Écoles de psychologie

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Psychologie

Psychologie
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Approches et courants

Psychodynamique Humanisme Béhaviorisme Cognitivisme Neuropsychologie Psychanalyse

Méthodes

Psychologie expérimentale Psychologie clinique Psychométrie Psychologie différentielle

Branches d'études

Psychologie sociale Psychologie cognitive Psychopathologie Psychologie du développement

Concepts majeurs

intelligence attitudes cognition Identité comportement souffrance motivation émotion relation humaine Apprentissage maladie mentale

Auteurs

Sigmund Freud Carl Gustav Jung Abraham Maslow Carl Rogers Jean Piaget Françoise Dolto Daniel Widlöcher Jacques Lacan Serge Lebovici Ivan Pavlov Burrhus F. Skinner Kurt Lewin Stanley Milgram Daniel Kahneman Herbert Simon

Champs d'application

psychologie scolaire psychologie du conseil Pédagogie psychologie du travail psychothérapie

Voir aussi

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La psychologie, du grec psukhê, âme, et logos, science[1], est l'étude scientifique des faits psychiques, la connaissance empirique ou intuitive des sentiments, des idées, des comportements d'autrui et des siens, l'ensemble des manières de penser, de sentir, d'agir qui caractérisent une personne, un animal, un groupe, un personnage.

Divisée en de nombreuses branches d’étude, ses disciplines abordent le domaine aussi bien au plan théorique que pratique, avec des applications thérapeutiques, sociales, et parfois politiques ou théologiques.
La psychologie a pour objectif l'investigation du psychisme comme fondement d'une structure subjective et d'un fonctionnement spécifique (processus et mécanisme) articulé à la perception et représentation du monde extérieur.

Sommaire

Définition

Étymologiquement, la psychologie est l'étude (logos) de l'âme ou psyché (psukhê). En son sens grec, cette étude porte sur les fonctions végétatives (psychophysiologie), sensitives (perceptions, motivation, motricité), intellectives (psychologie cognitive), (cf. Aristote, Peri Psukhè). Mais la psychologie n'est pas seulement une étude des fonctions de l'esprit, elle est aussi une approche casuistique de la subjectivité, une investigation d'une vérité au sein de l'individualité et de la personnalité d'un sujet. L'esprit n'est pas seulement un lieu de combinaison ou de liaison, il nous définit en tant qu'être pensant capable de se penser lui-même face au monde, et cela dans un rapport matériel ou grâce à l'abstraction (on voit déjà là une distinction avec l'animal).

L'objet d'étude de la psychologie est un débat non clos depuis des siècles. En effet, selon les auteurs, la psychologie s'est trouvée centrée sur des objets très différents, sans qu'il soit encore possible aujourd'hui de décider quelle est la théorie unitaire qui serait largement acceptée.

Ainsi les approches sur cette question extrêmement complexe se partagent-elles traditionnellement entre celles qui considèrent que l'objet de la psychologie est le comportement et sa genèse, les processus de la pensée, les émotions et le caractère ou encore la personnalité et les relations humaines, etc.

Les différentes branches de la psychologie se distinguent soit par la méthode utilisée (clinique ou expérimentale), soit par l'activité humaine considérée (travail, mémoire, perception, apprentissage, soin, comportement en groupe, etc.), soit par grand domaine d'investigation (psychologie cognitive, psychopathologie, psychologie sociale, psychologie de l'enfant et du développement, psychophysiologie, psychologie animale).

Certaines disciplines de la psychologie se combinent avec d’autres, soit dans des champs connexes soit comme sous-domaines d’un champ d’études plus vaste. Elles sont souvent soumises à de redoutables problèmes épistémologiques, par exemple la psychopédagogie, la psychosociologie ou la psychopathologie, etc. En effet, il est difficile de dire par exemple ce qu’est ou n’est pas la pathologie en général[2] et donc encore plus difficile de préciser la pathologie de l’esprit, de la personnalité... poser la question, c’est se rendre compte des écueils théoriques qui ne sont toujours pas dépassés.

Enfin, pendant longtemps, le rapport entre la psychologie et la philosophie a été très étroit, voire indiscernable puisque la psychologie était autrefois une partie de la philosophie, partie qui était souvent - dans l'antiquité surtout - tenue elle-même pour une partie de la physique au sens ancien (la morale, la conscience, l'action, etc. sont des thèmes traditionnellement philosophiques que l'on rencontre en psychologie). Certains courants en psychologie fondent explicitement leurs postulats sur des thèses philosophiques telles que le personnalisme, l'humanisme, le biologisme, etc.

C'est cette extrême diversité qui en fait la complexité historique, les résultats localement acquis se croisent et il faut de longues études pour en démêler la rationalité et l'intérêt. Il est ainsi très facile d'obtenir des théories inconsistantes ou de réaliser des synthèses incohérentes, qui ne manquent pas tout au long de l'histoire multimillénaire de la psychologie.

À côté de la psychologie « savante », il existe pour chacun le sentiment « d'en savoir quelque chose » puisque nous savons tous ce qu'est un caractère, un sentiment, une pensée, une relation affective, etc. Alors, que peut dire de plus le psychologue sur ces questions ? D'autant que la plupart des affirmations psychologiques générales paraissent pouvoir être contredites ou trouver un contre-exemple qui les ruine.

Il est aussi possible d'opposer, dans le champ des sciences humaines, la psychologie à la sociologie, à l'anthropologie et aux sciences politiques, en ce qu'elle étudie d'abord des personnes.

Ainsi que ce soit en théorie ou en pratique, la définition de l'objet de la psychologie est une question non résolue.

Histoire de la psychologie

Avant de présenter les grandes étapes historiques du développement des sciences psychologiques, il est indispensable de situer les trois axes d’études qui structurent le domaine du psychisme humain. En effet, la personne humaine c’est, indissolublement, un corps avec un cerveau développé permettant des conduites très élaborées, une personnalité, appuyée sur cet organisme vivant, en rapport avec une société, une subjectivité (consciente et inconsciente) construite à partir de la personnalité et insérée dans un ensemble de représentations sociales.

Axe des conduites

Historiquement, c’est ce premier axe qui a bénéficié d’un traitement scientifique, avec des méthodes et des instruments importés d’autres champs de la science. Les conduites sont étudiées par les sciences neuropsychophysiologiques, en tant que conduites naturelles. Elles sont, de ce point de vue, analysables et mesurables aussi bien pour le comportement humain que pour celui des animaux. Et si l’on ne peut, à proprement parler, construire une psychologie animale, il existe une neuropsychophysiologie animale.

