down to AD 325: Ante-Nicene Fathers, vol. 8, Hendrickson Publishers, Peabody, 1994, p. 657-672 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
  3. a et b (en) Adrian Fortescue, The Lesser Eastern Churches, Catholic Truth Society, 1913, p. 22 [lire en ligne].
  4. (en) Amir Harrak, « The Ancient Name of Edessa », dans Journal of Near Eastern Studies, vol. 51, no 3 (juillet 1992), p. 209-214 [lire en ligne].
  5. Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, p. 80.
  6. Robin Lane Fox, Paï̈ens et chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au concile de Nicée, éd. Presses Universitaires du Mirail, 1997, p.493 extrait en ligne
  7. a, b, c et d (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : "Traditional Ascription to Abgarus"
  8. Bar-Hebræus, commentaire du Psaume X. Cet auteur étant arabe et originaire des environs d'Édesse, son témoignage est d'autant plus important et semble être indépendant des autres sources.
  9. Wichelhaus, De Novi Testamenti Versione Syriaca Antiqua, pp.  97 et suiv.
  10. a et b (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshitta » sur Jewish Encyclopedia. Consulté le 23 janvier 2011.
  11. Léroubna d'Édesse, « Histoire d'Abgar »
  12. Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 3, § 4

Articles connexes

Bibliographie



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