Selon cet axe, se sont développées traditionnellement les études des réflexes, de la perception, de l’émotion, du caractère, etc. Depuis les années 1990, le développement des neurosciences ou des sciences cognitives, a permis d’aborder le fonctionnement du cerveau pour chacune des conduites. Ainsi, nous pouvons découvrir les possibilités d’un humain en tant qu’animal muni d’un cerveau puissant.

Axe de la personnalité

Le sens des actes ne peut être induit des conduites : il fait appel à un autre ordre d’explications, bien que tout acte mette en œuvre des conduites neuropsychophysiologiques et passe par le cerveau. Les actes sont à la fois produits et producteurs de la personnalité au cours de son individualisation au sein d’un processus historique, biographique. Les théories de la personnalité font partie du champ des sciences psychologiques et nous informent sur :

  • la structure singulière des activités, leur répartition dans l’emploi du temps qui mobilise des apprentissages ou des actions de production,
  • le degré de satisfaction des besoins personnels ;
  • les contradictions entre les divers besoins, au sein de la société et de la vie personnelle, et leurs possibilités de satisfaction qui donnent une forme à la personnalité, favorisent ou bloquent son développement.

Cet axe suppose une définition de la personnalité, mais aucun accord n’a pu se faire encore sur cette définition qui apparaît toujours un peu en marge des travaux de psychologie. Bien que la personnalité soit largement évoquée et étudiée en littérature, en art, dans les biographies, les théories existantes ne donnent que des aperçus partiels sur ce qui rend tel ou tel événement biographique pertinent et décisif. Les définitions diverses proposées par les théories de la personnalité sont contradictoires, certains voyant la personnalité comme un noyau de conduites permanentes et répétitives, d’autres imaginant que la personnalité est un système vivant, évolutif tout au long de la vie, d’autres encore font de la personnalité une entité morale, idéale.

Axe du sujet

L’objet de cet axe est l’analyse de la formation et du développement du sujet, de la subjectivité comme structure, qui se construit dans le cadre proposé par :

  • la langue,
  • les structures de parenté,
  • la socialisation de la sexualité,
  • la place dans le fonctionnement de la société, etc.

Font partie de ces études :

  • Les conflits inconscients provoqués par le passage de l'hétéronomie à l'autonomie, par la socialisation des pulsions naturelles ;
  • La conscience de soi, du genre, de sa place dans la famille et dans la société ;
  • La prise de conscience progressive des déterminants inconscients et sociaux des conduites, etc.

L’intégration de ces sciences de la subjectivité complète les sciences psychologiques.

Ces trois axes sont plus ou moins présents au fil de l’histoire de la psychologie, depuis les précurseurs jusqu’aux recherches actuelles. Cette évolution, inégalement avancée selon les axes souvent considérés comme indépendants les uns des autres voire exclusifs, va nous servir de fil conducteur à travers l’extrême variété des travaux en psychologie.

Une première étape a été la séparation entre la philosophie et la psychologie. Cette séparation est encore incomplète sur certains aspects, en particulier pour le sujet où la confusion reste fréquente entre sujet, catégorie philosophique et sujet, concept scientifique en psychologie.

Les précurseurs

Les Philosophes

Bien avant les travaux précurseurs de Platon (-427, -348) et d’Aristote (-384, -322) en psychologie (le terme n’existera qu’à partir de 1575, Johannes Thomas Freigius, Ciceronianus), les hommes se sont intéressés à la perception, aux sensations, aux émotions, aux sentiments et à la pensée. Les traces s’en trouvent dans l’Iliade et l’Odyssée, dans les mythologies de tous les peuples ou dans les livres sacrés, la psychologie historique (Ignace Meyerson, 1888-1983) le montre bien. Les premiers textes connus qui évoquent une réflexion sur l’émergence de la pensée et de la conscience sont ceux que l’histoire a conservés, mais il est probable qu’ils s’appuyaient sur des travaux antérieurs que nous ne connaissons pas.

Ainsi Platon et Aristote apparaissent-ils en pleine lumière, alors que nous n’avons pas ou très peu de textes de leurs contemporains Démocrite (c-460, c-360) ou Épicure (-342, -270). Lucrèce (-98, -54), mieux connu, appartient à cet héritage de l'Antiquité qu’il faut compléter par les deux commentateurs d’Aristote, Ibn Rochd (Averroès, 1126-1198) et Thomas d’Aquin (1225-1274), qui reprendront des siècles plus tard ses travaux et constitueront le fonds de ce qui sera la scolastique.

Pour Pythagore (500 avant J.C.), le cerveau est le siège de l’intelligence et de la folie.

Platon décrit une hiérarchisation du psychisme : l’âme supérieure (courage, ambition) localisée dans le cœur, l’âme inférieure nutritive dans le foie. Dans le Phédon, il sépare l’âme immatérielle, donc la pensée, du corps matériel et considère que l’âme pilote le corps. Ce dualisme idéaliste laissera des traces profondes jusque dans les divers courants de la psychologie du XXe siècle.

Aristote critique Platon. En effet, pour lui, l’âme n’est pas le pilote du corps. Dans La Métaphysique, il pose la question :

« Comment les Idées, qui sont la substance des choses, seraient-elles séparées des choses ? »

Aristote introduit dans son Traité de l’âme une tripartition de l’âme, avec une perspective gradualiste : végétative, sensitive et cognitive, qui reproduit la partition des êtres vivants en végétaux, animaux et homme. (Les médecins parlent traditionnellement d’un « état végétatif ».) Il s’intéresse aux facultés de l’âme (la mémoire, le jugement, etc.) et s’interroge sur ce qui dans l’âme connaît et pense : il le nomme « poiètikon », l’entendement poétique, qui doit être compris plutôt dans le sens moderne de « représentation mentale » que de poésie)[3]. La volonté vise l’obtention du plaisir et l’élimination de la douleur, dans une conception proche de l'épicurisme.

Ainsi en s’interrogeant sur les rapports entre corps et perception, corps et pensée, pensée et sujet, Aristote ouvre un débat, repris au fil des siècles, pour savoir si « l’intellect agent » et « l’intellect matériel » sont uniques et éternels (divins) ou si l’âme et l’intellect sont séparés. Sa réponse est que l'âme est au corps comme la forme est à la matière (distincte et inséparable).

Lucrèce tranche en affirmant que l’âme en tant que « souffle vital » (anima en latin) anime le corps et dans De natura rerum (De la nature des choses), il note que :

« Si nous ne posons d’abord cette base [la matière], nous ne saurons à quoi nous référer pour rien établir par le raisonnement, quand il s’agira des choses obscures. »

Les oppositions entre les conceptions monistes et dualistes sont anciennes et la grande difficulté pour définir les rapports entre le corps et la pensée vont occuper les psychologues des siècles suivants.

Les Médecins

L'autre versant de la science antique est celui des observations et des expériences des médecins. Dès la plus haute Antiquité, les interrogations sur la santé mentale et les troubles mentaux sont attestées : le papyrus Ebers (c1550 avant J.C.) contient une courte description clinique de la dépression, avec des recettes magiques ou religieuses pour la chasser.

Les poèmes d’Homère présentent la folie comme une offense des dieux.

La pensée médicale naît avec Empédocle (484-424 avant J.C.) en Sicile avec sa théorie des qualités des quatre éléments (terre, eau, air, feu) dans ses rapports avec les quatre humeurs nécessaires au bien-être : sang, flegme, bile jaune et bile noire.

Hippocrate (c460-c370 avant J.C.) effectue une classification des troubles mentaux comprenant la manie, la mélancolie, la paranoïa ou détérioration, l’épilepsie, en relation avec les tempéraments sanguin, colérique, flegmatique ou mélancolique. Il réunit ainsi les maladies de l'âme et du corps, les maladies sont physiques, et ainsi il participe à démystifier la maladie mentale, qui était jusque là, plutôt liée à des manifestations démoniaques.

Arétée de Cappadoce (80-138) fait des descriptions fines de troubles mentaux, en particulier elle propose l’amorce d’une conception unitaire de la mélancolie et de la manie.

C'est Galien (131-201) qui rassemblera les connaissances antérieures (les travaux d'Hippocrate et ceux d'Aristote en particulier) et les étendra considérablement dans ce qui va devenir, pour quinze siècles, la source principale des connaissances médicales dans les sphères d'influence juive, chrétienne et musulmane. Ainsi, il ouvre une démarche d'expériences physiologiques, d'anatomie, de diagnostic et de thérapeutique, de pharmacologie et d'hygiène. La médecine, dès Hippocrate, est préventive (hygiène) autant que curative. Les causes de la maladie et de la santé sont recherchées parmi des causes naturelles, rationnelles.

Galien distingue, comme Hippocrate, quatre tempéraments et les articule aux quatre éléments dans une combinatoire qui lui permet de classer les maladies selon les déséquilibres entre les diverses tendances, les bases de l’affectivité et du comportement apparaissant de nature biochimique. Ainsi l’excès de sang conduit au tempérament sanguin, de bile jaune au tempérament cholérique, de bile noire au tempérament mélancolique, etc. C'est cette approche qui se retrouve des siècles plus tard dans la caractérologie (cf. Le Senne (1882-1954) en particulier).

Alexandre de Tralles (525-605), médecin grec originaire de Lycie, développe la théorie de Galien et effectue une amorce des théories « localisationnistes » cérébrales. L’héritage hippocratique de la médecine antique aboutit aux prémices d’une psychiatrie fondée sur quatre grandes maladies : la frénésie et la léthargie associées à des états toxi-infectieux, la manie et la mélancolie, « folies sans fièvre ».

L’héritage arabe ne sera transmis qu’au XIe siècle, avec sa traduction en latin.

(Il faudrait compléter ce tableau de la science méditerranéenne par d'autres sciences, chinoise, japonaise, indienne, etc.)

Fin du XIXe siècle et début du XXe : les premières réussites

Jusque là confinée à la description anatomique des principales structures du système nerveux, la neurologie du XIXe siècle fait d'importants progrès grâce à la mise au point de techniques nouvelles (électricité, microscopie, chimie) qui permettent d'explorer le système nerveux à l'échelle de l'infiniment petit mais aussi, pour la première fois d'un point de vue fonctionnelle, c'est-à-dire en s'intéressant à ses mécanismes physiologiques. A cette période, avec la découverte des neurones, se met en place la conception selon laquelle le psychisme repose sur un réseau extrêmement complexes de cellules nerveuses.

Comme le montre les exemples ci-dessus, la neurologie fournit de grands noms au progrès des neurosciences mais les incursions des neurologues dans ce qu'on définit aujourd'hui comme la neuropsychologie sont plus rares, même si elles tiennent moins à un progrès des techniques expérimentales qu'à un renouvellement théorique. Parmi les grands débats qui traversent la discipline, on retrouve la question de l'organisation fonctionnelle du cerveau : face aux holistes qui tiennent le cerveau pour un organe homogène sans compartimentation fonctionnelle, s'opposent les tenants du localisationnisme cérébral qui défendent l'idée que le cerveau s'organise en aires fonctionnelles assurant chacune une fonction plus particulière. Au rangs de ces derniers on compte ainsi :

  • Paul Broca (1824-1880) : Démontre que le langage oral implique principalement le lobe frontal gauche du cerveau (l'aire de Broca) et qu'il s'agit d'une faculté distincte de l'intelligence générale.
  • Wilder Penfield (18911976) : Fondateur de l’Institut de neurologie de Montréal en 1934, il a été un précurseur dans l’identification des zones cérébrales reliées à certaines activités (ex.: homoncule) en tentant de découvrir un remède à l’épilepsie.

La fin du XIXe siècle marque véritablement l'apparition de la psychologie comme une discipline à part entière entre la neurologie, la physiologie mais aussi la psychiatrie. Ainsi l'École de la Salpêtrière à Paris, autour du neurologue Jean-Martin Charcot (1825-1893) développe un corpus théorique reliant le psychisme aux manifestations organiques.

Jusqu'alors considérée comme une branche de la philosophie, la psychologie gagne son autonomie avec la création de chaires universitaires et de laboratoires à part entière. Dans le même temps, les physiologistes allemands développent une nouvelle approche baptisé psychophysique dont l'objectif est de déterminer les lois mathématiques qui régissent l'esprit humain. Leur terrain de prédilection est la psychologie de la perception mais leurs méthodes s'exportent de part le monde sur les terrains de la mesure de l'intelligence, de la mémoire, etc. :

  • Gustav Fechner (1801-1887) publie Elemente der Psychophysik
  • Wilhelm Wundt (1832-1920) élève de fechner fonde à Leipzig en 1879 le premier laboratoire dédié à la psychologie expérimentale et y développe les méthodes qui feront ses succès
  • Hermann Ebbinghaus (18501909) applique, le premier, une méthode expérimentale dans l’étude de la mémoire
  • Edward Titchener
  • Alfred Binet (1857-1911) s'intéresse à la mesure de l'intelligence au Laboratoire de psychologie physiologique de la Sorbonne, à Paris
  • George Trumbull Ladd fondateur du laboratoire de psychologie expérimentale de l'Université Yale publie le premier manuel consacré à la discipline : Elements of Physiological Psychology (1879)
  • William James (1842-1910) publie ses Principles of Psychology où il défend et développe une « psychologie scientifique »

Le début du XXe siècle : l'approche méthodologique en psychologie

  • Freud et l’inconscient
    La psychanalyse sonne le départ d'une longue démarche réflexive sur l'être humain à partir d'un lexique renouvelé et d'une méthodologie foisonnante (souvent difficile à cerner) encore fertile un siècle plus tard, bien que cette page du Wikipédia ne fasse pas jusqu’à présent la part des choses...[non neutre] Néanmoins, il est important de préciser que Psychanalyse et Psychologie sont deux disciplines bien distinctes. La première se propose d'étudier de manière quasiment exclusive le fonctionnement et les rapports qu'entretient l'inconscient avec la vie psychique du sujet, tandis que la seconde ne se donne pas ce type de limite et étudie aussi bien la conscience que les processus inconscients ou pré-conscients d'acquisition, de traitement et de transmission des informations, ces dernières pouvant provenir soit de l'environnement avec lequel l'organisme interagit (informations externes), soit de l'organisme lui-même (informations internes recherchées en mémoire)[réf. nécessaire].
  • Le behaviorisme (la psychologie du comportement, ou comportementalisme)
  • La relation stimulus-réponse (S→R): conditionnements classique (I. Pavlov) et opérant / instrumentale (J. Watson; B. Skinner). Il s'agit des premiers modèles de l'apprentissage (dressage). Toutefois, bien que ces deux modèles se soient montrés au départ d'une grande fiabilité prédictive, ils finiront par tomber en désuétude en raison de leur incapacité à décrire et expliquer le fonctionnement de "la boîte noire" que le cognitivisme, lui, s'est efforcé d'ouvrir et d'étudier. Le modèle va dès lors s'affiner et prendre la forme suivante: S→O→R (S: Stimulus; O: Organisme; R: Réponses. Au même titre que "S" et "R", "O" devient donc ici une variable à part entière).
  • La psychologie cognitive établit l'esprit au centre de ces préoccupations. Elle s'oppose ainsi au behaviorisme qui ne s'intéressait plus qu'aux comportements. La psychologie cognitive étudie l'ensemble des fonctions cognitives : la perception, l'attention, la mémoire, le langage et les activités intellectuelles.
  • Donald Hebb (19041985) : L'un des premiers à s’opposer à la perspective béhavioriste et à amorcer l’étude du traitement de l’information.
    Il a élaboré une théorie qui, quoique largement spéculative, fait état de grandes caractéristiques cérébrales :
    1. L’efficacité des connexions entre les neurones augmente en fonction de leurs activités pré et post-synaptique.
    2. Des réseaux de neurones tendent à s’activer simultanément de manière à former des groupes dont l’activité persiste à leur action et peuvent même la représenter.
    3. La pensée s’élabore à travers l’activation séquentielle de groupes de neurones.

Les mathématiques, l’informatique et les débuts du courant cognitiviste

  • Norbert Wiener (18941964) et la cybernétique (Control Theory) : Mathématicien américain, il a appliqué les statistiques à la communication et a fondé la cybernétique (le contrôle et la communication chez l’animal et la machine).
    • Un des premiers à comparer le cerveau à un ordinateur.
    • Pionnier des sciences cognitives modernes, il a précisé les concepts de « but » et de « rétroaction ».
    • Le contrôle, lors de la réalisation d’une activité, passe par la détermination de divers buts hiérarchisés. L’activité fournit des informations qui sont constamment comparées aux buts, ce qui constitue la rétroaction et guide l’action.
    • Exemple de l’atteinte d’un but personnel.
  • Alan Mathison Turing (19121954) : Mathématicien et logicien anglais.
    • Machine de Turing : constitue la base de la théorie des automates. Elle formalise le concept d’algorithme et est représentée par une succession d’instructions agissant en séquence sur des informations d'entrée et susceptibles de fournir un résultat.
    • Une machine peut-elle penser ? Expérience de pensée : conversation entre un homme et une machine, comment un observateur extérieur pourra-t-il distinguer l’homme de la machine ? Voir aussi le test de Turing.
  • John von Neumann (1903-1957) : Mathématicien américain d’origine hongroise.
    • Physique quantique : unification mathématique de la théorie ondulatoire d'Erwin Schrödinger et de la mécanique des particules de Werner Heisenberg.
    • Théorie des jeux: co-fondateur (avec Morgenstern) et de son application à l'économie mathématique.
    • Précurseur de l’intelligence artificielle (IA) : a eu l’idée de coder les programmes (au lieu de branchements physiques), modèle qui a toujours cours aujourd’hui.
    • S'intéressa au traitement de l'information par les organismes biologiques pour définir des applications à des machines artificielles (précurseur du connexionisme et des neurosciences).
  • Herbert Simon (1916-2001). Économiste américain, "prix Nobel d'économie", 1978.
    • Initiera le débat sur les limites de la rationalité : contraintes sur la capacité des agents à traiter l’information disponible.
    • Comment des capacités limitées peuvent évoluer dans un environnement immensément complexe ?
  • Avec Allen Newell, l’un des pionniers de l’informatique, ils développeront:
    • La résolution humaine de problèmes à travers des procédures.
    • Élaboreront la notion de processus cognitif dans un contexte d’IA.

La psychologie clinique

Article détaillé : Psychologie clinique.

La psychologie clinique, dont le champ d'application est le propre de la psychopathologie de l'adulte et de l'enfant, est une approche théorique et pratique du fonctionnement psychique qui peut prendre appui sur les conceptions psychodynamiques de la vie mentale (unification des travaux psychanalytiques), mais aussi sur d'autres apport en techniques psychothérapeutiques, techniques reposant toujours, comme la psychanalyse, sur une véritable clinique de la subjectivité.

Dans cette démarche, l'histoire passée du patient, les vicissitudes du développement psychologique et de leur réactualisation possible sont prises en compte par le praticien. Le symptôme est porteur de sens et la singularité du sujet est mise au premier plan, tout comme son vécu, et son discours qui, lui-même, est considéré comme une « verbalisation » lorsqu'il est le propre d'une association de représentations et d'affects.

Le but de la psychologie clinique est d'appréhender l'unité et l'unicité du sujet dans une démarche thérapeutique, qui est soutendue par un logos appartenant clairement aux sciences humaines.

Après Janet et Freud, la psychologie clinique s'est progressivement diversifiée avec l'arrivée de nouvelles psychothérapies, prenant appui sur d'autres modèles théoriques. Si le symptôme est toujours considéré comme l'expression d'un conflit psychique et donc d'une histoire subjective, certaines pratiques sont axées davantage sur les mobilisations psychiques ayant trait à l'émotion ou aux situations groupales. L'inconscient devenant un objet d'investigation plus secondaire. On peut, dans ce cadre, parler de la thérapies systémiques familiales, de la gestalt-thérapie, de la thérapie motivationelle, du psychodrame, de la psychothérapie humaniste, pour donner quelques exemples.

La perspective cognitive : ouvrir la « boîte noire »

L'approche cognitive ou cognitiviste en psychologie s'est constituée dans le cadre plus large des sciences cognitives vers le milieu des années 1950. Cette approche s'est fondée sur une opposition à la tradition béhavioriste qui considérait l'esprit humain (et animal) comme une « boîte noire » dont les réponses (i.e., le comportement) devaient être analysables comme une fonction des entrées (i.e., les inputs sensoriels), sans qu'il soit nécessaire de faire des hypothèses supplémentaires sur les mécanismes impliqués. Le projet cognitiviste a donc été de chercher à caractériser non pas seulement le lien entre le stimulus et la réponse comportementale observable par l'expérimentateur mais aussi l'organisation des processus internes impliqués dans ce comportement. Le débat entre ces deux approches fut particulièrement illustré dans la critique par le linguiste Noam Chomsky de l'ouvrage Verbal Behavior de Burrhus Skinner consacré au langage. Chomsky dénonce l'erreur qu'il y aurait à vouloir, comme le propose Skinner, analyser le langage ou tout autre comportement complexe comme le résultat d'un apprentissage basé uniquement sur des associations de type comportement-récompense. Ainsi, dans le cas du langage, le fait qu'un enfant puisse produire des phrases grammaticalement correctes alors même qu'il ne les a jamais entendues (et n'a jamais été récompensé ou non pour les avoir dites auparavant) ne peut s'expliquer qu'en faisant l'hypothèse que le cerveau humain est doté d'une capacité cognitive particulière dédiée au langage et en partie innée : cet argument dit argument de la pauvreté du stimulus jouera un rôle important dans la justification de l'idée d'une grammaire universelle dont seraient dotés tous les êtres humains de manière innée.

Au-delà de la question du langage, le projet cognitiviste sera donc de montrer l'impasse scientifique qui consisterait, selon la tradition behavioriste, à vouloir comprendre la pensée sans la décomposer en une combinaison complexe de multiples processus dont certains peuvent être innés mais dont d'autres résulteraient de l'apprentissage et de l'expérience. La métaphore qui prévaut alors est celle du cerveau-ordinateur, à une époque où les progrès en informatique sont plein de promesses pour l'intelligence artificielle. Selon ce paradigme cognitiviste, l'information ferait l'objet d'un traitement séquentiel ou parallèle en circulant entre les différents processus qui constituent l'esprit humain selon la structure schématique :

Entrées (perception) \rightarrow Traitement cognitif \rightarrow Sorties (comportement)

Par la suite, ces processus mentaux ont aussi reçu le nom de modules car ils furent conceptualisés comme des mécanismes relativement indépendants les uns des autres. Le philosophe Jerry Fodor formalisera cette conception dans un ouvrage au titre sans ambiguïté, La Modularité de l'esprit. Dans cette perspective, l'esprit (humain) est organisé à différents niveaux comme une mécanique complexe comportant des modules caractérisés par le fait qu'ils traitent certaines informations de manière automatique. Cela expliquerait certains phénomènes psychologiques comme les illusions d'optique qui persistent même lorsque l'on sait qu'il s'agit d'une illusion, par le fait que le système visuel fonctionne de façon modulaire. On peut aussi citer d'autres approches conceptuelles basées, par exemple, sur les modèles de réseaux de neurones où l'information est distribuée au sein d'un réseau constitué d'un grand nombre d'unité. Les mécanismes ??? Le traitement de l'information . Ce courant dit "connexionniste" bien que de moindre influence sur l'évolution de la psychologie cognitive jouera un rôle important dans la ???

Ces évolutions théoriques vont de pair avec des développements expérimentaux qui forment les bases méthodologies de l'expérimentation en psychologie cognitive. Parmi ceux-ci, on peut citer, le renouvellement de l'approche dite de la chronométrie mentale proposée un siècle plutôt par le psychologue Franciscus Donders selon laquelle la mesure du temps de réaction fournit un indice du temps de traitement d'un stimulus donné. Cette méthodologie en association avec la décomposition modulariste de la psychologie cognitive donne lieu à un très grand nombre de travaux expérimentaux portant sur la perception, la décision, le langage, le calcul, etc. Les questions-clés de la psychologie cognitive sont alors :

  • Comment des informations sont tirées de l'environnement (sensations) ?
  • Comment les informations sensorielles sont-elles traitées (perception et reconnaissance) ?
  • Comment ces informations sont-elles stockées, organisées (mémoire) et modifiées (apprentissage) ?
  • Comment les utilisons-nous (langage, raisonnement, prise de décision, résolution de problème, calcul) ?
  • Comment sont-elles abstraites (conscience) ?

À partir des années 1970, la psychologie cognitive évoluera fortement sous l'influence des neurosciences et des nouvelles méthodes d'étude du cerveau en activité. Avec les progrès de la technologie, l'électroencéphalographie (EEG) permet de mesurer des potentiels électriques depuis la surface du scalp qui reflètent la dynamique de l'activité globale des neurones. L'analyse de cette dynamique ouvre une voie d'accès à la séquence temporelle des activités nerveuses que l'on propose d'identifier à la séquence d'opérations mentales mises en évidence par d'autres méthodes basées notamment la chronométrie mentale. Durant les années 1980, de nouvelles méthodes d'imagerie cérébrale feront leur apparition avec la Tomographie par émission de positons (PET), puis l'Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) dans les années 1990. Grâce à ces dernières, on peut cette fois connaître les différentes régions impliquées dans une tâche expérimentale donnée. L'association entre opération mentale se fait donc cette fois non pas sur la dimension temporelle mais sur le plan spatial : l'objectif étant d'identifier les bases neurobiologiques des modules postulés par la psychologie cognitive. L'utilisation des méthodes des neurosciences dans le cadre expérimental de la psychologie cognitive donnera naissance à ce qu'on appelle aujourd'hui les neurosciences cognitives.

Critique de l'approche cognitiviste en psychologie

Certains considèrent que cette perspective est celle de « l'homme machine » qui véhicule une image de l'être humain propice à l'idéologie de la performance et du management. Cette remarque souligne le fait qu'une telle approche ne se préoccupe pas de l'impact « écologique » de ses théories, et en ce sens, nous nous éloignons d'une psychologie qui mesure ses avancées selon sa congruence avec l'humanité de son « objet » d'étude : nous.

A l'inverse, les progrès accomplis par cette discipline depuis le milieu du XXe siècle peuvent aussi être considérés dans la perspective d'une meilleure connaissance de l'homme, la démarche analytique et la modélisation informationnelle n'étant là que pour guider le scientifique vers des questions précises ouvertes à l'expérimentation : l'image du cerveau-ordinateur n'est qu'une métaphore. À l'appui de cette thèse, on peut ainsi évoquer le fait que la théorie a fondamentalement évolué vers une intégration de multiples approches au sein de la tradition cognitiviste, connexionniste notamment, et a permis de dresser de nouvelles passerelles avec d'autres disciplines scientifiques comme les neurosciences fondamentales, l'éthologie, la génétique du comportement, ou encore la psychologie sociale et les sciences humaines.

Problématiques de la psychologie

La psychologie est traversée par plusieurs problématiques qui la fragmentent selon les options prises par ceux qui l’étudient. La combinaison rationnelle et synthétique des résultats n’est pas l’objet d’un consensus général, même si bien sûr beaucoup de résultats se sont accumulés et si localement, il est possible d’affirmer que certaines hypothèses sont justes ou fausses.

La scientificité de la psychologie

Article détaillé : épistémologie.

Aujourd'hui encore, cette question reste posée. Ici deux conceptions s'affrontent, la première affirmant que la psychologie est bien devenue une science, et la seconde remettant en question ceci, en affirmant qu'il n'y a en psychologie qu'une pré-science. On peut s'appuyer sur un texte de Kurt Lewin[4], qui oppose les modes de pensée galiléen (scientifique) et aristotélicien (pré-scientifique), afin de développer ce propos.

La psychologie est une science

La création des laboratoires de psychologie quantitative, fait dire aux tenants de cette méthodologie, que la science psychologie est maintenant une réalité. En effet, ce point de vue s'appuie sur les méthodes de recherche utilisées dans ceux- ci:

  1. Formulation d'une hypothèse
  2. Expérimentation ou observation
  3. Correction, confirmation ou infirmation de l'hypothèse
  4. Questionnement sur les conclusions (Retour à l'étape 1)

Ainsi la psychologie peut se baser sur des résultats statistiques reproductibles et critiquables. Il y a également des auteurs[5] qui pensent que le manque d'enseignement de matières scientifiques (mathématique et technique scientifique par exemple) pose problème à la fois en termes d'image de la filière, et en termes de qualité de la formation et de la recherche dans le domaine.

La psychologie n'est pas une science

Article détaillé : Critique de la psychanalyse.

Dans ce débat on retrouve des critiques récurrentes et en particulier ciblées sur la théorie psychanalytique, qui rappelons-le ne fait pas partie de la recherche expérimentale en psychologie. En effet, Pierre Janet, Henri F. Ellenberger, Karl Popper ont largement écrit à ce propos pour diverses raisons. Mais il semble pertinent d'élargir le débat de la scientificité à l'ensemble de la psychologie.

Si on considère l'Homme comme un système complexe par exemple, alors on peut lui appliquer la méthode d'Edgar Morin[6] qui rejette la pensée réductionniste.

D'autres auteurs affirment en effet que les méthodes utilisées[7] ne suffisent pas à faire de la psychologie une science, car beaucoup de ses concepts ne sont pas scientifiques, mais pré-scientifiques, dans le sens qu'ils sont trop souvent de forme anthropomorphiques (le vécu de l'individu sert de critère au savoir). Les défenseurs de cette thèse, expliquent que la psychologie ne pourra devenir science que lorsqu'elle distinguera le vécu, de la description scientifique. Cela n'a rien à voir avec la méthode (quantitatif vs qualitatif), mais sur la construction de concepts solides.

De plus, la psychologie fait, pour ces mêmes personnes, des classifications instinctives et non basées sur des critères objectifs, ou tout du moins explicitées sur des critères qui permettront de donner des groupes homogènes (exemple de la classification émotion/ cognition ou de l'intelligence). « Les concepts psychologiques, au moins à certains égards déterminants, sont totalement aristotéliciens dans leur contenu réel, bien que, à d'autres égards, leur formulation ait été quelque peu civilisée, si l'on peut dire »[8]. En effet, certains concepts de psychologie peuvent être vus comme un jugement moral (exemple : normal vs pathologique).

Certains domaines d'application de la psychologie semble mettre en exergue cette idée : « L'étude du vieillissement psychologique est un véritable test par lesquels la psychologie générale et différentielle montre bien ses limites. [...] Dès que l'on s'écarte de ces deux cas de figure [non cités ici], on entre dans un type de fonctionnement où le raffinement méthodologique va tenter désespérément de masquer et de compenser l'insuffisance des concepts. [...] Or le problème de fond serait plutôt celui du statut des variables utilisées. Méthode de regroupement de données empirique sur la base de corrélations, l'analyse factorielle (des correspondances ?) ne peut aboutir qu'à la création de catégories empiriques contingentes »[9].

Il existe également une autre position (psychanalytique la plupart du temps) dans ce débat, qui défend l'idée que la psychologie peut ne pas être une science au sens strict du terme sans pour autant être une discipline non rationnelle. La rationalité du discours psychologique pourrait être indépendante des méthodes de vérification expérimentale, soit du fait des interdits éthiques s'opposant à certains types d'expériences sur le sujet soit pour un motif d'irréductibilité de la complexité de la psyché à un jeu simple de facteurs. On rejoint donc, sur ce dernier point la pensée précédente, mais on s'en écarte quand il est dit que la « scientificité » d'un discours rationnel n'est pas la condition sine qua non du sérieux d'une discipline. Cependant des exemples montrent que, parfois, les apparences de la scientificité peuvent recouvrir et cacher des motifs totalement irrationnels - lesquels jouent aussi leur rôle dans tout travail à visée scientifique, puisque la « science » n'est jamais que l'ensemble des discours dits scientifiques tenus par des hommes et des femmes, lesquels ne sauraient être totalement à l'abri des « passions », pour user d'un terme qui a certes beaucoup vieilli si l'on se réfère au corpus conceptuel psychologique actuel.

Idéalisme et matérialisme

La problématique la plus ancienne et la plus générale est celle que la philosophie projette depuis les origines sur les études de psychologie : les conceptions idéalistes et matérialistes s’opposent depuis Platon et Épicure et sont sensibles à toutes les époques avec des nuances, des compromis variables selon les auteurs (cf. Histoire de la psychologie). Cette problématique traverse les sciences dites cognitives : les recherches qui utilisent des outils modernes pour analyser matériellement le cerveau et comprendre son fonctionnement vont-elles trouver le sens de ce que vit la personne ?

Méthode scientifique générale et méthode psychologique spécifique

Le problème est que la psychologie n’a pas sa méthode spécifique d’étude : chaque grande étape dans l’histoire de la psychologie est marquée par l’utilisation de méthodes scientifiques qui ont obtenu des succès dans d’autres champs et qui sont appliquées à ce qui paraît être l’objet d’étude de la psychologie, adéquat à la méthode... raisonnement circulaire qui a des effets limités et inévitables. Par exemple, la méthode expérimentale sera appliquée au cours des XIXe et XXe siècles, avec des résultats très critiquables : Wilhelm Wundt paraît limiter la psychologie à ce que mesure ses instruments (temps de réaction, excitabilité, ...), Gustav Fechner ou les études comportementalistes (behavioristes) vont refuser d’étudier la conscience ou la pensée en considérant que c’est une « boîte noire » dont on ne peut rien dire, rien mesurer. Ainsi, la méthode linguistique, la méthode herméneutique, etc. vont tour à tour apporter des informations mais surtout des critiques à l’égard des autres méthodes et de leurs résultats... On notera toutefois que depuis l'adoption du paradigme cognitiviste, la méthode expérimentale a produit en psychologie de très nombreux résultats (dont certains ont d'ailleurs été couronnés par un prix Nobel d'Économie attribué au psychologue cognitiviste Daniel Kahneman. La recherche conjointe avec les outils des neurosciences, qui permet de produire des données rigoureuses (dont l'interprétation reste toutefois à développer) l'adoption de plus en plus fréquente de formalismes mathématiques et/ou informatiques chez les chercheurs en psychologie, qui permet un description précise et rigoureuses des théories et de leurs prédictions, tout cela rend maintenant difficile l'adoption d'une position refusant le caractère scientifique à la psychologie.

Cerveau et société humaine

Cette problématique est la conséquence de la position de la psychologie à la frontière de domaines de recherches qui sont en plein développement et que la science contemporaine du XXIe siècle est loin d'avoir épuisé.

D'une part, en tant qu'objet d'étude le cerveau se trouve au cœur de thématiques liant les aspects fonctionnels (comment le cerveau produit la pensée ?) mais aussi génétiques et développementaux. Les neurosciences cognitives ont, depuis le milieu du XXe siècle, entrepris d'étudier les mécanismes à l'œuvre à la fois dans la physiologie cellulaire des neurones et dans l'organisation générale des différentes structures du cerveau. Malgré les progrès étonnants faits depuis lors, les débats restent toujours vifs quant à savoir quel est le niveau pertinent d'analyse (le neurone individuel ou le réseau de neurones), à quels mécanismes neurophysiologiques correspondent les opérations mentales invoquées par la psychologie (traitement séquentiel de l'information ou dynamique complexe d'interactions) etc. En outre, l'approche essentiellement cognitiviste qui a guidé les premiers travaux se voit elle-même remise en cause avec l'émergence de problématiques inspirées de la psychologie du développement, de la psychologie sociale, voire de la tradition psychanalytique.

D'autre part, la psychologie de l'humain en tant qu'être social ne peut s'abstraire d'une perspective plus générale sur la société humaine, à la fois produit de la psychologie individuelle des êtres qui la composent et contexte dans lequel naissent, grandissent et interagissent l'ensemble des êtres humains. Au cours de leur histoire récente, les sciences sociales ont ainsi évolué pour prendre en compte dans leurs analyses des faits sociaux la psychologie des hommes. Par exemple, en économie, les travaux de Daniel Kahneman se portent justement sur l'importance qu'il y a à considérer les spécificités de la psychologie humaine pour enrichir les modèles traditionnels d'agents économiques. On peut aussi citer le cas de certains domaines des sciences humaines comme la critique littéraire qui ont vu apparaître des courants exploitant les concepts de la psychologie contemporaine pour analyser la construction et le contenu des œuvres d'art (par exemple, les fictions). Par ailleurs, lorsqu'elle devient une technique appliquée, la science psychologique soulève des débats éthiques sur l'utilisation qu'il est possible de faire de ses résultats et découvertes : l'exemple le plus caractéristique est sans doute le cas des travaux sur les images subliminales dont l'objectif était de modifier les comportements (économique, politiques, ...) en diffusant des messages très brefs de façon à ce qu'ils ne soient pas perçus consciemment.

Entre ces deux niveaux, infra-individuel et supra-individuel, la psychologie se retrouve donc dans une position charnières où les progrès de cette science enrichissent et s'enrichissent des évolutions de ces multiples domaines de recherche.

Individuel et collectif

Cette problématique oppose l’individuel au collectif. Beaucoup de théories se sont affrontées sur cette dimension des études psychologiques, sans qu’une conclusion consensuelle se dégage actuellement sur les rapports entre la personne et la société. Certains pensent que c’est la personne qui permet à la société d'exister et de se transformer (conception individualiste), pour d’autres c’est le contraire. C'est-à-dire qu'il faut pour comprendre un phénomène social partir de la société pour aller vers l'individu. Il s'agit du holisme. Bien entendu, beaucoup pensent que les deux sont nécessaires, mais de quelle manière peut-on le décrire ?

Inné et acquis

Cette problématique n’est pas la plus simple ni la dernière, les rapports entre ce qui est déterminé génétiquement et ce qui est acquis de l'environnement ou socialement ont occupé les universités depuis longtemps et peut-être les occuperont encore longtemps, tant le problème est difficile à poser scientifiquement. Posée de façon naïve, la question n'a pas plus de sens que se demander si l'aire d'un rectangle dépend davantage de sa largeur ou de sa hauteur. Comme il n'existe pas davantage d'homme sans inné que sans acquis, il serait impossible de donner une réponse univoque qui ne soit pas subjective ou tout simplement fausse.

Toutefois les scientifiques ont régulièrement tenté d'appliquer les méthodes disponibles à leur époque pour aborder cette question de manière plus rigoureuse. La principale voie d'approche est statistique : elle repose sur le concept d'héritabilité issu de la génétique. L'héritabilité mesure dans une population donnée, la part de variabilité d'un trait qui est expliquée par l'hérédité génétique : selon cette définition, l'"acquis" est donc ce qui n'est pas génétiquement héréditaire. Le concept d'héritabilité est souvent mal compris du grand public et conduit à des erreurs quant à l'interprétation des résultats. La méthode du calcul de l'héritabilité ne permet en effet pas de tirer des conclusions sur un plan individuel : une caractéristique héritable à 50% ne signifie surtout pas que chez chaque individu, "la part de génétique est de 50%" (cette dernière expression n'a pas de signification scientifique).

Par ailleurs, aussi rigoureux soit-il, le calcul de l'héritabilité dépend de la mesure du trait en question et les études sur l'inné et l'acquis ont souvent été critiquées pour leur méthodologie à cet égard. En particulier, si le quotient intellectuel (QI) est une mesure bien définie (dont on peut calculer l'héritabilité dans une population donnée, à un instant donné -- pour le QI, on obtient un taux d'environ 75% dans les sociétés occidentales modernes), la question de savoir s'il constitue une mesure pertinente et fiable de l'intelligence est beaucoup plus problématique.

Développement et permanence

Qu’est-ce qui chez l’adulte reste de l’enfant, qu’est-ce qui chez l’enfant détermine l’adulte qu'il sera ? L’écho s’en fait entendre dans les affirmations du type « Tout se joue avant six ans ! » ou « Il faut rester enfant pour être créatif ! » dont la scientificité est éminemment douteuse.

Ainsi plusieurs expériences d'éducation précoce de très jeunes enfants ont eu des résultats dont le nom est passé dans l'histoire : Blaise Pascal, Mozart, Goethe, John Stuart Mill... et des apprentissages tardifs qui ont aussi laissé une trace historique : Helen Keller, Gustave Flaubert (dyslexique, apprend à lire vers dix ans), François Cheng ..

Humain et animal

Comment penser l'évidente différence entre une société humaine et un groupe de primates, tout en intégrant la continuité de l'évolution de l'animal vers l'homme ?

Conscient et inconscient

La découverte que les humains ne maîtrisent pas tous leurs actes (Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas, écrit Paul de Tarse), que des paroles, des moments de leur vie intellectuelle ou affective ne sont pas conscients n'est pas facilement compatible avec l'image d'un homme de raison, maître de lui-même et du monde. La conscience claire reste un objectif mais n'est pas donnée naturellement. D'autre part, l'équivalence entre conscience totale et maîtrise totale n'est pas évidente.

Chaque champ d’étude de la psychologie pose de telles oppositions que les auteurs tranchent ou accommodent pour tenter de construire une démarche scientifique, comme le rapport entre raison et folie ou celui entre normal et pathologique, déjà évoqué.

L’histoire de la psychologie, pas plus qu'aucune autre, n’est une construction linéaire où les progrès s'accumulent dans une même direction, à partir d’un même objet. S'il est assez simple d'établir une chronologie de l'histoire de la psychologie, le cours de son histoire est rempli de fractures, de contradictions dès que l’on cherche à étendre les résultats en dehors de la zone étroite où ils ont été élaborés. Il est difficile d’étudier la psychologie sans connaître son histoire : le risque, en l'ignorant, serait de répéter des erreurs déjà identifiées comme telles dans le passé.

Classement des disciplines et approches psychologiques

Le classement proposé des diverses disciplines psychologiques est empirique, il utilise les catégories classiques de la méthode scientifique ; objet d'étude, méthode d'analyse, champ d'étude. Comme tout classement empirique, il n'est pas totalement satisfaisant et les disciplines appartiennent à plusieurs catégories, mais l'accent est mis sur un aspect du fait du nom choisi par les fondateurs.

C'est une des tâches essentielles de la psychologie et de son épistémologie que de parvenir à définir scientifiquement son objet d'étude, sa méthode et son champ d'étude. Travail en cours mais qu'on ne peut considérer comme achevé ou même stabilisé.

Classement des disciplines et approches psychologiques selon:


Le paradigme Le domaine d'investigation La méthode d'étude Le champ d'application L'articulations avec des champs connexes

Notes et références

  1. Le mot psychologie est apparu dans son usage moderne au XVIe siècle sous la plume de l'humaniste allemand Philippe Melanchthon mais le mot existait aussi dans une acception ésotérique comme dans la Psichologie ou traicté de l'apparition des esprits de Noël Taillepied (1588). [1]
  2. cf. Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique (1943) de Georges Canguilhem
  3. Ibn Rochd dans son Grand commentaire du Traité de l’âme (1188), traduit en arabe le terme poiètikon par « al ‘aql fa’al » et, en latin, les traducteurs utilisent subjectum (sujet) (cf. Jean-Pierre Faye, Averroès questionnant : l'entendement poétique et le sujet mouvant 2/12/1993);
  4. Kurt Lewin, Le conflit dans le mode de pensée aristotélicien et galiléen dans la psychologie contemporaine, in psychologie dynamique, Les relations humaines, PUF, Paris, coll. Bibliothèque scientifique internationale, 1967;
  5. [pdf]Gyslain GIGUÈRE, Sébastien HÉLIE et Denis COUSINEAU;
  6. Edgar Morin, La méthode. 1-La nature de la nature, éd. du Seuil, 1977, p.97-98;
  7. [pdf]Thierry Foucart, Statistique et idéologies scientifiques, 2004 [2];
  8. Lewin K., 1967, p.35;
  9. Michel Cariou, Personnalité et vieillissement : introduction à la psycho-gérontologie, Delachaux et Niestlé, Paris, 1995, p.37-38;

Voir aussi

Bibliographie

  • Armand Touati : "Devenir psychologue. Des études aux métiers: comprendre la dynamique de la profession", Éd. Journal des psychologues, (ISBN 2-90771-306-X)
  • Serge Nicolas : "Histoire de la psychologie française", 2002, Éd. In Press.
  • J.F. Braunstein & E. Pewzner : "Histoire de la psychologie", 1999, Éd. Armand Colin
  • Anne Charlet-Debray, La Psychologie de l'enfant, Le Cavalier Bleu, Idées reçues, 2008.

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